Le souffle court, les poumons gonflés par le désir de vivre, il courait à grandes foulées sous les balles des policiers désireux d'arrêter le mutant fiché. Une véritable chasse à l'homme qui durait depuis presque deux années. En cavale, le Grec vivait au jour le jour, sans cesse en déplacement, toujours sur le qui-vive. Des perspectives d'avenirs floutées sans cesse chamboulées, une vie rythmée par une existence de malfrat méphitique. Déferlant sur un océan d'emmerdes, il ne savait pas où jeter l'ancre de sa délivrance. Du sel sur les plaies, des cicatrices qui n'arrivaient jamais à guérir, crevé. Et pourtant, ce sentiment de liberté dans les tripes, plénitude causée par l'adrénaline de cette course poursuite infernale qui le faisait sentir vivant, animal. Le mutant s'arrêta alors à proximité du tramway, reprenant alors son souffle tandis que les sirènes de polices hurlaient déjà leurs proximités. Fuir ne servait à rien, n'étant pas de la famille des couards ou des lâches, l'ayant déjà prouvé dans le passé. Le Confrériste attendit alors l'arrivée des deux voitures tandis que les passants fuyaient déjà l'avenue aux mauvaises étoiles. Les poings serrés, les yeux blancs, il tapa alors du pieds sur l'asphalte pour provoquer une onde de choc violente envers les deux voitures qui explosèrent sous les vibrations du mutant. Les lippes étirées dans un sourire sadique, Nick reprit alors sa course dans le Queens sans pouvoir réellement apprécier le fruit de ses actions. Les gens hurlaient, pleuraient et il se sentait plus que vivant face à cette humanité condamnée, des morts en survis amoureux de la vie. Une troisième voiture lui barra la route, s'arrêtant de justesse avant d'embrasser amèrement le capot du véhicule. Le balafré haussa un sourcil, ils voulaient vraiment jouer ? Les fusils braqués sur sa carcasse abîmée, le mutant leva alors les mains pour les mettre derrière la tête, presque amusé par la situation. Les iris couleurs bronzes posées sur le tramway en approche, il fixa alors les rails du chemin de fer et le sol commença à vibrer dangereusement sous les hurlements des civils. Les policiers perdirent alors l'équilibre tandis que le béton se fissuraient dangereusement pour créer des crevasses sous leurs pieds et les ensevelir. Le Grec en profita alors pour s'enfuir tandis que le tramway venait de dérailler, mais un des policiers qui avaient réussi à s'extraire de la faille sismique venait de tirer en direction du truand qui fût touché à l'épaule.
(...)
Blessé et l'épaule endolorie qui se vidait de son précieux véhicule de vie, le mutant était adossé contre une poubelle dans une ruelle glauque de la cité. Le tee-shirt blanc taché d'hémoglobine, il commençait à ressentir les effets désastreux de sa blessure, l'adrénaline l'ayant quitté. Les sirènes de polices et les hélicoptères dans le ciel cherchaient désespérément à mettre la main sur le monstre responsable de ce désastre urbain. Les journalistes parlaient déjà d'une attaque mutante terroriste, les caméras de chaînes d'informations nationales déjà présentes sur les lieux. Tout les habitants du Queens avaient pu ressentir les ondes sismiques provoquées par le Grec, ne pouvant pas se rendre dans un hôpital avec une blessure par balle sans éviter d'attirer sur lui l'attention des flics ou pire — des fédéraux. Nick se sentit alors partir dangereusement, sa blessure nécessitant d'être recousue, il puisa alors dans ses dernières forces pour se relever, fatigué mais déterminé à ne pas se faire choper. Le visage voilé d'une expression de douleur, il traversa alors la ruelle interminable, vacillant. Son regard fût rapidement attiré par l'enseigne lumineuse d'une clinique vétérinaire, soucieux de trouver de quoi soulager sa blessure ou son esprit. Il n'était malheureusement pas un petit animal blessé, mais bien un prédateur qui nécessitait d'être mit en cage. Il était dans les alentours de vingt-deux heure, la rue vidée de toutes présences au vu de l'accident du début de soirée. Le mutant poussa alors la porte pour s'y engouffrer, son sang tâchant sans modération le carrelage blanc et immaculé du dispensaire animalier. Une femme âgée assise dans un coin se mit alors à observer le Grec au visage balafré tandis qu'il commençait vraiment à sentir ses forces l'abandonner et à s'impatienter. Il grogna alors, jetant un regard froid à la mamie qui prise de panique préféra s'en aller. Nick s'engouffra ensuite dans une pièce de consultation où il tomba nez à nez avec une jeune brune au regard céruléen. Elle pouvait aisément remarqué l'épaule blessée du balafré mal rasé. « Vous pouvez faire quelque-chose ? » Le visage livide, il s'écroula alors aux pieds de la charmante vétérinaire, à bout de force et surtout en train de faire une hémorragie qui pourrait énormément lui coûter et être fatale.
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Les lèvres serrées et le coeur battant la chamade, Harper terminait de refermer la plaie du chien qui venait tout juste d’être opéré. Elle avait fait cela des dizaines de fois, mais elle était toujours un peu nerveuse lorsque son patron l’observait par-dessus son épaule. La dernière chose qu’elle souhaitait c’était de le décevoir alors qu’il lui offrait l’opportunité de pratiquer même si elle n’avait pas terminé ses études "Je n’aurais pas pu mieux faire." Lui dit-elle doucement, alors qu’elle terminait de couper le fil. "Merci docteur." Répondit-elle, fière. C’était toujours gratifiant de recevoir ce genre de compliment de la part de celui que vous considériez comme votre mentor. Certes, Harper bénéficiait d’un pouvoir qui lui permettait de bien réussir et de faire bonne figure, mais ses dons de couturière, elle les devait à elle-même et à beaucoup de pratique. "N’oublies pas de regarder les moniteurs, c’est très important." Il tapota sur la machine. Il n’était pas du tout fâché, elle pu apercevoir des ridules se former à l’extérieur de ses yeux signifiant qu’il souriait sous son masque. "Oui, en effet! Je n’y pense pas toujours." Inutile de lui dire qu’en fait, elle se connectait directement aux battements de cœur de l’animal. "T’en fais pas, tu es là pour apprendre, non? Bon! Helen a un concert ce soir, je dois filer! Je te laisse fermer?" Le vétérinaire enleva son masque et son sarrau qu’il jeta à la poubelle. Harper acquiesça d’un mouvement de la tête. "Oui, ne vous en faites pas! Je vais ramasser en attendant que notre ami se réveille. Dites le bonjour à votre femme!" Le docteur lui sourit. "Parfait. Madame Fergusson devrait passer tard dans la soirée pour prendre le médicament de son chat. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème. Et fais attention à la Bête en rentrant! " Il rigola avant de sortir de la clinique. Harper rigola à son tour, même si elle ne trouvait pas cela très drôle. Si au départ, elle avait cru pouvoir affronter la bête qui hantait les rues du Queens, elle avait très vite désenchantée lorsqu’Alexis lui avait appris que les attaques ressemblaient étrangement aux massacres qui s’étaient produits en Écosse. Elle ne sentait pas encore assez forte pour affronter une chose dont on ne connaissait rien. Elle ferma la porte à clé et tourna la petite affiche signifiant que la clinique était fermée.
