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« I KEEP YOUR PHOTOGRAPH, I KNOW IT SERVES ME WELL. »

Tout s’était enchaîné très vite, brisant alors ce qui devait être une journée profondément emmerdante pour Qadir. Cette manifestation était un peu comme un de ces mal de tête qui vous prenait par surprise, vous empêchant alors de vous concentrer correctement, vous faisant vivre un calvaire tant que vous ne vous étiez pas reposé, loin de tout, dans l’ombre, afin de reprendre du poils de la bête. C’était comme ça que Qadir vivait ce genre événements. Surtout lorsqu’il s’agissait de mutations, de mutants, et de droits. Le gouvernement leur avait demandé de se recenser, ce qu’il avait fait pour avoir la paix. Mais cela ne semblait pas leur suffire, et avec ce qui venait de se passer aujourd’hui, ils allaient très certainement avoir des raisons pour que cela s’étalait dans le temps, sinon, devenir chaque jour, invivable pour tout individu porteur du gène X.

En l’espace de quelques instants, la manifestation pacifique s’était transformée en une bagarre d’une rare violence. Certains mutants présents – lui inclus – avaient fait utilisation de leurs dons en public, parfois pour se défendre – comme lui, à la base – parfois pour faire du mal aux gens autours sans aucune raison apparente. Qadir ne s’y faisait pas, et ne comprenait toujours pas ce qui avait déclenché tout cela. La tête contre la vitre du métro, le bruit des roues métalliques sur les railles, les portes qui s’ouvraient de temps à autres, le changement de stations, l’odeur de pisse et de transpirations, les bruits ambiants, mais aussi ce climat assez lourd qui planait dans l’atmosphère ne suffisait pas à lui changer les idées. Il revivait chaque coup de poings qu’il avait mis, chaque esquive qu’il avait faites, et puis il y avait lui…

Qadir avait fait la rencontre d’un type qui lui faisait comprendre qu’à partir d’aujourd’hui, il ne se sentirait plus tranquille. Un de ces hommes plein de haine et de rage, capable de lever une nation rien que pour parvenir à ses fins dont le seul but était le chaos et la destruction de la société telle que nous la connaissions. Un visage qui restait gravé en mémoire, se dessinant parfaitement bien à chaque fois que ses yeux avaient le malheur de s’ouvrir. Il soupira. Il était mort de fatigue, et n’avait besoin que d’une chose : Se reposer loin d’ici.

La station de métro lui indiqua son arrêt avec une sonnerie qui faisait sursauter n’importe quelle personne assoupie. Qadir sortit du métro, s’engageant dans les rues du Bronx, tout en consultant son téléphone. Un point rouge, statique, indiquait la présence d’Emma sur son téléphone. Oui, bon, d’accord. Qadir avait en effet copié son téléphone de sorte à pouvoir la retrouver assez simplement si le désir de la voir était bien trop fort que la patience d’attendre qu’elle ne refasse surface. Il le remit dans sa poche, marchant dans les rues, la tête enfoncée entre ses épaules, les mains dans les poches, comme aux aguets, comme si la peur que ce qui s’était passé cette après-midi ne recommence.

Il faisait nuit noir à New-York. Enfin, tout était relatif. La ville ne s’endormait jamais, à cause de toutes ces lumières. Mais la nuit était bien entamée, et il était presque sûr que Jane dormirait lorsqu’il arriverait chez elle. Mais cela ne le découragea pas, et après quelques dizaines de minutes à marcher en frôlant les murs, sans trop s’attarder sur les quelques SDFs bourrés, il entra dans un immeuble. Un bref regard sur les boîtes aux lettres afin de connaître l’étage de l’appartement de Jane, il s’engouffra dans les escaliers qu’il gravait quatre à quatre, avant de se retrouver sur le bon seuil. Un regard à gauche, un regard à droite, on l’entendit expirer faiblement et à mesure que son souffle quittait sa poitrine, son corps diminuait en opacité, tant et si bien, qu’on le vit traverser la porte de l’appartement comme si elle eut été faites d’eau.

Lorsque Qadir reprit consistance, il balaya la pièce de son regard. Un peu plus loin, il la vit dormir à poing fermés. Il sourit, sentant alors toute l’inquiétude qui l’étouffait depuis tout à l’heure, se dissipait. Sa première idée fut alors d’aller lui embrasser le front, mais il se retint, car il ne voulait pas la réveiller. Il vit la porte de la salle de bain entre-ouverte, alors il opta pour cette seconde idée qu’il eut, et se dirigea dans la salle de bain. Machinalement, il retira sa veste, puis son tee-shirt, avant de fermer délicatement la porte, pour allumer la lumière. Ses poings étaient douloureux. Doucement, la douleur semblait se réveiller. Il avait les mains abîmés et toutes balafrés, sans compter tout ce sang séché. Il ouvrit le robinet, et se lava les mains avant de se donner un coup d’eau au visage.

L’instant d’après, il fermait la lumière, avant de s’allonger dans la petite baignoire à la lumière de son téléphone. Un frisson parcourut son échine tant elle était froide. Mais une fois qu’il parvint à se caler – non sans mal – le sommeil vint, et il s’endormit très rapidement, le cœur et l’esprit apaisé par la présence d’Emma-Jane, non loin de lui, dans la pièce d’à côté.


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CHAPTER X.
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La soirée avait été plutôt calme au Raine Lounge. Comme si tout le monde avait eu autre chose à faire ce soir-là. Avec les mouvements sociaux, pacifiques ou non, New York avait légèrement modifié ses habitudes. Certains préféraient se tenir éloignés de tout ça – c’était le cas de Jane qui ne croyait pas que le pouvoir ait jamais été au peuple. Elle ne s’était pas fait recenser en partie parce qu’elle n’était pas sûre de ne pas déjà être fichée quelque part pour quelque chose dont elle ne se serait pas souvenu et d’autre part parce qu’il était hors de question qu’elle le soit. Ça n’arriverait pas de son plein gré en tout cas. Elle était le genre de personne qui n’aime pas se faire remarquer et quand on entendait les discours enflammés de Survivance, on devinait qu’il ne sentait pas bon s’afficher ouvertement mutant. Du moins, c’était l’opinion de Jane.

