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Learning to live.

« We're not dating. » « Oh ? So you're just that friendly with everybody, is that it ? » - Cassandra Clare

E
st-ce que le rouge n’est pas trop rouge ? Les longs cheveux blonds retombent sur les épaules, disciplinés, tandis qu’elle s’observe dans le miroir. Est-ce que la dentelle claire est assez élégante ? Les épaules sont dénudées tandis que les manches laissent entrevoir de délicates broderies. Samedi. C’est arrivé trop vite, elle n’est pas sûre d’être prête. Elle a un peu peur de sortir de l’Institut, où elle se sent en sécurité. Trevor est un inconnu, après tout. Est-ce que les escarpins couleur de sang ne sont pas trop voyants ? Elle s’assure que tout est en place, qu’elle n’est pas trop provocante. Elle défroisse le bas de la robe qui s’arrête au dessus des genoux et inspire profondément. Ca n’est qu’un dîner entre amis au restaurant, elle a déjà fait ça, n’est-ce pas ? Elle a été obligée de réserver quelque chose de cher pour s’assurer de la parfaite discrétion du personnel - il est sûrement recensé, pas elle. Un léger effort pour atteindre la parfaite température de 37°c, un long manteau noir pour la forme et elle traverse les couloirs. Il est dix-huit heures, elle est en avance, largement. « .. Bobby. Je suis sortie. Ne t’inquiète pas, d’accord ? » Le message vocal est laissé sur le téléphone du psychologue. Elle a passé les grilles de l’école pour ensuite rejoindre un taxi plusieurs rues plus loin.

Le Dovetail est un restaurant gastronomique hors de portée pour la plupart des bourses. Il y a l’élégance dans chaque finition et elle retrouve finalement l’univers qui fut le sien à l’origine. Les lentilles grises ternissent son regard, suffisamment pour qu’elle paraisse normale, humaine, insoupçonnable. La table est réservée au nom de Rosebury, on la lui indique d’ailleurs après l’avoir débarrassée de son manteau. Dans un coin de la pièce, vue sur le paysage, vue sur les lumières qui s’allument à l’approche de la nuit.

Boire un cocktail seule à une table pourrait paraître déprimant pour n’importe quelle femme mais ça n’était pas le cas de Snow, vaguement perdue dans ses pensées, tournant le liquide comme si elle était à des kilomètres de là. C’était sans doute ce qu’aurait été sa vie sans la mutation : succession de rancards en toute mondanité, plaisirs butinés de-ci, de-là, sans obligations si ce n’est celles du travail. Elle aurait peut-être été avocate ou agent immobilier, qui sait. Pour la première option, elle en était encore loin. Son téléphone est éteint, retourné au silence, empêchant ainsi quiconque de la déranger. Le Professeur savait sans doute où elle était allée, Bobby lui n’avait aucun besoin de le savoir, et les autres.. et bien que le monde aille se faire cuire un steak, elle était plutôt bien, là. Comme à San Francisco. Peut-être n’était-elle bien qu’à l’instant où elle se rapprochait plus de Snow Queen que de la triste créature amoureuse d’un homme qui ne la regarderait plus. Léger givre sur le verre que l’on pourrait presque attribuer à la fraîcheur de la boisson. L’avantage d’être dans le coin le moins lumineux de la salle.

Une silhouette la ramène à la réalité. Snow relève son regard modifié par les lentilles et constate la présence de Trevor, dont elle ignore comment il est passé étant donné sa tenue. Ca n’est pas affreux mais il y a tout de même plus chic. Elle esquisse un sourire en reposant son verre, sur lequel est restée une trace givrée de rouge à lèvres. « C’est ce que l’on appelle de la ponctualité. » Elle est différente de leur première rencontre, loin de la jeune femme au mascara abîmé par les larmes et à la robe noire digne d’une cérémonie de deuil. Elle a fait un effort, pour lui, parce que c’est dans son éducation, parce qu’elle a une longue absence à se faire pardonner. « Toutes mes condoléances, pour le Père Noël. »  
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It's never too late to learn…
…and never too late to understand.
Prudence ✧ Richard
Une belle semaine de merde. Inutile d’en rappeler les faits, les seules conséquences sur mon moral suffisaient.
Avoir franchi un autre cap, celui d’une approche imprévue, n’avait pas été sans séquelles. Elizabeth ne me connaissait pas, ne m’avait d’ailleurs jamais connu. Ce serait probablement le cas aussi dans cinq ou dix ans, lorsqu’elle m’aura oubliée pour une vie indépendante et qui n’appartenait qu’à elle seule. Je n’arrivais pas à me dire que quelque chose pourrait changer. Danger. Je ferme mon esprit de nouveau alors que je me reconcentre sur la route. Samedi soir…évidemment, c’était aussi bondé que les pubs une nuit de Saint Patrick. Y en avait de partout. J’avais réussi à m’acclimater à cette effervescence citadine, et ce plutôt facilement contrairement à ce que j’aurais imaginé. Ça n’avait pas grand-chose à voir avec Bâton-Rouge et encore moins les bleds où j’avais pu élire domicile. Sauf Londres, peut-être…mais là encore, ce n’était pas la même chose, pas la même ambiance. New-York était gigantesque, hyperactive…et elle ne cessait de vous le rappeler. Une véritable fourmilière dans laquelle je n’aurais jamais pensé me perdre un jour.

