C’était une mission officielle pour les Avengers. Il devait arrêter un petit gang dans un quartier malfamé de New York et on lui avait collé le partenaire le plus surprenant qui soit : Deadpool. Autant le dire, il n’était pas habitué à travailler avec lui, encore moins à considérer comme exécutant des missions pour les Avengers. C’était profondément surprenant. Lui qui se targuait d’avoir ni maître ni patron. Peter soupçonnait qu’il avait entendu d’une manière ou d’une autre qu’il allait être sur cette mission pour se précipiter à ses côtés. Ça relevait bien plus que de la coïncidence tout ça. Peter avait l’impression que dès qu’il sortait en Spiderman, il se retrouvait aussitôt collé par Deadpool. L’homme ne le gênait pas en soi, il était plutôt drôle et extrêmement doué en matière de massacre. Il ne semblait pas à Peter avoir vu autant de sang un jour que pendant une mission avec lui. Il retira son costume de son sac à dos et l’enfila aussitôt, rabattant son masque sur le visage. Il laissa ses affaires dans son sac et le cacha à l’abri des regards indiscrets. Il arrangea ses bracelets lanceurs de toile au niveau de ses poignets et les recouvrit de son costume bleu et rouge puis il s’élança. La sensation était toujours la même lorsqu’il s’accrochait au building et allait de fenêtre en fenêtre en se balançant au bout de sa toile : c’était grisant. La première fois qu’il avait tenté l’expérience, il avait senti la dose d’adrénaline l’envahir et il n’avait pas pu s’empêcher de lancer ce cri de joie, celui qui signifiait le kiff total. Désormais, il n’avait plus que ce sourire niais sur le visage.

Il allait de building en building en espérant que Deadpool se trouvait déjà au lieu de rendez-vous. Peter finit par atterrir sur l’immeuble qui se trouvait juste sur le territoire du petit gang. Il se tint juste au rebord et contempla le vide en-dessous de lui. Cette ruelle était parfaite pour braquer de pauvres innocents, elle était éloignée des grands axes, mais indispensable pour rejoindre la bouche de métro la plus proche. Passage obligatoire, un peu glauque, mais passage obligatoire tout de même. Peter ne put s’empêcher de soupirer, ils avaient déjà plusieurs victimes à leurs actifs. Pas de morts, mais de sacrés traumatismes pour ces pauvres gens. Peter descendit doucement le long du mur, Deadpool n’était pas encore là aussi il se disait qu’il pouvait en profiter pour inspecter un peu les environs. Sa toile restait accrochée au rebord un peu plus haut pendant que Peter faisait le tour du propriétaire. Il n’y avait personne pour le moment parce que ce n’était pas encore l’heure de boulot. Lui et son co-équipier avaient deux bonnes heures devant eux pour essayer de débusquer dans quel bâtiment ils avaient leur nid. Tony avait été clair : ils devaient les arrêter sans trop les blesser. Ils n’avaient le droit à la violence qu’en cas d’extrême urgence. Si c’était bien imprimé dans le crâne de Peter, il avait de sérieux doutes pour Deadpool. Il espérait juste qu’il n’aurait pas à ramener des têtes détachées de leur corps aux autorités.

Il allait tranquillement remonter lorsqu’il sentit qu’il ne s’accrochait à plus rien du tout. Sa toile s’était détachée. Il tomba en arrière et eut juste le temps de se rattraper en propulsant sa toile contre un escalier de secours. Il laissa ses pieds toucher le sol et redressa la tête en fronçant les sourcils sous son masque. C’était quoi ce délire ? Ses toiles ne lui faisaient jamais ça, ça ne pouvait pas être un prototype raté, il ne les ratait jamais. Il vit un éclair rouge passer sur le toit et il poussa un profond soupir. « Non mais sérieusement ? T’as cherché à me tuer ? » Oui évidemment, ça ne pouvait être signé que Deadpool tout ça. « T’es au courant que t’es en retard ? » Grogna le jeune homme en croisant ses bras sur sa poitrine. Il n’était pas en colère… enfin pas vraiment. Il était juste toujours autant surpris par la spontanéité de son partenaire de mission. Il lui donnait l’impression de ne jamais réfléchir à ce qu’il faisait. Ou si, mais bien des heures après l’avoir fait.

