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MessageSujet: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeSam 7 Mai - 21:52
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Il y a des gestes que l’on fait spontanément. D’autres que l’on fait automatiquement. Il se perd dans ces gestes. Il se concentre sur la conduite. Il n’a pas l’occasion de beaucoup conduire à l’Institut. Il se contente de marcher ou de glisser. Il se contenter d’aller de sa chambre jusqu’à son bureau. De son bureau à la cuisine. De la cuisine à sa chambre. Il n’a pas besoin d’une voiture pour le faire. Il a seulement besoin de ses deux jambes et de la glace. Il est plus à l’aise sur une vague glacée que sur le bitume chaud. Il est plus à l’aise avec le gèle au bord des doigts qu’avec le volant entre les mains. Alors, il oublie. Il oublie la présence de Sterling. Il focalise toute son attention sur la circulation, sur les signalisations. Il s’assure de n’écraser personne. Il vérifie de ne pas griller la priorité. Il est vigilant. Il est sur ses gardes. Tourner le volant. Regarder les rétroviseurs. Passer les vitesses. Des gestes qu’il fait. Des gestes qu’il maîtrise. Des gestes automatiques. Ces mouvements n’ont plus d’importance pour lui. Ils ne sont que des mouvements ordinaires, des mouvements basiques. Il ne réalise pas qu’ils peuvent être fascinants, qu’ils peuvent être hypnotisants. Pour toute personne assez ouverte et imaginative, tirer sur le frein à main se transforme en un geste incroyable. Rétrograder est un fait exceptionnellement fascinant. Il se perd dans sa concentration, faisant fi de Sterling et de ses observations. Omettant sa présence pour mieux les ramener en vie à l’Institut. Il doit aussi se rappeler par où il est passé, comment rentrer. Se diriger dans New-York est un vrai casse-tête, digne des pires labyrinthes. Entre les différents feux, les autres véhicules et les panneaux de signalisation, il faut réussir à s’en sortir. La jungle new-yorkaise est cruelle, dangereuse, pour ceux qui ne maîtrisent pas ses codes. Finalement, les buildings cèdent la place à des villes plus petites, plus familiales. Les bourgades se transforment en nature. Et là, quelque part, sortie de nulle part, un manoir. Vaste. Grand. Somptueux. Entouré d’un portail. Un écriteau sur le devant indique “École pour jeunes surdoués”. Couverture pour cacher les vraies motivations de cette école. Les enfants surdoués sont ici des êtres dotés de capacités insoupçonnées. Dans un sens, ils sont bien surdoués. Ils sont capables de choses formidables. Ils ont des connaissances et un potentiel qu’ils doivent exploiter à fond pour s’épanouir. C’est l’objectif de la X-Mansion. C’est l’objectif de tous ces jeunes qui viennent. Mais aussi, pour vivre en paix avec les autres. Avec ceux qui n’ont pas eu la chance d’être mutant. Avec ceux qui n’ont pas de pouvoir. En venant ici, les gens cherchent seulement un moyen de mieux s’intégrer à la société.

Ils passent le portail. Les jardins s’étalent de part et d’autre de l’allée. De la verdure à perte de vue. Des étendues entretenues avec soin. Il est toujours aussi impressionné et émerveillé lorsqu’il arrive ainsi. Par la grande porte. Il a le sentiment d’arriver dans un lieu somptueux. Il a l’impression d’être sur un domaine royal. Mais non. Ils sont simplement au manoir de Charles Xavier. “C'est... sssss...uperbe.” Sterling a la tête collée à la fenêtre. Un jour de noël. Une nouvelle aventure. Bobby esquisse un sourire. L’émerveillement n’a pas d’âge, pas de mentalité, pas de personnalité. Il se partage et se vit chez tous ceux qui mettent les pieds ici. Et encore, Sterling n’a pas vu les jardins à l’arrière. Il n’a pas vu la salle d’entraînements. Il n’a pas vu l’immense bibliothèque. Ce n’est que le début des découvertes. Il arrête la voiture devant la porte du manoir. Une belle et massive porte. Une belle manière d’entrer. Une belle façon de débuter une nouvelle vie. Il coupe le contact. Il met le frein à main. Il se tourne vers Sterling. Le gamin est en attente. Il est pressé de découvrir la suite. Il est pressé de se promener dans ce nouvel environnement. Mais il attend. Sagement. Il attend le feu vert. Bobby hoche la tête et fait un signe de la main. “Tu peux sortir.” Il en fait de même. La portière s’ouvre, puis se claque. Il fait le tour de la voiture pour rejoindre Sterling. Il est temps de lui faire visiter l’Institut. Il est temps de lui ouvrir les portes d’un nouvel environnement. Un endroit où Sterling peut être celui qu’il souhaite. Un endroit où Sterling peut se sentir chez lui. Un endroit où Sterling pourra connaître les limites de son pouvoir. Ils s’occuperont de l’extérieur plus tard. Ils doivent commencer par l’intérieur. Ils doivent commencer par le principal. Bobby rejoint l’entrée et pousse la porte. Un hall inondé par la lumière. Des gamins le traversent et les dévisagent avec curiosité. Ils ne s’arrêtent pas, trop occupés par une occupation X ou Y. “Là, tu as les escaliers pour rejoindre les deux étages supérieurs. On a aussi un ascenseur qu’on utilise surtout pour aller au sous-sol.” Il lui montre les escaliers du doigt. Il continue sa route jusqu’au salon où un adolescent leur adresse un sourire. Le gamin replonge aussitôt la tête dans le livre qu’il dévore. Il y a un groupe de jeunes agglutiné devant la télévision. Il y en a qui se perdent dans la contemplation de l’extérieur. Bobby ne laisse pas le temps à Sterling de détailler chaque endroit. Cela pourrait prendre des heures, le temps qu’il observe chaque détail, chaque fluctuation de la lumière, chaque son. Sterling aura tout le temps de le faire dans les prochains jours. Il le ramène dans le couloir.

Direction la cuisine. L’endroit primordial de l’école. L’endroit central. Pour rencontrer des pensionnaires. Pour manger. Pour discuter. Il le laisse entrer dans la vaste pièce, avant de le suivre. La cuisine est déjà occupée. Par Snow. “Sterling, je te présente Snow. Elle est là depuis quelques années, elle pourra répondre à tes questions, si jamais je ne suis pas disponible.” Les présentations sont rapides. Succinctes. Résumées. Il ne veut pas abreuver Sterling de ses histoires de couple. Il ne veut pas l’embêter avec des informations superflues. Le jeune mutant a juste besoin de savoir qu’il peut compter sur elle. Qu’il peut s’adresser à elle. Qu’il peut lui poser des questions. C’est le principal. Sterling découvrira par lui-même les caractères de chacun des pensionnaires. Il se forgera sa propre opinion sur les personnes qui l’entourent. Il n’a pas besoin d’être guidé. Il n’a pas besoin qu’on lui dise quoi penser. Il doit seulement faire son chemin. Il doit seulement apprivoiser son nouvel environnement et les gens qui le composent. La visite est interrompue. Arrivée soudaine d'un gamin. Paniqué. Inquiet. Affolé. “M’sieur ! Jamie et Will se battent. Ils ont presque réussi à détruire leur chambre… On a essayé de les arrêter…”  Bienvenue à la X-Mansion, Sterling. Le mythe de l’école du bonheur et de la joie de vivre vient de s’effondrer. Le mythe laisse place à la réalité. Les différents. Les disputes. Les tensions. Les craintes. Les violences. Bobby jette un coup d’oeil à Snow et à Sterling. Il doit les abandonner. Il doit aller voir ce qu’il se passe. Il doit s’assurer qu’ils ne vont pas s’entre-tuer. “Je dois vous laisser… Snow, tu peux t’occuper de Sterling ?” Il aurait préféré que la visite se passe autrement. Il aurait préféré accorder plusieurs heures au nouveau mutant. Il aurait adoré l’emmener d’une pièce à une autre. Il aurait adoré lui dévoiler tous les secrets du manoir. Ce sera pour un autre jour. Il quitte la cuisine, sur les talons du donneur d’alerte. Il n’attend pas la réponse de Snow. Il ne lui laisse pas le choix. Elle pourra lui en vouloir. Elle pourra le lui faire payer. Il avisera par la suite. Il trouvera un moyen de se faire pardonner. Pour l’instant, ce qui le préoccupe, c’est cette dispute entre les deux mutants.  



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Je pose une main à plat contre la vitre – désolé pour les traces de doigts – en profitant de la distance. Quand je reconnais le bruit du frein à main, je tourne ma tête dans sa direction, le cou légèrelent tordu sur le côté. Mes yeux ne peuvent se détâcher de tout ce qui nous entoure, ce qui nous attend à l'extérieur. Je reste dans l'attente, avec plaisir dans cette petite cellule de silence. Quand M. Drake me dit que je peux sortir, je prends une longue inspiration. J'ouvre la portière, passe la tête puis descends, avant de plaquer mon dos au véhicule. Nous y voici, et jusqu'à maintenant il ne s'est passé aucune sorte de catastrophe. C'est plutôt rassurant.

M. Drake me rejoint et je me fixe un point sur lui. Disons que je tâcherai de regarder son nez. Les gens apprécient quand on regarde leur nez je crois, ça leur donne l'impression qu'on les regarde dans les yeux. Regarder dans les yeux, ça donne le sentiment d'être écouté, ça rassure. Ça conforte dans l'instauration d'un dialogue vrai et sincère. Mensonges. Ce ne sont que des mensonges, quand je regarde l'arrête du nez de M. Drake, c'est simplement pour essayer de ne pas regarder ailleurs. Il pourrait croire que c'est un mensonge de ma part, une tentative d'apparences... Je le suis mais les allers et retours d'autres personnes dérobent des fragments de mon attention qui s'effiloche petit à petit. Mon écoute devient un fil d'Ariane que je laisse derrière moi, mais je me cramponne à ma bobine malgré tout. Solidement.

Nous pénétrons dans le hall. Je passe mes doigts sur la poignée, à la suite du psychologue. Leur extrémité se baladent doucement et je me décale simplement quand quelqu'un entre. Je laisse ma main en suspent, à la recherche d'un contact avec un nouvel objet, une partie de cet environnement noyé dans la lumière du jour, dont il jouit avec beauté. “Là, tu as les escaliers pour rejoindre les deux étages supérieurs. On a aussi un ascenseur qu’on utilise surtout pour aller au sous-sol.” L'arrête de son nez. Je me tourne vers lui, observe les escaliers. Les marches, leur hauteur. Leur largeur. Leur nombre. Je retiens tout de même qu'il y a deux étages et un sous-sol.

