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 Robert ♪ L'homme est de glace aux vérités, - Il est de feu pour les mensonges.

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    Marcher, marcher inlassablement. Quand papa est au téléphone, il a l'impression que personne ne l'entend alors je ne suis pas personne. Je passe une bonne partie de la nuit à marcher, pour combler les heures comme on remplit une toile avec un fond neutre, sans importance. Je marche d'un coin à l'autre et je laisse mon esprit vagabonder des heures durant et quand je suis assez fatigué, je me laisse tomber dans mon lit. Le sommeil me quitte vers trois heures du matin, je me mets debout et je me remets à marcher, parfois je laisse vagabonder mon esprit trop loin. Il quitte mon corps, n'existe plus vraiment.

    Marcher, marcher inlassablement. Je suis revenu au cimeterre finalement. J'ai terriblement mal à la main droite, j'ai frappé ta tombe, je t'ai parlé avec mon poing, comme les adultes parlent mais tu n'es pas revenu. Je suis resté là un long moment mais j'ai l'estomac creux. Tu m'as appris à prendre une douche, le train, le bus mais qu'est-ce que je deviens sans toi ? Alors je me suis remis à marcher, en me disant qu'un signe me montrerait la voie à suivre. J'ai enfoncé les mains dans mes poches et je me suis arrêté aux portes d'une Église. Pas parce que je suis croyant, parce que d'autres personnes entraient, l'air enjoué comme s'ils se retrouvaient après une longue séparation. Naïvement, je me suis dit que ce lieu de retrouvailles me donnerait peut-être la réponse aux questions que je ne savais pas poser. Je me suis appuyé à un pilier sur la fin de l'Église. Les gens se sont assis, certains cherchant une place en particulier, d'autres prêts de leurs amis. J'ai posé mon regard sur l'autel où un chœur commençait à chanter. J'aimais beaucoup cette harmonie qu'ils dégageaient, tous ensemble. Certaines personnes ont disparu sur le côté, derrière les confessionnaux. Je les ai suivis, à la fois curieux et incertains de ce que je devais faire. Je reste en retrait alors que s'éloignent les chants du chœur. Ils passent deux portes, j'imagine que nous sommes dans le presbytère. Plusieurs hommes parlent entre eux, j'entrouvre la porte et les regarde s'agiter. L'un d'entre eux parle plus fort que les autres, ils les appellent mes frères. Une ombre sur ma droite me fait signe de me taire, d'un doigt sur ses lèvres. Ce geste, je le connais, je l'imite.

    « … et c'est pourquoi Richard Menson a été désigné coupable d'être un mutant. La sentence sera la mort et elle sera exécutée ce soir. Nos recherches n'ont pas prouvé que les enfants...
    ▬ À mort sa descendance de mutant !
    ▬ Silence ! Je décide qui doit vivre ou mourir ! »


    L'homme s'est énervé, a hurlé. Les chœurs au loin et les deux portes closes empêchent quiconque de l'entendre. Mon cœur bat fort dans ma poitrine, tellement fort. Cette dernière phrase reste là dans ma tête. Je fais un pas en arrière, m'éloigne encore, referme une porte qui me sépare d'eux. Je m'assieds sur le sol et commence à marteler ma tempe en chuchotant « Trois trois trois trois ». Mon cœur bat fort, je voudrais que l'homme du vaisseau sous-marin soit là, que je puisse me perdre dans ce chaos. Une voix me fait reprendre conscience de l'endroit où je suis :
    ▬ Hé toi, faut pas rester là !

    J'écarquille les yeux, continue de tapoter ma tempe, sans croiser son regard. Il soupire, m'encourage à sortir de là. Je traverse l'Église. Les chants ont une étrange consonance maintenant. Je sors de l'Église, je marche droit devant moi. Les voitures klaxonnent, je retourne sur le trottoir, enfonce mon index sur ma tempe et continue de marcher, juste pour m'éloigner. Juste pour m'éloigner.

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Les cent pas. Il déambule. Il attend. Il patiente. Dans le couloir des sous-sols, devant la porte du Cerebro. Il est inquiet. Il attend des nouvelles. Il attend une localisation. Il a besoin de savoir. Impossible de rester en place. Impossible de s’appuyer contre le mur. Impossible de se tourner les pouces. L’établissement psychiatrique l’a prévenu : Sterling Adams a fugué. Il s’est échappé et ils ne le retrouvent plus. Il est prévenu seulement maintenant. Il est sorti de ses gonds. Il a critiqué le sérieux des équipes. Il a raccroché juste après. Il a filé dans le bureau du Professeur Xavier. Il n’y a que le directeur pour l’aider. Il n’y a que lui pour réussir à le trouver. En espérant que ça ne soit pas trop tard. En espérant que le jeune homme ne sera pas retrouvé mort dans un coin. En espérant qu’il ne se soit pas attiré de problèmes. Bobby attend. Toujours. Les secondes s’égrènent. Il a le sentiment que le Professeur met du temps. Trop de temps. C’est plutôt mauvais signe. C’est plutôt une mauvaise chose. Et d’un coup, la porte s’ouvre. Charles Xavier sort, le visage toujours impassible. Le visage si inexpressif. Bobby s’arrête. Le fixe. Il ne tient plus en place. Il a besoin de savoir. Il s’est attaché à ce gamin au regard fuyant. Il s’est attaché à son imagination et à ses illusions. Au-delà de cet attachement, Sterling est un patient. Un adolescent perdu qui n’est pas entouré par les bonnes personnes. Il aurait besoin d’apprendre à maîtriser son pouvoir. Il aurait besoin d’être accompagné. Pas d’être drogué par les médicaments et d’être enfermé dans un établissement sans aucune stimulation. Et maintenant, il erre dans les rues new-yorkaises. “Vous avez pu le localiser ?” Il connaît déjà les réponses. Avec le Cerebro, il est possible de trouver n’importe quel mutant. Il suffit que le Professeur se concentre et dirige ses pensées vers la personne recherchée. “Oui, il est du côté de Brooklyn. Que ferez-vous une fois que vous l’aurez trouvé ?” Il n’y a pas réfléchi. Il ne peut pas laisser Sterling déambuler seul, sans aucune surveillance. Pas avec sa mutation. Pas avec ses troubles. Il a besoin de quelqu’un pour le surveiller et s’assurer qu’il va bien. Il a besoin de plus qu’un établissement psychiatrique où il n’est qu’un nom sur un dossier. Il ne méprise pas le travail de son collègue qui a pris soin de Sterling. Le spécialiste a fait ce qu’il pouvait avec ses connaissances et ses capacités. Toutefois, cet adolescent a besoin de bien plus. “Avec votre accord, j’aimerais le ramener ici. Ce sera temporaire, évidemment, le temps de trouver une solution.” L’histoire d’un jour ou deux. Le temps de s’assurer que Sterling va bien et de lui offrir un endroit chaud où se reposer. Le temps de contacter d’autres structures. Le temps de décider ce qu’il y a de mieux pour lui. Le Professeur Xavier hoche la tête. Sterling est la bienvenue, aussi longtemps que ce sera nécessaire.

XxX

L’église. Sterling est venu à l’église. Bobby ne sait qu’en penser. Il n’a pas vraiment le temps d’analyser la situation. Il n’a qu’une envie : retrouver le gamin et le ramener dans un lieu sûr. Un lieu où il ne risquera pas de se faire écraser par une voiture, où il pourra manger à sa faim, où il pourra se reposer, où il pourra vivre comme tous les adolescents de son âge. Il a abandonné la voiture de la X-Mansion dans une rue. Un créneau pas tout à fait maîtrisé. Mais au moins, le véhicule n’est pas loin de là et ils pourront rentrer. Pas rapides. Il s’écarte du chemin des autres passants. Il contourne. Il dépasse. Il se dépêche. Il n’est qu’à quelques mètres lorsqu’il voit la porte de l’église s’ouvrir. Il n’est qu’à quelques mètres lorsqu’il reconnaît Sterling. De long cheveux roux. Une peau pâle. Une démarche rêveuse. Il ne peut s’agir que de l’adolescent qu’il recherche. Alors, Bobby accélère. Sous ses yeux effarés, il le voit se précipiter sur la route. Sans un coup d’oeil vers les voitures qui déboulent. Sans une hésitation. Sterling manque de se faire écraser plusieurs fois. Le pire est évité grâce aux réflexes des conducteurs. Déjà, un concert de klaxons s’élève. Imperturbable, Sterling poursuit sa route. Bobby secoue la tête. Ce gamin a une chance incroyable. Si il a traversé toutes les rues de New-York sans s’inquiéter des dangers et qu’il est toujours en vie, c’est qu’il a une bonne étoile qui veille sur lui. Le psychologue traverse la route. Lui se méfie davantage des voitures, mais il se dépêche. Il traverse la route au pas de course. Il ne veut pas perdre le gamin de vue. Il ne veut pas être semé. Sinon, il devra redemander au Professeur de l’orienter. Il arrive bientôt à sa hauteur. Il est dans son dos, à deux ou trois mètres. Il doit trouver la bonne manière de l'interpeller. De l’interrompre. Il ne peut pas lui attraper le bras. Il ne peut pas se dresser sur son passage. Il ne peut pas l’appeler. Ce sont des techniques qui fonctionnent avec les gens qui n’ont pas de troubles. La douceur est de rigueur avec Sterling. Mais en même temps, comment l’aborder autrement ? A l’hôpital ou quand le garçon était encore chez son père, il était plus facile de l’aborder. Il entrait dans la pièce, il s’asseyait devant lui, il s’intéressait à ce qu’il faisait. Le tour était joué. Là, le contexte est tout autre. Il n’a pas le temps. Il ne l’a plus. C’est soit il intervient brutalement maintenant, soit il prend le risque de laisser Sterling vagabonder dans Brooklyn.

Il accélère. Encore. Il se trouve bientôt à la hauteur du jeune homme. “Hey Sterling ! Tu te souviens de moi ? Je suis monsieur Drake.” Pas de geste dans la direction de Sterling. Seulement un regard bleu clair vrillé sur lui. Il sait qu’il n’aura pas de regard en retour ou alors, un échange très bref. Furtif. Croiser son regard, ce n’est pas ce qu’il veut. Il veut seulement l’arrêter dans sa progression vers une destination imaginaire. Il veut seulement lui rappeler qui il est. Il veut seulement s’assurer que Sterling se souvient de lui, malgré les médicaments et les jours qui ont passé depuis leur dernière rencontre. Le gamin a le doigt collé à la tempe, comme si il voulait y faire entrer quelque chose. Une idée. Une pensée. Un comportement. “Est-ce que tu vas bien ?” Un rapide coup d’oeil lui apprend que Sterling n’est pas blessé ou malade. Peut-être un peu fatigué. Peut-être le poing un peu égratigné. Mais rien de bien grave. Rien de bien inquiétant. Sterling va bien. A ce constat, la tension de Bobby se relâche. Il n’a plus qu’à le convaincre de le suivre. Il n’a plus qu’à lui proposer de découvrir l’Institut.



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    Quand le jour décline, je m'incline. Penché vers le coin de ma chambre, chaque soir. Je le regarde dans un coin, celui qui n'existe pas. Parfois ils ne ressemblent à rien et je sais que je ne dois pas leur parler en présence d'autrui. Parfois, ils se camouflent en autrui. Autrui perdus parmi une foule d'autrui, des anonymes qui parlent, qui attendent qu'on leur réponde, qui vous interpellent, qui se fâchent, qui n'ont pas le temps. Tous ces autruis prisonniers du cours de leur vie qui leur échappe et ça, ça leur fait peur. Ils ont peur de ne plus être maîtres, que le décor change trop vite. Maintenant imaginez que vous êtes dans un lieu commun et familier, disons une chambre. Les murs s'effondrent, les peluches sont des étrangers, votre lit est un cercueil. Crise d'angoisse. Quand la panique fait perdre pied à la raison, le souffle manque. Plus peur encore. Ne plus pouvoir respirer. Pendant longtemps, je pensais m'étouffer avec ma peur. Tu portes les mains à ta gorge, tu ouvres grand la bouche en voulant dérober de l'air au monde mais rien ne passe. Le rythme cardiaque s'accélère. Tu paniques et alors, ton cœur bat encore plus vite. Tu ouvres les yeux, cherches une issue. Comme ton rythme cardiaque accélère, le cœur pompe plus vite, il dit à ton corps de s'accélérer. Tes poumons t'implorent de les remplir. Et tu es pétrifié avec ta panique.