***
Cela n’avait jamais dérangé Harper de rester tard à la clinique pour nettoyer et pour s’assurer les bêtes allaient bien. C’était même elle qui l’avait proposé au départ. Cela lui permettait de passer du temps avec les animaux, de discuter et de les rassurer. Et puis, cela lui faisait de la compagnie. "Coucou mon joli. Bon retour parmi nous." Le berger allemand ouvrit difficilement les yeux et Harper sentit qu’il reprenait peu à peu ses esprits. Elle lui gratta la nuque, lorsqu’elle senti la nervosité et l’excitation envahir les pensionnaires de la clinique dans la pièce à côté. La raison ne se fit pas attendre, une forte secousse fit trembler le sol. Machinalement, la jeune femme protégea le chien à moitié endormi d’une main et s’accrocha à la table de l’autre. Puis, le tremblement s’arrêta.. Heureusement, il n’y avait aucun dommage si ce n’était que son verre d’eau qui était tombé qui avait éclaté en touchant le sol. Harper se calma et préféra mettre son petit protégé à l’abri au cas où une autre secousse viendrait. Elles étaient fréquentes ces derniers temps. Difficilement, elle le descendit de la table et l’entraina vers sa cage. Lorsqu’elle ouvrit la porte où se trouvaient les autres chiens, se fût la cacophonie. Ils parlaient tous en même temps, fort. Ils avaient eu très peur. Harper mis une barrière mentale entre leurs pensées et les siennes et souffla un peu. Lorsque les animaux se mettaient à lui parler et à réagir, cela lui fichait la migraine. Heureusement, au fil des années, Dooly avait réussi à éteindre les voix animales dans sa tête. "Okay! Tout va bien, on se calme! " Plus un son. Elle les regardait un après l’autre. Pour s’assurer qu’ils n’avaient rien, mais aussi pour les obliger à se calmer. On toqua rapidement à la porte et elle sursauta avant de se rappeler de la venue de madame Fergusson. Elle se dirigea immédiatement vers l’entrée et déverrouilla la porte. "Entrer entrer madame. Vous allez bien? Docteur Brown m’a parlé de votre venue." La dame âgée pénétra dans la salle d’attente et tandis qu’Harper se rendit dans la petite salle de consultation adjacente pour préparer le médicament, elles discutèrent du tremblement de terre, en fait c’était plus la petite dame qui parlait. Concentrée dans ses fichiers, Harper n’entendit pas la clochette de la porte annonçant l’arrivée d’une autre personne. Elle n’entendit pas non plus la porte s’ouvrir à nouveau lorsque madame Fergusson prit peur.
Harper fini de préparer l’antibiotique et en retournant dans la première salle, elle fut accueilli par un homme au teint livide et crasseux. Surprise, elle recula et s’empara de la première chose qui lui tomba sous la main, soit un stylo. Elle remarqua son épaule blessée et la flaque de sang qui se formait rapidement à ses pieds "C’est....c'est une clinique vétérinaire ici monsieur…vous…vous devriez aller à l’hôpital…Monsieur?" Il venait de s’écrouler sur le carrelage. Son instinct de chirurgien pris alors le dessus. Elle lâcha son arme-stylo. De toute façon, elle n’aurait pas pu se défendre avec un crayon et l’homme devant elle, s’il voulait l’attaquer, ne semblait pas avoir assez de force. Elle s’empara de lingettes stériles et s’agenouilla auprès du blessé. Elle épongea la blessure. "Monsieur, vous êtes toujours là? Restez avec moi!" Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire. Elle avait des bases en médecine, mais ce n’était rien comparé à des animaux. "Je vais vous faire un pansement pour cesser l’hémorragie, mais vous devez vraiment aller à l’hôpital." Elle ne savait pas s’il l’écoutait. Il semblait toujours en vie, mais ailleurs. En se mordant la lèvre inférieure de nervosité, elle nettoya la plaie du mieux qu’elle pouvait et protégea la blessure d’un large bandage. Toujours le cœur battant, elle se leva doucement et se dirigea vers le téléphone. "J’appelle une ambulance, d’accord?"Puis, elle composa.
made by roller coaster
Dernière édition par Harper Halliwell le Mar 22 Mar - 18:48, édité 2 fois
Ce n'était malheureusement pas la première fois qu'il se retrouvait dans ce genre de situation. Son corps pouvait en témoigner au vu des nombreuses cicatrices dont il était porteur ainsi que la balafre sur son visage qui lui rappelait sans cesse le combat qu'il menait. La vie de cavale n'avait rien d'excitante, toujours fuir, jamais pouvoir se reposer. Son entrée dans la Confrérie n'avait pas amélioré sa situation, mais il était persuadé de lutter pour une cause noble et juste. "C’est....c'est une clinique vétérinaire ici monsieur…vous…vous devriez aller à l’hôpital…Monsieur?" Accueillit par une ravissante brunette armée d'un stylo, il avait tout de même trouver la force d’étirer sur ses lippes la naissance d'un sourire moqueur. "Monsieur, vous êtes toujours là? Restez avec moi!" Nick n'eut à peine le temps de rétorquer tandis qu'il embrassait avec douleur le carrelage. Le temps semblait s'écouler au ralentit tandis qu'il observait la vétérinaire s'activer autour de lui. Des mots sortaient de sa bouche, mais il n'arrivait pas à en comprendre le sens, dans les vapes. Il ne se souvenait pas non plus de comment il avait fait pour traîner sa carcasse abîmée jusqu'à cette clinique, mais cette femme était pour le moment la seule capable de redonner un second souffle au mutant cabossé. "Je vais vous faire un pansement pour cesser l’hémorragie, mais vous devez vraiment aller à l’hôpital." Il sentait son sang s'évaporer sur le sol tandis qu'elle essayait de stopper l'hémorragie à l'aide de compresses. Sa blessure nécessitait d'être recousue en urgence, vu comment il se vidait rapidement. La balle avait traversée son épaule, il était certain qu'il n'avait pas besoin d'une opération. La jeune femme semblait stressée, mais relativement efficace tandis qu'il ne bronchait pas face à la douleur, les dents serrés pour éviter de hurler sa peine. Après tout ça, il lui faudrait un verre, voir deux, ou bien la putain de bouteille pour oublier cette nuit désastreuse. Il se consolait intérieurement en se disant qu'il avait réussi à semer la police, se foutant des dommages collatéraux et des innocents qui avaient péri sous les ondes vibratoires du balafré. Ce n'était pas la première fois qu'il utilisait ses pouvoirs pour semer le malheur et le chaos, c'était dans sa nature, prédisposé au crime depuis l'adolescence, n'ayant rien connu d'autre que le goût amer de la vengeance et des regrets dans sa bouche aux verbes révolutionnaire. Survivre à cette nuit signifiait se relever encore plus fort et armé de mauvaises intentions.
