The irony of life


∞ THE ONE WHEN EVERYTHING START

On ne choisit pas sa famille, voilà l'adage le plus courant. Peut-être que s'il avait eu le choix, Aaron aurait choisi une autre famille, une famille moins compliquée. Plus les années ont passés, plus ce sentiment s'était accentué chez le jeune homme. Pourtant, il n'avait pas eu une enfance malheureuse, juste un peu bizarre. Ses parents ont eu la bonne idée de le concevoir, pas moins de 17 ans après leur aîné. 17 longues années le séparaient d'un frère avec qui il n'aurait pas la chance de grandir. Et cette différence d'âge se vérifiait avec les autres membres de la fratrie Reagan. Autant dire qu'Aaron a plutôt eu l'impression d'avoir une flopée de parents plutôt que des frères et soeurs, surtout qu'ils étaient absents pour la plupart.

Mais si ce que distinguait l'enfance d'Aaron à celle des autres s'arrêtait là, tout aurait été parfait. Mais ce n'était pas le cas. Aaron était un Reagan, un Reagan mâle ! Et selon la tradition familiale, qui se perpétuait depuis des générations, le jeune homme avait une destinée toute tracée. Il allait devoir traquer du mutants, c'était son destin et il n'y pourrait rien. A l'époque, le jeune Aaron ne prenait pas trop ça au sérieux. Il grandissait sous les yeux de son frère aîné Jeremiah. Celui-ci le conseillait, passait énormément de temps avec lui. Il avait pratiquement pris le rôle de père aux yeux d'Aaron et ce dernier ne voyait que par lui. C'était l'homme qu'il avait pris pour exemple et il faisait son possible pour lui faire plaisir. Les relations étaient également au beau fixe avec Sarah, la seule fille de la fratrie et celle qui était le plus proche d'Aaron, au niveau de l'âge. Aaron ne peut pas dire qu'il n'a pas lié de liens avec sa mère ou son père mais ceux-ci sont bien moindres comparés à ceux qu'il avait crée avec sa sœur et son frère. Doué à l'école, il montra un rapide intérêt pour l'art ce qui n'était pas vraiment du goût de ses parents et de son frère. Seule Sarah l'encourageait à suivre sa voie. A cette époque, Aaron ne se doutait pas de ce qui se tramait et de ce qui allait arriver par la suite.

∞ THE ONE WHEN THE TRAINING BEGIN

Quand il entra au collège, Jeremiah décida qu'il était temps pour l'entraîner. Aaron savait déjà la théorie mais il allait devoir mettre en pratique tout ce que son frère lui avait enseigné. Les mutants étaient dangereux, plus dangereux qu'un animal, aussi imprévisible et mortel. Ils étaient un danger pour les gens comme eux et il fallait donc les exterminer. Complètement sous la coupe de son frère, Aaron adhérait à ses idées. Lorsque Sarah et Jeremiah se disputaient au sujet des mutants et de la façon de gérer les choses, Aaron prenait la défense de son aîné. Endoctriné ? Il l'était sûrement mais les mutants étaient mauvais. Ils pourraient à tout moment se liguer contre eux et décider de les décimer, prétextant qu'ils étaient l'avenir de l'Humanité.

Le maniement des armes ne lui posa pas trop de problèmes. Il appliquait les règles données par Jeremiah. Celles-ci étaient simples : Tu vises, t'enlèves le cran de sûreté, tu arrêtes de respirer puis tu tires... Rien de bien sorcier pour le jeune homme. Le couteau était un peu plus difficile. Ça demandait de l'adresse et Aaron ne comptait plus le nombre d'heures où il avait joué avec son couteau pour appréhender celui-ci. Il ne fallait faire qu'un avec, faire comme s'il était un complément de son bras. Un couteau, c'était capable de sauver sa vie dans un moment critique. Non, ce qui allait lui poser le plus de problème c'était l'entraînement physique.

Faisant du sport au collège, Jeremiah en remettait une couche tous les soirs et les weekends. Il fallait avoir un régime de vie irréprochable et un physique à tout épreuve. Galvaniser par les promesses et les encouragement de son frère, Aaron se surpassait. Jusqu'à ce que sa sœur n'intervienne. A l'époque, les dissensions entre Sarah et Jeremiah n'étaient pas aussi flagrantes à l'époque mais Aaron n'était pas aveugle au point de voir qu'ils n'étaient pas d'accord sur son éducation. Encore une fois, on pouvait se poser la question sur les liens de parentés qui reliaient les trois Reagan.

La situation tendue ne fera qu'empirer quand le quatrième larron finira par faire son retour. Lewis. Un inconnu pour Aaron. Un homme qu'il avait vu une multitude fois dans les albums photo familiales, par webcams interposés mais qui ne représentaient rien aux yeux de l'adolescent. Et ce dernier allait mal prendre le retour de son aîné, surtout quand celui-ci va essayer de s'immiscer dans la vie bien rangée d'Aaron. Sarah avait beau lui dire que c'était un homme bien, il était tout de même le frère qu'il n'avait jamais vu en chair et en os avant son treizième anniversaire. Cet inconnu débarqua dans sa vie et essaya de prendre la place du grand frère moralisateur. Chose qu'Aaron refusa catégoriquement. Il avait déjà un frère à qui se confier : Jeremiah ! Lewis n'était qu'un lâche qui avait fui à l'autre bout du pays en délaissant sa famille. Le pire était sûrement cet acharnement à vouloir nuancer les propos de Jeremiah sur les mutants. Aaron avait tout essayé pour lui faire comprendre qu'il ne voulait pas de lui dans sa vie, qu'il n'avait pas besoin de lui mais rien n'y faisait. Lewis était têtu, trait de caractère bien courant dans la famille Reagan. Mais ce dernier n'allait pas empêcher Aaron de rejoindre son frère parmi les Watchers.

