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Richard & Elizabeth

C'était le moment le plus pénible de la journée, celui qu'Elizabeth repoussait sans cesse. Depuis qu'elle avait changé d'école, elle n'avait plus affaire avec ses détracteurs sauf au moment du bus qui n'était pas un bus scolaire mais une ligne tout à fait classique de la ville. Elle arrivait à les éviter parfois, soit parce que sa mère venait la chercher, soit parce qu'un taxi l'attendait - toujours envoyé par sa mère - ou simplement quand elle les voyait de loin et qu'elle décidait de marcher un peu pour aller à un autre arrêt et ne pas prendre le même bus qu'eux. Le souci restait que les horaires de bus ou les moments où elle pouvait ne pas le prendre ne correspondaient pas toujours à ses cours et il y avait ce jour en particulier, le jeudi, où elle était obligée de les supporter. Souvent en silence, elle feintait l'ignorance, essuyant les remarques, ne répondant pas aux provocations et se laissant parfois maltraitée physiquement ne serait-ce qu'avec une mèche de cheveux tirée par ci ou par là. En général, Elizabeth restait calme parce qu'elle était d'une nature réservée de base mais surtout parce que sa maturité avancée sur les jeunes de son âge lui avait appris à ne pas porter d'attention à ce genre d'énergumènes sans valeur à son regard. C'était la méthode qu'elle avait le plus souvent mais aujourd'hui rien n'allait et sa patience s'en trouvait ébranler.

Elle avait loupé le premier cours de la journée à cause de son réveil, elle était persuadée d'avoir foiré l'un de ses devoirs les plus importants de l'année, elle avait tué l'un de ses t-shirt favoris en le tâchant et voilà maintenant que les imbéciles de l'an dernier continuaient de la faire chier. Sincèrement, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase de sa journée merdique. Si, dans un premier temps, Elizabeth prenait sur elle et faisait redescendre la pression en soufflant sa peine de temps en temps - et sa colère que personne autour d'eux ne réagissent à ce qui s'apparentait sans difficulté à du harcèlement - dans un second temps, elle ne pouvait empêcher sa colère d'éclater. Tandis qu'une demoiselle du groupe s'amusait à lui mettre des pichenettes à l'oreille - d'ailleurs vite rougie - tout en l'insultant et la rabaissant, de son côté, la brune sentait la colère qui envahissait ses veines, saisissaient ses membres, d'autant plus quand elle constatait qu'ils ne montaient pas dans le premier bus dans le seul but d'avoir encore plus de temps pour l'emmerder. C'en était trop! Se retournant brusquement, Eli lui envoyait son poing à la figure, quitte à se faire du mal elle-même et attrapait la blonde à la gorge pour allait la plaquer contre le verre de l'abri-bus. Clairement, elle profitait que ce dernier soit vide du au premier passage d'un bus pour se venger de toutes ces années d'harcèlement, se retrouvant vite au sol avec la blonde en pleine bagarre alors que les autres encourageaient l'harceleuse à lui faire d'autant plus de mal, se préparant à l'aider si besoin est.

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Elizabeth ✧ Richard
« Qu’est-ce que tu cherches ? », fit une voix. Je détachai mes yeux du téléphone, ciblant l’origine du bruit. Une bonne femme qui semblait s’enquérir du jeune homme à ses côtés - son fils, sans doute. « Ma carte. Je crois que je l’ai oubliée à la maison ! » Pas de chance Marcel, tu vas devoir y retourner, raillai-je intérieurement en reportant mon attention sur l’écran de l’appareil. Je finissais d’écrire un SMS, là, adossé au mur d’un bâtiment quelconque. Le garçon, après s’être prit une sale remarque de la part de sa mère, avait fait demi-tour pour aller chercher son dû. La scène qui s’était produite sous mes yeux n’était pas si lointaine. Il s’agissait de quelques mètres, près de cet arrêt de bus que je surveillais habituellement. Et non, ce n’était pas tous les jours que je traînais ma carcasse jusqu’ici. Bien souvent il était question d’impulsion ou de besoin. À défaut de ne pas réussir à faire plus. Des yeux pour une ombre qui avait disparue depuis des années. Je sentais encore les commandements de mes anciens compagnons me peser. Un seul mot d’ordre ; disparaître. Ne jamais revenir. T’es mort, Richard. Mort et enterré.

J’étais monté jusqu’à New-York pour me toucher les couilles, à rester spectateur d’une vie de famille à laquelle je n’appartenais pas (ou plus) ? Faut croire. Au sommet du pathétique. J’avais bravé les interdits en me laissant corrompre par mes démons. Tiraillé, à préférer les voir ignorantes qu’exposées au véritable danger. Danger qui avait un nom : vérité.
C’est donc sans surprise qu’on me retrouvait à certains endroits clés…toutefois je prenais garde de ne pas me faire avaler par cette spirale. Ce besoin était aussi pernicieux qu’il entretenait ce malaise, cette frustration de n’être qu’un fantôme. J’en étais conscient. À chaque fois, la réalité frappe. J’y laisse des plumes - toujours un peu plus. Or celles-là ne repoussaient pas.

