AVRIL 2006 Il était sept heures du matin lorsque la jeune Harper, 15 ans, sortie de la maison familiale pour se rendre à l’étable dans laquelle se trouvait les cent vaches de la ferme laitière de son père. Comme tous les matins, elle s’emparait de son râteau et étalait les bottes de foin que lui avait préalablement descendu son père. Depuis qu’elle avait dix ans qu’il s’agissait de sa tâche principale à la ferme. Elle adorait cela. Elle se sentait utile et passait tous ses avant-midis en compagnie des animaux. C’était encore mieux depuis qu’elle avait découvert qu’elle pouvait communiquer avec eux, il y avait un mois de cela.
Ce jour-là, comme tous les matins, elle s’était réveillée à 6h30, s’était habillée, avait pris son petit-déjeuner et s’était rendue à la ferme. Tout au long de sa préparation, il y avait une sorte de bourdonnement et de sifflement incessant dans ses oreilles, puis des entremêlements d’une voix inaudible. C’était agaçant, mais Harper n’était pas du genre à se plaindre pour si peu. Elle endurait. Les sons étaient plus forts à mesure qu’elle s’avançait vers la ferme et dès qu’elle avait ouvert la porte, se fût l’explosion dans sa tête. Si bien qu’elle s'était effondrée sur le sol en se bouchant les oreilles. Il y avait des cris, des lamentations, de l’excitation. La sensation était indescriptible. Elle ne pouvait plus réfléchir. Son crâne voulait éclater. Tout cela était trop pour l’adolescente qui avait perdu connaissance. Elle avait retrouvé ses esprits quelques minutes plus tard. Allongée sur le foin, les voix étaient toujours présentes, mais moins fortes. Elles étaient inquiètes. Toutes les vaches près d’elle l’observaient. Elles se demandaient si la jeune fille se sentait bien et si elle allait pouvoir les nourrir. Harper avait cru qu’elle était folle et malade. Mais surtout folle. Elle était sortie du bâtiment, refermant la porte sur des voix affolées. Elle était retournée à la maison, avait dit à sa mère qu’elle ne se sentait pas bien et elle était allée s’étendre sur son lit. Elle avait dormi toute la journée. Elle s’était réveillée dans la nuit par une voix implorante. Au début, elle avait cru qu’il s’agissait de Ben, son petit-frère, avec lequel elle était très proche et qui devait s’inquiéter. Lorsqu’elle avait ouvert les yeux, elle avait retrouvé sa chambre vide et silencieuse. Il y avait seulement Weasley, son chat roux, couché à ses côtés. "J’espère qu’elle va bien. Elle est gentille ma maitresse. Oh! Elle est réveillée!" Weasley s’était levé et s’était mit à ronronner en se frottant sur elle. Il répétait sans cesse qu’il était heureux. Harper fronça les sourcils ne comprenant pas ce qui se passait. Est-ce qu’elle était entrain de rêver? Elle ne pouvait pas entendre son chat. C’était ridicule. Puis, elle s’était demandée si elle n’était pas comme les gens qui se découvraient des pouvoirs et que Ben parlait toujours. Une mutante? Elle s’était redressée sur son lit. "Weas’? Dis-moi quelque chose."Le chat avait cessé de ronronner. "Quelque chose!" Elle avait trouvé cela trop bizarre, mais cela expliquait ce qui s’était passé dans la matinée. Elle s’était rendormie avec cette pensée en tête en se disant qu’elle aurait des tests à faire au matin. Comme à son habitude, elle salua le troupeau qui lui répondit d’une même voix, faisant sourire la petite brunette. Harper avait réussi à mieux maîtriser ses habiletés. Tous les matins, elle s’exerçait à se concentrer sur une seule voix. Elle recommençait dès qu’elle revenait de l’école. Elle passait tous ses temps libres à pratiquer son don. Cela lui donnait un mal de tête fou à chaque fois, mais elle s’en fichait. Elle pouvait entendre ce que les animaux lui disaient et comment ils se sentaient. C’était trop génial. Du petit poussin au grand taureau! Elle ne pouvait pas avoir de conversation ultra développée pour le moment, mais elle y travaillait fort. Puis non seulement, elle pouvait communiquer avec eux, mais même les contrôler si un contact visuel franc était fait. En plus d’énormément de concentration et d’énergie. Pour le moment, seul Ben était au courant puisqu’il croyait à ces trucs, dur comme fer. Quant au reste de sa famille, il était évident qu’ils n’allaient pas la croire. Sa mère lui dirait probablement que tout cela sortait tout droit de son imagination.
