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 tumble overboard | ruthor

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MessageSujet: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeMar 2 Fév - 20:42

Tumble overboard
victor & ruth

Ce n'était pas du luxe. C'est pourtant ce qu'elle a trouvé de mieux. Une lettre du mot « hôtel » illuminant la nuit du Bronx ne fonctionnait plus. Elle chassait chaque soir les araignées ayant dans la journée élue domicile sur une lampe de chevet bas prix. Il fallait supporter des voisins de chambre bruyants et les mélodies habituelles du quartier. La vie dans le Bronx n'est pas aussi difficile quand on s'habitue à son atmosphère, elle devient même agréable lorsqu'une calme routine s'installe. La californienne avait repéré des jours auparavant une station service dans laquelle elle avait une chance d'obtenir un emploi. Cette nuit là, elle dormait sur ses deux oreilles sans se demander ce que la journée suivante allait lui réserver. Cette routine qu'elle avait mit tant de temps à construire commençait à provoquer un certain calme dans la vie de la jeune mutante. Ce n'était certes pas ce qu'elle s'imaginait en arrivant à New-York. Ce n'était sans doute également pas ce que son frère imaginait lorsqu'il parlait d'une nouvelle vie. Elle aimait à croire qu'ils mèneraient cette douce vie dont ils avaient toujours rêvé. Ses inquiétudes étaient assez fortes pour hanter ses nuits. Elle pouvait passer des heures et des heures sans fermer l'oeil, à admirer la nuit. Les chants des oiseaux font partie de ce qu'il faut sacrifier lorsque l'on déménage dans le Bronx, pour laisser place au vacarme des voitures. Cela ne faisait cependant pas partie des choses auxquels Ruth s'était habituée.

Le lendemain matin, les araignées avaient à nouveau élue domicile dans sa chambre. Un verre fracassé sur le sol signifiait que son don prenait la nuit le contrôle de ses rêves, un désastre inconscient. Elle avait cette impression que le soleil New-Yorkais n'était pas le même que le sien, qu'il se levait plus tôt que n'importe quel autre soleil. Les journées s'allongeaient et le crépuscule battait en retraite. La nuit n'est pas la même ici. Elle est plus sombre et plus dangereuse que celle qu'elle avait l'habitude de côtoyer. Le jour faisait place à nouveau ce matin là ; elle dut se préparer en conséquence. La mutante enfila ce qu'elle avait de plus agréable à porter sans être négligée. Elle sortit une clé de sa poche et l'a fit pénétrer dans la serrure. Quelques secondes suffisent pour que la mutante s'extirpe de la chambre crasseuse. Un obstacle obstruait cependant son chemin. Un homme était allongé sur le sol, s'étalant sur toute la largeur du sombre couloir. Il était sûrement plus prudent de prendre un autre chemin, quit à se rallonger, ou simplement chevaucher le corps de l'homme d'un pas léger. Seulement la prudence n'a jamais été le fort de la mutante, et la curiosité sont défaut le plus destructeur. Ce sentiment laissait cependant place à ce qui semblait être de l'inquiétude, car le thorax de l'individu ne produisait pas ce haut-bas de la respiration. Ruth espérait qu'il n'avait pas fait un malaise, ni même... bien pire que ça. C'était peut-être simplement ses yeux qui lui jouaient des tours ; la télékinésiste ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour peu de chose — comme si s'inquiéter pour elle-même n'était pas assez suffisant. Ruth se pencha, tenant ses longs cheveux qui empêchaient sa vue. « Hey ? » tenta-t-elle de lancer, mais ça ne ressemblait qu'à un murmure. Devait-elle vraiment faire ça ? Si cet homme dormait, aussi étrange soit-il, il ne voulait peut-être pas être dérangé. Malheureusement ce fut trop tard, elle s'était agenouillée près du corps et posa une main sur l'épaule de l'homme pour le secouer lentement, l'autre tenant toujours ses propres cheveux. « Hey ! » lança-t-elle, plus audible que précédemment.

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Dernière édition par Ruth M. Lindsey le Mar 9 Fév - 16:23, édité 3 fois
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Tumble overboard
Victor — Ruth

Dormir.
Est-ce que ça lui était arrivé de dormir profondément, un jour ? Très peu probable. C’était une situation de non-repos permanente qu’il subissait, mais la fatigue du corps ne le touchait pas. Celle de l’âme par contre était beaucoup plus violente que l’autre, quant bien même il parvenait à subsister ici-bas avec de fermes - et nobles - motivations. Il s’agissait de son moteur principal, son essence résidant dans ses pulsions carnassières et sacrificielles. Les têtes pensantes diront certainement que son vécu l’y a aidé, alors qu’il semblait que son destin soit écrit. Son destin avait été scellé depuis le commencement…qui n’était en réalité qu’un renouveau. Grossièrement dit, il était celui qu’il redoutait et vénérait le plus au monde…mais aussi le seul qu’il estimait aveuglement. La veille, en pleine nuit, il s’était échoué devant cette porte qui n’était pas la sienne - mais pensant que c’était le cas, assurément. Elles se ressemblaient toutes. Parce que sa clé s’était visiblement égarée, et que le gérant de cet hôtel, si miteux soit-il, avait refusé de lui ouvrir avec celle qu’il avait à sa disposition - initialement réservée aux femmes de chambre et à lui-même.
Aussi étrange que cela puisse paraître, Victor ne s’était pas énervé et avait tracé sa route jusqu’à l’étage. Tel un fantôme, las. Alors oui, à ce moment-là, il s’était assoupi, semblant rêver alors que ce sommeil léger faisait gronder la voix de souvenirs déchus.

Le son du verre brisé l’avait tiré de ses rêveries nocturnes. Pendant un instant seulement. Il n’avait pas réfléchi davantage à ce qui avait pu se passer, n’admettant même pas l’hypothèse que cela avait pu se passer derrière ladite porte. Celle dont il obstruait l’entrée, légèrement recroquevillé sur lui-même et le capuche sur la tête. Non, décidément, ses songes étaient enivrants cette nuit-là, et cette porte était celle de « sa » chambre. La lumière du couloir s’était brièvement allumée aux alentours de six heures du matin, à savoir trois heures un quart après s’être posé ici. Des bruits de pas qui l’avaient tiré une nouvelle fois de son sommeil vaporeux, puis des voix marmonnées à peine délicatement. « Qu’est-ce qu’il fout ici celui-là ? », avait dit une femme embuée par l’alcool. « On s’en fout Jersey, », avait rétorqué une voix d’homme qui l’avait faite rentrer dans la chambre, le ricanement féminin retentissant en diminuendo. Ça n’allait donc jamais s’arrêter ?

L’agacement pointant à peine le bout de son nez, il eut du mal à reprendre le fil de ses chimères. En se réveillant, il avait eu l’impression de perdre la moitié des informations qui lui avaient été transmises durant le processus. Victor n’allait pas profiter longtemps, ces données allant être balayées brutalement. Comme toutes les autres fois, la façon dont il était « réveillé » ne changeant en rien la donne. Ce qui n’était pourtant pas sa façon de percevoir les choses…
Quelques heures ? Une heure seulement, peut-être…dans tous les cas, il avait été de nouveau arraché à ce qui l’intéressait malgré lui. Ces énigmes qui tournaient inlassablement dans sa tête une fois son cerveau au ‘repos’ le rendaient à la fois curieux et le frustraient. L’homme ne comprenait pas pourquoi rien ne voulait s’imprimer, alors que d’autres parvenaient à raconter leurs rêves ou au moins en définir le cadre.