Je le suis jusqu'à un salon. Je regarde autour de moi avec tout le sérieux du monde. Avec quelques minutes de plus, je suis sûr que je pourrais me souvenir de l'emplacement de chaque objet, de chaque personne, de chaque moulure, de chaque ombre. Mais bientôt, M. Drake continue d'avancer. Je joins les mains devant moi, les écrase l'une dans l'autre. Attendeeeeez ! Je me détâche à contre-coeur du décor pour lui emboîter le pas. Nous arrivons dans une cuisine. Je tends les mains devant moi une seconde et les ancre solidement dans la séparation sur laquelle sont posés quelques objets, quelques couverts. Ça y est, je suis posé. Je baisse les yeux entre mes mains. Je déplace doucement mon pouce, ça va, tout va bien. Je ne sais pas comment je vais quitter cette pièce mais... “Sterling, je te présente Snow. Elle est là depuis quelques années, elle pourra répondre à tes questions, si jamais je ne suis pas disponible.” Je redresse la tête, ah oui il y a quelqu'un.

Je lui lance un regard de biais, près à esquiver une de ces traditionnelles mais ô combien désagréables bises ! Pareil pour les poignées de main. Serrer. Ne pas serrer. Avoir des restes de transpiration et aux saletés sur la main. Avec un contact sur sa main, serrée, sans pouvoir la retirer avant un temps incertain imposé par les conventions sociales. Horrible. Ça me donne envie de plonger ma main dans l'essence et d'y mettre le feu. Je recule mes mains sur le côté. Puis je me repasse les propos du psychologue comme une bande que je repasse. Snow, c'est jolie. Je la vois de biais, d'ici aussi elle a l'air jolie. J'esquisse un sourire en coin et lui fais simplement un signe de la main. Je n'ai pas envie de parler. Enfin ce n'est pas tant que je n'ai pas envie de parler que je me sens prêt à faire tous les efforts immédiatement. Surtout que j'ai peur qu'elle m'interrompe avant que je fasse une phrase alors je me contenterais de l'écouter parler un peu, observer son comportement pour savoir si j'ai une chance de finir mes phrases...

J'essaie de la détailler un peu plus en détails. Comme je le ferai probablement dans les jours qui viennent avec « l'école »... « l'institut » ? et le mobilier. Ce n'est pas une insulte, je ne dis pas que les gens sont des objets. C'est juste mon rapport à eux, extérieurement, qui donne parfois cette sensation. Je ne comprends pas comment ça peut vexer. D'abord sa taille, la façon dont elle se tient, ses mains, ses pieds. J'essaie de passer rapidement sur son visage quand je me sens happé par son regard. Je fronce les sourcils, secoue la tête. Je baisse le visage et lève les yeux sur les siens, profitant pour l'instant que nos regards ne se croisent pas. Quand j'ai la sensation qu'elle va regarder vers mon visage, je me remets à fixer mes pieds une seconde. “M’sieur ! Jamie et Will se battent. Ils ont presque réussi à détruire leur chambre… On a essayé de les arrêter…” Détruire leur chambre ? J'arque un sourcil. Détruire comment ? Qu'est-ce que je vais faire si quelqu'un veut se battre avec moi ? Alors ce n'est pas que je manque de courage... ou peut-être que si, je n'en sais rien. Mais je suis absolument nul en bagarres. D'abord, parce que je suis sûr que mon temps de langage découragerait n'importe qui de livrer un affrontement verbal, que ma résistance à la douleur énerverait probablement mon potentiel adversaire, et que je ne sais pas les rendre. J'ai des réflexes, je connais bien les zones d'un corps où ça fait mal de recevoir un coup mais... Je risquerais de passer plus de temps à observer son bouton de chemise qu'à esquiver un coup. Détruire une pièce suite à une frustration, tout seul, oui ça m'est déjà arrivé, forcément.

« Ils détruisent. Tu entends ? » Je secoue la tête. Mais non, ne te focalise pas là-dessus. On a essayé de les arrêter. Non, je pense que si quelqu'un veut se battre avec moi ici... je poserais simplement les barrières qui m'ont toujours protégé. Le corps est un corps, il se répare de lui-même, les autres peuvent le réparer. Mais dans la tête... c'est ici que j'ai peur de ne pas pouvoir rentrer, ou de ne plus pouvoir sortir un jour. Snow, derrière tes merveilleux yeux d'un bleu somptueux, sans mots, est-ce que tu as peur de ce qu'il y a derrière ton cœur, derrière ta tête ? “Je dois vous laisser… Snow, tu peux t’occuper de Sterling ?” S'occuper. S'occuper.

Il disparaît. Adieu l'arrête de son nez. Adieu fil d'Ariane. Je tends l'index vers le visage de Snow, tout en gardant une distance entre nous. Spontanément je me lance tout de même : « Tes... tes... vos... yeux ils... » je frotte mes yeux. Cette galère quand tu t'engages dans une phrase et qu'à un moment, il faut bien la finir quand même. J'agite mon doigt devant son regard. Oui, elle sait bien où sont ses yeux mais c'est physique, c'est nécessaire pour moi parfois de montrer, de bouger, de répéter... « ils ils ils ils... ils... » Dépit. Je décide finalement de sauter le verbe. Personne n'en saura rien, cette facilité n'aura pas de conséquences. « si beaux ». Je souffle un grand coup. D'ailleurs, je ne manque pas de penser à M. Drake qui « gèle les choses », ses yeux bleus, d'une teinte que je n'ai pas encore déterminée et Snow – la neige – qui a des yeux dans lesquels j'ai envie de m'enfermer présentement. Ah oui et enchanté, moi c'est Sterling...
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« We are all mistaken sometimes; sometimes we do wrong things, things that have bad consequences. But it does not mean we are evil, or that we cannot be trusted ever afterward. » - Alison Croggon.

L
a robe blanche suit les mouvements, rappelle des habitudes presque perdue. Peut-être était-ce un jour plus positif que les autres, peut-être qu’elle était assez stable pour ne pas être revêtue de noir. Le fait est que lorsque le soleil brillait, c’était plus facile. Les nuits étaient son enfer personnel, quand l’Institut était plongé dans le silence, dans un long sommeil qui lui semblait interminable, poupée cassée dont l’inactivité réveillait les démons. Cuisiner l’empêchait de penser, ce qui expliquait sans doute l’odeur de chocolat qui embaumait la pièce ; le fondant chocolat-fraise trônait sur la table, refroidissant lentement tandis qu’elle nettoyait et rangeait. « Sterling, je te présente Snow. Elle est là depuis quelques années, elle pourra répondre à tes questions, si jamais je ne suis pas disponible. » La voix de Bobby la tire de ses pensées, de façon désagréable, comme une lame qui tranche le coeur et refroidit le regard trop bleu. Être là depuis plusieurs années ne faisait pas d’elle une référence et à vrai dire elle se demandait pourquoi le psychologue lui présentait le garçon ; les pensionnaires arrivaient toujours accompagnés, finissaient la visite sans qu’elle ne soit sur la trajectoire et, selon leur âge, elle allait d’elle-même parler à ces âmes perdues et un peu effrayées. Pourquoi décider de faire les présentations ? Elle ne faisait pas partie du personnel. Un signe de la main. Il ne paraît pas oser la regarder. Snow détaille le drôle de duo, esquisse un sourire à l’attention du dénommé Sterling, un sourire rassurant et si loin de ce qu’elle donnait à Bobby, dans sa déprime latente et bien dissimulée. « Bonjour Sterling. » Que dire de plus ? C’est gênant. Elle ignore ce qui est attendu d’elle, ce qu’il veut qu’elle dise, si c’est pour la détourner de quelconques idées noires. La blonde détaille le cryokinésiste, attendant une suite qui ne viendra pas, interrompue par un gamin agité. « M’sieur ! Jamie et Will se battent. Ils ont presque réussi à détruire leur chambre… On a essayé de les arrêter… » La X-Mansion devenait le théâtre d’affrontements réguliers entre les pour et les contre recensement, entre des opinions drastiquement opposées, dans des excès qui devenaient dangereux. Que deux gamins se battent n’était pas inhabituel, en revanche deux jeunes mutants pouvaient devenir des machines à tuer malgré eux. Ca ne donnait que trop raison au gouvernement.

« Je dois vous laisser… Snow, tu peux t’occuper de Sterling ? » Elle hoche la tête, la cascade de cheveux blonds suivant le mouvement. Il a quoi, dix-sept ans ? Un peu plus vieux que ceux vers lesquels elle va naturellement. Elle glisse enfin son attention sur lui. Il a l’air perturbé. Angoissé aussi. Elle lui laisse le temps de choisir, s’il veut parler il le peut, s’il préfère se taire ça ne la dérange pas vraiment, après tout le silence a été son mode de vie pendant si longtemps que, parfois, cela redevenait une seconde nature. Il tend un index. Snow n’est pas très grande, même perchée sur ses escarpins, ça n’est pas très difficile de se retrouver face à son regard dérangeant. « Tes... tes... vos... yeux ils... » Il se frotte les yeux, elle ne bouge pas, ne dit rien, patiente. Ca l’agacerait sans aucun doute et ça lui rendrait la tâche d’autant plus complexe. Il fallait lui donner le temps de respirer, de se détendre pour venir à bout de ce qu’il voulait exprimer. Snow ignore d’où elle tient cela, peut-être de certains cours suivis dans le passé en partie oublié. Les connaissances restaient souvent stockées. « ils ils ils ils... ils... » Un sourire encourageant. « si beaux » Il souffle. Il y est arrivé. « Merci. » C’était un compliment, après tout. « Je les trouve bizarres, plutôt, mais ils sont comme ils sont, je ne peux pas les changer. » Faire la conversation calmement l’aiderait certainement, loin de l’agitation qui doit envahir les étages.

Elle se déplace, coupe une part de fondant et le place dans une assiette, qu’elle pousse sur la table avec des couverts, le tout avec des gestes doux pour ne pas l’effrayer. « Tu en veux ? Il est encore chaud, c’est meilleur. » Il n’aimait peut-être pas le chocolat, ou manger. Elle ne savait pas vraiment de quoi il souffrait, ce qui compliquait l’échange, après tout ses bases en psychologie n’en faisaient pas une spécialiste de tous les troubles possibles. « Ne t’inquiète pas. Monsieur Drake va revenir, il calme juste une dispute. » Les termes choisis par le gamin qui l’a alerté étaient un peu perturbants, qui aurait envie de rester dans une école où les élèves détruisent leurs chambres ? Est-ce que Snow faisait ce qu’il fallait ? Elle avait toujours cette peur de ne pas être légitime, de ne pas être à la hauteur du peu qu’on attendait d’elle. Peut-être que le Professeur la tolérait mais qu’elle ne devrait déjà plus être entre ces murs, qu’elle devrait retourner auprès de ceux qui lui ressemblent, qui ont sur la conscience ces actes terribles et le refus de cette loi folle. Peut-être qu’elle était encore une déception.
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« Bonjour Sterling. » C'est sans doute par là que j'aurais dû commencer. C'est certain. Je pince les lèvres. Bon. Jour. Je me suis réveillé ce matin, après quelques heures d'égarement dans un sommeil sans images. J'ai plongé les mains dans une fontaine pour sentir l'eau sur mon visage, pour simplement sentir l'eau sur mes joues, sur mes yeux. J'ai marché sans savoir où j'irai. Je suis passé au cimetierre, rapidement. Et je me suis arrêté dans cette église, pensant qu'on y chantait. Bonjour Snow, c'est bien par là que j'aurais dû commencer. Prendre cette journée au creux de mes mains humides et serrer sans l'écraser, comme pour garder en sécurité un oisillon tombé du nid. J'aurais pris cette journée comme ça, délicatement, j'aurais suspendu le temps et j'aurais attendu quelques instants. Et de quelques phonèmes, j'aurais simplement souhaité que cette journée fût belle. Et j'aurais pu ouvrir les mains.

