Découverte pouvoirsJe porte ma fourchette à ma bouche et mâche silencieusement le morceau de viande, le regard plongé dans mon assiette. La voix finit par briser le silence mais je ne relève pas la tête.
« Qu’est ce que t’as à ton oeil ? » Je garde la tête baissée et maugréé un
« Rien du tout. » Tout en essayant de ne pas montrer mon oeil au beurre noir à mon père.
« Tu t’es encore battu hein ? » Je relève la tête et plonge mon regard dans celui de mon père sans cille.
« C’est eux qui m’ont cherché. » Il pose ses couverts et s’avance légèrement au dessus de la table.
« Ne me lance pas ce genre de regard Adam’. » La voix de ma mère se fait entendre et j’en profite pour me reconcentrer sur mon assiette.
« Laisse le tranquille Eddy. S’il te plait. » Mon père reporte son attention sur ma mère et hausse le ton, forçant ma mère à baisser à son tour la tête.
« Il rentre tous les soirs avec des bleus et tu voudrais que je lui foute la paix ? Tu vois pas qu’c’est un délinquant ? Il finira mal Lydia. Et je serai pas là pour le pleurer quand ça arrivera. »Je pose bruyamment mes couverts dans mon assiette et élève la voix, plantant mon regard dans celui de l’homme qui me sert de père.
« Parce que ça t’est déjà arrivé de pleurer pour quelqu’un ? » Il reste un moment silencieux mais me réponds sur un ton menaçant.
« Attention mon garçon. » Je me relève d’un bond et appuie violemment mes poings sur la table.
« Attention à quoi ? Tu vas encore me frapper ? C’est pas ça qui me fera fermer ma gueule ! »Il se relève, repoussant la table et me gifle avec une telle force qu’il me fait tomber au sol et défait sa ceinture avant de la prendre en main et de parler d’une voix forte.
« Petit con ingrat. »____________________
Un cri de ma mère me tire de mes pensées et je relève la tête de mon livre de cours pour écouter plus attentivement ce qu’il se passe.
Je n’entends pas clairement ce qu’ils se disent mais je devine très rapidement que mon père a encore du rentrer ivre et qu’il s’en prend à ma mère.
Je me relève et sors rapidement de ma chambre pour descendre dans la cuisine et reste immobile en voyant la scène.
Ma mère est par terre alors que mon père se tient debout devant elle, prêt à la frapper. Je m’avance rapidement et viens me place entre eux, lançant un regard assassin à mon père.
Il semble hésitant un instant mais reprend vite ses esprits et s’adresse à moi d’une voix forte quoiqu’alcoolisée.
« Si t’veux pas t’en prendre une, dégage de là Adam’ ! » Je reste parfaitement immobile et silencieux, soutenant son regard sans ciller. C’est la dernière fois que tu touches à maman pauvre merde. Cette fois c’est terminé.
Il lève son bras et me frappe au visage avec sa ceinture, me faisant pousser un cri de douleur et je me retrouve au sol, portant ma main sur ma joue ensanglantée.
« Je t’avais dit de bouger petit con ! » Ma colère ne cesse d’augmenter, prête à exploser mais je parviens tout de même à garder mon calme.
Il me porte un nouveau coup qui m'atteint aux côtes et un cri déchirant m’échappe. Ma colère continue de monter crescendo et atteint son point culminant alors qu’il se prépare à me frapper une troisième fois et que je hurle un
« NON ! » de toutes mes forces.
Au moment où je hurle, le feu allumé sur la gaziniere augmente soudainement, léchant le mur et le plafond avant de se propager dans toute la pièce, y brûlant tout ce qui s’y trouve.
Les hurlements que poussent mes parents me terrifient et je reste plaqué au sol, les mains sur les oreilles, attendant d’être à mon tour brûler vif mais rien. Absolument rien.
Je relève la tête et reste immobile alors que la pièce remplie par les flammes, qu’elles me recouvrent aussi, mais je ne sens pas la moindre chaleur.
Je me remets debout et observe les flammes m’entourer, me parcourir sans me faire le moindre mal et j’ouvre la paume de ma main, essayant de… Contrôler les flammes.