Ça y est ! Il a enfin réussi ! Il a fallu qu'il harcèle pendant des jours - plutôt des semaines d'ailleurs - tous les Avengers afin qu'ils acceptent de lui donner une mission avec son cher Spidey-chan (« Un temps bien rentabilisé pour un bon résultat, si tu veux mon avis ! », « Justement, on le veut pas ton avis. »; « Hé ! »). On peut dire que ça a été assez efficace. En même temps, le mercenaire - en plus d'être insupportable (« Hé ! ») - sait toucher là où ça fait mal, toucher là où la personne est le plus vulnérable. Alors quelques semaines plus tôt il a mis son plan « l'amour est plus fort que tout » en place. Ça a commencé doucement, tranquillement : un CD des black Sabbath, ainsi que l'arc de Clint, le bouclier de Captain, les armes de Natasha, les lunettes de Hulk, tous disparu (« J'ai bien tenté de m'occuper du marteau de Thor mais bizarrement il n'a pas voulu m'obéir : moi, l'être le plus chaste et pur de l'univers ! », « Wade... Tu es aussi chaste que sain d'esprit »; « C'est bien ce que je dis ! »). Puis au bout de quelques jours, les objets ont réapparu. Les Avengers ont d'abord cru qu'ils ranger les objets à d'autres endroits, tout simplement. Et puis, plus les jours défilent, plus ils se disent que quelque chose cloche genre, vraiment. Alors que Tony met son armure, il peut sentir que quelque chose ne va pas. Il met quelques minutes à se rendre compte que la gelée de framboise se trouve dans la partie de l'armure au niveau de son entre-jambe. Avec la chaleur de l'armure, il a dû passer plusieurs jours avec juste cette partie de l'armure sur lui, trop collée à son entrejambe. Puis, une flèche de Clint lui explose à la tronche déployant du poil à gratter. Il lui fallu deux douches pour arrêter d'éternuer. Les mésaventures se suivent les unes après les autres et les Avengers sont sur le point de craquer. Aucun indice sur la personne qui a fait ces méfaits (« Ils ne peuvent pas me piéger ! Mon intelligence est supérieure ! », « Ouais, ouais... Attends la suite de l'histoire. »; « Hein ? »)

Puis, un jour où Steve ne doit pas revenir avant plusieurs heures pour son jogging matinal, il finit par rentrer plus tôt et là, le spectacle qu'il voit le laisse un peu... sceptique. Deadpool est là, dans sa chambre, devant lui entrain d'accrocher un drapeau des États-Unis, peinturlurer grossièrement d'une blague douteuse. Le mercenaire se retourne d'un coup, surpris. « Euh... Oups ? Salut Cap' ! » Un rire gêné aux lèvres, Deadpool se gratte l'arrière de la nuque avant de jeter un regard circulaire à la pièce, essayant de trouver une échappatoire mais Rogers est plus rapide que lui. Le symbole de l'Amérique l'attrape à la gorge en hurlant le cri de ralliement des Avengers car il comprend tout maintenant. Il sait que Wade est la cause de toutes les mésaventures qu'ils ont vécu ces dernières semaines. Il ne faut qu'une poignée de secondes avant que tous les membres de l'équipe ne les rejoignent dans la chambre de Steve, interdis face à la semaine devant eux. « Deadpool... J'aurais dû m'en douter ! C'est quoi ton putain de problème ?! Qu'est-ce que t'as foutu ?! » Le mercenaire lève les mains devant son visage, comme un signe de défense mais aussi pour calmer le chef des Avengers. « Franchement, tu vas rire, je t'assure, c'est une histoire super drôle, Cap ! » Steve resserre un peu plus sa prise autour du cou de Deadpool. Il sait qu'il ne peut pas mourir mais souffrir ça, il peut et le mercenaire est tellement une anguille, qu'il vaut mieux se méfier.

