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Voyez. Une chose que ces grattes papiers du SHIELD ne doivent pas penser lorsqu'ils écrivent leurs missions? La mise en pratique. J'étais paumé dans les montagnes de l'Est profond quand j'ai reçu leur message. Il fallait que je me rende à New York? Pourquoi? Pourquoi quitter les verts pâturages pas si verts de l'Oural? Hein? Pour un mutant. Bah bien sûr. Comme si j'avais que ça à foutre. Bon, d'accord, j'avais effectivement que ça à foutre puisque la raison de ma présence dans ces montagnes était une perte de temps mais c'était pas la question. Je sautais dans un avion pour Paris, enfin je descendais d'abord de ma montagne, qui saute dans un avion depuis le sommet d'une montagne, et je faisais un changement rapide de quatre heures d'attentes de nuit pour traverser l'atlantique et rejoindre New York.
Disons ce qui est: être un agent actif caché du SHIELD ça a ses petits avantages. Je voyage beaucoup, je vois du pays, c'est bien. Le petit désavantage lié à ça c'est que justement, je bouge beaucoup. Pas le temps de se poser, pas le temps de visiter. Parfois j'arrive à un endroit pour le quitter le soir même. Enfin bref, vu le message que j'avais reçu, j'avais la vague impression que cette fois, j'allais rester sur place un petit moment. C'était pas pour autant une bonne nouvelle. J'avais entendu qu'un sous-marin douteux était sorti des eaux de l'Hudson quelques jours plus tôt. A croire que chaque semaine un connard d'alien décidait de débarquer en ville pour faire ses emplettes. En attendant j'avais gentiment envoyé chier le douanier qui me cherchait des noises et j'avais pris la route d'un hôtel discret mais pas miteux pour y louer une chambre quelques jours, le temps de comprendre ce que je foutais là. J'avais jeté mon sac sur le lit, un vieux sac de voyage en toile que je traînais depuis l'armée.
A peine installé - c'est pas vrai j'avais juste jeté mes affaires n'importe où - j'étais reparti direction le Queens et mon mutant. L'idée c'était que ce mutant précis avait un intérêt pour le SHIELD. Ils souhaitaient le recruter mais avait besoin que quelqu'un le surveille le temps de faire leur approche. Et qu'est-ce qu'on fait qu'on a besoin d'une surveillance discrète? On appelle l'homme invisible. En l’occurrence j'avais pas besoin de jouer les miroirs sur pattes, et j'aime mes pattes. Le mutant en question vivait dans une co-propriété médicale. J'avais qu'à montrer un badge et je pouvais entrer où je voulais. Aujourd'hui c'était le FBI, un faux bien sûr, mais un vrai faux. Je visitais les installations, discutais avec une infirmière ou deux, restait à distance de mon objectif sans jamais en parler aux administratifs que je rencontrais et en une petite heure je ressortais de là avec de précieuses informations que j'allais m'empresser d'aller relayer.
Enfin je m'empresserais de faire ça seulement après avoir étanché ma soif. Fin d’après midi oblige. Les mains fourrées au fond des poches de mon trois quart gris foncé, j'empruntais le trottoir et me dirigeais vers le bar le plus proche, soit à quelques de minutes de là, et m'installais au comptoir en demandant une pression bien fraîche. Vous savez ce qui manquait dans l'Est profond? De la bonne bière. Ah pour la liqueur de pomme de terre ils sont bons mais pour faire une bonne bière? Faut aller en Irlande. C'était un pub irlandais, j'étais pas non plus difficile.
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Le signalement d'un mutant était une chose, le signalement d'un mutant dans une structure médicale en était une autre, d'autant plus lorsqu'il s'agissait d'un hôpital spécialisé dans les maladies mentales. Autant dire que pour le coup, le recensement de ce dernier n'avait rien à voir avec les autres. C'était pour cette raison d'ailleurs que l'HPU avait envoyé l'agente Morgan pour cette tâche. Premièrement parce qu'elle était une femme et qu'il était évident que le physique d'une femme était plus rassurant que celui d'un homme, avec cet aura de douceur. Deuxièmement parce qu'elle avait été femme et mère et que de toute évidence, elle avait cette sensibilité que d'autres n'avaient pas et bien entendu, troisièmement, son propre pouvoir était d'une importance capitale dans sa mission. Forcer un mutant à se recenser n'était pas une tâche facile mais au moins, avec Ellen, les représailles par l'intermédiaire d'un pouvoir possiblement destructeur étaient inexistantes. C'était un avantage non négligeable avec des personnes diminuées mentalement dont on ne pouvait décidément pas appréhender les réactions. C'était donc en fin d'après-midi qu'elle se rendait dans le Queens pour effectuer cette dernière mission de son service. Alors qu'elle venait de se garer et de sortir le nécessaire, elle s’apprêtait tout naturellement à sortir de son véhicule pour se rendre vers l'entrée quand son regard se posait sur lui.
Lui. Liam Ó Meadhra. Aux dernières nouvelles qu'elle avait eu, il était un soldat blessé grièvement lors d'une de ses missions en Irak. De son côté, elle était partie avant son réveil. Autant avouer que de le voir là, debout sur ses deux jambes et marchant parfaitement, ça l'avait littéralement scotché dans son siège de voiture. C'était impossible, pas avec autant d'aisance pas vrai? Ellen savait qu'il existait des prothèses très perfectionnées aujourd'hui mais pas assez pour avoir une démarche aussi rapide et naturelle. L'observant d'abord de loin, elle décidait de ne pas répondre aux ordres de ses supérieurs et de faire passer une priorité personnelle avant une priorité professionnelle. Alors qu'elle ne quittait pas l'ancien soldat du regard, elle laissait un message à sa centrale. « Voiture 1547 appelle Centrale. » ... « L'individu n'est pas là, il est en séjour en famille, je rentre à la maison. » La voiture de service serait garée en bas de chez elle pour la nuit, ça n'avait rien de gênant, c'était des choses qui arrivaient souvent, d'autant plus lorsqu'ils étaient assez loin de la centrale en termes de kilométrage. Bon, certes, elle avait menti mais ils n'étaient pas à un jour près pour le recenser de toute façon.
Quittant son véhicule, elle laissait ses signes distinctifs l’annonçant comme étant de l'HPU dans la voiture - notamment sa veste qui arborait des initiales bien loin d'être discrètes ainsi que son arme de service qu'elle cachait soigneusement. Fermant l'automobile, elle suivait les traces de Liam sans jamais s'approcher de trop près pour ne pas être repérée. Elle le suivait peut-être pour des raisons personnelles mais il fallait avouer que de le voir sortir de cet hôpital en particulier était tout de même suspect. Bref. La curiosité finirait par la tuer, pour sûr. Finalement, elle constatait son entrée dans un pub Irlandais... bon, peut-être qu'elle s'était simplement trompée et qu'il avait une connaissance dans cet hôpital. De toute façon, son esprit n'était plus vraiment au travail à cet instant, bien plus préoccupé à se rappeler leur passé commun, court certes, mais marquant.
Elle pensait pourtant qu'ils étaient amis, que le feeling était bien passé les quelques jours qu'elle était restée sur sa base alors pourquoi n'avait-il pas prévenu de sa présence à New York ou simplement de son rétablissement? De son côté, elle avait cherché, mais le soldat avait tout simplement disparue de la circulation. Entrant dans le bar à son tour, elle prenait son courage à deux mains et s'approchait du comptoir, prenant place à ses côtés et n'attendant pas plus longtemps pour poser sa question. « Va falloir que tu m'expliques comment c'est possible. » Comment c'est possible que tu sois là, comment c'est possible que la mine qui t'as arraché les jambes ne semble jamais n'avoir existé.
Une question simple qui attendait évidemment une réponse mais avant quoi que ce soit, être face à ce visage la faisait forcément sourire, ce sourire qui se faisait pourtant de plus en plus rare sur ses lèvres ces derniers temps. « Je suis contente de te voir. » Sincèrement, elle l'avait cru mort alors forcément, croiser son regard, le sentir près d'elle, retrouver un ami était une sensation fortement agréable à laquelle elle ne s'attendait pas aujourd'hui ni même dans les jours suivants. Un petit bonheur au milieu de sa vie merdique, ça ne pouvait que lui mettre du baume au coeur. « Je vais prendre la même chose que lui. Merci. » Lançait-elle au barman sans quitter Liam du regard, totalement hypnotisée par sa présence. Peu importe la boisson, elle s'en foutait, elle était juste bien à cet instant.