Je glissai le téléphone dans la poche de mon blouson et frôlant l’un de mes gants en cuir par la même occasion. Nous étions jeudi et c’était, à bien y réfléchir, l’un des rares où j’avais su me libérer. La raison était relativement simple : la plupart des rendez-vous avec mes employeurs étaient fixés dans ce créneau de la semaine. Une sale habitude qu’ils avaient prise. Peut-être était-ce choisi par je-ne-sais-qui. Il devait être le premier à ignorer que ma fille se faisait emmerder ce jour-là lorsqu’elle prenait le bus (j’ignorais depuis quand, à vrai dire). Enfin ! Peu importe. J’aurais pu le mettre dans mon CV avant de travailler pour eux, mais je n’avais pas le droit non plus à ça. Parce que de toute façon, je m’appelais Trevor Vaughan, que j’étais célibataire et n’ai jamais été marié ou fiancé. Le brave flic dévoué à sa cause en somme. Le héros martyr au sens du sacrifice acéré. Entre nous, c’était mieux à lire dans un bouquin que de le vivre.

Je la vis arriver et, comme toujours, ce coeur mort s’était tout de même serré. Un soupir. Je fis mine de regarder ailleurs, croisant les bras contre mon torse dans un froissement caractéristique au cuir. Ce fut l’histoire de quelques secondes avant que je ne daigne reporter mon attention sur l’abri de bus et ses environs. Un groupe d’adolescents s’était joint à elle et je n’eus pas de difficulté à reconnaître une récidiviste dans le lot. Il ne me semblait pas avoir été aussi con à leur âge…bizarre. J’observai en silence la scène qui se déroulait sous mes yeux. La fille du groupe était clairement là pour dégueulasser le tableau, insistante dans ses gestes et ses mots - qui eux ne me parvenaient pas de par la distance et le brouhaha citadin. Je sens pourtant que quelque chose va se produire. Mon regard forcit lorsque Elizabeth réagit. Portée par cette émotion que je connais que trop bien - la colère - elle frappa l’autre bimbo à plusieurs reprises. Cette dernière, bien que tentant de répliquer, s’était faite avoir par son propre jeu. Elle n’avait pas imaginé un seul instant qu’il puisse avoir conséquence aussi vive.

J’aurais pu en rester là.

Personne ne réagissait. Et pourtant, c’était pas les rues qui étaient vides à cette heure-ci. Je voyais quelques passants fuir du regard, accélérer le pas. Des crevards. Le genre de personnes qui s’extasiaient devant la beauté d’un geste lorsqu’on les rapportait aux informations mais qui étaient incapables d’agir par eux-mêmes. Formatés par la peur qu’on leur inoculait. Les récents attentats n’avaient pas aidé, j’en conviens. Mais ça restait des crevards….

J’aurais pu.

Les gars qui étaient autour n’allaient pas rester là pendant que leur douce amie était en train de se faire laminer. Soyons réalistes, elle n’avait pas la moindre chance. Je décollai mon dos du mur en décroisant les bras, marchant à pas rapide vers la scène. Je ciblai un des garçons qui avait contourné pour pouvoir attraper les cheveux d’Elizabeth, penchée sur le corps de l’autre. Son geste fut avorté lorsque je lui fis une misérable balayette, le laissant s’écraser au sol sans autre forme de procès. Le second était en train de me regarder, à la fois interloqué et nerveux. « Va ramasser ton pote avant qu’il prenne la poussière, » lui dis-je sans aucun état d’âme. Mon regard s’avéra plus intimidant lorsque je le vis hésiter l’espace d’un instant. La seconde qui suivit, il était déjà occupé avec l’autre. Les deux filles se battent encore et je décidai de les séparer, quitte à me prendre un coup au passage (ça n’avait jamais tué personne, moi le premier). « On se calme. » Indirectement, je m’étais orienté vers l’autre fille plutôt que Betty, faisant rempart. « Salope ! », cracha la blonde en se tenant son visage endolori. « Ouh, c’est vilain, ça, », la narguai-je. Elle se leva difficilement et ne l'aidai pas. « Tu devrais penser à changer d’escort-boys. Même pour la décoration j’trouve ça moyen. » J’avais agrémenté mes propos avec un clin d’oeil moqueur. Lorsqu’elle vit les deux escort-boys en question dont la fierté avait été ravagée, elle ravala sa salive et baissa la tête pour ramasser son sac. C’est en suivant son geste des yeux que je me rendis compte qu’un objet réfléchissant la lumière était à mes pieds. Une bague. Je l’aurais reconnue entre mille. Pour l’avoir moi-même choisie et achetée, c’était plutôt rassurant d’en avoir encore souvenir…sauf que des particules d’argent qui la composaient ne me permettrait pas de la tenir indéfiniment. Résolu, je tirai mon bras pour l’attraper et ravala la grimace lorsque je sentis le métal me brûler la paume. Faisant volte face, j’attrapai le poignet de ma fille pour lui glisser l’objet dans sa paume. « Jolie droite. » Simple remarque. Le contact avait été rapide, calculé, j’y avais mis fin aussitôt en reprenant mes distances. Placé à côté de l’abri de bus, mon absence de reflet frappa l’un des trois ados qui alerta discrètement ses compagnons. Je n’y prêtai pas plus attention, jetant un coup d’œil autour de moi et évitant au mieux le regard d'Elizabeth, sur laquelle j'avais senti une odeur de sang.