Les autres membres du groupe reprennent leur esprit et s'avance un peu plus vers le duo qui se fait face. « Wade... » Clint pousse un soupire avant de reprendre la parole. « Dis moi que ce n'est pas toi qui a fait un nid d'oiseau géant dans ma chambre. » Le mercenaire lui jette un regard avant de sourire sous son masque. « Euuuuh... C'est pas moi ? » L'hésitation fait pousser un nouveau soupir à Hawkeye avant de se passer une main dans les cheveux, se plaignant tout bas des malades mentaux qui s'introduisent dans la Tour. Steve resserre sa poigne afin d'attirer l'attention sur lui. « Wade, focus ! Pourquoi tu nous as fait tout ça ces dernières semaines ? » D'un geste habile, le mercenaire s'éloigne du Captain, enlevant sa poigne autour du cou et met quelques pas entre lui et les Avengers, les mains levées toujours histoire de détendre l'ambiance. « Franchement, si vous aviez écouté mes demandes, tout ça n'aurait pas tourné au cauchemar. » Ses vis-à-vis se regardent les uns les autres, perplexe. Quelles demandes ? Steve soupire et amène ses mains à ses tempes avant de froncer les sourcils. « De quoi est-ce que tu parles, Wade ? » Le mercenaire fronce les sourcils avant de lever l'index en l'air et de fouiller partout sur lui, sortant une enveloppe il ne savait d'où. « Aaaaah, mais c'était ça que j'avais oublié. » Il relève un regard vers le groupe et hausse les épaules. « Euh... Oups à nouveau ? » Il relève les mains bien haut alors que les autres sont prêts à lui sauter à la gorge. « Okay, okay, okaaaaay... Easy, easy ! On peut en discuter calmement les gars, j'vous assure ! » Les Avengers s'arrêtent, l'oreille tendue, et Wade leur explique tout de son plan génial afin d'avoir une mission avec son Spidey-chan et les autre sont prêts à l'étrangler quand ils apprennent que c'est juste pour avoir une mission avec Spiderman qu'ils ont subis tout ça (« Hé ! Ne dis pas "juste". C'est l'amour de ma vie, je ne peux pas le laisser se battre seul. », «  Quand vas-tu comprendre que ce pseudo amour que tu hurles sur les toits est à sens unique ? »; « NEVER ! »). Finalement, après quelques jours de plus à subir les « blagues » de Wade, les Avengers finissent par craquer et accepter de lui donner une mission avec le jeune homme sans dire la vraie raison de cette mission à celui-ci. Mais Tony a été clair sur cette mission : pas de mort, pas de violence, sauf en cas d'extrême urgence. Mais "en cas d'extrême urgence" pour les Avengers n'est pas la même définition que pour Deadpool alors cette mission risque fort de mal se terminer...

Arrivé sur le toit, le mercenaire prend le temps d'observer l'appétissant fessier de Spiderman (« Y'a pas à dire, la force de la jeunesse et le sport, rien de mieux pour avoir un fessier d'acier », « Mais oui, papy, mais oui... »; « Tu serais pas entrain de dire que mes fesses sont moches ? »; « C'est dingue, tu devines de plus en plus mes sous-entendus ! »). Les bras croisés, il finit par tourner un regard intrigué vers la toile et décide d'attirer l'attention du jeune homme en coupant la toile. Logique, vous me direz, parler c'est tellement mainstream. Le superhéros est un peu désemparer avant de relancer une toile sur l'escalier de secours afin de se rattraper et de se retrouver les pieds au sol. D'un bon, il rejoint l'étudiant, un sourire caché derrière son masque. « Non mais sérieusement ? T’as cherché à me tuer ? » Deadpool met une main sur son cœur, choqué, et il n'a pas le temps de se défendre que Spideman grogne dans sa barbe invisible d'adolescent pré-pubère avant de croiser les bras sur sa poitrine. « T’es au courant que t’es en retard ? » Le mercenaire fait à nouveau sa mijaurée et met sa deuxième main sur son cœur. « Je m'insurge, Spidey-chan ! Deadpool n'est jamais en retard, il arrive juste à point nommé. » Il s'approche d'un pas décidé vers le jeune homme et le prend dans ses bras, en profitant pour tâter la marchandise et s'écarte vivement afin d'éviter le coup qui ne devrait pas tarder à arriver. « C'est comme ça qu'on dit bonjour dans ma culture et encore, j'ai été soft. » Sous son masque, on peut le voir jouer avec ses sourcils. Le sous-entendus est gras, pas subtile pour un sous mais c'est Deadpool et personne qui le connaît est un minimum ne serait surpris et ce n'est sûrement pas le cas de Spiderman qui subit les folies du mercenaire (« Hé ! Je lui montre mon amour, il ne peut que être content de voir tout ça ! », « Non, Deadpool, juste non. »).

L'air de rien, il tourne son visage vers l'immeuble en face. « Alors, détective Conan, qu'est-ce que tu as découvert pendant que tu attendais ma magnifique personne ? Je ne t'ai pas trop manqué ? » Il n'y a pas à dire, Spideman va finir avec un mal de crâne avant la fin de la journée...

