divinity will stain your fingers and mouth like a pomegranate. it will swallow you whole and spit you out, wine-dark and wanting. you will reach for it again and again, greedy human fingers clutching at everything you can reach. the divine will curl its way through your veins and take you over, and it will not leave you quietly. i feel divinity in my bones like aching; like fire.turn on the light,
it’ll keep the monsters away,
oh, but what do you do when the monster is you?Une seconde d'inattention, la tête légèrement inclinée envers le claquement de sandales encore lointain et Camilla perd finalement la main, le pugio vole d'entre ses doigts, anéantissant définitivement ses chances d'emporter un de ces vauriens avec elle. La claque qui suit fait sonner ses oreilles si violemment qu'elle en perd momentanément l'équilibre et avec un haut le coeur déconcertant réalise que le sang marbrant le sol est la raison pour laquelle elle n'entend plus personne d'autre se débattre comme un beau diable. Le coeur au bord des lèvres, elle relève la tête, malgré le genou ayant violemment percuté les dalles, malgré son audition momentanément diminuée et un tic ajoute sa joue. Fille de Rome, comment partir autrement que la tête haute. La main brusque qui vient attraper ses cheveux est attendue, le glapissement de douleur qui voudrait quitter ses lèvres est noyé tant bien que mal. La lèvre fendue par ses propres dents, elle ne les desserre que pour lui cracher un mélange de salive et de sang au visage.
Son seul souhait désormais, le rendre fou de rage pour que sa mort soit rapide et lorsqu'elle voit la furie déformer ses traits, une certaine paix la gagne. La mort et vite, plutôt que le déshonneur.
Et alors la lame mord enfin sa peau si pale, elle ne parvient même pas à songer à autre chose qu'à l'ultime traversée.
Mais sa récompense se refuse à elle et la voilà rejetée sur le rivage.
(La première goulée d'air est la plus douloureuse.)
How much can you change and get away with it, before you turn into someone else, before it’s some kind of murder?FUCK. MARRY. KILL.L'eau est chaude, à la limite d'être brûlante, alors qu'elle frotte ses mains et ses avant-bras méthodiquement, presque cliniquement, afin de les débarrasser du sang qui les recouvre, dernier vestige d'une décision qu'elle n'a que trop longtemps reportée. Elle sèche ensuite ses mains, calmement, lentement avant de mouiller légèrement un linge et d'effacer les dernières traces de sa trahison sur son visage, puis satisfaite qu'il ne reste rien, aucun vestige d'une relation condamnée à l'échec, elle se poudre avec application, consciente du temps qui s'écoule mais indifférente aux conséquences. Une légère moue, ses doigts ébouriffent légèrement ses boucles blondes et puis elle hausse les épaules avant de retourner dans la chambre, enjambant sans un regard à son attention le corps d'Aneesh, prétendant aisément ne pas s'apercevoir qu'il agonise toujours. Quelques dizaines de minutes encore et il se noiera dans son propre sang, et Camilla ne parvient pas à éprouver une once de remord pour la douleur qu'il est en train d'éprouver, juste une profonde tristesse qu'ils en soient arrivés là.
Malgré la distraction de son ex mari hoquetant à la recherche d'un air qu'il ne trouve pas, elle parvient à boucler sa valise en quelques minutes et s'installe tranquillement sur le lit, lissant les plis de sa jupe d'une main, avant d'enfin poser les yeux sur lui. Ca ne devrait plus être très long maintenant. Si elle avait un tantinet plus de confiance en lui, elle se serait probablement agenouillée à ses côtés, lui aurait caressé les cheveux dans ses derniers instants, mais il était tout aussi mauvais qu'elle et il en aurait probablement profiter pour lui cracher du sang dessus, encore, histoire de la retarder un peu plus.
Les yeux d'Aneesh, bien qu'un peu plus voilés à présent, sont toujours accusateurs et elle lève les yeux au ciel, agacée par ses enfantillages.
"You had it coming", elle souffle malgré elle, balayant une mèche de cheveux de son front et croisant les jambes, reposant simplement ses mains sur ses cuisses, jetant un coup d'oeil distrait à l'horloge.
Peut-être qu'en d'autres temps, d'autres lieux, elle aurait éprouvé le moindre remord mais pas aujourd'hui, pas après les mots qu'il avait osé prononcer, les mots de trop, alors que le deuil était toujours trop frais et que sa santé mentale ne tenait plus qu'à un fil. Elle ne se souvenait pas avoir pris la décision, avant même que le poignard ne se retrouve dans sa main, une dernière embrace et le goût de sa perfidie sur les lèvres.
