it's coming closerTell me a piece of your history that you've never said out loud, Pull the rug beneath my feet and shake me to the ground, Wrap me around your fingers, break the silence open wide, Before it seeps into my ears and fills me up from the inside.

Nouvelle soirée sous le radar.
Wally observe les Holmes depuis une éternité. Ils sont combien, dans cette baraque? Non, pas tant que ça. Juste qu'en ce dimanche, toute la famille semble s'être donné rendez-vous et ils défilent tous dans le petit jardin de derrière. Ils semblent... heureux. Ils sont tous plus ou moins différents, de tailles différentes, dans des habits différents mais ils ont tous des sourires sur les lèvres, quand on passe la sauce, quand on demande le sel, quand on retourne un steak sur le grill. C'est à ça que ça ressemble, une famille fonctionnelle? Wally cherche les défauts. Il cherche le moment où Papa va s'énerver, attraper un des gamins, le tirer à l'intérieur de la maison et le frapper à l'étage. Le moment où Maman va se réfugier dans la cuisine pour pleurer. Le moment où le grill va se renverser et la plaque chauffante va atterrir sur le dos d'un des gamins.
Mais non. Celui qui semble être le père passe un bras autour des épaules d'Eugene. La mère rit à quelque chose qu'une fille brune — soeur? cousine? voisine? — dit. Le grill reste bien en place, surveillé par une jeune femme blonde à l'air concentré.
Ils sont juste... heureux.
L'idée dérange un peu Wally. Il se demande comment ils occupent leurs soirées. Il se demande aussi à quoi ressemblerait Theodor en tablier, en short et en tongs, à retourner une grillade tout en rigolant avec Sev En fait, il se demande surtout à quoi ressemblerait Sev s'il se mettait à rire spontanément à une blague de Rey. En fait, il se demande SURTOUT à quoi ressemblerait une Rey rieuse.
Non pas que monsieur Leonhard, Sevastian et Reyhan soient comme sa famille, hein. Vraiment pas. Ce sont des agents, des inconnus, des collègues — rien de plus. Ils l'ont pris parmi eux parce qu'il leur est utile avec eux plutôt que contre eux. Ce qu'il a sous les yeux, cette scène de famille outrageusement heureuse, il n'y a pas le droit et il n'y aura jamais le droit et ce n'est qu'un fantasme, un fantasme depuis longtemps oublié qu'Eugene a ravivé.

Avoir une vie normale. Être un lycéen normal. C'est pour ça qu'il s'enfuit de plus en plus de la maison, qu'il ne rentre pas tout de site après les missions. Pour suivre Eugene, de loin, pour observer ses faits et gestes. Il a enfin vu les autres Trous. Aedan et Ethan. Aedan est le frère jumeau, c'est plutôt évident. Il n'a pas réussi à trouver les noms des autres membres de la famille.
Ça ne tardera pas.
La journée se finit, le soleil se couche et les invités quittent la maison. Wally les compte méticuleusement. Il n'y a plus qu'Aedan, Ethan, les parents et Eugene.
Eugene.
Eugene.
Il a besoin de lui. La dernière fois qu'il l'a vu, une semaine plus tôt, il lui a dit que ça valait mieux s'ils ne se revoyaient plus. Mais. Mais Wally n'arrête pas d'y penser. À lui. Ses mains, ses doigts, ses yeux, comment sa paume a touché son menton, son avant-bras sur sa gorge.
Et puis. La sensation de calme et de sérénité.
Quand Ethan quitte la maison à son tour pour rejoindre la sienne, Wally range les jumelles augmentée dans son sac à dos noir et descend de l'escalier de secours dans lequel il a trouvé refuge avec agilité. Il est plutôt tard et les rues sont désertes: c'est un dimanche soir, après tout, et tout le monde se prépare pour une nouvelle semaine de boulot, une nouvelle semaine de vie normale. Les maisons sont proprettes, dans le quartier des Holmes. C'est étrange et nouveau, ça aussi. Un instant, il hésite à passer par la porte d'entrée: frapper à la porte, sourire aux parents, leur dire qu'il est un camarade de classe et qu'il a besoin à parler à Eugene pour un devoir de sciences de toute urgence. Sauf qu'il n'a pas pris la peine de se changer après la mission d'aujourd'hui — mission ultra simple de torture et d'espionnage industriel dans un entrepôt de Long Island — et en plus de sa tenue tactique noire, son sac à dos plat pratique, ses gants râpeux et son casque de mission — qui fait comme un bandeau sur sa tête, qui ne risque pas de se défaire au moindre mouvement —, il s'est battu, s'est ouvert le menton et a un bleu qui commence à s'élargir au niveau de sa joue.
Et tout ça si on oublie les cernes.