Ce geste.
Cette main sur le cœur comme s’il l’avait outré le fit lever les yeux au ciel sous son masque.
Deadpool.
On ne pouvait pas le changer.

« Je m'insurge, Spidey-chan ! Deadpool n'est jamais en retard, il arrive juste à point nommé. » Spidey-chan, encore une fois une grimace déforma son visage sous son masque. Mais jamais il n’arrêtait ? Non, évidemment, c’était Deadpool. La vie semblait être un vaste terrain de jeux pour le grand gamin qu’il était. Il retint un soupir avant de se faire attraper par les bras de l’homme. Peter sentit les mains de l’autre se glisser à des endroits où elles n’avaient aucun droit de se trouver. Il s’écarta vite et lui envoya un coup de pied qui manqua sa cible. Deadpool était toujours prêt à esquiver ses tentatives d’attaque très facilement (trop). Il devait toujours prévoir quand le jeune étudiant allait lui en coller une. « C'est comme ça qu'on dit bonjour dans ma culture et encore, j'ai été soft. » Peter soupira. Dans ma culture, non mais il aurait tout entendu avec lui. Et encore, il était sûr qu’il pouvait faire mieux que ça, connaissant le mercenaire. « Alors, détective Conan, qu'est-ce que tu as découvert pendant que tu attendais ma magnifique personne ? Je ne t'ai pas trop manqué ? » Il préféra ne pas relever chaque parole de Deadpool sinon il en aurait pour toute la journée et il finirait un peu trop sur les nerfs à la fin de la mission. « Ils sont dans un de ces immeubles, bien planqués. J’ai rien détecté pour le moment donc soit ils dorment – ce qui explique le calme – soit ils ne sont pas là. Seulement comme ici, c’est un peu leur territoire, je les vois mal aller se promener donc ils doivent dormir. » Il avait mis ses spidersens à contribution, mais réellement pour le coup, il n’entendait/ressentait rien du tout venant du gang. Les rues étaient encore bien trop silencieuses. Ou alors c’était un piège, mais il doutait que la personne leur ayant vendu l’information soit corrompue. Après il était avec Deadpool, il savait très bien comment cela se terminerait si jamais ils se faisaient attaquer. Il aurait presque pitié pour le petit gang si jamais ça se produisait. « Ça nous laisse du temps pour fouiller tout ça et voir où ils sont. Il faut que nous les arrêtions avant qu’ils ne passent à la prochaine étape. » Prochaine étape consistant à voler une vie. S’ils se cantonnaient à de la violence gratuite qui laissait des marques indélébiles dans l’esprit de leurs victimes, rien ne prouvait qu’ils n’allaient pas passer à l’étape supérieure un jour. Peter ne pouvait pas laisser échapper ça. Ni les Avengers. « On a pour ordre de tuer personne sauf en cas de nécessité absolue. » Il lança un regard appuyé à Deadpool pour qu’il comprenne que ce n’était pas obligé qu’il prenne ses armes pour zigouiller tout le monde. Ils n’avaient pas besoin de ça. Et Peter n’avait pas envie d’assister encore à un bain de sang. Il n’était pas si sûr que son estomac accepte cette fois. « On se sépare en ouvrant la communication pour qu’on puisse faire savoir à l’autre quand est-ce qu’on les a trouvés ? » La mission était très simple, mais Peter avait l’intuition que ce serait tout sauf simple. Il cherchait déjà comment justifier le fait que le gang ait été décimé au lieu de simplement arrêté aux Avengers et aux autorités. Si jamais ça tournait mal, tous les deux pourraient justifier ça par le fait qu’ils aient attaqué eux en premier. Légitime défense. « Rappelle-toi : on ne tue personne. Les autorités ont besoin d’eux vivant pour pouvoir les interroger. Ils soupçonnent qu’ils font partie d’un organisme un peu plus étendu qui sévit un peu partout dans la ville. » Il avait l’impression d’être un papa en train d’expliquer à son fils de ne pas faire de bêtises pour arranger un peu tout le monde. Il évalua de nouveau le terrain. « Tu prends celui de gauche et moi celui en face ? » Il appuya sur le dispositif qu’il avait sur son oreille pour pouvoir communiquer avec Deadpool. « N’oublie pas d’allumer l’oreillette qu’on t’a filé. » Que la mission commence.