Je sais très bien que c’est stupide, que ça ne peut pas être possible mais… J’ai le sentiment de pouvoir le faire.
Je me concentre donc de toutes mes forces et sens une profonde excitation mêlée à de la joie alors que je vois les flammes diminuer pour venir se loger dans ma main sous la forme d’une petite sphère et lâche un éclat de rire avant de les faire disparaître.
Est ce que je viens vraiment de faire ça ?
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J’ouvre la porte de la chambre d'hôpital et y pénètre silencieusement. Mon père est là, allongé dans son lit et recouvert de bandages.
Pourquoi est ce que c’est toi qui a survécu hein ? Pourquoi est ce que t’es pas mort à la place de maman ? Tu ne méritais pas de survivre. Elle ne méritait pas de mourir…
Je m’avance et viens m’asseoir à côté du lit alors que mon père tourne la tête vers moi, gémissant, alors que je le regard, un regard intrigué sur le visage.
Je finis cependant par prendre la parole tout en gardant les yeux braqués sur ses blessures, suintantes.
« Ça doit être douloureux. A voir ton regard et les gémissements que tu pousses, tu dois vivre un véritable enfer hein papa ? » Il ne fait que gémir et je lâche un léger rire.
« Tu vois… J’étais vraiment énervé de savoir que tu avais survécu et pas maman. Mais maintenant que je te vois comme ça, en train de souffrir le martyr, je me dis que finalement c’est peut être mieux que tu sois toujours en vie. »Je rapproche mon visage du sien et lui murmure doucement
« Et tu veux savoir le plus drôle ? » Son regard est terrifié et je sors un briquet de ma poche, l’allume puis fais venir la flamme jusque dans ma main.
« C’est grâce à moi si tu te retrouves ici. » J’observe un moment la flamme, la faisant tournoyer entre mes doigts avant de la faire disparaître d’un claquement de doigts.
« Je trouve ça beau dans un certain sens, que ce soit moi qui t’ai envoyé ici. » Je me recule soudainement et lui lance un sourire.
« Mais si je suis venu ici, ce n’est pas pour te tourmenter. Je vais disparaître, partir, probablement à New York et recommencer à zéro. Et je ne veux plus jamais avoir à te revoir où même à penser à toi. Parce que si jamais je te recroise, je n’hésiterai pas à te tuer. Donc n’essaie pas de me retrouver, papa. »Je me relève d’un bond et quitte la chambre, ne m’arrêtant qu’un instant au niveau de la porte, le temps de lâcher un
« Adieu. » avant de disparaître de sa vie.
Rencontre avec LewisJe vérifie une dernière fois qu’il n’y a personne aux alentours et vais me replacer au centre de la pièce. Ça devrait le faire. Ça fait des mois que personne n’a mis les pieds sur ce chantier, même les camés et autres squatteurs ont changé d’endroit. Je devrais pouvoir m'entraîner tranquillement.
Je retire ma veste et la pose sur une pile de parpaings avant de sortir mon zippo de ma poche et de le regarder un instant. Il faudrait que je trouve un autre moyen que ce truc. Bon, d’accord c’est pratique, d’autant que je l’ai toujours sur moi vu que je fume mais… Il faut quand même que je le sorte de ma poche pour l’allumer. Si seulement j’avais un autre moyen de produire une étincelle. Comme des gants ou je ne sais pas… Un truc simple qui me permettrait de le faire d’un simple claquement de doigts.
J’enclenche la roulette du zippo et fais immédiatement apparaître une flamme à partir de l’étincelle pour ensuite la faire sauter dans mon autre main.
Je passe quelques secondes à la faire augmenter puis diminuer et la projette sur une cible de fortune que j’ai fabriqué avec des vieux bouts de tissus qui traînaient non loin. Elle s’enflamme instantanément et je pousse un éclat de rire en sautillant sur place alors que la cible continue de se consumer à toute vitesse.
Je me reconcentre et refais venir la flamme jusqu’à moi, éteignant du même coup la cible. Je commence vraiment à bien maîtriser ce pouvoir.
