riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Did you know ?
Yes.

Les doigts de Reyhan tremblent. Elle commence à écrire WHY ? mais elle s’arrête, avant de l’envoyer. Elle ne veut pas de ses explications comme ça, par ordinateur, alors qu’Esfir est à l’autre bout du monde. Alors qu’elle n’est pas en face d’elle, où elle peut lui arracher les yeux.
I’m sorry.
La jeune femme serre les dents et envoie voler l’ordinateur portable à l’autre bout de la pièce. L’appareil s’écrase contre le mur et retombe lourdement. L’écran se fissure, des touches du clavier sautent. Elle a une sœur. Elle qui n’a jamais été personne, qui n’a jamais eu personne, elle a une sœur. Une jumelle. Une sœur qui s’appelle Louisa, qui a un joli sourire, une belle famille, une sœur qui mène une vie de rêve. Une actrice. Célèbre, aimée, riche. Esfir savait. Elle a affirmé à leurs supérieurs qu’elle n’en avait aucune idée, qu’elle n’avait trouvé que Reyhan. Mais elle savait. Depuis tout ce temps, elle l’a toujours su. Pourquoi elle ? Pourquoi pas Louisa ? Elle veut savoir. Reyhan meurt d’envie de sauter dans le premier avion pour rejoindre Esfir et connaître la vérité. Mais elle ne peut pas, elle ne peut qu’attendre qu’elle revienne à New-York. Elle a envie de fracasser tout ce qui l’entoure. Chaque meuble de la jolie chambre que Theodor lui a donnée. Chaque chose qu’elle a si durement gagné, qu’elle ne pensait pas obtenir un jour.
Elle serre les poings, inspire profondément. Elle entend une porte s’ouvrir dans le couloir et se fige brusquement. Sevastian. Alors elle fait volte-face, sort de sa chambre et l’attrape par le bras avant même qu’il puisse dire quoi que ce soit. Elle l’entraîne au rez-de-chaussée et il ne pose pas de questions, il sait où elle l’emmène. Une fois arrivés dans la pièce que Theodore les laisse utiliser pour s’entraîner, la jeune femme retire son pull et le jette dans un coin. Elle ne laisse pas le temps à Sevastian de se mettre en place, déjà, elle se jette sur lui pour le frapper.

Il pare le coup avec son avant-bras et elle enchaîne. Elle s’est démenée toute sa vie pour en arriver là. Elle s’est entraînée comme une folle, pour atteindre ce niveau. Elle a subi les expériences, la torture, les humiliations. Elle a mené des centaines de mission à bien, pour être enfin reconnue par ses supérieurs. Sevastian et elle ont survécu. On n’a jamais cessé de les rabaisser, de les traiter comme des moins que rien, mais ils ont survécu et ils en sont là parce qu’ils n’ont jamais cessé de se battre pour avoir une existence décente. Et elle, Louisa, elle mène cette existence parfaite, avec sa famille parfaite, ses amis parfaits. Elle a envie de la tuer. Non, ce n’est pas suffisant. Elle veut qu’elle souffre autant qu’elle a souffert. Que son petit monde s’effondre, qu’il ne reste rien que des cendres.
Elle n’est pas suffisamment concentré, alors elle ne parvient pas à esquiver le coup de Sevastian qui l’atteint à l’estomac. Elle se plie en deux, le souffle coupé, mais il l’attrape aussitôt et se glisse dans son dos. Il referme son bras autour de sa gorge et serre, l’empêchant de respirer. « You’re slow, » qu’il marmonne, déçu. Elle pousse un grondement rageur et donne un grand coup de tête en arrière, son crâne entre en contact avec le nez de Sevastian qui lâche un grognement de douleur et la relâche. Quand elle se retourne, elle constate que du sang s’écoule de son nez et esquisse un sourire carnassier.

« Shut up, » répond-elle durement. Elle se remet en position et recommence à l’attaquer. Les coups s’enchaînent, mais elle n’arrive pas à prendre le dessus. Elle n’arrive pas à garder son esprit concentré sur leur combat. Reyhan ne pense qu’à Louisa. Louisa et son joli sourire, ses yeux qui brillent. Le coup l’atteint en plein visage et c’est à son tour de saigner du nez. Elle titube et se retient à peine de s’écrouler, un peu sonnée. « Okay, that’s enough, » fait Sevastian, les sourcils froncés. Il a l’air inquiet, il baisse les poings. Alors elle se jette sur lui, mais il lui attrape les avant-bras et la retourne au sol, sans peine. Son dos entre brutalement en contact avec le matelas et il s’accroupit, plaquant un genou contre sa gorge, pour l’immobiliser. « What’s wrong ? » demande-t-il et elle se débat, mais sa poigne est incapable. « Nothing ! » s’écrie-t-elle. Elle a du mal de respirer, les larmes lui montent aux yeux. « Let me go ! » crache-t-elle. Il soupire, retire son genou, mais ne la lâche pas pour autant.
« She lied to me ! » elle hurle d’une voix rauque. « She fucking lied to me ! » elle libère ses poignets de la prise de Sevastian et frappe son torse, mais elle n’y met pas assez de conviction, il encaisse sans broncher. « I’m going to hurt her, » siffle-t-elle entre ses dents. « I’m going to hurt her so much she’ll regret that Esfir did not kill her. Sev, I want to hurt her, I— » Elle arrête de le frapper, ses mains tremblantes se glissent dans la nuque de Sevastian et attrapent ses cheveux. « Help me, Sev, help me, please, » murmure-t-elle d’une voix faible. Elle souffre. Elle est à l’agonie. Seuls les cris et les larmes de Louisa calmeront sa peine.

Riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Un bruit sourd de l'autre côté du mur résonna dans la chambre de Sevastian qui se réveilla en sursaut, le faisant se redresser brusquement sur son lit. Il poussa un juron et se laissa retomber sur le matelas en lâchant un grognement tout en portant ses mains à son visage. C'était Reyhan. C'était évident que c'était elle, le bruit venait de sa chambre qui se trouvait juste à côté de la sienne.
Il se redressa péniblement sur son lit et traîna des pieds jusqu'à la porte de sa chambre pour l'ouvrir et se retrouva dans le couloir. Il s'étira longuement et commença à se diriger vers la chambre de la jeune femme, prêt à lui dire de baisser le volume mais elle fut plus rapide et sortit en trombe de sa chambre, le saisissant par le bras sans qu'il n'ait le temps de réagir pour l’entraîner à sa suite.
Il tenta bien de montrer sa désapprobation en grommelant un « Rey. What the f... » Mais fut coupé par l'impulsion de la jeune femme.

Il la suivit sans rechigner jusqu'à la salle d’entraînement improvisée que Leonhard leur avait laissé et soupira bruyamment une fois arrivé à destination en voyant Reyhan retirer son pull pour le jeter au loin.
Il avait beau connaître la jeune femme depuis toujours et être habitué aux méthodes qu'elle employait pour se calmer, il avait toujours du mal avec ses entraînements surprises. D'autant plus qu'il venait juste de se lever après qu'elle l'ait réveillé...