    Avant l'air me manquait. L'air me manquait et les illusions n'y aidaient pas. Ils m'observaient, comme des indifférents. Je fermais les yeux et je pensais que j'étais en train de mourir. Et elle. Elle avait cette façon unique de venir et de me faire entendre sa voix. Quoique... ce n'était pas sa voix que j'entendais, c'était son parfum. J'ai toujours été plus sensible aux odeurs qu'aux sons ; je ne suis pas sourd mais c'est comme regarder un décor en voiture. Je sais que c'est là mais c'est trop rapide, trop abstrait pour que j'arrive à vraiment accrocher aux mots tout de suite. Ça me demande un effort de concentration supplémentaire, que je peux avoir pendant un échange mais pas en permanence, pour prévenir qu'on m'interpelle comme ça...

    Elle. Son parfum de mure et de fruits rouges. Estompé légèrement par la journée de travail, mêlé aux odeurs de la cuisine, celle du produit avec lequel elle s'est lavé les mains, celui de son shampooing, celui de la lessive, celui de nos voisins, celui des transports. Nous ne sommes qu'une succession d'informations visuelles, auditives, olfactives, sensorielles. Sommes-nous autre chose ?
    Elle. Son parfum de mûre et de fruits rouges. Elle s'approchait doucement, sans un bruit. J'avais les mains autour de ma gorge, cherchant à ne pas perdre pied, ne pas me noyer dans la peur. Et elle avait ce petit geste, elle me tapotait la tempe. Je sentais bien ce petit contact, tout en moi le sentait. Elle sentait la mûre. Elle chuchotait « Ch..... Allez Sterling, c'est fini... à trois, tu me regarderas... un... deux... Et trois » Elle semblait soulager quand elle annonçait trois. Elle cessait son petit mouvement. J'ouvrais les yeux, elle était en face de moi. Je voyais son menton, son corsage, son pendentif qui se balançait devant mes yeux. À trois, tout était terminé.

    Trois trois trois. Leurs mots tournent dans ma tête. J'ai chaud. La main qui tremble. Barbituriques. J'ai peur. J'ai besoin de m'arrêter, de me perdre dans les tréfonds de ma tête, j'ai envie de m'arrêter, de me mettre à genoux, de regarder le sol et de disparaître comme ça. Alors je continue de marcher. Si je m'arrête, je ne pourrai plus repartir. Je frotte mon visage de ma main libre. J'ai envie de céder à la facilité, je devrais leur laisser mon corps amorphe et garder mon esprit. Fermer toutes les portes. M'enfermer. Ne plus jamais sortir. Mon cœur bat vite, mais je ne manque plus d'air. Parfois, souvent, je manque de mots. Mais je ne manque plus d'air.

    Trois trois trois. Chacun porte ces signaux qui font de nous ce que nous sommes. Au-delà de ce qu'il y a dans notre tête, nous sommes un jeu de piste. La route, cet après-rasage que seul lui utilise. Cette démarche sure de lui. Pressé. Habituellement il n'est pas pressé. M. Drake n'est pas pressé, il est posé, imperturbable. M. Drake est perpétuellement stable, il semble tendre les bras au bord du vide pour que chacun vienne s'y cramponner. Il a les jambes droites, il a le pas sûr. Il est une ancre, un repère. Je fronce les sourcils parce qu'il n'est pas ici. Il appartient à d'autres lieux. Votre médecin appartient à son cabinet médical. Votre caissier à sa grande surface. Votre postier à son vélo. En dehors, on a dû mal à replacer leur visage. « où est-ce qu'on s'est déjà vu ? » qu'on se demande. Je ne me demande pas à qui est cette paire de jambes, mais simplement si c'est crédible qu'il soit là.

    Je me souviens de vous, je pourrais le lui dire. Je hoche de la tête, marche encore quelques mètres. Je pourrais m'enfoncer l'index dans la tête à force d'appuyer mais ça me permet de me poser. Ça me permet de m'arrêter. Mon pas ralentit, mon cœur ralentit. Je m'arrête finalement, je regarde autour de moi. Ah oui, je suis de l'autre côté maintenant. Il n'y a plus de chœur, il n'y a plus d'harmonie, il n'y a plus de retrouvailles, il n'y a que le vacarme des voitures qui s'entrecroisent, des passants. Je les regarde comme si je les voyais pour la première fois. Je cligne plusieurs fois des yeux, dirige mon visage vers celui de M. Drake. Ah non, il semble bien présent. Réellement présent.

    “Est-ce que tu vas bien ?” J'imagine. Je ne me sens pas blessé. Je regarde ma main, elle n'est plus douloureuse. Je touche mon visage, laissant ma tempe en paix. Je passe les mains sur ma gorge, je regarde mes bras. Comme si je devais vraiment prendre conscience de mon corps avant de lui répondre. Dehors ça va. Dedans, je vais bien. Je ne suis pas en deuil. Je n'ai simplement pas retrouvé mon père. Il est sous une stèle, il patiente. J'arriverai à le retrouver, dus-je créer une illusion plus vraie que nature pour prendre sa place. Et si je dois créer un monde factice pour l'y retrouver, je le ferai. Votre père est parti. Votre père nous a quittés. Ton papa est au ciel. Les métaphores n'ont aucun sens pour moi ! La première fois que j'ai assisté à une messe, « le corps du Christ » a sonné comme une invitation cannibale pour moi et quand le prêtre a annoncé, sa coupe en main « le sang du Christ » avant de le boire, je me suis simplement évanoui. Alors je vais bien. Ma quête n'est pas terminée. Je hausse des épaules « Je... Hm... Oui oui. »

    J'aimerais lui demander ce qu'il fait ici puis je regarde à nouveau vers l'église. Je porte la main à mon oreille, comme si j'étais en train d'écouter une chanson lointaine, mais il n'y a rien. Je mets l'index sur mes lèvres pour montrer à M. Drake qu'il doit écouter avec moi. J'éloigne les doigts de mes lèvres, je tends le bras. Soudain, une voix retentit. « Silence ! Je décide qui doit vivre ou mourir ! » Ce n'est pas ma voix, c'est la sienne. À qui ? Je ne sais pas. Inconsciemment, je crois lui avoir donné une voix qui ressemble à celle de M. Drake. « Silence ! Je décide qui doit vivre ou mourir ! » Je regarde vers l'église. J'agite la main devant mon visage, cligne des yeux « Il... il y a... ces... ces g... gens là-bas. On on on... » Je frotte mon visage. On doit y aller ! Je secoue la tête, fais un pas pour rebrousser chemin. Je dois l'emmener là-bas. Je me sens fatigué, trop fatigué. Mais je dois l'emmener là-bas. Je secoue la tête. Je me remets à marcher. Je traverserai à nouveau la route, j'entrerai à nouveau. Lui saura quoi faire. Je lève une main ouverte en l'air. Écoute cette illusion, écoute-la seulement, se répéter férocement. « Silence ! Je décide qui doit vivre ou mourir ! »


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Il n’y a que le silence pour lui répondre. Et un signe de la tête. Un hochement qui veut tout dire. La pression de Bobby se relâche doucement. Un obstacle vient de disparaître. Il cale son rythme de marche sur celui de Sterling. Jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent tous les deux. Ils n’ont pas fait plus de quelques pas. Quelque chose semble perturber le gamin. Le préoccuper. Il le regarde observer les environs, découvrir son univers. Bobby a brisé son enfermement. Assez pour lui montrer que Sterling est en pleine rue. Pas assez pour qu’il s’ancre pleinement dans cette réalité. Dialoguer avec lui est difficile. Cela demande beaucoup de patience, de l’attente. Bien des gens abandonnent dès les premières phrases. Les premiers mots. Alors que cet adolescent perdu et à l’imagination débordante est intéressant. Incroyablement intéressant. Sa vision du monde est différente et complémentaire avec celle du commun des mortels. Une vision plus simplifiée. Une vision plus logique. Il faut s’accrocher pour entrer dans son univers. Il faut patienter pour être accepté. Mais après, cela en vaut la peine. Bobby jette un coup d’oeil dans la rue, à la recherche d’un endroit plus propice à la discussion. Un endroit où ils ne gêneront personne. Il n’y en a pas. Pas dans l’immédiat. Pas à une faible distance. Ils vont devoir discuter ici. Alors, il fait barrage entre les gens et eux. Pour éviter les bousculades. Pour éviter les critiques. A ceux qui râlent, il leur répond par un ‘désolé’ pas si désolé que ça. A ceux qui les contournent dans un soupir, il leur adresse un sourire contrit. Il n’est pas désolé, il n’est pas contrit. Il est seulement préoccupé. Sterling examine son propre corps. Vérifie. Observe. “Je... Hm... Oui oui.” Il va bien. Deuxième vague de soulagement. Il laisse échapper un soupir. Sterling n’échappera pas au passage à l’infirmerie. Des médecins doivent le voir, s’assurer qu’il est en bonne santé, vérifier qu’il n’est pas affamé ou déshydraté. Mais à dix-sept ans, il est déjà assez autonome et responsable. Assez indépendant pour répondre à ses besoins primaires. Bobby est sur le point de reprendre la parole. Il est coupé par un geste du gamin. Une main contre l’oreille. Un air concentré. Puis, un doigt sur les lèvres. Bobby le regarde faire. En silence. Il essaye de déceler ce qu’il doit entendre. Ce qu’il doit écouter. Mais rien. Il n’entend que le bruit de la circulation, des conversations. Des bruits habituels en pleine rue. Bientôt, le geste de Sterling lui donne une direction. L’église. Alors, il se tourne dans cette direction, mais même là, il est incapable d’écouter. Incapable de comprendre.

Sterling s’agite. Bobby reporte rapidement son attention sur lui. C’est parfois déconcertant de l’observer agir ainsi. Parfois inquiétant. Parfois paniquant. Au début, c’est ce qu’il ressentait. Il était désarmé face à ces signes d’agitation. Comme si Sterling cherchait à lui faire comprendre quelque chose. Comme si les paroles ne parvenaient pas à sortir. Bobby a fini par se rappeler ses cours. Ne pas brusquer. Ne pas forcer. Laisser les mots sortir. Laisser les idées se formuler. “Il... il y a... ces... ces g... gens là-bas. On on on…” De nouveau, Bobby jette un regard vers l’église. Des gens dans l’église. L’information ne semble pas saugrenue, mais elle n’explique pas le comportement de Sterling. Paniqué. Inquiet. L’adolescent n’est pas dans son état normal. Il se met en marche. Retour en arrière. Bobby le rattrape. “Attends ! Tu vas où… ?” Et il comprend enfin. Il observe l’église. Sterling vaut qu’ils retournent dans l’église pour une obscure raison. Le psychologue n’est pas certain que ce soit une bonne idée. Le jeune homme est sujet aux hallucinations. Il pourrait être sous l’emprise d’une d’entre elles. Il pourrait être inquiet pour quelque chose qui n’existe pas. D’un autre côté, Bobby ne peut pas mettre en doute ses propos, ce serait donner un coup à la confiance établie entre eux. S’il n’y a rien, ils pourront repartir. S’il s’avère que Sterling n’a pas halluciné, Bobby a une raison de plus de le suivre. Un contretemps dans son programme. Un imprévu, la X-Mansion attendra. Il aimerait savoir ce qui les attend là-bas. Il aimerait connaître le pourquoi du comment. Pour se préparer. Pour anticiper. Mais il ne pose pas davantage de questions. Il a appris depuis longtemps qu’il vaut mieux agir qu’interroger. Ils gagneront tous les deux du temps à aller sur place plutôt qu’à tenter d’articuler des mots. Alors, il suit Sterling. Ils manquent de se faire écraser de nouveau. Il aurait pu se transformer en glaçon pour amortir le choc, mais devenir de glace en pleine rue alors que les gens ont peur n’est pas une bonne idée. Il se contente d’avancer rapidement et de s’assurer que son compagnon n’est pas percuté de plein fouet. Ils atteignent l’autre côté de la rue. Il n’a jamais été aussi heureux de retrouver un trottoir. Il laisse Sterling mener la danse. Il est le seul à savoir quelle direction prendre. Ils entrent bientôt dans l’église. A l’intérieur, seuls leurs pas résonnent. Une intrusion sonore dans un silence religieux. Aucune trace de vie, si ce n’est les cierges qui brûlent encore et leur ombre qui se découpe sur le sol. Ses yeux parcourent les lieux, à la recherche d’une explication, d’un indice. Il est peu probable que des gens soient sortis ces dernières minutes. Il y a bien cette pièce qu’il tente d’ouvrir, mais qui est condamnée. Personne ne pourrait y entrer. Personne ne pourrait s’y cacher. Quoi qu’ait vu Sterling, ce n’était qu’une hallucination. Une déformation de son imagination.