"Chérie, tu vas être en retard à l’école!" Harper regarda sa montre, en effet, elle était en retard! Elle donna un bisou sur la joue de son père.
"À ce soir papa! Oh, tu devrais examiner Moona, elle ne se sent pas bien!"
***
Cette nuit-là, Harper se leva en sursaut sentant de l’agitation provenant de l’abri des vaches. Dans le brouhaha, elle avait entendu le mot
loup. Elle ressentait leur peur. Elle sortit de son lit et enfila un manteau et des bottes à toute vitesse. Elle courut jusqu’à la ferme et se trouva nez à nez devant un énorme loup noir qui n’avait pas l’air content d’être interrompue dans sa quête. Il grognait des choses incompréhensibles, mais cela n’avait pas l’air gentil. La mutante tenta de montrer qu’elle n’avait pas peur, même si son cœur battait très fort. Le loup devait le sentir. Mais, elle ne bronchait pas et le fixa droit dans les yeux et se concentra de toutes ses forces. Cette créature n’allait pas s’en prendre à ses vaches.
"Tu n’as pas le droit d’être là!" Habituellement, elle parlait dans sa tête, mais elle avait l’impression que cela ferait plus d’effet si c’était à voix haute.
"Ôte-toi de mon chemin humaine." Lui répondit-il, les crocs sortis. L’adrénaline aidant, elle garda son calme et ne bougea pas. Elle tentait de faire le contact pour empêcher le canidé d’avancer, mais c’était beaucoup plus difficile qu’avec une poule ou un lapin. À force de concentration, elle réussit à entrer dans la tête de la bête.
"Retourne dans la forêt et ne reviens pas."Lui dit-elle fermement. Le loup ragea, mais recula bien malgré lui. Il tourna les pattes et disparu par où il était arrivé. Le contact se rompu et Harper tomba à genoux, la tête en feu.
"TROP COOL. Harpie a fait partir le loup!" La jeune Halliwell releva la tête, elle ne s’était pas aperçu que toute sa famille était là et avait vu ce qu’elle avait fait. Ben avait les yeux qui brillaient d’excitation. Julian et Darren étaient impressionnés. Amy avait peur. Des larmes de déception et de terreur coulaient sur les joues de sa mère. Quant à son père, il avait un visage impassible.
"Rentrons. Le troupeau est en sécurité, maintenant."Dit-il tout simplement. Il alla aider sa grande fille à se relever et lui offrit un clin d’œil.
2010 C’est de loin qu’assista Harper à la bataille d’Alcatraz. Comme tous les pensionnaires restés à l’institut Xavier, elle avait le regard fixé sur la télévision et regardait, impuissante, les images de l’affrontement. On ne voyait pas grand-chose, la caméra sur l’hélicoptère préférant capter ses images de loin, mais il était évident que c’était un vrai carnage qui se déroulait plus bas. Cela faisait maintenant quatre ans qu’un professeur s’était présenté chez elle et lui avait expliqué ce qu’elle était et qu’il serait judicieux pour elle de le suivre afin d’améliorer et de contrôler ses dons. Elle avait été déçue de quitter la ferme ainsi que sa famille, mais il s’agissait de la meilleure solution pour tout le monde. Elle avait d’abord été impressionnée par ce que certains pouvaient faire. Mais chacun avait les mêmes buts: rencontrer des gens comme eux, apprendre à maîtriser ses dons et surtout à vivre avec eux. À présent, elle les contrôlait très bien. Elle communiquait avec les animaux domestiques, mais aussi sauvages. Elle avait de véritables conversations avec ceux qui lui faisaient confiance. Son don de contrôle était un peu plus difficile. Il était maîtrisé sur les plus petites (et moins intelligentes) bestioles, plutôt efficace sur les chiens, les chats, les lapins, les écureuils, les ratons, les renards, mais plus difficile sur les grosses bêtes sauvages.