Dernière édition par Ellen Morgan le Sam 18 Juin - 16:09, édité 1 fois
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Le barman remplissait un grand verre et le posait devant moi, sur un dessous de verre vert abîmé. Je m'en saisissais, sentant le frais sous mes doigts, et le portais à mes lèvres pour en boire une longue gorgée... - « Va falloir que tu m'expliques comment c'est possible. » - J'avalais de travers et m'étouffais une seconde tout en posant le verre un peu fort avant de tourner la tête vers la voix qui s'était élevée juste à côté de moi. Bien sur que j'avais senti quelqu'un s'installer, j'étais pas bourré non plus, mais je n'y avais simplement pas prêté attention. Ce n'est pas la surprise de quelqu'un qui parle qui m'avait fait avaler de travers, ni même la proximité soudaine de cette personne mais bien la voix en elle-même: familière et étonnante. Je rivais mon regard sur elle et scrutais son visage avant de déglutir. - Ellen. - Je le disais sans vraiment réaliser, un peu pris au dépourvu je dois l'avouer. - Bordel, Ellen! - Ça y est, ça montait jusqu'aux nanites. - Pardon! Moi aussi je suis content de te voir. - C'était vrai. Un peu dit du tac au tac pour lui répondre, mais c'était vrai. - Ça fait quoi... Sept? Huit ans? T'as pas changé d'un pouce. - Elle passait commande au barman et j'ajoutais un petit... - C'est pour moi. - ... Avant de revenir à elle. - A part les cheveux? C'est quand même mieux que la coupe militaire.
J'avais peu de souvenirs des jours précédents mes jambes faisant mikado dans le désert. Je me souvenais d'elle, de son visage et de sa voix. Je me souvenais partiellement de quelques moments. Elle avait passé une petite semaine sur la base avec nous et en tant que gentleman raté, je lui avais fait visiter les lieux. Elle était là quand j'étais parti en mission ce jour-là... Mais plus quand je m'étais réveillé ensuite. Je comprenais, elle avait dû repartir, nous avions tous notre rôle à jouer à l'époque et ce n'était pas pour un inconnu rencontré par hasard sur cette base qu'elle allait dire merde à ses ordres. Je n'avais jamais attendu ça d'elle et lorsque j'avais demandé à je sais plus quel troufion si elle était encore là, on m'avait simplement répondu qu'elle avait repris la route pendant que j'étais dans le coma. Enfin bref, c'était y'a huit ans, il s'était passé beaucoup de choses entre temps et innocemment, je ne comprenais pas de quoi elle parlait en me demandant "comment c'est possible". Et puis d'ailleurs c'était ni clair, ni précis, et ça m'étais complètement sorti de la tête lorsque j'avais réalisé qui elle était. A la place, je posais moi-même mes questions. - Alors qu'est-ce que tu deviens? T'es plus à l'armée je suppose? - On se sentait entre marines mais je pouvais deviner qu'elle n'était plus dans un uniforme vert tous les jours. Le barman lui donnait enfin sa bière et je trinquais. - Santé.
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Le revoir là, accoudé au comptoir, assis à ses côtés. C'était étrange et très plaisant à la fois. Il était clair qu'elle ne s'attendait pas à le croiser, encore moins avec des jambes, encore moins pour lui parler alors forcément, le choc était grand, assez pour lui faire oublier sa politesse. Pas de bonjour, pas de salut, rien, juste une constatation flagrante qui glissait entre ses lèvres, qui s'exprimait dans son regard des plus étonnés. Elle s'était bien entendu avec les hommes de la base mais Liam l'avait marquée particulièrement pour sa franchise et pour la compassion qu'elle n'avait pas pu retenir lorsqu'il était revenu blessé d'une mission. Il ne s'en souvenait probablement pas - il fallait dire qu'il était dans le coma à ce moment-là - mais elle avait tenu à lui dire au revoir quand elle était partie. Un moment particulier qui était gravé dans sa mémoire et c'est ce moment qui l'avait poussée à vouloir le recontacter avant de constater sa disparition de la circulation. Bien que son étonnement se lisait sans difficulté sur son visage, elle gardait un sourire significatif de sa joie de le revoir, bien au delà de n'importe quel autre sentiment. Nombreux avaient été les morts en Irak et Liam était un véritable miraculé. « T'as pas changé non plus. Pas trop en tout cas et je constate que tu es toujours friand des bières. » Parce qu'entre soldats ils avaient forcément vécu des soirées mémorables. « C'est gentil, c'est sûr que ça change du court. » Cela faisait maintenant quelques années, en effet, qu'elle laissait ses cheveux poussés, n'ayant plus la contrainte de son attirail de pilote.
Les verres tintant entre eux, quelques gorgées avalées et elle ne mettait pas de temps à lui répondre. « Tu supposes bien. J'ai arrêté quelques années après notre rencontre parce que j'étais enceinte. Grossesse et avion de chasse, ça se marie pas très bien. Du coup on est revenu ici avec mon fiancé qui est devenu mon mari évidemment. Je me suis tournée vers les forces policières pour être plus disponible pour ma fille et voilà. » Parce qu'après ça il y avait eu l'HPU, le décès de sa famille puis la mutation. Trois sujets tabous qu'elle avait toujours du mal à évoquer. Son boulot parce qu'elle ignorait l'avis de Liam là-dessus - et qu'elle en avait marre d'avoir à argumenter son choix dès lors qu'une personne n'était pas pour le recensement - et les deux autres pour des raisons évidentes. L'un n'allait pas sans l'autre et c'était douloureux. « Et toi alors? Je te retrouve bien en forme. » Et entier, là était surtout la question mais elle ne voulait pas insister non plus, s'il n'avait pas envie de lui en parler c'était son choix et elle saurait le respecter, même la curiosité piquée à vif. Avec son boulot, elle rencontrait toutes sortes d'individus. Dernièrement elle avait même rencontré une blonde quasiment entièrement électronique et sans aucune mutation derrière. Tout était possible maintenant alors elle saurait se contenter d'une réponse évasive. « Raconte-moi tout, qu'est-ce qui t'es arrivé pour que je te retrouve aussi classe? Et j'ai comme l'impression que je suis pas la seule a avoir laissé des cheveux pousser. » lançait-elle ironiquement puisque chez lui, ce n'était qu'une question de quelques centimètres. Quant à ses habits, il fallait l'admettre que son trois quart, ça changeait terriblement de la tenue militaire.
Bien que la jeune femme était concentrée sur ce qu'il lui disait, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un regard fuyant. Oh non, elle n'était pas gênée face à Liam mais en réalité, elle était plutôt en train de garder un œil sur l'homme derrière lui. Fin d'après-midi, il était déjà titubant, peinant à marcher droit, les joues rougies par l'alcool et le regard perdu dans le vide. Elle aurait pu ne pas s'en soucier s'il ne se dirigeait pas vers eux. A vrai dire, il semblait juste vouloir passer à côté d'eux mais sa démarche laissait tellement à désirer que pour un peu... « Attention! » ... il s'écrasait presque sur Liam, la main d'Ellen le rattrapant in extremis pour le remettre droit sur ses jambes. L'homme marmonnait alors quelque chose d'incompréhensible avec un air bougon avant de reprendre sa route. « Pour un peu tu finissais arrosé par de la bière. » Ironiquement, elle rajoutait quelques mots. « J'espère qu'on va pas finir dans le même état. » Bon, certes, avec une seule bière c'était peu probable, même impossible, mais l'idée d'être totalement torchée, ça la faisait rire, surtout elle, si peu habituée à l'alcool bien que tournée vers ce dernier depuis la disparition de son mari et de sa fille.