Bonjour Snow, alors. Bonjour d'ici, bonjour de loin, mais bonjour. « Merci. Je les trouve bizarres, plutôt, mais ils sont comme ils sont, je ne peux pas les changer. » Les changer. La couleur de ses cheveux. La couleur de ses yeux. La couleur de sa peau. La longueur de ses jambes. La forme de ses lèvres. Sa chute de reins. Sa cambrure. La délicatesse de ses doigts. La façon dont elle a de suivre M. Drake du regard. Sa gorge quand elle avale sa salive. Et la couleur de ses yeux. Le pouvoir de M. Drake. Sans doute le sien. Le mien. C'est ce que nous sommes, mais pourquoi faudrait-il pouvoir changer et renoncer à ce que nous sommes ? Pourquoi ne pourraient-ils pas être à la fois bizarres et beaux ? Je n'en ai jamais vus comme ça. Sur le coin de son œil, un cil s'est posé sur sa peau. Allongé et coloré d'un mascara qui le fonce sensiblement, il ne bouge pas quand elle fait voler ses cheveux blonds dans le vide. Il ne bouge pas quand les expressions se succèdent sur son visage. Ces expressions qui sont pour moi un film en langue étrangère, dont je saisis quelque idées sans savoir ce qu'il raconte vraiment.

Bonjour, Snow. Je ramène mes mains vers moi, en passe une dans ma nuque. Comment lui expliquer ? Comment je peux lui expliquer ça simplement ? Je la suis du regard, dans sa robe blanche, je pose les coudes sur le plan de travail et cale mon menton entre mes mains. Je la suis simplement du regard, espérant retrouver ce cil au coin de son œil quand elle me fera à nouveau face. Je m'enferme dans cet instant avec elle, avec ses yeux. C'est étrange, j'ai rencontré plus de personnes en un mois que depuis les dernières années et étrangement... je ne me lasse pas d'eux. Ils sont à vif, toujours à vif. C'est toujours intéressant de regarder leurs interactions, de voir comment ils veulent dissimuler leurs réflexes, se protéger. Ce n'est que la politesse qui le fait ralentir quand je regarde les gens comme ça mais maintenant, pour cette fois, j'ai envie de laisser libre court à mon observation. Comme les premières fois que j'ai rencontré M. Drake, ou même quand je suis arrivé dans ma chambre d'hôpital. Ça occupe bien un après-midi, de regarder le genou d'une personne depuis un trou de serrure.

Beau jour, Snow. Je suis ses mouvements mais alors qu'elle coupe un morceau de son gâteau, je me demande encore comment le lui dire. Ah c'est vrai que ce parfum m'est venu aux narines en entrant, parmi tant d'autres. Les parfums des uns et des autres, un reste de bois brûlé quelque part, un peu de shampooing à l'amande douce aussi, je crois. Et le sien. « Tu en veux ? Il est encore chaud, c’est meilleur. » Meilleur que quoi ? Je sors de mes pensées une seconde, pose les yeux sur cette part. Mon apathie extérieure ne représente en rien ce que cette proposition signifie pour moi. J'esquisse un sourire, j'adore cette odeur. J'adore le chocolat et les fraises. Je casse un morceau du bout des doigts et le glisse dans ma bouche. Je m'arrête avant d'avoir sorti mes doigts de ma bouche. Alors là, j'ai raté un merci normalement. Je termine ma bouche. Je frotte le bout de mes doigts contre la paume de mon autre main. « M'ci » Je mange quelques phonèmes comme j'ai mangé ce bout de gâteau. Avec elle, je peux tricher, ce n'est pas grave.

« Ne t’inquiète pas. Monsieur Drake va revenir, il calme juste une dispute. » « Snow ? » Je joins les mains devant moi, je n'anticipe pas sa réaction. Elle pourrait se vexer, se taire, s'insurger. Je n'en sais rien, je ne veux pas y penser et je ne peux pas y penser. Elle réagira comme elle veut. « Tu... tu... je... dés-... » Je m'empourpre dans mes mots. Je frotte mes yeux de mes index et majeur droits. Tous les mots se bousculent, je babille encore un moment comme ça avant de renoncer à cette phrase, tout simplement. Tu as tort ! Voilà ce que j'ai envie de lui dire à cet instant.

Quelqu'un entre dans la pièce. J'inspire profondément. Du citron. Je prends un nouveau morceau de gâteau, je lève les yeux sur le luminaire. Les gens ici sont comme ceux de l'extérieur, comme des luminaires qu'on veut parfaits. Mais pourquoi n'acceptent-ils pas qu'ils le sont déjà ? Pourquoi juge-t-elle ses yeux bizarres ? Pourquoi faudrait-il que je sois aussi comme les autres ? Faut-il qu'on soit tous le même modèle de lampe. Je pose soudain les coudes sur le plan de travail. Je serre les deux poings. Mon visage s'est enfermé dans l'expression de la contrariété. Je ne prête pas attention au nouveau venu et utilise mon pouvoir pour envoyer une illusion auditive à Snow. C'est la voix que tu entends. C'est ma voix, surgie de ma main qui s'ouvre dans ta direction. Mes lèvres restent scellées et pourtant, je lui dis. Je te dis. « Je suis navré, Snow. Mais tu as tort. Tu es parfaite. Tu peux en douter, tu as le droit de douter. Mais tu es parfaite, quand je te vois à cet instant. » Je referme la main, comme si de rien n'était. Mon regard reste plongé sur la part de gâteau dont je prends un nouveau morceau avec les doigts. Le nouveau venu, pas surpris, termine son café-noisette puis quitte la pièce. Je me mets à regarder le bord de l'assiette sur lequel je passe le bord de mon doigt. Je voudrais chasser le cil qu'elle a au coin de son œil bleu.
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeMer 11 Mai - 23:45
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« We are all mistaken sometimes; sometimes we do wrong things, things that have bad consequences. But it does not mean we are evil, or that we cannot be trusted ever afterward. » - Alison Croggon.

I
l a remercié. Il a eu l’air d’apprécier le gâteau, alors elle attrape une serviette qu’elle lui tend, au cas où il désire se défaire des traces de chocolat parce que ça n’est jamais très agréable, les traces sur la peau, le collant sucré du fondant. Elle lui sourit, attentive à ses gestes, à ses expressions, pour essayer de le comprendre sans qu’il n’ait trop besoin de s’étaler en paroles, s’embourber dans ses mots qui ont l’air de lui faire défaut. Défaut comme à elle autrefois. « Snow ? » Les yeux trop bleus se relèvent vers le garçon - encore. Patience. Elle refuse de le brusquer. Qu’il profite du gâteau. Qu’il profite du calme, de la sécurité de l’institut, qu’il découvre à son rythme. Elle ne sait pas s’il doit s’installer définitivement mais elle le suppose, parce qu’il a l’air diablement seul. Diablement en décalage avec la société. « Tu... tu... je... dés-... » Il se frotte les yeux. Quelques troubles donc. Elle n’en saisit pas encore la nature. Difficulté à communiquer, reflet déformé de son passé. Elle se souvient des moments où les émotions des gens lui étaient un mystère, où déchiffrer les traits d’un visage était un enfer. La Reine des Neiges parce que froideur permanente, imperméable aux autres. Troubles post-traumatiques, mais ça n’a pas l’air d’être le cas de Sterling. Elle le détaille encore, sans qu’un jugement ne transperce. Elle veut simplement l’aider. Il veut s’excuser d’elle ne sait trop quoi. Dommage que Bobby n’ait pas eu le temps de lui souffler ce qu’elle devait éviter avec le jeune mutant.

« Je suis navré, Snow. Mais tu as tort. Tu es parfaite. Tu peux en douter, tu as le droit de douter. Mais tu es parfaite, quand je te vois à cet instant. » Crispation réflexe. Elle s’est redressée, sur la défensive. Sur le coup, elle n’a pas analysé la voix, c’était trop clair, trop fluide pour qu’elle rapproche les intonations de celles de Sterling puis elle a compris, en le regardant. Lente détente. Est-ce qu’il est télépathe ? Non, s’il l’était, il ne la trouverait pas parfaite, bien au contraire, il verrait la mort, la douleur, les regrets, la folie. Il verrait le monstre derrière le visage d’ange. Mais s’il n’est pas télépathe, qu’est-il ? Elle passe mentalement en revue les mutations connues jusqu’à suivre l’évidence. « Tu es illusionniste. » Elle en avait connu un qui parlait ainsi aux autres, les contacts étant un défi trop difficile à relever. Elle s’adoucit.

« La nouveauté est toujours parfaite.. » souffle-t-elle, un sourire en coin au bord des lèvres. Il doit pouvoir faire voir aux autres des univers merveilleux, des décors époustouflants tout droit sortis de son imaginaire. « Est-ce que tu veux un peu de lait ? » Il a mangé du chocolat, il doit avoir soif, elle n’a pas envie qu’il rejoigne Bobby à moitié déshydraté. Le psychologue n’apprécierait pas cela non plus. « Ou autre chose ? » La X-Mansion avait l’incroyable avantage d’en avoir pour tous les goûts, pour toutes les humeurs, pour toutes les gourmandises imaginables, parce qu’il y en avait toujours un pour venir grignoter. Snow n’a pas vraiment pris en compte l’intrusion dans leur bulle, si on ne lui demandait rien, elle n’importunait pas, et ses petits protégés buvaient plus souvent des chocolats chauds que des noisettes.