Son éternelle capuche rabattue sur la tête, elle avait quitté le boulot vers une heure du matin faute de clients. Il y avait bien les piliers habituels qui mollusquaient accrochés au comptoir comme à leur propre vie si minable fussent-elles. Mais pour eux la consigne était claire. Inutile de leur laisser allonger encore un peu plus leur ardoise alors que le bar ne rentrerait de toute évidence plus un sous ce soir. Les rues du Queens étaient désertes. Enfin désertes pour des rues new-yorkaises. A en juger par l’état dans lequel les manifestants avaient laissé leur scène ouverte, les choses avaient tournées au vinaigre. Ce n’était pas spécialement les oignons de Jane. Elle se contenta de bifurquer pour aller prendre le métro et rallier le Bronx en se demandant encore comment elle avait bien pu trouver un appartement dans son budget dans le quartier que la municipalité avait décidé d’embourgeoiser progressivement. Enfin, il y avait encore du travail de ce côté-là. Entre les bandes rivales qui se menaient leur habituelle petite guéguerre et les toxicos qui fleurissaient avec autant d’abondance que les fleurs de macadam… on se voyait mal aller mettre une jolie petite tête blonde à l’école du coin. Enfin ce qu’en disait Jane…

Le dealer du bout de la rue lui fit un petit signe de tête comme tous les soirs. Elle n’avait jamais compris pourquoi ce type l’appréciait. Elle n’était pas prête de lui acheter quoique ce soit mais elle ne lui causait pas d’emmerde alors… La porte de l’immeuble se referma derrière elle, l’autorisant à abaisser enfin sa vigilance. Son appartement, comme toujours, l’attendait strictement conforme à ce qu’elle connaissait. Elle prit une douche rapide puis alla s’abandonner au confort tout relatif de son matelas.

Elle en aurait probablement écrasé jusqu’au lendemain si la soif ne l’avait pas réveillée. Elle se leva, les yeux plissés de sommeil. Ce n’était pas dans son 20m² qu’elle avait besoin d’allumer et d’ailleurs elle ne l’aurait probablement pas fait si une espèce de ronflement ne l’avait pas interpellée. Jane connaissait parfaitement tous les bruits de son appartement. Celui-là n’en faisait pas partie. Il venait de la salle de bain. La jeune femme approcha à pas de loup, prête à occire l’intrus au premier visuel. Elle ouvrit la porte de la salle de bain sans faire de bruit et alluma la lumière tout d’un coup prête à bondir :

« MAIS T’ES COMPLÈTEMENT MALAAAAAAADE !!! J’AURAIS PU TE TUER !!! », s'étrangla-t-elle en reconnaissant la silhouette à moitié étourdie de Qadir dans sa baignoire, « Et qu'est-ce que tu fais là ? Tu sors d'où dans cet état ? »

C'est sûr qu'il avait meilleur allure d'ordinaire... discrètement, elle sonda ce qu'il avait dans le sang pour s'assurer qu'il n'était pas ivre par dessus le marcher. Rien n'a signaler...



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Trouver le sommeil dans une baignoire n’était pas quelque chose d’aisé. Pourtant, la fatigue était tellement forte, qu’il n’avait eut qu’à fermer les yeux pour tomber dans les bras de Morphée, malgré la dureté du matelas. Mais c’était dans un sommeil agité, qu’il plongea, et sans s’en rendre compte, cette fatigue ne trouvait son repos qu’à moitié. Tournant, et retournant dans la baignoire, son sommeil était précaire. Alors, lorsqu’on vint dans la salle de bain, qu’on alluma la lumière, et qu’on lui cria dessus, il n’eut d’autres choix que d’ouvrir un œil, puis le deuxième, en voyant une Jane totalement surprise, et complètement folle. Pour toute réponse, il éclata de rire, en repensant à la fois où il lui avait fait la peur de sa vie en mettant en scène une scène d’épouvante en pleine nuit, pour la réveiller silencieusement. La peur et la surprise qu’elle eut lui fit pousser un cri d’anthologie dont on se souvint probablement encore – pour les plus vieux – à la X-Mansion.

Pour toute réponse, Qadir se redressa tant bien que mal dans la baignoire avant de se tordre dans tous les sens pour s’étirer du mieux qu’il put. Il redressa son regard vers Jane, et avec un sourire, il lui dit : « Toujours aussi belle au réveil. » De sa connerie, il éclata de nouveau de rire, avant de s’aider de ses deux bras pour se relever dans la baignoire. Il en sortit en frôlant son torse contre elle, visiblement taquin, avant de saisir son tee-shirt qu’il enfila rapidement. Il se frotta les yeux, laissant paraître des cicatrices encore ouvertes des coups de poings qu’il avait envoyé, avant de lui demander : « Tu regardes jamais les infos ? »

Qadir baîlla à s’en décrocher la mâchoire. Il se frotta l’arrière du crâne, avant de se diriger dans l’autre pièce où il alla se laisser tomber sur le lit défait de Jane. Un regard à gauche, un regard à droite, il n’y avait pas grand-chose dans sa chambre de personnelle. Rien d’aménager qui valait le coup d’œil. Un peu comme sa chambre à lui, sauf que dans celle de Jane, même les photos y étaient étrangères. Il sourit. Cela ne pouvait signifier qu’une chose à ses yeux, c’était qu’il avait du travail à faire avec elle pour l’aider à se sortir de tout ce noir qui lui servait de souvenirs. Finalement, il reprit, comme si la conversation n’avait pas connue de temps de pause :

« Y a eut une manifestation pro-mutante dans le Queens, cet après-midi. Je devais faire une course pour Saad quand j’étais appé par cette… Ce truc. Sans crier gare, d’un coup, une colère naquit en chacun de nous… Puis tout le monde se mit sur la gueule. On m’a mit un sacré coup sur l’arrière-du crâneIl frotta ses cheveux, et observa sa main pour y voir encore un peu de sang séchéet à partir de cet instant, tout est devenu incontrôlable. J’ai frappé autant que j’ai pu… Et avec mon pouvoir, ça donnait des trucs pas très propre… » L’image d’un type faisant un vol plané de bien cinquante mètres apparut devant ses yeux. « … Puis, j’ai fais la rencontre d’un mec qui… Je sais pas trop qui c’était, mais il avait l’impression d’être content de tout ce qui se passait. Il me voulait. Il me voulait parce que j’étais un mutant. Seulement, la colère avait commencé à s’apaiser… Et reprenant contrôle, j’l’ai juste envoyé planer avant de m’enfuir dès que j’ai pu. Ecoute, il se passe trop un truc de fou… ET j’ai tellement eut la frousse, que je voulais pas les amener à Saad… Tu sais, il est un peu vieux, et… Bref. »

Conclut-il, en se rendant compte qu’il aurait pu les mener chez Emma-Jane. Il eut une expression inquiète qui le fit se redresser pour aller regarder par la fenêtre pour y voir rien d’anormal pour le moment. Il soupira, avant de regarder Jane, et il lui dit : « Après les juifs, les noirs, les pédés, le terrorisme, faut maintenant qu’on s’en prenne aux mutants. Ca commence à me briser bien les couilles, si tu vois ce que je veux dire. »



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CHAPTER X.
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« Toujours aussi belle au réveil. »
« C’est ce qui s’appelle avoir un humour décapant. », répondit-elle sans rien montrer de l’effet de surprise qu’avait eu cette petite remarque.