La vétérinaire semblait dépassée par la situation, se disant qu'elle aurait sans doute souhaité qu'il aille crever sur le trottoir. Dans sa tête, il n'avait à faire qu'à une simple humaine, mais intérieurement il était reconnaissant envers elle d'essayer de le soigner. Le teint livide et la tête dans les vapes, il ouvrit alors les yeux tandis qu'elle se relevait pour s'emparer du téléphone. "J’appelle une ambulance, d’accord?" Nick secoua alors la tête, pas vraiment enclin de finir aux mains des policiers ou du gouvernement. Des humains qui avaient volés dix ans de sa vie, cryogénisé dans un caisson comme une vulgaire bête de foire asservi à leurs expériences douteuses sur le gêne mutant. Les yeux du balafré se transformèrent pour devenir complètement blanc, la pièce se mit à trembler tandis qu'il usait de ses dernières forces pour tendre le bras vers le téléphone où il projeta une onde de choc qui fracassa complètement le matériel de la vétérinaire, laissant que le combiné intact dans la main de la jeune femme. « Pas d'ambulance ... Ni d'hôpital ... » A bout de force, il venait alors de révéler sa nature de mutant à cette inconnue, prêt à subir l'intolérance dont l'espèce humaine avait toujours eu envers les gens comme lui. Nick s'agrippa alors à une étagère pour se relever et s’asseoir sur la table chirurgicale. Déterminé à dégager avant qu'elle puisse le dénoncer, il déchira alors son tee-shirt pour dévoiler son torse sculpté, abîmé et tatoué. Les pansements de fortunes empourprées finissaient eux aussi sur le sol tandis qu'il posait son regard ambré sur la véto. « Donnez moi juste de quoi recoudre et je m'en irai, suis pas là pour vous faire du mal ... Vous voulez certainement pas d'un mec comme moi dans votre clinique. » Il faisait bien évidemment référence à sa nature de mutant et à l'hostilité de la population face aux porteurs du gêne X. Sincère, il était en effet inoffensif pour le moment, vidé d'énergie après sa dernière démonstration de ses pouvoirs. Il aurait très bien pu se servir par lui-même, mais il était bien trop faible et peu disposé à faire du mal à cette inconnue qui n'avait pas hésité à l'aider malgré la situation.
Les sirènes de police retentissaient dans la rue tandis qu'il fixait l'horloge murale, ces minutes douloureuses qui s'écoulaient trop lentement à son goût. Surpris, la demoiselle était toujours là malgré la révélation de sa mutation. Si elle était intelligente, elle ferait rapidement le lien entre les séismes du début de soirée et le contexte intrinsèque de la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. L'hémorragie semblait s'être calmée, mais la plaie nécessitait tout de même d'être refermée pour éviter l'infection. Il posa ensuite son regard fatigué sur la demoiselle, la balle étant de son camp. Soit elle le laissait vivre, soit elle le laissait crever.
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
Cette situation était irréelle et complètement digne d’une émission de télévisions. Il n’y avait que sur les écrans qu’un type en sang débarquait dans une clinique vétérinaire le soir à vingt-deux heures alors qu’une simple et jeune technicienne s’y trouve toujours. Pourtant, tout cela était bien réel. Il y avait bel et bien un homme blessé et plutôt louche qui se trouvait devant elle. C’était intriguant, mais aussi terrifiant. À voir les tatouages, les cicatrices et l’aspect crasseux général, il ne semblait pas être un enfant de cœur et plutôt dangereux. Harper en eut la confirmation quelques secondes plus tard. "Urgence, j’écoute." La mutante n’eut pas le temps de répondre que le sol se mit à trembler, déstabilisant la jeune femme qui dû se retenir contre le cadre de porte pour ne pas tomber sur le sol. Elle s’attendait à ce que les pensionnaires canins s’excitent à nouveau, mais elle n’entendit rien provenant de la pièce d’à côté. Heureusement, car elle n’avait pas envie d’aller les calmer et surtout de laisser le blessé seul. Puis, l’homme sembla user de ses dernières forces pour émettre une espèce d’onde sortant de sa paume et qui alla se fracasser contre le plan de travail où se trouvaient l’ordinateur et la tour du téléphone. Tout explosa et laissa un énorme trou fumant dans le mur. On pouvait y apercevoir la salle d’attente de l’autre côté. Cela coupa la ligne et le souffle d’Harper du même coup. "Okay…pas d’ambulance…" Les yeux grands ouverts de surprise, elle lâcha le combiné d’un mouvement lent pour ne pas affoler l’individu qui semblait avoir quelques petites réserves. Une personne normale aurait crié et se serait enfuit, mais pas Harpie. Elle l’observait. Elle était toujours fascinée lorsqu’elle rencontrait des mutants. Elle en avait côtoyé plusieurs lors de ses années à l’institut Xavier, mais maintenant qu’elle était une âme libre à New York, c’était plus rare. Elle était toujours impressionnée par ce que la mutation pouvait faire. Et elle devait avouer que ce pouvoir était assez impressionnant.