Alors il décide de passer par le jardin des voisins, franchissant la palissade sans mal, avant de se glisser dans la haie qui sépare les deux backyards. Il a repérer la chambre d'Eugene et sent, distinctivement et malgré le casque, les deux Trous si proches, si proches... plus il s'en approche plus il les sent qu'ils l'attirent.
Oh boy.
Il a vraiment, vraiment, envie et besoin de toucher Eugene. Maintenant.
Wally a repérer le chien. Il est à l'intérieur mais il l'entend aboyer une fois, gratter à la porte... merde. Il se dépêche de grimper jusqu'au premier étage de la maison, sans grand mal, en passant par la colonne qui surplombe l'avancée qui sert de toit au porche. Il se déplace agilement sur les tuiles et trouve la porte de la chambre d'Eugene ouverte, et sa silhouette endormie dans le lit. Parfait.
Wally se glisse à l'intérieur, silencieusement, laissant la fenêtre ouverte derrière lui au cas où il ait à partir rapidement. Il s'approche du lit après avoir fermé la porte de la chambre, tend la main et secoue lentement l'épaule d'Eugene. “ Gene... Gene. Gene? Gene! ” murmure-t-il furieusement, se concentrant mais le Trou d'Eugene, et celui de son frère dans la chambre d'à-côté, l'empêche de se concentrer sur les Bruits de leurs parents à l'étage du dessous. “ Eugene, dude, come- - ” il est interrompu quand Eugene se redresse brusquement, le regarde avec des grands yeux et ouvre la bouche- - “ DUDE! ” chuchote furieusement Wally en abattant sa main sur sa bouche pour l'empêcher de hurler. “ Dude, it's me, y'know, Wall- - ” et l'instant suivant, Eugene lui tord le bras, il a super mal aux côtes et il se retrouve le nez dans la poussière.
History repeats itself.

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Ils ont passé un dimanche normal, tranquille, rempli de rires et de joie. Etonnament, les choses se passent beaucoup mieux avec leurs parents depuis qu'ils ont eu leur accident. Ils sont plus présents - ou, en tout cas, essaye-t-il de l'être - et Ethan est aussi de plus en plus présents à la maison. Eugene a du mal à ne pas l'avoir sous les yeux depuis qu'il s'est réveillé. Ça a toujours été une tradition d'inviter leur ami au barbecue du dimanche mais le revoir maintenant, avec eux, ça fait quelque chose à Aedan. Il sent la culpabilité le ronger et, en même temps, le soulagement de le voir respirer, rire, avec les membres de la famille. C'est comme s'il n'était jamais parti. Les Holmes veuillent sur eux, comme s'ils allaient disparaître d'un moment à l'autre. Aedan essaye vraiment de faire comme si tout était normal mais... Mais l'attention que sa famille lui porte le pèse, bien plus que s'ils faisaient comme d'habitude. Mais refaire leur barbecue du dimanche lui amène un sentiment de normalité qu'il n'a pas ressenti depuis longtemps et sentir, à travers leur lien, la joie de son jumeau lui amène un sourire. Il sent encore cette espèce d’entité au fond de lui qui gratte pour sortir mais la présence de son double apaise tout ça. Il ne peut pas s'éloigner de lui, plus maintenant. Leur lien a toujours été fort mais bien plus depuis l'incident. Ils ne peuvent plus être loin de l'autre - pas longtemps du moins. Il a besoin de le voir, de le sentir près de lui. Le soir, il lui arrive parfois de rejoindre son frère pour être rassuré, pour voir qu'il est bien en vie. Eugene ne dit rien dans ces moments-là, il l'observe avant de soulever la couette - comme une invitation qu'Aedan accepte. Il se blottit contre lui et attend que le sommeil revienne, que le trouble au fond de lui se calme.

Finalement, la voix de Maggie le ramène sur Terre. Elle lui envoie un sourire doux et le jeune homme lui répond avant de la rejoindre pour l'aider à apporter tout sur la table de jardin. C'est une belle journée, autant en profiter.

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Ethan a fini par partir. Son jumeau a eu du mal à le laisser partir, comme s'il allait disparaître d'un moment à l'autre. Mais Aedan a fini par l'attraper par les épaules avant de lui lancer un sourire moqueur. « Tu le revois demain, ton p'tit chéri. Sois pas triste. » Il dessine une larme le long de la joue d'Eugene qui le rejette d'une tape avant de l'insulter de sale con et de partir dans sa chambre tel la dramaqueen qu'il est. Le jeune homme lâche un rire avant de dire rapidement au revoir à Ethan.