C’est alors que la clé tourne une nouvelle fois, et la porte s’ouvre dans son dos. Ce mouvement produisit non seulement un son caractéristique mais aussi un courant d’air non négligeable. Il avait senti sans pour autant ressentir, le froid ne l’ayant pas foudroyé les membres. L’allemand était déjà glacial au toucher - et l’avait toujours été. « Hey ? », elle ne voyait pas son visage et c’était tant mieux, car il lui faisait dos. Il avait ouvert légèrement les paupières, fixant le vide. « Hey ! », et la demoiselle l’avait secoué légèrement, sa prise à l’épaule. Il leva les yeux au ciel avant de se laisser retomber sur le dos, croisant les bras contre son torse. « Quoi ? », lâcha t-il alors qu’il la fixait dans l’ombre de sa capuche - qui s’écrasait limite sur l’extrémité de son nez percé…mais puisqu’elle était accroupie, il parvenait à la voir un peu. « Alors ? », insista t-il. Il était dans son bon droit…puis, il sembla percuter qu’elle venait de sortir de sa chambre. L’une de ses mains se décoinça de sa propre emprise pour tirer sa capuche vers l’arrière, du moins, le maximum qu’il put, élargissant son champ de vision. Dans ses yeux émeraude, une déduction silencieuse qui muta en un regard à la fois interrogateur, soupçonneux, voire complètement accusateur. « Qu’est-ce que tu fiches chez moi, toi ? » Il la toisait sans scrupules, là, sur sa literie de fortune…

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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeMer 3 Fév - 17:21


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L'intrusion de la californienne avait suffit à le sortir de son sommeil. Combien d'heures avait-il pu dormir dans un endroit comme celui-ci ? Avec toutes ces allées et venues tardives. Elles avaient sortis Ruth de son sommeil de nombreuses fois, lorsque ce n'est pas les fortes plaintes d'hommes ivres ou les ricanements de femmes, sonnant la fin de soirée arrosée et qui ne semblait pas se terminer de si tôt. Même la plus haute chambre de l’hôtel n'était pas à l'abri de ces dérangements habituels. La plus chère des chambres de l’hôtel ne possédait pas de murs plus épais ou quoi que ce soit qui rendrait ses nuits plus agréables et plus paisibles — personne ne pouvait rien pour changer ça.

Elle entendit une réponse qui lui ôta tous ses soupçons. « Quoi ? » Il était vivant. Elle laissa échapper un soupire de soulagement à la nouvelle. Elle avait pourtant cru voir qu'il ne respirait pas, ce n'était finalement que son imagination. Une simple illusion de son esprit qui se délectait des frayeurs de la jeune fille. Elle pouvait à peine distinguer son visage entièrement. « Alors ? » Il insista, mais Ruth avait à peine entendu son interlocuteur, trop occupée à tenter de décrypter ce qu'elle n'avait jamais vu auparavant. C'était, de toute manière, peine perdue. Son esprit avait consacré ces dernières secondes à trouver une explication tangible à lui soumettre, sans évoquer sa curiosité maladive et sa paranoïa. L'individu retira le morceau de tissu qui recouvrait une partie de son visage et dévisagea la jeune mutante. « Qu’est-ce que tu fiches chez moi, toi ? » Il laissait Ruth dans l'embarras — non pas seulement parce qu'elle ne comprenait pas un seul mot de ce qu'il voulait dire, mais également parce qu'elle a toujours été embarrassé par ces regards —. Chez lui ? Elle jeta un coup d'oeil à la porte dans un mouvement instinctif, comme pour vérifier qu'elle ne s'était pas trompée. Toutes les portes de cet hôtel avaient cette ressemblance frappante qui mettait chaque personne dans l'embarras. Mais sans aucun doute, c'était sa porte. « Vous devez vous tromper... » dit-elle, secouant lentement la tête de droite à gauche. Personne d'autre que lui ne pouvait prévoir comment l'inconnu allait réagir. Ruth n'avait pas peur de la surprise. Elle en était trop habituée pour en être effrayée. La curiosité et son goût pour l'aventure l'avait souvent mené dans les plus sombres recoins du monde. Les choses pouvaient très certainement tourner différemment s'il restait convaincu qu'elle s'était introduite dans sa chambre. Elle était cependant rassurée de s'en être fait pour si peu de choses. Deux individus, l'homme tenant la femme par la taille, s’avancèrent dans le couloir pour rejoindre les escaliers. Ils toisèrent nos deux protagonistes avant de quitter le champ de vision de la mutante, dans quelques murmures. La californienne se rendit compte qu'elle devait peut-être s'en aller avant que la conversation devienne de plus en plus confuse. Elle se redresse lentement, jetant des coups d'oeil de droite à gauche. « Pardon de vous avoir réveillé, j'ai du m'inquiéter pour rien... » Sa voix diminua lentement jusqu'à rendre ce dernier mot presque inaudible.

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Dernière édition par Ruth M. Lindsey le Lun 15 Fév - 14:15, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeMer 3 Fév - 22:36


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Victor — Ruth

Et elle semblait soulagée de le voir se réveiller, en plus ! Pas croyable. Quand même…il y avait des manières plus délicates de tirer les gens de leur sommeil devant leur propre porte. Victor n’aurait pas préféré qu’on lui chante une berceuse, cela dit, il fallait bien avouer que le secouer n’avait pas été la meilleure option. En réalité, l’écho de sa voix aurait suffi. Mais était-il en position pour expliquer cet état de fait ? Pas vraiment. Il ne le serait probablement jamais, lui et sa personnalité nomade. Dans son esprit, il n’y avait qu’une seule chose : elle, et rien d’autre. Il interprétait les réactions de la jeune fille sans s’embarrasser de réflexions supplémentaires, qui auraient peut-être pu aider au jugement. Agacé, il l’était, bien que la partie émergée de l’iceberg était souvent la plus étrange, hors-norme, voire parfois amusante à voir. Lorsque l’on s’arrêtait à la première phase, évidemment. La phrase qu’avait prononcé celle qu’il considérait comme une voleuse - un rapace très peu recommandable, vu d’ici - faisait bien entendu partie de ce palier.

En parlant de pallier, les deux individus qui l’avaient réveillé pendant la nuit passèrent à sa droite, marchant à vitesse modérée. Ils étaient collés l’un à l’autre comme des sardines. L’attention de Victor se porta sur l’homme, qui avait posé un regard lourd de jugement sur eux. « C’est ça, dégage, » avait-il dit à haute voix en direction des pseudo-tourtereaux. Quel couple serait assez fou pour dormir ici en amoureux ? Sérieusement. Même Victor n’aurait pas eu l’idée de faire un festin ici, tant l’endroit lui déplaisait - et les esprits n’étaient accommodés qu’à cette théorie, pour sûr. L'homme tiqua un peu trop tard et fut retenu par sa dulcinée qui le dissuada très vite de s'arrêter pour "ça" et chercher les ennuis ici.