∞ THE ONE WHEN YOU BECOME A WATCHER

Entendre Jeremiah parler des mutants était une chose. Aaron avait toujours ressenti cette haine de la part de son frère pour eux. Une haine qu'il avait en partie transmise à Aaron, dés son plus jeune âge. Rapidement, le petit garçon avait classé ces gens dans la catégorie des méchants et comme tout bon enfant, il ne rêvait que d'une chose : Jouer les gentils et terrasser les méchants. Aujourd'hui, c'était le cas ! Il chassait le mutant, il avait même déjà effectué une capture. Il était fier de ce qu'il avait accompli et il était surtout heureux de lire toute la fierté dans le regard de Jeremiah. Toutes ses heures de dures labeurs avaient porté leur fruit. Et pourtant, les choses commençaient à changer petit à petit.

Aaron entendait des choses, voyaient des choses auxquelles un adolescent de son âge ne devrait pas faire face. Et les mots de Lewis lui revenaient en tête. Lewis, il ne lâchait pas l'affaire. Malgré le fait qu'il persiste à suivre la voie de Jeremiah, il était toujours là. Aaron le repoussait et il revenait tel un boomerang avec le même discours. C'était lui qui lui insinuait ses doutes. Aaron préférait ne pas les écouter mais il commençait à se rendre compte de la situation dans laquelle il s'était engluée aveuglement. La violence ne lui faisait pas peur mais certains mutants avaient son âge, était parfois plus jeune que lui. Comment pouvait-il voir en eux les monstres que Jeremiah prétendait ? Et maintenant qu'il était un membre à part entière des watchers, il passait de plus en plus de temps avec Lewis et Sarah et de moins en moins avec Jeremiah. Un curieux retournement de situation qui ne faisait qu'amplifier le malaise de l'adolescent. Mais peut-être que c'était mieux ainsi. La découverte de son homosexualité était encore fraîche et en bon représentant de Dieu, Jeremiah ne verrait pas ça d'un bon œil. Mais s'il appréhendait la réaction de son frère vis à vis de ce fait nouveau, il n'osait imaginer ce qu'il allait penser de ce qu'il allait découvrir le soir de la remise des diplômes

∞ THE ONE WHEN YOU REALISE YOU'RE A MONSTER

Impossible, injuste, improbable... Autant de qualificatif qui parcourait l'esprit étroit d'Aaron alors qu'il tournait en rond dans sa chambre. Il avait beau réfléchir, analyser la situation, évaluer toutes les probabilités, il devait se rendre à l'évidence. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas avoir ce "cancer". Il ne pouvait pas être de ceux qu'il chassait, c'était impossible. Non, ce n'était pas lui ce soir là. Ce n'était pas lui qui avait éteint ce feu. Il y avait un mutant parmi ses amis, peut-être que c'était son petit copain le mutant. N'importe qui sauf lui. Toute son existence serait chamboulée, ce n'était pas possible. Et pourtant cette sensation en son sein, au plus profond de son être... Il s'était senti si étrange pendant quelques secondes, limite absent. Il n'arrivait pas à pleurer, il était sous le choc. Il voulait se réveiller, il voulait que tout ceci ne soit qu'un rêve mais la réalité était là.

Il imaginait déjà le pire, il voyait déjà un chasseur frapper à la maison. Ou pire, qu'un de ses frères et sœurs ne viennent l'exécuter. Ils ne devaient pas savoir, il devait cacher tout ça. C'était mieux pour lui, c'était le seul moyen. Il allait faire comme si rien ne s'était passé. Personne n'avait rien vu, il était sain et sauf. Il était un monstre mais il cacherait le monstre. Il le confinerait au fond de lui. La mascarade dura quelques jours, deux semaines à tout casser. Jusqu'à ce qu'il ne manque de mettre le feu à la cuisine.

C'était le point de non retour, il n'avait pas moyen de maîtriser le monstre. Il devait se faire aider, mais qui ? Il n'avait aucun mutant dans son entourage et les gens qu'ils fréquentaient étaient soit de simples humains ou pire, des membres invétérés des Watchers. Non, il était seul et il allait se faire prendre. Ils allaient le tuer, peut-être en place publique. Jamais Jeremiah ne lui pardonnera d'être ce qu'il exècre. Il commença à paniquer, jusqu'à ce que Lewis et Sarah ne rentrent. Ses deux aînés arrêtèrent leur discussion. Il était incapable de dire un mot. Mais son visage semblait trahir ses émotions. Sarah s'avança, lui demanda si tout allait bien et Aaron essaya de contenir son besoin de se confier.

Mais comprendraient-ils ? Allaient-ils le livrer ou le tuer sur le champs ? Non, ils n'étaient pas comme ça. Ils avaient toujours prêché le fait qu'ils ne voulaient pas tuer tous les mutants. Il était leur petit frère, non ? Ils ne lui feraient pas de mal. "Je... Je suis un monstre !" Ce balbutiement ne fit qu'accentuer l'incompréhension chez son aîné. "Je veux pas mourir..." Incohérence dans les propos, il s'était mis à trembler avant que Lewis ne s'approche. "Je suis un mutant." Et il ferme les yeux avant de sentir ses forces le quitter pour s'effondrer à genoux, les larmes finissant par couler à flots.

Ils lui ont promis de garder le secret, de l'aider autant qu'ils le pourraient. Ils ne veulent pas le tuer, ils ne veulent pas le livrer. ils l'aiment toujours autant. Et c'est tout ce qui compte pour l'instant pour Aaron. Il est peut-être un monstre, mais il a toujours sa famille. Tout du moins une partie...