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La bière c'est la base d'une alimentation saine et équilibré, tout irlandais bien constitué te le dira. - On trinquait et elle commençait à me raconter sa vie depuis l'armée. J'avais vu juste, ce qui n'avait rien de compliqué en soit, et elle avait bien quitté l'armée, forcée par une grossesse. Une fille, un mariage. Je comprendrais jamais pourquoi faire des enfants ou même pourquoi se marier. Sans parler du fait que ça me passait au dessus, avec mon train de vie, ce serait une énorme ancre à ma cheville. Ou à ma gorge. Ou à ma bite. Bref, la prison quoi. Pas mon truc. J’acquiesçais, incapable de commenter ou d'en être content. Cela dit, je répondais par pression sociale. - C'est bien, c'est bien. - Oui, j'emmerde la pression sociale. Elle me retournait finalement la question et une chose à laquelle je n'avais pas réfléchis arriva: je devais répondre. Lui raconter, ce qui m'était arrivé. Lui mentir? Peut être que je le devrais. Je prenais seulement conscience de ma connerie lorsque je comprenais qu'elle était l'une des rares à m'avoir connu avant la mine, à savoir ce qui m'était arrivé. Des jambes ça repousse pas en une nuit. Ça repousse en trois jours, mais c'est pas la question. Devais-je trouver une parade? Ou la faire boire jusqu'à ce qu'elle oublie? Ou alors lui dire la vérité? J'aimais pas mentir, je trouvais ça aussi inutile que les jambes d'un tétraplégique. D'un autre côté j'avais un contrat avec le SHIELD... Et d'un autre côté encore je serais certainement pas le premier de ces types à briser une ou deux règles.
Ouais, tout à repoussé depuis l'armée. - Ok, mauvaise introduction. J'allais me reprendre quand elle se jeta pratiquement sur moi pour remettre un ivrogne sur ses jambes. Surpris j'avais saisi mon verre, fallait bien sauver quelque chose, mais lorsque l'homme s'éloigna en titubant je la remerciais. - J'en sais rien, t'as combien de temps devant toi? - Avais-je répondu à sa dernière question dans un sourire malicieux. L'humour ne repoussait pourtant pas la véritable conversation et si je ne pouvais pas lui donner tous les détails je pouvais peut être lui en dire assez pour apaiser ses interrogations? Je reculais sur mon tabouret et tapais sur ma cuisse comme on toquait à une porte. - C'est pas du toc. - Je lui lançais un léger sourire, un peu forcé j'avoue, et reprenais. - Je peux pas exactement te dire comment, parce que j'ai rien bité à leurs conneries, mais elles ont repoussé. - Je portais mon verre à mes lèvres et avalais une longue gorgée. J'étouffais un rire, me rendant compte de l'absurdité de la chose. Les jambes, ça repousse pas comme ça, à moins d'être mutant ou quelque chose du genre. Moi j'étais rien de tout ça, juste un type avec des mini robots dans le corps. De là à lui faire croire que c'était vraiment jambes... Ou devrais-je alors faire une démonstration?
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Lui renvoyer l'ascenseur, c'était normal et humain à la fois. Les années étaient passées et son état physique laissait croire qu'il avait eu le temps de vivre bien des choses passionnantes dignes d'être racontées, même si elle comprenait que ce n'était pas forcément son désir premier. De nouvelles jambes lui rappelaient forcément la perte des anciennes, un traumatisme qu'elle imaginait douloureux. Il était rare de revenir inchangé de l'armée et Ellen était l'une des chanceuses à ne pas en avoir trop souffert. Probablement que d'être dans le ciel et non pas directement sur le terrain pour tuer des hommes en face-à-face y était pour beaucoup. C'était pour cette raison qu'elle préférait mettre l'accent sur ses cheveux qui avaient poussé et qu'elle utilisait un terme plus général pour savoir ce qu'il lui était arrivé plutôt que de trop porter l'attention sur ses jambes. Après tout il était en droit de ne rien lui raconter et elle ne le forcerait pas. « J'ai plus de temps que je ne devrais en avoir à vrai dire. » Parce que si son mari et sa fille étaient toujours là, elle serait déjà rendu chez elle. Malheureusement ce n'était pas le cas et elle avait donc tout le reste de la soirée pour discuter. Evidemment, même si son but premier était de prendre de ses nouvelles, de retrouver un ami trop longtemps perdu, elle ne pouvait pas nier que cela lui faisait beaucoup de bien d'avoir une discussion pour occuper ses pensées trop sombres ces temps-ci.
Attentive à ses paroles, elle ne pipait pas un mot de son côté. Elle ne voulait pas le couper dans son récit et surtout elle voulait lui donner du temps pour trouver les mots, pour raconter ce qu'il voulait ou au contraire omettre. Elle n'était pas là pour juger ou pour faire la commère alors elle se montrait patiente et buvait quelques gorgées de son verre tout en l'écoutant. Vraisemblablement, c'était compliqué à expliquer. « C'est impressionnant en tout cas. » Par réflexe, son regard avait fixé ses jambes quelques secondes et forcément, son esprit faisait la liaison entre leurs histoires personnelles. Certes, ce n'était pas le même traumatisme qu'ils avaient vécu mais perdre son mari et sa fille avait déclenché chez elle une mutation alors forcément, elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire que c'était peut-être aussi le cas avec Liam. Une mutation qui aurait fait repousser ses jambes, réveillée par la perte violente de ses membres. Une hypothèse qu'elle balayait plus ou moins parce qu'elle n'avait rien ressenti en s'approchant de lui. « Et en dehors de tout ça, tu fais quoi maintenant? » Si elle avait bien compris, il était aussi sorti de l'armée et forcément, le voir disparaître de la circulation pour mieux le retrouver là, ça lui faisait se poser des questions.
Pendant un instant, elle sentait alors un frisson la traverser, agripper à sa peau et s'infiltrer dans ses membres. Nul doute qu'elle venait de voler un énième don d'une tierce personne dans ce bar mais elle ignorait encore lequel. Il ne semblait pas bien violent, pas en apparence en tout cas et pas pour le moment. Visiblement gênée, elle ne souhaitait pas que cette découverte soit accidentelle pour son acolyte. Elle savait mieux que quiconque qu'un pouvoir invisible pouvait être redoutable dès lors qu'on s'en servait et blesser l'ancien soldat ou le surprendre n'était pas dans ses plans. Elle glissait alors quelques mots à Liam, quasiment inaudibles, comme un secret à partager, un besoin de se confesser. « Je dois te dire quelque chose d'assez délicat de mon point de vue avant que ça nous saute au nez. J'ai perdu mon mari et ma fille depuis quelques temps et j'en suis pas ressortie moi-même on va dire. »
Son regard fixait alors un petit pot rempli de pistaches posé sur le comptoir, pas très loin d'eux. Elle savait que la concentration était un facteur d'activation au pouvoir. Elle était donc totalement focalisée sur une pistache en particulier qui se mit alors à l'éviter d'un petit centimètre. Ellen pensait que ça s'arrêterait là, que ça s'arrêterait à un pouvoir de lévitation jusqu'au moment où le fruit à coque explosait, laissant ses morceaux se rependre sur le comptoir. Heureusement pour la jeune femme, la lévitation n'était pas assez haute pour rendre son geste visible de tous. « C'est pas vraiment ma faculté. Je cherche pas à le faire mais si un mutant s'approche de trop près, je m'approprie son don mais pas sa maîtrise. » Haussant les épaules, elle semblait résigner à subir tout cela. « Je préfère te prévenir, au cas où. » On sait jamais après tout...
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Oh tu sais, je travaille par ci par là, dans la sécurité principalement. - C'est ça, la sécurité, et le vol d'informations, l'assassinat, le cassage de rotules... Je buvais une gorgée avant qu'elle ne s'approche pour me parler plus bas. Mon ouïe améliorée rendait ça plus audible et j'écoutais attentivement avant de la fixer, intrigué. La mort de sa famille était triste... mais en soit ça ne me concernait pas, en revanche cette histoire de changement... Je suivais son regard pour poser le miens sur un pot de pistaches dont l'une d'elle s'éleva un rien au dessus du regard de ses autres copines pistaches. Je l'observais léviter tranquillement jusqu'à ce que le fruit n'explose, purement et simplement, mais assez discrètement pour que personne ne s'en rende compte. Je tournais mon regard vers elle à nouveau et elle commentait ce qui venait d'arriver. Elle était une mutante alors? Capable de s'approprier les pouvoirs d'un autre mutant? - C'est super ça! - Avais-je dis en trinquant son verre toujours sur le comptoir. C'était ni ironique ni exagéré. Tout ça m'amusait. Alors bien sûr, devoir maîtriser un mutant dans le cadre de mon boulot, ça pouvait être chiant, mais autrement je trouvais ça assez fascinant.