Il passe un doigt sur le bord de l’assiette. Elle a toujours le cil au bord de l’oeil, sans le savoir. Doucement elle pose la paume sur la table, la rapproche de Sterling sans initier de contact, et quelques secondes plus tard, elle retire la main sous laquelle s’est glissée une colombe de glace. Sculpture petite et raffinée, symbole de paix. « C’est un peu comme ça qu’on dit bienvenue, ici. » Chacun à sa manière, chacun selon ses facultés mais il arrivait plus souvent qu’on demande à un nouveau pensionnaire sa mutation plutôt que son nom de famille, qu’on lui colle un pseudonyme comme signe d’appartenance. C’était ça la beauté de l’endroit, la beauté de la tolérance ambiante - d’avant tout ce chaos, d’avant la loi, d’avant les déchirures.
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeJeu 12 Mai - 23:48
C'est une voix qui a parlé. La mienne, pas mes lèvres. J'ai cédé à la facilité. Je la vois se redresser soudain, du coin de l’œil mais je ne fais pas de même. Je ne saurais pas quoi lui dire de toutes façons, les réactions à adopter. Alors je reste dans la même position, si ce n'est que je referme ma main. Je garde les yeux rivés sur le bord de l'assiette. J'en observe les courbes, les coups de couteaux et de fourchettes qui ont laissé des traces dans le fond, des sillages entre les miettes de chocolat. Je suis ses mouvements de loin, sans bouger le visage. Je ne sais pas ce qui heurte les gens : leur dire qu'ils ont tort, ou qu'ils se rendent compte qu'ils se complaisent dans leurs douloureux mensonges.

Je hausse des épaules.  « Tu es illusionniste. » C'était comme ça que m'avait appelé Jeremiah, la première fois. Il n'avait peur du don, il n'avait peur des monstres, il n'avait pas peur du sang, il n'avait pas peur des chuchotis, il n'avait pas peur des longs gémissements. Tout cela, il ne semblait ne jamais en avoir eu peur. J'esquisse un sourire, me plongeant dans un souvenir. Je passe mon auriculaire sur le coin de ma bouche. Je ferme les yeux, prends une longue inspiration. Je garde cet oxygène dans mes poumons, une seconde. Deux secondes. Ça fait du bien. Je rouvre les yeux, les pose dans la direction de Snow. Sur la fenêtre qui se trouve dans son dos. La nouveauté, toujours parfaite. Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce qu'elle dit. Finalement, je lui souffle : "Tout... tout... tout..."

J'essaie de mesurer ce tout. Les lieux, les gens, les objets, les illusions, même l'Institut, même les mutants, même ce qui donne envie de rester prisonnier de son lit le matin. Tout cela, il faut le regarder avec des yeux de patience, avec des yeux extérieurs... "Tout m'est... t... t-t-touj... jours. N... 'veau". Je ne m'extasie pas sur tout, mais c'est juste que j'aime à voir la beauté en toute chose. J'aimerais que ce soit toujours le cas... Je regarde autour de moi, il y a tellement de placards, comment ils se retrouvent là-dedans ? Je pince les lèvres en regardant à nouveau autour. Je me mets debout. « Est-ce que tu veux un peu de lait ? Ou autre chose ? » Je secoue simplement la tête puis regarde vers sa main. Je m'écarte, par mesure de sécurité. Et elle doit avoir les mains froides. Je balade mes yeux sur le plafond et les rabat brutalement sur la table. Je tends l'index vers l'animal. J'écarte brutalement la main, de peur de la casser. Et je redessine ses traits à quelques centimètres d'elle. Je pose mes mains au-dessus de la petite colombe. J'aurais voulu garder toute la vie près de moi. Je me mords la lèvre. Je ne fais jamais d'animaux. C'est déjà compliqué de faire des personnes entières, alors que je sais bien comment elles sont faites. Les créatures, les ombres, c'est plus facile. Et je peux les montrer à plusieurs personnes. J'écarte mes mains mais les referme immédiatement au-dessus de la petite sculpture. Ah non, pas comme ça. Puis je les rouvre. Une illusion se superpose à la colombe, avec une apparence glacée. Elle étend ses ailes gelées, s'envole presque à la verticale. C'est beau, je n'avais jamais vu d'animal de glace. Et je trouve cela très beau à faire. Je la fais s'envoler, disparaître à travers le mur qui sépare la cuisine de la pièce voisine.

Je regarde autour de moi. Des dizaines s'envolent. Volent partout dans la pièce. J'ignore si Snow peut les voir, je voudrais qu'elle puisse les voir. Je regarde autour de moi avec de grands yeux. Merci de m'offrir ces nouvelles... images. Je saisis mes cheveux entre mes mains et joue nerveusement avec leur extrémité. Je pivote sur le côté. "Tu t'amuses ?" Je la regarde, souris et hoche de la tête "Ou... oui je... je... crois." Elle s'appuie à la table à son tour, le menton calé sur les paumes de ses mains, les coudes sur la table. "Chhh... Je ne suis pas là tu sais. Ils le savent." Je soupire. "Je v- v- v- ... veux b..." Longue inspiration. Je cale mes mains sur mon front. "bien un un un un..." J'agite la main droite, la seconde restant sur mon visage. "verre ! verre d'eau" Ultimes efforts. Je me mets à marcher dans la pièce. J'approche Snow, je fixe le cil sur le coin de son oeil. Je tends le doigt dans sa direction puis rabats ma main vers moi et laisse pendre les bras le long de mon corps. Et finalement je reprends une de mes mèches de cheveux en main.
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeSam 14 Mai - 12:45
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« We are all mistaken sometimes; sometimes we do wrong things, things that have bad consequences. But it does not mean we are evil, or that we cannot be trusted ever afterward. » - Alison Croggon.

L
es illusionnistes ont un don extraordinaire, ils ont l’esprit humain à leur portée, les sens d’autrui entre leurs doigts. On dit que les meilleurs d’entre eux peuvent offrir aux autres un décor des plus réalistes, faire voyager tout un groupe hors de la réalité tout en leur faisant croire à l’aspect palpable de leurs créations. On dit qu’ils peuvent forger les pires cauchemars, plonger un cerveau dans une terreur sans égale. Précieux alliés dans une bataille. La première colombe s’envole, à l’aspect de la glace, elle étire ses ailes un peu rigides et traverse la pièce, s’évapore, superbe mirage, avant que des dizaines ne suivent son exemple. Tout est toujours nouveau pour lui. C’est charmant. Snow sourit, sincèrement, sans doute émerveillée par le talent du garçon timide. C’est ainsi qu’elle le voit : un garçon timide, pas très à l’aise socialement, un jeune homme un peu perdu qui subit plus qu’il ne savoure, et le silence est une douce mélodie. Il parle seul, ensuite, c’est étrange. Elle observe, spectatrice respectueuse. Il voit des choses. Il voit des manifestations qui n’appartiennent qu’à lui. Est-ce pour cela que Bobby le suit ? Elle aimerait en savoir plus, pour pouvoir l’aider.

« Je v- v- v- ... veux b… » Il inspire profondément, les mains sur son front. Quelque chose ne va pas et elle se sent atrocement impuissante. « bien un un un un… » Agité. Il est agité. Ca lui échappe, ça lui glisse sous les yeux sans qu’elle ne possède aucun moyen de l’apaiser. « verre ! verre d’eau » Un verre d’eau. Mais il s’est approché, peut-être qu’elle ne devrait pas bouger. Snow patiente, elle attend de savoir s’il va aller au bout de son geste, s’il va vaincre les remparts. Elle n’aime pas qu’on la touche, elle a toujours une sorte de réticence au contact mais à Sterling, elle ne montre qu’un calme rassurant et olympien. Elle ne montre qu’une aura tendre, que ce qu’il y a de meilleur en elle. Il abandonne. Elle pivote, le son de ses escarpins indique qu’elle s’approche des placards pour récupérer un verre, puis elle lui sert de l’eau d’une bouteille et revient vers lui, pour qu’il prenne ce qu’il a demandé. « Tu n’as pas à avoir peur. Personne ne te jugera ici. » Un nouvel environnement, ça fait toujours peur. C’est toujours terrifiant.

Il aime la nouveauté. Il a aimé la colombe. Il lui vient donc une idée. Snow ouvre sa main et souffle sur sa paume, comme un tour de magie. Bobby lui a dit un jour qu’il y avait de l’émerveillement dans leur mutation, de la beauté, qu’il ne signifiait pas que mort et douleur ; elle applique le concept, naturellement. Le souffle semble entraîner les premiers flocons générés spontanément, et autour d’eux tombe la neige, régulière, délicate, sans que la température ne tombe drastiquement pour autant. Seulement ce qu’il y a de beau dans ce qu’elle sait faire. Le bras retourne le long de son corps, et malgré tout les flocons virevoltent, suspendent le temps, créent une sorte de bulle tranquille. Les mots ne sont pas pratiques, ils expriment mal les pensées, ils s’interprètent différemment d’une personne à l’autre - la communication verbale n’est jamais parfaite. La glace, la neige, c’était universel, ça parlait à tout le monde, ça plaît ou ça dérange mais ça se comprend, ça s’intègre, ça ne fait du mal que si on désire que cela en fasse. Snow veut lui montrer le charme de l’Institut, lui montrer que les mutants peuvent y être bien, sans passer pour fous, quand bien même elle ne s’y sente pas à sa place, quand bien même elle ne soit pas l’exemple suprême de l’intégration.  
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeDim 15 Mai - 17:44
« Tu n’as pas à avoir peur. Personne ne te jugera ici. » Je penche la tête sur le côté, affiche le visage de la réflexion. Papa est en train de discuter dans la pièce d'à côté, des éclats de voix me proviennent régulièrement, je n'aime pas ça. Puis des bruits de meubles que l'on déplace. Je n'aimais pas qu'il change les meubles de place, il le savait. Je me lève, fouille l'obscurité de la chambre à la recherche de la poignée de la porte. J'entrouvre cette dernière et reste dissimulé dans l'embrasure. Des jeux d'ombres sur mes pieds nus. Je me déplace sur le côté, je rase les murs pour les rejoindre discrètement. Ils s'empoignent, ils se crient dessus. Je regarde dans leur direction, ils ne me voient pas. « Vous avez dit que mon fils est débile ! Incapable ! » « Il a douze ans et il lit comme un enfant de sept ans monsieur Adams ! Il parle seul et il n'écoute rien ! » « Si, monsieur ! Il vous écoute, et il entend ce que vous dites de lui ! » L'enseignant s'est soudain arrêté, tourné vers moi et m'a dit...

J'ouvre grand les yeux, les tourne vers Prudence. Je ne sais pas si les jugements me blessent vraiment. Je suis ce que je suis, je m'y habitue. C'est plutôt quand mon imagination me trompe que cela me frustre, quand ma tête me dit que c'est réel, quand mon cœur me dit que c'est réel et que rien ne l'est. Finalement, même Snow pourrait ne pas être là, elle pourrait être une jolie illusion qui me dirait aussi ce que j'ai besoin d'entendre. Je la regarde, je ne sais pas comment je pourrais savoir qu'elle est vraiment là. La femme sans nom remet en place son collier de perles ivoire, soigneusement. Je jette un œil dans sa direction. Elle, elle vient souvent, je la reconnais. Et quand les autres ont des visages que je leur attribue... Et quand enfin il s'agit des monstres, je sais qu'ils sont faux. Il n'y a pas de monstres, n'est-ce pas ?