Ceci étant, je n’avais pas pour habitude de prendre la voiture en dehors des rendez-vous au siège du FBI ou certains bureaux de la NYPD. Lorsqu’il s’agissait d’enquêtes subalternes ou qui ne concernaient que moi, j’étais parfois amené à sortir de la ville, et là aussi elle m’était utile. Mais mis à part ça…je crois que mes jambes sont de loin mes plus fidèles alliées pour ce qui était des déplacements urbains. Ce n’est pas comme si j’avais le risque de finir trempé jusqu’aux os après une demie heure de marche soutenue…
La voix qui sort des haut-parleurs de mon téléphone me guide jusqu’à ladite adresse, mentionnée sur le SMS de Snow. Pas le dernier qui m’informait de l’heure de rendez-vous, non…celui d’avant. Elle avait d’ailleurs rien glissé de plus, à croire que le mystère aimait être entretenu. Je commençais à y être habitué avec elle, où secret était légion. Ceci étant, je ne pouvais pas vraiment donner de leçons sur le sujet, moi qui était le premier à mentir - à commencer par mon nom. Pourtant, j’avais intégré tout ça et croyez-moi, ça n’avait pas été une mince affaire. J’en étais venu à me demander qui j’étais vraiment, plus encore avec cette permutation d’identité. Une question restée en suspens, baignée dans les meurtrissures qui faisaient de moi un intime étranger.

Le quartier est huppé, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ai comme un mauvais pressentiment. Après avoir trimé pour trouver où me parquer, je finis par descendre de mon carrosse à quatre roues pour embrasser la semi-fraîcheur crépusculaire. De là, je m’étirai un peu, bien aise de me retrouver en dehors de cette prison métallique. J’enfile mon cuir que j’avais attrapé du siège passager avant de sortir, enfilé sur un tee-shirt blême, tout ce qui a de plus correct. Si j’avais fait attention à mon image avant de sortir ? J’avais inspecté comme j’avais pu, mais rien à redire d’après moi. Le comble de ne pas pouvoir se regarder dans une glace. Remarquez…j’étais plutôt content de ne plus croiser mon reflet. Sauf lorsqu’il me restait quelques traces de sang çà et là, je savais - malheureusement - les déceler bien trop vite. En parlant de ça, je me rendis compte que je n’avais pas pris ma dose journalière. Je me disais certainement que, comme la dernière fois, notre rendez-vous serait dans des lieux lambda. Que nous allions pouvoir parler et qui sait, peut-être autour d’une bonne bière. Que ça n’allait pas durer longtemps, que j’aurais tout le temps de descendre mon litre de sang en revenant, affalé sur mon plumard.

Alors imaginez-moi à découvrir cette devanture. Imaginez. J’ai traîné un peu dans la rue, là, à essayer de trouver l’éventuel traquenard. J’en arrive cependant à la conclusion que c’est bien ici et nulle part ailleurs qu’elle avait voulu m’amener. Mes yeux se baissent et détaillent mon accoutrement. Je n’irais pas dire que je suis mal fringué, mais j’étais pas sur mon 31 non plus. S’ils n’aimaient pas le cuir et l’éternel blue jean de leur tant apprécié pays, tant pis pour eux. J’étais pas au courant pour les soirées à thème, merde.
Je m’approche cependant, profitant qu’un couple rentre là-dedans pour me faufiler. Bordel, ça brillait de partout. Je capte le moindre détail, comme happé par une folie d’étrangetés. Je sens les battements cardiaques d’un homme, il se rapproche de moi alors que je m’étonne à lui faire face avec un soupçon de sourire. « Bonsoir monsieur, comment puis-je vous aider ? » Je jette un coup d’œil autour de moi. On voit à peine la salle d’ici. Il allait être la seule aide à portée, donc. « Apparemment, je suis là pour dîner et quelqu’un m’attend. » Je croise son regard de bichon effarouché. Je crois que je l’ai vexé. « Bien…c’est à quel nom ? » « Au nom d’une jeune femme, la vingtaine, haute comme ça, je lui montrais approximativement la taille de la mutante, blonde aux yeux clairs. » « C’est à dire que…j’aurais besoin du nom… » « Je crois que vous avez pas compris…vous seriez déjà par terre si vous l’aviez croisée. » Un regard fuyant, il se racle la gorge. Je soupire, déçu. Ce type devait vraiment avoir de la merde dans les yeux. « Rosebury. » Un jour, je leur retirerai le balai qu’ils avaient dans le cul. Mais pas aujourd’hui - j’étais pas là pour me salir les mains. Il regarde la liste attentivement. Il allait le tirer, le numéro gagnant, oui ou merde ? Je laisse tomber un peu ma tête en arrière en regardant le plafond, tentant de garder mon calme. Pourquoi j’étais si nerveux ? Parce que j’avais rien bouffé et j’en avais maintenant conscience…sans compter la semaine de merde. Je me tapais du bonus à l’étalage avec ce bambin. Un pistonné sans doute. « Je vois oui…7:30PM. » Ma tête reprend sa position normale, mes cheveux mi-longs s’étant légèrement décoiffés avec le mouvement. Je ravale une remarque désobligeante. Je ne sais pas comment je faisais pour bouffer tous ces mots à mesure qu'ils fleurissaient dans mon esprit. Allez… « Par contre, je suis navré mais…je ne pense pas que vous puissiez entrer avec cette tenue. » Je phase. Je crois sincèrement qu’il se fout de ma gueule. Puis je le regarde un peu mieux, fronçant légèrement les sourcils. Non. Il se fout pas de moi. « La porte ne m’a pas parue difficile à franchir avec ces fringues…y a quoi de particulier dix mètres plus loin ? » Je reste plus ou moins courtois. Je bougeais dans la direction où le couple était en train d’être guidé - la salle principale, certainement. Je me fais rattraper par le jeune homme, prompt à faire respecter certaines règles de « bienséance ». « Je…monsieur… » « Mon cuir te plaît pas ? » Je me surprends à le tutoyer. « Ce n’est pas ça… » « Bon, très bien. » Il sembla abandonner un instant avant de me rattraper en posant une main sur mon bras. « Je peux vous débarrasser ? » Bon. C’est pas le mauvais bougre. Mais j’allais pas lui donner ma veste quand même. « Je savais qu’il te plaisait pas mais à ce point…c’est vexant. », lui répondis-je en ôtant ma veste, la tenant au bout du bras. Je poursuivis mon chemin, cette fois-ci sans embûches. C’était pas faute d’avoir voulu essayer la méthode saine et posée.