Il se retrouve maintenant dans son lit, à lire un comic tranquillement. Eugene est à côté de lui et sa présence rassure Aedan. Il sont juste à côté l'un de l'autre. Leurs épaules se touchent alors qu'ils sont assis et il sortit un soupir de soulagement. Il a conscience que c'est bizarre. Il ne devrait pas se sentir si bien de simplement avoir un contact physique avec son jumeau mais, pour lui, ça sonne... juste. Il sent que c'est bien, normal, qu'il est à sa place uniquement quand il est avec lui, près de lui. Alors quand Gene s'éloigne de lui, se relève, il peut sentir son estomac se tordre. Son double lui sourit et Aedan se relève. Il le retient du bas de son t-shirt, presque avec timidité, mais Gene ne se moque pas de lui - il ne se moque jamais de lui dans ce genre de situation - et le prend dans ses bras, le rassurant de cette simple étreinte avant de partir dans sa chambre.

Il finit par se mettre en boxer et se glisser dans son lit. Il prend du temps à s'endormir mais sentir l'endormissement de son frère à travers leur lien lui amène la paix qu'il attend pour plonger dans le sommeil.

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Il sent quelqu'un le secouer lentement. Il grogne pas près à se réveiller. Il sent toujours Eugene endormi, donc il sait que ce n'est pas lui, alors il envoie chier la personne en enlevant la main d'un coup d'épaule. « Laisse-moi... » marmonne-t-il. Mais une voix furieuse lui répond. “ Gene... Gene. Gene? Gene! ” Il ouvre les yeux d'un coup. Okay. Il ne connaît clairement pas cette voix et, apparemment, il doit le confondre avec son frangin. Cette réalisation le refroidit d'un coup. Voulait-il faire du mal à Genie ? “ Eugene, dude, come- - ” Il se redresse d'un coup et se retourne vers la personne. Il se retrouve devant... un gamin. Il n'y a pas d'autres mots. Une espèce de mômes de douze ans, grand mais dégingandé, qui le fixe. Aedan fronce les sourcils, prêt à lui demander ce qu'il fout dans sa foutue chambre et surtout ce qu'il veut à son frangin. Mais son vis-à-vis ne lui en laisse pas le temps. “ DUDE! ” chuchote-t-il furieusement avant de mettre sa main sur bouche. “ Dude, it's me, y'know, Wall- - ” Okay, il n'aurait jamais dû faire ça. Il lui attrape le bras d'un coup et lui tord avant de le foutre à terre, lui faisant manger la poussière. Dans le mouvement, il fait tomber sa lampe de chevet qui s'écrase au sol avec fracas. Merde, il espère que les parents ne vont pas se réveiller... Mais peu de chance, il ne se réveille quasiment jamais quand ils foutent le bordel à la maison. « Who the fuck are you ?! And what do you want from my brother, freak ?! » Il tord un peu plus le bras du mec et le bloque de son genou. D'un geste, il attrape son autre bras et les bloque dans son dos. Grâce à son genou et à ses mains, il les maintient, appuyant un peu pour lui faire mal. S'il voulait faire du mal à son frère... Il se rapproche du gamin et lui dit doucement, d'une voix froide. « What are you ? A fucking stalker ? A fan of Gene ?! » S'il lui dit oui, il ne répond plus de rien... Il va lui faire sa fête à ce putain gosse ou lui donner la trouille de sa vie. Il n'est pas question qu'un putain de cinglé tourne autour de son jumeau...