Avec en culotte avec son t-shirt des stooges tout froissé et ses cheveux emmêlés, elle devait avoir tout sauf l’air d’une princesse Disney. Elle passa machinalement une main dans ses cheveux pour leur donner un semblant d’ordre tandis que Qadir s’extirpait de sa baignoire en se frottant quasiment à elle.

« Tu regardes jamais les infos ? »
« Y a d’autres moyens de se tenir informé mais si, au café le matin. Tu vas me parler des manifestations ? »

Ça ne lui disait pas vraiment ce qu’il faisait chez elle, la gueule à moitié en vrac pour autant. Jane n’avait pas de télé chez elle. Elle n’en était pas trop friande et n’y voyait qu’une utilité limitée sachant que presque tout se savait sur le net en premier.

Elle suivit du regard alors qu’il allait s’écrouler dans son lit à elle, dans la seule et unique autre pièce. Son appartement n’était pas plus grand qu’un dé à coudre, il s’en serait rendu compte. Une salle de bain ultra fonctionnelle avec néanmoins le petit luxe d’une baignoire et une pièce avec une kitchenette d’un côté séparée du reste de la pièce par une toute petite table qui n’avait d’ailleurs qu’une chaise sur deux et un lit de 120x190. Il y avait une cafetière. Un micro-onde. Dans les placards, une casserole, une poêle, trois assiettes, un grand mug et une petite tasse, cinq cuillères, quatre fourchettes, deux couteaux dont un pointu. L’ordinateur laissé par terre à côté du sac de Jane, juste assez de vêtements pour le placard intégré mais deux oreillers dans le lit. En bref, son appartement.

Elle tira la chaise pour s’asseoir pas trop loin (ça c’était pas difficile) de Qadir pendant qu’il lui expliquait le pourquoi du comment elle le retrouvait dans sa salle de bain en plein milieu de la nuit. Visiblement les manifestations avaient bien plus dégénéré que ce qui était revenu à ses oreilles. Cela ferait les gros titres le lendemain et probablement que les réseaux sociaux étaient déjà en ébullition. Jane n’était sur aucun réseau social ce qui expliquait en partie qu’elle n’ait rien su de plus que le commun des clients de son bar.

Elle sonda l’intérieur de son crâne pour voir s’il n’y avait rien d’inquiétant comme il lui disait avoir pris un sacré coup. Bien sûr elle ne l’avertit en rien de ce qu’elle faisait, il n’avait pas besoin de le savoir et la plupart des gens flippaient de savoir que d’une certaine façon, elle baladait sa conscience dans leurs veines, fût-ce pour leur bien.

« … j’ai tellement eut la frousse, que je voulais pas les amener à Saad… Tu sais, il est un peu vieux, et… Bref. », conclut-il.

Jane acquiesça. Cela faisait deux fois qu’il lui parlait de ce Saad, le gérant de l’horlogerie par déduction. C’était quelqu’un d’important pour Qadir même si Jane ne connaissait pas précisément la teneur de leur relation. Peut-être un lien de parenté mais elle n’en était pas certaine, d’autant qu’elle ne se rappelait pas avoir vu le vieux monsieur sur la vidéo du mariage de Qadir et Emma. Elle avisa son air inquiet comme il venait de comprendre que s’il n’avait pas traîné ce type louche chez Saad, il l’avait peut-être ramené chez elle. Ça n’était pas pour plaire à Jane qui n’aimait ni les nouvelles rencontres ni les surprises. Elle ne lui fit pourtant pas le blâme, le laissant jeter un œil à la fenêtre pour se tranquilliser tandis que, toujours à l’insu Qadir, elle faisait un check up à la recherche de la moindre hémorragie sournoisement dissimulée. L’horloger avait bien encaissé de toute évidence.

« Tu peux rester ici le temps que les choses se tassent pour toi. », concéda-t-elle sans oser vraiment sous-entendre que ça voulait dire partager le même lit parce qu’honnêtement, il était hors de question qu’elle dorme dans la baignoire même avec son gabarit moyen et elle n’était pas assez insensible pour lui proposer d’aller y finir sa nuit. En plus la salle de bain avait de sérieux problème d’humidité faute d’une aération digne de ce nom. « Le lit est pas très grand juste… » ajouta-t-elle histoire que les choses soient claires.




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Qadir sourit. Oh, il ne comptait pas rester ici des semaines, non. Il aimait affronter les choses comme elles lui arrivaient, mais il savait aussi que ça risquait de se tasser assez rapidement. Le simple fait qu’il ait prit le métro, qu’il ait changé de stations, et qu’il ait marché pendant quelques longues dizaines de minutes dans les rues de New-York avaient probablement suffit à les semer pour quelques semaines. Saad savait se défendre. Qadir en était persuadé pour l’avoir vu à l’œuvre, mais il n’aimait pas cette idée que de lui amener des emmerdes alors que le vieux palestinien l’en avait sorti en lui proposant ce taf, fait, tout simplement, sur mesure pour l’égyptien. Il sourit, ne disant trop rien, préférant la laisser continuer, en lui proposant de partager son lit. Un air taquin se dessina sur son visage doré, que l’on pouvait bien discerner grâce à la lumière de la rue.

« T’inquiète, t’auras juste à te mettre sur moi, on gagnera de la place, comme ça. » Il lui fit un clin d’œil entendu, avant de se tapoter le ventre, et d’ajouter : « Puis… Je suis douillé. » Il éclata tout bonnement de rire avant de venir s’asseoir à côté d’elle.  Son regard balaya alors l’ensemble de l’appartement. Il était petit. Très petit. A peine plus grand que sa propre chambre au dessus de la boutique de Saad. C’était quelque chose d’étrange, et connaissant un peu les aménagements fait dans le Bronx par la mairie de New-York, elle devait payer bien plus chère qu’un appartement du même style dans le Queens, par exemple. Le Bronx était un quartier fleurissant, désormais. Un peu comme Brooklyn.

