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 MALICE ·· could i burn another day

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COULD I BURN ANOTHER DAY



Bobby n'aurait pas dû être là. C'était le dortoir des filles après tout, et bien des années plus tôt, il n'était pas autorisé à déambuler dans ces couloirs. Aujourd'hui il n'est plus étudiant ici, et sa position lui permet de venir voir Malicia quand bon lui semble : mais il n'aurait pas dû être là. Il était tard et le sommeil les guettait tous les deux. Elle portait un petit débardeur, le genre de vêtement qu'on passe avant d'aller au lit ; il avait débarqué sans prévenir à sa porte, et elle l'avait laissé entrer parce que c'était Bobby, son Bobby, et qu'elle n'allait pas le laisser dehors sous prétexte que ses bras étaient nus. Il s'était assis sur le lit et elle l'avait rejoint, à une certaine distance de sécurité (ne pas prendre plus de risques que nécessaire) et ils avaient parlé. Malicia avait ri, il avait cette facilité à la rendre plus heureuse, plus souriante. Peut-être était-il le maître de la glace, mais il n'en était pas moins chaleureux pour autant. Leur conversation s'était éternisée, cette habitude à perdre la notion du temps lorsqu'ils étaient ensemble n'avait rien d'extraordinaire. Elle s'avérait problématique cependant, lorsque la nuit était déjà tombée : ils fatiguaient. Allongés l'un devant l'autre sur le lit de Malicia, leurs regards verrouillés l'un à l'autre tandis qu'ils partageaient leurs dernières expériences de mission, la jeune femme ne put s'empêcher de noter la frustration qui la gagnait. Il était face à elle, c'était un homme beau, un homme bien, et elle l'aimait. Depuis maintenant plus de dix ans, elle l'aimait. Et les seuls baisers qu'ils avaient partagé s'étaient soldés par de magnifiques échecs, où Bobby avait failli y rester. Il y avait de quoi être frustrée. A deux mètres l'un de l'autre, elle ne pouvait même pas poser sa main sur la joue de son compagnon, il ne pouvait pas laisser courir ses doigts sur la nuque dégagée de Malicia … ils étaient condamnés à se regarder dans le blanc des yeux. Et tout ça, c'était sa faute à elle. Ce pouvoir était une véritable malédiction. Privée de tout contact humain, comment pouvait-elle garder la tête froide ? Comment faisait-elle pour ne pas péter les plombs, tout simplement ? Ça restait un mystère à ses yeux. Peut-être était-elle plus forte qu'elle ne le pensait, peut-être s'était-elle habituée à la situation, l'avait assimilée comme une fatalité. Elle connaissait ses limites, elle savait ce que son don lui permettait de faire – et de ne pas faire – alors pourquoi, putain de pourquoi avait-elle laissé les choses déraper à ce point ?

Malicia s'était réveillée en sursaut. Sa peau ne connaissait plus la chaleur des autres. Alors le bras de Bobby sur le sien, elle le sentit rapidement, malgré le sommeil. Elle ouvrit les yeux, paniquée, et se leva d'un bond. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Il aurait dû rentrer dans sa chambre, elle n'était pourtant pas si loin : mais ils avaient discuté jusque tard dans la nuit, ils s'étaient allongés pour mieux se regarder, et ils avaient dû sombrer sans le vouloir. Elle ne serait jamais restée bras nus auprès de lui si leur sommeil n'avait pas été accidentel. « Bobby ? » murmura-t-elle, terrifiée. Depuis combien de temps leurs peaux étaient-elles en contact ? Elle voyait les veines noirâtres que son pouvoir déclenchait sur les autres, disparaître lentement du corps de Bobby. Si elle l'avait tué, elle ne se le pardonnerait jamais. Pourquoi est-ce qu'il ne bougeait pas ? Il dormait encore, si ça se trouve. Il n'avait peut-être rien senti. Elle se prit à espérer que, par l'opération du saint esprit, il se retrouve immunisé à son don. Qu'enfin, ils puissent former un couple normal. Mais Bobby ouvrit grand les yeux et sur ses lèvres moururent quelques râles alors qu'il se tordait de douleur. « Oh mon dieu ! BOBBY ! » La voix de Malicia est plus forte, plus inquiète aussi. Elle ne sait pas quoi faire – elle ne sait jamais quoi faire. Elle devrait aller chercher quelqu'un. Le Professeur Xavier, par exemple, ou bien Storm. Ils pourront l'aider. « Je reviens Bobby, d'accord ? » Elle se précipite à la porte, et alors qu'elle ouvre le battant, les râles derrière elle s'arrêtent. Malicia se retourne, observe Bobby dont le corps n'est plus agité par des convulsions. Est-ce qu'il est mort ? « Malicia... » Elle entend sa voix rauque et cassée, ça lui suffit pour refermer la porte et s'approcher de lui. « Merde, Bobby. J'ai cru que t'étais mort. » fait-elle, reprenant contenance. Elle avait ce masque, cette attitude. Une carapace pour tout le monde, un détachement certain qu'elle aimait montrer au reste des pensionnaires de l'institut : rien ne peut me toucher, rien ne peut m'abattre, cela signifiait. Parfois, elle tombait le masque avec Bobby, mais à d'autres moments, elle préférait cacher ce qu'elle ressentait. En ce moment, elle cachait la peur, la panique à l'idée de le perdre. Elle la jouait cool. Mais Malicia avait des sillons de larmes sur les joues, et elle aurait voulu embrasser Bobby à la seconde où il avait prononcé son nom. Bien sûr, ce n'était pas envisageable. « J'ai cru que je t'avais tué. »



Dernière édition par Anna Marie le Jeu 3 Sep - 18:01, édité 1 fois
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et si nous étions maudits ? Que nous étions conçus pour ne pas nous toucher ?