Cherchant du regard la silhouette familière décrite plus tôt, j’outrepassai même cette nervosité que je me connaissais qu’à de très rares occasions en public. Je finis par la voir, dans un coin reculé - à peine étonnant et je l’en remerciais secrètement - vers lequel je me dirigeais instinctivement. J’étais déjà bien proche lorsqu’elle se rendit compte de ma présence. Je l’avais visiblement tirée de ses pensées alors que j’étais pour ma part bien ancré dans la réalité…un peu trop je dois dire. Je remarque à peu près toutes les différences qui nous éloignait de notre première rencontre. À commencer par la façon dont elle se présentait à moi. « Et pourtant j’ai été retardé. » Sans commentaires. Je pouvais autant parler du parking que du bichon à l’entrée. Pourtant, malgré tout, j’avais esquissé un sourire. Pas des plus fameux mais un sourire quand même. Je laissais reposer mon blouson sur le dossier de ma chaise, peu importe les remarques que j’allais me prendre. « Je crois que tu ne vas pas avoir le choix…va falloir m’assumer. », glissai-je sans réelle gêne. On pouvait cependant sentir une once de nervosité. Non, en fait, un peu plus que ça. J’étais pas en colère pour autant…pas tant qu’on ne me tirait pas les cheveux pour des raisons non-vitales. Elle me fit la remarque par rapport au Père Noël, remarque à laquelle je ne pus répondre dans l’immédiateté. Le même garçon que tout à l’heure arriva dans mon dos, désireux de vouloir faire respecter une nouvelle « règle », à savoir qu’on nous tire la chaise pour s’assoir. Vraiment ? Je regarde par dessus mon épaule, le jaugeant. Pas besoin de parler, le seul regard que je lui transmis, agrémenté d’un hochement de tête négatif, suffit. M’inclinant de nouveau vers Snow, je m’installai à ma place en prenant garde de ne pas tirer la nappe par mégarde. « Cette chaise est plus confortable que mon pieu… », pensais-je tout haut. Et ce n’était absolument pas un jeu de mot. De toute façon, elle n’était pas au courant. Simple private joke. Plus private que joke au passage. Je me repris un peu. « Remues pas le couteau dans la plaie, tu veux ? » Père Noël. Bien que faible, le sourire que j’arbore en témoigne - il n’y a rien de sérieux là-dedans. « J’espère que tu comptes pas sur moi pour payer la note…c’est pas contre toi, mais… » Tais-toi Richard. Tais-toi. Bon, encore une. Juste une. Quelque chose de moins grinçant pour une fois. « Ça te va bien. », me permis-je simplement de dire alors que j’allais poser mes avant-bras sur la table. Sincère, bien que l’éclat de ses iris dénature son éclat naturel - celui que j’avais connu. C’est à cet instant que je sentis quelque chose de désagréable. Quelque chose qui me valut un mouvement refoulé, de la manière la plus discrète qui soit. J’avais failli déposer une de mes mains sur ce qui s’apparentait à de l’argenterie. Le dîner allait s’annoncer des plus épiques.

Et bon appétit bien sûr.

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«
 Je crois que tu ne vas pas avoir le choix…va falloir m’assumer. » Prudence était assise là, sans paraître ni offensée ni surprise. Bobby lui avait appris à se dérider un peu, du moins sur la tenue vestimentaire, et assumer le look de Trevor ne lui posait pas plus de problèmes que porter une chemise à carreaux sur une robe élégante. Il était comme il était et le choix du restaurant n’était qu’une question de tranquillité d’esprit. Rien de plus, quand bien même elle semble en phase parfaite, dans son élément. Les règles ne semblaient pas faite pour lui. Tant mieux, ça la changeait, un peu d’oxygène était vivifiant. Il venait de prouver sa capacité à s’asseoir seul, ce qui indiquait le début de la soirée, qui s’annonçait assez folklorique, apparemment. « Cette chaise est plus confortable que mon pieu… » Snow n’a toujours pas ouvert la bouche. Elle a trempé les lèvres dans son cocktail, en détaillant l’homme, sans traduire le fond de sa pensée, sans qu’il ne puisse lire dans le regard clair la moindre émotion. Trevor était loin de son univers, loin de ce qu’elle avait eu l’habitude de fréquenter du temps de ses tentatives relationnelles - dans une autre vie lui semblait-il. « Change de matelas. » Okay. No comment.