Elle marmonne quelque chose, je ne l'écoute pas. Je n'aime pas quand ils parlent comme ça, sans vraiment dire quoique ce soit d'intelligible. Ils ne font pas d'efforts. Je fais un hochement de la tête dans la direction de Snow. Et moi ? Je ne suis pas sûr de ne pas juger les gens, est-ce que ce genre de préjugés peut se contrôler ? Je passe une main dans ma nuque, attrapant le verre de l'autre. Je dissimule ma bouche et le bout de mon nez dans le contenant translucide et roule des yeux. Ceci dit, ce sera peut-être plus facile pour parler. Mon orthophoniste me manque, je l'aime bien aussi, elle. Je lève les yeux vers Snow quand elle lève la main. Je repose le verre sur la table et suis sa bouche du regard. Elle souffle.

Elle souffle et il neige. Il neige ? Il neige. Il neige ! Je tends le doigt, en laisse un se poser sur mon annulaire. Je le regarde disparaître progressivement au contact de ma peau. Et un autre. Et un autre, encore un. Elle ne bouge pas mais les flocons continuent de tomber autour de nous. Il n'y a plus aucune limite, il n'y a plus aucune frontière.

Je me mets au milieu de la pièce, tends les bras et lève le visage vers le plafond, les yeux fermés. Je laisse les petits flocons tomber sur mon visage avec un réel plaisir. Ce pouvoir est tellement beau, beau comme l'hiver. Je me balade dans la pièce, c'est incroyable ils n'arrêtent pas de tomber. Finalement, je m'arrête, parcouru d'un frisson. Je regarde les derniers disparaître sur ma peau claire parsemée de tâches rougeâtres. Je me tourne dans la direction de Snow. Je refais un pas vers elle. Un peu gêné, je me lance finalement puis lui dire : « Tu... tu as un.... » Je balance mon poignet, cherchant le mot. Je me concentre sur les flocons qui tombent encore autour de nous. Je parle plus lentement, beaucoup plus lentement. Les mots, je les souffle, ça va mieux. Nous sommes seuls, elle est patiente, alors je ralentis tout ça et je sors les mots syllabe par syllabe : « cil... près de... de... de ton... œil... » Je lui montre sur moi, laissant mon index ravagé glisser près de mon œil droit, caressant ma joue creuse. Deux fois.

Je me retourne, lui tourne le dos. « Tu me... montres le le le... le... le lac ? »
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeLun 16 Mai - 22:11
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« We are all mistaken sometimes; sometimes we do wrong things, things that have bad consequences. But it does not mean we are evil, or that we cannot be trusted ever afterward. » - Alison Croggon.

I
l est émerveillé. Sterling est émerveillé, comme un petit garçon quand l’hiver arrive, quand les flocons tombent et ceux de Snow semblent lui plaire, froids, très réels, un tour de vraie magie. Sa mutation avait de bons côtés, elle pouvait être belle et le bonheur de l’adolescent le lui rappelle. Il n’a plus l’air aussi stressé, il n’est plus dévoré d’inquiétude. Il respire même mieux. Elle l’observe se déplacer dans la pièce, lever le visage vers le plafond, savourer l’instant. Elle regrette de ne pas avoir d’enfants à qui offrir ça, d’enfants à elle qu’elle pourrait dorloter, bercer, aimer - et elle chasse ce sentiment avec détermination. Puis il s’avancer, visiblement gêné, pour lui dire qu’elle a un cil au coin de l’oeil. Elle le chasse, du bout du doigt, sur lequel il reste et, esquissant un sourire, ajoute : « Il paraît qu’il faut faire un voeu quand un cil tombe à cet endroit, alors je souhaite que tu sois bien ici. » Et dans un souffle, elle laisse s’échapper le cil. Sa mère lui disait toujours ça, quand elle était petite. Il a tendance à se faire mal, apparemment, c’est ce que son index lui indique ; difficulté à communiquer, discute seul, peut-être tics au-delà de la douleur.

« Tu me... montres le le le... le... le lac ? » Il lui tourne le dos. C’est étrange. Est-ce qu’il est timide ? Est-ce qu’il est embêté de demander quelque chose ? « C’est mon endroit préféré. » lui dit-elle en ouvrant la porte donnant sur les jardins, le lac à l’horizon. Elle lui murmure de la suivre, qu’il n’a rien à craindre et avance vers l’étendue d’eau. Il fait plutôt beau, les étudiants ne sont pas tous en cours et certains s’amusent, se chamaillent, s’exercent à user de capacités inoffensives. Snow veille à ne pas perdre Sterling de vue, le ramène doucement à elle, de quelques mots, quand il semble s’égarer dans l’observation. Hey, c’est par ici, mais elle ne le touche pas, elle respecte son espace vital.

Le bord du lac était sa maison, ses bonheurs et ses malheurs, il était tout ce qu’elle avait dans cet endroit, tout ce qui, finalement, n’appartenait presque qu’à elle. Lorsqu’elle marchait sur l’eau gelée, là où peu avaient accès, elle retrouvait le passé dérangeant, la paix sans sentiments. Là, elle ne pouvait pas parce qu’il y avait Sterling, qu’il risquait de glisser, qu’il ne fallait pas le mettre en danger. Alors Snow fabrique un banc de glace, digne d’un conte de fée, le couvre de la couverture qu’elle avait laissé sur le sol plus tôt dans la journée et s’assied. Elle l’invite ainsi à en faire de même. « Est-ce que ça te plaît ? »

Peut-être qu’il n’aimait pas trop l’eau, peut-être qu’il voulait juste prendre l’air et qu’elle avait mal interprété, elle n’est pas télépathe et elle trouve cela bien embêtant, dans des cas comme ceux-là. Bobby vivait cela perpétuellement, avec ses patients, avec elle aussi. Elle ne se sentait pas très compétente pour prendre soin du garçon solitaire. « Tu aimes l’eau ? »  
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeMer 18 Mai - 23:57
Réduire la vie à...
Des formules indécises
C'est bien impossible, elle
Tu vois, se nuance à l'infini

Je regarde le bout de son doigt. Je la regarde tendre l'index vers le haut, comme cherchant une étoile en plein jour. Elle laisse le cil s'échapper, m'offre son vœu. Je ferme les yeux une seconde, me repasse les paroles de M. Drake, qui se superposent à son vœu à elle, j'aime cette idée. Mais je ne me projette pas dans l'avenir. Je n'ai pas envie de le faire. Il s'écroule, fend l'air de sa petite courbe brune, je le regarde s'effacer dans un rayon de soleil qui traverse une fenêtre. Tous les détails de la pièce se mettent en place dans ma tête comme les petites pièces d'un puzzle. Les lieux sont magnifiques, j'aime y noyer mon regard. Je veux redécouvrir tout, à chaque fois. Je n'ai pas assez de temps, pas assez de temps pour me morfondre, pour pleurer ou être en colère. Je n'ai pas assez de temps devant moi. Tout va trop vite. Les événements vont trop vite, pour moi, pour Snow, pour M. Drake et pour tous les autres. S'ils pouvaient s'arrêter un instant, gonfler leurs poumons aussi fort que possible, expirer doucement... S'ils pouvaient juste oublier. Oublier de faire semblant. Je me suis retourné. Que je sois en face d'elle, de dos, assis, debout, allongé, ça ne change rien. Qu'est-ce que ça pourrait changer ? Rien...

C'est comme une lettre
Qui c'était écrite à l'envers...
Coule dans ma tête
Un monde fou qui veut naître

J'esquisse un sourire quand elle répond qu'il s'agit là de son endroit préféré. Je la suis silencieusement, les mains jointes, dans une friction lente et rassurante. Je lance des oeillades vers d petits groupes de jeunes gens qui s'amusent, usant parfois de leurs capacités. Comment peut-on croire que toutes ces personnes sont dangereuses ? Comment peut-on croire que parce qu'elles sont différentes, elles ne laisseront derrière elles qu'un champ de bataille ? Je les regarde, essaie de deviner ce qui les a amenés ici. Quand je m'arrête, j'entends la voix de Snow qui tisse un nouveau fil d'Ariane. Par ici. J'attrape une mèche de cheveux, l'entoure autour de mon doigt. Je la regarde, dans sa robe blanche, créer un banc de glace. Je m'en approche, lève un pan de la couverture pour caresser l'objet du bout des doigts. Puis j'y apose la paume de ma main. Je ne sens pas les veinures du bois, c'est parfaitement lisse. Pas les accrocs de la vie. Pas de coulures de peinture. Juste une glace parfaitement lisse. Je garde la main posée dessus, accroupi juste à côté.

Je remets ma vie à...
Un plus tard abandonné
Pour simplement vivre
Tenter d'a...tteindre une humanité

Je suis sorti de mes pensées par la question de Snow. Je pose mon coude sur le banc et il cale ma tête. Je me mets à genoux sur l'herbe. Je regarde la surface de l'eau. Oui, énormément. Je pourrais rester comme ça indéfiniment. Je lève les yeux vers elle, sans ouvrir la bouche, immobile. « Oui, beaucoup. »

Je fais quelques pas à quatre pattes, le temps de plonger mes doigts dans l'eau. Je sors ma main. Je retire à la hâte mes chaussures, mes chaussettes et remonte mon bas de pantalon. J'entre mes chevilles dans l'eau. Je fixe mes pieds et me retourne vers Snow. Je lui souris quand elle me demande si j'aime l'eau. Je passe les mains dans mes cheveux, les ramène vers l'arrière. Je laisse parler l'illusion, sans image. Sans efforts : « Pourquoi tu aimes tellement cet endroit ? »
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeJeu 19 Mai - 12:49
Discovering.

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L
a réaction est inattendue et Snow comprend finalement ce que Sterling veut dire quand il évoque le fait que, pour lui, tout est toujours nouveau. Il a l’enthousiasme d’un enfant, une joie de vivre assez paradoxale quand on détaille l’index ou la manière d’enrouler cette mèche de cheveux. Elle aurait pu rester assise sur le banc à le regarder tremper les orteils dans le lac, cependant elle s’est levée, calmement, pour le rejoindre - quelque part c’était aussi une précaution au cas où il glisse. Les escarpins sont quittés et elle s’installe près de lui, les jambes dans l’eau froide. « Pourquoi tu aimes tellement cet endroit ? » Il utilise les illusions pour communiquer, ça lui fait esquisser un sourire. Après tout, pourquoi s’épuiser à articuler quand ce peut être si simple. ? « Reste au bord.. » lui souffle-t-elle tandis qu’elle se laisse aller dans l’eau, disparaissant sous la surface pour mieux remonter, quelques secondes plus tard, entièrement liquide. Les cheveux flottent légèrement autour d’elle, insoumis à la gravité. Il voulait savoir pourquoi elle aimait tant cet endroit, la réponse était en partie dans le fait qu’elle était faite d’eau. D’eau froide et de glace. Elle espère qu’il ne prendra pas peur, qu’elle ne l’effrayera pas, mais si il doit comprendre combien la différence n’est pas un problème entre ces murs, elle se doit de montrer un exemple plutôt extrême d’étrangeté.