Dans sa lente descente, le soleil plonge le monde entier dans le noir. Bobby le regarde faire depuis son bureau. La journée, on y voit des jeunes parler de leurs problèmes ou, au contraire, se cloîtrer dans le silence. C’est alors à lui de délier les langues, de chercher à comprendre, de creuser. Il est l’archéologue des émotions. Mais une fois que la nuit tombe, le bureau n’est plus que silence. Seule la respiration de Bobby emplit la pièce. Et le grattement du stylo sur le papier. Il prend des notes. Beaucoup de notes. Son travail lui tient à coeur. Être le guide de ceux qui se cherchent est primordial. Il veut le faire bien. Non, pas bien. Il veut le faire à la perfection. Ses paupières clignent. Bobby relève la tête. Il réalise seulement qu’il est plongé dans l’obscurité. Il a oublié. Comme souvent. Il a omis de lever les yeux vers son horloge pour voir l’heure. Il s’était remis au travail après le dîner. Il s’était promis de travailler une demie heure. Pas plus, avait-il dit. C’est raté. Cela fait plus d’une heure qu’il est penché sur son dossier. Il se redresse. Il s’étire. Son dos craque, mais ce n’est pas douloureux. Cela fait du bien, même. Il pousse un soupir. Il ferme le dossier. Il est temps d’aller se coucher. Il sort et referme la porte derrière lui. Le couloir lui semble incroyablement vide. Tous les élèves ont rejoint leurs chambres. A cette heure, il n’y a que les adultes pour se promener. Et encore. Il se déplace à pieds. Ce soir, pas de glace, que la terre ferme. Au fond du couloir, il ne réfléchit pas. Il prend sur la gauche. Il connaît ce chemin. Il l’emprunte souvent. C’est celui de la chambre de Malicia. Il sait que ce sera repoussé l’heure de se coucher. Il a conscience que s’endormir à ses côtés peut être dangereux. Alors, il ne restera pas longtemps. Juste le temps de lui souhaiter une bonne nuit, de lui dire à demain. Juste quelques minutes. Quelques mots. Peut-être un contact physique. Rien de plus. Rien de moins. Il arrive devant la porte de Malicia. Il renouvelle sa promesse. Seulement quelques mots. Mais ce soir, il semble incapable de tenir ses promesses. Il verra bien. Il ne fait rien de mal, de toute manière. Il tape doucement à la porte. Il sait qu’elle est là. Juste derrière. Peut-être dort-t-elle déjà. Cela ne serait pas étonnant La porte s’ouvre. Elle est surprise. Il n’a pas l’habitude de venir à l’improviste. Leurs rencontres nécessitent toujours une préparation vestimentaire. C’est raté pour cette fois. Ses bras sont nus. Ce constat est presque étrange. Il n’a pas l’occasion de la voir si dénudée et dans un sens, si dangereuse. Mais c’est Malicia. Elle ne lui fera rien. Il esquisse un sourire. Elle l’invite à entrer. Il va s’asseoir sur le lit. Il a le sentiment d’être un adolescent qui va voir sa petite amie en cachette. Ils n’en sont pas loin. Malicia le rejoint. Elle s’installe à côté, mais à distance. Des fois, il aimerait pouvoir casser cette barrière de sécurité. Il aimerait pouvoir la prendre dans ses bras, l’embrasser. Des fois, cette distance le fait souffrir. Il se doute que le calvaire est encore pire pour elle. Malgré l’exclusion que son pouvoir peut impliquer, elle est toujours elle. Elle n’a pas perdu la tête. Elle est de loin l’une des personnes les plus censées. Ils ne se quittent plus des yeux. Ils parlent, encore et encore. Mais ils se regardent. Les regards sont les seules choses qui peuvent se permettre sans risque. Regarder, mais ne pas toucher. Comme une oeuvre d’art dans un musée. Bobby finit par s’allonger sur le lit. C’est bien mieux ainsi. Ils se racontent leur journée. Ils parlent de tout, de rien. Ils rigolent, ils échangent. Les heures passent. Il sent que ses paupières s’alourdissent. Malicia est la première à succomber à l’appel du sommeil. Lui, essaye de rester éveillé. Il a peu de possibilités de la voir, aussi détendue, aussi bien. Il ne la voit pas souvent dormir, non plus. Tous ces moments que des couples vivent, ils ne les connaissent pas. Et pourtant, voilà dix ans qu’ils sont ensemble. Finalement, ses paupières se baissent et ne se relèvent pas.

Au départ, c’est l’air. L’air qui se raréfie. Ensuite, c’est la gorge. Elle se serre. Elle se contracte. Et puis, il y a le coeur. Pompe de la vie qui peine à travailler. Le froid gagne du terrain. Pas le froid que Bobby est capable de créer. Non. Plutôt, le froid de la mort. Le froid qui remplace la chaleur et chasse la vie. Enfin, la conscience qui se réveille. Le sentiment d’alerte. Le sentiment que quelque chose ne va pas. Les paupières tentent de s’ouvrir, mais il n’y arrive pas. Elles sont comme collées par la sécheresse. De nouveau, le noir. Le rideau tombe. C’est la fin. Il se sent tomber. Il se sent partir. C’est le trou noir. “Bobby ?” Un appel dans le noir. Une lumière dans l’obscurité. Trop faible. Trop faible pour qu’il l’attrape et lui permette de rouvrir les yeux. Il essaye d’articuler. Il essaye de lui dire qu’il est là, qu'il respire, qu’il vit. Ses lèvres ne remuent pas. Il sait qu’elle ne se risquera pas à le toucher. Elle n’osera pas par de peur d’empirer les choses. Alors, il essaye. Il se raccroche, il se hisse dans les limbes de sa conscience. Il tente de reprendre possession de son corps, de sa vie. Enfin, ses yeux voient la lumière. Littéralement. Ses yeux sont grands ouverts. Il tente un nouvel effort. Un mot. N’importe quoi. Mais ce ne sont que des râles qui lui échappent. Des vaines tentatives de la rassurer qui se soldent par un échec. Respirer lui fait plus mal que prévu. Il a le sentiment qu’on lui racle les poumons, qu’on lui assèche la gorge pour l’empêcher de respirer. “Oh mon Dieu ! BOBBY !” La tête le fait souffrir. Elle lui martèle le crâne. Il voit la panique de Malicia. Plus qu’il ne la voit, il la ressent. Il la connaît. Sûrement plus que quiconque. Il déteste voir cette peur dans son regard. “Je reviens Bobby, d’accord ?” Il a envie de secouer la tête, de lui répondre de rester ici. Il prend une grande inspiration qui lui arrache les poumons. Ca y est, il sent. Il sent la vie revenir. Sa peau reprend une couleur normale. Ses veines disparaissent. Son coeur bat à un rythme régulier. Il concentre toute son énergie en un seul mot. “Malicia...” Même avec la voix cassée, c’est suffisant. Il la récupère. Il la voit revenir auprès de lui. Ce n’est plus Anna Marie qui se penche au-dessus de lui, mais Malicia. Pendant quelques minutes, elle a laissé tomber la carapace pour montrer toutes ses failles. Mais les choses reviennent à la normale. Malgré l'inquiétude et la peur. “Merde, Bobby. J’ai cru que t’étais mort.” Il esquisse un sourire. Il lui proposerait bien de faire un effort pour vraiment mourir la prochaine fois, mais il en est incapable. Cela serait trop cruel. Même en se cachant derrière la personnalité de Malicia, elle ne peut cacher ses yeux rougis et les sillons de larmes sur ses joues. Il lève la main, mais la laisse tomber. Il ne peut pas la toucher. Pas dans cet état. Plus tard, peut-être. Mais là, c’est trop de risques pour une soirée. “J’ai cru que je t’avais tué.” Elle a cette cassure dans l’âme qui éveille l’instinct protecteur de Bobby. Cette fêlure qui la fait ressembler à une petite fille. A ce moment précis, il a envie de l’attirer contre lui et de lui dire que tout va bien, que tout ira bien. Aux larmes de Malicia et à son propre état, il comprend que ce serait mentir. Il venait de frôler le coma, si ce n’est la mort.