Elle s’excuse, mais déjà, il ne l’écoute plus. Elles lui sont passées au dessus, comme une brise d’automne qu’on aurait lamentablement oubliée. Parce que ça faisait partie du décor de base, de toute façon. Pendant qu’elle s’était mise à parler, évitant d’aimanter son regard au sien, l’homme s’était hissé presque d’un bond. En position debout, elle était effectivement plus petite qu’il ne se l’était imaginé - et lui-même n’était pas une perche olympique.

Il était déjà en train de s’imaginer à quelle sauce il allait la déguster.

Sans gêne particulière, il se glissa entre la jeune fille et l’encadrement de la porte pour pouvoir s’introduire dans la chambre. Il n’avait pas regardé le numéro placardé sur la porte et s’était immiscé dans un espace qui, il en était sûr, lui « appartenait ».

La capuche de son sweat est ôtée, et il zieute sans détours les lieux. Déjà que la sienne n’était pas bien décorée (sauf de quelques fleurs et d’ossements), celle-là était tout aussi sobre. Sauf qu’il n’avait pas senti l’odeur de ses thuyas en rentrant, ne les voyait pas, et d’autres affaires que les siennes trainaient. Un moment de silence de sa part. Assez pesant, d’ailleurs. Il tourna les talons littéralement parlant et ressortit bredouille. Un sourire aux lèvres, accroché là jusqu’aux oreilles. Il était radieux…s’il ne la toisait pas encore une fois, à la différence que l’éclat de ses iris émeraude avait changé. « D’accord ! », l’intonation de voix emprunté était presque enfantin.

La question qu’il se posait maintenant - si on devait n’en prendre qu’une sur une dizaine - était celle-ci : comment faire pour rentrer dans sa chambre ? Une douche lui aurait fait le plus grand bien.

Sauf qu’en fait, il se contenterait de lui exiger un verre de grenadine en guise de dédommagement.

Après tout, elle l’avait réveillé d’une manière peu subtile. À son avis, c’était tout simplement grossier. Il était dans son bon droit, et d’éventuelles plaintes de sa part ne lui plairait pas. Victor était pourtant en train de s’éloigner petit à petit, donnant l’illusion d’un départ imminent. « Bon…mes clés… » avait-il émit à voix basse en se frottant la nuque, décidé à trouver une solution pour récupérer le saint graal. Sans éventrer le gérant, de préférence. Ni le violenter. Chose qui allait s’avérer difficile pour notre homme, qui, plus que jamais, devait rester ici le plus longtemps possible. HYDRA et leurs directives inutiles. Les appartements luxueux généreusement loués il y a quatre-vingt ans par l'organisation...ce n'était plus ce que c'était.
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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeJeu 4 Fév - 19:44


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La mutante fut prise d'un de ces maux de tête dont elle a tant souffert depuis son plus jeune âge. Dans sa plus lointaine jeunesse, elle pensait que tout le monde était prit de ces douleurs, et qu'elle finirai par s'y habituer. Elle avait tort. Comme sur bien d'autres choses. Comme sur ce qui se tramait tout autour d'elle. Le monde dans lequel elle vie est bien doux contrairement à ce qu'il cache. Ce qui motivait certaines personnes à faire du mal. Ce qui motivait ces regards méprisants que lui jetait le précédent couple. Ruth était sûrement trop naïve pour ce monde...

Elle passa sa main dans ses cheveux, observant l'individu qui venait de s'introduire dans sa chambre. « Hey ! » lança-t-elle. Mais c'était trop tard. Il semblait chercher quelque chose. Certainement quelque chose à reconnaître, mais il n'en fit rien, car il tourna les talons. Certes les portes se ressemblaient toutes, mais l'intérieur de sa chambre ne doit sans doute pas être similaire aux autres. La jeune femme n'était décidément pas bonne pour tenir une chambre propre et en ordre, mais elle aimait s'approprier son atmosphère. C'est pour cela qu'elle avait posé quelques roses rouges sur une des commodes, rendant la pièce bien plus agréable qu'elle ne l'était, et une lampe de chevet — qu'elle avait du remplacer — d'un tout autre style que le reste de l’ameublement. L'homme revint. Elle fut d'abord surprise de ce changement, lorsqu'il arbora un sourire. « D'accord ! »

La californienne s'empressa de fermer sa porte, après qu'il n'est pas prit la peine de le faire. Elle se frotta le front au retour de ses maux de têtes habituelles ; tout en le voyant s'éloigner. « Bon...mes clés... » Elle ne devrait sans doute pas. Elle le fera. Ce n'est pas dans ses habitudes de les laisser de cette manière. Ce n'est pas non plus dans ses habitudes de s'attarder. « Euh... » Elle s'apprêtait peut-être à faire une erreur. De nombreuses possibilités s'offraient à elle, comme celle de tracer son chemin sans qu'aucune autre chose étrange n'arrive aujourd'hui. « Si vous vous rappelez du numéro de votre chambre, demandez à une femme de ménage de vous ouvrir lorsqu'elle passera.. » — Ou passez par le balcon. Encore une fois, sa voix se perdit lentement. Ce n'était, certes, qu'un conseil, mais la mutante avait toujours eu des difficultés à discerner quelqu'un et particulièrement la manière qu'ils peuvent avoir de réagir.

Elle se rapprocha doucement, de peu de pas, un peu hésitante. Ce n'est pas tant ça qu'elle allait regretter... « En attendant j'ai.. de quoi boire dans ma chambre, et si vous voulez utiliser la salle de bain... » Mais plutôt ça. La mutante fit un effort surhumain pour paraître sûr d'elle, alors qu'en réalité elle était effrayée. Non pas par cet homme, mais par un éventuel refus qu'elle mettra sans doute quelques jours à faire sortir de ses pensées — elle qui aimait contrôler les choses, ne jamais faire quelque chose pour des résultats inutiles ou décevants.

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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeLun 8 Fév - 22:42


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Victor — Ruth

Rentrer par la fenêtre ? C’était une possibilité, mais la sienne donnait sur une rue fréquentée : ce ne serait vraiment pas très discret. À croire que le jour n’était pas sa phase favorite…ça lui ôtait beaucoup trop de possibilités. Et résoudre les problèmes avec la diplomatie, ça marchait pas toujours comme il le souhaitait. Son faciès n’aidait pas, et c’était pas faute de rendre la démarche plus délicate.

Dans tous les cas, il n’y avait absolument rien dans cette chambre qui lui appartenait. Pas même cette fleur, là, sur la table de chevet. De toute façon, de fleurs, il y en avait beaucoup plus chez lui que dans n’importe quelle autre de ces chambres. Il ne s’en vantait pas, d’ailleurs, il se vantait de peu de choses…ce n’était tout simplement pas dans sa nature. Il recherchait simplement la reconnaissance et le salut. Parfois, il allait de pair, lorsque le Dieu était satisfait. Et alors, il était le mort le plus comblé du monde.