Il n’y avait pas de télé, seulement un ordinateur, et deux, trois bricoles, ici et là. Qadir baîlla, avant de regarder Jane. « Tu n’as pas l’air d’y passer beaucoup de temps dans ton appart’. Il manque cruellement de vie. On dirait ma chambre. » Avoua-t-il, après quelques secondes de silences. Il sourit, avant de baîller de nouveau. Il devait être tard. Il plongea sa main dans sa poche pour en sortir son téléphone afin de regarder l’heure. Minuit était bien passé, désormais. Il se redressa, et lui demanda :  
« Dis-moi, si je me prends une douche, tu crois que tu pourrais me laver mes vêtements ? Tout ce sang-là… Des gens vont me poser des questions. Puis… Ça t’évitera de succomber à la tentation de venir me rejoindre sous la douche. »

A nouveau, une petite pique, et un de ces clins d’oeils mutin dont il avait le secret. Qadir n’attendit pas vraiment de réponses, et commença à se déshabiller tout en se dirigeant vers la salle de bain. Il posa le tee-shirt devant la porte, puis il poussa légèrement la porte derrière lui. On put le voir apparaître dans l’ouverture poser un jean, ses sous-vêtements et ses chausettes sur son tee-shirt. L’instant d’après, on entendait couler l’eau dans la baignoire. « Ouhou !  C’est froid, putain… » Fit-il, d’une voix un peu trop aïgue qui pourrait provoquer un rire chez Jane. Mais il n’y pensait pas. Déjà, l’eau chaude coulait, et un soupir de soulagement et d’apaisement se fit à peine entendre. Ses muscles quoiqu’un peu endoloris par tous ces événements passés et la fatigue, se détendirent doucement, alors qu’il fermait les yeux, tout en cherchant à tâtons ce qui pouvait ressembler à un savon.


Dernière édition par Qadir Al Mu'Tamid le Mer 6 Juil - 16:36, édité 1 fois
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CHAPTER X.
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Visiblement cela n’avait pas l’air de trop chagriner Qadir d’avoir à partager son lit avec… sa femme. Jane aurait largement pu s’en douter mais pour cela il aurait fallu qu’elle ait complètement accepté l’idée d’être Emma Hawkins Al Mu’Tamid (quelle idée d’avoir accolé ainsi tous ces noms ? il faudrait qu’elle lui pose la question à l’occasion).

« T’inquiète, t’auras juste à te mettre sur moi, on gagnera de la place, comme ça. », pour toute réponse, une moue entendue. Il ne fallait pas non plus la prendre pour l’ingénue du coin. Ce n’est que lorsqu’il lui assura qu’au vu de ses tablettes de chocolat fondues il ne pourrait que faire un matelas confortable qu’elle éclata de rire. C’était quoi ce type, sérieux ?

Il vint s’asseoir à côté d’elle, passant en revue – et ça ne lui prit pas bien longtemps – les possessions de Jane. Visiblement le style laissait à désirer. Il fallait dire que Jane ne s’était jamais trop intéresser à la déco des endroits où elle vivait. Si c’était pour recommencer à zéro à chaque fois, elle ne voyait pas l’intérêt. Et d’ailleurs, ça lui allait très bien comme ça, aussi impersonnel que fut le petit appartement. Elle se reconnaissait bien là-dedans.

Il demanda à prendre une douche – ce qu’elle ne pouvait décemment pas refuser, d’autant moins si elle devait passer la nuit à respirer son odeur, elle préférait que ce ne soit pas celle d’un fauve. Elle secoua la tête, sceptique mais toujours amusée, comme il insinuait que si elle ne se trouvait pas quelque chose à faire elle finirait par le rejoindre sous la douche. Dans un univers parallèle peut-être. Mais en y réfléchissant, c’était plutôt triste pour Qadir qu’elle ne le fasse pas. Lui, aurait probablement apprécié que sa femme le fasse. Simplement, Jane n’était pas la femme qu’il avait en tête. Elle voulait bien jouer le jeu mais il y avait des limites à tout.

« Oui vas-y j’t’en prie. Je vais voir ce que je peux faire pour tes fringues. »

De son propre avis, elle n’était pas blanchisseuse mais les tâches de sang ça la connaissait. Elle le laissa se retirer et récupéra le tas de fringues devant la porte de la salle de bain. Les souillures brunâtres ne lui opposèrent évidemment aucune résistance, se dissipant en une poudre fine qu’elle envoya se perdre dans l’évier en inox de la kitchenette. Allez savoir pourquoi après ça, comme pour être sûre, elle porta le t-shirt de Qadir sous son nez.

« POUAH ! C’est bon j’ai compris… »

Au même moment, lui se laissait surprendre par l’eau froide de la douche. Elle sourit mais ne fit pas de commentaire. Sans plus rien ajouter elle descendit au rez-de-chaussée faire tourner une machine en programme court…

Lorsque Jane remonta. Qadir était ressorti de la salle de bain. Elle le trouva tranquillement installé devant son ordinateur mais ne s’en formalisa pas plus que ça.

« J’te pose tes vêtements là. », offrit-elle en laissant une minuscule pile de linge propre soigneusement pliée sur la table.



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La douche lui fit le plus grand bien. Surtout après une journée pareille, avec un stress en dents de scie, et une adrénaline comme il n’avait plus ressenti couler dans ses veines depuis six ans. C’était quelque chose de vivifiant, il fallait se l’avouer, et quelque part, ça lui manquait. Ironie du sort, cela revenait au même moment où Emma-Jane revenait dans sa vie, lui rappelant non sans mal des souvenirs de sa vie passée en tant que X-Men. Il sourit. L’eau tiède lui caressait la peau, et même si désormais, il sentait cette odeur fruitée, quoique féminine, Qadir accueillait la vie à bras ouvert. Ce qui n’était pas arrivé depuis un moment. Un trop long moment, d’après Saad.

L’égyptien referma le robinet, avant de sortir de la douche. Une profonde inspiration, puis une expiration délicate, son corps devint vaporeux, au point de voir une flaque naître sous ses pieds en moins de temps qu’il ne me faut pour l’écrire. Lorsqu’il inspira de nouveau, Qadir était sec comme s’il s’apprêtait à prendre sa douche. Jamais, on ne l’aurait cru être passer sous l’eau, si ce n’était cette douce fragrance qui s’élevait de sa peau. Un regard sur ses mains avant d’attraper une serviette non loin de là qu’il noua en pagne autours de la taille, Qadir sortit de la salle de bain.

Emma-Jane n’était pas encore revenue. Il balaya une nouvelle fois la pièce de son regard tout en se grattant le torse de manière non-chalante, avant de voir l’ordinateur de sa femme. Plus pour s’occuper en l’attendant qu’autre chose, il se dirigea dessus et l’alluma. Ses pensées revenaient doucement vers ce qui s’était passé cette après-midi tandis que l’ordinateur s’allumait. Tout ce qui semblait se passer à l’heure actuelle n’annonçait rien de bon pour les mutants dans un proche avenir. Il le sentait. Il avait trop souvent vécu des situations de ce genre pour se douter quelque chose de pas rond arrivait à grand pas pour tout fracasser sur son passage.

Quelque part, une envie de rejoindre les X-Men se fit de nouveau sentir au fond de lui. Mais il y avait cette tête de tout à l’heure-là… Ce mec qui le voulait lui… Ca lui faisait froid dans le dos, et en même temps, ça lui faisait ressentir une espèce de rage comme il n’avait encore jamais connu jusqu’alors. Il était un mutant, pas un monstre. Il était avec un gène X, une avancée sur d’autres humains, comme certains avaient les yeux verrons. Ca l’énervait. Il n’était pas une chose que l’on pouvait se targuer d’avoir comme s’il s’agissait d’un rat de laboratoire. Et même si ses parents l’avaient éduqué pour passer au dessus de ça, tout ce qui se passait à l’heure d’aujourd’hui, ça ne suffisait plus.