Il se tourne vers le jeune mutant. Il a un sourire sur les lèvres. Il déteste cette partie. Celle où il doit mettre le patient face à son délire. Celle où il doit lui faire accepter que c’est faux. Celle où il doit mettre en doute ses propos. “Tout va bien ici, Sterling, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.” Il prend une voix douce. Celle qu’il adopte quand il ne veut pas blesser, quand il fait preuve de tact. Il se doute de la frustration et de l’agacement que cela doit être pour Sterling de ne pas être compris, d’être mis face à la réalité. Il est donc important de ne pas insister sur sa faute, de ne pas lui faire de reproches, de ne pas le disputer. Prendre des pincettes, une expression qui n’aura jamais été aussi véridique. “Tu veux qu’on fasse le tour pour vérifier ?” Il fait quelques pas dans l’église. Il n’y a pas mieux pour débarrasser Sterling de son hallucination, de son impression. S’assurer qu’il n’y a vraiment personne. Vérifier que personne n’a besoin de leur aide. Bobby s’avance au milieu des rangées de bancs. L’endroit est sûrement magique lorsque des messes y sont données. Une fois l’église vidée de ses disciples, elle revêt une ambiance glauque où le moindre son est répercuté sur tous ses murs et créé un écho. “Je t’ai déjà parlé de l’endroit où je travaille ? C’est une école, pas comme l’établissement psychiatrique où tu étais. Là-bas, on aide les mutants à développer leur pouvoir. Tu pourrais venir quelques jours, tu en penses quoi ?” Il lève les yeux vers Sterling. Il connaît son adoration des super-héros. Ces gens qui risquent leur vie pour défendre celles des autres. Ces gens qui sont si populaires et si charismatiques. Enfin, populaire, c’était le cas plusieurs mois en arrière. Plus maintenant. Bobby ne lui a jamais dit qu’il fait partie des X-Men, encore moins que l’école qui l’emploie n’est pas une école des plus normales. “Il y a des gens qui traversent les murs, qui lient dans les pensées, qui voient le futur…” Il continue d’avancer dans l’église. En quête d’une pièce cachée. En recherche d’un signe de vie. Mais rien. L’église reste obstinément silencieuse, vide. Seule la foi la remplit.



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Il est attentif, il essaie d'écouter lui aussi. Il est attentif, mais il n'entend pas. Il est attentif mais il n'y a plus rien, pour l'instant. Il bouge, ce n'est pas lui, ce sont les autres autour. Je ne peux m'empêcher de penser à cet homme, devant le vaisseau. Cet homme perdu entre toutes ses pensées, cet homme asséné de coups, cet homme criblé de passants comme les balles d'une arme maudite. Qui n'arrête jamais de tirer. Je pense à lui et tout s'efface une fois encore. Ne vous en faites pas M. Drake, ils n'existent pas, ils sont les fantômes d'un futur incertain, ils pensent qu'ils peuvent encore tout changer, ils pensent qu'ils peuvent prendre le contrôle. Et le contrôle de vous aussi. Qu'est-ce qui pourrait les en empêcher ? Vous n'êtes rien, ils ne sont rien, je ne suis rien. Qu'un petit tas d'informations, que quelques lignes par-ci, par-là. Je ne suis pas triste, d'être ces petites lignes ici et là, je ne suis pas révolté, plus vraiment effrayé, je suis des petites lignes. C'est bien... C'est bien...

Je suis bien ici, faut-il vraiment en sortir ? Je n'arrive pas... je n'y arrive pas, à me mettre en colère, à vivre cette foule de sentiments qui vous font vibrer, je n'arrive pas à les recevoir et ils ricochent sur moi comme la pluie contre une vitre. Bien sur je suis éclaboussé par moments mais je n'y arrive pas. Ça me frustre, ça me met des coups mais encore là, je ne suis pas en colère, contre ces gens qui veulent nous abattre. Ils viendront tous nous tuer, nous enfermer, ils viendront et ils se moqueront de nos prénoms, de notre colère, de notre amour, de notre pitié, de nos scrupules, de notre culpabilité. Les petites lignes ! À jamais nous serons de simples petites lignes. Ils nous voient comme ça, Bobby et sa sensibilité voit le monde différemment et moi encore différemment. Je l'admire et je le déteste. Je l'envie et je le plains. Tous ces sentiments, les siens et ceux des autres qui viennent l'assaillir sans arrêt. Comment survit-il à tout ça ? Comment peut-il penser à tous ces gens qu'il connaît bien, qu'il connaît peu et qu'il ne connaît pas ? Comment survit-il à leurs voix incessantes, à leurs supplications et leurs questions ? Comment peut-il gérer tant de personnes bien réelles quand moi je me bats avec des idées ?

Je ne suis pas en colère, ce ne sont que des idées qui tournent dans ma tête. J'entends autour de nous que les mutants sont un danger. Et je ne sais pas ce que je dois ressentir. Et quand nous retrouverons ces hommes de mal dans l'église, que devrais-je faire ? Que pourrais-je faire ? Je l'ignore, mais je le ferai. Je ferai ce non-sens, je ferai cette inconscience, je ferai ce brouhaha de mots qui ne veulent rien dire. Alors j'y vais, je crois que M. Drake me parle mais j'y vais. Là-bas, suivez leurs voix, M. Drake, laissez-vous porter un instant. Laissez-les vous guider comme elles sont en train de me guider. Écoutez-les ! Écoutez-la ! Ne craignez rien, ils sont avec nous. Ne craignez rien... M. Drake. J'avance, lui à mes côtés. Elle se rapproche, je la fixe avec un regard vide comme on regarde un film, comme un gros plan qui apparaît à l'écran. Tout simplement.

Je pousse la porte, regarde avec une sorte de surprise vers l'autel pour constater qu'il n'y a personne. Mais ici ! Et ici ! Il y avait ! Et ici ! Je progresse entre les bancs, lève des voiles de poussières sur ceux du fond, les balaie de mes gestes désordonnés. Et là, cette femme... Et là-bas un gamin... je passe les mains sur mon front, j'ai chaud, je sens quelque chose se refermer sur moi. Là-bas, oui là-bas. Je regarde vers M. Drake, je tends les bras sur les côtés. Abasourdi. Je ne me souviens pas avoir pris tant de place d'ailleurs. Je la parcours rapidement, me laisse aller au hasard de mes pas jusqu'à cette porte. Je tire dessus, elle ne s'ouvre pas. Je donne un coup du poing dedans. Elle ne s'ouvre pas. Pourquoi elle ne s'ouvre pas ? Je soupire longuement, essaie à nouveau. Je tire, tire de toutes mes forces. Je peux l'ouvrir. J'ai l'impression qu'ils se moquent de moi, ils doivent être dedans, tous et ils se moquent de moi. Je plaque mon oreille sans rien entendre. Ils se sont tous tus. Personne ne parle, plus personne ne parle. Il n'y a que le silence, que le silence ! Pourquoi personne ne parle ? Mes yeux se remplissent de rage quand mon esprit se noie dans ses propres incompréhensions.

“Tout va bien ici, Sterling, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.” Pourquoi ? Je mets un dernier coup dans la porte. Je n'ai même pas envie de pleurer, j'ai juste envie de... je n'en sais rien, envie de disparaître une fois encore. Je baisse la tête, je suis vaincu une fois encore. Que dois-je faire pour savoir ? Que dois-je faire ? Je me tourne vers lui, gardant la tête baissée. Je dissimule un instant mon visage entre mes mains, le temps de faire un point. Je crois que j'ai compris, c'est juste que je n'aime pas quand je me fais avoir. Je n'aime pas quand ils me font croire ce qu'ils veulent. « Désolé... » entends-je à côté de moi. Comme si mon subconscient se retrouvait face à mon conscient, comme s'ils en étaient venu à compter les points, qui fait le plus mal à l'autre. Tu es désolé ? Pas autant que moi, apparemment. Je retourne en direction de l'autel. Ici, il y avait des gens qui chantaient et c'était beau, c'était la paix. Et plus loin une guerre se préparait. Je serre les lèvres, je secoue la tête. “Tu veux qu’on fasse le tour pour vérifier ?” Non... ce n'était que du vent, que des idées.

Le pire c'est que je me dis maintenant que je n'ai peut-être rien vu le jour où papa « est parti ». Il n'y avait sans doute personne là-bas, il n'y avait personne à côté de sa voiture. Comment je pourrais dire que j'ai vu des gens si dans cette église, maintenant, il n'y a personne ? Je m'assieds sur le sol et regarde M. Drake progresser à son tour entre les bancs. “Je t’ai déjà parlé de l’endroit où je travaille ? C’est une école, pas comme l’établissement psychiatrique où tu étais. Là-bas, on aide les mutants à développer leur pouvoir. Tu pourrais venir quelques jours, tu en penses quoi ?” Au départ, quand il parle d'école, j'ai simplement envie de lui dire – essayer de lui dire – que je ne peux pas. Regardez moi M. Drake, qu'est-ce que je ferais ? Bien entendu, je comprends, je lis, je retiens mais je n'aurai jamais la patience de m'exprimer devant un groupe de personnes, de mon âge qui plus est. Je ne juge pas les autres, je le promets. C'est moi, moi qui n'ai pas de patience avec eux non-plus. Je ne peux pas leur expliquer que je ne sais pas mentir, que je ne sais pas sourire poliment, que je sais pas consoler, que je ne sais pas quoi faire face à leur humanité et leurs réactions. Je ne sais pas comment réagir, ou plutôt comment je devrais réagir. J'aime bien les mots, j'ai adoré écouter des cours de poésie dans mon casque, depuis la maison, mais est-ce que ça rentre en ligne de compte ?

Puis... là-bas on aide les mutants à développer leur pouvoir. Est-ce que j'apprendrai à construire un monde où mes parents seront là ? Est-ce que je saurai bâtir les murs qui me protégeront de ce qui me fait peur ? L'idée de me retrouver avec des tas d'inconnus m'angoisse subitement, autant qu'elle m'excite terriblement. Je me fige, je l'écoute attentivement. Plus rien autour, que le son de sa voix. Je le regarde de biais. J'imagine...  enfin non je n'arrive pas à imaginer un pareil endroit. Est-ce que mes chimères, mes monstres, auraient leur place aussi alors ? Est-ce que je pourrais arrêter de me battre avec eux un moment ? Tous ces inconnus sont des mutants ? Je cligne plusieurs fois des yeux, reste dans cette position assise, le buste vers l'avant, la tête levée vers M. Drake. “Il y a des gens qui traversent les murs, qui lient dans les pensées, qui voient le futur…” Soudain, ses mots déclenchent chez moi un bref rire nerveux. Les imaginer faire ça, ça me fait rire. Je mets les mains devant mon sourire qui s'allonge. Ils traversent les murs ! Ils lisent dans les pensées ! Ils voient le futur ! Je balance la tête en arrière, ça me fait rire de les imaginer faire ça, comme si c'était normal. Je tends la main vers M. Drake. Je lui crée alors une chimère, pour lui. Cette chimère a un visage qu'il ne connaît pas, un jeune homme vêtu d'un jean et d'un t-shirt avec une tête de mort. Cette chimère n'est pas complète, j'ai du mal à créer des gens en entier. Une partie de son corps est noire, comme à cheval entre les ténèbres et la réalité. Il regarde ses mains et ses bras comme je l'avais fait précédemment, comme s'il était vraiment conscient. Je la crée pour vous M. Drake. Son regard s'éclaire. Pendant que je me lève et que j'approche, il avance son visage du psychologue. Il le regarde dans les yeux, mais ses yeux sont vides. Il a le visage bouffi d'espoir mais il n'est pas réel. Il demande à M. Drake : « Ils... Ils traversent les murs ? Ils lisent dans les pensées ? Et ils voient le futur ? Ils font toutes ces choses et personne ne dit rien ? Ils... ils traversent les murs ? » répète-t-il une dernière fois. Il est entre le psychologue et moi, il fait écran. Je le pousse d'un geste de la main, il s'évanouit. Je suis plus près de M. Drake, je fronce les sourcils et demande finalement : « J... je je... peux... » Je gonfle mes poumons, je ne lâche pas « v... voi voi voir ce... cet... cet endroit ? »
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La première étape est d’accepter l’hallucination. Bobby y va doucement, sans jamais pointer du doigt son erreur. Sans jamais le lui reprocher. Sans jamais chercher à le blesser. Tout doit être fait dans la douceur. Il voit déjà l’inquiétude de Sterling. La vérité lui explose en pleine face. Le gamin réalise à ses dépens qu’il s’est laissé avoir. Encore une fois. Il le regarde chercher des preuves, chercher des personnes, chercher quelque chose. C’est douloureux de le voir ainsi, si démuni, si perdu. C’est touchant de l’observer supporter l’échec une nouvelle fois. Il l’aide à chercher. Il l’aide à trouver. Mais il n’y a rien à voir, rien à prendre, rien à faire. Les bancs sont vides. Les allées sont tout aussi vides. Les pièces sont désespérément vides. Ils ne peuvent qu’accepter la réalité. Ils ne peuvent que croire ce qu’ils voient. Il n’y a personne en danger. Personne qui ne demande leur aide. Il n’y a jamais eu personne. Alors, la première étape est terminée. La deuxième étape est d’attirer son attention sur autre chose. La X-Mansion. Parfaite opportunité. Bobby se lance. Il fait attention aux mots choisis. Il veille à aller droit au but, à ne pas faire de détour, à parler des faits. Il sait combien discuter peut être difficile. Les nuances sont presque imperceptibles pour Sterling, tout comme les expressions imagées. Mieux vaut parler clairement et simplement. Il sent qu’il a capté l’attention de l’adolescent. Il sent son regard sur lui, alors qu’il persiste à se promener dans l’église pour tomber sur quelqu’un. Et puis, il y a ce rire. Ce merveilleux rire. Celui d’un enfant qui s’amuse. Celui d’un gamin qui est sincère. Il ne sait pas pourquoi, mais Bobby est convaincu que Sterling ne rit pas beaucoup. En tout cas, sûrement pas en étant enfermé dans un établissement. La preuve qu’ils se sont mépris sur le compte de leur patient. Sterling peut s’ouvrir aux gens, il peut échanger, il peut rire. Il peut être aussi sociable que n’importe qui. Le psychologue arrête ses recherches vaines. Il se tourne vers son compagnon, un sourire aux lèvres. Il y a quelque chose de beau dans son rire. D’innocent, de naïf, d’émerveillé. Un rire tout ce qu’il y a de plus franc et de plus honnête. Il lit la joie et l’étonnement sur son visage. Des émotions qui viennent illuminer ses traits. Oui, il y a bien des gens qui ont des pouvoirs dans cette école. Des gens capables de choses les plus incroyables et les plus belles. Des gens qui ont des pouvoirs insoupçonnés. Des gens que Sterling pourrait rencontrer. A la seule condition qu’il le suive.