Il n'eut pas le temps de se mettre en position qu'elle se jetait déjà sur lui, le forçant à parer son coup avec son avant bras.
Ouais, elle était vraiment furieuse et c'était la première fois qu'il la voyait dans un tel état de rage.  
Les coups s’enchaînèrent entre les deux agents jusqu'à ce qu'il ne parvienne à atteindre Reyhan à l'estomac, l'immobilisant, et il en profita pour passer dans son dos et glisser son bras sous sa gorge, la serrant tout en marmonnant un « You’re slow, » Non, quelque chose clochait. Il parvenait à lire ses mouvements bien trop facilement alors qu'elle prenait toujours le dessus sur lui dans leurs entraînements.

Rey poussa un grondement de rage et assena un puissant coup de tête en arrière pour se dégager de la prise de Sevastian. Il poussa un grognement sonore en sentant son nez craquer sous l'impact, suivit rapidement par une douleur aiguë et la libéra tout en se reculant, portant sa main à son visage et poussa un nouveau grognement en réalisant qu'elle était en sang.
« Shut up, » Sevastian secoua la tête pour essayer de retrouver ses esprits et eut à peine le temps de se remettre en position défensive qu'elle recommençait à l'attaquer.

Ils reprirent leurs échangent, le combat s'équilibrant un peu plus jusqu'à ce que Sevastian n'atteigne Reyhan au visage. Les sourcils du brun se froncèrent en sentant le nez de la jeune femme craquer sous ses doigts et il lâcha un « Okay, that’s enough, » En voyant en Reyhan tituber et manquer de tomber au sol. Ça n'allait pas. C'était bien la première fois qu'il parvenait à dominer aussi aisément Reyhan et l'état de rage dans lequel elle était ne devait pas y être étranger.

Il baissa sa garde, prêt à discuter avec sa partenaire mais elle se jeta une nouvelle fois sur lui, toujours sans réfléchir, et il profita de son élan pour la saisir par les poignets, la faisant basculer brutalement au sol avant d'appuyer son genou contre sa gorge dans l'espoir de l'immobiliser et de la calmer. Elle commençait à vraiment l'inquiéter et il ne pouvait pas la laisser dans cet état sans essayer de comprendre ce qu'il lui arrivait.

Il reprit d'une voix calme, lâchant un « What’s wrong ? » Tout en la retenant, l'empêchant de se débattre. « Nothing ! » Le brun fronça les sourcils. Non, elle n'allait pas s'en sortir comme ça. Il voyait très bien qu'elle n'allait pas bien et il ne comptait pas la libérer alors qu'elle était dans cet état. « Let me go ! » Sevastian soupira, retirant son genou de sa gorge mais continua de maintenir fermement les avants bras de la jeune femme pour l'immobiliser.

« She lied to me ! » Ses sourcils se froncèrent un peu plus face à son hurlement. De quoi est ce qu'elle parlait ? Qui lui avait menti ? « She fucking lied to me ! » Reyhan parvint à se libérer de sa prise et le frappa sans grande conviction, le faisant encaisser le coup sans réagir. « I’m going to hurt her, » Putain mais de qui est ce qu'elle parlait ? A qui est ce qu'elle pouvait en vouloir à ce point ? « I’m going to hurt her so much she’ll regret that Esfir did not kill her. Sev, I want to hurt her, I— » Esfir ? Qu'est ce qu'elle venait faire la dedans ? Il ouvrit la bouche, prêt à lui demander mais s'immobilisa subitement en sentant les mains de Reyhan glisser sur sa nuque pour attraper ses cheveux. « Help me, Sev, help me, please, »
Il continuait à la regarder silencieusement, l'air presque perdu face à sa réaction. Putain mais qu'est ce qu'il lui arrivait ?
Il avait déjà assisté aux crises de Reyhan et savait de quoi elle était capable et comment réagir face à elle mais ça, ce qu'elle expérimentait maintenant n'avait rien à voir avec ses précédentes crises.
Elle semblait tellement... Vulnérable, tellement perturbée que Sevastian ne savait absolument pas quoi faire.

Il remonta lentement sa main gauche jusqu'à sa nuque, saisissant l'une des mains de Reyhan pour la serrer doucement et posa sa main libre sur la joue de la jeune femme tout en essayant d'accrocher son regard.
Il fallait qu'il la calme. Il se savait capable de la gérer si jamais elle devait complètement craquer mais si Leonhard ou quelqu'un d'autre débarquait dans cette pièce, avec Reyhan dans cet état il ne donnerait pas cher de sa peau.

Déglutissant avec difficulté, le brun prit calmement la parole, d'une voix douce. « Rey ? It' okay just... Calm down. » Il n'était vraiment pas sûr de ce qu'il faisait et se tenait prêt à tout. Il força doucement Reyhan à se redresser, la maintenant contre lui en lui passant un bras dans le dos et reprit doucement dans l'espoir qu'elle se concentre sur lui pour se calmer. « I'm right here okay ? I won't move. » Ça ne servirait à rien de tenter de discuter avec elle tant qu'elle ne se serait pas calmée et il ne voulait surtout pas la brusquer en lui demandant directement ce qu'il lui arrivait. Elle serait capable de le tuer.

Esfir semblait être mêlée à tout ça mais c'était quoi exactement tout ça ? Il n'avait pas la moindre idée de ce qui avait pu provoquer la crise de rage de sa partenaire mais il voulait comprendre.

Il laissa passer quelques secondes, le temps que Reyhan se calme un peu et reprit d'une voix toujours aussi calme pour ne pas risquer de la faire "rechuter". « What's going on ? » Il pencha la tête, cherchant le regard de la jeune femme. « What's wrong ? »
Il se doutait bien que ce n'était pas la meilleure des idées de lui demander ça comme ça, d'un coup, et rien ne lui garantissait qu'elle n'allait pas réessayer de l'attaquer mais il n'avait pas le choix.

riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

C’est elle qui a le dessus, d’habitude. Son don fait d’elle une excellente combattante au corps à corps, puisqu’elle copie ses adversaires à la perfection. Se battre contre un double de soi est déstabilisant. En ce qui concerne leur don, Sevastian ne fait qu’une bouchée d’elle. Il lui suffirait de l’utiliser pour la mettre au tapis car même si elle connaît chacune de ses techniques par cœur, elle ne peut rien contre. Mais quand ils se contentent de se taper dessus, elle l’emporte toujours. Pas cette fois. Parce qu’elle est aveuglée par sa rage, incapable de se concentrer, parce qu’elle ne cherche même pas à arrêter son adversaire. Juste à laisser parler sa colère. Alors il a réussi à prendre le dessus et ça l’énerve encore plus. Parce que ça ne devrait pas l’atteindre comme ça. Ça ne devrait même pas compter. Pourtant, ça la touche plus qu’elle ne veut bien l’admettre. Ça la blesse. L’HYDRA a fait d’elle une arme, un assassin surentraîné, elle n’est pas censée éprouver ce genre de choses. Elle n’est pas censée laisser de telles émotions l’influencer. Pourtant, elle n’a plus qu’une envie, tout laisser tomber pour prendre sa revanche.
Elle n’a pas le droit. Elle ne l’aura jamais. Cette idée la révulse plus que tout encore. Lui fait à nouveau prendre conscience qu’elle n’est qu’un outil entre leurs mains. Sevastian glisse une main dans sa propre nuque, jusqu’à attraper ses doigts. Son autre main se pose sur sa joue et elle se laisse aller à ce contact, le seul qu’elle autorise, le seul qu’elle accepte. « Rey ? It' okay just... Calm down. » Il n’y a que lui qui parvienne à la calmer. Depuis toujours, il est le seul à mettre un terme à ses angoisses, à sa colère. Elle ne sait pas comment il fait, elle s’en fiche un peu, à vrai dire. Il la force à se redresser et elle le laisse faire, fermant les yeux quand il passe un bras dans son dos pour la maintenir contre lui. Il n’y a qu’avec lui, qu’elle peut être aussi faible. « I'm right here okay ? I won't move. » Et elle sait qu’il dit vrai. Parce qu’il a toujours été là pour elle, comme elle a toujours été là pour lui. Ils ont survécu ensemble, là où tous les autres ont échoué. Il ne l’abandonnera pas, jamais. Il est le seul sur qui elle peut compter, le seul en qui elle a confiance.

Le seul qui la connaisse, le seul qui ne la juge pas, le seul qui ne la voit pas que comme une arme. Une expérience.

« What's going on ? What's wrong ? » Elle niche son visage dans son cou, inspire son odeur, si familière, si rassurante. La seule, avec celle du sang et de la mort, qui soit une constante dans sa vie. Il s’inquiète, il ne chasse pas sa peine en la traitant de faible, il ne lui rappelle pas qu’elle n’est pas censée agir ainsi. Parce qu’ils le savent déjà tout deux très bien. Mais surtout, parce qu’il est le seul à voir l’humain en elle. Le seul à se rappeler qu’elle peut avoir mal, même si elle fait tout pour le cacher aux autres. « I—I have a sister. Me. A twin. She’s-- Louisa, » crache-t-elle avec une mine dégoûtée. Le simple fait de prononcer son nom relance sa colère. « I’m here, and she—she’s an actress. » Un rire rauque, mauvais, lui échappe. « An actress, Sev, it’s ridiculous, she—she has this life, this perfect, beautiful life, and-- » Elle secoue la tête, enfonce un peu plus son visage dans le creux de son cou. « Esfir knew, » murmure-t-elle d’une voix tremblante de colère.
« You know she’s the one who brought me back, took care of me, of course she knew. » Mais alors pourquoi est-elle la seule ici ? L’HYDRA n’aurait pas gardé une sœur pour donner l’autre à une gentille petite famille et lui offrir une vie merveilleuse. Il est impossible qu’Esfir ne l’ait pas trouvée, elle ne fait pas d’erreur. Alors qu’est-ce que ça veut dire ? Il n’y a qu’une seule possibilité, mais Reyhan ne veut pas l’envisager. Une question lui brule les lèvres. Why me ? Mais elle ne la posera pas. Pas devant Sevastian, même devant lui, elle n’ose pas paraître si pitoyable, si faible.

Non, cette question, elle la posera à Esfir. Elle lui demandera, les yeux dans les yeux. Ce qu’elle fera ensuite, elle l’ignore encore. Mais elle ne la formule pas devant Sev, alors elle préfère exprimer l’autre désir qui la ronge. « I’ll destroy her, » murmure-t-elle d’une petite voix. « But it’s personal, HYDRA doesn’t allow such things, I-- » Elle serre les dents. C’est ça, qui la dérange le plus. L’idée qu’elle ne puisse pas obtenir sa vengeance, car il s’agit du produit d’une haine et d’une peine qu’elle n’est pas censée éprouver. Theodor est différent, oui. Mais la laisserait-il faire pour autant ? Elle ne peut pas compter sur la générosité de leur nouveau maître. Elle ne peut pas tout reposer là-dessus.
Non, depuis toujours, il n’y a qu’une seule personne sur laquelle Reyhan peut compter. « Sev, help me ruin her, it’s the only way, please, she can’t get away with this, she can’t be this sweet, innocent thing when I-- » Elle ne termine pas sa phrase, mais il sait ce qu’elle ressent. Ce qu’elle veut dire. Parce qu’ils sont les mêmes êtres corrompus, les mêmes pantins de chair privés d’âme. Elle ne devrait pas lui demander une chose pareille, elle sait ce qu’ils risquent. Mais elle souffre d’une manière qu’elle ne connaît pas. Elle a l’habitude de la douleur physique, elle a appris à l’endurer, à l’ignorer, même. Mais ce qu’elle éprouve, là ? Elle ne sait pas ce que c’est et ça va la rendre folle. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle s’est mise à éprouver cela en voyant le beau sourire de Louisa. Alors le calcul est simple. Pour ne plus avoir mal, elle doit le faire disparaître. C’est plutôt évident, après tout. Quand une plaie saigne, on la soigne. C’est exactement ce que Reyhan a l’intention de faire.

Et Sevastian a toujours été là pour panser ses plaies.  

Riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Reyhan ne se laissait pas submerger par ses émotions. Elle ne craquait pas. Jamais. Peut importe ce qu'elle avait pu subir, Sevastian ne l'avait jamais vu dans un tel état. Et pour avoir subit les mêmes choses que la jeune femme, pendant des années, il savait qu'elle était capable d'encaisser n'importe quoi.
Il ne savait pas ce qu'elle avait à cet instant, ce qui avait pu la mettre dans cet état mais à voir son regard, les larmes qui coulaient de ses yeux il avait peur. Peur de ce qui pouvait la pousser à bout à ce point.

Elle vint nicher son visage dans son cou et il remonta doucement la main qui maintenait toujours le dos de la jeune autour de ses épaules, la serrant un peu plus contre lui. Pour la soutenir, la protéger de ce qu'elle subissait comme il l'avait toujours fait.
Il était le seul qu'elle autorisait à faire ça. Le seul avec qui elle pouvait se montrer vulnérable et il savait qu'elle en ferait de même pour lui.

« I—I have a sister. Me. A twin. She’s-- Louisa, » Le regard de Sevastian s'écarquilla face à cette révélation qui lui fit l'effet d'une gifle et il pencha légèrement la tête vers Reyhan pour essayer de voir son visage. Une sœur ? Jumelle en plus ? Non, c'était impossible. Elle avait toujours été seule avec lui. Comment est ce qu'elle pouvait avoir une sœur jumelle ? Il voulu prendre la parole, la questionner mais se ravisa pour ne pas la brusquer et préféra la laisser continuer. « I’m here, and she—she’s an actress. » Un rire mauvais échappa à Reyhan et le jeune homme resserra un peu plus sa prise sur son épaule, gardant le silence. « An actress, Sev, it’s ridiculous, she—she has this life, this perfect, beautiful life, and-- » Elle enfouit un peu plus son visage dans son cou et il se contenta de pencher légèrement sa tête pour appuyer sa joue contre son front, espérant la réconforter un peu, qu'elle puisse se calmer.  