Il en vint même à penser à Magneto et la Confrérie. Peut-être que c’était eux qui avaient raison sur la réelle nature humaine. Peut-être que Xavier était un utopiste optimiste et qu’à cause de cela, ils allaient les mener vers leurs fins à tous ? Il n’en savait trop rien. La science était du côté des mutants pourtant. Il soupira. Tout ceci lui faisait mal à la tête, et lorsque l’ordinateur finit son démarrage et qu’il vit le bureau d’Emma-Jane, cela suffit pour lui changer les esprits.

Alors qu’il cherchait l’icône d’un potentiel navigateur de recherches avec lequel il comptait se rendre sur sa page facebook, il tomba sur un dossier portant son nom. Ses yeux s’ouvrirent comme des soucoupes. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Sans réfléchir, il double-cliqua dessus pour l’ouvrir, et aussitôt, divers documents, photos et textes apparurent. Elle avait fait des recherches sur lui.

Complètement absorbé par ça, Qadir ne l’entendit pas revenir dans la pièce. Aussitôt, il sursauta, refermant l’ordinateur comme un enfant prit la main dans le sac. Son regard était indescriptible. Il se sentait blessé, mais n’osait trop rien dire, puisqu’il l’avait appris d’une façon malhonnête. Mais en même temps…

« Merci pour la lessive. » Il ne bougea pas. Il n’y arrivait tout simplement ça. Tout son esprit, tout son corps semblait ne pas pouvoir bouger tant il restait bloquer sur ce qu’il venait de voir. Finalement, Qadir se jeta dans le grand bain, et lui demanda, quoiqu’un peu abruptement :
« Pourquoi t’as un dossier sur moi, Jane ? »


Dernière édition par Qadir Al Mu'Tamid le Jeu 30 Juin - 3:55, édité 1 fois
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CHAPTER X.
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La réaction de Qadir quand elle le surprit sur son ordinateur était presque drôle. Ça l’aurait probablement été pour quelqu’un de moins méfiant que Jane. Elle arqua un sourcil, scrutant le moindre petit signe de culpabilité tandis qu’il la remerciait pour le linge.

« Tu m’espionnes ? », interrogea-t-elle.

Son ton appelait une réponse franche même si elle ne semblait pas se préparer pour quelques représailles que ce soit. Il n’y avait rien de bien intéressant à espionner dans son ordinateur. Comme tout le reste de sa vie, ce disque dur ne pesait pas bien lourd.

« Pourquoi t’as un dossier sur moi, Jane ? »

Elle laissa passer un silence avant d’aller s’asseoir sur le lit faute d’une deuxième chaise pour s’installer à côté ou en face de lui. La question qu’il venait de lui poser ne semblait pas l’avoir déstabilisée le moins du monde.

« J’avais besoin de savoir qui tu étais. Objectivement. », précisa-t-elle pour disqualifier toute opposition qu’il aurait pu lui faire en lui faisant remarquer qu’elle n’aurait eu qu’à lui poser toutes les questions qu’elle voulait, « Il y a très peu de choses dont je suis sûre dans ma vie. Ne le prends pas pour toi Qadir mais j’avais besoin de vérifier tout ça. »

Elle avait vérifié ce qu’elle avait à vérifier et c’était bel et bien parce que ce qu’elle avait trouvé collé en tout point à ce qu’il lui avait dit qu’elle était revenue à l’horlogerie. Au moindre mensonge, elle se serait probablement interrogée sur les réelles intentions de l’égyptien et son instinct l’aurait poussé à disparaître à nouveau. Volontairement cette fois. S’il y avait un art dans lequel elle était passée maître maintenant c’était bien celui de la disparition.

« Si ça peut te rassurer je n’ai pas eu fouiner plus que ça. Ta vie entière ou presque est sur google. Tu devrais faire gaffe, surtout par les temps qui courent. », un conseil avisé qu’Emma avait largement dispensé à Qadir de son vivant. Mais cela, Jane l’ignorait évidemment. Elle ne savait pas comment il allait décider de prendre tout ça. Probablement mal. Mais dans tous les cas, elle, ne cherchait pas à se cacher de quoique ce soit. « J’en ai un aussi sur Emma de dossier… », ajouta-t-elle en lui prenant la souris doucement des mains pour double-cliquer sur un deuxième dossier qu’elle n’avait pris le temps de nommer.

Là aussi, des informations sur Emma Hawkins, discrète mais visiblement appréciée pensionnaire de l’institut Xavier. Il y avait tout de même beaucoup d’information que sur Qadir, signe que son épouse devait se montrer beaucoup plus vigilante quant à ce qu’elle publiait et laissait publier d’elle sur la toile.

« Tu trouveras pas grand-chose dans mon ordinateur si c’est ce que tu voulais… enfin si… mes papiers et mes infos de profil sur WorkForce1 1. Je suis pas sûre que ce soit bien intéressant mais j’ai rien à cacher. Fais toi plaisir. », ajouta-t-elle d’un ton complètement détaché.

Un bâillement, qu’elle cacha poliment derrière sa main, lui décrocha littéralement la mâchoire.

« Ca te dérange si je me mets au lit ? On peut continuer à discuter, je m’endormirai pas tout de suite. »

Surtout, elle ne s’endormirait pas avec la lumière de toute façon, mais ça, elle ne le lui dit pas pour ne pas le mettre mal à l’aise.


1 équivalent américain de Pôle Emploi.


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Emma-Jane avait besoin de savoir qui il était. Qadir ne dit rien, mais ce fut comme une attaque au coup de couteau, directement portée entre les omoplates. La douleur fut violente, mais il encaissa sans rien dire. Il ne pouvait rien dire, parce qu’il savait qu’elle ne se souvenait plus de lui, ni de tout ce qu’elle avait vécu avant ce terrible accident. Maudit Phoenix. Qadir se mâchouilla la joue, tandis qu’elle continuait de s’expliquer. Il ne savait pas quoi dire, alors il la laissa continuer, pansant ses blessures silencieusement.

La perspective d’avoir sa vie d’avant sur Internet l’emmerda tout d’un coup. Avant, il s’en fichait. Mais depuis sa rencontre de cet après-midi, c’était différent. Elle lui montra le dossier d’Emma, qu’il regarda d’un air absent. Ses pensées étaient prises dans une tempête, et il parvenait difficilement à en faire le tri. Il posa à plusieurs reprises son regard sur elle, s’attendant à ce qu’elle fasse quelque chose comme le frapper avec, ou un truc comme ça, mais elle n’en fit rien, dévoilant le reste de ses documents officiels et important pour qu’il n’ait plus de questions.