Soudain, une forme mi-humaine mi-ténébreuse. Un visage humain, un buste humain, mais un corps de noirceur. Cette personne apparaît comme sortie de nulle part. Bobby sait qu’il ne s’agit pas d’un mutant qui a la capacité de se téléporter. Il retrouve la marque de fabrique de Sterling à travers ce corps pas totalement matérialisé. Il détaille cette silhouette. Il la dévisage. Il n’y voit pas de mauvaises attentions. Il n’y décèle pas un danger. Seulement une présence. Seulement un intermédiaire. Il aime penser que chaque illusion créée par Sterling est une part de lui-même. Il aime croire qu’il y a un indice sur son mal-être ou sur son bien-être. A chaque fois qu’il en voit une, il tente de déceler des détails. Des indices. Des preuves. Il tente de comprendre ce que ressent l’adolescent à ce moment précis. Face à cette image que Sterling lui impose, Bobby ne voit que de l’espoir. L’espoir d’un avenir moins chaotique et plus joyeux. L’espoir de plonger dans un monde de héros. L’espoir. Peut-être beaucoup trop d’espoir. Peut-être que Sterling s’imagine que toute sa vie va être révolutionnée. Peut-être qu’il voit trop loin. Mais il y a de l’espoir et ça, c’est déjà un grand pas. “Ils... Ils traversent les murs ? Ils lisent dans les pensées ? Et ils voient le futur ? Ils font toutes ces choses et personne ne dit rien ? Ils... ils traversent les murs ?” L’émotion perce dans sa voix. Comme autant de rêves qui pourraient se réaliser. Comme autant d’attentes qui pourraient devenir réalité. Bobby ne se trompait pas. Sterling s’imagine un endroit où il sera libre de tout faire, où sa mutation pourra être libérée de toute limite, de toute contrainte. Peut-être qu’il se fait trop d’illusions, lui qui est capable d’en créer de toutes pièces. Peut-être. Mais il sera mieux que dans un asile ou à errer dans les rues de New-York. Il sera à sa place. La vision disparaît. Effacée. Elle n’a jamais été là. Elle n’a été que dans sa tête et dans celle de Sterling. Dans ces moments-là, il ne peut que comprendre comment le jeune mutant en vient à croire ce qu’il voit. A croire en des hallucinations. A se perdre entre réalité, illusion et hallucination. Tout se confond. Il doit faire le tri entre toutes les informations. Ce n’est pas étonnant qu’il se trompe. “Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, tant qu’ils ne mettent personne en danger.” L’Institut n’est pas un paradis sur Terre, un endroit où les lois n’existent pas. Il y a un règlement. Il y a un cadre à respecter. Certains jeunes arrivent sans aucune maîtrise de leur pouvoir. Ils sont dangereux pour eux et pour tous les autres. Dans ces cas-là, les enseignants font le nécessaire pour les accompagner et les aider, dans la mesure du possible. Mais si un mutant fait souffrir délibérément quelqu’un d’autre, la mentalité change, la tolérance disparaît. Ils ne peuvent pas se permettre de s’entre-tuer. Ils ne peuvent pas accepter de violence les uns envers les autres. “J... je je... peux…” Patience. Les mots affluent difficilement. Les syllabes s’entrechoquent. Bobby hoche la tête, l’encourage. Les conversations sont tellement faciles pour tout le monde qu’on en oublie que discuter relève d’un mécanisme particulier. Pour certains, bavarder est naturel. Pour d’autres, cela s’apparente à une épreuve. “v... voi voi voir ce... cet... cet endroit ?” Il a la conviction qu’il n’aurait pas pu rendre Sterling plus heureux qu’à ce moment précis.

Il ne se rappelle pas l’avoir vu aussi enjoué depuis des mois. Depuis que son père est mort. Parfois, une simple opportunité peut créer un déferlement d’émotions. Sterling qui est si souvent renfermé et inexpressif se retrouve joyeux. Le changement est rapide. Bobby ne s’enthousiasme pas. Quand l’adolescent sera au milieu de dizaines d’autres personnes, il aura sûrement besoin de s’adapter, de s’isoler. Pour l’instant, Sterling ne voit que le côté positif de la nouvelle. Il risque de tomber de haut lorsqu’il verra le nombre de pensionnaires qui sont déjà présents. “Bien sûr que tu peux venir ! Si tu t’y sens bien, on pourra même te faire de la place.” Si il s’y sent bien. Sinon, retour à la case départ. Le ramener dans son établissement psychiatrique est hors de question. Mais quelle autre solution reste-t-il ? Aucun hôpital n’est capable de prendre un charge un mutant et même si c’est le cas, le personnel refuserait en raison des récents événements. Il ne reste plus que l’Institut. Sa dernière chance. “Je sais que les cours ne sont pas forcément faciles pour toi, mais il y en aura. Les profs sont sympas et tu pourras demander de l’aide aux autres.” Parce que Sterling aura une vie en dehors de l’Institut. Un jour, il trouvera un travail qui lui correspond. Il aura besoin de ces connaissances pour faire son chemin dans le monde. On peut avoir des troubles d’autisme et être un employé exemplaire, Bobby en est convaincu. Alors, peu importe le rythme auquel il apprendra, il devra les suivre et s’y tenir. Il n’y aura pas de traitement de faveur pour lui. “Tu es toujours intéressé ?” Il doit s’en assurer. Il doit vérifier qu’il ne contraint pas Sterling. Il doit avoir la certitude que c’est ce qu’il lui faut.



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J'imagine l'endroit, du moins j'essaie. C'est une immense salle, cet endroit serait comme une salle gigantesque avec des balcons vides sur les côtés, bien en hauteur. Une seule porte qui viendrait du fond et une sortie côté cour et une sortie côté jardin. Deux allées qui ne seraient pas couvertes de ces tapis rouges qui décorent toutes les salles de spectacles depuis des decennies. Aux premiers rangs, quelques inconnus. Et sur la scène, eux.

J'imagine l'endroit, du moins j'essaie. Au plafond, peut-être des dessins. Pas de somptueuses peintures, de magnifiques gravures, des œuvres si magistrales qu'elles vous plongent dans l'extase de leur contemplation, uniquement des dessins. Un pour chaque élève de cet endroit. Des dessins faits avec de la craie qui salit les doigts, des dessins de crayons de couleur un peu gras, des dessins au feutre à pointe trop large, des dessins avec des bâtons de fusain, des tas de dessins. Les sièges ne sont pas numérotés, ils sont neufs comme si personne ne s'y était jamais assis. Quelques programmes aux pages blanches les habillent discrètement, comme les livrets de messe sur ces bancs. La scène, oh oui la scène. Les planches sont usées, le bruit des pas chaque matin les effraie et le bois craque de soulagement quand vient la fin de la représentation. C'est comme ça que je verrais cet endroit, en fait. Comme une salle de spectacle où il n'y a que des acteurs avec des rôles incroyables. Mais ce qui m'étonne – m'émerveille – c'est que les rôles qu'ils endossent... ne sont pas des rôles. Ça ne semble pas poser de problème. Aucun problème.

M. Drake ajoute une précision... “Ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, tant qu’ils ne mettent personne en danger.” Mon pouvoir est passif, à mon sens. Mon caractère l'est aussi. J'imagine bien que certains dons peuvent blesser, peuvent tuer mais je ne vois pas pourquoi. J'ai entendu ce qui s'est dit sur les attentats de février mais ces considérations de races et d'espèces me dépassent. Ça ne m'intéresse pas. Forcément, je me suis déjà interrogé sur les possibilités de mon pouvoir mais il est un prolongement de ma personnalité, il est une extension de moi alors je ne me vois pas l'utiliser pour blesser les autres. Au mieux, m'exprimer à travers lui et me mettre à l'écart ; au pire, effrayer quelqu'un... Lire les pensées ne doit pas être évident tous les jours. Ou voir le futur, ou traverser les murs. Ou contrôler le feu... ou contrôler le sang... ou changer de forme... je réfléchis, je me demande ce qui se passe quand leur pouvoir les dépasse. Est-ce qu'ils perdent aussi la raison, est-ce qu'on leur dit qu'ils doivent tout arrêter ?

Tout arrêter. Ne pas faire ceci. Ne pas faire cela. Est-ce qu'un jour, ça devient si facile qu'on peut décider de ce qu'on fait ? Je sais bien que je contrôle mon pouvoir, mais parfois, il donne l'impression du contraire. Et parfois, je préfère ça... Mais je sens que je voudrais les voir, je voudrais pouvoir les approcher. Pas comme des bêtes de foire, je ne pense pas ça. Cet endroit dont il me parle, je le vois comme cette salle de spectacle privée de spectateurs où il n'y a que des acteurs. Quelques metteurs en scène sans doute, sur les premiers rangs, qui doivent vérifier que personne ne fasse un mauvais pas et ne tombe de cette scène. Cette scène, c'est celle de tous les dangers. Tout le monde se serre dans un espace restreint. Cette scène est comme au dehors, des gens marchent, ils se donnent des coups de coude, ils se lancent des regards, ils rient et parfois ils crient. Ils connaissent tous les codes et les réponses à apporter. Ce doit être pour ça que parfois, ils se mettent en danger, parce qu'ils montent sur scène avec tous ces sentiments encombrants qui ne leur permettent pas de bouger sans cogner dans les autres. Et là...

Mais j'ai envie, j'ai profondément et intensément envie de voir ça. Parce que cette perspective me fait quelque chose... je ne saurais pas mettre des mots dessus. Je n'ai pas la prétention d'en faire partie, je ne veux pas les déranger dans leurs vies bien réglées. Je sais que je suis maladroits avec les horloges d'Aloysius, je ne veux pas briser les leurs. Leurs vies sont telles qu'ils les ont voulu, je ne veux bloquer un rouage, tout détruire. Je lève les yeux vers des vitraux qui profitent des rayons du soleil pour diffuser des jeux de couleurs qui lèchent une partie du sol. J'y dépose mon regard un instant. Mon index vient caresser frénétiquement ma lèvre inférieure après que j'ai pu poser ma question au prix de nombreux efforts.