Il se hisse sur ses mains et se redresse. Minimiser la situation ne sert à rien. Il sait que cet accident aura une répercussion. Malicia s’en voudra. Elle s’en veut déjà. Relativiser est la meilleure solution. Il esquisse un sourire de travers, mais un sourire. “Ça va...” Il se racle la gorge. Cette voix cassée, rocailleuse, ne l’aide absolument pas. Elle ne fait qu’ajouter à la gravité de la situation. Il se concentre un instant sur sa respiration. Que c’est bon de sentir ses poumons se remplir d’air. “C’est de ma faute...” Il marque une pause. En voyant son expression, il se doute qu’elle ne voit pas les choses ainsi. Il ne lui laisse pas le loisir de protester. Cet accident, il en est à l’origine et il compte bien la décharger de toute la culpabilité.  “Je suis venu te déranger…. Je t’ai vue t’endormir et… je ne suis pas parti. Ma faute.’’ Articuler une phrase lui semble être le parcours du combattant. Il est essoufflé comme s’il venait de courir un marathon. Il se penche en avant, à la recherche de son souffle. Bon sang. Bobby n’a jamais frôlé la mort d’aussi près, même pas lors des missions des X-Men. Cette fois, son corps a du mal à s’en remettre. Peut-être que frôler la mort est comme un sport, plus on le pratique, mieux on s’en remet. Il n’est pas sûr de vouloir l’essayer. “Je serai plus sage, la prochaine fois.’’ Enfin, s’il y a une prochaine fois. Si elle souhaite reprendre le risque. Si elle a assez confiance en elle et en eux. Si elle n’a pas peur. Alors peut-être, oui peut-être, qu’il y aura une prochaine fois. “Je suis désolé.’’ Désolé de l’avoir mise dans cette situation. Désolé de l’avoir inquiétée. Désolé de lui avoir fait peur. Désolé qu’elle se sente coupable.

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COULD I BURN ANOTHER DAY


Il a de beaux yeux. Malicia se perd dans les braises qu'elle y voit, elle se brûle les iris à vouloir raviver les cendres noisettes de Bobby. Elle sait qu'il va bien, qu'il se remet, parce qu'elle le voit dans ses yeux. Mais rien n'y fait, elle se déteste. Elle est assise au pied du lit, à une distance respectable, et il se redresse, s'appuie sur ses mains. Elle voit ses bras trembloter un moment avant de gagner en force, en stabilité. Malicia essuie du revers de la main ses joues, qu'elle sent encore humide. « Ça va... » dit-il. Elle ne le croit pas. Sa voix est cassée et son visage encore blême, puis Malicia n'arrive pas à oublier les râles de douleurs, les convulsions de son Bobby quelques minutes plus tôt. Elle rejoue la scène, convaincue qu'il aurait pu mourir, qu'il aurait dû mourir. Il tousse, il inspire, il reprend pied avec la réalité, et elle attend sagement au pied du lit, incapable de dire quoi que ce soit. « C'est de ma faute... » C'est faux, tu mens. Malicia a fait ça ; avec ses mains, avec ses bras, avec toute parcelle de son corps exposée, elle peut te tuer. La jeune femme serre les dents, s'apprête à répondre, mais il la devance. « Je suis venu te déranger... Je t'ai vue t'endormir et... je ne suis pas parti. Ma faute. » Elle le voit batailler pour trouver ses mots. Malicia l'aime aussi pour ça : il cherche à la dédouaner. Il ne veut pas qu'elle se blâme, il ne veut pas qu'elle s'enterre dans la culpabilité qui la ronge déjà au quotidien. Bobby est tellement patient, tellement compréhensif. Elle n'aurait jamais pensé trouver un jour quelqu'un qui l'aimerait à ce point. Elle aurait voulu le serrer dans ses bras. Lui dire que tout irait bien désormais. Qu'elle était là et qu'elle l'aimait, qu'elle ne lui ferait plus jamais de mal. Malicia baissa les yeux : elle ne pouvait rien faire de tout cela.

« Je serai plus sage, la prochaine fois. » l'entend-elle murmurer. Malicia sentait une colère sourde grimper le long de sa gorge, envahir ses muscles, ses nerfs. Elle avait passé les quinze dernières années à détester sa mutation, et plus elle aimait Bobby, plus elle détestait son incapacité à toucher les autres. De nombreuses fois, elle avait songé à le quitter, convaincue que ce n'était pas juste, pour lui. Il se privait de besoins charnels, qu'avaient tout être humain, par amour. Il était trop bon pour arrêter leur relation, trop amoureux aussi – mais elle avait souvent vu cette solution comme la seule possible. Elle en avait pourtant été incapable. Elle vivait déjà une vie solitaire, beaucoup de jeunes pensionnaires gardaient leurs distances avec elle, par crainte de ce qu'elle pouvait faire, et Bobby était l'un des seuls rocs qu'elle avait. C'était égoïste, mais elle ne pouvait pas rompre. Elle ne pouvait pas perdre espoir. « Je suis désolé. » Il n'avait pas à s'excuser. Merde, ce n'était pas sa place de s'excuser. Elle se releva, s'approcha de lui. A côté du lit, au pied de la table de chevet, traînait un chandail qu'elle enfila, couvrant ses bras nus. Elle prit également ses gants, posés sur la table de nuit, et les passa sur ses mains. Ce petit manège se fit dans le silence le plus total, et Malicia ne quitta pas Bobby des yeux. Quand enfin, ses doigts furent couverts, elle les passa sur la joue de Bobby. « Tu n'as pas à t'excuser. Il y a déjà tellement de choses que tu as sacrifiées pour moi... » Elle se rassied sur le lit, plus près de Bobby qu'auparavant. Elle a moins peur, maintenant qu'elle est couverte. Elle a l'impression que la crise est passée – celle-ci, tout du moins. Malicia sait bien que ce ne sera pas la dernière. « On aurait même pas le droit de passer une nuit à dormir côte à côte, alors ? » Son ton est empreint d'une rage folle, envers elle-même, envers son don, envers la situation. « Qu'est-ce que je t'offre, hein, sinon frustration et danger ? Ils m'appellent la messagère de la mort, celle qui du bout des doigts peut faire crever n'importe qui. Ils ont bien raison. Regarde-nous. » Elle pousse un soupir, elle sent l'agacement couler le long de ses lèvres, se mêler à son discours, à ses convictions les plus fortes. « Regarde-nous, incapables de nous embrasser, incapables de nous tenir la main, incapables de s'aimer comme le font des amants ! Incapables de tout. C'est ma malédiction, Bobby, pas la tienne. » Elle accroche son regard à celui du jeune homme, elle esquisse un sourire un peu triste. « C'est moi, qui suis désolée. » Elle attrape la bouteille d'eau qu'elle a toujours près de son lit, et la tend à Bobby. Il a sûrement soif, après avoir frôlé la mort. Ceux qui ont survécu à son toucher étaient souvent déshydratés. Ils n'avaient pas les idées claires, ils avaient du mal à respirer. Et, de manière générale, ils la fuyaient comme la peste dès qu'ils reprenaient connaissance. Seul Logan ne l'avait pas exclue de sa vie, après qu'il l'ait transpercé de ses griffes, et qu'elle l'ait enlacée, ensanglantée, pour voler son énergie, son pouvoir de guérison – pour rester en vie. Elle pouvait maintenant ajouter Bobby à la courte liste. Il aurait dû déguerpir dès qu'il avait repris conscience ; elle le lui aurait fortement conseillé. Cependant, Malicia était ravie qu'il ne l'ait pas fait. Il prouvait, une fois de plus, son amour indéfectible pour la jeune femme. Bien qu'elle ne comprenne pas pourquoi il était aussi attachée à elle, elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas survivre sans lui.

