it's a revolution, i suppose Prisoners • trapped & forgotten | | | La douleur, brûlante, lancinante, déchirante, et insupportable qui lui traversait perpétuellement le corps depuis que ces voix n’avaient cessées de lui hurler dessus s’était tût l’espace d’un instant pour être rapidement remplacé par une sensation plus intime. Tout autant brûlante et désagréable, pourtant Cletus ne pouvait pas dire qu’elle était aussi insupportable que l’autre. Comme si la sensation de sa chair qui se brisait et se déchirait sous l’impact de ce clou qui lui traversait le visage était même presque plus agréable que la précédente. Il y avait quelque chose de différent, quelque chose de plus réel, quelque chose qui lui faisait trembler la peau et se hérisser les poils de sa nuque avec intensité et ardeur chaque fois qu’il sentait le clou remuer à travers sa bouche , tiré par le poids qui le soutenait et qui l’avait aidé à venir le pénétrer avec tant de force, de rapidité, et de violence. Maintenant que la douleur s’était véritablement installée en lui, elle était la bienvenue. Et même s’il était immobile au sol, presque recroquevillé contre lui-même, et les yeux plantés dans le jeune mutant, Cletus n’avait plus l’air de rien. L’air apaisé, presque vidé de sa haine et de sa fureur, on aurait pu croire que les rôles s’étaient inversés si l’on s’était retrouvé subitement avec eux. Il était la victime, et le garçon était le monstre. Le bruit de la planche qui tombait au sol résonnait autour de lui, et Cletus sentait les vibrations engendrées par celle-ci lorsqu’elle toucha le symbiote, étalé par terre telle une mare de sang, de sueur et d’horreur. Il sentit une autre vibration, malgré sa vision qui se vidait de formes et de lumière, quand un genou se posa au sol, et se contenta de continuer à fixer l’espace en face de lui. Les yeux immobiles, incapables de se déplacer, comme s’il avait perdu l’usage de chaque partie de son corps. Une autre vibration vint perturber le silence qui s’imposait aux oreilles de Cletus, cette fois-ci, plus distante, presque hésitante. Le symbiote sentait quelque chose, mais ça ne le touchait pas, et Cletus ressentait cela comme un écho dans le creux de ses pensées.
Des murmures maladroits et étouffés s’ajoutaient aux vibrations qui l’entouraient, et comme s’il était à demi-sourd, ces quelques mots qui s’échappaient des lèvres du garçon ne l’atteignaient pas. Ils étaient des bruits lointains, presque informes, sans aucune texture ou construction. Des sons indescriptibles et incompréhensibles. Écrasé par terre, le corps presque entièrement découvert, Cletus restait immobile. Sans avoir la moindre idée du temps qui passait, simplement arraché à sa demi-inconscience par des vibrations dans l’air et le sol, et les maladroits chuchotements qu’il parvenait à entendre du coin de l’oreille. Et puis, une autre vibration. Plus lourde, plus forte. Et le bruit du bois et du métal qui bougeaient. Le clou venait de tomber de sa joue, poussé à l’extérieur par sa chair qui repoussait lentement, difficilement, douloureusement. Temporairement rouge et noire comme la flaque qui inondait le sol, avant de retrouver les mêmes couleurs que le reste de son visage. Mais lui, toujours immobile et silencieux. Un « Je… » maladroit colorant les bourdonnements dans ses oreilles, et une lueur envahissant de nouveau ses rétines. Puis une autre, et une silhouette, et une autre, et encore d’autres jusqu’à ce que sa vue se reforma autour de lui. Et tout à coup, la flaque visqueuse se mit à s’agiter comme de l’eau que l’on faisait bouillir et pointes, lames, yeux, dents et membres commencèrent à surgir de toutes parts et de tous sens. Et puis plus rien pendant l’espace de quelques secondes jusqu’à ce qu’elle ne se mette à gonfler et recouvrit le corps de Cletus qui dans un grognement gras se releva et bondit à toute vitesse sur le jeune mutant, l’écrasant de tout son poids. Une main pointue et gluante appuyant sur les joues du garçon. « On déteeeeste les mutants ! Mais tu sais quoi ? Tu viens de nous donner une idée. On va aller se trouver d’autres camarades de jeu comme toi, et on va TOUS les faire payer pour TON existence. » Sa large gueule difforme et gigantesque se déforma pour laisser dégouliner de larges filets de bave par terre et une langue de la taille d’un bras se mit à gigoter contre la gorge du jeune garçon, avant de brièvement lui caresser la joue. Immédiatement après, Cletus et Carnage se redressèrent et disparurent au loin.
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