Mais M. Drake sait attendre, il sait mettre les secondes de la vie entre parenthèses. “Bien sûr que tu peux venir ! Si tu t’y sens bien, on pourra même te faire de la place.” Il me répond avec une sorte de... peut-être d'enthousiasme dans la voix. Je regarde son visage. Je n'y lis rien, je regarde à nouveau sur le sol. Je tends la main dans cette direction en essayant de rester concentré sur ce qu'il me dit. Je voudrais bien faire se lever les couleurs, les faire danser. Je voudrais qu'elles reflètent ce que j'ai l'impression de ressentir. Mais je me contente d'ouvrir et fermer doucement mon poing en les regardant. Les imaginer bouger me suffit, bien au-delà de créer une illusion. Me sentir bien. Je ne sais pas de quoi j'ai besoin réellement. Je frotte mon visage, je n'arrive pas à me faire une liste. Sans doute des moments de silence, de silence visuels. Ça vous paraît ridicule ? C'est juste que le bruit, je peux bien m'en séparer. Je peux dresser des murs entre eux et moi. Mais juste, plus de mouvements, plus de demande d'attention. Mes besoins primaires, bien sur que je les connais. Mais je crois que... Si je sais de quoi je peux avoir besoin, une fenêtre qui s'ouvre, vraiment. Pas comme à la maison, pas comme à l'hôpital, pas comme ailleurs. Juste une fenêtre.

“Je sais que les cours ne sont pas forcément faciles pour toi, mais il y en aura. Les profs sont sympas et tu pourras demander de l’aide aux autres.” je lève les yeux, regarde à droite, à gauche. Je pourrais sourire à cette idée. Les cours, ce sont une liste d'informations qu'il faut lire, qui se basent sur des acquis que je n'ai pas forcément, des demandes d'interventions orales desquelles je ne suis pas particulièrement friand. Pour moi, ce sont des personnes derrière un ordinateur qui m'envoient les informations que je devrais connaître, pas plus. L'école me plaisait quand j'étais plus jeune. Forcément je ne retenais pas tout mais les informations qui me restaient me plaisaient.

Apprendre, oui j'aimais bien ça. Mais depuis, c'est devenu très abstrait et je n'aime pas ce qui est abstrait. Je sais taper sur un clavier, je peux communiquer via une conversation skype, je sais lire, compter, je sais situer, je sais me projeter mais des professeurs humains, je n'en ai pas vus depuis un petit moment. Et quand il me dit que je pourrai demander de l'aide aux autres, j'écarquille les yeux. Je regarde dans le vide avec de grands yeux. Sur cette scène que j'imagine, il y a les autres. Je me vois dans l'allée, debout, insomniaque à les regarder vivre leur vie. Je ne me vois pas trop intervenir pour en faire partie. Bien entendu, je ne vais pas m'écrouler s'il y a des personnes autour de moi mais intéragir directement avec cette masse sans nom qui est « les autres »... ça m'angoisse quelque peu. « Les autres »

Je hausse des épaules. Je ne peux pas m'en prendre à cette bulle de confort de laquelle j'ai voulu sortir et la regretter maintenant. Ce. N'est. Pas . Cohérent. Je fronce les sourcils. Les autres. Cette foule informe. Les autres. Je hausse de nouveau des épaules. J'ai envie de lui dire que je n'y arriverai pas. Cette perspective me semble maintenant innatteignable. J'ai été rêveur, ambicieux, j'ai été stupide. Je voudrais voir l'endroit mais je ne suis pas certain de pouvoir en faire partie. Je peux essayer, je rêve d'écouter quelqu'un parler de voyage, de pays, de molécules, de poésie. Ça me fait vraiment envie mais qu'en sera-t-il ensuite ? Je frotte mes paupières de mes pouce et index. Et je lui chuchote en prenant mon temps cette dernière question à laquelle il a déjà répondu. Est-ce que je peux voir cet endroit ? Je ne peux pas promettre la suite, je ne peux pas conclure cet engagement... Je ne peux pas encore, je ne crois pas.

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Aider Sterling. C’est une chose qui lui a semblé importante depuis que le Professeur lui a parlé de ce mutant pas comme les autres. Depuis qu’ils se sont rencontrés pour la première fois. Depuis qu’ils ont commencé à discuter. Sterling est différent des mutants qu’il a rencontrés. Pas parce qu’il a des troubles, mais pas qu’il fonctionne autrement. Il a sa propre façon de penser, de se comporter, de parler. Il est un être unique qui a su grandir sans se préoccuper de l’avis des autres, sans se soucier des problèmes du quotidien. Innocent et encore naïf. Il est loin des autres pensionnaires de son âge. La plupart ont déjà vécu des événements traumatisants. La majorité a été persécutée, chassées. Ils ont grandi rapidement. Bien trop rapidement. Pas Sterling. Ses parents sont parvenus à le préserver. Ils ont réussi à conserver cette lueur naïve dans son regard. Même en étant enfermé dans une chambre impersonnelle, le gamin a réussi à garder son innocence. Il est resté le même, quoiqu’un peu drogué par les médicaments. Aujourd’hui encore, alors que Bobby lui parle d’un Institut où il pourrait vivre, cette lueur existe. Le psychologue la voit. Il lit la joie sur son visage. Il lit l’espoir. On pourrait croire qu’il lui a proposé d’aller voir les décors d’Harry Potter ou de regarder le dernier Disney. Mais non. Il lui parle seulement d’un lieu où Sterling pourrait vivre tranquillement. Où il pourrait avoir un foyer, des amis, une famille. Des choses que le mutant n’a plus depuis longtemps. Bobby aurait aimé avoir cette même joie quand il a découvert l’existence de la X-Mansion. Quand Scott est venu le chercher. Il aurait aimé ressentir autant d’enthousiasme et d’excitation. Au lieu de cela, il était effrayé, paniqué. Il ne voulait pas partir loin de sa famille. Mais la foule de voisins qui l’attendait à l’entrée du commissariat l’avait obligé à choisir une autre voie. Une autre solution. Il était parti avec Scott par dépit. Par obligation. Il laisse le choix à Sterling de le suivre. Il lui donne l’opportunité de décider. Le jeune mutant a la chance de ne pas être poursuivi. Il a la chance de pouvoir décider. Même si être encadré et suivi par un psychologue est nécessaire, Stelring pourrait très bien vivre seul. Il pourrait très bien se débrouiller. Il pourrait. Mais il n’a a même pas la majorité. Il n’a même pas l’âge légal de boire. Le mieux serait que Bobby l’emmène avec lui. Néanmoins, il sait que cette décision doit revenir au garçon. Pour ne pas le perturber. Pour ne pas le brusquer. Pour qu’il soit heureux. Tout simplement.

Le silence est revenu dans l’église. Un silence pendant lequel Bobby ne quitte pas son jeune patient des yeux. Il surveille la moindre expression. Le moindre signe d’émotion. C’est rare de lire quoi que ce soit sur son visage, mais Bobby ne perd pas espoir. Parfois, un simple mouvement, un simple regard peut être tout aussi expressif qu’un sourire. Et c’est ce qu’il voit. Le regard fuyant. L’angoisse qui l’envahit. Les sourcils froncés. Il y a quelque chose qui dérange Sterling. Il y a quelque chose qui le perturbe. Alors, Iceman se rapproche. Il le rejoint. En temps normal, il l’aurait conduit jusqu’à un banc pour s’asseoir, il se serait assis à côté de lui ou se serait accroupi devant lui. Il aurait essayé de le rassurer, de le réconforter. Il aurait tenté d’apaiser les craintes et de faire naître l’assurance. Pas avec Sterling. Il ne peut pas le toucher. Il ne peut pas croiser son regard. Ça ne fonctionne pas ainsi. Il se rapproche quand même. Il se doute de ce qui le dérange. Les autres. Les pensionnaires. Les contacts humains. Le monde. Sterling a passé de nombreuses années loin des autres, loin de stimulation sociale. Il est bien mieux dans son univers de solitude. “Je sais que c’est effrayant, mais tu ne seras pas obligé de côtoyer les autres. Il y a assez d’espace pour te permettre d’être seul.” Le laisser se renfermer et devenir solitaire n’est pas dans les plans. Ce n’est pas le but de sa venue. Mais ce sera un premier pas pour s’habituer à ce nouvel environnement. Les choses se feront doucement. Lentement. Au rythme de Sterling. En dévisageant le jeune homme, Bobby réalise qu’il ne s’est pas senti aussi utile depuis longtemps. Depuis plusieurs semaines. Il ne peut rien faire face au désarroi et à la panique des élèves de l’Institut. Il ne peut rien faire contre la haine de chacun. Par contre, il peut aider Sterling. Il peut lui montrer la bonne voie. Il peut l’accompagner dans son évolution. Il le peut. Ce doux sentiment d’être utile être satisfaisant. Il lui ferait presque oublier qu’il ne sert à rien, face aux changements de la société. “On a des jardins, des terrains de sports et un super lac.” Des endroits tranquilles. Des endroits où il est facile de chercher le calme. Des endroits agréables. Le lac. Peut-être que le lieu ne sera pas si calme et paisible que cela, avec Snow dans les parages. Elle en a fait son terrain d’entraînements. Mais il lui fait assez confiance pour vérifier qu’il n’y a personne aux alentours avant de commencer ses séances intensives.

Depuis qu’il y vit, il n’a jamais eu le sentiment d’étouffer. Il n’a jamais ressenti le besoin de s’éloigner, de s’isoler. Il y a beaucoup d’étudiants, oui, mais le domaine est assez grand pour qu’ils ne se marchent pas dessus. Sterling aura peut-être un autre ressenti, une autre sensibilité. Peut-être qu’il se sentira rapidement écrasé par le nombre de personnes qui y vivent. Il laisse quelques secondes s’écouler, avant de reprendre la parole. “Voilà ce que je te propose : tu viens une journée ou deux. Tu visites l’Institut et après, tu me dis si tu veux rester ou pas. Tu seras libre de partir n’importe quand. Est-ce que ça te semble correct ?” A aucun moment, il ne forcera Sterling à rester. A aucun moment il ne l’obligera à s’intégrer rapidement. Ce n’est pas ainsi que l’Institut fonctionne. Chaque nouveau mutant évolue à son rythme. Chacun doit prendre ses marques, doit s’habituer, doit apprendre à vivre à la X-Mansion. Chacun y va à son propre rythme. Certains mettent plusieurs années à s’ouvrir. D’autres ont seulement besoin de quelques jours. Dans le cas de Sterling, il ne pourra le retenir contre son gré. Il faut que ça se fasse dans son sens, sinon il ne se sentira jamais bien à l’Institut.



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L'espace. Assez d'espace. J'imagine soudain la scène qui s'agrandit, ça me permet de respirer un peu mieux. Je gonfle mes poumons d'un peu plus de confiance. Sous mes yeux médusés, la scène s'agrandit. Ils ne se cognent plus, ils ne se lancent plus ces regards, ils ne se font plus ces réflexions. Elle grandit, encore, jusqu'à perte de vue. Les sièges disparaissent, il n'en reste que quelques rangées. Je regarde autour de moi, c'est comme si je n'avais jamais vu cette scène, comme si je n'avais jamais entendu ces gens ici. Pourquoi sommes-nous venus ici ? Je frotte mes mains l'une contre l'autre, essayant de réchauffer l'extrémité de mes doigts.

Confiance. Quand décidez-vous de faire confiance aux autres, quand prenez-vous cette précieuse décision de mettre votre vie entre leurs mains ? On dit que la confiance s'acquiert. Beaucoup ne font pas confiance, ils attendent de voir cette lueur de vérité dans le regard des autres. Ça me met profondément mal à l'aise d'aller chercher cette lueur. Mais parfois, alors que je ne supporte pas qu'on soit intrusif avec moi, je conçois que je puisse l'être avec les autres. Parfois, en dépit de ce blocage physique, j'ai envie de les comprendre. J'ai envie de les découvrir, comme on découvre progressivement des terres hostiles. Un pas après l'autre, doucement, sans brutalité. Un peu à l'aveuglette. Instinctivement, je fais confiance aux autres, tant que chacun reste dans sa zone de confort... tant qu'ils restent loin de la mienne pour être honnête. Je n'ai jamais pensé que je pouvais poser des problèmes. Quand on m'a parlé d'un foyer, ça m'a effrayé mais je me suis dit que je m'enfermerais dans ma tête. Mais ils sont toujours là. À un semblant d'agressivité, à une gifle j'ai réagi de façon un peu démesurée peut-être. Peut-être. Alors oui, j'ai fait apparaître du sang sous sa gorge, oui j'ai inventé le bruit des bulles d'air qui luttent contre l'hémoglobine, oui j'ai crée le bruit du liquide brûlant qui s'écoule. J'ai imaginé la douleur et j'ai crée les images et les sons qui pourraient l'accompagner. Confiance. J'ai fait confiance quand on m'a dit... des tas de choses. Je ne blâmerai pas celui qui me dira qu'il n'y a pas de place pour moi, s'il ne me ment pas. Confiance, peut-être que la confiance n'est qu'une corde, ou un fil qui prend des coups de lames de temps à autres. Dans les mains de M. Drake, je ne vois aucune lame, je ne vois rien de tranchant, jamais.