"Attendez…" Voyant qu’il tentait de se relever péniblement, elle se pencha pour l’aider à s’asseoir sur la table d’acier inoxydable. Elle savait qu’elle aurait dû avoir peur. Qu’elle aurait dû s’éloigner de lui le plus loin possible. Qu’elle aurait dû aller se chercher un chien pour la protéger. Il y avait dans l’une des cages un doberman avec un tempérament plutôt féroce à la base, alors avec une petite suggestion…mais elle ne fit rien de tout cela. Elle était peut-être naïve, mais ce type était durement blessé et surtout très faible. Elle avait peut-être arrêté les saignements, mais il y avait toujours un risque d’infection. Elle le croyait lorsqu’il disait qu’il ne lui voulait pas de mal. Elle était son seul espoir. Si elle ne faisait rien, il pouvait y rester. Et ça, elle ne pouvait pas se mettre cela sur la conscience. Et si elle s’en allait et le laissa là? Que se passerait-il? Que dirait son patron en rentrant dans la clinique le lendemain? Le temps pressait. Elle se questionnerait sur les mauvaises intentions de son invité plus tard. Pour le moment, il y avait une vie en jeu. Bonne ou mauvaise, elle ne la laisserait pas tomber.
Les sirènes de police la firent sursauter légèrement. Son regard bleu se porta sur le mutant qui venait d’enlever son t-shirt dévoilant son corps sculpté et usé. Sans avertissement, elle alla éteindre les lumières de la pièce principale et verrouilla la porte, puis elle baissa les stores. Elle soupçonnait les polices d’être à la recherche de l’intrus. Une petite étincelle implorante avait illuminé le regard dur et sévère de l’homme balafré. Lorsqu’elle revint dans la petite salle de consultation, il n’avait pas bougé. Son teint perdait de sa couleur et il semblait ailleurs. Les mains moites, elle s’avança vers lui. "Je vais le faire." Dit-elle avec conviction, même si elle n’était pas du tout convaincue. Ce qu’elle s’apprêtait à faire était de la folie. Si on apprenait cela, elle pourrait dire adieu à sa carrière. Elle était une bonne chirurgienne, mais animale. Le corps humain était différent de celui d’un chat ou d’un chien. La peau était plus épaisse, les organes et les os différents. Les erreurs possibles étaient nombreuses, mais elle avait fait son choix et elle l’assumait. Harper prit une grande respiration et s’empara d’un linge imbibé d’alcool. "Ça risque d’être un peu froid et de faire mal." Elle lui offrit un sourire désolée, même si le blessé semblait en avoir déjà vu de toutes les couleurs. Elle appuya la compresse directement sur la blessure puis elle frotta pour enlever le plus de saletés possible. Comme il n’y avait plus de sang, ou très peu, c’était directement sur la plaie. Mais avant de recoudre, il fallait que tout soit bien nettoyé. Au moins les étapes étaient les mêmes, cela la rassurait. Elle en profita pour examiner de plus près. Cela semblait être l’œuvre d’une balle de fusil, mais Harper ne voyait pas le projectile qui avait transpercé l’épaule pour continuer son chemin, dieu sait où. "Alors…c’est à cause de vous si mes chiens se sont tous excités en même temps? " Elle lui sourit à nouveau. Elle voulait lui changer les idées et faire baisser le niveau de nervosité qui flottait dans la pièce depuis son arrivée imprévue. Elle voulait lui montrer qu’elle n’avait pas peur des gens comme lui puisqu’elle était comme lui.
Il sentait peu à peu ses forces l'abandonner, peu disposer à crever au milieu d'animaux errants et sans avoir encore une dernière fois offert au monde l'étendu de ses talents. Dans cette clinique, il n'était qu'un mutant blessé, pas le terroriste que le monde connaissait. Aurait-elle acceptée de le soigner si elle avait eu connaissance du terrible passé du gars assis à ses côtés ? Il en était pas certain. Cependant, elle représentait la seule et l'unique perspective d'avenir au Grec, n'ayant pas vraiment de notions médicales pour se soigner seul, ni la force. Les rues étaient envahies de patrouilles de polices et le ciel martelé d'oiseaux d'aciers à la recherche du mutant responsable de cette attaque. Sa vie n'avait été qu'une succession de mauvais choix qui l'avait conduit à embrasser la cause suprématiste de la Confrérie. Il n'avait évidemment aucuns regrets vu qu'il partageait la vision de Magnéto, mais parfois il se demandait à quoi sa vie ressemblerait si il aurait prit un chemin différent. Nick n'avait jamais apprit à aimer, rejeté dès l'adolescence par ses parents, l'amour restait un sentiment stérile à ses yeux. Comment éprouver de l'amour quand personne n'en avait fait preuve à son égard ? Destruction, mort et ténèbres étaient le quotidien de l'Européen qui s'enfonçait chaque jours vers un chemin irréversible. Ce n'était pas comme prendre une grosse cuite et se promettre dès le lendemain d'arrêter l'alcool, le mal était ancré dans son âme, c'était dans sa nature et tout cela n'était qu'un point de vue pour lui. Le gouvernement l'avait fiché comme terroriste, mais ô combien de mutants avait-il sauvé ? Le monde s'en branlait bien évidemment.
Des questions qui venaient envahir son esprit tandis qu'il se sentait inévitablement attirer vers le sommeil sempiternel, la tête en vrac, le froid mordant d'un corps qui se vidait de sa précieuse essence vitale. Utiliser ses pouvoirs pour dissuader la doctoresse d'appeler les secours l'avait complètement vidé, se moquant bien d'avoir défoncer son lieu de travail, il était bien souvent du genre à céder à ses pulsions colériques que de réfléchir avant d'agir. "Okay…pas d’ambulance…" Nick fût quelque peu décontenancé par la réaction de la brunette, une humaine se serait généralement enfuie face à un mutant, elle demeurait bien trop calme face au contexte. Était-elle l'exception à cet humanisme qu'il jugeait frelaté et régressant ? Surpris, il ne préféra pas emmètre de remarques pour le moment, bien trop épuisé par ce dernier effort qui lui avait subtilisé ses dernières forces. "Attendez..." Peu habitué à ce qu'on l'aide, le brun n'opposa pas de résistances tandis qu'elle le soutenait du mieux qu'elle pouvait pour l'aider à s'asseoir sur la table d'acier. Bien bâti, il mesurait dans les un mètre quatre-vingt cinq, la silhouette athlétique et bien charpenté, son allure négligée lui donnait l'air d'un crasseux comparé à la belle vétérinaire propre sur elle et qui n'avait rien à envier aux mannequins des défilés. Brune, des yeux céruléens et des formes féminines, son charme n'était pas passé inaperçu pour le mutant malgré l'état désastreux dans lequel il se trouvait.