« Remues pas le couteau dans la plaie, tu veux ? » Elle aurait plutôt tendance à enfoncer le stalactite dans le coeur mais ça n’était jamais qu’une question de matériaux et de point de vue, le résultat était assez similaire ; peut-être un peu plus radical, d'accord. « Admettons donc que je sois une vilaine fille. » La phrase est aussi ambiguë que son ton est neutre, ce qui était en soi assez déstabilisant. On ne se demandait pas pourquoi elle avait renoncé à une forme classique de vie, avec le travail, le mari et les marmots. Parfois, elle regrettait, et dans des moments comme celui-ci, elle préférait chasser le bon coeur pour ne laisser paraître que la surface, ce que l’iceberg de l’indifférence pouvait dissimuler, glaçant la gamine mélancolique. En toute honnêteté, Snow en avait assez de faire semblant, de faire attention, de se laisser noyer. La détresse qu’elle ressentait entre les murs de l’Institut finissait par l’épuiser, retrouver une forme laissée de côté ne pouvait que la ressourcer, même si ce devait être perturbant pour Trevor. « J’espère que tu comptes pas sur moi pour payer la note…c’est pas contre toi, mais… » Un geste de la main pour signifier que non, l’addition était pour elle. C’était elle qui l’invitait, après tout, et le laisser payer rendrait le rendez-vous presque conventionnel, comme un mauvais rancard. Y avait déjà les bougies sur la table, mieux valait ne pas en rajouter une couche.

« Ça te va bien. » « Merci. » Elle se passe du toi aussi qui serait d’une ironie sans nom. Les yeux n’ont pas loupé une miette de son geste contenu, de ce recul sur l’argenterie. Soit. Il était froid comme la mort et allergique à l’argent. Un regard à droite puis à gauche avant qu’elle ne tende la main pour glisser l’index sur les couverts aussitôt ornés d’une jolie couche de glace. « Pour un peu je pourrais t’appeler Dracula. » Elle n’est pas sérieuse une seconde, évidemment, et ça se voyait. Si elle avait étudié les mythes, les origines et les vices qu’ils étaient sensés traduire, elle ne s’était jamais dit qu’il pourrait y avoir du vrai, pour la simple et bonne raison qu’au final ça n’avait été qu’une rébellion de jeunesse puis une étude psychologique et enfin jamais qu’un moyen d’occuper les longs premiers mois à la X-Mansion.

Elle revient se caler contre le dossier de sa chaise, les cartes arrivent et elle ne veut rien d’embarrassant. On leur propose la carte des vins, avec la politesse et le savoir vivre de l’établissement et on leur laisse le temps de choisir. Une fois à nouveau seuls, Snow souffle les bougies dont la chaleur la dérange. Elle n’est pas parvenue à conserver une température normale, pas même à la simuler. « Le cadre n’est pas particulièrement vivant mais dans les circonstances actuelles, j’ai préféré opter pour la discrétion. » Besoin de se justifier. Elle sentait bien qu’il était aussi peu à l’aise que le glaçon, à San Francisco, et cette fois il était hors de question qu’elle sorte avant d’avoir commandé pour aller se paumer dans un fast-food. Elle ne commettrait pas les mêmes erreurs, elle ne cèderait pas à la facilité et au final elle ne comptait pas vraiment être différente pour lui plaire. Vaccinée, la petite Rosebury. C’était un repas pour se changer les idées, la politique voulait qu’être mutants soit un problème, il fallait donc improviser, point final. Et elle se contenterait de poisson et de légumes, ça irait très bien. Fin de l’histoire, Cendrillon irait se coucher tôt.  
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Prudence ✧ Richard
« Change de matelas. » « C’est le prix de cette chaise, Snow. » Je lui répondis au taquet, sans agressivité ni rancoeur. Son manque d’expressivité ne m’a jamais vraiment dérangé. Elle était différente, rien de plus. Avait certainement vécu autant de choses désagréables que j’avais pu en vivre, si ce n’est pas davantage. Au vu de l’état dans lequel je l’avais trouvée lors de notre première rencontre, il y avait très peu de chance que je me trompe sur la question. J’avais côtoyé des gens de tous les horizons ou presque, parfois plus excentriques ou insupportables que je n’aurais pu accepter en temps normal. J’avais simplement ma façon d’y faire face, de composer avec. Tant qu’on ne dépassait pas les bornes, la vie pouvait poursuivre son cours et il n’y avait donc pas à gratter. Évidemment je n’allais pas tendre la joue pour qu’on m’en mette une…manquerait plus que ça. L’acceptation de l’autre avait ses limites.
Je relève sa remarque, je marque d’ailleurs cet état de fait par un sourire en coin. Mon regard n’est plus posé sur elle à ce moment-là, c’est tant mieux. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait cacher sous cette carcasse supposée inflexible. Creuser dans la glace n’était pas un interdit, même si les risques encourus n’étaient pas des moindres compte tenu de la structure. Je me disais que ça aurais pu en valoir la peine, si je n’étais pas moi aussi exposé. J’avais actuellement des priorités qui défiaient ces sursauts pseudo-suicidaires que je m’étais connus par le passé. Elizabeth, Evelyn. J’étais à New-York pour ça et pas pour faire du tourisme. Quant bien même j’étais en train de me dégonfler comme un lâche, prêt à renoncer à cette lubie (certes stupide et irraisonnée).