« Mes plus beaux souvenirs sont ici. » Il mérite bien une explication plus concrète que cela, n’est-ce pas ? Elle aimait le lac bien avant de comprendre qu’il s’agissait d’un élément plus que vital pour elle, plus que le litre d’eau que boit un être humain dans une journée. « J’ai rencontré la personne que j’aime le plus au monde ici, j’ai appris à le connaître là-bas.. » La main liquide pointe de l’index l’autre côté, près des arbres, où elle avait dîné avec Bobby dans un passé qui lui semble atrocement lointain. « Je me suis disputée au milieu, j’ai compris ce qu’était le bonheur aussi, tout près de là où tu es assis. Le lac est beau mais il ne vaut pas les souvenirs qu’on s’y fait. » Appuyée sur le bord, les bras croisés, elle n’entre toujours pas en contact avec Sterling, comme si elle avait compris sa sensibilité, attendant sans doute qu’il prenne les décisions, qu’il choisisse de lui-même. Et puis Snow n’était pas très tactile, communiquer par des biais peu habituels lui convenait parfaitement, elle l’avait fait durant des mois, après tout.

« C’est un peu ma maison parce que j’y ai été heureuse, un temps. » Avant que tout ne s’effondre. Elle avait tant aimé construire ce palais glacé, même si ça avait été dans le conflit. Finalement tous ses conflits avec Bobby valaient quelque chose à ses yeux, ils avaient été le moyen de le connaître, de le comprendre, de faire tomber les luttes brutales vers des choses plus douces.. et de s’en éprendre pour que la chute ne soit que plus rude. Qu’importe. Elle s’était sentie vivante et rester immobile à contempler l’étendue sombre lui rappelait toujours que ça avait été possible, qu’elle n’était pas encore tout à fait morte à l’intérieur. « Tu as des souvenirs heureux, toi ? »

Vraiment, sans son dossier, c’était comme marcher sur des oeufs et Snow se sentait plutôt impuissante face à ce garçon, tantôt si fragile tantôt brusquement affirmé sur son avis. Et si elle faisait une erreur ? S’il fuyait pour ne plus jamais vouloir passer les grilles de l’école ? Bobby ne le lui pardonnerait jamais. Pire, il la tuerait. C’était sans doute un travail de longue haleine de mener Sterling ici et si elle gâchait tout..  il ne fallait pas qu'elle gâche tout.
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeJeu 19 Mai - 18:53
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La situation est sous contrôle. Les gamins se sont calmés. Ils ont réalisé qu’ils avaient été bêtes. Bêtes de se déchirer. Bêtes de succomber à la haine et à la colère. Bêtes de se haïr alors qu’ils sont comme deux frères adoptifs. Ils l’ont compris. C’est le principal. La chambre a souffert. Leurs affaires aussi. Vestige de leur bagarre. Ils sont déterminés à tout remettre en place. Ils sont motivés à redonner à la pièce son état d’origine. Bobby a fini par les abandonner. Sterling toujours dans un coin de sa tête. Il l’a emmené à la X-Mansion en lui promettant de rester à ses côtés et d’être près de lui pour répondre à ses questions. Il n’a pas fallu dix minutes pour que sa promesse tombe à l’eau. Il va rattraper son erreur. Il va s’assurer que le gamin apprécie ses premiers instants à l’Institut. Il ne s’inquiète pas pour sa sécurité. Snow a l’habitude d’être en contact avec les enfants. Peut-être pas de jeunes qui souffrent de troubles du développement. Peut-être pas des illusionnistes en herbe. Mais elle sait s’adapter. Elle va sûrement lui en vouloir de ne pas l’avoir prévenue, de ne pas lui avoir glissée un mot sur Sterling. Il n’avait pas vraiment le choix. Dans d’autres circonstances, il aurait pris le temps de lui expliquer tout ce qu’il savait sur le jeune mutant. Il lui aurait passée son dossier. Il lui aurait parlée de ses visites régulières. Dans d’autres circonstances, il n’aurait même pas eu besoin de s’éloigner de lui. Ce n’est donc pas sa sécurité qui l’inquiète. Plutôt son appropriation des lieux. Sterling avait l’air d’imaginer une école magique où tout est possible, où tout est permis. Une école digne de Poudlard. Il se peut que l’école des mutants ne soit pas aussi impressionnante qu’il le pensait. Surtout, l’école est grande. Les pensionnaires sont nombreux. Pour un gamin habitué à la solitude d’une chambre blanche, il doit recevoir beaucoup d’informations d’un coup. Beaucoup trop. Alors, Bobby s’inquiète. Un peu. Si Snow avait dû faire face à une crise, il aurait été prévenu. On serait venu le chercher aussitôt. Au lieu de cela, on l'a laissé gérer le conflit tranquillement. On lui a laissé du temps avant qu’une adolescente le sollicite. Et puis, il a enfin trouvé le temps de quitter le dortoir des garçons. De redescendre. De retourner dans la cuisine. Il n’y a personne. La pièce est vide. Seule l’assiette avec des restes de gâteau témoigne que quelqu’un est venu par-ici. L’odeur assure qu’on a cuisiné une pâtisserie ces dernières heures. Ils ont poursuivi la visite. Rien d’étonnant. Sterling est un adolescent émerveillé par tout ce qu’il voit. Il a sûrement dû demander à voir autre chose. Mais quoi ?

Si vous cherchez Snow et le gamin bizarre, ils sont partis par-là.” Réponse à une question silencieuse. Il suit la direction indiquée. Ils ont pris la porte de la cuisine qui donne sur les jardins. Ils sont partis tout droit. Il sait très bien ce qu’il y a au bout de ce chemin. Il ignore si la demande vient de Sterling ou de Snow. Peut-être des deux. Qui sait ? Il lance un regard au jeune. “Merci !” Il doit être tellement prévisible pour qu’on se doute qu’il cherche la jeune femme. Il sort de la cuisine. Il marche sur leurs pas. Il reprend le chemin emprunté précédemment par ce drôle de couple. Il les découvre finalement au bord du lac. Il les observe au loin. Un banc de glace. Signature de Snow. Elle ne peut pas s’empêcher de créer des choses avec sa glace. Toujours pour émerveiller. Toujours pour ébahir. Pas étonnant que les plus jeunes l’apprécient. Elle est un peu une magicienne, une princesse qui attend son prince charmant. Mais ils ont délaissé le banc. Ils ont abandonné l’idée de s'asseoir tranquillement. Ils ont préféré s’installer tout au bord du lac. Le pantalon retroussé. Les pieds dans l’eau. Il est presque étonné de ne pas découvrir la surface glacée par Snow. Elle aurait pu le geler, comme elle le fait si souvent. Les poissons ici n’ont pas le temps de vivre qu’ils sont immédiatement refroidis par la glace. Pas de chance. Il met quelques instants à trouver la jeune femme. Le rayon du soleil offre un relief à sa silhouette. Le soleil la dévoile dans l’eau, sous sa forme la plus liquide. Il contemple ces deux silhouettes. Paisibles. Détendues. Le lac leur appartient. Tous les deux vont bien. Ils n’ont pas l’air d’être paniqués. Ils n’ont pas l’air éprouvé par une crise quelconque. Tout va bien. Snow a parfaitement géré la situation. Dommage qu’elle ne veuille pas devenir psychologue. Elle serait douée. Elle le sera tout autant dans le droit. Il en fait le pari. Il hésite à les rejoindre. Après tout, ils s’en sortent très bien, tous les deux. Ils s’entendent bien. Ils n’ont pas besoin d’une troisième personne. Ils n’ont pas besoin d’un trio pour trouver leur équilibre. Il finit tout de même pas avancer. Conscient que ce doit être éprouvant pour Snow comme pour Sterling. La première parce qu’elle doit faire attention à ses mots, à ses gestes. Parce qu’elle doit chercher à comprendre ce qui cloche chez Sterling. Pour ce dernier, la journée a été longue. Elle a été éprouvante. Il est temps de lui permettre de se reposer. “C’est un peu ma maison parce que j’y ai été heureuse, un temps.” Sa voix lui parvient faible. Déformée. Mais il reconnaît les mots, les sonorités. Elle ne le voit pas encore. Auquel cas, elle se serait peut-être abstenue de prononcer des paroles pareilles. Il n’a pas besoin d’entendre le début de la conversation pour savoir qu’elle fait référence au lac. Et à leur relation. Elle a tenu à peu près le même discours devant lui, il y a quelques jours à peine. Mais il ne peut pas nier. Il ne peut pas nier tout ce qu’il s’est passé ici. Ils ont eu de beaux moments.

Il continue d’avancer. Il se retrouve bientôt à quelques mètres d’eux. “Tu as des souvenirs heureux, toi ?” Heureux. Bonheur. Des concepts encore trop étranges. Des concepts encore trop méconnus. Des concepts différents de ce que Snow et Bobby peuvent éprouver. Pas sûr que Sterling puisse mettre des mots sur ses souvenirs. Surtout avec son histoire. Bobby est maintenant à côté d’eux. Il rejoint le club des pieds mouillés. Il retire ses chaussures. Il enlève ses chaussettes. Il roulotte son jean. Il s’installe à côté du mutant. Il plonge les pieds dans le lac. Le contact de l’eau est froid. Personne ne vient jamais se baigner ici et pour cause. Il n’y a que Snow pour ne pas s’effrayer de la température. Même lui ne s’y aventure pas. Il préfère la chaleur de l’Institut. Il préfère le contact de la terre sous ses pieds. Ou de la glace. Incontestablement, de la glace. Son toucher froid. Son apparence magique. La glace a de quoi émerveiller. Mais il ne peut pas transformer le monde en un énorme glaçon juste pour le plaisir des yeux. Il n’en serait même pas capable. “Je pense qu’aujourd’hui est un jour heureux, n’est-ce pas Sterling ?” Il lui adresse un sourire. Il voit à son visage que le jeune est content d’être ici. Tout se passe bien. Même plutôt bien. Mieux que si c’était Bobby qui s’était chargé de la visite. Il n’aurait pas été aussi doué que Snow. Il n’aurait pas eu cet instinct qu’elle a. Il est doué pour écouter les sentiments. Il est doué pour rassurer. Il n’est pas doué avec les besoins des jeunes. Il n’est pas doué pour les émerveiller. “Alors, est-ce que la visite te plaît ?” La visite de l’intérieur a été écourtée. La visite de l’extérieur se résume aux quelques jardins qu’ils ont traversés pour arriver jusqu’ici. Il y a de faibles chances pour que Sterling soit totalement convaincu et décide de poser définitivement ses valises ici. Il y a toujours le risque qu’il reparte ce soir, demain, après-demain, dans une semaine. “Sterling est un ami de longue date. Il est ici pour quelques jours. Il vient voir si ça lui plairait de vivre ici pour les prochaines années.” Il aurait tellement de choses à raconter à Snow sur le garçon. Tellement de détails. Tellement d’informations. Tellement d’anecdotes. Sterling est un enfant fascinant. Bien au-delà de sa mutation. Bien au-delà de ses illusions. Il est fascinant pour sa manière de voir le monde. Il est fascinant pour sa manière de concevoir le quotidien.



