« Bonjour, Betty. » Il porte une rose blanche dans la main, un vieux sweat-shirt sur le dos, capuche sur la tête. Le soleil se couche et le marbre de la pierre tombale se teinte d'un orangé trop exotique pour l'occasion. Le cimetière est désert – il a bien vérifié avant de venir – et la tombe de sa femme bien entretenue. Son père est sûrement venu lui rendre visite plus tôt dans la journée. A moins que le Général Ross ne soit pas encore capable de venir se recueillir, en ce cas il a probablement payé une belle somme d'argent pour l'attention particulière que reçoit Betty. Bruce s'accroupit, les chaussures pleines de boue, et dépose la rose au pied de la stèle. Ses doigts glissent sur le nom de sa femme gravée dans la pierre. Il essuie ses yeux mouillés d'un revers de la main, prenant de petites respirations pour ne pas laisser ses émotions le submerger. Il savait très bien ce qui se passait, quand ses sentiments prenaient le pas sur le reste. Lorsque son pouls s'accélérait, sa peau se teintait d'un vert forêt et il devenait cet autre, le Hyde de son Jekyll. Un monstre énorme, dénué de toute conscience, de toute intelligence, prêt à tuer et détruire pour le simple plaisir d'amener chaos et destruction autour de lui. Il était hors de question qu'il fasse subir ça au pauvre cimetière où reposaient les corps et où erraient les âmes des défunts. Hors de question qu'il fasse subir ça au cadavre de sa femme ; il l'avait déjà tuée une fois, c'était bien assez.

En se relevant, il entendit quelque chose craquer derrière lui. Il se retourna vivement, craignant que le Général Ross n'ait décidé de passer par ici au moment-même où il s'y trouvait. Après tout, il était l'assassin de sa fille, et il n'entendait pas pardonner à Bruce aussi facilement. S'il avait pu raisonner avec le Général, le docteur Banner aurait pu lui expliquer que l'accident dont il avait été victime, l'exposition à la première bombe gamma jamais créée qui avait créée le Hulk, n'était qu'une réponse aux ordres directs de Ross. Ce dernier voulait une nouvelle arme, un moyen de pression puissant, une protection supplémentaire pour les États-Unis ; et Banner était l'un des meilleurs physiciens nucléaires du monde. Pourtant, il n'aimait pas la violence. L'idée de créer une arme le dérangeait, mais c'était Ross qui le demandait. Le même Ross qui avait une jeune fille nommée Betty, au sourire pétillant, au mordant sans pareil. Comment aurait-il pu dire non à son futur beau-père ? Il était, après tout, sous les ordres du gouvernement américain. Alors il s'exécuta. Et lorsque l'accident survint, les rayons gamma traversèrent son corps de part en part, réduisant ses chairs en charpie, le transformant en un cadavre ambulant, un futur engrais pour un cimetière à l'image de celui dans lequel il se trouvait actuellement.

Alors par quel miracle avait-il pu survivre ? Les rayons gamma avaient fusionné avec son patrimoine génétique, avec son ADN. Bruce n'était pas sûr de ce que cela signifiait à l'époque. Il effectua plusieurs tests, détruisit de nombreux bâtiments et testa de nombreux antidotes, mais la situation ne changea pas. La situation ne changeait pas. Il aurait dû partir, quitter sa ville, son emploi, ses amis et sa femme, Betty. Pour les protéger et pour garder son secret, il aurait mieux fait de vivre loin de tout, loin des contrariétés du quotidien qui pouvaient, à tout moment, déclencher chez lui une rage violente ou une excitation hors-pair, qui inévitablement, le conduirait à perdre le contrôle. Mais Betty l'a convaincu de rester. Elle avait appris les conséquences de cet accident, elle savait ce à quoi elle s'exposait, mais elle préférait garder son mari auprès d'elle sachant qu'il pouvait la tuer, plutôt que le perdre à jamais. C'était une femme bien, Betty. Bruce la regrettait tous les jours – et il se haïssait un peu plus à chaque lever de soleil. Il était resté auprès d'elle et un jour, il avait perdu le contrôle. Lorsqu'il avait repris conscience, il était nu et couvert de sang. Sa femme avait été sectionnée à la taille, son buste reposant sous les décombres tandis que ses hanches et ses jambes étaient tordus de manière étrange, suspendus à un arbre qui avait résisté à la colère de Banner.