Plongé dans la pénombre, il ferma un instant les yeux pour profiter des vertus calmantes de l'obscurité. Le monde continuait de vivre autour de lui tandis qu'il retrouvait la silhouette de la jeune femme qui ne l'avait toujours pas abandonné à son triste sort. Il cachait sa surprise, celle-ci réagissant parfaitement bien à la situation, offrant alors des soins au Grec et une planque temporaire. Les sirènes s'éloignaient du quartier, le ventre noué par le stresse de se faire attraper. "Je vais le faire." Nick se contenta alors d'hocher la tête, pas vraiment angoissé face aux sutures qui l'attendaient. Il avait vu pire, connu pire, ses cicatrices en témoignaient. Sa nuque tatouée du symbole oméga, il était fière d'être un mutant et cela se voyait. Avait-elle dans son entourage des amis évolués ? Où était-elle semblable au patient qu'elle soignait ? Des questions qui demeuraient sans réponses pour le moment, l'heure étant à la couture. "Ça risque d’être un peu froid et de faire mal" Laconique, il ne broncha pas tandis qu'elle commençait à nettoyer en profondeur la plaie béante de son épaule. Il poussait par moment quelques grognements virils semblable aux animaux qu'elle soignait d'ordinaire. « Vous pouvez y aller, j'ai connu pire. » Souffla alors le Grec, les iris figés sur le mur précédemment défoncé, il se rendit compte alors qu'il aurait dû réfléchir avant d'agir cette fois.
Le sang ne coulait plus, la blessure nettoyée, elle pouvait enfin refermer la plaie tandis qu'il demeurait silencieux. Il semblait supporter, ayant besoin de repos après ça, il ne savait pas où aller sans risquer de se faire attraper par les flics qui l'attendait. "Alors…c’est à cause de vous si mes chiens se sont tous excités en même temps? " Sous les mains de l'inconnue, il se sentait étrangement bien et confiant. Il était d'ordinaire méfiant et peu farouche avec les gens qu'il ne connaissait pas, mais l'altruisme et la générosité de son hôte l'étonnait de plus en plus. Il put même voir sur son visage la naissance d'un sourire qui réchauffait presque le cœur de glace du protagoniste. « Désolé. » Répondit alors le mutant en tournant son visage vers la jeune femme. « Vous devez certainement préférer la compagnie des chiens ... Surtout après tout ça. » Elle pouvait presque discerner un peu d'amusement dans le regard du brun tandis qu'il serrait les dents sous les coups d'aiguille de la médecin. Ce n'était malheureusement pas ici qu'il allait trouver des anti-douleurs pour soulager ses maux. « Comment ça se fait que vous m'aidiez ? Les mutants sont pas vraiment populaires ces derniers temps. » Nick tira alors de sa poche un paquet de clopes en sale état, glissant rapidement entre ses babines gercées une tige qu'il s'empressa d'allumer. Sans gêne, il se moquait que la fumée puisse déranger, c'était un peu de réconfort après cette terrible soirée. De là où elle était, il pouvait sentir son parfum, la proximité semblait être apprécié par le barbu qui se sentait déjà mieux au fur et à mesure que la plaie se refermait. « Je voulais pas vous attirer des ennuis. C'est votre clinique ? » Souffla alors le Grec dans un nuage de fumé, faisant mention du matériel explosé et du trou dans le mur causé par ses pouvoirs. Normalement il en aurait eu rien à foutre, mais au vu de la gentillesse de l'inconnue à son égard, il ne voulait pas qu'elle se fasse virer par sa faute.
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Heureusement qu’Harper avait cette faculté à garder son calme et ne rien laisser paraître. Aptitude qu’elle avait héritée de son père et qui lui avait valu des éloges de la part de ses professeurs dès sa première opération. Quand on pratiquait un tel métier, il était important de ne pas démontrer ses émotions. Elle l’avait appris très rapidement. Que ce soit des animaux ou des humains, s’ils sentaient votre nervosité, comment pouvaient-ils vous faire confiance et se calmer si votre médecin n’avait pas confiance en lui et en ses capacités? C’était important surtout en situation d’urgence. Surtout quand on n’était pas certain de ce qu’on faisait. Harper laissait croire que tout était sous contrôle. Elle était calme, douce et elle tentait de détendre l’atmosphère. Mais à l’intérieur d’elle, c’était un vrai bordel d’émotions qui se mélangeaient et qui se battaient pour être celle qui serait prédominante. La peur alternait avec l’excitation, la nervosité jouait à la chaise musicale avec la curiosité et l’hésitation et l’inquiétude survolait doucement tout ce chaos. Pourtant, la jolie brune ne se trouvait pas si en terrain inconnu. Ce n’était pas la première fois qu’elle jouait les chirurgiennes sur une personne. Qu’elle était obligée de jouer au médecin. Il y avait de cela quelques mois, elle s’était retrouvée à la même position pour soigner un homme qui l’avait sauvé d’une collision avec un camion qui aurait pu lui être fatale. Harpie chassa cette pensée de son esprit. Elle se refusait de penser à lui, lui qui l’ignorait désormais.