Les idées fusaient dans sa tête, mais aucune lui plaisait vraiment. Ce n’était pas tant une question d’essayer, il voulait que la première tentative soit la bonne, point. Victor se fit rattraper par la voix  lâche de l’inconnue et qui, malgré tout, lui fut perceptible. Lui proposant une alternative à laquelle il n’avait même pas songé…mais oui ! Bien sûr ! La femme de ménage. À vue de nez, il devait être huit heures du matin. Elles avaient pour habitude de passer aux alentours de neuf heures, voire même plus lorsqu’elles prenaient du temps à bavasser à l’étage d’en dessous. Ce qui leur laissait un certain temps avant qu’elles n’arrivent, notez. « Il est quelle heure ? », lui demanda t-il. Si elle habitait ici elle aussi, ou était habituée aux lieux, elle devrait savoir pourquoi il posait la question. De toute façon, il n’était pas du genre à porter une montre sur lui…et encore moins l’équivalent d’un téléphone portable. Car malgré son apparence juvénile, c’était une antiquité vivante.

Le jeune homme pivota dans sa direction. Il remarqua sans difficulté qu’elle souffrait. Victor passait son temps à observer. Elle fronçait un peu les sourcils, semblait happée par quelque chose qui la dépassait. Étrange. Et puis, elle avait commencé à se rapprocher en lui proposant de quoi boire ou prendre une douche. Diantre ! Quelle était bonne cette idée ! « C’est vrai ? », lui avait-il demandé, l’air à la fois surpris et ravi. Sauf qu’elle s’était apprêtée à sortir, ou du moins, avait voulu sortir de chez elle. Pourquoi aurait-elle eu une soudaine réticence à le faire ? Ça aussi, c’était bizarre. « Pourquoi tu t’en allais ? » Au moins, la question méritait d’être posée, même si une personne normale aurait été plus subtil que ça. Ce n’était pas vraiment la façon dont on tournait les choses en général. Niveau bienséance, c’était encore à travailler. Elle irait sans doute se dire qu’il se demandait s’il allait la gêner ou pas dans ses projets journaliers…sauf que ce n’était pas vraiment le cas. En réalité, il posait la question pour satisfaire sa curiosité.

Elle s’était rapprochée, et les signes faciaux, voire gestuels lui indiquèrent qu’elle avait toujours cette migraine. Et le meilleur remède contre ça, c’était le froid - du moins, c’était ce qu’on lui avait toujours apprit. Alors il s’approcha à son tour, prit son visage dans ses mains froides et déposa son front glacé contre le sien. Le contact prolongé sur deux minutes allait au moins l’apaiser, c’était une certitude. Il ne l’avait pas regardée dans les yeux, ses paupières mi-closes et regard perdu dans l’instant. Victor n’appréciait pas les contacts physiques, sauf ceux qu’il choisissait. Et si elle avait vraiment prévu de lui offrir à boire et la possibilité de se doucher, alors elle méritait au moins ça.
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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeMar 9 Fév - 16:19


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Ruth était peut-être trop généreuse. Ou sûrement trop naïve. Elle pensait pourtant qu'il n'avait sans doute aucune mauvaise intention envers elle et que le reste de la matinée se passerait sans encombres. Sans parler de son inexpérience dans l'art et la manière de s'adresser à des inconnus. La mutante se surprenait à ressentir un léger stresse qui se faisait entendre dans le son de sa voix et qui se rajoutait à sa douloureuse et interminable migraine.

Mais il ne l'ignora pas, ce qui baissa considérablement ce stresse. « Il est quelle heure ? » Ruth se trouva en difficulté. Ce n'est pas le genre de personne à se promener avec une montre, et elle avait remarqué avoir laissé son portable chez elle lorsqu'elle arriva à l’hôtel. Elle se souvenait approximativement de l'heure qu'elle avait à peine eu le temps de voir sur le petit réveil de son chevet, mais toutes les horloges qu'elle avait pu apercevoir dans cet hôtel ne donnait jamais la même heure. « Elle devrait arriver dans... une heure... peut-être plus... » Elle n'en savait rien. Ruth n'a sûrement jamais vu l'une de ces femmes de ménage dans les couloirs, habituée à quitter sa chambre tôt. Elle laisse simplement, la majorité du temps, un lit défait ; en prenant soin de placer ses affaires dans la petite armoire bien assez grande pour accueillir le peu de chose que la mutante avait ramené de chez elle — quelques vêtements et un petit nombre de produits de toilette qu'elle laisse dans la salle de bain.

Elle le vit se retourner, signe qu'il n'ignorait pas sa proposition. « C'est vrai ? » Il semblait ravi, ce qui surprit un peu notre protagoniste. Au fond ce n'était pas si surprenant, si cette proposition collait parfaitement à ses désirs. Ruth hocha la tête de haut en bas, avant d'être interrompu par une question plutôt imprévisible. « Pourquoi tu t'en allais ? » Bien sûr, il avait sûrement remarqué que la jeune fille avait affaire ailleurs — ou du moins comptait avoir affaire ailleurs. Aujourd'hui, ou bien demain, cela comptait peu. Elle avait encore de quoi rester une semaine, peut-être plus, dans cet hôtel, sans commencer à avoir des dettes. Elle voulait simplement s'y prendre à l'avance, au cas où de mauvaises surprises s'annonçaient. Sa question fit acquiescer un sourire à la jeune fille, un peu surprise mais amusée de sa curiosité. Elle passa ses mains dans ses cheveux dans un mouvement machinal. « Ils cherchent une vendeuse.. dans la boutique de cette station service pas loin d'ici... C'est pas très urgent.  » L'idée d'en être épargnée ne lui déplaisait pas, bien que ce ne soit pas le pire travail qu'elle ait pu trouver, au contraire — en s'imaginant qu'elle l'obtienne. Dans sa petite ville natale de Californie, elle avait été vendeuse dans une boutique de déguisement. Tout se passait au mieux avant de malencontreusement faire tomber une bouteille de faux sang au sol, qui se rependit sur quelques mètres au sol. Il ne fallut que quelques secondes pour que l'adolescente perde conscience. Un souvenir qu'elle aurait souhaité oublié, et qui lui donne encore des maux de tête lorsqu'elle y repense.

Maux de tête persistant toujours, malgré que la tension de la demoiselle ait baissé. Les migraines lui pourrissaient la vie autant que ses incontrôlables pouvoirs. Une grimace se dessina sur son visage, et trop occupée à essayer de se débarrasser de cette douleur, elle ne vit pas l'inconnu s'approcher d'elle. C'est en sentant la peau glacée de l'homme sur ses joues, qu'elle releva les yeux vers lui et se rendit compte que cette température venait des mains de l'inconnu. C'est ensuite son front qu'il posa contre le sien, tout aussi froid que ses mains. Elle n’osait plus bouger, les pieds comme collés au sol, sans qu'elle puisse ne serait-ce que faire un pas en arrière. Sa peau gelée faisait un bien fou à Ruth, mais elle se demandait comment quelqu'un pouvait être aussi froid.. aussi froid qu'un mort. Ses maux de têtes s'étaient adoucis, elle ne sentait plus qu'une légère douleur démesurément supportable comparé à ce qu'elle avait pu endurer auparavant. Elle attendit qu'il se recule pour en faire de même, cherchant le soutient d'un mur, derrière elle. La gêne avait eu le temps de l'atteindre, dans ses deux minutes, et elle s'empressa de la faire sortir de son esprit.