Comment pourrait-il se pardonner ? Il avait raison de se haïr, de détester Hulk, l'autre à l'intérieur de lui. Ce dernier lui avait ôté la chose la plus précieuse à ses yeux, et il ne pouvait blâmer personne sinon lui. Sinon lui et cette seconde personnalité, toujours plus instable. Forcé à vivre dans la clandestinité, Bruce comptait quitter la ville – réaliser son premier plan, celui qu'il aurait dû poursuivre de suite après l'accident au laboratoire. Il vivrait seul et en paix, cherchant un remède à sa condition, toute sa vie s'il le fallait. Après tout, sans Betty, il n'avait plus de raison pour vouloir vivre une vie normale. La clandestinité lui irait très bien. Il contempla encore la tombe de sa femme, avant de regarder l'horizon désormais bleu nuit. Il était l'heure. « Bonne nuit, chérie. » Et il s'effaça dans l'ombre, laissant là une rose blanche aux pétales cristallins, que le vent avait déjà emporté quand le soleil se levait.


Était-il un héros maintenant ? C'était sans aucun doute ce que pensaient les citoyens de New-York. L'idée avait même dû traverser les esprits de ses camarades Avengers lorsqu'il avait arrêté un Léviathan à mains nues. Ou plutôt, quand le Hulk l'avait arrêté. Bruce n'était pas sûr d'avoir grand-chose d'héroïque en lui. Il aurait aimé se battre, mais ce n'était pas son style : il avait laissé la place à son géant tapi dans l'ombre, quand les choses s'étaient corsées. Et Dieu sait qu'il avait détesté ça. Il craignait de perdre le contrôle, de s'en prendre aux innocents. S'en prendre à Tony, ou à Steve. A Natasha. Mais la situation devenait catastrophique. Bruce ne pouvait plus aider – Hulk le pouvait. Il ne fallait pas être un docteur en physique nucléaire pour savoir qu'il n'avait pas eu le choix. Désormais, ils étaient tous réunis. Les Avengers avaient vaincu une invasion extraterrestre, un fait qui allait changer beaucoup de choses dans le monde. Et ils prenaient tous des chemins différents, du moins pour le moment. Jusqu'à la prochaine attaque. Bruce garda sa réserve, laissant les super-héros partager congratulations et réparties sarcastiques. Il voyait le héros de l'ancien temps, Steve Rogers, symbole d'un patriotisme américain en déclin – et son alter ego moderne, Tony Stark, le milliardaire usant de toutes les technologies pour devenir extraordinaire, une arrogance évidente qui cela dit lui allait comme un gant. Il voyait le dieu nordique Thor et ses incroyables pouvoirs, la belle espionne russe Natasha Romanoff qui prouvait que femme ne veut pas dire faible. Il voyait Clint Barton, le faucon aux flèches perçantes – et dans cette petite équipe dysfonctionnelle, Bruce ne voyait pas sa place. C'était Hulk, l'Avenger. Pas lui, pas son cerveau décidément trop ramolli pour trouver le moindre remède à sa condition. Ils avaient tous été trompés sur la marchandise, Nick Fury n'aurait jamais dû le recruter. Il n'aurait jamais dû accepter. L'histoire allait bêtement se répéter.