Il lui prit la souis des mains, toujours sans rien dire, et lança google dans lequel il rechercha, de mémoire, son blog, son facebook et son twitter. Rapidement, il entreprit à supprimer tout cela, sans s’expliquer. La douleur était vive, mais il ne pouvait se résoudre à lui en parler. Ils avaient déjà eut, à quelque chose près cette discussion, cela ne servirait à rien que d’en reparler. Il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, et Qadir n’aimait pas vraiment revenir sur ce genre de discussions pour le simple plaisir de parler cicatrices, et de voir à qui cela faisait le plus mal : Elle ou lui. Lui, bien sûr. C’était perdu d’avances.  Elle était amnésique.

Jane s’était allongée à côté de lui. Il resta quelques instants assis après avoir éteint l’ordinateur qu’il alla poser non loin d’eux. Il alla vers ses vêtements pour prendre son caleçon qu’il mit après avoir jeté la serviette à ses pieds. Pour lui, la nudité n’était rien à côté d’elle, car elle était toujours sa femme, bien que ce ne soit plus que physiquement. Qadir se retourna ensuite, puis il vint se coller contre elle, se mettant alors sur le côté pour mieux l’observer à la lumière des réverbères de la rue.

Elle était toujours aussi belle, et la voir ainsi le calma. La tempête passa, et un sourire vint de nouveau éclairer son visage doré. « C’est compliqué, Jane. » Il l’observa un temps, à se demander s’il voyait sa femme, ou s’il voyait Jane. Il ne savait répondre à cette question. Il connaissait son corps, il pourrait la reconnaître les yeux fermés, uniquement de ses mains. Mas son esprit était endommagé, elle n’était plus la même. Six années s’étaient écoulés, et elle était plus Jane que Emma. Elle n’arrivait pas à se souvenir de quoique ce soit, mais le fait qu’elle fasse des recherches, et qu’elle soit revenue indiquer qu’elle y croyait désormais. Ce n’était peut-être pas avoué, mais son subconscient avait entendu l’appel qu’il lui avait fait, il y a de cela bientôt deux mois environ.

Qadir posa sa tête contre son épaule. Le désir vint en lui aussi vite qu’il l’avait abandonné. Il sentait le creux de ses reins s’enflammaient sans qu’il ne puisse rien y faire. La chaleur s’empara de lui, et rapidement, sa virilité se tendit dans son caleçon sans crier gare. Lorsqu’il comprit qu’elle avait probablement dû sentir son muscle se durcir, il eut un petit rire amusé. « C’est pas la télécommande… » Il frôla sa peau blanche et douce avec sa barbe noire et mal rasé. « Mais je ne suis pas désolé… Jane. » Ajouta-t-il, à la fin, comme pour lui faire comprendre qu’il était désormais convaincu n’avoir à faire qu’à Jane, et qu’Emma n’était plus qu’un souvenir.

A expliquer, c’était bien plus compliqué que cela. Il savait que sa femme était toujours là, enfermée dans les ténèbres d’un passé désormais lointain, mais Jane était là maintenant. Il ne savait si c’était purement physique, ou si c’était parce que, finalement, il aimait comme si c’était la continuité de son amour qu’il avait porté à sa femme. Ce n’était pas un transfert à proprement parlé. Qadir eut un soupir de désir, avant d’ajouter un : « Désolé.  Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. »
Le désir lui brûlait l’intérieur, mais il n’osa rien faire. Il en avait envie, mais elle, probablement que non. Alors, il se tourna de l’autre côté, ses hormones en furie.

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CHAPTER X.
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Elle ne parvint pas à rattraper le coup. Malgré les efforts qu’il faisait pour prendre l’air de rien elle le voyait bien. Elle n’était pas désolée pour autant. Quel autre moyen que de faire des recherches avait-elle pour valider des certitudes ? Pour l’instant aucun autre qu’elle connaisse. Son psy lui avait demandé si elle avait déjà pensé à prendre des photos des personnes qui lui paraissaient importantes et de les annoter. Sur le moment elle avait trouvé ça ridicule mais à l’instant elle aurait presqu’eu envie de prendre une photo de Qadir. Juste pour être sûre.

Après ça il ne tarda plus à la rejoindre dans le lit. Bien sûr ce qui allait du naturel pour lui fût une surprise des plus embarrassantes pour elle. Non pas parce qu’elle était prude mais surtout parce qu’elle ne s’était pas attendu à un spectacle de chippendale, si bref fût-il. Pendant une seconde elle se demanda si elle devait regarder ou non. Le temps qu’elle se décide, le strip-tease était terminé et elle n’en avait pas manqué une miette. Ça n’avait l’air de choquer Qadir qui vint se trouver une place dans le lit. Jane tendit la main pour éteindre la lumière juste comme elle sentait le rouge lui monter aux joues comme une gamine. Ce n’était pas l’effet à retardement du petit divertissement sexy auquel elle avait eu droit mais plus qu’elle ne savait plus quelle attitude tenir avec Qadir du coup. Faire comme si de rien était ? mais qui allait croire qu’elle n’avait pas regardé. Ou simplement ne pas aborder le sujet. Pendant qu’elle se décidait entre ces deux options, lui s’était callé sur le côté pour l’observer à la faveur de la lumière des réverbères.

« C’est compliqué, Jane. »
« Je sais. J’aimerai que ce le soit moins. Vraiment. », répondit-elle à mi-voix.

Au bout d’un moment, Jane ferma les yeux, sentant le sommeil lui tomber dessus. Qadir se rapprocha d’elle, posant sa tête contre son épaule. Elle sentait la caresse de sa barbe contre sa peau. C’en était fini de toute forme de somnolence. Son corps s’était déjà mis au diapason de ce que celui des envies que celui de Qadir n’avait pas fini d’affermir.

« C’est pas la télécommande… » , précisa-t-il en commençant à véritablement la caresser de son menton.
« Je sais. J’ai pas de télécommande. », répondit-elle pour plaisanter sans pour autant rien chercher à interrompre.

Elle sentait le picotement de sa barbe sous le bout de ses doigts, comme une chatouille. Lui, se montrait sûr de lui. Jane n’en était pas si sûre à sa place mais la question n’arrivait pas à franchir ses lèvres parce que plus que la raison, c’était cette sensation de fourmillement entre ses cuisses qui prenaient les décisions à sa place. Est-ce que c’est bien Jane que tu veux Qadir ? Elle ne lui demanda pas confirmation, sans doute qu’elle ruminerait de ne pas l’avoir fait plus tard quand ses bas instincts se seraient rendormis. Ou pas.