Je suis presque rassuré lorsqu’elle me fait comprendre que la note est pour elle. Ça ne m’empêchera pas de lui payer des verres par la suite, soit dit en passant. J’étais pas goujat à ce point. Elle par contre, elle ne semblait pas apprécier le cuir que j’avais laissé sur le dossier de ma chaise. À croire que ces lieux lobotomisaient l’ouverture d’esprit de leurs clients…pas croyable.
Presque tiré d’affaire, il n’y a cependant qu’un détail qui me chagrine et il fallait évidemment qu’elle y soit attentive. Je jette un regard en biais qui se pose ensuite sur le couvert qu’elle touche du bout du doigt, le recouvrant d’une fine couche cristallisée. Je n’ai toujours pas daigné bouger le petit doigt, mon regard étant le plus actif à ce moment-là. La remarque me dérange, même si je ne montre rien. Elle me dérange parce qu’elle mentionne le nom d’une « personne » encore vivante à qui je dois mes tourments actuels. Que je rêverais d’étriper aussi, bien que mes capacités et/ou mon expertise ne me le permettent pas en solitaire. Être comparé indirectement à lui, c’était quelque chose d’aussi blessant que d’irritant. Je glissai ma main jusqu’à l’objet en argent, déposai mes doigts sur la surface gelée. Ce subterfuge marche, mais ça risque de fondre et de me glisser des doigts à terme. Étrangement, je profite quand même de pouvoir toucher cet objet dont la composition me rappelait fatalement ma condition vampirique. « On choisit pas sa mutation… », soufflais-je à voix-basse. Cette fois-ci, je plante mes yeux verts dans les siens. Mon visage se détend dans un sourire franc. « Remarque, j’aurais préféré pouvoir soulever des tonnes à la seule force de ma pensée. » Ou vivre une vie normale. Comme celle que j’aurais dû avoir là-bas, à Londres. Je redéposai l’objet sur la table, la remercie intérieurement du geste sans parvenir à l’exprimer. Je m’étais senti un peu plus…normal l’espace d’un instant. Même si j’allais me sentir très con à devoir lui demander de réitérer. J’avais l’avantage d’avoir le corps froid - le processus de fonte en était ralenti. Comme l’impression d’être au Koh Lanta du pauvre…et du vampire en prime.

On vient nous apporter les cartes et je décidais de choisir…une pièce de viande. J’étais le seul à avoir les prix, soit dit en passant. Ce qui me permis d’avoir un bon visuel de la note qui allait tomber, approximative du moins. Et je vous mentirais en disant que je n’ai pas volontairement commandé au tarif le moins élevé. Une viande saignante, c’était déjà bien d’avoir ça dans son assiette…même si la soif commençait à me prendre et qu’elle n’avait rien à voir avec le besoin d’ingurgiter de l’eau minérale. Le garçon qui me regardait encore un peu de travers s’en alla, nous laissant de nouveau seuls. Elle éteignit la bougie alors que… « Oui, je comprends. C’est pas comme si j’avais débarqué dans un camp de nudistes non plus. Même s'ils me dévisagent comme si j'en avais moins sur l'os qu'eux. » Je marquai une pause, faisant attention aux battements de cœurs alentours. Un peu trop, peut-être. Surtout lorsque je me concentrai de nouveau sur Snow - car c’est le sien en l’occurrence que j’avais désormais en première ligne. Mélodie que je tentai de faire taire un tant soit peu en agrémentant. « Si c’est un cadre approprié pour ta sortie, tant mieux. » À la base, on était sensé se retrouver pour qu’elle puisse profiter un peu de sa liberté - à son goût et pas au mien. Les deux aurait évidemment été plus profitable. Mais j’allais pas faire la fine bouche à ce stade, j’avais franchi la ligne. Le sérieux qui m’a gagné à l’instant contraste avec mes précédents propos. Démode un peu plus la façon dont elle pourrait m’avoir perçu lors de notre première rencontre, si ce n’est que ça. J’aurais presque pu paraître attentionné. Et pourquoi ne serait-ce pas le cas, en soi ? Elle pourrait bien me tirer la gueule pour ça, j’irais pas lui en vouloir. Même si je serais certainement déçu de savoir qu’elle voulait me virer de sa vie sans chercher à essayer. Je nouais mon regard au sien alors que je posais une question dont elle connaissait la réelle consistance. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Parce que oui, je m’étais inquiété. Comme un brave con il fallait l’avouer.

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Dernière édition par Richard J. Hooker le Mer 15 Juin - 19:20, édité 1 fois
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« We're not dating. » « Oh ? So you're just that friendly with everybody, is that it ? » - Cassandra Clare

I
l y avait quelque chose d’extrêmement étrange à se retrouver là, assise en tête à tête avec un homme - du moins un autre homme que Bobby Drake. Elle avait perdu l’habitude de contempler la vie normale, de se mêler aux êtres humains lambdas dont le quotidien était rythmé par le travail, les week-end et quelques attentats tragiques de-ci de-là. Certes la population présente n’était en rien représentative de toute celle qui parcourait les rues mais aux yeux de la jeune femme, ils étaient le quotidien qu’elle aurait eu si le gène X ne s’était pas déclenché au coeur de son adn. Comme cette femme en robe dorée, elle aurait bu un verre de vin en compagnie d’un époux aux finances mirobolantes mais trop absent - à en juger par le nombre de bijoux arborés sur une seule soirée. Elle aurait peut-être eu des enfants pour occuper son temps entre les oeuvres caritatives, parce que c’est ce qu’aurait voulu son éducation, femme au foyer tantôt mondaine tantôt parfaitement chrétienne. C’était un vrai paradoxe des Rosebury. Ou alors ils étaient restés très catholiques pour pouvoir jouir d’un luxe prohibé par d’autres religions, Prudence n’avait jamais trop su. Elle ne comprenait pas, petite, pourquoi il fallait respecter les préceptes d’un être qui ne venait même pas aux repas du dimanche alors qu’on lui consacrait tout le temps des prières. Les adultes ont parfois de drôles d’idées.