Je ne voulais pas le faire au début, je voulais faire en sorte de ne plus jamais voir ça, mais j’ai rapidement compris qu’il fallait que j’apprenne à le contrôler si je ne voulais pas provoquer un nouvel accident. Et puis… Rien ne m’oblige à m’en servir.
Je veux juste être capable de contrôler la situation si jamais quelque chose devait arriver.
Je continue mon entraînement pendant quelques heures avant d’arrêter, épuisé et vais m’asseoir sur le rebord d’une des fenêtre pour m’allumer une clope et observer tranquillement les rues alentour. Si les gens savaient ce que je fais ici…
Une explosion au loin, suivie d’une épaisse fumée noire me tire de mes pensées et je me mets debout pour essayer de voir quelque chose.
Rien… Je suis bien trop loin pour voir quoi que ce soit. Si ça se trouve ce n’est rien, mais si jamais il s’agit d’une fuite de gaz. S’il y a des gens là bas…
Je jette ma cigarette et court hors du bâtiment, rejoignant aussi rapidement que possible le lieu de l’explosion.
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J’arrive rapidement sur les lieux et reste interdit, incapable de bouger pendant de longues secondes. Un entrepôt est en train de se faire dévorer par les flammes mais il n’y a personne dans la rue, pas de pompiers, rien. Je suis d’accord que c’est une zone industrielle mais pourquoi est ce qu’il n’y a personne ? Pas même une alarme, rien !
Je pousse un juron et me précipite vers la porte, écartant les flammes d’un mouvement du bras pour m’engager dans la bâtisse. Ce n’est qu’un entrepôt, qui semble abandonné en plus mais rien ne me dit qu’il n’y a personne à l’intérieur. Ce sont peut être des gamins qui ont foutu le feu en s’amusant. Et je ne pourrai pas vivre en paix si je reste à rien faire.
Je fouille rapidement le bâtiment mais n’y trouvant personne, je décide de ressortir.
Arrivé au niveau de la sortie, un barrage de flammes me fait m’arrêter net et je dois me concentrer un long moment pour les faire disparaître avant de sortir en trombe et de m’écrouler dans la rue.
Reprenant mon souffle, je ne remarque pas tout de suite le type s’avançant vers moi, mais finis par relever la tête pour tomber nez à nez avec un pistolet pointé droit sur mon visage.
« Ne bouge pas ! » Je lève doucement les mains et l’observe sans prononcer un mot.
Putain mais c’est qui ce type ? Il débarque comme ça et me pointe un flingue dessus sans rien ne me dire d’autre que de ne pas bouger ? C’est du grand délire !
Je le détaille un peu plus mais rien ne m’indique ce qu’il fout là. Il doit avoir à peu près mon âge, mais ne semble pas être un militaire ou un flic. Putain mais quoi ?
Je me relève lentement, les mains toujours bien en évidences
« Ecoute mec, je veux pas d’emmerdes. Ok ? » Il garde son arme levée et reprend d’une voix forte.
« C’est toi qui as fait ça ? » Il désigne l'entrepôt d’un signe de tête.
« Et ne te fous pas de ma gueule, j’ai vu ce que t’as fait avec les flammes en sortant. Pourquoi t’y étais hein ? »Je baisse les mains pour les mettre devant moi, pour essayer de lui montrer que je ne lui veux aucun mal et aussi pour me protéger un peu.
« J’étais à l’intérieur ouais, mais je n’y suis pour rien dans cet incendie. Si je suis entré, c’était uniquement pour voir s’il y avait des gens qui avaient besoin d’aide. C’est tout. »Il semble hésitant mais baisse légèrement son arme alors que des sirènes commencent à se faire entendre au loin. Je le vois chercher ses mots, une solution à tout ça et il finit par ranger son arme avant de me faire signe de partir.
« Fous le camp. » Je reste immobile, ne croyant ce que je viens d’entendre. Il est sérieux ?
« Fous le camp putain ! »Je lâche un
« Merci. » Et m’enfuis en courant, sans me retourner.
Envoyé en AfghanistanStuart déboule en trombe devant mon bureau, un grand sourire sur le visage.