« Esfir knew, » Le brun fronça les sourcils. Esfir hein ? « You know she’s the one who brought me back, took care of me, of course she knew. » Il hocha faiblement la tête mais toujours sans prononcer un mot. Oui, il était au courant de tout ça. Il avait aussi grandit avec elle et savait l'importance qu'elle avait eue dans la vie de Reyhan. Mais qu'elle lui ait cachée qu'elle avait une sœur jumelle ? Ça ne lui ressemblait pas. Si elle l'avait fait c'est qu'elle avait eu ses raisons. Mais pourquoi aurait-elle cachée ça à Rey et surtout à HYDRA ? L'organisation n'aurait pas laissée passer une chance d'avoir un cobaye de plus.
Quelque chose ne collait pas.

Il comprenait que Reyhan soit dans un tel état. Il comprenait qu'elle ait craquée à ce point. Il aurait réagit exactement de la même manière à sa place. Encore que... Il aurait très certainement pété un câble encore plus violemment que sa partenaire. Ouais, se connaissant il serait directement allé voir Leonhard pour lui demander, quitte à faire usage de la force. Mais pas Rey.
Elle était restée lucide malgré toutes ces émotions, toute cette rage et gardait ça pour elle, pour ne rien montrer aux autres. A part lui.

« I’ll destroy her, » Sev hocha la tête. Bien sûr qu'elle le ferait, il n'en doutait pas une seule seconde. « But it’s personal, HYDRA doesn’t allow such things, I-- » Il serra la mâchoire et poussa un grognement d'approbation. Non, HYDRA ne le permettrait pas. Ils ne toléraient pas de telles émotions parce que les émotions étaient une faiblesse. C'était ce qu'on leur avait toujours appris. Ne rien montrer et encaisser sans réagir. C'était comme ça qu'ils fonctionnaient, comme ça qu'ils avaient toujours fait.

« Sev, help me ruin her, it’s the only way, please, she can’t get away with this, she can’t be this sweet, innocent thing when I-- » Elle ne termina pas sa phrase et le brun poussa un soupir bruyant avant de venir poser ses lèvres contre le front de Reyhan pour murmurer un simple « I know... I know Rey. » Il inspira profondément et hocha faiblement la tête, comme pour se persuader de ce qu'il allait dire. « They must never know about it. If they learn this, they could... » Il ne termina pas sa phrase, sachant pertinemment que Reyhan comprendrait ce qu'il voulait dire. « And don't tell Leonhard about it. He's always been nice to us but... He's one of them. » Il baissa les yeux, soupirant à nouveau. Theodor avait toujours été là pour eux, il les avait aidé mais il restait l'une des têtes malgré tout. Même s'il était différent des autres, Sev ne savait pas comment il pourrait réagir. Il valait mieux rester prudent.
Ils n'avaient toujours été que tous les deux, avaient toujours été l'un pour l'autre et il ne laisserait personne se mêler de cette histoire. Parce que c'était comme ça qu'ils fonctionnaient, que c'était comme ça qu'ils s'en étaient toujours sortis. Ils n'avaient besoin de personne d'autre.

Sevastian laissa passer quelques secondes et recula finalement son visage avant de s'écarter légèrement de Reyhan pour la regarder dans les yeux, plongeant son regard dans le sien. « I'll help you. I'll always help you but... » Son regard se fit plus dur, plus confiant alors qu'il reprenait. « But you need to calm down, to hide your... Emotions. » Il fallait qu'elle le fasse. Parce que si elle ne le faisait pas ils allaient s'en prendre à elle. Ils allaient la lui prendre et il ne le supporterait pas. « You can't just go after her. You need... We need to think about it okay ? » Ils ne pouvaient pas simplement partir à sa recherche et la faire souffrir comme ça.
« And I don't know about Esfir, what she had in mind, why she did it. But I'm sure she had her reasons. Just... Don't blame her right now. » Il lui en voulait aussi de faire souffrir sa partenaire de cette manière mais il y avait forcément une raison à tout ça, tous ces secrets. Elle était intelligente et devait avoir de très bonnes raisons d'avoir caché tout ça à HYDRA.

Il savait que si Reyhan en avait l'occasion elle se jetterait sur cette Louisa mais il fallait qu'elle reste calme, qu'ils réfléchissent à la meilleure façon de procéder. Elle allait devoir prendre sur elle, tenir malgré tout ce qu'elle pouvait ressentir. Mais il serait là pour elle. Pour l'aider et la soutenir.
Comme toujours.

riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Quand Sevastian presse ses lèvres contre son front, Reyhan semble à nouveau respirer. Elle ferme les yeux et se laisse aller à ce contact bref qui suffit à apaiser toutes ses craintes. Il est là. Quoi qu’il arrive, il est là. Alors ce n’est pas grave si elle a mal, parce qu’il saura quoi faire. Il sait comment apaiser sa souffrance, il n’y a que lui qui sache le faire. « I know... I know Rey. They must never know about it. If they learn this, they could... » Les ramener à la base, leur faire réintégrer le programme, les reconditionner. Ça ne devrait pas la déranger, ça ne devrait pas leur poser le moindre problème. Ils n’existent que pour servir HYDRA, pour obéir à leur volonté, rien de plus. Si leurs supérieurs estiment qu’ils doivent être reconditionnés, ils doivent s’y plier. Mais cette vie qu’ils ont depuis qu’ils sont sous les ordres de Theodor ? Reyhan s’y est habituée. Ils sont toujours sous les ordres d’HYDRA, mais ils vivent confortablement, ils peuvent voir le monde et s’y promener presque librement. Elle a l’impression d’exister, de ne pas être qu’un fantôme. Elle ne veut pas que ça s’arrête. Pire encore, elle ne veut pas qu’ils les séparent. Sevastian et elle ont réussi à rester ensemble, quoi qu’il arrive. En survivant là où tous les autres sont morts, en s’entraînant jusqu’à devenir le binôme parfait, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus se passer de leur duo. S’ils décident de les séparer, elle ne le supportera pas. « And don't tell Leonhard about it. He's always been nice to us but... He's one of them. » Elle a confiance en Theodor. Elle ne sait pas d’où ça vient, elle n’a jamais eu confiance en qui que ce soit d’autre que Sev. Mais quand l’homme est dans la même pièce qu’elle, elle se sent calme, paisible. Alors que tous ses autres supérieurs l’ont toujours rendue fébrile et nerveuse. Alors elle a confiance, oui. Mais Sevastian a raison. Elle ne peut pas risquer de lui révéler quoi que ce soit. Qu’importe que leur maître ait toujours été gentil avec eux, son partenaire passe en premier. Il passera toujours en premier.

Oui, même avant HYDRA.