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Richard & Elizabeth

La colère brûlait ses veines, embrasant ses nerfs, mettant à vif tous ses muscles. Elle n'était pas comme ça, pas habituellement en tout cas. Se laisser guider par ce sentiment négatif, c'était aussi étrange que jouissif, aussi inhabituel que libérateur. La colère. Destructive, démentielle mais indispensable. Elle l'avait tellement refoulé jusque-là, elle l'avait tellement ignoré pour mieux prendre la fuite et ne pas se laisser déborder qu'aujourd'hui, elle éclatait complètement, laissant ses poings parler à sa place, faire leur loi, prendre le dessus sur sa raison et ses capacités de raisonnement. Elizabeth était de ces jeunes filles effacées, calmes... peut-être même anormalement calmes. Alors forcément, quand ses phalanges s'écrasaient avec rage contre le visage de la blonde, elle ne se reconnaissait pas et pourtant, elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle voulait la détruire, lui faire ressentir toute la souffrance morale et psychique qu'elle subissait depuis des années par des marques physiques sur sa peau. Lui faire comprendre combien c'était blessant et douloureux, que les blessures causées restaient ouvertes au même titre qu'un bleu qui met plusieurs jours à disparaître. La rage était plus forte que le reste, plus forte encore que les paroles de sa mère qui lui répète sans cesse que la violence ne résout rien mais il fallait croire que la patience, le dialogue et l'ignorance non plus. Elle avait tenté de se faire entendre, réellement, elle avait tenté en vain de se faire comprendre sans violence, mais aujourd'hui, c'en était trop, elle n'en pouvait plus.

Plaquée contre la paroi en plexiglas, l'agresseuse devenait l'agressée, l'attaquante devenait l'attaquée et Eli ne se stoppait pas. Un coup, deux coups puis le sol. La prise était parfaite. Elle n'était pas bien épaisse mais la colère à l'instar de l'adrénaline vous donnait une force phénoménale. Pour sûr qu'elle aurait pu lui faire plus de mal qu'un œil au beurre noir et une joue endolorie. Elle avait beau se prendre des coups en retour aussi, elle n'en avait que faire. C'était son jour, c'était sa vengeance et si on ne la frappait pas assez fort pour la mettre au sol ou si personne n'intervenait, elle ne s'arrêterait que lorsque la blonde serait assommée ou dévisagée. Cette pensée violente n'était pas son genre mais bon sang, elle était tellement hors d'elle, hors de ses gonds qu'elle ne pouvait pas raisonner autrement ni même penser à ses convictions de non violence et de la protection humaine et animale, entre autres. Elle n'était que rage poussée par le désespoir que cela puisse un jour s'arrêter. Elle n'était que colère entraînée par des années de souffrance au poids démesuré. Personne n'avait idée de ce qu'elle subissait, personne ne pouvait comprendre combien ça pouvait la soulager de décharger sa colère de cette façon. Finalement, au lieu de la photographie, elle aurait du se passionner pour la boxe, ça l'aurait peut-être aider.

Un énième coup était sur le point de tomber, sur le point de créer une énième lésion des petits vaisseaux sanguins sur son punching-ball humain. Elle ne faisait pas attention à ce qui se passait autour d'elles, elle en avait même oublié les acolytes de l'autre andouille. Il n'y avait plus qu'elles et cette envie de vengeance qui traversait ses veines. Envie vite avortée, séparée en quelques secondes. La reconnexion à la réalité était plus rapide qu'elle ne l'aurait cru. Elle s'attendait à être réprimandée par cet homme qui était intervenu pour arrêter la bagarre parce qu'après tout, c'était normal. D'un point de vue extérieur, elle était fautive d'avoir commencé à frapper là où on l'avait seulement embêtée verbalement ou presque mais la colère faisait qu'elle n'en avait plus rien à faire de tout sur le moment, aussi bien de l'insulte qui parvenait à ses oreilles que de son propre visage lui aussi endolori par le revers de la médaille ou encore de ce que le monde pouvait bien penser de son geste. Quoi qu'elle puisse en dire, cela lui avait fait un bien fou bien que sa conscience et sa raison lui hurlaient que vengeance il y aurait, probablement.

Suivant la blonde du regard pendant un instant, cette dernière finissait par s'en aller avec les deux idiots, vexés et perdants pour une fois. Un moment qu'Elizabeth trouvait opportun pour ramasser aussi son sac et le glisser sur son épaule. Un geste qui lui faisait réaliser une grande perte et faisait monter son stress en flèche. La bague de fiançailles de sa mère qui avait l'habitude de pendre dès qu'elle se baissait n'était plus là, disparue. Secouant frénétiquement son haut, la chaîne tombait au sol, mais aucun bijou. A vrai dire, la panique n'eut pas vraiment le temps de s'installer que la bague se retrouvait dans la paume de sa main, ramassée par l'homme qui l'avait séparée de son ennemie. Automatiquement, elle avait relevé son visage vers lui, étonnée. Comment savait-il que ce bijou lui appartenait au juste? Et puis cette fraîcheur à son contact... Probablement que la bagarre lui avait donné chaud et que cette sensation était normale. Quant à sa réflexion, elle n'en tenait pas vraiment rigueur. Sa colère n'était pas spécialement redescendue alors forcément, la moindre remarque était prise de travers et la sienne ne passait pas au travers des mailles du filet. « Si c'est pour se moquer, vous pouvez vous abstenir d'user votre salive. » Ses paroles sèches et dures étaient les témoins de son énervement général et de son besoin de redescendre en pression.