Finalement, c'était une bonne chose qu'il ne soit pas parti.
Une bonne chose qu'il ne soit pas mort.

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et si nous étions maudits ? Que nous étions conçus pour ne pas nous toucher ?

Frôler la mort est une expérience hors du commun. Une expérience éprouvante. Une expérience dont on ne ressort pas indemne. La mort a toujours été un concept vague pour Bobby. Il l’a vue arracher des mutants, il l’a vue passer dans les yeux de certaines personnes. Mais jamais, il ne l’avait vécue. A part une fois et ce n’était pas de la faute de Malicia. La mort. Il pensait la voir arriver lorsqu’il aurait quatre-vingt-dix ans. Pas avant. Même lors des missions, ce n’est pas à cela qu’il pense. Et pourtant, ce soir, à seulement vingt-neuf ans, il l’a vue. Il a ressenti ce que cela faisait. Il a senti son corps se secouer. Lutter pour la survie. Il a senti l’énergie s’évaporer comme la neige au soleil. Malicia est son soleil. Son danger. L’être qui peut le détruire par un simple toucher. Si elle le souhaite, elle peut le tuer. Le réduire à néant. Il ignore pourquoi il n’a jamais pris peur. Il ignore pourquoi il a été attiré par elle, par sa fragilité. Il se rappelle encore ce jour où elle avait été transpercé par Logan. Il se rappelle qu’elle avait volé son énergie pour se guérir. Il se rappelle qu’elle avait fui, ensuite. Il avait vu ses yeux. Des yeux affolés. Des yeux apeurés. C’est probablement ce jour là qu’il a décidé. Il a décidé qu’il l’aiderait, qu’il serait à ses côtés. L’attrait du danger ? Encore aujourd’hui, il ne le sait pas. Mais il en doute. Cette passion morbide pour le danger a ses limites. Il n’aurait pas attendu une dizaine d’années avant de frôler la mort. Il sait qu’il l’aime. Il apprécie ses petites failles. Il s’amuse quand elle tente de se cacher derrière le masque de Malicia. Il profite de chaque moment quand Anna Marie se montre. Il l’aime. Il s’en rend compte à chaque fois qu’elle s’en va en mission sans lui et qu’il s’inquiète. Il s’en aperçoit quand il la voit se battre contre quelques dangers en simulation. Il le sait à chaque fois qu’ils se perdent dans les yeux l’un de l’autre pendant des heures. Et il le sait, ce soir. Il n’a pas envie de fuir. Il n’a pas envie de quitter cette chambre. Il veut rester ici. Auprès d’elle. Il veut la prendre dans ses bras, bercer ses inquiétudes et chasses ses larmes. Alors, oui, il a vu la mort. Il l’a frôlée. Il lui a fait un signe de la main, mais il est revenu. Grâce à Malicia. D’une certaine manière, elle l’a sauvé. Sans sa réaction, elle aurait pu le tuer dans son sommeil. Mais non, elle a ouvert les yeux, elle a retiré son bras. Elle l’a sauvé. Qu’elle le veuille ou non. Il avale difficilement. Il l’aime, certes, mais il n’est pas sûr de vouloir revivre l’expérience. Il se sent encore faible. S’il tentait de se mettre debout, il s’effondrerait par terre. Il se raccroche à l’inquiétude de Malicia. Il se raccroche à elle comme à une bouée. Il doit être à la heuteur. Il doit être là pour elle. Pour la rassurer. Pour dédramatiser. C’est son rôle à lui. Mais à chaque fois qu’il ouvre la bouche, à chaque fois qu’il tente de la rassurer, de faire de l’humour, il sent la colère de Malicia s’intensifier. Elle ne répond pas. Elle le regarde, avec ce feu dans les prunelles.