L'espace. Je hoche de la tête. J'ai envie de le croire, j'ai envie que les images qui me viennent en tête correspondent à la réalité. J'en ai tellement envie. J'ai envie que tout soit ordonné. À la maison, ils ont tout retourné. Les petites cuillères sur le sol de la cuisine, à côté des couteaux, à côté d'une passoire, à côté de papiers. Dans le bureau, tout était chiffonné, froissé, déchiré, éparpillé. Je saisis un pan de mon t-shirt sur lequel je passe le bout de mon index. Qu'est-ce qu'on peut chercher avec autant d'intensité, si ce n'est un peu de paix ? Est-ce que M. Drake fréquente ces jardins, ces terrains de sport, ce super lac ? Est-ce qu'il lui arrive d'y chercher de la paix, et surtout, de la trouver ?

Un peu de paix. Je sais nager, je sais nager depuis que je suis tout petit. Quand ma mère pensait encore qu'elle n'avait pas fait... le nécessaire pour que je sois bien, elle m'emmenait à la piscine, juste une demi-heure avant la fermeture, durant la semaine. En y repensant, c'était pour ainsi dire nos seuls moments de contact. Je regardais mon corps dans l'eau et c'était comme s'il n'était plus tout à fait le même. J'aimais voir ma main avancer avec un peu plus de difficultés, dans l'eau que dans l'air. C'était passionnant pour moi de prendre ses doigts à travers les miens. Elle avait un magnifique sourire, elle avait un sourire franc, juste magnifique. Je ne peux pas lui en vouloir, tout ce qu'elle a laissé derrière elle a été embelli par le temps. Même ses larmes de chagrin, de déception ou de désespoir m'apparaissent désormais comme des perles. Je voudrais lui montrer qu'elle n'a plus à pleurer maintenant, quel que soit l'endroit où elle a trouvé refuge. Je voudrais pouvoir tremper ma main, protéger ma peau d'une eau claire, et caresser simplement sa joue pour qu'elle n'ait plus jamais envie de pleurer. Pleurer, est-ce utile ? De quoi est-ce la démonstration ? Je tends la main dans sa direction. Il est à côté de moi, tout proche. Je tends les doigts avec une grande délicatesse – autant dont je peux faire preuve du moins – et effleure sa joue du bout des doigts. Je serre le poing. J'ai envie de lui poser une question. Des tas de questions. Mais les efforts que ça demandera m'en décourage un peu. Beaucoup.

Confiance. Je balaie son visage du regard, dirige ensuite le mien vers la porte. « Vo.. vo... vous vous s... vous... savez... nnnn... nager ? » Je frotte mes yeux, prends une profonde inspiration. Frixion entre mes mains que je laisse finalement retomber le long de mon corps, j'essaie de les tenir là quelques instants supplémentaires. Puis je fais un pas sur le côté. “Voilà ce que je te propose : tu viens une journée ou deux. Tu visites l’Institut et après, tu me dis si tu veux rester ou pas. Tu seras libre de partir n’importe quand. Est-ce que ça te semble correct ?”

Espace. Confiance. Espace. Paix. Confiance. Ce sont les mots qui tournent dans ma tête, à cet instant précis. Parce que j'ai plus confiance en lui qu'en eux. « Nous ? Oh pourquoi tu dis ça ? Parce qu'on a voulu le prévenir ? On a entendu les informations, toi et moi. Ils vous dévasteront. » Je secoue la tête, cale mon index sur ma tempe. Taisez-vous. Je ne dois pas laisser ma peur guider mes pas. « Est-ce qu'il a l'air heureux ? Regarde son visage Sterling, confronte-toi aux traits de son visage et essaie de savoir, essaie de comprendre, essaie de deviner. Ou marche, jusqu'à ce que tu en crèves. » Mon visage se crispe. « Ou... oui... S'il s'il s'il... trois trois trois, s'il vous p... plaît. » S'il vous plaît, et merci. Parce que... qu'est-ce que je peux faire sinon ? Marcher ? Marcher ?
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Les contacts avec Sterling sont rares. De petites étincelles. De petits indices d’affection. Des pépites semées au gré du vent. Il ne s’attend pas à cette main qui vient l’effleurer. Il ne s’attend pas à ces doigts qui viennent conquérir sa joue. Il ne s’y attend pas, mais il ne recule pas. Il laisse faire. Il la laisse venir. Il la laisse toucher, palper, repartir. Il ne s’y attend pas et c’est cela qui est beau. Aucun geste n’est calculé, réfléchi. Tous les gestes de Sterling sont spontanés, sincères. La sincérité. Toujours la même chose. Toujours le même constat. Si les gens étaient davantage comme ce gamin et moins égoïstes ou manipulateurs, le monde serait tellement plus agréable. Tellement plus convivial. Parfois, il se demande quelle société ils vont laisser aux prochaines générations. A celles qui ne sont pas encore nées. A celles qui ouvrent seulement les yeux. A celles qui sont encore pleine d’innocence. Il se demande. Il ne trouve pas de réponse. Il ne peut qu’espérer que ce sera mieux. Mieux que des attentats. Mieux que de la haine. Mieux que le règne par la différenciation. Il l’espère. Peut-être qu’un jour, ils trouveront la paix dans la différence. Peut-être qu’ils trouveront l’équilibre dans les oppositions. Peut-être. En attendant, il ne peut que continuer son travail. Il n’a pas assez d’influence pour permettre au monde entier d’ouvrir les yeux. Il en a assez pour guider des jeunes mutants perdus. “Vo.. vo... vous vous s... vous... savez... nnnn... nager ?” Il sourit. Un sourire en coin. Est-ce qu’il sait nager ? Il l’a su, à une époque. Il a appris dans le lac où ses parents les emmenaient, ses frères et lui, pêcher et pique-niquer. Il a appris, oui. Il se rappelle encore l’eau froide, l’eau qui rentre dans sa bouche, le goût bizarre sur sa langue, les rires de ses frères. Il s’en souvient. Et puis, il a appris bien mieux que ça. Il a appris à marcher sur l’eau grâce à la glace. Il a failli tuer son père dans la découverte. Il a failli perdre la tête devant la haine des autres, mais il sait maintenant. La glace vibre en lui. La glace fait partie de lui. “A quoi bon savoir nager quand on peut geler n’importe quelle surface ?” Il n’a jamais parlé de ses pouvoirs à Sterling, comme il ne lui a jamais parlé des X-Men. Il a toujours voulu séparer les deux. Il a toujours voulu être l’ami de son père. Il ne venait pas voir le jeune homme pour parler mutation, mais pour parler. Juste parler. Alors, il a toujours laissé de côté sa deuxième apparence, toute de glace. Il s’est toujours concentré sur Sterling. Un jour, il lui montrera. Peut-être même aujourd’hui. Peut-être même dans quelques heures. Il lui montrera et lui prouvera que les mutants sont acceptés tels qu’ils sont à la X-Mansion.

Pas besoin d’avoir peur d’être restreint. Pas besoin d’avoir peur du jugement des autres. Ils ont tous eu l’impression d’être des monstres à leur arrivée. Ils ont tous des pouvoirs plus ou moins effrayants, plus ou moins inquiétants, plus ou moins normaux. Ils ont appris la tolérance en même temps qu’ils ont découvert le racisme. Sterling sera accepté. Peut-être un peu difficilement à cause de sa solitude, mais il sera pris sous l’aile de quelqu’un. Bobby est confiant. Alors, il enchaîne. Il lui fait une proposition. Deux jours de découverte. Deux jours d’exploration. Deux jours pour se sentir bien dans les couloirs de l’Institut. Deux jours pour s’approprier les lieux. Deux jours pour décider. Pas un de plus. Il ne voudrait surtout pas le forcer. Il ne voudrait surtout pas le retenir contre son gré. Deux jours sont suffisants pour savoir. Deux jours sont assez pour prendre une décision. Il attend une réponse. Il essaye de lire les pensées de Sterling. Il essaye de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. Il essaye. Mais une nouvelle fois, il regrette de ne pas avoir de pouvoir télépathique. Tellement plus simple. Tellement plus commode. Surtout quand on est face à un patient qui souffre d’hallucinations. Surtout. Il observe la tête se secouer. Il suit le doigt se planter dans la tempe. Quelque chose ne va pas. Encore. Un débat intérieur, peut-être. Une grande réflexion probablement. La décision n’est pas facile. La décision n’est pas simple. Mais elle est la première d’une longue série. Sterling découvrira qu’en grandissant, il devra en prendre plein d’autres. Certaines changeront sa vie. D’autres seront futiles. La vie est faite de choix. Elle est faite de dilemme. C’est ainsi que l’on sort de sa zone de confort et que l’on explore l’univers. “Ou... oui... S'il s'il s'il... trois trois trois, s'il vous p... plaît.” Il fronce des sourcils. Trois ? Il ne comprend pas. Il n’est sûrement pas le destinataire de ce message. Il n’est sûrement pas censé comprendre de quoi il s’agit. Dans tous les cas, son ‘oui’ lui suffit. Il n’en faut pas plus pour le réjouir. Sterling ne sera pas abandonné en plein New-York durant les prochaines heures. Il va pouvoir manger convenablement. Il va pouvoir se reposer. Il va être en sécurité. Ce n’est pas négligeable. “Super ! C’est vraiment chouette comme endroit.” Il a l’impression de parler d’un parc d’attractions. D’un lieu de vacances. D’un hôtel de rêves. Mais non, il s’agit seulement du lieu où il vit. Du manoir où il a grandi. De l’endroit où il travaille. Pour certains des pensionnaires encore réfractaires, l’Institut s’apparente à une prison de laquelle ils ne peuvent pas sortir. En théorie. Personne ne les empêche d’ouvrir le portail et de s’en aller. Personne ne les retient. Ils le disent seulement pour la forme. Ils le disent seulement pour se convaincre qu’ils pourraient être mieux ailleurs. C’est rarement le cas.

Qui voudrait retourner dans un foyer où les regards sont soupçonneux et méfiants ? Qui voudrait vivre dans une ville où vous êtes traité comme un monstre ? Personne. A moins d’avoir un amour-propre qui frôle le néant. “La voiture est garée à quelques mètres, tu me suis ?” Il espère juste que le gamin n’est pas malade en voiture. Ce serait dommage. Ce serait mal commencé cette nouvelle aventure. Il fait signe à Sterling de le suivre. Imaginer le jeune homme dans les couloirs du manoir à quelque chose de surréaliste. Ils se sont toujours vus dans un cadre précis. Chez ses parents, puis à l’hôpital. Ils ne sont jamais sortis de ces décors. Jusqu’à aujourd’hui. La rue et l’église. Maintenant, la voiture et la X-Mansion. Finalement, il y a encore beaucoup de choses qu’il ne connaît pas sur le gamin. Ils vont pouvoir se découvrir davantage. Ils vont pouvoir échanger autrement, différemment. Néanmoins, le plus dur reste à venir. Il est parvenu à le retrouver. Il est parvenu à le convaincre de visiter l’école. Il reste à réussir son intégration. Le plus dur. Le plus important. Le plus difficile. Peut-être que le Professeur pourra l’aider, en accédant à ses pensées. Peut-être. Il sait déjà que les prochains jours seront chargés. Il sait déjà qu’il aura beaucoup moins de temps pour ses autres patients. Sterling sera sa priorité. Il sera sa préoccupation première. Tant pis pour Snow et Johanna qui réclament qu’il fasse attention à lui. Il prendra le temps un autre jour. Quand il sera à la retraite. “Tu vas voir que ta mutation n’est pas celle qui pourrait effrayer le plus.” Il y en a d’autres. Des plus mortelles. Des plus dangereuses. Sterling et ses illusions peuvent faire peur. Ils peuvent effrayer. Ils peuvent inquiéter. Ils peuvent paniquer. Mais pas sans raison. SI Sterling en vient à créer des illusions perturbantes, c’est uniquement parce que la personne en face l’a cherché. Ils sortent de l’église. Ils ne sont qu’à une centaine de mètres de la voiture. Le calme de l’église cède la place au vacarme de la rue. Il baisse le regard sur le gamin. Inquiet. Soucieux. Préoccupé à l’idée que ce changement d’ambiance puisse le décourager. Alors, il cherche à attirer son attention sur autre chose. Il cherche à faire la conversation. “Je t’ai déjà dit que je gelais les choses ? Je te montrerai quand on sera arrivés.” Il n’y a qu’à de rares moments où il arrive à apprécier son pouvoir. Où il arrive à accepter son apparence de glaçon. Quand il peut émerveiller, quand il peut éviter de mourir. On ne peut pas être psychologue et être exempt de tout complexe et de toute faiblesse.