Posant mon verre je pivotais légèrement sur mon tabouret pour lui faire un peu mieux face. - Puisque tu as été honnête avec moi, je vais te rendre la faveur. - Réfléchissant un instant, visiblement, je me recalais sur le tabouret, un sourire sur les lèvres. - Ok, regarde mes yeux. - Je la fixais, mes yeux bleus animés d'une étincelle d'amusement et d'excitation. En quelques secondes, la couleur bleutée fit place à une couleur bien plus claire, proche d'un blanc quasi parfait, comme un liquide se répandant dans mes pupilles depuis le centre jusqu'à leurs bordures. Je ne le sentais pas, mais à la tronche d'Ellen, ça devait être effectif. - C'est technologique. - Avais-je dis au même volume qu'elle. - Des milliards de petits robots qui parcourent mes cellules. - Mes yeux reprenaient leur couleur naturelle et je tapotais mes jambes. - C'est grâce à ça qu'elles ont repoussés. J'ai mon corps à 100% sous contrôle. - Au sens strict du terme, oui oui. Chaque processus, chaque détail, je pouvais le manipuler. Changer la couleur de mes yeux n'étaient qu'une fraction de ce que le fluide me permettait de faire. J'avais jamais essayé, trop peur de la douleur ou du fait que ça pourrait être définitif, même si la douleur je pouvais la couper, mais en théorie je pouvais peut être même modifier ma structure osseuse et changer d'apparence... Mais me briser les os juste pour ressembler à quelqu'un d'autres, même si je guérissais vite, c'était quand même moyen.
Je reprenais mon verre et buvais une autre gorgée, la légendaire descente des irlandais. Non y'avait pas de légende à ce sujet, on avait juste une bonne descente. - Comme quoi, on change tous. C'est marrant. Ce monde est cinglé quand même.
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Lui faire une démonstration de ce qu'elle savait faire, ce n'était pas dans ses habitudes mais à vrai dire, elle avait la sensation qu'elle pouvait lui faire confiance. Un sentiment qu'elle n'expliquait pas, elle se contentait de le constater. Après avoir senti qu'elle avait volé le pouvoir d'un mutant involontairement, elle jetait alors son dévolu sur une pistache. Si dégâts il devait y avoir, ça serait pas trop violent au moins. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle fut elle-même surprise par l'explosion du fruit à coque. Ouais, clairement, elle n'utiliserait pas celui-là sur quelqu'un. Blesser des personnes, ce n'était pas dans ses intentions, loin de là. Malheureusement elle était une trop jeune mutante pour choisir ou non d'activer le pouvoir qu'elle avait volé ou même de simplement choisir de voler. Elle se contentait de vivre avec, de subir les manifestations de son pouvoir qu'elle trouvait plus dangereux qu'autre chose. C'est d'ailleurs avec étonnement qu'elle accueillait la réponse de Liam. Super qu'il disait. Ça ne l'était pas toujours, le plus souvent elle en souffrait, l'adaptation de son corps face à un pouvoir pouvant être violent et parfois, elle souffrait tout court, notamment lorsqu'il s'agissait de pouvoir principalement lié au mental. Son cerveau, lui, ne s'adaptait pas alors forcément, elle en souffrait atrocement en général et ne pouvait rien faire que d'attendre que ça passe. « Pour que ce soit super et pas dangereux, il faudrait que j'ai de l'entrainement avec tous les pouvoirs possibles et puisque j'ai l'impression qu'il y a autant de pouvoirs différents que de mutants, ça risque d'être compliqué. » se confessait-elle une nouvelle fois, bien consciente qu'elle pouvait être un danger public parfois.
Sous sa demande, la curiosité piquée, Ellen se concentrait sur les iris de Liam - sans forcer, il manquerait plus qu'elle lui fasse exploser les yeux dans les orbites - et en quelques secondes, ses yeux passaient d'un bleu envoûtant à un blanc pur. Autant dire que les sourcils légèrement relevés de la jeune femme ainsi que sa bouche un peu ouverte témoignait de son étonnement. Ça par contre, elle trouvait ça plutôt cool comme technologie. Parce qu'effectivement, ça en était une. Rien à voir avec une mutation et elle trouvait ça d'autant plus impressionnant. C'était totalement dingue ce que l'homme était capable de faire aujourd'hui. Les mutants étaient une évolution naturelle de l'homo sapien sapien mais ce que Liam avait dans le corps, ça relevait de l'intelligence humaine, de la capacité de l'homme à réfléchir, assembler, fabriquer et c'était clairement extraordinaire. « Wouah, c'est dingue. » Allez savoir pourquoi mais la jeune femme faisait automatiquement le lien entre la perte de ses jambes et cette technologie, comme s'il s'était porté volontaire à une nouvelle médecine ou quelque chose comme ça qu'on proposait souvent aux soldats. Un réflexe naturel probablement. « Ça me fait penser à une femme que j'ai rencontré, l'industrie Stark lui avait greffé tout un squelette, un vrai assemblage de petits robots qui lui permet de bouger, entre autres. Ça sort de chez Stark toi aussi? » Simple curiosité, elle ne voyait que ce génie pour faire ce genre de folie. Hochant doucement la tête, elle ne pouvait qu'approuver ses paroles. « Oui, c'est clair qu'il y a même pas vingt ans, si on m'avait raconté le monde dans lequel on vit aujourd'hui, j'y aurais probablement pas cru. » Un peu moqueuse, elle rajoutait quelques mots. « En attendant, on l'attend toujours le skate volant de Marty McFly, quelle arnaque ce truc. » Attrapant son verre, elle buvait quelques gorgées, s'étonnant toujours plus de ce monde qui les entourait. Finalement, ce n'était peut-être pas plus mal pour elle que sa fille n'ait pas grandit dans cet environnement...
Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan
Je souriais à sa réaction. C'était plutôt dingue c'est vrai. Je n'avais jamais eu vent d'une femme ayant reçu un squelette entier mais je savais que Stark n'était pas impliqué. - Non, Stark n'est pas concerné. Normalement il n'est même pas au courant, je pense. - Ne donnons pas à Tony Stark la nanotechnologie, sauvons le monde. S'il avait pu créer Ultron à partir de ce qu'il avait, je n'osais même pas imaginer ce qu'il ferait du fluide. Mes nanites étaient 100% production du SHIELD, un programme fantôme parmi d'autres. Mais même sans m'y connaitre, je savais que mes nanites étaient incroyablement uniques, assez pour me demander si le SHIELD était vraiment responsable. - « En attendant, on l'attend toujours le skate volant de Marty McFly, quelle arnaque ce truc. » - Je lui répondais à voix basse. - Stark va le commercialiser l'an prochain, on t'as pas dit? - Avais-je dis avant de rire. Le skate volant... J'étais persuadé que quelqu'un quelque part l'avait certainement déjà inventé. Un super-héro skateur? Allez savoir.
Je souriais en portant mon verre à mes lèvres et avalait une longue gorgée fraîche lorsqu'une vibration se fit sentir sous nos pieds. D'abord vibration jusqu'à tremblement et rapidement tout se mit à bouger. Les vibrations et les premiers tremblement avaient été lents mais lorsque la véritable secousse était arrivé, ça avait été rapide, sec, comme une explosion mais différemment, et j'en savais quelque chose en terme d'explosion. Mes guibolles surtout. J'avais sauté sur mes pieds, me retournant vers la rue. - Qu'est-ce que c'est que ce bordel encore. - Et puis comme une révélation, je sortais mon téléphone et ouvrais l'application made in SHIELD. Une carte dans les tons verts s'affichait et zoomait automatiquement sur deux rues plus loin, la structure psychiatrique de laquelle j'étais sortis tout à l'heure. Le mutant. - Oh putain... - Courir dans le tas? Laisser Ellen? Comment lui expliquer mon départ précipité en lui ayant menti sur mon métier? Ou alors le réflexe de soldat qui dit d'aller voir ce qui se trame? Je venais de sortir mon téléphone et d'afficher un logiciel de localisation visiblement haut niveau juste devant sa tronche, elle n'était pas si stupide.
Je posais mon regard sur elle et fourrais mon téléphone dans ma poche. - Alors, heeu... Je veux pas que ça sonne comme une approche douteuse mais... On va voir? - A peine avais-je dit ça qu'une nouvelle secousse, plus forte, faisait trembler le bar et brisait quelques vitres et quelques verres, s'accompagnant de nouveaux cris et d'alarmes de voitures malmenées. - Ok. - Je posais sur le comptoir deux billes verts et sortait de mon dos un flingue, qui avait été là depuis le départ oui oui. Je le calais sur "freezer" sans aucune gène en plein public et... - Allez Morgan, au trot. - Et je tournais les talons pour filer, direction l’hôpital psychiatrique.