Faisant passer son sac face à elle, elle en sortait son porte-feuille pour y glisser la bague précieusement dans l'une de ses petites poches ainsi que sa chaîne qui avait probablement été tirée pour casser de cette façon. Elle la réparerait chez elle une fois calmée, l'important pour elle était de ne pas perdre le bijou de sa mère. « Super, il manquait plus que ça. » Sortant une bouteille d'eau de son sac et des mouchoirs, la douleur commençait à se faire sérieusement ressentir et ce n'était pas les gouttelettes de sang qui s'échappaient de son arcade pour glisser le long de son visage et s'écraser sur le sol qui diraient le contraire. Elle qui rêvait que cette parenthèse désagréable de la journée s'arrêterait là, avec une arcade ouverte, elle allait certainement avoir une bosse et pour sûr que sa mère lui demanderait des explications qui seraient suivi de réprimandes, d'une punition et sûrement d'un dialogue de sourds ponctué de cris. L'idée la faisait soupirer d'avance alors qu'elle profitait du reflet de l'abribus pour se nettoyer la figure et presser un mouchoir sur la blessure. Bien trop concentrée sur sa tâche pour finir avant que le bus n'arrive, elle n'avait pas spécialement porté d'attention à l'absence de reflet du héros du jour. Une paire de minutes suffisaient pour faire arrêter l'écoulement de sang qui se coagulait naturellement.

Les mouchoirs jetés à la va-vite et voilà qu'elle grimpait dans le bus relativement plein. Se trouvant une place rapidement, libérée par ceux qui étaient descendu à l'arrêt, elle ne prêtait pas spécialement attention à la personne qui s'installait à côté d'elle tandis qu'elle mettait ses écouteurs pour s'isoler dans son monde. Comme à son habitude, quand elle en avait l'occasion, elle posait sa tête contre la vitre du bus. C'était reposant et en même temps, ça avait l'avantage pour aujourd'hui de rafraîchir un peu sa blessure et de calmer sa douleur. Une position qui lui permettait d'apercevoir du coin de l’œil le blouson de l'homme, le fameux. Sérieusement? A croire qu'il la suivait. N'y portant pas d'attention, elle ne pouvait pourtant pas s'empêcher de repenser à tout ce qui venait de se passer et il ne lui fallait que quelques minutes de trajet silencieux pour comprendre qu'elle avait été idiote. Il l'avait aidé en arrêtant la bagarre, il avait tenté de se montrer gentil - bien que maladroit, avouons-le - par sa réflexion en lui redonnant sa bague. La façon dont elle lui avait répondu n'était pas correcte, absolument pas. Prenant son courage à deux mains, elle retirait l'une de ses oreillettes et articulait quelques mots tandis que ses iris se posaient franchement sur lui. « Je vous présente mes excuses pour tout à l'heure. C'est gentil de m'avoir rendu la bague. » Entre autres mais Elizabeth et les mots, ça faisait deux. Ce n'était pas pour rien qu'elle s'intéressait à la photo après tout. Elle ne manipulait pas bien les mots, arrivait rarement à faire comprendre vraiment sa pensée. En revanche les images, c'était son dada alors forcément, dès l'instant où son regard s'était posé sur son visage, elle avait eu cette sensation de le connaitre, de l'avoir vu quelque part. « Elizabeth. » Se présenter était un moyen comme un autre de tenter de se souvenir parce qu'elle s'attendait forcément à ce qu'il lui renvoie l'ascenseur. Avoir son prénom serait certainement un plus.

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Sa réaction n’aurait pas dû m’étonner. Pourtant…ce n’était pas le genre de choses contre lesquelles je pouvais vraiment lutter. Pas en ce moment, ni dans cette vie-là. La colère comme l’adrénaline qu’elle avait pu produire n’étaient pas encore redescendues. J’ignorais jusqu’alors son background  avant ces deux dernières années mais depuis que j’avais découvert son existence, que je l’avais suivie un tant soit peu dans son quotidien, j’étais persuadé qu’elle n’était pas quelqu’un qui en venait facilement aux mains. Il suffisait de le lire aussi par delà les gestes, le comportement. D’où cette sensation qui perdure, elle n’y a pas été habituée. J’en suis secrètement rassuré. La colère, même si parfois nécessaire, devait être absolument être évacuée. D’une quelconque manière mais surtout la plus saine possible. Faire de la rétention émotionnelle finissait toujours par faire pourrir l’ensemble du panier, si j’ose dire. Je l’avais appris à mes dépens. Même ça je ne pourrais pas lui apprendre, me disais-je. Reste dans l’ombre et efface-toi. Mes doigts sont refermés contre ma paume désormais purifiée de toute brûlure. L’odeur du sang est bien présente, je tente d’en faire abstraction en prenant un peu plus mes distances. Or ses mots, bien que soufflés, me rappellent à elle. Son pouls semble se calmer lorsqu’elle s’affaire à se tamponner l’arcade avec un mouchoir. Bon point. Je ne vais pas l’aider, de toute façon. Je suis un étranger. Un civil qui a voulu se la jouer Walker Texas Ranger chez les ados. Trevor Vaughan, ravale-moi tout ça et marche.