Une fois qu'il aura tué ses partenaires, que fera-t-il ? Lorsqu'il se réveillera d'une nouvelle crise – en pleine attaque et alors que les autres compteront sur lui, sur Hulk – pour trouver les cadavres démembrés des autres Avengers, il sera l'ennemi public numéro un. L'homme … non, le monstre à abattre. Il ferait mieux de repartir maintenant. Une fois qu'ils se seront tous dit au revoir, il prendra ses clics, ses clacs, et il retournera en Amérique du Sud. Peut-être changer de continent … L'Asie. Dans un endroit si reculé que personne ne saura où le chercher. Il sera à l'abri. Le reste du monde sera à l'abri de lui. Il serra la main ferme du Captain, ainsi que celle de Hawkeye. Natasha le regarda un moment, il y eut ce court flottement avant qu'elle ne partage avec lui une poignée de mains forte et stricte. Un signe de tête à Thor, un sourire narquois envers Loki. Puis Barton et Romanoff partirent ensemble en voiture, quand Rogers enfourcha sa moto pour un voyage en solitaire. Thor et Loki disparurent comme seuls des dieux le feraient – Bruce se retrouva seul avec Tony. « Bon, je vais y aller aussi. » fit le docteur, peu sûr de lui, un peu gêné par le soudain calme après la grosse tempête qu'ils venaient tous de traverser ensemble. « Pas si vite ! » répliqua le milliardaire, plaçant son bras autour des épaules de Bruce, l'obligeant presque à marcher à ses côtés sur le trottoir. Banner n'était pas très confortable avec ce rapport physique, et encore moins à l'idée de s'éterniser dans New-York. Néanmoins, il était trop peu enclin à se montrer froid ou direct, si bien qu'il se tut et écouta Tony lui parler sciences et chiffons. « Tu me disais que tu avais cherché un sérum pour contrôler la bête ? » et Bruce de répondre « Pas la contrôler. La faire disparaître. » Tony réfléchit pendant un petit moment, durant lequel ils continuaient de marcher côte à côte. « Tu sais, nos deux cerveaux doivent être les plus fonctionnels de toute cette planète … » Il finit par afficher un énorme sourire, empreint d'une arrogance que Bruce lui connaissait bien. Un orgueil aussi charmant que dangereux. « On pourrait travailler là-dessus ensemble, si tu veux ? » Quelle mauvaise idée. Rester à New-York ? Côtoyer des gens ? Quelle idée atroce. Avant même que Bruce n'ait pu répondre, Stark rajouta « J'ai plusieurs projets en cours, sur lesquels j'aimerais ton avis également. De génie à génie, tu comprends ! »

C'était un plan qui ne présageait rien de bon.
Il n'allait pas dire oui, pourquoi diable dirait-il oui ?
Il n'était pas si seul après tout, et pas si désespéré.
Il n'avait pas besoin de Stark, pas besoin d'amis.
« Oui. »


Natasha l'avait embrassé. A ce moment là, il avait compris qu'il devait partir – et ça n'avait plus rien à voir avec leur flirt innocent. Le moment intime qu'ils avaient partagé dans la maison de campagne de Barton les avait menés directement à ce baiser, alors que Bruce sortait de la prison d'Ultron, alors qu'il proposait follement à Natasha de fuir à ses côtés. Elle l'avait électrisé de ses lèvres, et jeté dans le vide : il n'était pas sûr de s'être transformé à cause de la chute, ou suite au baiser. Il n'était pas sûr de vouloir le savoir. Ils avaient vaincu Ultron, ils avaient sauvé la Terre de l'ego sur-développé de Stark (et pourtant, Bruce l'avait prévenu des dangers à venir) et il était temps pour lui de quitter le navire. Il était dans sa capsule, il lâcha un adieu lâche et discret, avant de s'expulser de l'avion – c'était la seule solution.