« I'll help you. I'll always help you but... » Sa gorge se noue, elle soutient le regard du brun. « But you need to calm down, to hide your... Emotions. » Le visage de Reyhan se ferme brusquement, son regard se durcit. Il a raison. Elle ne peut pas laisser tout ça transparaître, elle doit rester calme, ne surtout rien montrer à qui que ce soit d’autre que Sevastian. Mais elle se sent vulnérable, plus qu’elle n’a l’a été depuis l’âge de douze ans. Elle avait oublié cette sensation et elle la déteste. « You can't just go after her. You need... We need to think about it okay ? » Elle hoche doucement la tête et inspire calmement, profondément. Oui, ils doivent concevoir un plan. Elle ne peut pas simplement la tuer, c’est trop facile, trop doux. On ne souffre plus, quand on est mort. C’est une délivrance, pas un châtiment. Non, Louisa doit souffrir autant qu’elle, sinon plus. Pour toutes ces années passées à vivre heureuse alors que Reyhan croupissait dans une cellule sombre et humide, couverte de sang et d’hématomes.
Elle doit tout apprendre sur elle, pour trouver ce qui la brisera. C’est une mission facile, un jeu d’enfant. La collecte d’informations est l’une des premières choses qu’on leur a enseignées. Il suffit d’approcher la cible, d’être celui ou celle qu’elle a toujours désiré rencontrer, créer cette confiance aveugle qui pousse les gens à révéler jusqu’à leurs plus sombres secrets. Et elle ne sera pas seule, Sevastian a promis de l’aider. Il leur faut être prudents, méthodiques. Ce sera long, probablement. Mais Reyhan est patiente. Elle peut attendre des années, s’il le faut.

Tout ce qui importe, c’est de savoir en cet instant qu’un jour, elle aura sa revanche. C’est de savoir que Sevastian ne l’abandonnera pas. « And I don't know about Esfir, what she had in mind, why she did it. But I'm sure she had her reasons. Just... Don't blame her right now. » Les traits de la jeune femme s’assombrissent. Sev est si conciliant. Pour Reyhan, le monde est noir et blanc, il n’y a pas de nuances, pas de circonstances atténuantes. Il y a ceux qui peuvent vivre et ceux qui doivent mourir. Ceux qui donnent les ordres et les cibles. Mais malgré tout ce qu’ils leur ont fait, Sevastian voit toujours le monde en teintes de gris, il relativise. Elle ne sait pas comment il peut encore faire cela. Mais c’est probablement ce qui l’a gardée en vie toutes ces années. Combien de fois l’a-t-il empêchée de prendre une très mauvaise décision, sous le coup de la colère ? C’est pour cela qu’ils ne peuvent pas être séparés. En vérité, sans lui, elle ne survivra pas.
« I don’t care about her reasons, » crache-t-elle d’une voix rauque. C’est faux, elle meurt d’envie de les connaître. De savoir pourquoi elle ne lui a rien dit, comment elle peut avoir une sœur jumelle qui s’appelle Louisa, qui a eu une vie merveilleuse, qui n’a jamais connu la mort et la douleur.« She hurt me, Sev, » fait-elle, la gorge serrée. Elle ne pensait pas qu'Esfir le ferait un jour. Pas elle. Elle ne supporte pas la trahison, pas venant de celle qui l'a toujours traitée différemment, comme si elle avait de la valeur. « But you’re right, » murmure-t-elle finalement. Son regard accroche celui de son partenaire et il y a une lueur déterminée, dangereuse, dans ses yeux clairs. « I won’t tell Theodor, it’s too risky, we can’t be sure he won’t tell the others or try to stop us. » Ils ne peuvent pas parier sur la gentillesse de Leonhard. Elle va appuyer son front contre le sien, son regard toujours plongé dans celui de Sev. « But we can use our new position, » murmure-t-elle avec un sourire en coin. « I need you to get close to her. » Elle détache son front du sien, effleure sa joue de ses lèvres. « You can do it, right ? Of course you can, it’ll be easy. » Plus facile que toutes les autres cibles qu’ils ont eu à approcher, elle en est sûre. La petite Louisa n’a aucune raison d’être sur ses gardes et Sevastian est bien trop doué pour qu’elle se doute de quoi que ce soit.

« You’ll find out what can bring her to her knees, what can make her beg for mercy, » continue-t-elle sans se défaire de son sourire. « And we will deliver the final blow, together, as always. » Elle a confiance. Ils peuvent le faire, s’ils sont ensemble, ils peuvent tout faire.

Riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Il voulait aussi faire payer Louisa, tout autant que Reyhan. Il ne supportait pas de voir la jeune femme dans cet état et ne voulait pas la voir comme ça. Rey avait toujours été forte, bien plus que lui et de la voir à ce point affectée par cette soi-disant jumelle lui donnait envie de la faire souffrir autant qu'eux. Qu'elle aussi vive ce qu'ils avaient enduré.

« I don’t care about her reasons, she hurt me, Sev, » Il ferma les yeux, hochant la tête tout en lâchant un « I know Rey. » Dans un souffle. Elle semblait tellement souffrir que ça le bouffait de l'intérieur. « But you’re right, » Son regard accrocha celui de Sev qui le soutint sans un mot.

« I won’t tell Theodor, it’s too risky, we can’t be sure he won’t tell the others or try to stop us. » Elle vint appuyer son front contre le sien, le faisant fermer les yeux pendant une seconde avant qu'il ne les rouvre pour replonger son regard dans celui de Reyhan qui semblait plus déterminée que jamais.

Theodor était peut être un très bon maître, gentil, le meilleur qu'ils aient eu, il restait une tête de l'HYDRA avant tout. Et HYDRA ne tolérait pas la faiblesse ni les problèmes personnels. L'organisation devait rester une priorité pour ses agents. C'était ce que Rey et Sev avaient toujours fait, ils avaient toujours placé l'HYDRA avant tout mais à cause de ça. De Louisa. A cause d'elle, Sevastian était prêt à tout, même à trahir HYDRA pour aider Reyhan. Parce qu'elle passait avant tout et qu'il en était de même pour elle.  
« But we can use our new position, » Il fronça les sourcils face à son sourire en coin. Qu'est ce qu'elle avait en tête ? « I need you to get close to her. » Elle recula son front pour effleurer sa joue avec ses lèvres, tirant un léger frisson au brun. « You can do it, right ? Of course you can, it’ll be easy. » Bien sûr qu'il pouvait le faire. Ça n'avait rien à voir avec les autres missions d'infiltration qu'ils avaient pu faire. Il ne s'agissait que d'une jeune femme, actrice en prime. Ce serait facile. Trop facile.

« You’ll find out what can bring her to her knees, what can make her beg for mercy, » Ce sourire qui ne quittait pas les lèvres de Reyhan paraîtrait malsain, dérangeant pour n'importe qui mais pas pour Sevastian. Il aimait ce sourire. Il l'aimait parce qu'il lui signifiait que Reyhan allait déjà mieux et qu'elle avait retrouvé ses moyens. « And we will deliver the final blow, together, as always. » Il glissa lentement sa main jusqu'à celle de Reyhan, la serrant doucement, entremêlant ses doigts et les siens et hocha la tête, son regard se faisant plus déterminé. « Yeah. Together. » Comme toujours... Et ensuite leur vie reviendrait à la normale.