Et c’est ce que je fais à ce moment-là, je disparais de son champ de vision en attendant le bus que je m’étais motivé à prendre. Parce que le trio était encore là et allait monter dans la même navette. Je ne voulais pas avoir à penser que mon action avait été vaine. Alors, jusqu’au bout, j’allais vérifier qu’elle rentre bien sans d’autres dommages. Quitte à passer pour un stalker dont la discrétion aurait été douteuse si je n’avais pas des arguments viables. Il n’y avait pas de raison que l’homme que je suis n’eusse pas pour projet initial de prendre ce bus…quant bien même j’avais décidé de m’immiscer dans cette histoire de gamins. Attendant sous l’abri de bus, celui que nous attendions finit par arriver. Une masse certaine en descendit mais presqu’autant grimpèrent à l’intérieur. La joie des transports en commun, confinés comme des boeufs prêts pour l’abattage ! Est-ce que ça m’avait manqué ? Pas vraiment. Même le métro était plus agréable à cette heure.

Les trouble faits sont les premiers à monter et décide de suivre le mouvement, après qu’Elizabeth ait ouvert la marche. Me frayant un chemin, je remarquai de loin une place libre. Il n’y en avait pas d’autres et soit je la prenais, soit c’était pour le trentenaire qui était monté derrière moi. Je n’étais pas un bon samaritain non plus et j’étais resté suffisamment debout pour la journée; aussi m’étais-je placé là où un siège me tendait les bras. Les battements cardiaques sont pluriels, ils m’accaparent un instant alors que je me rends compte que c’est à côté d’elle que je me retrouve. L’odeur du sang que je connaissais déjà aurait pu provenir de derrière, de devant…mais non, au lieu de ça, c’était à ma droite. J’aurais préféré ne pas m’assoir là. Je sentais que c’était déjà trop. Je jetai un coup d’œil dans sa direction, elle avait son casque sur les oreilles, plus ou moins protégée des nuisances et de notre environnement - assez bruyant je devais l’avouer. Je soupirai en brassant un peu la foule qui s’était amassée. Le bus se mit en marche. Plus ou moins au même moment, j’avais dégotté mon téléphone et mes écouteurs de la poche de mon cuir. Dans mon mouvement, j’avais manifestement attiré son attention. Je me forçai à ne pas lui faire remarquer ça et enfilai mes écouteurs, lançant la dernière playlist que j’avais élaborée. Je redresse le nez, regarde droit devant moi. Je croise un regard lourd de rancoeur, celui de la gamine qui avait emmerdé Betty. Comme un automatisme, je lui souris, ce dernier empli de raillerie muette.

Le volume de la musique n’est pas abusif et couvre le brouhaha - c’est amplement suffisant. C’est à mon tour d’être capté par un mouvement de sa part, ce qui me fait un peu incliner le visage vers elle. L’adolescente avait ôté une oreillette sur les deux, il fallait être con pour penser que ce n’était pas pour quelque chose de valable. Je fis de même, écoutant ce qu’elle avait à me dire. Et je dois bien avouer que dans mon pessimisme maladif, je ne m’étais pas attendu qu’elle vienne m’adresser à nouveau la parole. Sauf peut-être pour me faire remarquer que je lui collais aux basques et que j’aurais pu faire l’effort de prendre le prochain bus…ou rester debout pour ne pas lui foutre la honte (je l’avoue, j’aurais réagi de cette façon-là, avec la testostérone et l’humour de merde qu’on pouvait me connaître). Non, en fait, je ne la connaissais pas suffisamment. Je ne la connaissais pas du tout. Uniquement par des observations lointaines, des conversations qui ne me concernaient pas, pas même dans leur teneur. Autant dire…c’était le constat d’un simple spectateur, pas quelqu’un qui vivait avec elle.

Et pourtant ?
Des excuses.

Mes traits plutôt fermés par mes réflexions se détendirent, un sourire naturel me fendit même le visage. « Pas de problème…j’allais pas la garder non plus. » Je la tutoie, elle pourrait mal le prendre. Mais tout dans mon esprit me confrontait à l’idée de la vouvoyer…et puis quoi encore ? Même tous les quinquagénaires que je pouvais croiser n’y avaient pas forcément le droit. Puis elle se présente. Son prénom, je le connais, pour sûr. Je me rappelais l’avoir soufflé un jour à Evelyn si c’était une fille qui nous était offerte. C’est le cas. Et malgré ma disparition, elle l’avait fait. Je détourne les yeux à ce moment-là. Mon prénom…il faudrait aussi le chier si tu voulais pas paraître suspect, mon grand.

Ce n’était pas le bon, non…mais c’était le seul qui me permettait d’être encore couvert. « Trevor. » J’aimante de nouveau mon regard au sien et une remarque m’échappe. Réfléchir avant de parler ? Pour moi, c’est plus difficile que ç’en a l’air. J’avais toujours été spontané et franc. « Pas trop mal ? » En parlant de son arcade encore rougie par le sang. Ça ne coulait plus mais c’était frais et endoloris, pour sûr. J’allais certainement expérimenter la fierté de ma fille.