Toujours est-il qu’à observer ce lieu hors du temps et de la normalité, elle est invariablement attirée vers ses souvenirs, vers cette forme de mélancolie qui la guette chaque jour depuis la rupture, comme si elle était incapable d’avancer, incapable de sortir de la boucle infinie des répétitions. Sans doute tuer ses parents avait figé une part d’elle à cette époque. Rien n’avait jamais été stable, tout ou rien, de rien à tout. Montagnes russes de ces émotions vives ou mortes, sans juste milieu, comme si la petite fille de la neige s’était perdue dans une faille temporelles où évoluer lui est interdit. Trevor était charmant, il avait un sourire à chavirer les coeurs, des yeux clairs comme elle les aimait mais la seule chose à laquelle elle pensait, c’était à l’interdiction de tenter les chances, c’était au fait que ces billes-là étaient moins éclatantes que le bleu glace. Elle chasse l’image et revient à la réalité quand on lui tend la carte. Elle n’est même pas sûre d’avoir faim. Il faut qu’elle chasse à nouveau les fantômes. L’esprit se recentre en commandant un poisson accompagné de légumes, avec un nom complexe qui laisserait presque penser qu’aucun des ingrédients n’existe. On ne choisit pas sa mutation, c’est un fait. On ne choisit pas ce qui court dans les veines, on ne choisit pas ce qui se déclenche, ce que la génétique déchaîne. Les couverts sont désormais protégés d’une fine couche fraîche, elle s’interroge cependant une seconde sur ce qui provoque cette allergie - l’épiderme trop sensible ? Cela suffirait-il ? Il doit se dire que le subterfuge allait fondre mais c’était sans compter la présence de la jeune femme, elle maintiendrait l’effet sans qu’il ait besoin d’y penser, sans que demander ne soit nécessaire. La bougie éteinte, elle n’était plus gênée et faire perdurer la glace ne devenait pas plus compliqué que voler une sucette à un bébé - homo sapiens, le bébé.

Soulever des tonnes par la force de la pensée, phénomène enviable mais moins original. Elle n’était toutefois pas certaine que ce qui frappait Trevor possède un quelconque aspect positif. Il était froid, donc ne pouvait attraper de rhume, il ne supportait pas l’argent et elle ne l’avait jamais vu à un autre moment que le soir tombant. Si elle n’était pas un tant soit peu pragmatique, elle prétendrait volontiers que c’est un monstre de romans qui erre pour dévorer les coeurs des jeunes filles en détresse. Elle n’avait rien d’une Lucy Westenra, n’est-ce pas ? La vingtaine peut-être. La haute bourgeoisie, sans doute. Les yeux clairs, certainement. Elle ne se voyait pas comme un repas enviable. Esquisse de sourire à ces pensées absurdes mais plus légères que celles dont elle a l’habitude. A choisir, autant ne pas être une Lucy mais une Carmilla, pas la proie mais le prédateur. « A côté de toi, je me sens chanceuse. » lui accorde-t-elle sur un ton plus amusé qu’autre chose. Il était peut-être redoutable, en dehors de son allergie notable à une matière si courante.

« Oui, je comprends. C’est pas comme si j’avais débarqué dans un camp de nudistes non plus. Même s'ils me dévisagent comme si j'en avais moins sur l'os qu'eux. » Le rire s’envole, suffisamment discret pour ne pas attirer l’attention mais réel. Il est mal à l’aise, comme elle l’avait été en tenue de soirée dans un fast-food. Ca recommence, il faut vraiment qu’elle enterre ces souvenirs. Un camp de nudistes aurait été inapproprié, ça aurait laisser supposer des intentions moins louables - drôle de technique de drague. Est-ce qu’un restaurant étoilé était plus indécent qu’un mauvais camping où le code se résume à tenue incorrecte exigée ? C’était un cadre approprié selon elle, peut-être pas selon lui. Elle ignorait tout de Trevor, elle ne savait ni d’où il venait ni son niveau de vie. Elle savait à peine son métier, et c’était peut-être pourtant ce qui l’intéressait le plus.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? » Le sérieux retombe et le regard trop bleu s’assombrit. Il veut savoir ce qui a causé son silence et Prudence n’est pas certaine de la réponse adéquate. Il s’était passé trop de choses, en réalité. Elle avait vu son existence s’effondrer une nouvelle fois, le frêle château de cartes s’écraser, comme trop souvent en vingt-quatre maigres années. Elle n’avait plus de larmes à offrir à ce monde qui se désintégrait, à ce passé qui la hantait, à l’avenir qui se refusait à elle. « J’étais dans le centre commercial. » Celui qui a été détruit. Elle n’avait aucun besoin de préciser, il était profiler après tout. Snow était peut-être mutante mais ça ne lui enlevait pas son humanité ; le choc se lisait encore dans ses prunelles. « Pour être honnête, je ne devrais pas te dire la vérité parce que tu fais partie de ces gens qui essayent de permettre à la justice d’avancer. » C’était son job. Oserait-il la dénoncer ? Elle l’ignorait mais elle lui laissait le bénéfice du doute. « .. mais j’ai eu plusieurs vies, plusieurs identités et j’aurais pu être le terroriste qui a provoqué ça, à une époque. Je crois que cette fois, changer de nom n’aurait pas suffi. J’avais besoin de cesser d’exister. » Cesser d’être, tout simplement. Cesser de se rappeler qu’elle avait eu ces idéaux de destruction et qu’elle continuait par moments à mépriser ces homo sapiens qui se noyaient dans la peur. Elle avait eu peur, peur pour la vie de Bobby, peur de ne pouvoir aider personne. Elle s’était sentie impuissante et vulnérable et ça avait déclenché un lent processus de remise en question qu’elle ne comprenait pas encore. 
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It's never too late to learn…
…and never too late to understand.
Prudence ✧ Richard
« Comme quoi…il suffisait de peu pour avoir un peu de positif à en tirer. » Hormis le fait qu’elle ait volontairement exposé l’aspect globalement négatif de ma pseudo-mutation (dont elle ne connaissait pas tous les travers ni tous ses avantages), j’avais été plutôt content de l’entendre dire du bien d’elle. Il ne me semblait pas l’avoir entendue dire quelque chose de cet acabit la dernière fois…du tout, même. Je ne connaissais pas Snow mais j’étais attentif à la façon d’être des autres, de manière générale. C’était toujours mieux que de se focaliser sur leur pouls vous me direz. Par mes mots, j’avais exprimé le fond de ma pensée sans trop de difficultés. À elle de l’entendre ou pas. J’aurais aussi pu détourner ses propos et les tirer à mon avantage, mais j’avais bien compris que ce n’était pas un jeu auquel il fallait jouer. Je n’étais pas blessé outre mesure, après tout j’étais le premier à m’estimer damné. Me le faire remarquer à la table d’un restaurant étoilé n’allait pas changer ma vie…. Alors oui, j’avais souri à sa remarque, prenant ça avec plus de légèreté. Ce qui contrastait méchamment avec celle qui avait concerné Dracula. Oublie.