"HARPER! Viens là!" La jeune fille se releva et suivit l’un des professeurs tenant un renard dans ses bras.
"Fox a été durement touché et il est incapable de prendre sa forme normale. Tu crois que tu serais capable de lui demander ce qui ne va pas?" Harper acquiesça doucement. Une montée d’adrénaline l’envahit. Elle se concentra et posa sa main sur la petite bête. Son souffle était lent et souffrant. Elle entendit un murmure.
"Il a des cotes de brisées, un poumon perforé et il a perdu énormément de sang." "Parfait! Suis-moi, je vais avoir besoin de tes services!" C’est à ce moment-là qu’Harper su ce qu’elle voulait faire : Vétérinaire.
NOVEMBRE 2014 "Chéri! J’ai terminé plus tôt! Tu as envie d’aller déjeuner?" Harper venait d’entrer dans l’appartement qu’elle partageait avec son fiancé. Elle avait rencontré Justin à son arrivée à l’université. Lui aussi était en médecine vétérinaire et il l’avait prise sous son aile. Depuis, ils ne se quittaient plus. Un amour très fort s’était développé, mais elle n’osait toujours pas lui avouer ce qu’elle était. D’abord, parce qu’il avait les mutants en horreur et surtout parce qu’il l’accuserait de tricherie lui qui n’acceptait pas qu’elle réussisse mieux que lui dans les interventions. Tout s’était déroulé rapidement, ils avaient déménagé ensembles, puis il lui avait demandé sa main à peine un an après leur rencontre. Weasley qu’elle avait apporté avec elle à New York, n’aimait pas du tout Justin et il le soupçonnait de cacher des trucs à Harper. Et il le faisait bien savoir à sa maîtresse, mais l’amour rend aveugle et elle n’écoutait pas son fidèle compagnon. Ce dernier l’accueillit comme à son habitude. Pendant qu’elle enlevait ses vêtements extérieurs, il s’assit devant elle.
"Il n’est pas seul! Et tu sais l’odeur qu’il ramène toujours, c’est elle!" Le cœur de la jeune Halliwell s’arrêta. C’était donc vrai? Non. Si? Il fallait en avoir le cœur net. Elle se dirigea vers leur chambre, Weasley sur les talons, plutôt satisfait. Elle ouvrit doucement la porte découvrant son petit-ami faisant mine de s’étirer.
"Salut beauté! Déjà là? Je viens de me réveiller." Le chat siffla.
"Idiot!" Harper lui lança un regard furieux.
"Garde-robe." Les yeux bleus d’Harper dévièrent vers la penderie. Voyant cela, Justin se leva d’un bond et commença à enfiler un jeans.
"Alors, tu parlais d’un déj’?" Cela lui faisait mal au cœur, mais Weas’ avait raison. Un bout de tissu rose fluo dépassait de sous l’oreiller et venait d’attirer son attention.
"Et tu vas laisser ton invitée toute seule?" Elle pointa du menton le tissu, elle ouvrit les portes du garde-robe et découvrit une belle blonde aux yeux noisettes, légèrement mal à l’aise.
"Connasse!" Harper réprima un rire.
"Pas la peine de te rhabiller, je vous laisse." Elle referma la porte d’un coup sec. Elle retira sa bague et la lança au garçon. Elle ramassa rapidement ses effets personnels utiles et quitta l’appartement, Weasley dans les bras. En se dirigeant vers sa voiture, elle aperçut un groupe de goéland. Elle leur ordonna de faire leurs besoins sur la magnifique BMW grise de son ex-fiancé. Ce n’était pas grand-chose, mais cela la faisait bien rire.