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L'étau de colère dans lequel elle était prise était désagréable, peu habituel et davantage irritant finalement. Elle n'aimait pas cette sensation et ça ne l'aidait absolument pas à retrouver son calme. Elle avait beau se concentrer sur sa blessure pour en calmer l'écoulement, elle ne pouvait pas nier que son esprit continuait à être en colère, que ses pensées étaient davantage tournées vers les trois idiots qu'elle avait envie de voir déguerpir. Souhait vain, elle le savait. S'ils étaient là pour l'emmerder, ils étaient aussi là pour prendre le bus alors forcément, elle s'attendait à une possible vengeance dans le véhicule. Elle se souvenait encore du coup foireux datant de quelques mois où elle était rentrée chez elle, sans s'en rendre compte, une bonne mèche de cheveux en moins, l'obligeant à se rendre dans un salon de coiffure qui avait, heureusement pour elle, réussi à rattraper les dégâts occasionnés. Depuis, elle s'attendait à tout et n'importe quoi de leur part, très clairement.

Bientôt, elle grimpait dans le bus, présentant son titre de transport au chauffeur avant de filer dans le couloir et de se trouver une place, de préférence loin des autres. Installée, elle n'avait pas mis de temps à mettre son casque sur ses oreilles, préférant la musique au brouhaha ambiant, au bébé qui pleurait un peu plus au fond et au roulement du moteur de bus. Naviguant dans sa playlist, la musique pas encore lancé, elle avait remarqué le bruissement typique du cuir à côté d'elle, le même que celui de l'homme qui lui avait rendu son bijou et pour cause, c'était lui. Lui aussi sortait de quoi couvrir le bruit citadin ce qui avait le don de piquer la curiosité de la jeune fille. Si elle était plus du genre jeux vidéo et photographie, ça ne l'empêchait pas d'aimer la musique, bien que la sienne se tournait essentiellement vers les bandes sons des jeux vidéo. On ne se refait pas après tout.

La colère redescendant, c'est la culpabilité qui s'emparait de ses muscles. Elle l'avait envoyé paître alors que tout ce qu'il avait fait, c'était l'aider. Idiote! Profondément idiote. Alors même si cela pouvait provoquer des moqueries de la part de ses détracteurs de l'entendre, parce que c'était souvent vu comme de la faiblesse, elle présentait ses excuses au trentenaire. Haussant un peu les épaules, elle ne pouvait s'empêcher de relever ses paroles. « Je connais des idiots qui ne l'auraient pas fait. Pour le plaisir ou pour chercher à la revendre. » Evidemment, elle faisait référence aux trois zozios mais il était clair que ça allait au-delà de ça. Il ne fallait pas se voiler la face, il vivait dans un monde fourbe rempli de profiteurs et de personnes sans scrupule. Il ne fallait pas être idiot pour comprendre de visu que la bague avait une certaine valeur financière et rien que pour ça, beaucoup l'aurait gardée pour se faire de l'argent dessus. Elizabeth restait donc reconnaissante malgré tout.

Elle profitait de cet instant pour se présenter, attendant forcément un retour qui ne mettait pas de temps à venir. Trevor donc. Elle s'en souviendrait certainement. Naturellement, la conversation s'engageait et se portait forcément sur le méchant coup qu'elle avait reçu à l'arcade. Préférant s'en amuser plutôt qu'en pleurer, elle n'hésitait pas une seconde. « J'ai la tête dure, je devrais survivre. » Parce qu'elle avait malheureusement déjà vécu pire et qu'elle en avait l'habitude de toute façon. Une blessure de plus ou de moins, est-ce que ça changeait vraiment grand chose? C'est le jour où les coups seront plus durs, plus secs qu'on pourra s'inquiéter, c'est le jour où ils iront trop loin et qu'il la laisseront pour morte quelque part qu'elle ne survivra peut-être pas. En attendant, elle encaissait plutôt bien les coups et se disait qu'il y avait pire comme douleur, vraiment.

Préférant oublier cet épisode et ne pas lui donner trop d'importance, elle reportait son intention sur le lecteur de musique qu'il avait dans les mains, le désignant d'un léger coup de tête. « Qu'est-ce que vous écoutez? » lui lançait-elle. Une question anodine sans être trop indiscrète parce que la vie de cet inconnu n'était pas ses affaires après tout. S'il la tutoyait - ce qui ne la gênait pas en soi, elle trouvait ça même plutôt logique en fin de compte vu son jeune âge - elle ne le faisait pas de son côté, son éducation faisant d'elle une jeune fille avec un mal de chien à tutoyer les adultes en dehors de sa famille. « La musique c'est pas ce que je préfère mais si ça peut me connaître des artistes ou des groupes sympa, je suis pas contre. » Changer un peu sa playlist, ça faisait un moment qu'elle ne l'avait pas fait et ça ne serait pas un mal, loin de là.