« Désolé. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. »

Ils allaient bien dormir après cette douche froide c’était sûr. Jane sentit la barbe de Qadir échapper au bout de ses doigts mais elle ne fit rien pour le retenir. Elle laissa passer un long silence, temps de pause nécessaire pour que l’excitation retombe complètement.

« Tu culpabilises à cause d’Emma ? », demanda-t-elle finalement avec cette drôle de sensation que parler d’Emma à la troisième personne était complètement con. En même temps comment le tourner autrement. Il y avait toutes les chances que ce soit ce qu’il ressentait. Elle ne lui en voulait pas.




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« I KEEP YOUR PHOTOGRAPH, I KNOW IT SERVES ME WELL. »

Ce désir brûlant lui prenait les entrailles pour les tordre dans tous les sens. Il se sentait comme oppressé, et ses mains prenaient machinalement le chemin de son bassin, les enfonçant dans son caleçon pour frôler son sexe partagée entre l’idée de la toucher et de lui faire l’amour, ou de faire partir cette pulsion qui embrasait l’intégralité de son corps. Dans la nuit sombre, seulement éclairée par le réverbère non loin de sa fenêtre, les yeux de Qadir brûlaient d’une flamme intense, et dévorante.

L’égyptien n’arrivait pas à lutter. Son corps ne demandait que de la chair, et peut-être même son cœur aussi, car il ne cessait de revoir, par flash, certains souvenirs de leurs ébats passés, allant jusqu’à se souvenir du goût sucré de sa peau, des endroits qui la faisaient frémir, et de ce qu’il lui faisait, lui, sous ses dehors de nounours. Il se mordit la lèvre, entendant la voix d’Emma, comme si elle fut un étage en dessous, tant son désir lui assourdissait les oreilles. Ses sens ne réclamaient que du sexe, et la passion qu’il avait pour Emma attisait tout cela comme un vent sur un incendie déjà bien violent.

Qadir soupira, avant de se retourner sans s’en rendre réellement compte. Il leva machinalement ses mains à la hauteur du visage de Jane avant d’approcher doucement le sien, jusqu’à lui caresser le bout du nez avec le sien. Il resta figé ainsi, partageant uniquement son souffle avec elle, les yeux brûlant de désir, tandis que sa virilité ne faiblissait pas dans son caleçon, bien au contraire.

« Pourquoi je culpabiliserais ? Même si tu ne t’en souviens pas, tu es toujours Emma, Jane, et… » Il approcha légèrement ses lèvres, frôlant celle de Jane, avec l’envie de lui mettre le feu, de lui allumer la même flamme qu’il ne parvenait plus à contrôler. « Je t’ai dis oui jusqu’à ce que la mort ne nous sépare… » Qadir déposa ses lèvres, sur celle de Jane, avec douceur, comme s’il prenait la température de l’eau avant de s’y plonger, et il rajouta : « … Pour le meilleur et pour le pire… »

A nouveau, il l’embrassa, glissant délicatement ses mains sur le cou de Jane, puis sur sa poitrine, caressant du bout des doigts ses seins malgré son tee-shirt, avant d’effleurer son bas-ventre. Qadir eut un léger sourire, tandis que sa respiration s’accélérait violemment. Il posa ses mains sur l’élastique de son caleçon, et le retira en rendant son corps vaporeux. Pour la blague, même vaporeux, son sexe n’en restait pas moins dur. Il le posa derrière lui, sans se soucier qu’il tomba au sol. Son corps reprit sa contenance, tandis qu’il se rapprochait un peu plus d’elle.

Aucune pensée ne devait être dite car, trop obscène. Mais elles coulaient de sources, face à pareille situation. Il la désirait ardemment, et elle le savait, car il s’était approché suffisamment pour qu’elle sente sa virilité contre elle. Il rapprocha de nouveau son visage près d’elle, et rajouta, comme s’il n’avait jamais terminé sa phrase : « … Jane… »

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CHAPTER X.
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Elle le sentit un instant se refermer. C’était suffisant pour qu’elle n’insiste pas. De toute évidence, Qadir n’était pas prêt à passer à autre chose. Peut-être ne le serait-il jamais ? Peut-être tout simplement pas avec elle ? C’était un peu comme se sentir coupable d’en désirer une autre et savoir que quelque part, même si Emma lui restait totalement inaccessible, elle allait le regarder faire au travers des yeux de Jane. Du moins c’était ce que Jane imaginait dans la tête de Qadir. Elle finit par rompre le silence pour essayer de l’atteindre et le mettre à l’aise. La réponse qu’il lui fit avait de quoi surprendre. Il se tourna à nouveau vers elle, finalement résolu à ses premiers projets. Elle ne pouvait pas en douter à la façon dont il la regardait, presque front contre front, à boire son souffle presque à la naissance de ses lèvres. Pour autant, elle, ne se laissa pas si facilement replonger. Elle attendrait ce moment où dans son regard ou sur sa bouche déjà avide de caresses, elle pourrait lire avec certitude qu’il la voulait elle, Jane. Pas par pur orgueil, mais parce qu’elle ne voulait pas se réveiller le lendemain matin sur l’épaule d’un Qadir rongé par la culpabilité.

« Pourquoi je culpabiliserais ? Même si tu ne t’en souviens pas, tu es toujours Emma, Jane, et… », cela ne fit rien pour la convaincre de succomber. Jane se tendit imperceptiblement alors que Qadir venait plus à la rencontre de ses lèvres, sans encore vraiment l’embrasser.

Il continuait de l’assurer de toutes ces promesses qu’il avait faites à son Emma devant l’autel. Mais, si elle trouvait évidemment l’amour de Qadir pour Emma touchant, il n’avait absolument rien pour lui rendre ses ardeurs passées de quelques minutes auparavant. On ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir besoin de se sentir désirer pour elle. Pourtant elle ne le repoussa pas tout de suite, le laissant couler son corps nu contre le sien, l’amadouer de ses caresses, la manger sans encore la dévêtir.

 « … Jane… »

C’était le seul mot d’amour dont elle avait besoin pour la convaincre de laisser tomber les barrières. A peine l’eut-il prononcé qu’elle prit son visage entre ses mains pour lui rendre son baiser sans retenue. Alors penchée au-dessus de lui, accordant sans le vouloir leurs deux pouls, alors qu’ils pulsaient d’une même fougue tout à coup, elle se débarrassa négligemment des deux seuls vêtements qui interdisaient encore à leur corps de s’épouser. Elle n’eut aucun mal à l’attirait encore contre ses lèvres alors qu’à califourchon sur lui, elle rattrapait les lacunes qu’elle avait sur la connaissance intime de leur couple. Car à cet instant, entre deux soupirs, ils sont à nouveau ce un si précieux aux yeux de Qadir. Même Jane le sait au fond d’elle. Elle crève de sentir sa peau contre le sienne encore et encore. Elle le veut plus doux. Plus fort. Toujours plus contre elle. En elle. Et c’est une urgence qui se communique dans la façon dont elle le serre contre elle. Avec amour finalement même si c’est plus spontané que sciemment donné.