Je regardais un peu autour de nous, elle ricane discrètement. J’entends son coeur battre encore trop fort. J’ai soif. Ça me revient en pleine figure alors que je voulais rester dans la conversation. Je passe une de mes mains sur ma nuque, ce n’est pas très long et me permets d’évacuer un peu. Non, tu n’avais pas encore fini. Ni ta journée, ni d’en chier à cause de cette foutue malédiction. Mais l’instant présent ne devait pas être englouti par ces pensées-là…encore une fois, ce serait du gâchis. « J’étais dans le centre commercial. » Ma main retrouve sa position initiale alors que je suis toujours au fond de ma chaise, réfléchissant à ce qu’elle venait de m’avouer. Aucun son ne sort de ma bouche. Seuls mes yeux font le chemin jusqu’à ses prunelles et s’y attardent tandis qu’elle poursuit dans sa lancée. Ce que je pus sentir en la regardant simplement les premières secondes m’étonnai. J’étais pourtant pas le plus grand empathe que le monde ait porté…mais là, la nuance était flagrante chez Prudence, parce qu’un rien qui brisait sa froideur naturelle était alors perceptible. Et bien sûr que j’en avais entendu parler. Comme tout le monde…et même plus encore. Il est vrai que j’étais dans le milieu judiciaire et elle pourrait émettre des réserves. Mais…si on suivait le raisonnement, je serais aussi prêt à faire enfermer les mutants qui ne se recensent pas. Or je n’allais certainement pas lui forcer la main, car j’imaginais - sentais - qu’elle n’avait pas fait le même choix que moi sur le sujet. Peut-être était-ce la raison de son silence. D’autre part je n’étais pas membre de l’HPU et j’étais, aujourd’hui du moins, externe aux services de police. J’étais certes engagé pour certaines affaires dont ils étaient les administrateurs (et à bien des niveaux), je travaillais dans le privé. En d’autres termes, je ne dépendais pas directement d’eux et certaines obligations tenaient plus du contrat de base qu’autre chose. Je n’étais pas leur semblable…(faites qu’Amadeus ne m’entende jamais). Encore moins lorsqu’on faisait justice seul, allant jusqu’à purger avant même que la brigade ne remonte jusqu’au criminel. Alors oui, on peut dire que je fais un métier intéressant, mais pas que je fasse véritablement avancer la justice. Pas celle qui englobait un minimum de valeurs morales. La peine de mort n’était pas autorisée dans cet Etat. Mais je faisais outrage aux règles…et j’étais incapable de m’arrêter, ni d’en être dégoûté. Est-ce que cela faisait de moi un monstre ?

Ce qu’elle me glisse enfin me permet de confirmer certaines hypothèses. « Je me suis inquiété. », avais-je pris le temps de dire, ne noyant pas le fond de ma pensée avec des fioritures inutiles. Inutile de signaler que j’avais essayé de la recontacter autrement que par voie téléphonique. Ayant vu que cela ne donnait rien, j’y étais allé autrement. Puis j’avais lâché l’affaire, bien conscient qu’il ne fallait pas que j’aille trop loin. Qu’il y avait certainement autre chose, que je n’y avais pas accès et que c’était très certainement plus juste ainsi. Je suis aussi forcé de me dire qu’elle est dans le même cas que moi - qu’elle a dû se cacher pour pouvoir survivre ici-bas. Si elle m’avoue ceci, je suis dans l’incapacité de lui rendre la pareille. Marcher sur de tels secrets, établis depuis plus de vingt ans, ce n’était tout simplement pas le genre de fantaisie que je pouvais me permettre. Me soumettre à cette folie c’était me condamner. « Je ne te jugerais pas pour autant. On a tous nos tords…et nos parts d’ombre. » Je lui fais comprendre à demi-mot que je ne suis pas blanc de tout péché non plus, sans en étoffer le contenu. Je marque une pause et maintiens le contact visuel. « Je  ne suis plus tout à fait flic. » Parce que je ne lui avais jamais dit que je l’avais été, elle était désormais au courant. La justice c’était une histoire de deux décennies…chose à laquelle je n’aurais jamais pu croire lorsque j’étais encore boutonneux. Ou même quelques minutes avant l’accident. Le fait d’y repenser me fait décrocher de son regard, inspire de l’air dans ces poumons aux cellules gelées. Les attentats furent un sale coup pour la ville et même plus encore. J’y avais d’ailleurs échappé, une chance car j’aurais dû me trouver non loin des lieux. Je n’allais pas le dire non plus. Quelque part, je préférais ne pas trop ressasser la question. J’avais simplement voulu savoir. Gratter…ce n’était peut-être pas la meilleure solution, surtout si elle était là pour se changer un tant soit peu les idées. Non ?