Trente cinq minutes, c'est le temps au final que ça lui prend pour rendre l'âme, pour que le dernier souffle ne s'échappe. Amusée malgré elle, qu'il soit suffisamment têtu pour tenir cinq minutes de plus que la moyenne mortelle, elle se lève enfin, s'approche de son corps désormais immobile, se penche et effleure son visage du bout des doigts.
"Goodbye Ani."
Une larme, une seule, roule le long de sa joue avant d'être rattrapée par sa manche. Lorsqu'elle se relève, elle quitte la chambre, emportant ses affaires avec elle, sans jeter le moindre regard en arrière.
‘But, I love him.’ the Sea whispers to the Sun.
‘I know,’ The Sun replies. ‘But I’ve loved him longer. I loved him first.’Les gravures se sont estompées et pourtant de mémoire, ses doigts recherchent machinalement les légers accrocs dans la pierre, les seuls vestiges d'une existence oubliée.
—
Elle, elle ne se souvient que trop bien de la fin. ("'C'est ce que les mortels font de mieux. Ils meurent.' Tu te rappelles, Milla? Tu te
rappelles?" et la morsure des doigts d'Aneesh dans la chair tendre de ses bras, ce ricanement légèrement hystérique, la cruauté au recoin des lèvres, et son souffle si chaud contre son oreille, vulgaire parodie d'une intimité qui la révulse à présent.) Alors le temps s'écoule, et elle peint toujours ses lèvres rouge sang, prétend que ce sont pas les pleurs d'un enfant qui la réveillent toujours en sursaut au beau milieu de la nuit, le coeur au bord des lèvres, la jambe à demi sortie du lit et alors que son pied touche le carrelage froid, la réalité reprend ses droits et elle se souvient, ses mains recherchent les traces d'une grossesse qu'elles ne trouveront pas, et elle le perd de nouveau. Repeat ad nauseam.
BEAUTY AND LOVE ARE FLEETING AND HAVE NO MEANING. SURVIVAL HAS MEANING. POWER HAS MEANING. "
Rein mit ihm."
Deux mots, deux simples mots viennent détruire le calme apparent résidant dans la salle et ses yeux se désintéressent aussitôt de l'homme attaché à la chaise au centre de la pièce pour se poser sur la pomme qui se trouve juste à côté d'elle. La saisissant, elle la frotte lentement contre son uniforme noir avant d'en croquer une bouchée puis relève les yeux à l'intention des deux gardes qui n'ont pas bougés.
"
Stottere ich?"
Le ton est doucereux, le déclic de la sécurité du revolver ponctue la fin de la phrase. Le changement d'attitude est évident et aussitôt, elle peut constater la tentative ridicule du prisonnier pour se débattre alors qu'ils lui plongent la tête sous l'eau, une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ce qu'il ne se débatte que mollement, plus concerné par la prise d'oxygène relativement courte qu'on lui autorise. Le doigt sur la détente, elle considère tirer tout de même sur l'un d'eux, histoire de. (Il va mourir de toute façon, aujourd'hui, demain, dans dix ans, ça revient à un lapse de temps si court à ses yeux que cela n'a aucune importance, que cela ne fait aucune différence.) Cependant, rien qu'à l'idée de la paperasse à remplir, elle se ravise, enclenche de nouveau la sécurité et pose son arme à feu à ses côtés sur le bureau et déguste sa pomme en silence, observant sans mot dire l'homme et ses sbires.
"
Stopp."
Les gardes renversent aussitôt la chaise en arrière et la chaise s'écrase au sol, les grognements faibles du prisonnier suivant de près la chute se font entendre avant d'être poursuivis par une toux. L'imbécile a de toute évidence tenté de compenser l'absence d'air en respirant trop longtemps, trop vite.
Avançant lentement, Camilla dissimule tant bien que mal un sourire en coin en voyant que le claquement des talons réglementaires fait grimacer même ses gardes, puis elle s'arrête à quelques pas de l'homme toujours attaché et se penche, pointant le trognon de sa pomme vers son visage.
"
Nun, Franz. Wirst du dich vernünftig benehmen oder muss ich mich selbst um dich kümmern? Glaub mir, ich werde nicht so herzlich wie die anderen sein. Du musst wissen, ich hass es, für dumm verkauft zu werden."