Ô, il connaît ce regard. Elle n’est pas contente. Elle est en colère. Pas contre lui, mais contre elle. Contre ce qu’elle est et ce qu’elle ne peut pas faire. Il la regarde se couvrir. Il l’observe enfiler frénétiquement ses habituels gants. La voir faire lui pince le coeur. Il aimerait tellement se servir de son pouvoir pour se protéger contre les pouvoirs de Malicia. Peut-être en sera-t-il capable un jour. Il aimerait pouvoir la décharger de toute la culpabilité qu’elle ressent. Aucune parole ne changera rien. Il a envie de lui dire que ça ne sert rien. Il a envie de lui dire qu’elle ne peut pas l’atteindre davantage. Il a envie de lui dire qu’il ne lui en veut pas. Mais elle repousserait tout cela de la main. Rien n’y fait. Elle dépose ses doigts gantés sur sa joue. Il n’a jamais goûté leur contact sur sa peau. Il les imagine parfois froid, parfois chaud. Là, ils sont tremblants de rage. Il ferme les paupières. Il aurait dû tenir sa promesse. Il aurait dû lui souhaiter une bonne soirée et s’esquiver immédiatement après. Non, il n’aurait pas dû venir du tout. Il était fatigué, il savait qu’il risquait de s’endormir ici. Il rouvre les yeux. “Tu n'as pas à t'excuser. Il y a déjà tellement de choses que tu as sacrifiées pour moi…” Il pousse un soupir. Ou un râle, vu son état. Il pose la tête contre le mur. Elle décide toujours de tout porter. De porter tous les maux de la Terre. De se donner tous les torts du monde. Dans ces moments là, elle l’agace. Elle voit comme un Saint venu supporter ses pouvoirs. Un Saint doté d’une patience à toute épreuve. Elle le voit comme un être parfait. Mais il ne l’est pas. Lui aussi a ses torts. Lui aussi peut être dangereux. Lui aussi n’est pas parfait. Malicia s’installe à côté de lui. Plus près. Il sent la chaleur de son corps à quelques centimètres de lui. Il tourne doucement la tête vers elle. La nuque dure. “On aurait même pas le droit de passer une nuit à dormir côte à côte, alors ?” La rage prend possession de sa voix. Elle l’anime. Elle la rend furieuse. Elle la fait parler. “Qu'est-ce que je t'offre, hein, sinon frustration et danger ? Ils m'appellent la messagère de la mort, celle qui du bout des doigts peut faire crever n'importe qui. Ils ont bien raison. Regarde-nous. ” Il la voit se débattre avec qui elle est, qui elle est devenue. Il la voit se débattre avec ses espoirs de jeune fille et d’adulte. Il la voit se haïr, se détester. Il la voit souffrir. Son agacement disparaît. Comme à chaque fois. Face à tant de détresse, il ne parvient pas à lui en vouloir d’être tant haineuse envers elle-même. Il ne veut pas lui rajouter un poids supplémentaire. Une raison de plus de se détester. “Regarde-nous, incapables de nous embrasser, incapables de nous tenir la main, incapables de s'aimer comme le font des amants ! Incapables de tout. C'est ma malédiction, Bobby, pas la tienne.” Qu’attend-elle de lui ? Qu’il lui dise qu’il ne peut plus vivre ainsi ? Que leur couple est voué à l’échec ? Qu’il la quitte sur le champ ? Qu’attend-elle ? Ressasser ce qui ne va pas n’arrange rien. Cela ne fait que leur rappeler ce qui ne fonctionne pas. Être positif n’a jamais fait de mal. Cela donne même une nouvelle vision du monde. Une vision plus joyeuse de la vie. Alors, si elle s’attend qu’il l’abandonne à son sort, qu’il baisse les bras et fuit les problèmes, elle ne le connaît pas. Ployer le dos face à la difficulté n’est pas dans ses habitudes. “C'est moi, qui suis désolée.” C’est le coup de grâce. Elle lui tend une bouteille d’eau. Il peine à l’attraper. Non par faiblesse, mais par colère. Il dévisse le bouchon. Sous ses doigts, à travers le plastique de la bouteille, il sent l’eau lui chatouiller la paume. Il boit une gorgée. Il la fixe longuement. Sous sa main, l’eau se rigidifie. Elle se transforme en un bloc de glace. Un glaçon enfermé dans une bouteille en plastique. Il laisse la bouteille choir entre ses jambes.

Il décolle son dos du mur. Il se passe les mains sur le visage. La journée a été éprouvante. La soirée a été bien pire Et elle n’est pas terminée. Il tourne le visage vers Malicia. Il cherche son regard. “Que veux-tu que je te dise ? Que je te quitte ? Que je te laisse affronter tout cela seule ? Si je suis venu ici, c’était de mon propre chef. Je savais que j’étais fatigué et que je risquais de rester pour discuter. J’avais conscience de ce qui pouvait arriver. C’est arrivé. Ne te rends pas responsable de ce qu’il s’est passé.” Il la dévisage. Il essaye de rester calme, de ne pas s’emporter. Se disputer avec Malicia est la dernière chose qu’il souhaite. Pas ce soir. Il n’en a pas la force. Cela ne ferait qu’empirer la situation. Comme tous les couples, ils rencontrent des difficultés. Ils ont besoin de remonter la pente. Ils y arriveront. Il attrape la bouteille d’eau. Le glaçon commence à suinter. Il fond avec la température ambiante. “A une époque, j’aurais pu te transformer en glaçon comme cette eau. Mais maintenant, je maîtrise mon pouvoir. Je ne vois pas pourquoi toi, tu n’y arriveras pas un jour.” Il laisse tomber la bouteille. Il revient contre le mur. Ses yeux ne quittent pas ceux de Malicia. Il prend sa main gantée dans la sienne. “A partir du moment où j’ai décidé de sortir avec toi, j’ai fait de ta malédiction la mienne. Tu m’entends ? Il est hors de question que tu me chasses de ta vie à cause de ça. Ca fait trop longtemps que nous nous en sortons pour ne pas continuer sur cette lancée. Ce soir… ce n’est qu’un accident.” Bien sûr que sortir avec elle implique d’abandonner des réflexes. Être tactile, enlacer, embrasser… tout cela est impossible. Mais ça tombe bien, il n’a jamais été ainsi. Certains réflexes sont à chasser, comme la serrer dans ses bras pour calmer un chagrin ou se porter à son secours quand elle est blessée. Ce sont des comportements à oublier. Des comportements à prohiber. Il le fait. Il s’en sort. Il en souffre, parfois. Pas au point de tout laisser tomber et de partir. La quitter serait autrement plus douloureux. Après toutes ces années ensemble, ils n’ont jamais eu d’accidents aussi graves. Ce soir est l’une des seules fois où Bobby a risqué sa vie. “Ah oui, et arrête de croire en ces conneries que racontent les autres. Tu n’es pas la messagère de la mort ! Ou tu es une bien piètre messagère. Quelle est la dernière personne que tu as tuée sans faire exprès ?” Ces crétins qui se croient drôles en la surnommant ainsi, il les glacerait bien sur place. Ils se pensent plus intelligents parce qu’ils racontent des histoires sur les gens, parce qu’ils en font des monstres. Ils ne savent rien. Cette fois, il espère que Malicia comprendra. Il espère qu’elle arrêtera de se rendre responsable de tout. Sinon, il est capable de la prendre par les épaules et de la secouer pour remettre les choses en place dans sa tête. Les évènements de ce soir ne sont pas de sa faute. Point.