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Je reste au bord, ici. Je reste ici, tu vois. Je la suis du regard, fronce les sourcils quand elle disparaît sous la surface de l'eau. Je fais un pas en avant. L'eau couvre mes tibias. Elle n'est plus là. Mes yeux s'écarquillent, je dois y aller. Elle a disparu, disparu sous la surface de l'eau qui s'est immobilisée, domptée, abattue. Je retiens mon souffle, comme moi-même en apnée. Elle ressort, j'ai eu l'impression que ça avait duré des heures. Je porte une main à mon visage, figé dans la peur de cette disparition, défais les nœuds qui m'empêchent au début de quitter cette expression et je m'avance légèrement à nouveau dans sa direction, oubliant sa recommandation. Je la regarde, comme si elle était nouvelle, comme si elle n'était déjà plus Snow, comme si elle venait de se défaire de sa robe, de son costume pour me montrer qui elle est, qui elle est dessous. C'est comme la regarder dans les yeux, c'est comme sonder une âme qui ne demande pas à être sondée. Je frotte mes yeux du dos de mes mains. Je ne suis pas sûr de vouloir arriver à voir ça. Je ne suis pas certain de pouvoir montrer ça de moi, non-plus. Je me mets à presser mes doigts dans mes mains, comme ces gens qui donnent leur sang, pensant aider les autres.

Mon regard parcourt son corps, je prends une longue inspiration. Si elle n'est qu'eau, si elle n'est que froid... qu'est-ce que je suis, moi ? Je baisse le visage. Quand je bouge, des demi-cercles s'éloignent de moi, je tends la main dans leur direction. Je les vois, je les vois tous. Ses plus beaux souvenirs, ici. J'avale douloureusement ma salive et relève la tête, la balance vers l'arrière. Je ferme les yeux, contemple le rouge du soleil quand il s'y cogne. Les souvenirs ne valent rien, me dis-je parfois. Les souvenirs sont faussés par le temps. Nos peines deviennent d'insurmontables blessures, des plaies béantes qui n'en finissent plus de suinter, et nos joies éphémères se changent en victoires, elles deviennent belles, si belles et à chaque fois que nous racontons nos joies, elles s’embellissent davantage. Je me souviens d'avoir eu mal, d'avoir été heureux. Mais ces souvenirs ne m'inspirent pas spécialement de nouveaux sentiments en général...

Mon regard suit le doigt vers nulle part. Ma tête bancale bascule sur le côté. Je n'arrive pas à l'imaginer là-bas, avec d'autres personnes... je n'arrive pas trop à les voir là-bas... Comprendre ce qu'est le bonheur ? Je secoue la tête, le comprendre, le trouver, l'étreindre. Mon index caresse ma tempe. Le trouver, l'étreindre, l'étrangler, le perdre. Est-ce qu'on peut vraiment en parler comme si c'était une vraie personne ? Pourquoi ? Pourquoi ? Un temps ? « Un temps ? »

Je lui ai posé la question. Et elle m'en pose une à son tour. Je soupire lourdement. Quand je pense au gâteau de Snow, il pense aussi à certains que ma mère essayait de faire. L'odeur du chocolat brûlé sur le gaz, mais cette odeur qui me dégoûtait jadis me laissait croire qu'elle était toujours à la maison quand je rentrais. Nous passions le pas de la porte, je restais quelques secondes prisonnier de l'embrasure de la porte à l'imaginer paniquer au-dessus des flammes du gaz, la fumée quand elle jette – de rage – la casserole brûlée dans l'évier. Cette odeur de brûlé, c'était son regard sur moi, cherchant le mien. Quand ça sentait le brûlé et le chocolat, je ne me sentais pas seul, je ne l'étais jamais. Des souvenirs, j'en ai des dizaines, des centaines, des milliers mais celui-ci, par exemple, ne m'arrache aucun souvenir pour l'instant. Parce qu'il est terminé.

Des souvenirs heureux, c'est renoncer au bonheur présent. Je voudrais pouvoir lui envoyer cette odeur insupportable et tout ce que ça implique pour moi. Je serre les dents, tends les bras dans sa direction. Je voudrais qu'elle puisse comprendre à quel point ce souvenir ne représente rien ! Des souvenirs heureux ? Comment peuvent-ils être heureux ? Ils ne sont que les rouages malades ! De notre esprit ! Malade ! Qui veut reproduire le passé ! Les souvenirs ne sont que des mensonges, que des copies subjectifs du passé ! Le passé ! Les souvenirs ? Un labyrinthe dans lequel je ne veux pas me perdre. Avec cette odeur de brûlé, il y a la porte close. Avec cette odeur, il y a aussi l'absence de cette odeur. La porte close devant laquelle je m'asseyais comme un chien, cette satanée porte close qui ne s'ouvrait plus sur elle !

Je cale mes mains sur mes joues. C'est ici que j'ai rencontré le bonheur. Comment on peut ? Comment ? Mon père qui l'attend aussi, sursautant dès qu'une voiture se garait devant chez nous. Le souvenir d'un poing s'abbatant sur mon visage. Le souvenir d'avoir pris le bus pour la première fois. Le souvenir d'un homme dont le cœur ne bat plus me sortant d'une chambre à la porte qui ne s'ouvre pas ! Comm...

Je retiens mon souffle. « un. » quand elle s'approchait et caressait mon visage, quand j'aimais son contact. Quand elle posait son regard sur moi et que je n'avais plus peur de croiser le sien. Je ne m'y confrontais pas, mais je n'en avais plus peur. « deux » Les jours se sont fânés, un par un. Et nous ne pourrons jamais les récupérer. Autour de moi, il y a les joies passées, il y a les regrets. J'ai trop de présent à porter, le présent est trop lourd. Il m'écrase, il me broie. Je ne peux pas te laisser me toucher sans sentir une brûlure, un viol sur ma peau. Je n'ai pas le courage de croiser tes sublimes yeux bleus. Je n'arrive pas à laisser les mots passer, fluides. « trois » Voilà... c'est terminé.

Je libère mes poumons de la pression qui les écrasait. Mes genoux plient sous mon poids. Je m'assieds là. Je caresse la surface de l'eau du plat de mes mains. Oui ça l'est. Je regarde dans le vide. Je hoche de la tête, tout en cet endroit est merveilleux. Je tourne sur moi-même, restant assis talons contre fesses, et lance une œillade envieuse vers le banc de glace. Il est bien réel. Si la visite me plaît ? Je fronce les sourcils, plus de chiffres. Cette fois... « Snow est... est... m... mer... merv.... merv... veill... euse » Je ne le dis pas pour lui faire plaisir. Je le pense. Tout en elle est merveilleux. Je rabats mes cheveux vers l'arrière, frotte mes paupières. Me voilà bien. Pas de souvenirs. Pas le passé. Mais sinon oui... ça va.
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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeDim 22 Mai - 13:39
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« We are all mistaken sometimes; sometimes we do wrong things, things that have bad consequences. But it does not mean we are evil, or that we cannot be trusted ever afterward. » - Alison Croggon.

E
lle a perturbé Sterling cependant elle ignore si c’est positif ou négatif, s’il réfléchit ou s’il a envie de fuir. Est-ce que la forme aqueuse lui pose problème ? Il regarde au travers elle, il décortique les éclats du soleil sur cette forme qu’elle apprivoise encore. Il y a quelques semaines elle n’aurait laissé à personne le loisir de l’observer ainsi, elle aurait retrouvé la prison de peau. Peut-être que finalement elle retrouvait les traces de la mutante fière de ce qu’elle était, fière de cette différence, peut-être que la loi tendait à la ramener à des idéaux oubliés depuis si longtemps qu’ils ne semblaient plus lui appartenir. Elle avait cru à la paix, un instant, et en un battement de cils le monde se noyait dans ses travers habituels, dans le racisme, la haine et la volonté de contrôle. Un, deux, trois. Le bonheur est donc un concept compliqué. Elle note mentalement de se montrer moins abstraite. Elle a senti Bobby arriver, sa température familière. « Je pense qu’aujourd’hui est un jour heureux, n’est-ce pas Sterling ? » Elle lève le regard translucide sur le psychologue. Le problème avec les adolescents bagarreurs doit être réglé, sinon il ne prendrait pas le temps de mettre les pieds dans le lac. Elle regrette presque qu’il prenne du temps désormais alors qu’il s’était enfermé durant toute leur pseudo-relation.

Elle n’a pas l’impression d’avoir fait un bon guide, il n’a vu de l’Institut que ce qu’elle connaît : les gâteaux et le lac. Est-ce que Bobby ne voulait pas quelque chose de beaucoup plus précis ? Peut-être qu’il espérait des détails techniques sur l’école, lui expliquer le fonctionnement et les horaires mais Prudence ne fonctionne pas ainsi, elle se sert de ces émotions qu’elle ne maîtrise pas chez elle-même mais qu’elle arrive si aisément à faire naître chez les plus jeunes. Sterling lance un regard vers le banc éphémère. Elle lève la main, bouge l’index, ce qui décolle l’objet glacé du sol et d’un geste doux, elle le repose là, juste au bord du lac, assez près pour qu’il puisse avoir les pieds dans l’eau et s’y asseoir s’il le souhaite. L’effort lui fait reprendre un instant son apparence de chair et de sang, une fois, deux fois, puis la silhouette liquide se stabilise. Ca n’a pas eu l’air douloureux, c’est un progrès.