Il y aurait toujours le cas d'Esfir, mais Sevastian était persuadé qu'elle avait eu ses raisons de le faire. Elle était forte et avait presque élevée Reyhan. Elle n'aurait pas fait ça, ne lui aurait pas cachée sa jumelle sans une excellente raison. Ça devait avoir un lien avec HYDRA ou son passé avec le KGB. C'était forcément ça.
Il serra un peu plus la main de Reyhan dans la sienne toute en reprenant d'une voix calme. « I know you probably don't wanna talk about her right now but... Esfir did this for a reason. You know her. Better than me. » Il hocha faiblement la tête, comme pour appuyer ses propos. « Why would she do that ? She's strong and smart and... I dont know. Maybe... Maybe HYDRA is connected ? Or the KGB ? » Il expira bruyamment par le nez avant de reprendre. « But for now, we have to stay focus on Louisa. Okay ? It's our priority. » Oui. Esfir attendrait et le jeune homme espérait vraiment qu'elle n'était pas responsable de l'état dans lequel se trouvait Reyhan actuellement.
Dans le cas contraire, il la briserait.

« I'll get close to her. Like you said, she's just an innocent girl. I'll break her for you. For us. » Un bref rire nasal lui échappa. « Yeah, it'll be easy. » Il ne se disait même pas que ça semblait trop facile, que quelque chose pourrait mal se passer. Il n'y aurait aucun problème. Des idées sur la façon de procéder commençaient déjà à lui venir en tête, lui tirant un sourire en coin. Pauvre petite Louisa... Si pure. Si innocente. Elle n'avait aucune chance.

Il reporta son attention sur Reyhan, son sourire s'étirant un peu plus. « But there's something... I don't understand. » Son regard se fit moins sérieux, presque amusé. « So when you tell me to get a girl it's okay. But when I do it on my own you just... Get mad at me ? » Il haussa innocemment les épaules. « No, I don't get it. » Il était bien le seul qu'elle autorisait à faire de l'humour avec elle, le seul auquel elle n'avait pas brisé la mâchoire pour une blague de mauvais goût ou un mauvais jeu de mots. Et puis si ça pouvait détendre un peu Reyhan il n'hésiterait pas, quitte à encaisser un coup ou deux. Il encaisserait.

riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Ce sera long et Reyhan ne pourra pas faire grand-chose, mais elle sait que Sevastian réussira. Il n’a jamais échoué, elle a confiance en lui. Si quelqu’un peut manipuler la douce et innocente Louisa jusqu’à ce qu’elle lui révèle tout, absolument tout, c’est bien lui. Alors son binôme n’aura plus qu’à venir tout lui répéter et ensemble, ils décideront de comment la détruire. Pour qu’elle ne se relève jamais. Il vient saisir sa main pour la serrer dans la sienne, avant d’entremêler leurs doigts. Longtemps, c’est les seuls contacts qu’ils se sont autorisés à avoir. Lorsqu’ils étaient encore sous la surveillance accrue de supérieurs beaucoup moins cléments que Theodor. Lui s’en fiche complètement. Il n’a jamais eu un geste violent envers eux. C’est même plutôt l’inverse. Au début, Leonhard semblait plutôt réservé, autant dire qu’ils le voyaient peu et n’étaient pas vraiment gênés par sa présence. Et puis il a commencé à les inviter à sa table. A vouloir parler d’autres choses que de leurs missions avec eux. Reyhan et Sevastian ont été déconcertés, mais ils n’ont rien montré, ils ont joué le jeu. Pour eux, c’était un autre test à passer. Ils ont guetté le piège, attendu le moment où tout basculerait à nouveau, mais ce n’est jamais venu. Puis il y a eu les premiers sourires dénues de malice auxquels ils ont eu droit. Les premiers gestes. Une main sur l’épaule de Sevastian, une main sur celle de Reyhan.
Petit à petit, Theodor les a habitués à des contacts physiques qui n’étaient pas douloureux. Ils n’ont pas compris où il voulait en venir au début et ils sont restés sur leurs gardes. Et puis un soir, Leonhard les a retrouvés endormis sur le canapé du salon, devant la télévision – une chose qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion ni même le droit de faire avant, regarder ce qu’ils voulaient à télé, pouvoir s’endormir là, paisiblement – Reyhan confortablement installée contre Sevastian. Quand ils se sont réveillés en sursaut en l’entendant approcher, ils se sont empressés de se détacher l’un de l’autre, ils ont maudit leur relâchement et ont attendu la sentence. Mais elle n’est jamais tombée. Theodor les a regardés comme s’ils étaient complètement stupides. Chill out guys, I’m just taking a pee, a-t-il marmonné avant de disparaître. C’est là qu’ils ont compris que ce n’était pas un test. Qu’il s’en fichait, tout simplement.

Dans cette maison, ils peuvent s’autoriser ces contacts affectueux. Et après toute une vie passée à ignorer cette sensation, à repousser le besoin de toucher l’autre pour se sentir humain, pour avoir l’impression d’exister, ils ne semblent plus pouvoir s’en passer. Dès qu’elle peut, les doigts de Reyhan viennent chercher les doigts de Sevastian, son corps se presse contre le sien, pour partager sa chaleur. Elle se crispe toujours, quand d’autres essayent de la toucher. Elle associe cela à la douleur, irrémédiablement. Mais pas avec Sev. Jamais avec lui. « Yeah. Together. » confirme-t-il et le sourire de la jeune femme s’élargit un peu plus. « I know you probably don't wanna talk about her right now but... Esfir did this for a reason. You know her. Better than me. » Son sourire disparaît immédiatement. Il a raison, elle ne veut pas parler d’Esfir. « Why would she do that ? She's strong and smart and... I dont know. Maybe... Maybe HYDRA is connected ? Or the KGB ? » Elle ne répond pas. Elle ne sait pas pourquoi Esfir a fait cela. Pourquoi elle lui a menti durant toutes ces années. Mais elle aura des réponses, quoi qu’il en coûte. Pourquoi Sevastian défend-il Esfir ? Il n’est pas censé faire cela.
Elle sait qu’il veut tenter de la raisonner, de l’empêcher de faire une bêtise, probablement. Mais elle ne peut s’empêcher d’être blessée de le voir prendre sa défense. « But for now, we have to stay focus on Louisa. Okay ? It's our priority. » Reyhan hoche la tête à cela. Oui, elle préfère largement qu’ils parlent de Louisa. De ce qu’ils feront pour la réduire en miettes. Ce sujet la réconforte. « I'll get close to her. Like you said, she's just an innocent girl. I'll break her for you. For us. Yeah, it'll be easy. » Le cœur de la jeune femme manque un battement dans sa poitrine. I’ll break her for you. Un soupir tremblant franchit la barrière de ses lèvres et elle serre la main de Sevastian dans la sienne, retourne appuyer son front contre celui du brun et ferme les yeux.