« T’as appris la nouvelle ? » Je bois une gorgée de café et repose doucement la tasse tout en maugréant un
« Mh ? » Sans grande conviction. T’as toujours été un con Stuart. Tes grandes nouvelles se révèlent très souvent très peu intéressantes, donc cette fois, ça a intérêt à être l’affaire du siècle.
Il se rapproche et me fais une tape sur l’épaule qui me fait pousser un grognement. Mais quelle tache...
« On part en Afghanistan mon pote ! » Je me prends l’effet d’une gifle et le regarde, complètement paumé.
« T’as bien entendu ! Le Big Boss veut qu’on aille suivre les combats ! » Je lève les mains, essayant de la calmer.
« Wow, wow ! Il veut que Nous allions filmer les combats ? Genre toi et moi ? » Il acquiesce et je lève les yeux au ciel et marmonnant dans ma barbe.
« Tu seras notre premier reporter et je m’occuperai de faire le lien avec New York. » Je me masse les paupières. Oh bordel…
« Donc, t’es en train de me dire que je serai au front pendant que tu te la couleras douce dans un hôtel à te contenter de balancer mes infos ici. C’est ça ? » Il hoche vigoureusement la tête et je maugréé un
« Est ce que j’ai le choix… » Je lui lance un sourire forcé
« Yeah ! Ça va être génial ! »____________________
L’hélicoptère me dépose au milieu de la base et je fais un signe de la main au pilote pour le remercier alors que saute sur le sol.
Alors on y est… Putain c’est ça l’Afghanistan ? Déjà qu’à la télé ça donnait pas envie mais le voir en vrai…
Je me protège les yeux au moment où l’appareil redécolle, envoyant un nuage de poussière et me tourne vers le soldat qui vient de me rejoindre.
Nous attendons quelques secondes que la poussière soit retombée et il m’adresse enfin la parole.
« CNN ? » Je hoche la tête, le laissant continuer.
« Ok suivez moi à l’intérieur. » Je lui emboîte le pas et nous traversons la moitié de la base avant d’enfin entrer dans un baraquement.
Plusieurs soldats sont assis, certains en train de jouer aux cartes, d’autres en train de nettoyer leurs armes. Le militaire qui m’accompagne prend de nouveau la parole pendant que je passe plusieurs fois la main dans mes cheveux pour en retirer le sable et la poussière qui y ont élu domicile.
« Messieurs, voici… » Il se tourne vers moi et je réponds, tout en les saluant d’un signe de tête
« Adamska Fawkes. » Il reprend
« C’est le reporter de CNN qui a été affecté à notre compagnie. » J’ai limite l’impression d’être une bête de foire. Ils sont tous là à me fixer, comme si j’étais un monstre, une erreur.
« Reagan, il sera affecté à ton unité, du coup je te laisse le briefer. » Le dénommé Reagan s’avance et je déglutis avec difficulté au moment où je le reconnais. C’est lui putain… Il fallait que je tombe sur le seul mec qui m’a déjà vu utiliser mon pouvoir.
Je vois à son regard qu’il m’a reconnu aussi mais il ne montre rien à ses coéquipiers et me fait signe de le suivre à l’extérieur.
« Je vais te montrer où tu vas crécher. »Nous arrivons dans une tente où sont installés une dizaine de lits de camp et il m’en indique un au fond sur lequel je pose mes sacs.
Il m’invite ensuite à m’asseoir et je m’exécute tandis que lui reste debout.
« Je m’attendais pas à te revoir un jour. » J’ouvre la bouche pour répondre mais il me coupe net
« J’ai rien contre toi, euh...Adamska ? Mais… Si tu ne fais ne serait-ce qu’essayer d’utiliser ton truc, je te collerai une balle dans la tête sans hésiter. » Je lui lance un regard perdu et réponds sur un ton inquiet.
« Je te rassure tout de suite, je ne comptais pas utiliser mon… Truc. » Il me fait une tape amicale sur l’épaule, un sourire en coin.
« Ravis de voir qu’on est sur la même longueur d’onde. Viens, je vais te présenter le reste de l’unité. Je te ferai le topo en même temps. »J’acquiesce silencieusement et me relève pour le suivre. Et bien ça ne s’annonce pas si mal finalement.