Putain, faut vraiment tout faire soi-même ici. Quand Cathy est venue me trouver, je ne pensais pas que nous aurions aussi peu de temps. J'étais prêt à me coucher quand elle s'est mise à tambouriner à ma porte, j'ai pourtant prévenu qu'il ne fallait pas venir chez moi. Ça m'énerve quand les Watchers viennent chez moi, je leur ai déjà dit. Assis sur mon lit, je contemple le couteau aiguisé, juste assez. Je joue avec la pointe couverte de mon propre sang. Quand elle insiste, je le plante dans le sol puis me lève d'un bond. Je traverse la pièce, laisse goutter quelques gouttes de mon avant-bras avant d'aller passer un peignoir. Une main dans mes cheveux, j'essaie de souffler pour être prêt à sourire poliment, on ne sait jamais qui ça pourrait vraiment être. Je jette un œil par le judas puis soupire bruyamment. Elle insiste à nouveau : « Pasteur ! Pasteur Reagan ! »
J'ouvre la porte et elle manque de me mettre un coup dans le visage. Un mouvement de la main pour saisir son poignet et je l'amène à moi, pour lui demander sèchement ce qu'elle fait là. « Mon... » Elle tente de reprendre son souffle puis me désigne la rue d'un vague geste du doigt. Je passe la tête vers l'extérieur, il n'y a personne, absolument personne. Du coup, je la fais entrer en la poussant doucement derrière l'épaule. « Cat', ça m'énerve que tu sois ici. Ce n'est pas comme si personne ne connaissait ma gueule tu vois. Je t'ai dit de ne pas venir ici... » Et pourtant je sais que c'est important pour elle si elle a fait le déplacement, et en courant qui plus est. Elle essaie de s'excuser, pose la main à plat sur sa poitrine folle. Je retire le peignoir que je jette sur une chaise plus loin puis me dirige vers la salle de bains. Elle s'apprête à me suivre : « Non mais ça va ! Tu peux attendre trois secondes ! » Si elle prend le temps de reprendre son souffle, j'ose imaginer que personne ne se vide de son sang dans la seconde. Je passe une chemise à manches longues, retrouve mon pantalon que j'enfile rapidement. Je me file un peu d'eau sur la gueule puis termine de me préparer. Je récupère mon sac dans la salle de bains puis la retrouve. Elle me dit finalement que le mutant duquel elle s'occupait, comprendre qu'elle surveillait, ne semble pas bien et elle n'a pas réussi à le suivre dans l'hôpital. Allons-y alors.
Nous nous mettons en route, c'est elle qui prend le volant. Alors que nous approchons, je lui demande de ne pas se garer trop près. Nous faisons quelques pas puis au moment de rejoindre l'entrée, une énorme onde nous secoue. Le bâtiment vacille sous nos yeux, comme une construction en allumettes. Nous regardons l'endroit avec de grands yeux quand l'un des murs s'effondre brutalement. J'attrape Cathy par les épaules et l'écarte comme je peux. Nous reculons, mais avalons tout de même un souffle de poussière. Je m'accroupis puis mets les mains devant mon visage. Je me redresse doucement. Je ne vois personne bouger, le quartier est tombé dans la pénombre, je m'appuie au lampadaire qui s'est éteint. Bon... réfléchissons. J'entends une voix, je sors mon flingue et le braque droit devant moi. Je me penche vers Cathy : « À quoi il ressemble ton gars ? »
Elle se colle derrière moi puis fouille les environs du regard. Finalement, l'intervention de Braiden sera bien utile. J'espère qu'elle n'attend pas qu'il vienne nous faire exploser pour me dire que c'est lui. Je lui susurre de m'attendre puis m'avance un peu. Je n'entends rien qu'un gémissement. Je m'approche prudemment puis baisse mon arme sur un homme à terre. J'imagine qu'on a peu de temps avant que les pompiers, les flics se ramènent. Le quadragénaire me désigne une direction du doigt, tremblant. J'aperçois un autre bonhomme, qui semble lui sonné mais vraiment blessé. Si ce n'est qu'il se tient la tête en parlant seul, en « leur » disant de le laisser tranquille. Vous ne les voyez pas, les Munch ? D'accord d'accord. Je lève le bras de l'homme à terre puis passe le mien dans son dos. Sa jambe semble écrasée par un bloc de pierres. Je cale mon arme à ma ceinture, pendant que notre ami s'occupe avec ses Munch. « Désolé, mais ça va piquer un peu... » Je tire sur son corps, lui arrachant un cri quand une partie de la chair s'arrache sous la pierre. J'aurais sans doute fait un mauvais sauveteur. Il hurle, ce qui attire l'attention de notre ami qui se met à nous fixer et nous désigner du doigt. « Ne... faites pas ça ! Il est avec eux ! Les Munch m'envoient des messages, il me dit qu'il est avec eux ! »
Ah bon, les Munch doivent être sympas alors... J'essaie de remettre mon blessé debout mais il perd rapidement connaissance. J'avais prié, défait mon lit et j'étais prêt à me coucher. Pourquoi j'ai ouvert déjà ? Il se met à marmonner seul alors je crie pour Cathy, ne quittant pas le mutos du regard, d'aller chercher la voiture. Je charge le mec sur mon épaule puis commence à m'éloigner. Il nous suit en marchant. Fort heureusement, comme on n'est pas dans un film d'horreur, je vais plus vite en courant que lui en marchant. Je saute sur le trottoir, la voiture de Cathy ralentit à notre niveau, j'ouvre la portière et balance le type à l'intérieur. D'un claquement de main, le bitume se fissure tout autour de notre bonhomme. La voiture de Cathy s'élance, poursuivie par ces serpents bitumés qui rampent sur la route, ce qu'il en reste. Je fais pour sortir mon arme mais la perds dans... les nombreux morceaux de route. Le lampadaire hésite, hésite pour finalement venir se coucher entre nous. Pourquoi j'ai ouvert, déjà ?
Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra
La plaisanterie ne durait qu'un moment. Quelques mots et l'air grave s'affichait presque instantanément sur les visages. Une secousse venait de faire trembler les murs du pub - et le reste. Autant dire que certains clients s'étaient directement planqués sous les tables, probablement un réflexe pour se mettre à l'abris d'un tremblement de terre. Ça arrivait ce genre de chose, un petit tremblement, de quoi effrayer les gens mais sans dégât majeur. Elle se souvenait encore du séisme de 2011 qui avait fait trembler New York et Washington et s'était fait ressentir jusqu'à Toronto au Canada. Ça avait duré quelques interminables secondes et c'était terminé. Aucun dégât, aucun blessé. C'est ce qu'elle pensait au début, jusqu'à ce que Liam sorte son téléphone, cliquant sur une application, juste sous son nez. Le léger froncement de sourcil d'Ellen était le témoin de son interrogation. « Qu'est-ce que c'est? » Curiosité personnelle bien avant d'être une curiosité professionnelle, la brune avait conscience que ce n'était pas là une application accessible à tous. La raison était simple: elle n'affichait aucune instruction. Cela signifiait que Liam savait s'en servir sans avoir besoin d'explication. Sa question restait sans réponse - à moins de considérer le putain de Liam comme tel - jusqu'à ce qu'il émette l'idée d'aller voir ce qui était en train de se passer. Ellen avait alors l'intime conviction que l'application mystérieuse avait probablement indiqué à Liam la nature de ce tremblement qui n'avait visiblement rien à voir avec un phénomène naturel.
Elle n'eut pas vraiment le temps de lui répondre qu'une nouvelle secousse se faisait ressentir de façon bien plus puissante. La question de son compagnon devenait alors rhétorique. Evidemment qu'ils allaient voir bien que les paroles d'Ellen étaient focalisées sur un autre détail. « Un flingue, sérieusement? E tu oses dire que tu bosses ci et là dans la sécurité... » On ne bosse pas ci et là dans la sécurité avec un flingue. Ce n'était pas n'importe quel employeur qui vous filait un tel objet entre les mains, même avec un passé militaire. Il n'était certainement pas dans la sécurité dans le sens commun des gens, elle le savait à présent. Ne posant pas plus de question que ça, la course commençait sans attendre vers le point qu'avait indiqué la carte de Liam. Elle avait reconnu l'endroit, elle y avait garé sa voiture, plus ou moins... Véhicule qu'elle oubliait presque en arrivant sur place.