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On se forge suite aux coups qu’on s’est prit dans la tronche. On a tendance à rabâcher cette même chanson à qui se plaindrait trop de ses souffrances ou ne comprendrait pas ces dernières. Lorsque ça concerne sa propre personne, les choses peuvent être plus ou moins domptées…ce qui n’était pas toujours le cas lorsque cela concernait un tiers. Des conseils qui ne font pas écho jusqu’au fruit de nos entrailles. Et pour cause, malgré toute la bonne volonté du monde, je n’avais pas réussi à la laisser éclater le visage de cette adolescente (qui, soit dit en passant, méritait son châtiment) alors que la raison aurait dû m’empêcher de commettre cette erreur. Ma chair et mon sang, souffrir pour mieux grandir…difficile d’accepter ce qui était certainement le mieux pour elle à terme. Pendant tant d’années passées loin d’elle, de son quotidien, je n’ai certainement aucune légitimité à revendiquer quoi que ce soit. En fin de compte, je me sens être l’étranger qu’elle croit que je suis. Que ça le reste, pour le bien de sa mère et de leur sécurité à toutes les deux. Mon rapprochement depuis la Nouvelle-Orléans, impulsif, n’en est pas moins un indice qui pousse au paradoxe. Je suis quelque peu perdu, je dois bien l’avouer. Tiraillé entre cette envie de les rejoindre et de les protéger. Malheureusement, l’un ne peut pas réellement s’accorder avec l’autre. D’autant qu’elles se sont très bien débrouillées sans moi jusqu’ici…ce qui rajoute un poids supplémentaire à mes peines, en plus de donner raison à Strange.

Elle semble s’étonner que je lui aie rendu son dû. Cette bague que je connaissais que trop bien, qui aujourd’hui m’avait brûlé la paume à son contact. Ce qui n’aurait pas été le cas bien des années plus tôt. Ne pas faire confiance, se méfier d’autrui. Entretenir une vision réaliste mais toutefois pessimiste du monde - car c’est ainsi qu’il se présente sous nos yeux au quotidien. J’aurais certainement eu la même réflexion en fin de compte. M’en emparer ne m’avait pas traversé l’esprit une seule fois, ceci dit. La fibre du flic, sans doute. À moins que les vestiges de ma foi ne m’aient marquées à jamais, par delà la malédiction dont j’étais victime.

Je fais la moue, lui adressant un regard non dénué de chaleur. « Je dois être moins con que j’en ai l’air, alors. » C’est pourtant pas le genre de choses dont on aimait me vanter. S’il était plus ou moins simple de me côtoyer, j’avais des travers qui savaient attiser l’agacement voire l’apathie de certains. Au moins, ça m’aidait à faire le tri. Elle me rassure assez vite sur son état de santé, qui ne semble pas l’inquiéter outre mesure. Tant mieux. C’est pas avec ça que tu allais finir à l’hosto, ma belle. En espérant que tu n’y ailles jamais. Sa remarque exacerbe mon sourire déjà présent sur mes lèvres. J’ôte mes yeux de son visage, j’ai l’impression de me plonger dans quelque chose de dangereux. La chanson qui joue dans mon écouteur a changé depuis quelques secondes, le bus s’arrête pour son deuxième arrêt…nous ne sommes pas encore arrivés. Je ne lui demande pas où elle descend, pas pour l’instant. Je connais la réponse mais jouer aux ignares est certainement la meilleure chose à faire. Elizabeth recharge sur un tout autre sujet, la musique, ce qui n’est pas là pour me déplaire.

« Des trucs de vieux en général. », que je lui réponds, sans grande réflexion derrière mes mots.  La sincérité au bout des lèvres. J’étais certainement en train de la préparer, même si, physiquement, je paraissais être dans la fleur de l’âge si j’ose dire, âgé d’une trentaine d’années. Je me sentais pourtant vieux et l’expérience pouvait se lire dans mes yeux, bien au delà de cette peine ou tendresse dissimulées. Ce morceau est sorti en 98, pourtant. J’étais à Londres à l’époque…je m’en rappelle comme si c’était hier. Et pourtant, non, ce n’était pas hier, loin de là même. L’eau a coulé sous les ponts depuis…c’était un an avant ma disparition. Je ne lui propose pas d’écouter, même si ça m’aurait démangé - que ça me foute la honte ou non. Au lieu de ça, je lui présente l’écran de mon téléphone sur lequel était joué ledit morceau, dont l’intitulé apparaissait avec sa jaquette. « Enfin, pas toujours… » Je ne trouvais pas cette chanson si vieille que ça en réalité. Je m’étais attendu à tomber sur du Blues des années 60s ou un vieux refrain de hard rock des années 70s. Je retire l’écran de ses yeux lorsqu’elle semble avoir terminé, me risquant à poser la question tant attendue. « Tu connais ? » Plus par curiosité qu’autre chose. On ne sait jamais après tout… je prends soin d’ajouter une autre question, tout aussi dirigée étant donné qu’elle avait son casque sur les oreilles un peu plus tôt. « Et toi, y avait quoi au menu ? » Je désigne du menton son équipement sono. Un nouvel arrêt, même s’il y a dû en avoir encore un entre. Je lève un peu le nez. Le bus se vide sensiblement, est renfloué par intermittences. Je remarque qu’un des ados est déjà parti, et les autres suivront certainement.