"
Fahr zur Hölle, Elsie."
Le crachat n'est pas si surprenant que ça à vrai dire, pas plus que la rage froide qui l'anime soudainement mais qu'elle s'efforce de contenir tant bien que mal, malgré le tressaillement de sa mâchoire. D'un geste de la manche, elle essuie ce résidu salivaire, sans le moindre égard pour son uniforme (malgré la fierté évidente qu'elle a à le porter, sachant la place que le Deutsches Reich accorde aux femmes, mais elle n'est pas arrivée à un grade aussi haut placé en attendant que les hommes fassent le sale boulot pour elle) avant de lui agripper le cuir chevelu d'une main ferme, lui enfonçant le trognon dans la bouche de force.
"
Ach, Schätzchen. Wenn ich erst mit dir fertig bin, wirst du mich anflehen dich sterben zu lassen. So wie alle anderen auch."
(L'Empire tombe quelques années plus tard, comme tous les autres avant eux, et Camilla, après avoir suivi avec attention les procès, endosse une nouvelle identité, une nouvelle vie, sans se retourner, profitant du système et d'une société patriarcale bancale, encore une fois.)
Survival my only hope. Success my only revenge."Why are you here, Camilla?"
Sept séances, c'est tout ce qu'il a fallu pour venir à bout de l'imbécile que Charles lui a recommandé. Seulement sept à déblatérer de tout et de rien, les détails les plus infimes, ceux sans importance, histoire de combler le vide, et dès lors que la conversation devient plus intime, elle se relève, sans égard pour le temps qu'il leur reste, quitte la pièce et se présente de nouveau pour leur nouveau rendez-vous, sans l'once d'un remord ou d'une excuse sur le bout de la langue. A croire que ce jeu du chat et de la souris prend enfin fin.
Evidemment, alors même que la question quitte ses lèvres, son interlocutrice retient tant bien que mal un soupir, comprenant avant même que Camilla ne fasse un geste que la discussion est désormais finie.
Et pourtant, avec cette simple question, quelque chose change enfin.
—
A peine a-t-elle franchi la porte du cabinet, qu'au lieu de se diriger derechef vers le canapé, Camilla se dirige vers la fenêtre, s'adossant contre le montant, observant le flot des passants. Un léger tic agite sa mâchoire, comme si elle bataille mille et une idées et les trouve toutes manquantes, avant de lâcher avec la plus grande reluctance, comme si une part d'elle trouve toujours cette idée absurde.
"I made a deal with Charles."
Elle ne voit que vaguement l'air surpris de sa psy quelque peu inconventionnelle, avant que cette dernière ne se ressaisisse, se penchant légèrement en avant, une lueur curieuse dans le regard.
"Yes, but you and I both know that you could have gotten away with only
one session. But you came back. So let me ask you again, why are you
here, why did you agree to his proposal? Because from all intent and purpose, as brilliant as you might be, you're not fit to
teach."
Camilla considère en un instant, la multitude de réponses qu'elle peut offrir avant de fermer les yeux, reposant son front contre la vitre.
(Elle se rappelle vivement la taille du cercueil, la brûlure du soleil sur sa peau, sa pâleur, les callosités sur ses paumes. Et Camilla, tanguant au bord de la tombe fraîchement creusée et se demandant si, ensevelie avec lui, elle parviendrait à s'endormir une fois pour toutes.
Et dans le cas contraire, peut-être que mourir encore et encore, serait une punition suffisante pour lui survivre.)
"My son... My son died. He was still very young but he got terribly sick and well... medicine wasn't quite what it is now. That's what got me in that field. His death that might have been prevented had we had the means back then. After all, parents are never meant to survive their children."
Si sa voix a perdu de l'ampleur au fur et à mesure, ce n'est véritablement qu'un murmure lorsqu'elle continue, un faible sourire aux lèvres, portant de nouveau son regard sur la foule, prétendant futilement que ses cils ne sont pas ourlés de larmes qui ne demandent qu'à rouler sur ses joues.
"They always die
so young."
Parce qu'ils sont arrogants, trop sûrs d'eux, manquent d'entraînement ou de connaissances. Les raisons ne manquent pas et pourtant, pourtant, elle a beau savoir que sa présence dans le manoir ne change rien dans le grand ordre des choses, cela ne sera certainement pas de
sa faute s'ils succombent avant l'heure; elle, elle a déjà bien trop de morts sur la conscience.