Elle répéta le même mouvement de sa main dans ses cheveux, et recula d'un autre pas pour atteindre sa porte. La californienne l'ouvrit, un sourire effacé sur son visage. Elle entra, laissant la porte ouverte, signe qu'il pouvait entrer, et se dirigea vers la petite commode qui abritait un frigo encore plus petit. Elle en sortit deux bouteilles avant de récupérer deux verres dans la salle de bain et de les poser près de la rose. « Thé glacé ? Ou grenadine ? » Elle servit un premier verre de thé glacé, et le second de ce que souhaitait boire son invité. Elle espérait ne pas être tombé sur un de ces amateurs d'alcool qu'on peut trouver par centaine dans les rues du quartier, car elle n'en a jamais touché. Son frère lui avait raconté, à l'âge de dix ans, que son père avait été alcoolique, et que c'était pour cette raison que sa mère l'avait mit dehors. Il avait fait tant de mal à son fils, que la mère ne voulait plus que les choses deviennent les même avec sa fille. Celle-ci n'imaginait pas le cauchemar qu'ils auraient vécu, sans avoir en plus d'une fille mutante, un père alcoolique. Ruth avait, comme la plupart des petites filles, cette image du héros mort en combat que lui avait transmise sa mère. Mais tout était faux.

La mutante tendit un verre à l'homme avant de s'asseoir sur le lit, une jambe collée contre sa poitrine et les bras autour de cette dernière. Elle but une gorgée de son thé glacé, en repensant à la température bien en dessous de la moyenne du corps de son invité. Elle l'observait, tout en se faisant remarquer qu'elle ne s'était pas présenté, et qu'il était peut-être temps de le faire dans la mesure où elle avait invité une personne dont elle ne connaissait rien, même pas son nom.
« Je m'appelle Ruth. »

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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeVen 12 Fév - 22:00


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Victor — Ruth

Le verre de grenadine…est-ce qu’elle en avait, seulement ? Il était déjà en train d’en rêver secrètement alors qu’elle lui répondait. Pas en détail d’ailleurs, mais le principal avait été dit : les femmes de ménage allaient venir d’ici une bonne heure. Les propositions qu’elle lui avait faites étaient alléchantes, et Victor ne s’imaginait pas un seul instant que cela puisse être un piège. De toute façon, il saurait s’en sortir, sa conscience lui accordait une pseudo-naïveté du fait de cette certitude ancrée. La peur, ça ne le connaissait pas. Ou plus. Ou alors, il avait tout simplement oublié à quoi ça ressemblait, ce que ça faisait de ressentir ce genre d’émotion.

Il a su par après qu’elle avait pour intention de postuler dans une station service. Était-ce celle où il travaillait comme pompiste ? Il y avait une chance, oui. Comme il y en avait tant d’autres que ce ne soit pas le cas. Victor avait glissé ces quelques mots presque imperceptiblement, délivrés dans un souffle. « Ah, j’en connais une aussi. » Juste avant d’apposer son front contre le sien pour l'apaiser un tant soit peu de ses souffrances.
Une minute et quelques plus tard, il s’était retiré de lui-même, le froid pouvant désormais engourdir la douleur initiale. Elle recula, rouvrit la porte en l’invitant à rentrer. Victor n’avait même pas fait attention au fait qu’elle ait pu être gênée ou non par ce qu’il avait fait. Il n’avait pas réfléchi plus loin que son besoin de lui offrir autant qu’elle allait lui octroyer. L’équivalence n’était peut-être pas avérée, mais il avait voulu agir avec ce critère en tête, et il semblait satisfait.

Il s’engouffra de nouveau dans cette antre qu’il connaissait déjà pour l’avoir observée plus tôt.  Elle lui demanda ce qu’il voulait boire - et sa réponse vint du coeur, quasi instantanée. « Grenadine ! », fit-il, fin heureux. Alors qu’elle s’affairait à dégotter quelque chose à boire et le nécessaire pour, il était déjà en train de toucher à quelque chose. Son naturel curieux était doublé d’un sans-gêne qui n’était pas forcément très apprécié. Là, il laissait courir ses doigts sur les pétales soyeuses d’une des roses, silencieux. La généreuse inconnue revint très vite en posant le tout sur la même commode. Lui, perdu dans sa contemplation avait finalement recouvert la réalité lorsqu’elle commença à mettre la grenadine au fond de son verre. « Encore, encore », l’encouragea t-il, il arrêta le remplissage du sirop jusqu’à la moitié du récipient. « Merci. » Il prit ce dernier sans demander à avoir de l’eau. Oui, il buvait la grenadine pure. À quoi vous vous attendiez ?

Le jeune homme - et qui pourtant dépassait de loin, même physiquement, la locataire - s’assit en plein milieu de la chambre, par terre, alors qu’elle venait de prendre place sur le lit. En tailleur, il sirotait goulument sa boisson, et ce sans vergogne. Il venait de finir une gorgée lorsqu’elle s’était présentée. « Ruth ? », répéta t-il, la bouche rougie par la grenadine. Il espérait au moins s’en souvenir, ce qui n’était pas sûr. Il laissa une bonne minute de silence, comme prit dans ses pensées. Il sembla retomber sur terre après ce petit temps d’absence, lui livrant avec sincérité. « Narciso. » Son accent typique des hispanophones n’avait pas pu lui échapper. Victor planta ses yeux dans les siens, visage légèrement incliné dans sa direction. « Pourquoi tu vis seule, Ruth ? » Elle était jeune, beaucoup trop jeune pour vivre seule, se disait-il. Mais ce n’était pas la seule chose qui le frappait chez elle, à vrai dire.
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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeSam 13 Fév - 11:31


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Son enthousiasme avait quelque chose d'enfantin qui semblait amuser la jeune mutante. «  Grenadine ! … Encore, encore … Merci. » Il en était presque adorable, si on oubliait de nombreux points qui le rendaient aussi mystérieux et dans un certain sens, sombre, comme tous ces tatouages, qui avaient certainement une signification. Ou le simple fait de boire de la grenadine sans eau. Sa curiosité, ce jour-là, n'était que pour une seule personne et suffisait à remplir ses pensées d'observations et de questions sans réponses.

La californienne colla sa joue contre le verre froid du thé glacé, la tête un peu penchée sur le côté, observant chaque faits et gestes de son invité qui s'asseya en tailleur sur le sol crasseux de la chambre d'hôtel. « Ruth ? » Il se perdit, dans ses pensées sans doute, laissant une minute, peut-être deux, de silence entre nos deux protagonistes. Elle profita de cet écart pour boire une gorgée de son thé glacé. Il rompit le silence pour se présenter à son tour. «  Narciso. » Un nom en accord avec cet accent qu'elle avait déjà repéré auparavant. Pourquoi se retrouve-t-il à New-York, alors que ce n'est sans doute pas sa ville natale, tout comme la californienne ? Elle avait tant de questions à poser, comme si elle avait autant de question pour le monde que pour lui, comme si elle ne connaissait que lui — ce qui ne s'éloigne pas de la vérité, car elle ne connait désormais le prénom de personne d'autre dans le Bronx.