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Quand les sportifs remportent une compétition, ils sourient. Quand les vainqueurs se retrouvent face à leur victime ou leur proie, ils sourient. Quand quelqu'un sort une plaisanterie qui le fait rire, les autres sourient. Sourire est devenu un code social, en plus de l'expression d'un sentiment, d'une émotion aussi futile que véritable. On veut faire passer des messages sans employer les mots, on veut faire comprendre sans dire. Et dès lors, on peut reprocher aux autres de ne pas avoir capté les signes, compris les messages, déchiffré les codes secrets. Tant de stratégies qui doivent les user, les fatiguer et les mettre à genoux. Pourquoi lutter ainsi contre les mots quand il vous sera plus facile de les prononcer. Les mots, il n'en a pas peur, il a déjà prouvé que chaque situation a ses mots. Distance. Patience. Compréhension. Maîtrise. Apprentissage. Encore un peu de Patience peut-être. Le temps ne m'est pas compté. Les jours qui fanent ne me font pas peur. J'aime regarder les saisons se succéder, courir sans jamais se croiser. J'aime que notre monde tourne, que tout avance sans s'arrêter. J'aime observer la rotation du monde, sous mes yeux immobiles. C'est stupide de penser ça, j'imagine.

Sur le visage de M. Drake, les saisons se succèdent aussi. Un printemps gorgé d'espoir, d'images, de propositions, un été de sourire après l'automne de l'inquiétude, après l'hiver du néant. Dans quelle saison se trouve-t-il désormais ? Parce qu'il sourit, il sourit en ce moment. Ses yeux partent loin, à son tour. Peut-être qu'il repense à ces moments d'apprentissage, de bons ou de mauvais souvenirs. Geler les surfaces ? À quoi bon ? Mais parce que.... trop de choses me viennent en tête. Parce que c'est bon de ne plus sentir le poids de son corps, c'est fascinant d'évoluer dans un univers qui va au ralenti. C'est magique, fantastique, juste fascinant. Pourquoi vouloir marcher sur l'eau ? Pourquoi remettre en question son équilibre, la maîtrise de ses pas et... Geler n'importe quelle surface, c'est bien ce qu'il a dit ? C'est ce qu'il a dit. Je me mets à le fixer, à me représenter ça. Du moins j'essaie.

À quoi bon ? Parce que... l'eau n'est pas un obstacle à traverser. C'est simplement l'immobilité, c'est prendre l'aiguille des secondes et la faire ralentir. Je me demande comment M. Drake gèle... l'eau. Est-ce que ça s'est imposé à lui, brutalement ? Combien a-t-il brisé de verres avant de pouvoir en prendre un en main ? En fait, je n'avais pu penser que M. Drake était un mutant. On a sans doute tendance à enfermer les gens dans des cases et je dois le faire aussi. Je ne pensais pas. Je voudrais prendre ses mains dans les miennes, les regarder posément, aussi longtemps que j'ai regardé les miennes. Des secondes, des minutes, des heures, des jours... dans la simple contemplation de ces mains, vecteurs de la personnification de la folie. C'est avec les mains que les rêves s'ancrent dans le réel. Pourquoi la glace, et lui ? Je me penche sur un nouvel examen du psychologue, avec attention. Je ne me dis pas que cela pourrait être mal perçu, cette observation, ces considérations ne me passent pas par la tête en général. Le sérieux vient habiller mes traits. En fait, je crois que je suis surpris, je crois. Je ne sais pas vraiment.

Le gèle, c'est la neige. C'est l'hiver, c'est un manteau blanc sur les plaies du monde. Je n'arrive pas à me dire que les mutations peuvent être mauvaises. Mes yeux se fixent un instant sur ses mains, j'imite la position dans laquelle il se tient. Je ne sais pas... Taisez-vous, je ne sais pas ce qui peut se passer dans sa tête ou dans son cœur. Je ne sais pas, mais j'apprécie son honnêteté, encore une fois. Je devine que sous cette question, il n'y a pas de question. Du moins je crois, parce que je ne saurais pas y répondre de toutes façons. À quoi bon ? C'est une question qui guide la plupart de mes réactions, ou de mes absences de réactions. Mon père demandait parfois « à quoi bon soulever des montagnes quand on peut passer dessous ? » J'imagine que le sens est le même... ?

“Super ! C’est vraiment chouette comme endroit.” Je lève les yeux sur son visage. Super ! Super ? Non ? Je pense que ça doit être une nouvelle officielle, établie, de ce fait ? Je copie l'expression de son visage sans vraiment la comprendre puis me retourne brutalement pour lui tourner le dos. J'ai l'impression que ça y est, je viens de m'engager. Au moins pour ces deux jours. Je frotte nerveusement mes mains l'une contre l'autre. Doucement puis un peu plus intensément. Encore. Encore. Je les frotte comme si elles étaient couvertes de crasse que je voudrais ôter sans y parvenir. Je frotte en serrant les dents, je frotte en plissant les yeux, je frotte. Juste pour vider mon esprit quelques instants, juste pour faire un peu de place à ces informations. Je grogne en frottant, plus fort. La voix de M. Drake m'interrompt. Je prends une longue inspiration et lève mes yeux vers un point invisible. “La voiture est garée à quelques mètres, tu me suis ?” Machinalement, je plaque un bras sur ma poitrine. Je le détends, je me retourne vers M. Drake. Quelques mètres. Je mesure le périmètre qui nous entoure. Je regarde une nouvelle fois – une dernière fois – vers l'autel. Ça avait été si beau que j'espère simplement qu'ils se remettront à chanter, tous. J'aimerais qu'ils se remettent à chanter, parce qu'il ne pourra rien se passer s'ils chantent en chœur. M. Drake m'incite à lui emboîter le pas d'un geste du bras. Je fais signe au revoir à l'autel vide de tous ses choristes, mais sans amertume, sans regrets. Parce que j'ai confiance en M. Drake et que je veux simplement quitter cet endroit sans un sentiment d'inachevé. Il n'y a personne, je ne vois personne mais je peux les imaginer tous debout, dans leurs vêtements de rêve, en train d'attendre que nous partions. Qu'on les renvoie d'où ils viennent...

Je me glisse dans son ombre, contourne la projection des couleurs sur le sol, les couleurs des vitraux embrassés par la lumière du jour. Je les contourne avec lenteur, pour les détailler une dernière fois. J'aimerais mettre plus de couleurs dans ces formes qui apparaissent. Et je voudrais ajouter la couleur de M. Drake. Quelle nuance de bleu ? Quelle nuance de bleu pour M. Drake ?

Nous sortons de l'église, je ferme la porte avec soin derrière moi. Je cherche le regard de M. Drake, pas pour le regarder dans les yeux, mais pour voir leur couleur, tout simplement. Je le suis pas après pas, sans m'occuper des gens autour. À un moment, j'attrape simplement mes cheveux que je ramène devant mon épaule droite. Je m'y accroche comme à une corde. Je lève les yeux au ciel. Cette nuance de bleu-ci ? Je garde le psychologue dans le coin de mon œil pour ne pas lui rentrer dedans quand il s'arrêtera même si je le crois assez attentif pour ne pas s'arrêter soudainement juste devant moi. Je remarque ses attentions, pas tout le temps, mais je les remarque de temps à autres et je les apprécie même si je n'ai pas spécialement les mots pour le lui dire. Peut-être que c'est ce silence qui veut dire merci pour moi. Les gens n'aiment pas entendre hurler, n'aiment pas les plaintes ou les gémissements. Parfois, je sais les garder pour moi, mais parfois ces gémissements sont des coups d'ongles sur ma peau, ou un bout de tapisserie que je décolle et déchire. Il existe des tas de façons de dire que ça ne va pas. Même quand on voudrait dire que ça va.

Mon silence, je pense, il doit vouloir dire ça parfois. Il dit ça va. Il dit merci. Il dit que je suis bien, simplement bien. C'est sans doute pour cela que je me tais à cet instant précis. Je profite qu'il fasse meilleur dehors que dans l'église. “Tu vas voir que ta mutation n’est pas celle qui pourrait effrayer le plus.” Ma mutation, effrayer. Effrayer qui ? Est-ce que je dois me préparer à avoir peur ? C'est ce que je dois comprendre ? Mais je préfère quelqu'un de vert entouré d'un champ électrique qu'une main "bien humaine" qui enserre mon avant-bras. À moins qu'ils n'aient peur de leur propre mutation, ce qui me semblerait plus... familier. Je prends une inspiration, entame une réponse « Par... fois. La la la... muuta... » je ferme les yeux, prends mon temps sur chaque syllabe, même si j'imagine que c'est pénible pour M. Drake : « tion p... prend tout tout tout » J'ouvre les yeux, ouvre grand la bouche. Je n'aime pas faire ce qui pour moi est de grandes phrases. Mais je n'ai pas encore cédé à l'idée de faire parler mes illusions pour moi. Je pourrais, mais non. C'est moi qui appartiens à ce monde. C'est moi Sterling. C'est moi qui suis en face de M. Drake, parce qu'il est venu. Parfois la mutation prend... « toute... la... place ». Dieu merci, il existe tant de mots monosyllabiques ! Du moins, c'est comme ça que je le ressens parfois, c'est ça qui me fais peur à moi. Outre l'apparence que peut prendre la mutation physiquement. Mais c'est quand elle ne s'arrête pas, qu'elle continue au-delà de la volonté, du libre arbitre. Je ne veux pas disparaître sous son poids. Je veux rester ces petites lignes, ces petits messages qui font que je suis là. “Je t’ai déjà dit que je gelais les choses ? Je te montrerai quand on sera arrivés.” Aaaaaah, c'était donc ça ! Nous montons dans la voiture. Je m'assieds, mets la ceinture avec discipline, pose les mains sur mes genoux. Puis comme il est assis, et assez près... Je me penche sur son visage pour regarder ses yeux. Je les regarde comme je regarderai sa main ou un verre d'eau.  Je vais de l'un à l'autre puis m'en détache finalement. Je hoche de la tête, oui je voudrais beaucoup le voir faire ça...
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Il tente l’optimisme. Il tente l’enthousiasme. Quitte à en faire trop. Mais il veut rassurer Sterling. Il veut lui montrer qu’il sera bien. Parce qu’il sera heureux à l’Institut. Il n’y a pas de raison. Il n’y a pas d’explication. Il sera heureux. Il y trouvera un havre de paix. Un endroit où grandir, apprendre, évoluer. Un endroit où il pourra développer son pouvoir en toute sérénité et dans un cadre sécurisé. Bobby sait d’avance que si le jeune mutant refuse, il aura du mal à le laisser. Il voudra l’accompagner partout. Il voudra lui trouver une chambre d’hôtel. Il voudra l’emmener dans un restaurant. Il voudra s’assurer que Sterling a tout ce dont il a besoin pour survivre les prochains jours. Il le sait d’avance. Alors, Bobby préfère amplement l’avoir sous le même toit. Il préfère le savoir à quelques mètres de lui. Il préfère le savoir en sécurité dans le manoir. Ils pourront se voir à n’importe quel moment. Ils pourront parler. Ils pourront partager des silences. Ils pourront explorer la partie ‘mutation’ qu’ils n’ont jamais abordée. Ils ont toujours laissé ce sujet de côté. Sauf quand le gamin lui faisait voir des illusions. Sauf quand Bobby décelait quelque chose qui le tracassait. A ces rares occasions, ils ont abordé la signification de l’illusion, de ses représentations. Mais jamais ils n’ont parlé de comment Sterling parvenait à de telles créations. Jamais. Se concentrer sur le fond plutôt sur la forme. Finalement, la mutation du gamin est une manière d’exprimer ce qu’il ne parvient pas à faire ou à dire de lui-même. Une manière de se débloquer et de communiquer. Pour autant, le jeune ne tombe pas dans la facilité. Il persiste à articuler ses propres mots. Il insiste pour se comporter naturellement. Comme à ce moment précis. Avant qu’ils partent pour la voiture, Bobby repère le comportement du garçon. Des gestes répétitifs. Des gestes saccadés. Le signe d’une inquiétude et d’un manque d’assurance. Le signe d’un doute. Alors, il le relance. Il l’invite à le suivre. Il le prie intérieurement de le faire. Il s’est trop inquiété, trop attaché, à ce gamin pour ne pas le ramener avec lui. D’un autre côté, il ne peut pas le forcer. Il ne peut pas l’obliger. Il ne peut qu’accepter sa décision. Mais finalement, ses doutes sont vains. Ses doutes sont inutiles. Ses doutes sont infondés. Sterling le suit, non sans un dernier regard pour l’autel de l’église. Non sans une dernière vérification. Histoire de s’assurer que son hallucination est vraiment de l’ordre de l’imaginaire.