Oubliant ses souvenirs, elle revint à son patient. C’était lui sa priorité. Elle devait lui donner toute sa concentration. "Bon, j’ai terminé de nettoyer. C’est le tour des sutures." Le plus facile était accompli, restait le plus difficile. Les gestes étaient simples et presque machinales pour elle à présent. Il y avait deux heures à peine qu’elle avait terminé de coudre ses derniers points. Seulement la peau humaine était beaucoup plus épaisse que celle d’un chien. Comme Harpie était perfectionniste dans son travail, elle ne souhaitait pas rater son coup et bien faire les choses. Le mutant avait certes déjà plusieurs cicatrices et une de plus n’allait certainement pas le déranger, mais elle souhaitait qu’elle soit propre pour qu’au bout d’un certain temps, elle puisse disparaître et effacer du même coup les souvenirs de cette nuit qui semblait plus qu’éprouvante pour lui. Par contre, un léger problème s’annonçait. "Je ne pourrai pas vous faire d’anesthésie locale. Je ne voudrais pas faire d’erreur. Je suis désolée. " Elle n’avait aucune idée des doses pour un homme de cette taille et de cette grosseur. Elle ne pouvait pas risquer de lui donner une trop grosse quantité. Les effets pouvaient être graves. Mais, elle se doutait qu’il était capable de supporter la douleur. Les multiples marques permanentes sur son corps le supposait. Elle se dirigea vers le plan de travail qui avait résisté à l’attaque et s’empara d’une aiguille stérilisée et du fil le plus résistant. Elle protégea ses mains avec des gants. Elle en profita pour se délier les membres qui s’étaient coincés par nervosité. Ce n’était pas le moment de flancher. Il comptait sur elle. Elle revint vers lui armée de son instrument de torture et d’un petit plateau contenant le nécessaire qu’elle déposa aux côtés du blessé. "Vous êtes prêts? Je suis vraiment désolée…" Sans attendre de réponse, la technicienne planta la pointe de l’aiguille dans la peau de l’homme. L’effet de surprise. Sur le coup cela faisait mal, mais comme on n’appréhendait pas la douleur, on ne crispait pas nos muscles. Une grimace déforma son doux visage partageant la douleur de l’homme. Déjà que toutes ses forces semblaient l’avoir quitté, voilà qu’une aiguille lui transperçait la peau. Cela demandait une force mentale surnaturelle. Il y aurait longtemps qu’elle se serait évanouie. "Vous me dites si cela fait trop mal et que vous voulez que j’arrête. " La jeune femme lui sourit à nouveau et commença à coudre. Elle entra dans sa bulle de concentration chirurgicale. Comme à son habitude lorsqu’elle était concentrée sur quelque chose, elle se mit à mordiller sa lèvre inférieure. Elle se focalisait seulement sur son instrument et l’épaule à réparer. Du moins, pour les premières sutures. Une fois qu’elle prit son rythme et qu’elle fût satisfaite, elle se permit de retrouver le regard qu’elle supposait habituellement fougueux de son interlocuteur. "Oh ne vous en faites pas. Ce sont des bêtes courageuses et d’excellents compagnons. " Bien sûr un tremblement de terre n’était pas rien et c’était toujours un événement exceptionnel et la plupart du temps, naturel. L’important pour elle était qu’aucun de ses pensionnaires ne se soit blessé. "Parfois plus que des humains." Ajouta-t-elle, amusée, mais ne dévoilant pas les rapports particuliers qu’elle pouvait entretenir avec les animaux. "Bien…je..su…disons que j’ai des gens dans mon entourage qui sont des mutants et que je les respecte…" Elle se sentait étonnement bien à présent en compagnie de l’inconnu, mais elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance. Elle décida de garder secrète cette part importante d’elle-même pour se protéger. "Vous tenez le coup? Il n’en reste pas beaucoup!" Cela se passait beaucoup mieux que prévu et à présent il s’agissait d’un mouvement qu’elle avait fait et répété des centaines de fois. Ce n’était qu’une formalité pour la suite. Une fois de temps en temps, elle observait les réactions de son patient qui s’il avait mal, ne le démontrait pas. Il n’avait pas émis de résistance ou émis aucun mouvement de recul. Son visage était resté neutre et inébranlable tout au long de l’opération. Ce qui facilitait la tâche de l’apprentie vétérinaire. Puis, il se tortilla pour tenter de prendre un truc dans sa poche. Instinctivement, elle recula légèrement et soupira subtilement de soulagement lorsqu’elle le vit sortir un paquet de cigarette et qu’il s’en alluma une. Elle n’était pas du tout d’accord avec la chose, mais n’ayant pu lui donner d’anesthésiant, il avait le droit de se calmer. C’était plus fort qu’elle, elle lui lança néanmoins un regard réprobateur. À la mention des dégâts qu’il avait causés, Harper ne put s’empêcher d’éclater de rire, un peu nerveusement. "Ça j’avoue que je me demande encore ce que je vais bien pouvoir raconter à mon patron pour expliquer l’énorme trou dans le mur et l’explosion de son matériel. " Elle allait avoir des ennuis, c’était certain. Elle pouvait toujours dire que des mutants étaient entrés et avaient demandé des calmants, puis étaient repartis par la suite. C’était déjà arrivé dans une clinique de Brooklyn. Et puis, ce n’était pas si loin de la vérité. "Mais il m’aime bien…je trouverai. Vous avez autre chose à vous inquiéter". Elle faisait référence aux sirènes de police et aux hélicoptères qui rôdaient dans le quartier. Arrivée au bout, elle s’empara des ciseaux et coupa l’excédent de fil. Elle s’assura que le tout était assez solide et nettoya une dernière fois l’excédent de sang. "Voilà! Vous êtes comme neuf! " Harper était satisfaite de son travail. Ce n’était pas parfait, mais elle n’était pas habituée de pratiquer sur une personne. Elle prit finalement des compresses qu’elle colla avec un ruban transparent sur la blessure pour la protéger. Puis, elle alla fouiller dans l’armoire de pharmacie, prit un contenant de capsules et remplit un verre d’eau froide. "Hé, on fait un échange? Les calmants contre la cigarette!" Elle lui adressa un sourire à la fois malicieux et amusé.
Plongé dans l'obscurité, il ne discernait que les gestes de la jeune femme qui s'évertuait à soigner le malfrat. Il sentait sa plaie s'embraser sous les antiseptiques, du sel sur les plaies, une nouvelle balafre venant s'ajouter à sa collection impressionnante de cicatrices. Elles avaient toutes une histoire, une signification particulière à l'image de l'encre indélébile tatoué sur sa peau. Des combats, des victoires, mais aussi des défaites. La taillade sur son visage était signé Wolverine, ayant goûté douloureusement aux griffes du X-Men lors de sempiternels affrontements entre les soldats de Xavier et ceux de Erik. Une entaille qui lui rappelait chaque jours les idéaux pour lesquels il se battait, pour l’avènement de sa race, la suprématie des mutants. Pour lui, la jeune vétérinaire n'était qu'une humaine, fille d'une civilisation désuète qui finirait par s'éteindre pour laisser les évolués hériter de cette Terre. Néanmoins, il était reconnaissant de ce qu'elle faisait pour lui alors qu'elle aurait pu appeler la police et le faire enfermer jusqu'à la fin de ses jours. Quinze années de lutte et il était encore surpris par la race humaine, agréablement étonné. Ses gestes étaient doux et professionnels, tournant parfois son visage pour observer sa main panser sa blessure. Fébrile, il retrouvait néanmoins un peu de constance au fur et à mesure qu'il recevait les soins de la brune, songeant déjà à sa vengeance vis à vis des flics de la ville.