Sa curiosité était comparable à celle de son invité, cette dernière accumulée avec une sans-gêne qui pourrait sans doute être dérangeante à n'importe qui. «  Pourquoi tu vis seule, Ruth ? » Le léger sourire qu'elle arborait depuis quelques minutes s'effaça lentement sans qu'elle s'en rende compte. La réponse ne tarda pas arriver, sans qu'elle eut besoin de réfléchir à ce qu'elle allait dire. « Mes parents sont morts.. » Ce qui n'est pas tout à fait la vérité. Sa mère est bel et bien morte, mais ce n'est pas le cas pour son père. Il l'est à ses yeux. Elle n'a jamais eu de père. Ruth se fiche bien de ce qu'il peut lui être arrivé. Vivant, mort. Ce n'est pas la personne qu'elle surnommera papa. Et son frère... ils auraient sans doute pu vivre ensemble si la mutante n'avait pas été celle qu'elle était. Rien de tout ça serait arrivé, d'ailleurs. Il méritait bien mieux que ça. Son regard n'allait nul part, perdue dans ses pensées et ses souvenirs. Elle se réveilla de son cauchemar éveillé lorsqu'elle comprit qu'il était tant de ne plus y penser, avant que la douleur ne s'installe. Elle arbora un sourire sincère, reposant son regard sur son invité. Elle n'est plus la petite fille qui s’apitoie sur son sort, ni celle qui a peur de se faire du mal à elle seule, sans se soucier de ce qui peut arriver aux autres.  

Elle prit une troisième gorgée de son thé glacé. « T'es pas d'ici... Tu fais quoi à New-York ? » Elle ne remarqua pas le passage du vouvoiement au tutoiement, qu'elle ne quitte jamais d'habitude, lorsqu'elle s'adresse à des personnes plus âgées qu'elle, et lui semblait avoir dépassé la vingtaine...

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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeLun 15 Fév - 0:02


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Victor — Ruth

Vivre seule à son âge, il était susceptible que quelque chose d’anormal se soit produit dans sa vie pour que ce fut le cas. Qu’il ait été de son choix ou de celui de ses géniteurs, l’idée était la même. On partait rarement pour découvrir le monde à son âge, surtout si c’était pour faire du pseudo-tourisme dans le Bronx. Il se demandait comment cette gamine pouvait se faire respecter ici. Ou ne pas se faire dévorer…telles étaient les questions qu’il se posait à son sujet - pour ne citer qu’elles.
Victor, lui, avait quitté le foyer familial prématurément. Lui aussi, on lui avait arraché ça. Même si ça n’était certainement pas comparable, que ce soit au vu des époques concernées ou les circonstances en elles-mêmes. Et même s’il n’y pensait pas régulièrement (ce qui était mieux ainsi, pour lui comme pour les autres) les empreintes de ce passage à ‘vide’ étaient encore présentes. Comme beaucoup d’autres, il est vrai. Cela faisait partie de son enveloppe, de son être, qu’il supportait au quotidien depuis plus de deux siècles. Victor n’était plus à ça près. Victor était guidé et n’avait pas besoin de se reposer en permanence sur ses blessures.

Il apprécie la grenadine pure. De manière générale, tout ce qui était à consonance brute et synonyme de pureté était convoité. Parce que ça lui ressemblait. Qu’il n’avait été seulement que le produit de changements extérieurs non contrôlés qui avaient lésé son âme. Victor n’avait même pas remarqué que cet engouement pour la grenadine, par exemple, n’était pas dénué de non-sens. Que ce n’était peut-être pas un hasard. Que ce sang sucré était un substitut adéquat à ce qui le nourrissait réellement en temps normal.

Elle répondit - semble t-il - sincèrement à sa question, ce qui parvint tout de même à l’étonner : elle n’avait sans doute pas tout dit. Mais ce n’était pas à lui de fouiller, elle n’était pas une mission après tout…ni même un repas, bien que cette option ne l’aurait pas tant ennuyé. Cependant, son sourire avait disparu lorsqu’elle avait délivré ces aveux. Pourquoi était-elle encore plus triste en parlant de ses parents morts ? Victor était dans l’incompréhension. Après tout, ils étaient certainement très bien dans leur nouveau domaine, leurs âmes en paix. Sauf si ces dernières avaient subi des sévices pendant la mort ou après - hors rituel. L’expression de Victor restait la même après ses mots, lui offrant quelques paroles chaleureuses. « Morts, tu dis ? » Une façon aussi de s’assurer que c’était vrai, ou que les deux étaient concernés. « C’est pas grave, tu sais… », lui avait-il confié, sincère. Il n’avait pas du tout ce sentiment de compassion, d’affliction à l’émission d’un décès. « Ils sont heureux là-bas. » Et il était certain de ses propos. Cela se ressentait dans sa voix, comme du vécu irréfutable.

Il prit une autre gorgée de son verre, passant sa langue sur ses lèvres qui commençaient à coller un peu. Ruth - car tel était son prénom - lui demanda ce qu’il faisait ici, se basant sur son accent étranger. Certains avaient des accents et pourtant étaient natifs locaux. Alors, c’est vrai, il aurait pu lui faire cette remarque. Mais il n’en fit rien, le jeune homme n’était pas là pour l’élever moralement. Il ne lui devait plus rien. Du moins pour le moment. « Le travail. Ici, il y en a. » On y revenait. Après tout, beaucoup s’évertuaient encore à poursuivre le rêve américain. Un mexicain comme Narciso avait le profil idéal. Ce n’était pas pour rien qu’il avait prit cette vie-là - qui, rappelons-le, ne lui avait pas toujours appartenu.

Il reporta la coupe à ses lèvres, arrivant presque à terme du contenu de son verre. Cette fois, il plongea son regard dans ce fond rougeâtre, posant une énième question à la personne qui partageait son espace. Une question qui lui avait effleuré l’esprit depuis le premier instant où il avait posé ses yeux sur elle. « Pourquoi t’es si triste ? » Pour lui, la mort de ses parents n’était pas une raison principale. La question était donc - toujours dans sa façon de concevoir les choses - tout justement posée.
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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeLun 15 Fév - 10:40


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Elle ne s'était jamais demandée ce qu'il pouvait y avoir après la mort. Si sa mère pouvait encore vivre, mais sous une autre forme qu'on ne peut pas voir ou reconnaître. Un endroit où elle n'aurait plus à s'en faire, où elle pourrait être heureuse. Tout ce dont elle a largement mérité en échange de cette vie qu'elle a donné. Elle était peut-être là, tout près d'elle, sans que la mutante s'en rende compte. Elle regarde le monde se construire sans elle, se détruire, sans qu'elle puisse faire quelque chose. La mort n'offrait-elle plus qu'un statut de spectateur ?

Ruth n'avait pas conscience de s'être perdu dans ses pensées quelques secondes, à méditer sur quelque chose qui lui paraissait si... lointain, mais qui en réalité était bien plus proche que ce qu'elle pouvait imaginer.  « Morts, tu dis ? » Les yeux de la mutante se reposèrent aussitôt sur son invité. « C'est pas grave, tu sais... Ils sont heureux là-bas. » Elle n'avait pas quitté cet air surpris, sa bouche légèrement entrouverte. Sa sincérité en était presque déstabilisante, comme s'il l'avait déjà vécu. Mais c'était impossible. Il avait pourtant très certainement raison. Il y a un endroit où sa mère est plus heureuse, plus heureuse qu'ici. « Ouais, sûrement... » lâcha-t-elle faiblement, les yeux rivés sur le sol.