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Bobby semble à bout. Est-ce de sa faute ? Son toucher, ou ses mots ? Qu'est-ce qui l'a fatigué le plus ? Malicia le connaît bien. Elle sait qu'il campera sur ses positions, qu'elle campera sur les siennes. Ce genre de discours, ce genre de conversation, ils l'ont déjà eu des centaines de fois. Le point de départ est toujours le même, le résultat aussi : incapables de convenir d'un compromis, incapables de faire fléchir l'autre, ils finissent pas glisser ça sous le paillasson. Ils ignorent le problème jusqu'à la prochaine fois. Jusqu'au prochain incident. Cet incident-ci, en revanche, est probablement le plus grave qu'il leur ait été donné de provoquer, en dix ans de relation. Bobby a frôlé la mort. Et il agit comme si de rien n'était, comme si c'était habituel, un petit rien du tout. Quand il agit ainsi, quand il cherche à la dédouaner à tout prix, Malicia s'énerve. C'est probablement pour ça que dans ses yeux, brille une lueur enragée. Probablement pour ça qu'elle paraît si sèche, qu'elle a abandonné Anna Marie sur le porche et qu'elle est Malicia, à cet instant plus qu'à n'importe quel autre. Il passe ses mains sur son visage, il la regarde. « Que veux-tu que je te dise ? Que je te quitte ? Que je te laisse affronter tout cela seule ? Si je suis venu ici, c'était de mon propre chef. Je savais que j'étais fatigué et que je risquais de rester pour discuter. J'avais conscience de ce qui pouvait arriver. C'est arrivé. Ne te rends pas responsable de ce qu'il s'est passé. » C'est facile à dire pour toi, Bobby – mais c'est elle qui est responsable. C'est son bras, qui a aspiré ta vie, tes souvenirs, sans doute ton pouvoir. Elle aussi peut contrôler la glace, pour quelques minutes ou quelques heures. Elle se sent déjà glaciale. « A une époque, j'aurai pu te transformer en glaçon comme cette eau. Mais maintenant, je maîtrise mon pouvoir. Je ne vois pas pourquoi toi, tu n'y arriverais pas un jour. » Il lui désigna la bouteille d'eau qu'elle lui avait donné. Il l'avait gelée. Elle ne put empêcher un sourire délicat de glisser sur ses lèvres : elle avait toujours aimé le don de Bobby. Elle l'avait toujours trouvé beau... peut-être parce qu'elle aimait l'hiver, elle aimait le vent frais quand les températures descendaient en-dessous de la normale. Le froid lui convenait. Il attrapa sa main, qu'elle avait recouverte d'un gant, et son regard se fit plus intense. « A partir du moment où j'ai décidé de sortir avec toi, j'ai fait de ta malédiction la mienne. Tu m'entends ? Il est hors de question que tu me chasses de ta vie à cause de ça. Ça fait trop longtemps que nous nous en sortons pour ne pas continuer sur cette lancée. Ce soir... ce n'est qu'un accident. »

Elle pousse un soupir, elle retire sa main. Bien sûr, ce n'était qu'un accident. Bien sûr, elle n'avait jamais voulu faire de mal à Bobby ; et elle s'était réveillée à temps. Dieu merci, elle avait ouvert les yeux, elle avait quitté sa peau. Sans quoi, il serait mort. C'était involontaire mais les faits étaient les faits. Elle était un danger. Ils allaient devoir être plus prudents. Après tant d'années à vivre une routine amoureuse, Bobby et elle avaient baissé la garde. Elle ne permettrait pas que cela se reproduise. Elle prit la bouteille, qui était tombée sur le lit, et dégela l'eau du bout des doigts. Pourquoi n'avait-elle aucun problème avec les pouvoirs des autres, quand le sien lui paraissait si compliqué à appréhender ? Était-ce parce qu'à force de le percevoir comme une malédiction, elle en était venu à être terrorisée par ce qu'elle pouvait faire ? A tel point que ça la contrôlait, plutôt que l'inverse ? C'était un point qui valait la peine d'être étudié. « Ah oui, et arrête de croire en ces conneries que racontent les autres. Tu n'es pas la messagère de la mort ! Ou tu es une bien piètre messagère. Quelle est la dernière personne que tu as tuée sans faire exprès ? » ajouta Bobby, non sans colère dans la voix. Il la défendait, comme toujours. Elle aimait ça, aussi. Bien qu'elle se prit à réfléchir... qui était-ce ? Le dernier qu'elle ait tué sans le vouloir ? C'était son premier petit ami, sans doute. Lorsqu'elle avait compris comment fonctionnait son don, elle avait tout fait pour ne plus toucher personne. Bien entendu, il y avait eu quelques incidents, mais aucun de mortel. Aucun involontaire, tout du moins. Bobby avait raison, elle avait conservé le contrôle une bonne partie de sa vie. Elle avait su s'adapter. L'incident de cette nuit était inquiétant, et il aurait pu avoir une fin beaucoup plus tragique, mais ce ne fut pas le cas. Il fallait considérer les choses ainsi : Bobby était en vie, et Malicia ferait plus attention. Les choses pourraient continuer comme elles étaient – et il y avait de la frustration, bien entendu, mais aussi tellement de petits bonheurs. Les sourires de Bobby et sa main froide emprisonnant la sienne, gantée et brûlante. Les baisers qu'elle déposait sur son crâne lorsqu'il portait une casquette l'été, un bonnet l'hiver. Imaginer le goût de ses lèvres et le grain de sa peau, autant de fantaisies qui permettaient à leur relation de perdurer, à la frustration de s'atténuer. Elle aimait Bobby, dieu qu'elle l'aimait. Parfois, elle aurait voulu que cet amour soit le remède, soit l'antidote. Que grâce à cela, il soit immunisé contre les pouvoirs de Malicia. Mais ce n'était pas le cas, et il fallait vivre avec.

Il n'était plus temps de s'apitoyer. « Tu as raison. » concéda-t-elle. « Tu es là, je suis là, et on sait maintenant qu'on ne peut pas tout prendre pour acquis. » Un moment, elle eut cet air songeur, celui qu'elle arborait quand elle essayait de résoudre un problème qui s'avérait trop complexe, de prime abord. Puis son visage s'éclaira soudain. « Après tout je t'aime. Ça te suffit amplement, ça devrait me suffire aussi. » Elle posa à nouveau sa main gantée sur la joue de Bobby. Puis elle dérailla.

Il était tard, c'était peut-être ça. Elle était sous le choc, aussi. Après tout, ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt, ça l'avait chamboulée. Malicia dirait que c'était ce trop-plein d'amour, cette bouffée de chaleur qui vous transperce tous les pores, qui vous enhardit et vous enflamme. Elle était de feu et lui de glace. C'était sûrement un peu des trois, à la fois le manque de sommeil que le traumatisme, que l'amour. Elle voulait peut-être sceller un pacte avec elle-même. Sa main sur la joue de Bobby, elle ne réfléchit même pas – et c'était stupide. Illogique, même, après cette longue conversation. Elle le fit quand même.