« Sterling est un ami de longue date. Il est ici pour quelques jours. Il vient voir si ça lui plairait de vivre ici pour les prochaines années. » Elle hoche la tête, signe qu’elle avait compris, qu’elle était consciente de l’objectif. Elle ne cesse d’assembler le puzzle, d’associer chaque geste à un comportement, à une angoisse psychique et si elle n’a pas le nom de ce dont il souffre, elle semble s’y être adaptée sans trop de difficultés. Il suffit de suivre les envies du garçon comme on suivrait celle d’un enfant perdu dans un jeu. Pour lui cependant ça n’est pas un jeu, même s’il y a de l’émerveillement permanent et une grande curiosité. Elle s’extirpe du lac, la dame d’eau, et s’assied sur le banc encore couvert du tissu qu’elle y avait posé pour protéger Sterling du froid.

« Snow est... est... m... mer... merv.... merv... veill... euse » Les lèvres s’entrouvrent sans qu’aucun son n’en sorte et le liquide s’efface. Elle est à nouveau la blonde aux yeux trop bleus, parfaitement sèche. C’est gênant. Elle ignore ce qu’elle doit dire ou faire, elle ignore si elle est sensée réagir à ce commentaire. Touchée, coulée. « Toi aussi tu es merveilleux. » Sourire doux. Elle s’est reprise. La seconde de fragilité s’est envolée, elle a retrouvé son rôle, son approximative stabilité. Il faudrait du temps à Sterling pour se faire à l’institut s’il décidait d’y rester, et il aurait besoin d’être entouré. Combien de jours de test a-t-il, déjà ? « Je reviens. » Elle s’éclipse quelques minutes pour revenir avec un plateau : deux cafés, un chocolat chaud, le tout posé soigneusement sur le banc où elle s’assied. Concentrée, elle prend la boule à neige vide qu’elle tend au garçon. Et d’un souffle de flocons parfaitement inutile, dont le simple objectif est de simuler une forme de magie, elle fait apparaître la colombe de glace sous le verre. « Comme ça tu peux la garder, et je suis sûre que si elle fond, Bobby voudra bien te la refaire. » Un regard un peu intimidé vers Bobby. Elle n’a pas vraiment l’habitude qu’il soit présent quand elle fait autre chose qu’être malheureuse, il est rarement à proximité quand elle s’occupe des jeunes - elle a presque peur de le décevoir ou de faire une erreur. « Je t’ai fait un chocolat chaud, tu en veux ? Le lac est froid, ça te réchauffera. » Il ne manquerait plus qu’il tombe malade à cause d’elle.

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MessageSujet: Re: Discovering | Icesnowling   Discovering | Icesnowling Icon_minitimeDim 22 Mai - 17:59
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Paisible. La surface du lac. La nature. Tout y est paisible. Même Sterling, après avoir surmonté sa crise. Il faut toujours lui laisser le temps. Il faut toujours lui permettre de faire le tri. Il faut toujours lui donner la chance de se calmer. Son comportement peut parfois être flippant. Il peut parfois être inquiétant. Il faut seulement lui faire confiance. Il faut seulement surveiller. Il arrive que les crises soient plus fortes, plus intenses, plus graves. Seulement dans ces cas-là, il faut essayer d’intervenir. Il faut essayer d’apaiser. Il faut essayer de calmer. Sinon, mieux vaut le laisser gérer son problème seul. Comme l’adolescent responsable qu’il est. Comme l’adolescent apte qu’il est. Le materner à l’excès ne sert à rien. Sauf à l’infantiliser et à l’empêcher d’évoluer. Bobby attire son attention sur autre chose. Sur quelque chose de plus neutre. Sur la visite. L’Institut. Un nouvel environnement que Sterling doit s’approprier. Un nouvel endroit qu’il doit découvrir dans les moindres recoins. Il n’a presque rien vu pour l’instant. Il n’a exploré que les endroits les plus connus. Le lac est la surprise du chef. La promesse faite lorsqu’ils étaient à l’église. “Snow est... est... m... mer... merv.... merv... veill... euse” Bobby sourit. Merveilleuse. C’est un grand mot. C’est un beau qualificatif. Merveilleuse. Elle l’est. A bien des égards. Elle a tout pour plaire aux enfants. Elle est magique. Elle créé des formes avec la glace. Elle fait tomber la neige. Elle cuisine des gâteaux. Elle est l’incarnation de la princesse des contes. Une princesse brisée. Une princesse désabusée. Une princesse quand même. Il reporte son regard sur Snow. Elle est bloquée. Surprise par la réponse. Interloquée par la signification. Les compliments ont toujours été un problème. Encore plus maintenant. Ils soulèvent des émotions. Ils soulèvent des interrogations. Les compliments ne sont pas une habitude pour elle. “Toi aussi tu es merveilleux.” Les deux-là fonctionnent déjà comme un duo. Deux êtres qui se comprennent. Deux êtres qui s’apprécient. Ils n’ont même pas besoin de lui pour faire leur vie. Ils n’ont pas besoin de lui pour visiter. Il pourrait partir. Il pourrait les laisser discuter au bord du lac, dans le salon, dans la cuisine, dans le dortoir. Peu importe où. Ils se débrouilleraient. Snow est responsable et mature. Elle n’a pas besoin de quelqu’un pour la surveiller. Encore moins lui. Il sort ses pieds du lac. Il entreprend de remettre ses chaussures. Il a du travail. Pas besoin de rester plus longtemps. Pas besoin de les regarder discuter. Sterling ne peut pas être entre de meilleures mains. Il ne peut pas mieux tomber.

Je reviens.” Snow disparaît en quelques secondes. Bobby se rassoit. Bon, on dirait que ce ne sera pas pour tout de suite. On dirait qu’il a le droit à une récréation prolongée. Regard perdu dans l’horizon. Regard fixé sur un point invisible. L’endroit est toujours aussi paisible, même avec des personnes autour. Même avec de la vie. Il reste un havre de paix où il est possible de venir souffler. Son bureau devrait être délocalisé ici. Les gens se confieraient peut-être plus facilement que dans une pièce close, couverte de livres. “Est-ce qu’elle t’a montré la neige ? Elle est même capable de créer des palais de glace.” Depuis le temps qu’il la connaît, il a vu ce dont elle est capable. Du pire comme du meilleur. Du plus dangereux comme du plus généreux. Elle est les deux facettes de la glace. Meurtrière et protectrice. Elle décide ce qu’elle veut être. Sterling n’a pas besoin de savoir qu’elle peut lui geler le coeur d’un clignement des paupières. Il n’a pas besoin de connaître sa puissance. Il en ferait des cauchemars. Bobby se tourne pour observer le reste des jardins. “Si tu redescends par-là, tu tomberas sur les jardins. Il y a aussi le terrain de basket pas loin et la piste de course. Tu auras le temps de les découvrir. Tu peux y aller quand tu veux, tu ne risques pas de te perdre.” Il esquisse un sourire. Sterling aura des heures à tuer avant de repartir. Si il repart. L’intérieur du manoir est plutôt classique. Semblable au rez-de-chaussée. Similaire à ce qu’il a déjà vu. Par contre, l’extérieur pourrait bien fasciner le garçon. Il y a toujours des choses à observer, à contempler, à explorer. Le domaine de la X-Mansion est vaste. Vaste, mais s’y retrouver est facile. Sterling n’aura aucun mal à rejoindre le manoir, au milieu des jardins. Même si Bobby préférerait qu’il ne se promène pas seul. Même si il voudrait s’assurer qu’il n’arrive rien au gamin. Les adolescents peuvent parfois être cruels entre eux. En particulier lorsqu’ils sont jeunes et qu’ils ont affaire à d’autres personnes plus renfermées. Au loin, Snow apparaît. Elle est chargée d’un plateau. Elle le dépose sur le banc. Il attrape la tasse de café qu’elle lui destine. Finalement, la récréation s’éternise, s’étend. Il n’est pas prêt à décoller ses fesses de l’herbes. Pour une fois. Il s’accorde une pause. Une pause durant laquelle il surveille un patient, néanmoins. Il ne peut jamais vraiment se déconnecter. Il ne s’autorise jamais vraiment de moment de détente. Il boit sa première gorgée du liquide. Il assiste à son ‘tour de magie’ avec un sourire. Elle sait vraiment y faire avec les gamins. Elle sait comment mettre des étoiles dans leurs yeux. Elle sait comment les émerveiller. Elle sait comment attirer leur sympathie et leur admiration. Mais elle ne le voit pas.

Comme ça tu peux la garder, et je suis sûre que si elle fond, Bobby voudra bien te la refaire.” Il hoche la tête. Il pourra la refaire. Avec moins de détails. Avec moins de délicatesse. Avec moins de précision. Mais il pourra. Ce qui lui manque est surtout l’imagination, la créativité. Il est nul pour imaginer des objets de toutes pièces. Il peut les reproduire en suivant un exemple. Il peut les créer après plusieurs entraînements. Mais pas spontanément. Pas avec talent. “Je ne te promets pas que ce sera aussi bien réussi… C’est Snow la pro dans ce domaine.” Elle est la plus douée. La plus expérimentée. Les mutations sont belles, exceptionnelles. Pourtant, il n’a jamais réussi à rendre la sienne magnifique. Pas autant que celle de Snow. D’elle ne sort que des choses poétiques, magiques. Elle est faite pour se donner en spectacle et faire rêver. Sterling a plus ou moins le même talent. Avec ses illusions, il peut offrir le rêve ou le cauchemar. Il peut enchanter ou effrayer. Il maîtrise les deux facettes de sa mutation. “Je t’ai fait un chocolat chaud, tu en veux ? Le lac est froid, ça te réchauffera.” Il lève les yeux au ciel. Tant de prévenance. Tant de tendresse. Tant d’attention. Elle a tout pour couver les plus jeunes. Pas étonnant qu’ils l’apprécient autant. Elle les achète avec ses gâteaux au chocolat et ses boissons chaudes. D’ici quelques jours, Sterling aura pris dix kilos et ne pourra plus entrer dans ses vêtements. Mais ce n’est pas plus mal. Il n’a pas dû beaucoup manger ces derniers temps. Depuis sa fuite de l’hôpital. Depuis sa balade interminable dans New-York. “Tu lui as déjà montré ce que tu sais faire ?” Il pose la question à Sterling. Le gamin a vu les capacités de Snow. Il est temps que les rôles s’inversent. Il est temps qu’il lui montre toute la beauté de son pouvoir. Cette fois, Bobby lève les yeux pour croiser le regard de la jeune femme. “Il peut créer des illusions bluffantes de personnes, d'animaux et tout un tas de choses. Il a appris par lui-même.” Dans quelles circonstances, il ne lui en parlera pas tout de suite. Il abordera le sujet plus tard. En privé. Quand ils trouveront le temps de s’isoler et d’échanger sur Sterling. Il aura besoin de connaître son avis sur le gamin. Sur son intégration. Sur son adaptation. Il aura besoin d’un deuxième avis. Il aurait besoin de tout savoir pour en parler au Professeur. Si Sterling doit rester, ils doivent s’assurer qu’il sera bien.


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