Le sourire lui revint petit à petit. Elle en avait marre de parler d'elle, de penser à la mort, de devoir pleurer sur ses souvenirs. Ruth attendait des réponses, tant que sa perpétuelle curiosité n'était pas assouvie — si elle pouvait l'être vraiment. « Le travail. Ici, il y en a. » Alors, lui aussi comptait commencer une nouvelle vie à New-York ? Le Bronx n'était peut-être pas le bon point de départ, encore moins pour la jeune californienne, pour débuter une grande carrière. Il n'en avait peut-être pas le choix. Elle, elle l'avait. Ruth aurait pu partir avec son frère, partir sur de bonnes bases sans être seule. Cependant son habitude à toujours trouver les ennuis sans jamais vraiment vouloir les chercher, et sa peur de faire du mal à qui que ce soit d'autre qu'elle aime, l'avait prédestiné à la vie dans le Bronx. Certes, elle est jeune et faible, mais elle possède un don incontrôlable pour la protéger et assez d'intelligence pour éviter les endroits difficiles.

Voyant qu'il venait de vider son verre de grenadine pure, Ruth se leva et se dirigea vers la commode pour lui proposer de le resservir. Mais cette question, elle ne s'y attendait pas. « Pourquoi t'es si triste ? » La mutante se retourna vers lui, la bouteille de grenadine à la main. « Triste... ? » Si elle portait cet air triste, elle n'en avait pas conscience. Ce n'est pas ce qu'elle veut. Elle ne veut pas paraître triste, ni donner cette impression de jeune fille perdue. Elle s'efforça de sourire à sa question, avant de revenir vers lui. « Je suis pas triste. » Elle s'accroupit devant lui, pointant son verre de grenadine vide. « Tu en reveux ? » La bouteille était encore bien assez remplie pour servir quelques verres, mais autant de sucre, ce n'était certainement pas bon pour lui.

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MessageSujet: Re: tumble overboard | ruthor   tumble overboard | ruthor Icon_minitimeMar 23 Fév - 19:00


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Victor — Ruth

Les esprits qui erraient encore au plus proche du plan dimensionnel dans lequel nos protagonistes se trouvaient n’étaient pas de ceux qui avaient reçu une mort paisible. Ils étaient tourmentés, blessés par leur vie antérieure et par la personne qui les avait fait souffrir sur le chemin qui les menait à la mort. Une partie de leur système s’est mise en stase, répétant  parfois inlassablement le même scénario, ou rabâchait les mêmes propos…dans l’espoir, certainement, que quelqu’un les entende. Que quelqu’un puisse leur répondre et les aider. Victor était cet élu. Et il prenait son rôle très au sérieux.
Pourtant, malgré l’assurance dans sa voix, Ruth n’avait visiblement pas vraiment accepté ce qu’il venait de lui dire. Elle ne savait pas, ou ne voulait tout simplement pas le concevoir. Il ne pouvait rien pour elle. Il ignorait si ses parents étaient décédés de mort naturelle (maladie comprise) ou prématurée. Si c’était la deuxième option, il aurait été prêt à parier que l’un d’eux l’aurait suivie, sauf si leur ancienne maison était liée de près à ladite mort. Alors, ils étaient en paix là où ils étaient, et c’était là une certitude.

Elle s’était levée sans qu’il ne sache pourquoi - Victor n’avait pas fait le lien avec son verre qui venait d’être vidé. Ses yeux avaient suivi le mouvement de la demoiselle, comme si elle était susceptible de le surprendre…ou alors, était-il simplement curieux, comme un enfant pourrait observer un de ses pairs se mouvoir. Il en avait donc pivoté un peu pour pouvoir être le mieux placé. À la réponse de la demoiselle, il fronça les sourcils. Ruth venait de lui mentir. Il n’était pas peiné pour lui, ni pour elle. Un être aussi ‘pur’ que lui n’appréciait pas le mensonge. Mais peut-être n’était-ce pas la seule raison. « Tu mens. » Cette fois, ce n’est pas une question. Ses yeux quittent la jeune femme, alors qu’il secoue la tête de droite à gauche, lui signifiant bien la nature de sa réponse. La modération, une vertu.

Victor se leva, le verre contre sa paume froide. Les résidus pourpres traînaient encore sur les rebords, comme une traînée de sang collante. Inutile de préciser qu’il n’avait pas encore réussi à tout ôter sur lui non plus. Il cherche ses yeux, et une fois fait, il ajoute, l’air plus grave. « C’est mal de mentir. » Une voix posée quoique peu engageante. Il déposa l’objet sur la commode et glissa jusqu’à la salle d’eau, dans laquelle il s’enferma - comme s’il était chez lui, et la promesse de la douche tenait toujours. Il n’allait tout de même pas attendre qu’on lui propose !

Il ne lui fallut pas longtemps pour retirer ce qui l’habillait, s’engouffrant dans la douche. Il laissa couler de l’eau froide, comme à son habitude, puis une fois savonné, se laissa assit par terre. L’homme pencha légèrement la tête pour que l’eau vienne glisser sur lui comme il le souhaitait, ôtant toute trace de savon. Il ferma les yeux pendant tout ce temps, l’air de méditer. Victor se concentrait sur le son et ses mouvements lents, dirigés. Puis son bras se tendit pour éteindre ce flot gelé qui se déversait sur lui, sans qu’il n’en ressente les bienfaits ou les désagréments. Le sang séché qu’il avait gardé sur ses bras s’était échappé jusqu’au conduit de vidange pendant l’opération qui avait duré près de six minutes.

En sortant, il n’avait vu qu’une seule serviette pour s’essuyer, ce qui était logique étant donné que Ruth semblait vivre seule. Il s’en saisit tout de même et s’enroula dedans un instant, puis croisa son regard dans le petit miroir crasseux accroché à sa hauteur. Il se fit une grimace effroyable avant de pouffer, commençant à s’essuyer. Lorsqu’il eut enfilé son pantalon, il remarqua une paire de ciseaux dans un espèce de verre plastifié. Une marque de sang vorace collait encore à son épiderme, là, sur le haut de son bras tatoué. Il n’avait visiblement pas assez frotté, mais il fallait s’y attendre : c’est pas comme si l’eau froide était réputée pour aider à désagréger ces particules. L’homme prit la paire de ciseaux, l’ouvrit pour en prendre une seule lame et enfonça cette dernière sur la petite trace de sang qui restait. Il n’eut pas à faire une grande pression pour y arriver, « Santa María Madre de Dios ! », s’exclama t-il avec une surprise surjouée, ne se rendant pas compte qu’il avait presque crié de ‘surprise’. Alors qu’il laissait tomber l’objet dans le lavabo, occupé à ouvrir du pouce et de l’index la plaie ouverte par ses soins. Ça saignait, c’était beau - car c’était le sien. Et ça commençait à couler le long de son bras, tandis que les ciseaux maculés s’occupaient à rougir le fond de l’entonnoir en céramique. La porte derrière son dos, elle, s’ouvrit. À moitié présentable, il était. « J’ai pas entendu toc-toc… », se contenta t-il de lui notifier en reprenant une mine boudeuse, les sourcils haussés et le regard fuyant.
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C'était faux, elle n'est pas triste. Ou du moins, elle ne voulait pas l'être. Et c'est en s'efforçant de la fuir, que la tristesse elle-même se montrait sous ses plus beaux jours. Elle était planté là, dans son monde de papier, et il l'y avait laissé avant de reprendre ses droits et de s'éclipser dans la salle d'eau. Ca ne lui aurait pas crevé le cœur, si ça ne venait pas d'une innocence illusoire et d'une des plus étonnante pureté qui ne semblait qu'exposer la vérité. Cette vérité qu'elle refusait d'admettre, mais qu'elle fera désormais tout pour effacer.