"Bon, j’ai terminé de nettoyer. C’est le tour des sutures." Nick demeurait silencieux, le regard perdu dans les débris précédemment occasionnés par ses ondes vibratoires destructrices. Il avait hâte d'en finir, de retrouver un lit pour la nuit même si cette perspective semblait difficile au vu des flics qui le recherchait à l'extérieur. Le ciel était martelés d'hélicoptères, les sirènes hurlaient et les média crachaient déjà des bulletins de désinformations visant une population naïve et jobarde. "Je ne pourrai pas vous faire d’anesthésie locale. Je ne voudrais pas faire d’erreur. Je suis désolée. " Nick tourna alors son regard de bronze vers les iris circassiennes de la soigneuse, pas vraiment effrayé vis à vis des coups d'aiguilles. « Je préfère. Ressentir la douleur c'est qui me fais sentir vivant. » Souffla alors l'Avalanche, le regard perdu dans le décors désormais familier. Il préférait souffrir que d'être un légume sans émotions, bien qu'il ne connaissait que la colère et la haine, l'allégorie de sa propre souffrance. La douleur était l'apanage de sa caste, une routine devenue larmoyante et inévitable. "Vous êtes prêts? Je suis vraiment désolée…" L'aiguille transperça alors sa peau, fermant un instant les yeux sous la douleur aiguë et vive du fil épousant son épiderme abîmé. Il restait immobile, calme et presque inébranlable face à la situation. Ce n'était pas la première fois qu'il recevait ce genre de soins, elle était même relativement douce comparé aux autres médecins qui avaient fait de son corps un temple miné et profané par des scientifiques véreux. "Vous me dites si cela fait trop mal et que vous voulez que j’arrête. " Avalanche secoua la tête négativement, les lèvres pincées et les dents serrés pour encaisser et éviter d'hurler sa peine. Les premiers coups étaient les plus douloureux tandis que son corps se détendait au fur et à mesure que la plaie se refermait.
Laconique et compendieux de surcroît, il n'était pas du genre à partir dans de longues palabres ou des discussions interminables. Bref et concis, il se contentait d'hocher la tête ou d’émettre des faibles grognements en guise de protestation. Cependant, la voix mélodieuse de la jeune femme semblait mettre un frein à ses tourments, calme et posé tandis qu'elle lui parler des bêtes dont elle s'occupait. "Oh ne vous en faites pas. Ce sont des bêtes courageuses et d’excellents compagnons. " Il n'en doutait pas, n'ayant jamais supporté les connards qui maltraitaient leurs animaux. Nick pouvait se montrer froid, distant et parfois cruel, mais il pouvait retrouver facilement ses dix ans en compagnie d'un chiot fougueux. Une facette qu'il se gardait bien de cacher au reste du monde, peu enclin à dévoiler une once d'humanisme à un monde qu'il méprisait amèrement. "Parfois plus que des humains." Silencieux et attentif aux mots de la brune, il ne pouvait que être d'accord avec sa conclusion. Les hommes et les animaux étaient semblables, mais il n'y avait que les humains pour infliger gratuitement de la cruauté à leurs semblables. « La cruauté, le libre arbitre. C'est ce qui nous différencie des animaux. Eux tuent par instinct, pour se nourrir tandis que les Homo-Sapiens s'auto-détruisent pour du pouvoir et par peur de ce qu'ils comprennent pas ... Un manque écœurant d'humilité et de reconnaissance. » C'était sa façon de pensée, un raisonnement fondé sur les guerres qui ne cessaient de détruire une Terre empoisonnée par l'avidité et la bêtise des hommes.
"Bien…je..su…disons que j’ai des gens dans mon entourage qui sont des mutants et que je les respecte…" Le ténébreux restait silencieux, peu habitué à tomber sur des humains défenseurs de la cause mutante. Il avait été perverti par les discours haineux de Magneto, pessimiste vis à vis d'une espèce qui avait toujours torturé les minorités et assassiné des innocents. "Vous tenez le coup? Il n’en reste pas beaucoup!" Il hocha alors la tête en guise d'approbation, ne sentant presque plus rien, l'adrénaline sans doute. Il sentait son cœur tambouriner dans son torse, désireux de survivre à cette nuit cauchemardesque. La conversation s'orienta ensuite sur les dégâts de la clinique, pas vraiment fière d'en être le responsable au fur et à mesure qu'il découvrait la personnalité presque attendrissante de sa jolie infirmière. Le rire de la jeune femme fit sourire le mutant, un étirement furtif mais spontané face à la brune qui accomplissait des miracles en cette soirée. "Ça j’avoue que je me demande encore ce que je vais bien pouvoir raconter à mon patron pour expliquer l’énorme trou dans le mur et l’explosion de son matériel. " Il tira une bouffée sur sa clope, pas vraiment imaginatif sur le coup, le tremblement de terre pourrait servir d'alibi à ces dommages collatéraux. "Mais il m’aime bien…je trouverai. Vous avez autre chose à vous inquiéter". Un énième hochement de tête tandis qu'il était éclairé par le passage furtif d'une lumière artificielle générée par l'hélicoptère passant au-dessus du bâtiment. "Voilà! Vous êtes comme neuf! " Nick tendit alors son bras, grimaçant un peu face à la douleur, il devait désormais laisser faire l'avenir pour cicatriser, foutaises. Le temps ne guérissait rien, il détruisait tout. Il se leva doucement, mais sûrement, craquant sa nuque endolorie, le dos douloureux.
« Merci mademoiselle. Sans vous j'aurai jamais revu la lumière du jour. » La clope coincée entre ses lippes, il l'observait préparer un mélange peu appétissant tandis qu'elle reprenait la parole. "Hé, on fait un échange? Les calmants contre la cigarette!" Nick haussa alors son arcade ensanglantée, surpris, zieutant ensuite le verre et la clope coincée entre ses doigts abîmés. « Hum ça sonne un peu comme du chantage ça, mais je suis pas en position de négocier j'imagine. » Nick tira une dernière bouffée sur la marlboro qu'il échangeait volontiers contre le calmant de la vétérinaire. Il vida le verre d'une traite, reconnaissant. Debout et le torse nu, il se baissa pour récupérer son tee-shirt taché de sangs et de crasses pour se vêtir lentement et douloureusement. Il s'approcha ensuite de la jeune femme, la dominant par sa taille et sa silhouette. « J'ai le droit de connaître le prénom de celle qui vient de me sauver la vie ? Je vous en dois une désormais. » Il tendit alors la main vers elle, les traits moins menaçant qu'à son arrivée dans sa clinique. Il ne lui ferait pas de mal, il lui devait énormément et il avait désormais une dette envers la jeune femme. « Vous pouvez me tutoyer et m'appeler Nick. Les flics sont encore dehors donc ... Sauf si vous me foutez dehors, je peux vous aider à faire le ménage ou vous raccompagnez ? J'ai nulle part où aller pour la soirée. » Il ne pouvait pas rejoindre la Confrérie et prendre le risque d'ameuter les flics jusqu'au quartier général de Magneto. Il y avait des règles. Loyal, il préférait crever que d'offrir au gouvernement la tête de ses frères et sœurs d'armes.
tomorrow is another day and you won’t have to hide away. you’ll be a man, boy. but for now it’s time to run.