Ça fait longtemps qu’ils n’ont pas été tous ensemble pour l’habituel barbecue en famille du dimanche. D’abord parce que le temps ne s’y prêtait pas, bien évidemment. Mais surtout parce que l’humeur n’était pas à la fête, ces derniers mois. Avec Ethan dans le coma, personne n’avait vraiment envie de se rassembler pour manger et boire des bières tout le dimanche après-midi. Et puis, si Aedan et Eugene sont encore au lycée et ont donc les week-ends de libres, ce n’est plus le cas des aînés Holmes, dont le travail les a bien souvent menés loin de la maison pendant longtemps, dernièrement. Mais il fait incroyablement beau aujourd’hui et Papa a bien fait comprendre que tout le monde avait intérêt à se ramener. Le repas dominical, c’est sacré chez les Holmes, alors tous les enfants – et même Uncle Nate – ont fait un effort pour mettre de côté le reste, le temps d’un après-midi. Même le père d’Ethan est venu et ça fait du bien de le voir sourire, passer un bras autour des épaules de son fils et le taquiner. Eugene se sent un peu moins coupable, il a un peu plus l’impression que tout est redevenu comme avant. Alors il arrive à se détendre, il ne se crispe pas et ne s’extirpe pas de l’étreinte de son propre père quand il le serre contre lui. C’est une bonne journée, il arrive à en profiter, même s’il perçoit toujours le malaise d’Aedan à chaque fois que ce dernier pose son regard sur Ethan. Quand il passe à côté de son jumeau, Eugene frôle son épaule, sa main, n’importe quoi pour lui offrir un contact rassurant. Il sourit, il tente de l’encourager, ça va aller, tout le monde est là, on va bien.
Finalement, il est l’heure pour Azalea d’aller au restaurant, son départ est un peu le signal que tout le monde doit retourner chez soi. Eugene a un peu de mal de laisser Ethan partir, c’est comme ça depuis l’accident, depuis que son meilleur ami s’est enfin réveillé, il préfère le garder à côté de lui, là où il peut le voir, garder un œil sur lui. Bien évidemment, Aedan en profite pour lancer une remarque stupide et ça brise un peu toute la bonne humeur qui entourait la famille Holmes aujourd’hui, parce qu’Eugene le prend mal et n’hésite pas à lui faire comprendre. Ce que Aedan peut être con. Il devrait comprendre pourtant, il sait pourquoi il a du mal de voir Ethan partir et ça n’a rien de drôle.

Alors Eugene fulmine un moment dans sa chambre, jusqu’à ce que son jumeau vienne frapper à la porte. Il grogne pour la forme, mais il se retrouve quand même à côté d’Aedan qui a le nez dans un de ses comics, un peu plus tard. Ils sont bien, là. Son épaule est pressée contre la sienne, ce qui lui permet d’avoir un contact rassurant qui lui tire un soupir alors qu’il ferme les yeux, son casque sur les oreilles. Ils ont trop mangé, tout l’après-midi et Eugene a envie de dormir, là. Mais depuis quelques semaines, les jumeaux ont décidé de dormir à nouveau séparément, totalement, pour voir s’ils en sont capables. Ils ont besoin de savoir si leur incapacité à trop s’éloigner, trop longtemps, est pour toujours ou si ça finira par se calmer. Alors Gene finit par se lever pour aller dans sa propre chambre avant de s’endormir là, mais Aedan le rattrape par le bas de son t-shirt.
Il est tenté de se foutre de lui, comme son jumeau l’a fait un peu plus tôt, mais il n’y arrive jamais quand il est comme ça. Alors il l’entoure de ses bras, presse un baiser au sommet de son crâne et le lâche quand il est sûr qu’il se sent mieux. Une fois dans sa chambre, il retire son casque, coupe son iPod et se débarrasse de ses vêtements, ne reste qu’en boxer pour se glisser sous les draps. Pour une fois, il ne met pas longtemps à s’endormir, l’affaire de quelques minutes.

C’est difficile de dire ce qui le réveille réellement. Le bruit de la lampe qui se fracasse par terre, ou la peur et la colère de son jumeau. Le fait est qu’Eugene se redresse d’un bond, les lèvres entrouvertes sur une inspiration douloureuse qu’il prend avec terreur avant de regarder autour de lui. Sa chambre est parfaitement vide, mais il perçoit la voix de son frère à travers le mur de la pièce alors le jeune homme rejette les draps et se lève d’un bond avant de faire irruption dans la chambre d’Aedan. Ses doigts pressent l’interrupteur et quand la lumière inonde la pièce, il trouve son frère sur un autre gars, un genou lui bloquant un bras, l’autre main fermement agrippée à son autre poignet. Quand l’autre type relève la tête, Eugene écarquille les yeux en le reconnaissant. « Wally ? » s’exclame-t-il. « The fuck you doing here ? » Il l’a suivi jusque là ? Mais il est pas net ! Le jeune homme s’avance et voit l’hématome sur la joue de Wally, ainsi que le sang séché sur son menton. Il ne sait pas pourquoi, mais sa gorge se noue à cela et il pose une main sur l’épaule d’Aedan pour le tirer doucement en arrière. « Come on ‘Dan it’s okay, let him go, » fait-il d’une voix douce. Son frère lève un regard incrédule vers lui et Eugene prend un air gêné. « It’s okay, I swear, I know him, he’s… » Il fronce les sourcils, qu’est-ce qu’il peut bien dire ? « He’s okay. » Son jumeau ne semble toujours pas décidé à lâcher Wally alors Eugene émet un claquement de langue agacé. « Dude, he’s hurt, let him go ! » s’exclame-t-il brusquement, avec plus de colère qu’il ne l’aurait souhaité. Mais il n’aime vraiment pas le voir blessé. Enfin, Aedan s’écarte, probablement surpris de voir son frère s’énerver comme ça et Eugene s’accroupit à côté de Wally pour prendre son visage entre ses mains, sans même se rendre compte de ce qu’il fait. « Who did this to you ? » qu’il grogne, les sourcils froncés.