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FORGOTTEN'S SMILE

Richard & Elizabeth

« Il faut croire. » disait-elle un sourire malicieux aux lèvres. Si elle l'avait envoyé bouler dans un premier temps, il n'en restait pas moins un homme qui avait tenté de l'aider, rien de plus. Elle n'était pas en position pour le critiquer ou être à même de dire qu'il avait une tête de con. Elle ne pouvait pas se le permettre dans une telle position où il était finalement le seul à lui être venu en aide - parce qu'un adulte un tant soit peu conscient connait plus ou moins les conséquences psychologiques qui peuvent toucher un adolescent en mal de vivre qui s'est vengé et regrette son geste. C'était presque le cas d'Elizabeth. Elle n'avait pas pour habitude d'être violente, loin de là, c'était même aux antipodes de ce qu'elle était réellement, alors forcément, le regret chatouillait quelque peu ses entrailles bien qu'une part d'elle ne pouvait s'empêcher de se dire que l'autre connasse l'avait bien mérité. Oubliant un instant cette bagarre qui allait lui laisser une belle marque au visage pendant quelques jours, elle se concentrait davantage sur Trevor. Quitte à voyager ensemble, autant faire la conversation, non? Certes, sa mère lui avait toujours appris à ne pas parler au inconnu, à ne pas suivre n'importe qui mais sincèrement, craignait-elle réellement quelque chose dans ce bus bondé de monde? Certainement pas. Si Trevor était dangereux, si Trevor était un possible prédateur sexuel comme on les appelle - ou autrement dit un enculé de première catégorie - il irait certainement pas cherché ses victimes dans un bus où des adultes étaient à même de le piétiner pour de telles pensées horrifiantes et ô combien révoltantes pour la société.

Elle s'intéressait donc à lui et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ne cherchait pas plus loin que le bout de son nez. Un téléphone, des écouteurs reliés à ce dernier, pour sûr qu'il était en train d'écouter de la musique. L'interroger sur ce qui lui enivrait les tympans, c'est ce qu'il y avait de plus facile à faire. Un sourire étirait ses lèvres lorsqu'il avouait écouter des trucs de vieux. Il était ce typique citoyen coincé dans son époque à critiquer la musique de nos jours, celle des jeunes comme ils disent si bien? Elle n'en savait rien mais ne se refusait pas un coup d’œil à son écran, quelques instants, juste assez pour que les écritures défilent, révélant l'artiste, la musique, son année. Elle était même pas née... certes, comme tout le monde, elle connaissait des musiques antérieures à sa naissance mais elle qui n'était déjà pas spécialiste de la musique de maintenant, il ne fallait pas pousser mémé dans les orties non plus. « Non, ça me dit rien du tout. » Un air presque désolé sur le visage, elle s'attendait à la question retour et forcément, elle ne pouvait que s'en amuser, profitant de la situation pour se moquer gentiment. « Des trucs de jeunes en général. » Haussant un peu les épaules, elle roulait un instant des yeux avant de s'avouer. « Enfin des trucs de geek surtout. » Parce que c'était bien les seules musiques qu'elle écoutait, généralement sans paroles, elles ne lui servaient qu'à couvrir de façon agréable les bruits environnants et les murmures désagréables à son encontre. Regardant un instant son écran, elle lui révélait ce qu'il ne devait probablement pas connaître, comme la plupart des gens d'ailleurs. « La chanson s'appelle Soul of cinder du jeu Dark Souls III. » Un instant, elle levait les yeux au dessus des sièges, estimant à cinq minutes à peu près le moment où elle allait devoir descendre du bus. Ce n'était pas le prochain arrêt, seulement le second.

« Vous voulez écouter? » Une question qu'elle n'aurait pas dû poser mais surtout, un regard qu'elle n'aurait pas dû tourner vers l'extérieur, vers cette vitre contre laquelle son épaule était appuyée. Elle voulait simplement vérifier que l'un de ses petits cons qui s'amusaient à se jouer d'elle était bien descendu. Si le voir marcher dans la rue au redémarrage du bus l'avait rassurée, l'absence de reflet de l'homme à côté d'elle ne l'était pas, rassurant. La position du soleil, sa position à elle, celle de l'homme, prendre en compte qu'elle était plus frêle que lui et qu'en toute logique, leurs reflets auraient dû se mêler, se croiser. Ses propres traits auraient dû disparaître dans ceux de l'homme, elle aurait dû avoir du mal à se distinguer... pourtant elle se voyait bien, elle se voyait seule surtout. Elle ignorait le pourquoi mais elle savait que ce n'était pas normal. Un mutant, un fantôme, le fruit de son imagination? Pour le coup, c'est le stress qui la prenait, qui lui retournait l'estomac. Pourquoi? Comment c'était possible? Elle n'avait que cette question à l'esprit et maintenant qu'elle lui avait proposé sa musique et qu'il l'écoutait tranquillement, elle ne pouvait pas se contenter de fuir au prochain arrêt en lui arrachant les écouteurs des oreilles, c'était impossible, il allait forcément se douter de quelque chose. Elle restait donc silencieuse - ses mots seraient de toute façon probablement restés coincés dans sa gorge - comme si elle respectait le fait qu'il écoutait de la musique alors que la réalité était toute autre, jetant même à plusieurs reprises un regard vers l'extérieur pour s'assurer qu'elle n'avait pas fabulé.

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