L'hôpital avait littéralement été rayé de la carte. Les décombres étaient nombreux, incalculables. Les voitures hurlaient de leurs alarmes, les habitations alentours se retrouvaient aussi avec des fondations fragilisées, des murs fissurés, des fenêtres brisées. La poussière se déposait dans tout le quartier. Morgan peinait à respirer et à retrouver son véhicule de service qu'elle ouvrait à la hâte pour récupérer son flingue avant de rejoindre de nouveau Liam. Elle aurait préféré un tremblement de terre, vraiment. « On doit s'approc... » Ses paroles étaient coupées par des hurlements. Les Munchs envoient des messages... A qui? Pour qui? Qui est avec eux? Il était indispensable de savoir, de comprendre. D'un pas décidé, Ellen fendait la poussière, probablement suivi de Liam, en direction des cris qui s'étaient fait entendre. Les débris gênants se retrouvaient soulevés de terre par Ellen, comme dépossédés de leur gravité, bien heureuse finalement d'avoir attrapé un pouvoir avant d'arriver jusque-là.
Une voiture passait alors près d'eux à vive allure, déterminée à fuir la scène. « Attention! » la route se fendait sous leurs pieds tandis qu'Ellen faisait reculer Liam par pur réflexe. Quand son regard cherchait la cause de cet effet, ce fut aussi évident que surprenant. Évident que l'homme qui se tenait là était le mutant qu'elle aurait du recenser, évident que sa maladie faisait des siennes et qu'il cherchait probablement à se défendre contre ces munchs qu'il semblait seul à voir. En revanche, la surprise fut celle de constater que quelques pas plus loin, Jeremiah se tenait là, face au mutant en colère. Mais qu'est-ce qu'il foutait ici bon sang? N'importe qui à la place d'Ellen aurait probablement dégainé son arme pour tirer sur le mutant destructeur mais s'il y a bien une chose positive qu'elle avait retiré de son expérience dans l'armée c'était que la violence devait être maîtresse du jeu qu'en dernier recours. Ils avaient d'autres solutions à exploiter en premier lieu. Peu importe le crime commis, tout le monde a le droit à sa seconde chance, celle d'être compris, punis pour les crimes commis certes, mais certainement pas par la mort sans avoir eu la chance de rattraper ses erreurs par la prison ou d'autres moyens. Elle se souvenait qu'elle était souvent envoyée en mission parce que la solution d'avoir un homme dangereux vivant et punis par les lois était impossible.
Aujourd'hui, tout était possible, elle en était persuadée. D'autant plus que l'homme en question était mentalement atteint. Il devait certainement avoir peur ou ressentir de la colère. « Couvre-moi, je peux l'aider. » Ou au moins le rendre moins dangereux à s'appropriant son pouvoir mais pour ça, elle se devait de s'approcher. Son objectif premier était avant tout de le calmer, de le rassurer et de permettre à Jeremiah de fuir - bien peu consciente qu'il était là pour de sombres raisons. Sans attendre l'approbation ou non de son ami, elle interpellait le mutant, levant ses mains vides, comme pour signaler qu'elle venait sans avoir l'intention de lui faire de mal. « Hey, hey! » Dès lors que son regard venait se poser sur elle, elle avançait lentement, très lentement vers lui. Elle n'usait plus du pouvoir qu'elle avait hérité de peur de le contrarier ou de le persuader qu'elle faisait aussi partie de ces munchs. « Henry, c'est bien ça? » Son prénom, elle le connaissait de par le dossier qu'on lui avait naturellement confié en l'envoyant ici. « Je m'appelle Ellen. Je suis là pour vous aider. » Le stress montait entre ses reins mais ne se faisait pas ressentir dans sa voix ou ses gestes qui se voulaient calmes et doux. Elle appréhendait ses réactions, elle choisissait ses mots avant de les dire. « Ne vous mettez pas en colère, vous êtes plus intelligent que ça, on le sait tous les deux. Les munchs n'existent pas, vous le savez. Il n'y a que nous. » Clairement, elle marchait sur des œufs comme on dit. Elle aurait pu le calmer, lui parler, arrêter tout ça si seulement la voiture poursuivie par des fissures n'avait pas fait un potin du diable en s'engouffrant dans les profondeurs de la route, rappelant à Henry le pourquoi il était tant en colère et apeuré.
Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan
Je ne répondais à Ellen que d'un regard neutre lorsqu'elle remarquait mon flingue. Pas d'excuses, pas de froideur ni d'explication, juste la neutralité d'un fait évident qui ne nécessitait pas, sur le moment, que je me justifie. J'avais pas que ça à foutre. La course avait été rapide mais à notre arrivé.. C'était le bordel. L’hôpital avait été dévasté, il n'en restait que des ruines, étendue de gravats de briques et de ciment. S'il y avait des survivants, et j'en doutais, ils devaient être dans un très sale état. Les secours n'étaient pas encore là, ni la police, il fallait en profiter mais lorsque j'allais m'élancer dans la poussière, Ellen changeait de trajectoire et allait jusqu'à une camionnette récupérer... un flingue. - Ah ouais, et ça parle après. - Elle était finalement coupée par les cris insensés d'un homme perdu. C'était forcément lui. Ellen filait et je la suivais de prêt, mes sens en action. La poussière en suspension était génante mais on avait vu pire. Une voiture manquait de m'exploser les jambes, encore, mais Ellen me l'évitait. - La priorité! Connard! - Mais elle était déjà trop loin et nous étions déjà en route vers... Henry.
Henry était un homme voûté, brun et pâle, une partie de ses cheveux arrachés. En théorie il devait être sous camisole mais au vu des morceaux d'épais tissus qui pendaient sur lui, il avait dû la détruire.. comme le reste. Autour de lui il y avait comme une aura électrique orangée, des arcs lumineux de temps en temps, indépendants. - « Couvre-moi, je peux l'aider. » - T'es sûre? - Mais elle était déjà parti en avant et je levais mon flingue vers le mutant, prêt à tirer à tout instant. Il marmonnait dans sa barbe à des voix que lui seul pouvait entendre et Ellen commençait son approche. J'ignorais le son des alarmes et les cris pour me concentrer sur eux. Ça partait bien, il semblait commencer à l'entendre, mais une voiture dans la rue juste devant s’affaissa dans une crevasse et... ces efforts pour rien. Le regard d'Henry s'était assombri à nouveau et il commençait à se frapper la tête. Moi j'avais bondi, utilisant ma vitesse améliorée pour atteindre Ellen et la tirer en arrière en un temps record avant de me placer au dessus d'elle en bouclier. Pile au bon moment, ce moment où Henry hurla à nouveau, ordonnant le silence des voix qu'il entendait, et qu'il déchaînait autour de lui une nouvelle vague dévastatrice.
Comme un immense globe s'étendant autour du mutant, un énorme globe de force et d'électricité, détruisant tout sur son passage comme des châteaux de cartes. Les immeubles voisins subirent le plus de dégâts, partiellement détruits, alors que je hurlais ma douleur. La vague de force ne m'avait pas plus épargné que ces bâtiments et mon dos était fumant, rouge, brûlé. Au moins Ellen n'avait rien, rien ou presque. Si les nanites n'étaient pas déjà entrain de travailler à ma guérison, je serais probablement mort sur le coup. Lorsque c'était terminé je m'écroulais, à genoux, à côté de la brune. Mon dos se séchait à vu d’œil et si il ne guérissait pas immédiatement comme Wade le ferait, la brûlure s'apaisait d'elle-même et je m'évitais les douleurs qui en résultaient. Adieu vêtements. Que Ellen vienne à mon chevet ou non, je lui parlais. - Ça va, ça va. Faut s'occuper de lui. - Henry était vidéo, encore une fois, par son pouvoir. Il respirait fortement, en manque d'air et la poussière irritant sa gorge. Le soucis c'est qu'il emmagasinait autant d'énergie qu'il en relâchait alors une nouvelle vague pouvait venir n'importe quand. J'hésitais à passer mon flingue en mode létal. Pas sûr que le freezer soit suffisant avec lui. Il me fallait une minute pour récupérer et stabiliser la brûlure de façon plus définitive.
Au moment où le géant de métal vient s'abattre devant moi, au sol, je me dis que j'aurais mieux fait de me coucher. L'enclos de verre autour de l'ampoule explose, je me protège le visage d'un simple mouvement du bras et essaie de m'éloigner de la source des tremblements. Je tousse, car ai été trop con pour protéger mon visage de la poussière qui rampe jusqu'à mes poumons. Je frotte mon visage, cherche rapidement mon arme du regard sans remettre la main dessus. Bien entendu. Est-ce qu'il va falloir que je le crève à la main ? Foutu pour foutu, je ne suis pas sûr qu'être proche de lui soit franchement plus dangereux que me trouver où je suis actuellement.