Ils sortent de l’église. Personne ne leur court après pour leur demander de les aider. Personne ne crie qu’ils sont là. Personne ne donne sens à l’hallucination. Seulement des voitures qui filent. Seulement des gens qui marchent. Seulement un soleil qui brille. Bobby jette un coup d’oeil en direction de Sterling. Le gamin le suit de près. Le gamin a un regard étrange dans sa direction. Il ne sait pas comment il doit le prendre. Il ne sait pas ce qu’il signifie. Ce n’est jamais simple. Ce n’est jamais facile. Il a beau être empathique, le psychologue n’est pas doué pour lire sur le visage des gens. Il a le sentiment que le mutant tente de l’imiter. Tente de marcher dans ses pas. Tente de le prendre pour exemple. Étrange. Il ne se pose pas davantage de questions. Sterling n’a plus de parents. Il n’a plus de modèle. Il est probable qu’il en cherche. Il est certain qu’il ait besoin de s’identifier à des gens. Pour adopter le comportement que la société attend de lui. Pour s’intégrer plus facilement. Pour se forger une assurance et un caractère. Il préfère ne pas l’interroger. Il préfère ne pas le mettre mal à l’aise. Il se concentre plutôt sur le chemin pour retourner vers la voiture. Les quelques mètres qui les séparent. Une rue droite, puis une bifurcation sur la gauche à l’intersection. Elle n’est pas loin. Elle est mal garée. Elle les attend. Il ignore comment l’arrivée va se dérouler. Il ignore si les autres vont réussir à repousser leur tolérance un peu plus pour accueillir Sterling les bras ouverts. Il y aura sûrement des regards curieux, des regards critiques. Mais il y aura aussi des regards bienveillants, des regards gentils. Il ne se fait pas de souci pour ça. La seule inconnue de l’équation reste Sterling lui-même. Son adaptation dépendra de sa manière de fonctionner, de la paix qu’il arrivera à trouver. “Par... fois. La la la... muuta…” Parfois, la mutation. Il a déjà deviné le mot, alors que l’adolescent ne l’a pas encore formulé complètement. Il ne fait pas mine de vouloir l’aider. Il ne prononce pas le mot à sa place. Inutile, Sterling va y arriver tout seul et par lui-même. Il n’a besoin de personne pour parler. Il n’a besoin de personne pour fonctionner. Il lui faut juste du temps et du calme. Il faut juste de la confiance et de l’écoute. “tion p... prend tout tout tout” Le deuxième wagon est arrivé. La phrase prend doucement sens. La phrase se forme à son rythme. Pas de problème, ils ont le temps. Ils ont des heures devant eux. Ils ont des jours. Ils ont le temps de discuter, ils ont le temps d’articuler. “toute... la... place.” Ce n’est seulement maintenant que Bobby s’autorise à croiser le regard de Sterling. Le gamin a terminé sa phrase. Le psychologue a le droit de réagir. Remarque pertinente de sa part. La mutation prend parfois toute la place. Elle est parfois si importante, si imposante, qu’il est impossible de s’en défaire. Parfois, elle dicte les réactions. Parfois, elle intervient sans aucun contrôle.

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une mutation facile à maîtriser. Il est même rare que les mutants parviennent à dompter leur pouvoir dès les premières minutes. Il est souvent nécessaire de s’entraîner, de s’exercer, d’essayer. Bobby a pu l’expérimenter quand son gène a muté. Quand il était pris de tremblements de froid. Il grelottait. Tout le temps. A en avoir les dents qui claquaient. Il a fini par comprendre. Il a fini par réussir à surmonter. Maintenant, sa température est sous contrôle. Sa température fluctue en fonction de son environnement et de son entourage. Seul, son corps peut devenir aussi froid que la glace. En compagnie, son corps est entre deux, ni chaud, ni froid. Encore, il a la chance de ne pas avoir une mutation trop encombrante. Il la maîtrise. Elle n’est visible que lorsqu’il s’en sert. Tout le monde n’a pas cette chance. Chez certains, la mutation est directement visible. Les yeux trop bleus de Snow. La peau bleue de Mystique. Uniquement deux exemples. Il en existe tellement d’autres. Ils sont arrivés à la voiture. Bobby se glisse derrière le volant. Il esquisse un sourire devant le regard insistant de Sterling. Il ignore ce qu’il cherche, mais tant que ça peut le rassurer, le psy n’y voit pas d’inconvénient. Il met le contact. C’est parti. L’Institut les attend.



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Rubén Algren
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Bleu. Bleu. Bleu. C'est ce à quoi je pense quand j'imagine le gèle, la neige, l'hiver. Et cet endroit sous la neige, de quoi a-t-il l'air ? M. Drake debout sur le lac gelé, gelé par lui, gelé par la saison. Sans crainte de passer à travers, sans crainte de traverser l'épaisseur de gel, sans crainte de se noyer. Bleu. Bleu. Bleu. Quand je regarde autour de nous, je me demande s'il souffre de la température qui se radoucit, je me demande comment il empêche ses mains ou son regard  figer ce qui l'entoure à tout jamais. Est-ce qu'il fait un effort à cet instant, tout de suite ? Est-ce qu'il doit repousser « tout ça » ou est-ce au contraire une volonté d'utiliser cette mutation ?

Je voudrais pouvoir les distinguer, les reconnaître au premier coup d'oeil. Je voudrais qu'ils aient un signe distinctif. Bien entendu, je sais qu'il n'y a pas de monstres dans la rue mais parfois, je voudrais savoir pour pouvoir les ignorer quand ça s'impose. La réalité. Les hallucinations causées par la maladie. Les illusions. Parfois ces deux dernières se confondent, les illusions rendent les hallucinations plus maitrisables parfois, et elles m'accompagnent avec bon sens. Parfois, je voudrais leur donner vie et dans ces moments-là, toutes leur donner vie. C'est facile de créer ce qui manque. Les objets. Les murs. Les maisons. Les fenêtres. Les photographies. Les cartes de recensement. Les bijoux... je porte la main à mon cou. J'ai toujours ma chaîne et mon pendentif. Ils sont toujours là. J'esquisse un sourire. J'avais envie de les garder, justement. Pas les vêtements. Pas les documents. Pas la carte. Pas les médicaments. Si je suis attaché aux lieux, je ne suis pas matérialiste. Les lampes de bureau, les souvenirs, les agendas, les meubles... ça ne représente rien pour moi. Une fois que les gens se sont éloignés, je préfère conserver leur souvenir que leur parfum, préfère me remémorer les bons moments que dépoussiérer une bibliothèque, je préfère suivre leurs conseils que suivre leurs pas. Les objets nous envahissent, nous aliènent et je ne veux pas être aliéné. Je préfère qu'ils reviennent, que vivre dans leurs vêtements, leurs habitudes et leurs objets. Il n'y a que ça que je veux garder sur moi, je ne sais pas vraiment pourquoi. Il y a mon nom gravé dessus, comme un lègue de mon existence. Peut-être que ça me convaint simplement que moi, je ne suis pas illusoire.

Je lève la main au-dessus de moi. Est-ce que les délires ont leur propre personnalité ? Est-ce que la folie a sa propre conscience ? Viens. Viens. Si je venais à disparaître, est-ce que je m'en rendrais compte ? Je voudrais créer l'illusion de mes parents, pour les avoir là mais je sais bien qu'ils évoluent ailleurs. Ils vivent leur vie, attendent leur moment, patientent quelque part. Est-ce que je peux me permettre d'imiter le réel, le vivant, vraiment ? Et pourtant dans l'Église, c'était mon ami Jérémiah qui m'est venu, comme ça. Est-ce que les mutations ont des répercutions sur ceux qui les utilisent abusivement ? Je me suis déjà demandé... déjà demandé si le faux n'appelait pas le faux quelque part ?

Je lâche le contact visuel et reporte mon attention sur la rue. Je remarque une bouche d'incendie que je n'avais pas aperçue alors que nous nous dirigions vers le véhicule. Je glisse ma main avec précaution sous le siège, cherchant comment le faire avancer. Mes yeux scrutent l'extérieur, maintenant qu'il y a la vitre entre « lui » et moi. Entre le monde et nous. Deux gamins sont assis sur le bord du trottoir, les bras pendant entre leurs genoux. Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille puis tourne mon regard vers M. Drake, attentif sur la route. Je prends quelques instants pour le regarder conduire. Comment il passe ses vitesses. Son regard qui alterne entre les rétroviseurs et la route. Le volant qu'il bouge à peine alors que nous nous éloignons doucement du centre. Je me fais mentalement le trajet qui me ramène aux quelques lieux que je connais. Je me fais les lignes de bus, dont l'une que j'ai déjà empruntées pour me rendre seul à l'hopital. C'était avant l'incident « hydra »... Après, ça a été un peu plus compliqué de rétablir cette relation de confiance que j'avais de toute évidence éventrée sur l'autel de la franchise. Souvent, papa me prend pour un idiot. Il arrive parfois à m'en convaincre aussi. Il laisse les documents, pensant que... quoi ? Je ne sais pas lire ? Je suis sans doute bien plus à l'aise avec un téléphone, un ordinateur, un livre qu'avec un autre être humain, quel que soit son âge.

Il y a une fille avec qui je discute, et qui s'appelle Elizabeth. C'est facile par écrit, mes doigts sont plus réactifs que mes lèvres quand il s'agit d'exprimer les idées. Parce que des idées, j'en ai, peut-être autant que les autres, peut-être pas. Je glisse le bout de mon index dans ma bouche au fur et à mesure que je constate que les routes que je connais disparaissent. Mes dents jouent nerveusement avec la chair sans serrer. Mais j'aime le sentir là.

Je jette un nouveau coup d'oeil vers M. Drake, j'attends de voir s'il annonce quelque chose. J'ai l'impression de me diriger vers l'inconnu. Je me répète que je sais où je vais, je le sais. Mais la part d'ombre m'angoisse un peu. Je me raccroche à ce que je sais, j'essaie de me représenter le lac et... qu'y avait-il d'autre ? Quelque chose en rapport avec le sport, un terrain de sport, de quoi ? Je serre les dents sur la chair, mon regard heurte le toit du véhicule. C'était quoi l'autre ? Je fronce les sourcils, commence à sentir le goût du sang dans le coin de ma bouche. Puis finalement, je finis par ramener mes genoux contre ma poitrine en calant mes pieds sur le siège. Je pose mon front entre mes genoux et ferme les yeux, quelques instants. Je pourrais m'endormir, j'imagine que je pourrais m'endormir. Mais la perspective de découvrir ce lieu que je connais pas m'en empêche, même crevé. La voiture tourne, je relève la tête. Où sommes-nous ? Est-ce que je me suis endormi ? Je frotte mes yeux avec l'intérieur de mes poignets et me colle contre la vitre à la vue d'un bâtiment gigantesque.

Ah, ce devait être les jardins, il m'a parlé de jardins. J'ouvre de grands yeux et même ma bouche, je n'arrive pas à la garder fermée. Il y a tellement de fenêtres. Il y a des dizaines de fenêtres sur plusieurs étages. Je profite d'être encore à l'intérieur de la voiture pour détailler tout ce que je peux. Les arcs de pierre, les entrées visibles, les sorties, les silhouettes qui se dessinent, se promènent, courent, marchent, les gens qui discutent, … Quelque part, ça me rappelle à l'école mais dans un cadre qui n'a rien à envier à la fameuse école. Les gens ici ne portent pas d'uniforme d'ailleurs, apparemment. Je remets mon index dans ma bouche une seconde, le temps d'intercepter une larme de sang qui y glissait. Mes yeux sont ivres de ce cadre superbe. C'est donc ça la scène immense sur laquelle évoluent les acteurs qui étudient et/ou vivent ici. Je n'arrive pas à détâcher mon regard mais glisse à M. Drake, la fascination perceptible dans ma voix : « C'est... sssss...uperbe » J'ai soufflé les mots, doucement, comme pour éviter de les briser. J'attends que la voiture s'immobilise pour vraiment tourner mon corps vers M. Drake. Que fait-on maintenant ? Je ne pose pas la main sur la portière pour l'ouvrir. J'attends. J'attends qu'il me dise quoi faire, il sait toujours ce qu'il faut faire. J'avale difficilement ma salive. J'observe le mouvement de ses mains, celui de ses lèvres, pour ne pas rater la moindre information. Mes doigts remuent nerveusement, tremblent. Je les amène à mes lèvres. Je touche ma lèvre inférieure de leur extrémité, ça occupera mon esprit, calmera un peu la peur de cet inconnu qui est aussi gigantesque que magnifique.


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