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Lorsque Qadir se réveilla au petit matin, un sourire flottait sur son visage, tandis que son regard se posait machinalement sur la chevelure d’Emma-Jane. Cela faisait six longues années que cela n’était pas arrivé, et le bonheur dans lequel il semblait être immergé lui faisait oublier tout ce qu’il s’était passé dernièrement et au cours de ses six longues années. Il ne pensait pas, se laissant juste porter par ce flot d’émotions dans lequel il semblait flotter, se laissant uniquement guider par ce sentiment de plénitude, comme s’il était allongé sur un sable find, après une longue baignade sous un soleil torride. Ce genre de fatigue et de joie qui vous laissait rêveur, vous menant sur la passerelle qui séparait la réalité et les rêves en flânant paisiblement sans faire attention au temps qui passait.

Qadir finit par se défaire doucement de l’étreinte de Jane, avant d’aller se rendre dans la salle de bain pour se mettre un coup d’eau. A nouveau, il se sécha comme la veille, laissant une mare devant la baignoire. Il finit par s’habiller, puis, il sortit de la chambre pour se rendre en ville.

New-York n’avait pas changé entre hier, et aujourd’hui, si ce n’était peut-être les ordures qui s’étaient entassés entre les immeubles. Mais pour Qadir, c’était une nouvelle ville. Tout semblait magnifique, comme si on avait embellit chaque détail de cette ville exprésemment pour lui tant il était heureux et ne voyait que la beauté du lieu. Il se surprit même à chantonner, en se rendant au Starbuck du quoi pour y passer commande afin de rameuner le petit déjeuner chez Emma-Jane. Deux, trois courses de faites, il revint une vingtaine de minutes plus tard, Emma-Jane étant toujours dans son lit. Il posa ce qu’il venait d’acheter sur la table – Deux cafés (celui que Emma aimait sans se demander si ses goûts avaient changé) ainsi que des viennoiseries imitations françaises – avant de retirer ses chaussures et ses chaussettes.

Il vint la rejoindre, grimpant sur le lit avec une allure féline, puis, il vint nicher son nez oriental dans le cou de la jolie blonde, avant de lui embrasser la peau pour la sortir de ses rêveries. Il ne savait pas trop pourquoi, ni ce qu’ils comptaient faire de la journée, mais il voulait juste la réveiller pour la voir un peu. Et ce n’était pas ce qu’il trouverait dans son appartement, si ce n’est son ordinateur, qui pourrait l’occuper le tant qu’elle se réveille. Il n’y avait rien. Similaire à une de ces chambres d’étudiants qu’on vous mettait à disposition lorsque vous aménagiez sur le campus d’une université lambda.

Qadir n’avait pas pensé à ce qui c’était passé la veille encore, et il n’y penserait probablement pas avant un bon moment. Il voulait juste passer du temps avec elle, avec cette curieuse impression d’avoir retrouvé sa femme, avant qu’elle-même n’est retrouvée son passé, sa mémoire, toute sa personnalité et ses rêves.

Qadir se recula, avant de s’asseoir à côté d’elle, lui caressant les cheveux doucement. Au dehors, on entendait de nouveau la circulation new-yorkaise, et l’activité intense de cette grande mégalopole qui ne trouvait jamais réellement le sommeil. « J’ai amené le petite déjeuné, Jane. Debout ! » Il était trop impatient de passer du temps avec elle, pour attendre qu'elle n'émerge d'elle-même de son voyage dans les bras de Morphée. Il était comme un enfant un matin de noël.

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CHAPTER X.
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S’endormir avec ce sentiment de soulagement et dormir d’un sommeil sans rêve. Une chose qui ne lui était encore pas arrivée. Mais cette nuit-là, alors qu’il la quittait en douceur et qu’elle suppliait silencieusement qu’il ne s’arrête jamais, Jane se sentit s’abandonner contre l’épaule de Qadir, bercée par le ressac tranquille de sa respiration. Elle dormait si bien qu’elle ne sentit pas son regard sur elle au matin, elle ne broncha même pas quand il se glissa hors du lit pour aller prendre une douche et sortir en ville. Comme si cette partie d’elle qui était toujours en alerte d’ordinaire s’était momentanément endormie elle aussi, laissant derrière elle la simple esquisse d’un sourire sur les lèvres de la blonde.

« J’ai amené le petit déjeuner, Jane. Debout ! »
« Mh ? » Elle plissa les yeux pour leur laisser le temps de s’habituer à la lumière, lovant sans le vouloir son visage un peu plus dans cette main qui en dessinait le contour, « C’est quelle heure ? », demanda-t-elle d’une voix encore pleine de sommeil tout en se redressant avec la ferme intention de se lever.

Même sans savoir l’heure, elle savait qu’il était beaucoup trop tard. L’épicier en bas de la rue était déjà ouvert et la rue pleine de monde. Rapidement, elle essaya de remettre un semblant d’ordre dans sa crinière blonde avant de poser réellement les yeux sur lui. Il avait cet air d’homme le plus heureux du monde qui faisait bon regarder et qui la mettait un peu mal à l’aise en même temps. A peine.

« Est-ce que ça te dérange si je vais prendre une douche avant ? J’en ai vraiment pour cinq minutes… », répondit-elle en se levant sans pouvoir s’empêcher de caresser sa barbe au passage.

C’était à la fois plus facile qu’un baiser – dont il avait certainement autant envie qu’elle – et tellement plus addictif. Elle sourit puis fila à la salle de bain. Il y eut un petit silence suivi d’un éclat de voix :

« Putain ! Qadir !! »

Cela venait du cœur. Jane venait de mettre les pieds dans une flaque d’eau digne d’une piscine. Bouche bée, les orteils faisant déjà trempette, elle était restée con, trop habituée à l’ordre routinier auquel l’avait habituée cet appartement minuscule. Elle ne précisa pas ce qu’elle avait voulu dire par ce Putain ! Qadir !!, passant un coup de serpillière avant de prendre à son tour sa douche (sans en foutre partout, ça n’était pas bien compliqué non ?).

Elle ne tarda pas à la rejoindre après ça, le gratifiant d’un petit regard entendu pour la flaque dans la salle de bain avant de prendre le café qu’il avait ramené pour elle. Elle trempa ses lèvres dedans sa le quitter des yeux.

« Au fait, comment t’as su que je vivais ici ? », demanda-t-elle sans aucune arrière-pensée.

Elle avait pensé à lui poser la question la veille et puis – allez savoir comment – ça lui était complètement sorti de la tête.


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