Ceci dit, je l'ai un peu mauvaise d'être arrivé trop tard. Cathy est maintenant partie, je n'ai pas le temps de retrouver ma putain d'arme sur laquelle il y a mes empreintes et que j'aimerais bien ne pas laisser aux mains d'experts ballistiques. Je me saisis d'un éclat de verre et soupire, je vais encore me prendre un jet de sang dans le visage, ça va encore me mettre en colère... Et il continue de gueuler que les Munchs lui envoient des messages. Et si les Munchs te demandaient de te suicider ? Tiens, c'est une bonne idée, je peux peut-être retourner son délire psychiatrique contre lui et le convaincre de commettre l'irréparable ? Je me remets debout, gardant le bout de verre dans la main, ça peut toujours servir.
Tiens, en parlant de mutants qui devraient s'ôter la vie, voici Ellen. Je me suis approché du mutant, assez assez pour pouvoir le neutraliser. Alors je remonte doucement mon arme de fortune contre mon poignet pour qu'elle ne puisse pas le voir. Nous sommes chacun d'un côté et de l'autre du dangereux individu. Le bon sens lui dirait de prendre son arme et de lui tirer dans la tête, tout simplement. Mais l'empathie des créatures entre elles faisant... elle ne se plie pas à la procédure, si tenté qu'il y ait une procédure dans ce bordel d'HPU... Je peste intérieurement et glisse un œil derrière elle pour vérifier que la voiture avec Cathy et mon bonhomme ne soit pas en train de cramer, ou que eux ne soient pas morts. Je n'y vois pas très loin, mais je dirais qu'elle a dû pouvoir s'éloigner assez vite quand même...
Ah Ellen, Ellen, Ellen... toujours là où elle ne devrait pas être... C'est quand même dingue cette facilité qu'ont certains mutants à se mettre dans des situations qui donne l'envie et la possibilité de leur faire du mal. C'est comme s'ils réclamaient... encore et encore ! Est-ce que je crois au pouvoir de la violence ? Quelle question ! Je m'approche un peu d'eux, prudemment. Elle s'adresse à l'homme qui l'accompagne. Changement de programme... D'ailleurs, la stratégie d'Ellen étant de base nulle, je ne peux qu'être d'accord avec celui qui l'accompagne... J'imagine qu'il est potentiellement de l'unité de protection des humains, je ne peux pas m'en prendre à lui sans savoir ce qu'il est réellement...
Elle attire l'attention du mutant jusqu'à maintenant hors de contrôle. Henry... Je lève les yeux, exaspéré qu'elle l'appelle en plus par son prénom, parce que sur son visage... on dirait vraiment du soucis, comme si elle s'inquiétait pour ce monstre dont les exploits ne sont pas à relater... Je m'approche de mon côté quand un peu plus loin, la voiture semble s'engouffrer dans une fissure que ce monstre a causé. Je me redresse, essaie d'apercevoir la voiture de Cathy mais n'en entends que le klaxon continu, entre autres sources du vacarme ambiant... Je fais deux pas en arrière. Je vais voir ce qu'elle devient ou je reste et je termine le travail avant... Mais le voilà qui se frappe le crâne, se remet à parler et raconter ses histoires de voix.
Seigneur... Laisse-moi cinq secondes d'avance. Captant qu'il est à nouveau sur le point d'exploser, je me retourne et me jette dans l'une des crevasses, sans vraiment prendre le temps de voir ce qu'il y a dessous. Je roule et cale mes mains sur mon crâne alors qu'une nouvelle déflagration s'empare du quartier. Tout est soufflé, je sens la chaleur s'engouffrer dans mon abri de fortune, même si j'ose croire qu'il a déchaîné le maximum de sa puissance dans la direction d'Ellen et de son ami. J'attends quelques secondes, au moment où la poussière commence à se déposer partout autour de nous. Les mouvements du sol m'ont bloqué et je dois me tortiller dans tous les sens pour déjà réussir à extraire mon côté droit. Je lance une œillade autour de nous et aperçois enfin mon arme. Mais elle ne m'est malheureusement pas accessible pour l'instant. Il se laisse porter par le bruit de klaxon. Mes espoirs pour Cathy et l'autre bonhomme sont minces. Il semble hébété, ailleurs, une fois encore. Je me sors douloureusement de mon abri de fortune et reste un moment à genoux. Une partie de ma veste semble avoir... brûlée et je la retire pour la laisser tomber au sol. J'aimais beaucoup cette veste. L'ami d'Ellen semble avoir pris tout ce qu'il y avait à prendre en terme de dommages corporels. Bon, je m'occuperai d'elle plus tard. Nous savons que ces missions sont dangereuses, elles sont périlleuses mais je sais que Prim aurait pu être dans cette voiture. Je n'ose pas appeler Cathy, de peur qu'elle ne me réponde pas. Je baisse les yeux sur le bout de verre que j'ai gardé en main. Pas le temps de faire marche arrière pour récupérer le flingue. Je le suis, profite qu'il soit quelques instants plus faible pour le saisir par les épaules et le faire reculer d'un pas. Finalement, je profite d'être de dos pour lui laisser mon arme de fortune en main et lui dire « Merci de m'avoir prévenu mon ami, tu avais raison, les Munch sont arrivés. Ils veulent te faire croire qu'ils vont t'aider mais ils sont dans ta tête... sinon... comment connaîtraient-ils ton prénom ? » Je m'écarte et l'oriente vers Ellen et Liam. Je lui dis juste assez fort pour qu'il soit le seul à entendre (et avec le vacarme...) : « Vas-y... vas-y... » et je m'éloigne juste assez pour rejoindre la voiture... Pendant qu'il s'occupe d'eux...
Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra Ft. Liam Ó Meadhra
Elle pensait y parvenir, sincèrement. Elle pensait pouvoir le calmer, le faire revenir à la raison, permettre à Jeremiah de fuir sans être attaqué, éviter des désagréments à Liam quels qu'ils soient mais elle n'avait pas réussi. La voiture en fuite s'enfonçant dans une crevasse avait suffit pour déstabiliser l'attention de l'homme et pour le remettre dans ses délires de Munch. A vrai dire, Ellen n'avait même pas le temps de réagir qu'elle se retrouvait tirée en arrière par son ami, tous deux dos au mutant et proches du sol alors qu'Henry déchaînait une nouvelle vague dévastatrice. L'inquiétude lui coupait le sifflet, aucun son ne sortait mais son regard ne trompait pas. Elle ignorait tout de ce que les nanites étaient capables de faire - en dehors d'un changement de couleur de yeux qui serait bien inutile dans le cas présent - et si elles avaient permis à Liam de retrouver des jambes, Ellen ne pouvait s'empêcher de se dire que pour qu'elles fonctionnent, encore fallait-il que Liam reste en vie. Quelques secondes avant, elle marchait sur les débris d'un hôpital, il était donc légitime qu'elle se pose la question de savoir si Liam allait résister à cette vague. De toute façon, elle n'avait pas le choix, Liam avait beau hurler sa douleur dans ses oreilles, elle était maintenue fermement par ce dernier. Si quelques mèches des cheveux d'Ellen n'avait pas résisté et se retrouvaient partiellement brûlées, elle s'en fichait comme de l'an 40. Quand la vague se stoppait enfin et qu'elle pouvait sentir la pression autour d'elle se desserrer, elle portait immédiatement son attention sur le brun. « Liam! » La brûlure subite était importante et pourtant, elle semblait se guérir d'elle-même. C'était aussi incroyable qu'inquiétant. Elle n'osait pas le toucher, de peur probablement de lui faire plus de mal encore mais les quelques mots qu'il lui disait suffisaient pour qu'elle comprenne qu'il s'en remettrait rapidement.