« But there's something... I don't understand. » Elle écarte son visage du sien et fronce les sourcils en voyant la lueur amusée dans le regard de Sev. « So when you tell me to get a girl it's okay. But when I do it on my own you just... Get mad at me ? No, I don't get it. » Elle le regarde fixement, le visage de marbre. Son estomac se tord étrangement, mais elle ne laisse rien paraître. Parce qu’elle ne comprend pas cette réaction, alors elle l’ignore. « You’re such a child, » lâche-t-elle sans la moindre émotion. Ce masque est facile à enfiler, quand elle ne sait pas comment réagir. Elle le repousse aisément en le prenant par surprise jusqu’à ce qu’il soit étendu sur le dos et se plante au-dessus de lui, ses deux paumes appuyées sur le sol, de chaque côté de sa tête. « It’s different. » Elle déglutit avec plus de difficultés qu’elle ne l’aurait imaginé. « When you do it for me, » murmure-t-elle et pendant un instant, l’incertitude se lit dans son regard. Because you’re mine, les mots lui brûlent les lèvres, mais elle ne les prononce pas. Au lieu de cela, elle esquisse un sourire en coin. « I should punch you for this, » ajoute-t-elle d’un ton joueur.
Elle lève une main, glisse ses doigts sur la joue de Sevastian et affiche une moue. « But we can’t risk to hurt that cute face, can we ? » Reyhan prend un air songeur, rapproche son visage de celui de son partenaire. « Or maybe she prefers them bad and full of secrets, » murmure-t-elle dans un souffle. « Stupid girls always fall for that shit. » Un rire lui échappe et elle se redresse, pour s’asseoir lourdement sur les cuisses de Sevastian. Elle pose une main sur le torse du jeune homme, au niveau de son sternum. « We should put some ice on that nose and clean your face, » dit-elle en désignant le visage en sang du brun. Elle porte les mêmes couleurs sur le sien. Elle se redresse et lui tend la main, avant de l’attirer à elle lorsqu’il l’attrape pour le mettre debout. Pendant une seconde, elle semble hésiter. Puis elle ajoute « I’m sorry, » sans lâcher sa main.

Riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

Reyhan le fixa du regard, l'air impassible face à sa tentative d'humour.
Bien... Au moins elle ne semblait pas disposée à le frapper. Il s'en sortait plutôt bien pour le moment. « You’re such a child, » Il haussa un sourcil, l'air amusé face à sa réplique. Elle le connaissait pourtant, depuis le temps. Elle savait qu'il était du genre à faire des tentatives d'humour, même en sachant qu'elle ne réagirait pas.

Elle le prit par surprise, le repoussant en arrière et l'allongeant sur le dos avant de se retrouver au dessus de lui, les mains appuyées de chaque côté de son visage. « It’s different. » Sevastian fronça les sourcils. « When you do it for me, » Le brun sourit légèrement en réponse au sourire de la jeune femme. Alors c'était bien ça. Est ce que c'était une forme de jalousie ? Il connaissait Reyhan. Il la connaissait depuis toujours et même si elle ne le montrait pas, il sentait bien qu'elle était légèrement perturbée par sa question. Il le savait parce qu'il savait que c'est comme ça qu'il réagirait si elle lui avait posé la même question.

« I should punch you for this, » Il se contenta de lâcher un bref rire nasal mais resta impassible.
Reyhan leva sa main pour la poser sur sa joue, lui tirant un léger frisson. « But we can’t risk to hurt that cute face, can we ? » Elle rapprocha son visage du sien et il sentit très distinctement son cœur manquer un battement alors qu'un léger malaise s'emparait de lui.

Depuis combien de temps est ce qu'ils étaient aussi proches ? L'HYDRA ne tolérait pas ce genre de contacts, ce genre de rapprochements, ils le savaient tous les deux mais pourtant, depuis qu'ils vivaient chez Theodor et qu'il les laissait vivre leur vie, c'était comme s'ils ne pouvaient plus s'en passer. Ils étaient toujours aussi froids et peu expressifs mais dès qu'ils se retrouvaient seuls ils recherchaient ces contacts, comme s'ils en avaient besoin.

« Or maybe she prefers them bad and full of secrets, » Sevastian secoua doucement la tête tout en levant les yeux au ciel. « Stupid girls always fall for that shit. » Il lâcha lui aussi un petit rire. Oui, elles semblaient aimer ça, les cicatrices semblaient avoir un effet certain sur les filles de ce genre la... « I already have plenty of scars don't you think ? I don't want her to start asking questions about it. »

Reyhan se redressa pour s'asseoir sur ses cuisses avant de poser sa main sur son torse, lui tirant un nouveau frisson. « We should put some ice on that nose and clean your face, » Il acquiesça silencieusement tout en observant le visage de sa partenaire qui était dans le même état.

Elle se redressa et Sevastian attrapa la main qu'elle lui tendait pour se relever, se retrouvant collé à elle, son regard ancré dans le sien. « I’m sorry, » Il fronça les sourcils, comme s'il ne comprenait pas pourquoi elle s'excusait et lui répondit en murmurant un « Don't be. » Il serra un peu plus la main de la jeune femme dans la sienne tout en lui offrant un sourire en coin. « It's okay. Just because HYDRA teached us not to show our emotions doesn't mean you can't show them to me. » Il leva sa main libre pour la poser sur la joue de Reyhan, essuyant du pouce le filet de sang qui en coulait. « It doesn't make you weak. » Son sourire s'agrandit légèrement tout en se faisant plus crispé, plus gêné, alors qu'il reprenait. « If so... They should've killed me a long time ago. » Il avait toujours été plus faible que Reyhan. Il avait toujours eu plus de mal à masquer ses émotions que la jeune femme mais ne les avait toujours montré qu'à elle. Parce qu'il savait qu'elle ne le jugerait pas, qu'elle n'irait pas le dénoncer à leurs supérieurs.
Si elle avait tenu toutes ses années pour lui, il pouvait faire ça pour elle à présent.

Il libéra la main de la jeune femme, ainsi que sa joue tout en reprenant sur un ton plus amusé. « Let's clean your face too. » Suivit d'un plus grand sourire. Il n'avait tellement pas l'habitude de dire ça... D'habitude c'était lui qui finissait en sang avec des os brisés alors que Reyhan ne finissait qu'avec quelques bleus.
Reyhan n'avait jamais finit dans cet état lors de leurs entraînement. Ça montrait bien à quel point cette histoire de jumelle, de copie, l'avait traumatisée.
Et Louisa paierait pour ça aussi...

riding through the stormKeeping one eye open, sleeping with the enemy. I see no heart in the frozen dark that ever speaks to me. Would you cut me from the branches? Release from the chains? Ain't nobody coming home to me. Every time I lay down shut my mind, but I feel been there in the night. Radiohead, as you wandering with your life, riding through the storm, riding through the storm. I see you, occurs in my mind, coming to hunt me, you're holding me tight.