La tension dans la salle de consultation s’était évanouie dès qu’elle avait donné son dernier coup d’aiguille. Harper pouvait recommencer à respirer convenablement. Elle avait réussi à refermer une épaule transpercée par une balle sans faire trop de bêtise. Elle était tout de même d’avis que son mystérieux patient devrait se rendre auprès d’un spécialiste pour se faire examiner. Mais, l’homme semblait plutôt fermé à l’idée. Elle n’allait donc pas insister. Ses paroles étaient remplies de mépris et de douleur, ce qui déstabilisait grandement Harper qui n’avait pas l’habitude de faire face à tant de colère. Elle avait eu une enfance heureuse et aimante. Elle avait eu une adolescence particulière, mais on l’avait toujours protégée. Elle s’était toujours sentie en sécurité. La jeune femme était une optimiste qui voyait toujours le bon côté des choses. Elle était de ceux qui croyaient qu’il y avait du bon dans chaque humain. Elle ne se voilait pas le visage et ne prétendait pas qu’il n’y avait pas des guerres et des affrontements, elle était bien au courant. Sans avoir été en plein cœur de l’action, la technicienne avait vu ce que les divergences d’opinions pouvaient causer. Elle avait vu les siens entre-déchirer pour faire valoir leurs points de vue. Elle avait vu ce que certains mutants sans remords pouvaient faire. Elle avait vu les anti-mutants jouer les tyrans. Harper ne comprenait pas toujours toute cette haine et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait décidé de quitter l’institut Xavier pour aller étudier à l’université et tenter d’avoir une vie normale. Son cœur était avec les X-men, mais elle n’aurait pas pu les rejoindre et tenter d’arrêter les vilains. Ce n’était pas pour tout le monde de faire régner la justice. Ce n’était pas pour elle. Dans son métier et dans sa vie en général, elle n’avait pas souvent eu à côtoyer des gens ayant des problèmes avec la justice et qui se nourrissaient de peur, de colère et de vengeance. Elle ne savait donc pas trop comment réagir. Il ne semblait pas lui vouloir du mal et il semblait même reconnaissant envers elle. Harper avait aperçu à quelques reprises un semblant de sourire sur le visage de l’étranger supposant qu’il n’était pas que frustration. Elle se sentait bien et étrangement en confiance en sa compagnie, mais elle marchait tout de même sur des œufs et elle n’osait pas trop prendre ses aises. Harpie se contentait donc de sourire compréhensif aux déclarations agressives du mutant ne souhaitant pas l’allumer et partir sur des débats. Elle avait vu ce dont il était capable et maintenant qu’il était tiré d’affaire, il pourrait utiliser ses pouvoirs à nouveau. Cette fois, sur elle. "Vous croyez que je vous aurais laissé là sur le sol de la clinique? J’aurais eu plus de difficulté d’expliquer cela que le trou dans le mur, je pense!...Mais, cela me fait plaisir." Elle lui sourit en ramassant son cabaret qu’elle posa sur le plan de travail.
Harper attrapa la cigarette que lui tendait l’homme du bout des doigts, satisfaite mais elle ne put réprimer une grimace de dégoût. Elle laissa tomber le mégot dans le lavabo et l’inonda d’eau pour la faire éteindre. Elle retira ensuite ses gants et jeta tout son matériel à la poubelle. En se retournant vers l’intrus, elle tomba face à lui. Il s’était relevé et était en train de remettre son t-shirt. Machinalement, ses yeux s’ouvrirent grands et elle se mit à l’observer, bien malgré elle. Jusque-là, Harpie n’avait pas fait bien attention à sa taille et elle s’était plutôt concentrée sur son objectif de réparation d’épaule. Il était beaucoup plus grand et imposant qu’elle ne l’avait imaginé. Et parfaitement découpé. Il n’était pas musclé de passer trop de temps en salle de sport, il s’agissait d’une musculature naturelle. Outre ses muscles, il y avait une multitude de tatouages qui avaient perdu un peu de leur clarté et étaient abîmés par des blessures anciennes, mais le tout donnait un effet assez sexy. Oh si Johanna était là, elles cancaneraient comme des gamines. Comme toutes les filles un peu naïves, Harper était attirée par les mecs mystérieux et rebelles et malheureusement pour elle, son patient ne faisait pas exception. Elle réussit néanmoins à se reprendre lorsqu’il se rapprocha d’elle. Elle souhaitait qu’il n’ait pas aperçu ce petit moment d’égarement. "Oh oui!... Bien sûr! C’est Harper! Enchantée Nick." Elle lui sourit bêtement, une montée de chaleur honteuse venant l’envahir. "Vous..tu …peux ici pour la nuit, si tu veux, Il y a des lits, pas très confortables, mais vous…tu seras en sécurité au moins. La clinique n’ouvre pas avant huit heures et les employés arrivent vers sept heures trente. Tu pourras te reposer. Et une aide pour le ménage serait le bienvenu. " Cela signifiait qu’elle devait restée toute la nuit elle aussi. Cela l’enchantait plus ou moins, surtout qu’elle avait cours à neuf heures le lendemain, mais elle n’allait pas le laisser seul. C’est à ce moment qu’elle remarqua les mains de Nick et sans trop réfléchir, elle les attrapa. "Tes mains! Elles sont aussi blessées? Et tu as d’autres blessures, d’ailleurs?" Occupée avec la lésion la plus flagrante, elle avait oublié de demander si l’homme n’avait pas besoin de soins ailleurs. Ses mains étaient abimées tout comme ses jointures. Elle passa doucement ses doigts sur ses paumes brûlantes. "Ça fait mal quand tu fais sortir tes ondes de tes mains?" Elle releva la tête pour rencontrer le regard foncé de Nick, curieuse. Ce type de pouvoir était toujours impressionnant, mais semblait demander énormément d’énergie et ses amis de la mansion lui avaient souvent révélé que ce type de don était aussi très douloureux. Parfois, elle enviait ceux qui maîtrisaient les éléments. Ils lui semblaient plus utiles, surtout comme défense. On lui avait souvent répété qu’une fois qu’elle pourrait contrôler les animaux sauvages et plusieurs à la fois, qu’elle allait pouvoir accomplir des grandes choses, mais pour l’instant à part pour une carrière de vétérinaire, cela lui semblait bien faible et inutile comparé à certains.