Quand ses lèvres entrèrent en contact avec celles de Bobby, quand ils partagèrent leur premier baiser, le premier vrai depuis le début de leur relation, son cœur eut un manqué. Elle ressentait la peau, elle ressentait le souffle et elle aurait pu mourir à cet instant, sachant qu'elle était aux mains de l'homme qu'elle aimait. Elle était à ses lèvres. Mais son pouvoir resta muet. Elle aurait dû lui prendre la vie, en lui volant ce baiser. Alors c'était quoi ? La fatigue, le choc, l'amour ? Pour une raison, pour une autre, elle avait contrôlé son pouvoir assez longtemps, pour arracher à son amant un premier baiser. Après dix ans, elle connaissait enfin le goût de ses lèvres. Incompréhensible, c'était absolument incompréhensible. Malicia réalisa tout juste ce qu'elle faisait, ce qu'il se passait, et elle le poussa à nouveau contre le mur, loin d'elle, loin de sa malédiction. Elle le pensa mort, elle le pensa vidé de toute énergie, de toute substance. Mais son cœur battait, et celui de Malicia faisait des bonds à n'en plus finir. « Je... Je suis désolée ! » Elle se leva, incapable de tenir en place. Ses mains passèrent dans ses cheveux, elle se tint la tête quelques secondes, avant de laisser retomber ses bras, ballants, le long de son corps. La jeune femme faisait les cent pas autour de son lit. « Non, pas désolée ! Merde … C'était quoi ça ? Un baiser ! On s'est enfin embrassés ! » Ses yeux pétillaient – ce qu'il lui fallait d'espoir. Elle fixa Bobby dans les yeux, émerveillée. « Et t'es pas mort ! »

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et si nous étions maudits ? Que nous étions conçus pour ne pas nous toucher ?

L’amour fait faire des choses irrationnelles. L’amour est capable de faire oublier les pires choses. L’amour est la raison de vivre de beaucoup. Par amour, Bobby est capable de passer à côté du toucher. Il est capable de passer outre ses besoins. Tout cela pour rester auprès de Malicia. Mais l’amour ne permet pas de supporter les différends. Ils sont tous les deux têtus. Têtus au point qu’ils pourraient débattre pendant des heures sur ce qui vient d’arriver. Tous les deux ont tort. Tous les deux ont raison. A chaque fois, ils finissent par baisser les bras. Il n’y a pas de conclusion à toutes ces disputes. Il n’y a que de la frustration. De la colère de ne pas trouver de solution. Il n’y a rien de plus. Il est las. Il est las de toutes ces conversations qui n’aboutissent pas. De toute cette culpabilité qu’elle accumule. Un jour, elle explosera. Un jour, elle lui en voudra d’être resté et de créer autant de souffrance en elle. Un jour, elle le lui reprochera. Alors, il essaye dès à présent de prendre ses responsabilités. Mais il échoue. Lamentablement. Il y a des couples qui se disputent pour savoir s’ils doivent adopter un chien ou pas. Eux, ils se disputent pour savoir comment Bobby a failli mourir. Chacun ses inquiétudes. Chacun ses sujets de prédilection. Elle récupère sa main. Il la laisse s’échapper. Il sait que cette conversation est vouée à rejoindre toutes ces discussions non-terminées, mais c’est toujours douloureux de voir comme elle le rejette. Il la voit dégeler le glaçon dans la bouteille. Son aptitude à s’adapter. A comprendre le fonctionnement des pouvoirs l’a toujours étonné. Fasciné. Elle parvient à maîtriser son don bien plus rapidement que lui. Bien plus facilement. Sous ses doigts, l’eau reprend son état liquide. Cette aptitude est la preuve que Malicia est capable d’en faire de même avec ses pouvoirs. Il lui faut seulement arrêter de le craindre. Il voit un voile se poser sur le visage de Malicia. Elle réfléchit. Sa dernière question a eu le don de l’interroger sur la légitimité de son surnom. Au moins a-t-il réussi cela. Il sait qu’elle ne ferait de mal à personne. Sauf si elle est forcée. Sauf si elle n’a pas d’autre choix. Au final, elle a bien plus de maîtrise sur son pouvoir qu’elle ne le pense. Il attend. Une réponse. Une réaction. Elle semble songeuse. “Tu as raison. Tu es là, je suis là, et on sait maintenant qu'on ne peut pas tout prendre pour acquis.”  Il esquisse un sourire. Ils avancent. Main dans la main. Ils cèdent du chemin à l’autre. Il n’y a pas de raison qu’ils n’y arrivent pas. “Après tout je t'aime. Ça te suffit amplement, ça devrait me suffire aussi.Je t’aime. C’est si rare qu’ils se le disent. Pourtant, c’est si souvent qu’ils le pensent. Après plusieurs années ensemble, ils n’ont plus rien à se prouver. Si Bobby reste, ce n’est pas par dépit. Elle le sait. Leur amitié, leur complicité, leur affection. Toutes ces raisons qui font qu’ils sont encore ensemble des années plus tard.