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OK, peut-être qu'il a fait une erreur. Ça ressemble beaucoup à une erreur. Son épaule lui fait incroyablement mal, son coude aussi et, malgré la douleur, Wally essaie de se rappeler des leçons de Sevastian et de Reyhan pour s'en sortir dans ce genre de situations mais Eugene — non, Aedan — est plus fort que lui sur ce coup-là, et l'a pris par totale surprise. « Who the fuck are you ?! And what do you want from my brother, freak ?! » Il lui fait vraiment mal, maintenant, et Wally laisse échapper un gémissement de douleur en essayant de se dégager, en vain. Il ne suppliera pas, il ne demandera pas, il ne fera rien, il subira et Eugene, Eugene va l'entendre et le sauver, n'est-ce pas? Il le doit. « What are you ? A fucking stalker ? A fan of Gene ?! — What the- dude, no! ” gronde Wally avec douleur, essayant encore de se défaire mais il abandonne quand Aedan resserre son emprise sur lui.
La lumière est allumée et Wally tord le cou pour accueillir le nouvel arrivant avec un petit sourire. « Wally ? The fuck you doing here ? — Dude, ” gargouille-t-il difficilement, le visage tout rouge et la respiration courte. Le fait que s'incruster chez quelqu'un au milieu de la nuit pour lui parler est sans doute un peu bizarre ne lui effleure même pas l'esprit; il se contente de se détendre sous l'emprise d'Aedan.
Tout va bien. Eugene est là. Il va le sauver.

Quand Aedan relâche son emprise sur lui, Wally s'écrase sur la moquette comme une poupée de chiffons.
Il se redresse un peu, difficilement, tout son corps courbaturé à cause de la mission d'aujourd'hui et douloureux à cause de la prise de catch improvisée d'Aedan lui criant de s'allonger parterre et se rouler en boule. Il sent l'un des deux jumeaux se rapprocher et se crispe machinalement avant de reconnaître Eugene. Il se redresse et celui-ci prend son visage entre ses mains.
Aussitôt, Wally se détend et une expression presque rêveuse vient infester son visage. Il se sent si... bien. Enfin au repos, enfin tranquille et serein. Ça lui fait un bien fou même si ça n'a aucun sens, juste les mains d'Eugene, son regard dans le sien. « Who did this to you ? » What? Who? Il s'en fiche. Il ne répond pas pendant quelques secondes, profitant juste de la peau de Gene contre la sienne avant de revenir à ses esprits quand les mains d'Eugene quittent son visage, emportant toute la chaleur du monde avec eux.
Les yeux de Wally se rouvrent, alors qu'il ne s'était même pas rendu compte de les avoir fermés, et le regardent. “ Do this again, ” mais déjà Eugene recule. Il se relève lentement, Wally, en s'appuyant au lit et à la table de chevet, un morceau de l'ampoule éclatée de la lampe qu'ils viennent de casser s'enfonçant sans tendresse dans la peau tendre de sa paume. Quand il fait un pas dans la direction d'Eugene, Aedan se dresse entre eux comme un rempart et les yeux de Wally se fichent sur lui.

Ils sont strictement identiques mais Wally sait qu'il pourra toujours reconnaître un jumeau de l'autre sans aucune forme d'hésitation. Eugene l'attire comme une ampoule sa nuée d'insectes; Aedan lui fait peur. Il a envie de faire plaisir à Eugene par tous les moyens, même ceux dont il ignore tout; il a envie de se soumettre entièrement à Aedan et le laisser faire tout ce qu'il veut. Il déglutit lentement. “ I got in a fight, ” dit-il à mi-voix en reculant d'un pas, levant des doigts tremblants pour retirer un peu de sang de son menton. “ No big deal. Worried about me? ” Son sourire est un peu maladroit, très désespéré et il s'évanouit bientôt, alors qu'il baisse les yeux et marmonne, difficilement: “ I just wanted- no- needed to see you. I need you to touch me again. Like... before, ” dit-il difficilement sous le regard d'Aedan, préférant faire d'Eugene son monde en plantant ses yeux dans les siens. Wally n'est pas trop timide mais bizarrement, il se sent quand même rougir, douloureusement, en comprenant le double sens de ses paroles... mais sans chercher à les changer.