Un second verre de thé glacé lui remit le cerveau en place. Ruth joignit les deux verres avant de ranger les deux bouteilles sucrées dans le petit réfrigérateur qui, à coup sûr, ne fonctionnait qu'à moitié. Le verre de grenadine et la douche servie, il avait obtenu tous ce que la mutante lui avait proposé, et l'heure se précipitait. Tout se répéterai, si le passage de la femme de ménage était manqué.

La mutante passait le temps disposée devant sa fenêtre, à observer ce qui se passait dans la rue voisine, mais ce n'était pas assez animé pour qu'elle ressente une once de distraction. C'était sans compter sur son invité, qui poussa un cri depuis la salle de bain. Alertée, Ruth se précipita dans la petite pièce sans prendre la peine de frapper à la porte, car ce cri ne pouvait que signifier un mal dans lequel l'homme se trouvait.
Du sang. Il coulait le long de son bras, et pourtant, il semblait serein, un brin boudeur, due à cette entrée en trombe. « J'ai pas entendu toc-toc... » Sa voix se perdit, car Ruth ne l'entendait plus. Elle était obnubilée par le sang. Sa plus grande phobie. Et peut-être une de ses plus grandes faiblesses, quand il s'agit de son propre sang qui s'écoule. «  Qu'est-ce que t'as fais ?! » Dans la panique, elle s'empressa de saisir le bras mutilé et la serviette blanche pour essuyer le sang – qui partira difficilement au lavage ; mais Ruth était bien trop en panique pour y penser. Tout se passa en quelques secondes. La mutante phobique ne savait plus où mettre la tête. La paire de ciseau maculée de sang et gisant dans le lavabo n'arrangeait pas les choses, si bien que le robinet s'activa sans qu'aucun de nos deux protagonistes l'ai allumé – bien évidemment par la seule force de sa pensée, mais elles espérait, que dans l'action, il ne l'ai pas remarqué. « Merde ! » Le sang teinta lentement l'eau transparente de rouge. Les membres de la jeune femme tremblaient. Son esprit s'embrouillait. Mais elle était chanceuse de ne pas avoir perdu conscience à la vue de la serviette imbibée de sang qu'elle tenait dans les mains. Ruth aurait voulu partir, s'enfuir loin d'ici et de cette situation. Et lui, ne comprenait sûrement pas ce qui se déroulait sous ses yeux. « Qu'est-ce qu... » La paire de ciseaux gisait au fond de l'eau de sang. Cette simple vue lui donnait la nausée. « Qu'est-ce qui t'as pris ? » Elle jeta la serviette dans la douche, là où elle est sûr de ne plus la voir. Ruth portait cet air de dégout et à la fois de colère. Etait-il suicidaire, ou simplement fou ? Ou les deux ?

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Elle rentrait comme ça, sans frapper, et en plus, il n’avait pas fini de s’habiller - et pour cause, il lui manquait son haut. Victor ne la regarda pas, bien plus intéressé par la plaie qu’il s’évertuait à garder ouverte, la laissant vomir du sang. Il n’y en avait pas des masses. De manière générale, d’ailleurs…après tout, il était mort, c’était un circuit fermé alimenté par ses repas journaliers. Le tout était comme en stase, son coeur ne pompant rien. À se demander s’il en avait un…de toute façon, peu importe, c’était de la décoration.
L’hurluberlu se contenta de froncer les sourcils alors qu’elle lui avait prit le bras pour l’enrouler dans la serviette utilisée pour se sécher les mains. Il observait Ruth avec insistance, tentant de déceler ce qui pouvait se tramer dans sa tête à ce moment précis. Elle avait l’air affolée, ce qui contrastait violemment avec le calme mortuaire du tatoué. Comme si un enfant était face à une situation qu’il n’avait jamais connue lui-même. En bon spectateur il s’était tut, n’ayant même pas daigné répondre à la première question. Il décela de la peur, de la colère…de la rancoeur aussi, peut-être. C’était assez difficile à jauger, comme ça. L’instant d’après, le robinet s’ouvrit de lui-même, déversant son eau presque limpide dans le fond du lavabo. Cette fois-ci, il fronça les sourcils plus perceptiblement, sa mine boudeuse voire observatrice étant troquée par une autre expression…difficilement interprétable. Elle ôta la serviette qui s’était imbibée de sang pour que son bras se retrouve à nouveau nu de garrot. Qui était inutile d’ailleurs, vu que la blessure n’était pas profonde. Il suivi des yeux le dit morceau de tissu, puis regarda de nouveau sa plaie encore un peu  moins sanguinolente. Il n’eut pas vraiment le temps de s’ébahir longtemps devant, la demoiselle ne s’arrêtant pas de s’agiter.

La jeune fille s’énerva littéralement sur lui, bien qu’elle se soit certainement restreinte à l’ouvrage. Porté par ce flux émotionnel qui ne lui appartenait pas - et qu’il ne ressentait pas à l’identique non plus; Victor se défendit, sur un ton similaire voire doucement emprunté à la personne qui lui faisait face.

« Et toi, tu ouvres le robinet sans les mains, tu crois que c’est poli peut-être ?! », qu’il dit, sûr d’être dans son bon droit. Il se glisse hors de la salle de bain en replaçant son bras le long de son corps, comme s’il n’avait rien, refusant de lui donner une réponse concrète pour l’instant - selon lui, il n’avait à se justifier d’aucun de ses actes. Victor ouvrit la porte de la chambre, passant sa tête par delà l’encadrement de cette dernière. Une des femmes de ménage apparut au bout du couloir. « Hé ! Psst ! », drôle de façon d’interpeller quelqu’un, mais il était déjà assez pressé comme ça de rentrer chez ‘lui’, alors… « Oui, toi ! » Elle se retourne enfin, la petite afro-américaine le toise alors d’un air hautain. Il fronce les sourcils, ça ne lui plaît pas, mais lui fait signe de venir d’un geste exclusif de la main. La femme lève les yeux au ciel en ouvrant la première porte, après avoir frappé deux fois. « C’est pour faire la chambre ! », avait-elle dit d’une voix à peine enjouée, ouvrant la porte avec son lot de clé pour pouvoir s’y engouffrer. Victor est un peu penché en avant, et sa tête se colle à l’encadrement, un soupir surjoué s’échappant de ses lèvres. Il avait dû aller le chercher loin, cet air. Lorsqu’il sentit une présence dans son dos, il se redressa, se retourna. La blessure avait encore saigné un peu avec l’effort, et il avait essuyé le tout d’un revers de la main. « C’est comme la grenadine. » avait-il fait remarquer à Ruth, argumentant à sa manière. Fallait pas paniquer pour si peu.  
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