Le serveur revient avec les boissons. C’est sans grand étonnement que le verre de rhum sec me revient. Moi aussi j’avais besoin de certaines choses, et ce soir, cette liqueur en faisait partie. Il repart mais je crois percevoir du mouvement du côté des cuisines. J’ignorais s’ils étaient rapides au service mais pour l’instant, c’était plutôt bon signe. « Tant que tu marches sur le chemin que tu t’es choisi…je pourrais te blâmer en rien. » Je glisse ma main jusqu’à mon verre et lui fait un léger signe incitant à la santé, sans demander à que nos verres se rencontrent. L’alcool que j’ingurgite, même s’il ne me requinque pas comme je le souhaiterais, reste agréable au palais. Un soupir discret et presque serein en témoigne, c’était le premier pas vers le Saint Graal - la dernière étape étant de me nourrir du litre qui m’attendait dans le frigo. « Essaie juste de ne pas regretter. » J’étais bien placé pour en parler…combien de regrets je me trainais ? Un certain nombre. Et niveau malédiction, celle-là était bien plus dommageable que celle énoncée plus tôt…et de loin.

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«
Je me suis inquiété. » Elle hausse un sourcil surpris. Est-ce que quelqu’un en ce bas monde pouvait encore s’inquiéter pour elle ? Snow était loin d’être une enfant de choeur - ou disons qu’elle l’avait été, au sens littéral - et son caractère pour le moins ambiguë voire carrément désagréable ne la plaçait que rarement en odeur de sainteté. La sagesse ne rimait jamais avec la froideur de la glace. Il s’est inquiété alors qu’il ne la connaît pas, qu’il n’a passé que quelques heures en sa compagnie - une compagnie d’ailleurs bien alcoolisée. C’était de plus en plus difficile de s’enivrer, la régénération n’absorbait que trop rapidement les doses avalées. Sa mutation la privait du plaisir d’oublier les bêtises qu’elle pouvait faire trop peu de temps après une visite des bars, raison pour laquelle elle ne s’y rendait plus. Il n’y avait guère que la X-Mansion qui lui donnait la sensation d’être en sécurité. La loi sur le recensement rendait tout plus complexe, tout ingérable, tout angoissant. Il s’est inquiété, soit, mais même si il lui été arrivé quelque chose, ça n’aurait pas contrarié le cours de son existence. « Je ne te jugerais pas pour autant. On a tous nos tords…et nos parts d’ombre. » Des parts d’ombre, oui. Un sourire énigmatique se dessine sur les lèvres, signe qu’elle avait bien plus à cacher que ce qu’il pouvait ne serait-ce que soupçonner. Avoue-t-on au cours d’un dîner quatre étoile qu’on est une meurtrière doublée d’une terroriste croisée d’une pseudo-héroïne incapable de se racheter ? Dans un speed dating, ça ferait son petit effet, à n’en pas douter. Il n’est pas tout à fait flic. Elle se penche légèrement vers lui, pour souffler. « Profiler, n’est-ce pas ? » Elle a vu sa façon d’observer, de détailler, même s’il n’a pas l’air d’être d’une patience d’or, il paraît être capable d’accepter les zones nébuleuses de ceux qui l’entourent, comme s’il avait vu pire, comme si le pire ne lui était pas inconnu. « Est-ce pour cela qu’il n’y a pas de Mrs. Vaughan ? Parce que les femmes ont bien trop de vilains secrets ? » Ton parfaitement amusé, ou provocateur, allez savoir. Le sérieux n’était pas tout à fait de mise dans cette question, parce qu’au fond, elle se contentait de faire la conversation, comme s’il était possible d’en tenir une à peu près normale dans leur condition. Il était aussi à l’aise à cette table qu’une baleine échouée sur le rivage en plein été.

Les boissons sont servies. Le whisky est à n’en pas douter pour l’homme. Le vin de Prudence attendra que les plats arrivent, pour ne pas gâcher les saveurs. Un reste d’éducation, semblait-il. « Tant que tu marches sur le chemin que tu t’es choisi…je pourrais te blâmer en rien. » Son regard se perd dans celui de son interlocuteur. Est-elle sceptique ? Oui. Elle n’a pas vraiment choisi ce chemin, la vie le lui a imposé, elle n’est seulement plus sûre de vouloir s’en extirper. Les fois où elle a pensé à s’en aller, où elle a étudié les prix des appartements, les lieux agréables, tout a toujours été contrarié. Elle s’est faite à la réalité, à sa nouvelle réalité. L’Institut était un endroit sublime et elle ne pouvait pas se plaindre d’une chance que beaucoup de mutants dans le monde n’ont pas. « Essaie juste de ne pas regretter. » Rire amer. « Trevor, je regrette déjà la moitié de mon passé, je crois qu’à ce stade, il n’y a plus de droit chemin ou d’optimisme à envisager. On fait tous des choses qui nous donnent des remords. » Tous, à un moment ou un autre. De grands ou de petits remords, qu’importe, c’est le sentiment qui compte, celui qu’on n’oublie pas, qui ronge doucement la conscience avant de plus ou moins finir par s’effacer.

« Prétendrais-tu n’en avoir aucun ? » demande-t-elle, persuadée qu’il n’osera pas se poser en exemple d’assurance et de droiture. Peut-être qu’il l’est, mais il semble trop modeste pour se vanter. Et le silence s’installe le temps qu’on leur serve les plats commandés un peu plus tôt.   
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