FÉVRIER 2016 Il devait être près de deux heures du matin lorsqu’Harper quitta le Raine Lounge situé dans le Queens après une soirée bien arrosée entre copines. Elle passa devant un type qui fumait dans la petite ruelle à côté du bar. Il l’apostropha.
"Hey!" Elle lui offrit un sourire pour toute réponse.
"Hey! Attends! Sois pas si pressée!" Le mec s’avança aux pas rapides vers elle. Elle s’arrêta dans un soupir. Peut-être avait-il besoin d’aide?
"Je t’ai vu me regarder ce soir et tu sais je te trouve bien belle moi aussi. Peut-être qu’on pourrait aller discuter ailleurs?"Il se positionna devant elle pour lui barrer la route.
"Oh tu sais, j’ai regardé un tas de personne ce soir et je n’ai pas nécessairement envie de tous leur parler. Bonne soirée." Elle tenta de l’esquiver, mais le type l’en empêcha.
"Ooh, fais pas ta farouche. T’arrêtais pas de me regarder avec tes jolis yeux de biche. J’suis sur que je te plais." Harper commençait à paniquer. Ce type était saoul et ne semblait pas vouloir la laisser aller quoi qu’elle dise ou fasse. Elle tenta de garder son calme.
"Non, je t’assure que je ne regardais pas de cette façon, maintenant si tu veux bien me laisser passer…"Il lui attrapa le bras.
"Je veux juste discuter. Aller!" Elle tenta de se défaire, mais le garçon serra son emprise. Harper grimaça de douleur. Elle essaya de le faire partir une dernière fois.
"Tu fais erreur...et tu devrais rentrer chez toi. Tu es saoul."Elle ne vit pas la large main qui s’étampa directement sur sa joue.
"Tu me diras pas quoi faire sale garce. " Elle porta sa main à sa joue, légèrement griffée et sans réfléchir elle lui envoya à son tour son poing à la figure. Le mec recula un peu. Si elle ne lui avait pas fait très mal, il n'avait pas du tout apprécié. Alors qu'elle avait profité de l'effet de surprise pour se sauver de son assaillant, ce dernier lui courra après. Même très intoxiqué, il la rattrapa rapidement. Il lui attrapa les jambes et Harper tomba sur le sol, son front se cogna sur une roche pointue sur le sol laissant une entaille assez profonde près de l’œil gauche. Un couvercle de poubelle tomba près d’eux, les faisant sursauter. Un chien errant! Ses yeux apeurés rencontrèrent ceux du pitbull.
"AIDE-MOI!" Le chien s’avança vers eux en grognant, l’air mauvais. Il sauta sur le bras de l’homme qui lâcha Harper aussitôt en criant de douleur.
"Qu’est-ce qu…C’est ton chien? Non…je l’ai déjà vu ce bâtard…tu…t’es…T’es une de ces choses hen? Oh putain, j’vais être un héros si j’en ramène une aux autorités!" Il était moins idiot qu’il en avait l’air et il avait fait rapidement les liens. Il faut dire que toute la population était sur le qui-vive dernièrement et tous ceux qui étaient dotés de pouvoirs étaient mis à prix. Dès qu’un truc un peu bizarre se produisait, on mettait immédiatement la faute sur les mutants ou les super-héros.
"Si tu approches encore, je lui dis de te sauter à la gorge. "Lui dit-elle, haletante et toujours au sol. Le mec rigola et s’avança. Le pitbull n’avait pas quitté des yeux l’homme et il montrait ses dents. Il se tenait prêt.
"Attaque!" Lui ordonna Harper. Il n‘hésita pas et sauta à la jambe de l’assaillant qui hurla à nouveau avant de reculer.
"Fais attention à ton petit cul ma belle, il se peut que je ne sois pas bien loin." Il se retourna et disparu de la rue en boitant. La jeune femme cessa son emprise sur le chien qui cessa aussitôt de grogner.
"Merci. Viens, tu mérites un tas de nourriture!" Elle lui caressa la tête et le chien la suivit avec beaucoup d’excitation.
"Et toi de soins." Harper passa un doigt sur sa plaie et celui-ci se recouvrit de rouge.
"Mouais....mais avant allons te nourir."