Il fallait s'occuper de lui... évidemment il parlait d'Henry mais l'instinct d'Ellen se tournait aussi vers Jer. La nouvelle poussière qui volait autour d'eux, causée par l'écroulement de nouveaux bâtiments, ne lui permettait pas de voir très loin et de vérifier si Jeremiah avait eu le temps de se mettre à l'abri de tout ça. Consciente qu'elle y avait échappé de peu grâce à Liam, elle prenait une seconde, déposant sa main sur sa joue. « Merci. » De lui avoir sauvé la vie, d'avoir subit pour la protéger. Merci pour tout mais ils n'avaient pas vraiment le temps pour s'attarder. Se redressant sur ses deux jambes, elle avançait seule vers le mutant qui avait eu le temps de se déplacer vers la fameuse voiture tombée dans une crevasse. C'est qu'il était obstiné en plus. Peinant à garder les yeux ouverts, elle pouvait constater que la puissance d'Henry s'était amoindri, le rendant faible. Assez faible pour se laisser approcher et qu'Ellen puisse apercevoir une secondes silhouette à ses côtés. Jeremiah! D'abord rassurée qu'il soit en vie, elle devenait pourtant vite intriguée par ce qu'elle pouvait distinguer. « C'est bizarre... » se disait-elle à elle-même, bien qu'elle ne pouvait pas entendre ce que Jeremiah disait. Se retournant vers Liam à quelques mètres de là qui se remettait tant bien que mal, elle lui faisait part de son ressenti pour le moins peu rassurant. « Henry s'est tourné étrangement vers nous sans toucher un poil de cul de Jeremiah. C'est étrange! » Même carrément suspect!
Encore plus lorsque le mutant arrivait vers eux, délaissant Jeremiah derrière lui qui, lui, se faufilait dans la crevasse où la voiture était tombée. Elle pouvait voir qu'Henry avait un morceau de verre dans les mains. Une arme de fortune mais une arme quand même. La force qu'il y mettait pour la tenir - quitte à se couper un peu les doigts et laisser son sang couler - laissait comprendre sa détermination. Si son premier réflexe aurait été de retourner vers Liam pour le mettre à l'abri, elle se disait que d'une façon ou d'une autre, il avait les nanites de son côté et qu'elles travaillaient tellement vite qu'il aurait le temps de se mettre à l'abri au besoin. Ellen comprenait vite que c'était Henry ou eux. Sortant alors son arme de service, elle tirait sur le mutant. Une balle, deux balles, trois balles. Toujours rien. Ce n'était pas faute de viser correctement mais il fallait croire que la sphère qui se formait autour de lui, en plus d'être électrique et dévastatrice, le protégeait des balles classiques, probablement à cause d'une force électromagnétique. Elle n'avait donc pas le choix, elle devait l'approcher. Glissant son arme vers Liam, elle hésitait un très court instant avant de clairement lui donner un ordre. « Tue-moi si je deviens trop dangereuse. » Ils avaient bien assez d'un mutant pour ne la rajouter à la liste.
Bien qu'Henry avançait relativement vite vers eux, Ellen se posait au milieu de la rue et fermait un court moment les yeux pour se concentrer. Les gravats se mirent à bouger, cinq d'entre eux, plus ou moins près du mutant en mouvement s'élevaient dans les airs et en quelques secondes, ils explosaient sur place, projetant leurs restes sur Henry. Sonné par un morceau qui l'avait atteint à la tête, il n'en était pourtant pas mort, seulement à genoux sur le sol, blessé mais plus en colère encore. S'élançant vers lui, Ellen courait le plus vite qu'elle le pouvait et quand elle arrivait presque à sa hauteur, elle grimpait sur une carcasse de voiture brûlée pour sauter sur lui. L'intérêt? Qu'il ne la voit pas arrivée et ce fut chose faite. Tombant presque sur lui, elle avait absorbé son don. La douleur qu'engendrait l'adaptation de son corps face à cela était vive, la clouant au sol. Au moins, il était moins dangereux sans ses pouvoirs et elle s'était abstenu de le tuer. Une victime en plus ne serait peut-être pas nécessaire. En revanche, le problème persistait. Ellen avait peut-être neutralisé les pouvoirs du mutant mais pas sa folie. Toujours armé et persuadé que la jeune femme était une Munch, il se traînait dangereusement vers elle tandis qu'Ellen était incapable de bouger, souffrant encore trop du don nouvellement acquis. En revanche, elle était bien assez consciente pour voir la tronche de Jeremiah qui dépassait de la crevasse, visiblement peu enclin à l'aider malgré sa posture. Salaud!
Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan Ft. Ellen Morgan
A genoux au sol, mon dos se recouvrait d'une croûte solide de sang coagulé. La douleur était vive, la brûlure encore violente et ma respiration s'en trouvait difficile, mon cœur battant à tout rompre. La blessure était telle que toute mon énergie était dirigée sur elle et mes oreilles ne percevaient que ce qu'elles pouvaient bien entendre naturellement. Lorsqu'Elle s'éloignait je tournais la tête et la suivait du regard, tenant à l’œil le mutant dans sa phase de calme. Jeremiah? C'était qui ce type encore? Mon regard se posait sur lui. Moi je ne l'avais pas vraiment bien vu mais les nanites? Les nanites avaient tout enregistré. De là je ne voyais pas vraiment Henry mais Ellen lui tirait dessus, probablement pour profiter de son moment de faiblesse, et même si elle faisait mouche rien ne se passait. J'étais même pas étonné que ce connard soit protégé. - « Tue-moi si je deviens trop dangereuse. » - Je levais mon regard sur elle. Pas un mot, juste mon interrogation visible. Qu'est-ce qu'elle allait faire?! Je n'avais pas besoin d'attendre pour le savoir.
Des blocs de ciments s'élevaient, explosaient, et je me protégeais même si j'étais loin. Henry était atteint par les débris et tombait, toujours conscient. Moi je me relevais, prenant son arme. J'avais perdu la mienne en allant la protéger. Mon dos guérissait toujours mais je pouvais bouger. Elle courait et lui sautait dessus. Bordel, à quoi est-ce qu'elle jouait? Elle le touchait et en une seconde elle s'écroulait à côté de lui, se tordant de douleur. Henry était armé, une étincelle bizarre dans le regard. Il approchait d'elle. Je bondissais, filant vers eux à une vitesse encore à peine humaine et décochais un coup de pied dans le nez d'Henry, le plongeant dans un sommeil forcé. En plus sanguinolent. - Ellen?! - Je tombais à côté d'elle, mon dos toujours chaud. - Tu pouvais pas juste revenir en arrière? - Je lâchais mon arme au sol et cherchais à vérifier ses constantes mais elle était vivante, consciente, ça ne servait à rien. Je cherchais à comprendre le temps de me souvenir: elle avait absorbé ce pouvoir dans le bar. Elle avait dû faire la même chose. - Bordel Ellen... - Déjà autour d'elle des arcs électriques se formaient, d'abord isolés, et de plus en plus nombreux ensuite.
J'avais beau tenir sa tête, ses bras, sa main, chercher quelque chose, chercher rien, je ne faisais que brasser de l'air. Moi je ne connaissais pas son pouvoir, je ne savais pas comment procéder: est-ce qu'elle pouvait s'en débarrasser? Est-ce que le fait que Henry soit inconscient allait suffire pour qu'elle soit libérée? Est-ce que c'était permanent jusqu'à une nouvelle absorption? Est-ce que c'était seulement temporaire? L'électricité se faisait encore plus voyante et je sentais l'énergie sous sa peau. Elle allait exploser, comme Henry, comme avant. Elle allait relâcher une vague d'énergie et dévaster cet endroit encore plus. Et cette fois je ne pourrais pas la protéger. Je saisissais son arme. La tuer si elle devenait trop dangereuse. Elle l'était devenue. Elle allait déferler sur le quartier, tuer des gens énormément de gens. Je posais le canon de l'arme sur son front, mon regard habité par une fermeté branlante. Je cherchais le courage et je me disais que c'était la seule chose à faire. Qu'elle l'avait demandé. Qu'elle me l'avait demandé. - Pourquoi t'as fait ça, putain! - Je retirais mon flingue durant un moment d'hésitation. Est-ce que ça allait marcher? Est-ce que je pouvais la tuer et assurer la sécurité? Est-ce que j'en étais capable? Tuer je l'avais déjà fait, mais tuer quelqu'un que je connaissais? Non.
L'électricité se faisait trop présente, trop voyante. Elle se faisait trop puissante et le temps était compté. Je posais mon flingue sur son front, inspirais et appuyais sur la détente. Le coup de feu était sonore et un filet de sang giclait sur mon visage. Je reportais mon attention sur Ellen. Je venais de tuer Henry. - Ellen? Tu m'entends?
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Jeu 5 Mai - 23:13