Elle dépose ses doigts couverts sur sa joue. Doux contact. Léger. Aérien. Il sent la pression légère de ses doigts contre sa peau. Il plonge ses yeux dans les prunelles de Malicia. Il se passe quelque chose dans son regard. Il brille d’une étincelle qu’il n’a jamais vue. Une étincelle de folie. De folie pure. De folie douce. Ils ne sont plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Quelques centimètres que Malicia brise. Ils s’embrassent. Un vrai baiser. Long. Doux. Presque violent, tellement cela lui semble étrange. Un baiser dont ils ont rêvé depuis longtemps. Ses lèvres se collent à celles de Bobby. Il s’attend à sentir son énergie s’enfuir. S’évaporer. Il s’attend à avoir un vertige. A manquer de souffle. Mais ce n’est pas ce qu’il se produit. Alors, il se décontracte. Il répond à son baiser. Il le lui rend. Et puis, elle s’arrache à lui. Elle le repousse. Son dos percute le mur. Retour à la réalité. Ils ont eu un baiser. Bien trop court. Bien trop peu. Ils se sont embrassés. Il reste figé. Que vient-il de se passer ? Aucun vertige. Aucun essoufflement. Juste un sentiment de bien-être. “Je... Je suis désolée !” Elle se lève d’un bon. Il n’a juste qu’une envie : lui attraper le bras et l’attirer contre lui. Pour recommencer. Pour goûter de nouveau ses lèvres. Pour profiter de cet instant. Mais elle s’excuse. Elle panique. Elle évacue. Bon sang. Il va bien. Il va merveilleusement bien. Si on excepte la fatigue de tout à l’heure. Il est en pleine forme. Un grand sourire s’épanouit sur ses lèvres. Ils ont eu leur premier vrai baiser. Le premier qui dure plus de deux secondes. Il lève les yeux vers elle. Elle a réussi. Elle y est parvenue. “Non, pas désolée ! Merde … C'était quoi ça ? Un baiser ! On s'est enfin embrassés !” L’euphorie. La joie. Ce moment, ils l’avaient attendu. Ils en avaient rêvé. Il s’est réalisé. Un moment d’espoir. D’espérance pour l’avenir. S’ils arrivent à s’embrasser maintenant, ils arriveront à faire bien plus dans quelques années. Quelques mois, peut-être. Il a l’impression d’être un adolescent qui vient d’embrasser sa première petite amie. Pour de vrai. Cette innocence fait du bien. “Et t'es pas mort !” Il éclate de rire. Non, il n’est pas mort. Il va même excessivement bien. Il sent son coeur battre la chamade. Il n’en revient pas. Ils l’ont fait. Elle l’a fait. Il se lève. Voyant que ses jambes le supportent, il fait le tour du lit. Il rejoint Malicia. “Tu as réussi !” Aucune hésitation. Il encadre son visage avec ses mains. Il retente. Il réessaye. Toujours cet espoir. Cette envie que tout soit réglé. L’énergie afflue dans son visage, dans ses mains. Elle passe chez Malicia. Son don. Ses souvenirs. Tout est lui offert. Tout lui est servi comme sur un plateau d’argent. Il s’arrache de ses lèvres. Mais il a un sourire. Un grand sourire. Cela n’a pas fonctionné ce coup-ci. Ça fonctionnera une prochaine fois. “Bon, va falloir t’entraîner, mais putain, tu l’as fait !” Ce soir, ce sont les montagnes russes des émotions. Peur. Colère. Joie. Bonheur. Fierté. Au moins, la soirée prend une tournure plus positive. Il s’assoit au bord du lit. L’abstinence totale a parfois du bon. Chaque baiser est unique. Chaque toucher est un cadeau. Chaque contact est un souvenir à garder précieusement. Chaque geste décuple les émotions. “C’était… wow. Mais comment… comment tu as fait ?!

En quinze ans, il ne se rappelle pas qu’elle ait un jour réussi à dompter son pouvoir. Juste quelques secondes. Juste assez longtemps pour qu’ils s’embrassent avec la fougue de deux adolescents. C’est la première fois qu’il ne ressent aucun effet secondaire. Qu’il peut l’embrasser sans en être étourdi. La première, mais pas la dernière. Il l’espère. L’espoir est un doux sentiment. Il est une émotion qui pousse aux rêves, à l’imagination. L’espoir est agréable. C’est une caresse sur les craintes. L’espoir est le vecteur d’autres émotions positives. De la fierté, par exemple. Bobby l’est. Même si ce n’est qu’un évènement isolé. Même si cela ne se reproduira pas avant plusieurs années. Elle est parvenue à maîtriser son pouvoir. Ils touchent l’avenir du bout des doigts.

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Lorsque le rire de Bobby brise le silence qui suit, Malicia explose à son tour. Ce sont des rires nerveux, emplis d'une excitation nouvelle. Il se lève, il se dirige droit sur elle. Son cœur est en feu et son esprit ailleurs, elle a un sourire accroché jusqu'aux oreilles. C'est la première fois, la première fois depuis plus de dix ans, qu'elle contrôle son don. Qu'elle ne blesse personne par un contact – et c'est un début. Quiconque les verrait, s'extasier pour un si petit baiser, les penserait fous. Mais eux savent à quel point c'est une victoire, ils savent ce que ce si petit baiser signifie. « Tu as réussi ! » s'exclame-t-il, en joie. Il pose ses mains si fraîches sur la peau brûlante de Malicia, il l'embrasse à nouveau. Elle se perd et se sent défaillir, elle voit des souvenirs qui sont pas les siens, elle sent le froid s'insinuer en elle, et Bobby s'éloigne, chancelant. Ce n'était qu'une fois, une unique fois, pense-t-elle soudain. Mais son petit ami a un sourire gros comme le monde, et ce sourire-là lui redonne espoir. « Bon, va falloir t'entraîner, mais putain, tu l'as fait ! » Elle l'a fait. L'ascenseur émotionnel redescent doucement. Elle s'assied sur le lit, regarde Bobby qui est toujours debout, toujours souriant. Elle repense au contact de ses lèvres et elle enferme cette image-là, cette sensation, quelque part dans sa tête. Son petit jardin secret. Son Bobby. « C'était... wow. Mais comment... comment tu as fait ?! » s'exclame-t-il soudain. C'est une bonne question.

Malicia se relève, arpente à nouveau les pourtours de son lit, pensive. « Ton discours, Bobby. C'est tellement niais, hein. » fait-elle, ce petit éclat dans les yeux. « Mais pourtant, je suis sûr que c'est ça. Les sentiments que j'ai pour toi, c'est ce qui m'a permis de me contrôler …. » Elle se rapproche de lui, attrape sa main, glissée dans l'un de ses gants. « Si je te garde près de moi assez longtemps, je pourrais réussir à avoir une totale main-mise sur mon pouvoir ! » Elle voudrait l'embrasser encore. Pas forcément sur les lèvres, pourquoi pas sur la joue, ou au coin de la paupière. Elle se retient cependant ; la nuit est avancée et ils ont déjà bien entamé la leur. Gentiment, elle le tire par la main jusque devant la porte. « Cette nuit a été productive » conclut Malicia avec espièglerie. « Va donc dormir, et laisse-moi en faire autant. » Elle ouvre grand le battant, et pousse gentiment Bobby à l'extérieur. Dans le couloir, elle se met à murmurer, pour ne pas déranger les autres résidents. « Essaie de rester en vie quand tu sombreras dans le sommeil, cette fois. » Elle lui fait un clin d’œil, lâche sa main à contrecœur et referme le battant derrière elle. Pas sûr qu'elle réussisse à s'endormir : de toute façon, l'aube pointe déjà le bout de son nez. Elle a embrassé Bobby, pourquoi aurait-elle besoin de se coucher, de toute manière ? Quand le soleil sera un peu plus haut, elle pourra aller annoncer la bonne nouvelle au Professeur, et à Logan. C'était une nouvelle étape, une marche de plus vers une vie plus simple – et elle avait hâte d'arriver au bout du chemin.


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