Bruce ne pouvait pas revivre la perte d'un amour. Il avait déjà tué Betty, et s'il s'en prenait à Natasha, il n'y survivrait pas. Sa relation avec la jeune espionne avait évolué en quelque chose de plus fort, de moins léger : elle pouvait calmer le Hulk en lui. Ils avaient quelque chose de spécial. Pour autant, il savait qu'elle n'était pas en sécurité à ses côtés, et qu'il ne pourrait probablement jamais lui offrir ce dont elle avait envie, ce dont elle avait besoin chez un homme. Il devait faire profil bas, disparaître de la surface de la Terre, comme il avait eu l'habitude de le faire par le passé. Lorsque sa capsule toucha la sol, il s'accrocha fermement, et s'en extirpa une fois la fumée dissipée. Il était temps de partir là où il avait toujours voulu aller.

C'est ainsi que Bruce se retrouva au sein d'un temple taoïste dans le nord de la campagne chinoise. Pendant trois mois, il y pratiqua la mystique quiétiste et fit vœu de silence. Dans cette atmosphère paisible et calme, Bruce développa son contrôle des émotions. Il pouvait souffrir sans perdre le contrôle : le silence l'y aidait beaucoup. Il hésita à revenir auprès de Natasha plus tôt, mais New-York n'avait rien à voir avec le temple dans lequel il avait été accueilli ; et les menaces qu'il aurait probablement à affronter seraient d'autant plus dangereuses que la routine tranquille de son quotidien actuel. Pendant un temps, Bruce abandonna l'idée d'un sérum, d'un antidote – il abandonna ses amitiés et ses culpabilités, les sentiments qui l'habitaient continuellement et auxquels il s'efforçait auparavant de ne pas considérer, sans succès. Les moines qui l'accompagnaient auraient aimé l'aider plus, lui apporter une solution miraculeuse à son problème – pour le peu qu'il en avait expliqué avant de devenir lui-même pratiquant du silence. Mais il n'y avait pas de résolution possible. Pour toujours, Bruce allait devoir accepter de vivre avec une personnalité double, une antithèse violente et dénuée de conscience.

Il décida de revenir à New-York après trois mois de retraite, décidé à affronter ses démons, ses peurs et son autre. Convaincu de pouvoir le contenir. Il a tout juste emménagé dans la Tour Avengers au sein de Manhattan, encore peu confiant à cette idée : être en plein milieu de l'action, Bruce n'est pas sûr que ce soit pour lui. Mais il y a Natasha ; et cette simple pensée le rassure. Elle a toujours su communiquer avec Hulk, il n'y a pas de raison qu'elle n'y arrive pas à nouveau, si jamais il dérape. Et dans l'optique où elle n'arriverait pas à atteindre le cœur trop gros de ce monstre vert, Tony avait toujours quelques gadgets, quelque prison qui s'avérerait utile. En attendant, Bruce comptait bien travailler avec son partenaire de laboratoire sur une solution plus efficace quant au contrôle de son Jekyll : car si Hulk ne partira jamais, rien n'empêche Bruce de l'apprivoiser. Connais-toi toi-même.

Bienvenue chez les DEUS EX MACHINA.

MAIS NON BRUCE TU ES UN HÉROS (bon à part quand tu découpes tes meufs en deux...) Tu es validé, et maintenant, que l'ère du brutasha commence .

time to have fun. Maintenant que tu es validé, tu peux commencer par aller recenser différentes choses, comme ton métier ou ton pouvoir si tu en as un. Tu peux aussi te chercher des copains sur le forum, c'est à dire poster ta fiche de liens. Si ton personnage est du genre à passer son temps sur son téléphone ou sur le net, tu peux aussi te rendre sur la webosphère.
Nous t'encourageons fortement à te rendre dans la chat box pour y faire la rencontre des autres membres, si tu le souhaites ! Sinon, tu peux aussi aller te créer un scénario. Quoi qu'il arrive, n'hésite pas à te faire ton trou par chez nous, on te souhaite bien des RPs et une belle et longue aventure sur TNA !

ENJOY !