« Don’t be, » dit-il et Reyhan esquisse un mince sourire. Elle l’est, pourtant. Parce qu’elle en a trop montré, parce qu’elle a laissé toute cette histoire l’atteindre plus qu’elle ne devrait. Mais surtout, parce qu’elle s’en est pris à Sevastian. Alors qu’il a toujours été là, lui. Alors qu’il ne lui a jamais menti, ne l’a jamais trahie. Elle n’aurait pas dû lui adresser toute cette colère. Et elle n’est pas censée être la cause de sa souffrance. C’est un accord tacite, entre eux. Certes, un nez en sang est à peine considéré comme quelque chose de douloureux pour eux, mais elle ne peut s’empêcher de s’en vouloir. C’est étrange comme émotion, elle n’y est pas habituée. Il n’y a qu’avec Sevastian qu’elle éprouve des regrets et des remords. Elle ne s’en veut pas quand elle tue, blesse et torture. Qu’importe l’âge de la victime, qu’importe qu’elle ait pu être aimée. Elle fait son travail, ce qu’on attend d’elle. Reyhan n’est qu’une arme, ce n’est pas elle qui tue, c’est HYDRA qui donne les ordres. Mais quand elle réplique trop sèchement à son partenaire, quand elle se laisse emporter dans leurs entraînements, là, c’est elle qui le blesse. Réellement. Et elle déteste faire ça. Parce qu’elle s’en veut, après et la jeune femme ne sait pas gérer la culpabilité. « It’s okay. Just because HYDRA teached us not to show our emotions doesn’t mean you can’t show them to me. » Elle lève le regard vers lui et le laisse essuyer le sang qu’elle a sur la joue de son pouce. « It doesn't make you weak. » Reyhan esquisse un sourire à son tour.
Ça la rend faible, si. Sauf avec lui. Il n’y a qu’à lui, qu’elle peut montrer tout ça. « If so... They should've killed me a long time ago. » Son regard se fait plus dur à cela. Il a survécu, tout comme elle. Il n’est pas moins fort qu’elle ne l’est, bien au contraire. Mais ce n’est pas le genre de débat qu’elle a envie d’avoir tout de suite. Alors elle se contente de le regarder d’un air plein de reproches. « Let's clean your face too. » Elle hoche la tête et ensemble, ils quittent la salle d’entraînement.

Elle passe par la cuisine, pour attraper deux poches de gel froid dans le congélateur et ils remontent à l’étage, dans la salle de bain qui jouxte la chambre de la jeune femme. Elle fait signe à son partenaire de s’asseoir sur la chaise tandis qu’elle s’approche du lavabo. Là, Reyhan fait couler un peu d’eau tiède et humidifie le coin d’une petite serviette avec. Alors elle retourne auprès du brun et délicatement, entreprend de nettoyer le sang qui macule son visage. Ils ont toujours pris soin de l’autre. Leurs supérieurs et instructeurs n’avaient pas de temps à perdre en soins, alors on leur donnait tout juste de quoi empêcher leurs plaies de s’infecter et ils devaient s’en charger eux-mêmes. Combien de gosses Sevastian et elle ont-ils soignés, pour les retrouver morts quelques jours plus tard ? Ils ont finalement décidé de ne plus gaspiller leurs ressources sur ceux qui paraissaient trop faibles. Mais alors les adultes ne sont pas intervenus pour autant et ce qui la plaie peu profonde mais pas mortelle d’un gosse a commencé à s’infecter. Les instructeurs ne l’ont toujours pas aidé, même lorsqu’il a commencé à hurler de douleur, à délirer à cause de la fièvre, à sentir la mort.
C’est Reyhan qui l’a achevé. Parce que plus personne ne supportait ses cris et l’odeur qu’il dégageait. Un soir, alors qu’il sanglotait, en proie à des délires terrifiants à cause de l’infection, elle l’a étranglé. Ils ont laissé le corps pourrir là pendant plusieurs jours avant de l’enlever. Le message était simple : élimine les faibles, ce n’est pas rendre service que de leur offrir une chance. Et surtout : si tu fais preuve de pitié, sois prêt à en payer les conséquences. Depuis ce jour, quitte à devoir se rationner cruellement, ils ont soigné ceux qui pouvaient l’être, ont achevé ceux qui ne s’en sortiraient pas. Leur nombre a grandement diminué principalement parce qu’ils se sont retrouvés à devoir exécuter ceux qui ne s’en sortiraient pas.

Au début, chacun s’occupait de soi, les plus grands des plus jeunes, parfois. Puis un jour, Reyhan est revenue avec une immense plaie dans le dos, du genre qu’elle ne pouvait pas soigner toute seule. C’est Sevastian qui s’en est chargé. Avec des gestes lents, précis, efficaces. Des gestes qui apaisaient la douleur au lieu de la causer. Alors ces moments où l’autre s’occupait de panser les plaies de l’autre sont devenus les seuls instants où ils pouvaient se toucher sans risquer quoi que ce soit. Soigner les blessures de l’autre, c’est un rituel entre eux. Un instant qui s’éternise, parce qu’ils faisaient alors tout pour le prolonger, en donnant l’illusion d’être tout simplement méticuleux.

Reyhan saisit le menton de Sevastian d’une main et de l’autre, passe le linge humide sur son visage, délicatement, pour nettoyer toute trace de sang. Elle repère une fine coupure sur sa joue, ce n’est vraiment rien, mais elle fronce les sourcils tout de même. Une fois que son visage est propre, elle désinfecte la plaie et y applique un pansement. Alors elle s’empare du sac de gel froid et le recouvre d’une petite serviette avant de l’appuyer doucement contre le nez de Sevastian. Il profite du froid sur son nez endolori quelques secondes, puis il plonge son regard dans le sien et se relève, avant de lui attraper le bras pour l’asseoir à son tour sur la chaise. Reyhan esquisse un petit sourire et le laisse répéter les mêmes gestes qu’elle. Il nettoie son visage avec précaution, tendresse. Ses gestes sont lents, comme lorsqu’ils étaient encore dans cette base froide et sombre, avec l’autre pour seule présence réconfortante. Tous les autres sont morts. Même ceux qui semblaient plus forts qu’eux, même les plus âgés, ils ont tous fini par se briser. Les instructeurs n’avaient pas parié sur Reyhan et Sevastian. Mais ils leur ont prouvé qu’ils avaient tort et aujourd’hui, ils sont les derniers du programme. Les survivants.
Une fois qu’il a terminé de lui nettoyer le visage, il lui donne une autre poche de gel froid et lui appuie sur le nez. Ils n’ont pas brisé le contact visuel durant toute l’opération. C’est un autre moyen de toucher l’autre, qu’ils ont développé quand ils n’avaient pas d’autre choix. « I want ice cream now, » déclare-t-elle avec un sourire en coin. C’est une autre chose qu’ils ont découverte en commençant à vivre chez Theodor. Une chose à laquelle ils n’avaient pas le droit auparavant et dont ils profitent désormais dès qu’ils en ont l’occasion. « And watch that movie you told me about. » Une histoire de deux gars qui se retrouvent coincés dans une salle de bain et doivent en sortir en surmontant tout un tas de pièges. D’après Sev, c’est vachement marrant à regarder.