Avec tout ce qui se passait dehors ces derniers temps, Melinda était plus qu'heureuse d'avoir de quoi faire pour ne pas avoir à penser à ce qui c'était passé quelques jours en arrière à présent dans le bureau de Coulson. Elle avait fait en sorte d'éviter de trop trainer à la base, plus longtemps que nécessaire en tout cas et surtout, elle avait soigneusement évité de croiser son chemin ou celui de sa secrétaire, histoire de ne pas avoir à ne serait-ce qu'évoquer la question. Et jusqu'à présent, elle avait réussi à le faire, ce qui était une bonne chose. Surtout qu'elle avait aussi eut l'impression que Daisy s'était montré plus que curieuse l'autre jour lorsqu'elle l'avait retrouvé pour une séance d'entrainement et venant de cette dernière, il y avait de quoi s'interroger pour Melinda sur ce qu'elle pouvait d'ores et déjà savoir. Autant dire que l'agent avait besoin de distraction pour se sortir toutes ces choses de la tête et elle bénit le ciel lorsqu'elle reçu un message lui indiquant qu'elle devait se rendre dans Brooklyn pour suivre une trace qui donnait suite aux infos qu'elle avait pu trouver lors de la fouille des camps supposés des responsables des attentats. Tout était bon à prendre qui ne demandait pas de sa part de réfléchir à autre chose qu'à ce qu'elle devait faire ou éviter pour avoir les infos qu'elle devait récupérer. Le message stipulait simplement une adresse et la mention "A.S.A.P.", rien de plus. Pas de quoi la rendre suspicieuse puisque c'était la procédure habituelle dans ces cas là. Moins d'info pour éviter les problèmes en cas de fuite. Aucune raison donc de suspecter le traquenard dans lequel elle allait se rendre d'ici peu.

Une fois arrivée aux abords de l’entrepôt qui correspondait aux coordonnées GPS qu'elle avait reçu, elle effectua bien entendu son repérage, identifiant les points d'entrée et de sortie, les endroits vulnérables et la présence ou non d'un système de surveillance. Rien de bien compliqué quand on était rompu à l'exercice comme elle pouvait l'être. La vérification terminée, elle s'avançait donc vers la seule entrée du bâtiment qui n'était pas équipée d'une caméra -grosse erreur de leur part- et pénétra dans le couloir, arme au poing. Elle préférait utiliser ses poings habituellement mais si elle se retrouvait face à des mutants, ne sachant pas de quoi ils étaient capable, avoir un ICER était plus rassurant et surtout bien plus efficace pour les neutraliser plus facilement au besoin. Mais après un rapide examen du périmètre, aucun signe de vie et rien qui dans les parages ne ressemble à un indice. Intriguée, elle téléphona alors au numéro qui lui avait envoyé l'info et tomba sur la secrétaire à qui elle demanda confirmation des coordonnées puisqu'elle n'avait rien trouvé. Cette dernière lui réaffirma qu'elle se trouvait à la bonne adresse avant de raccrocher sans demander son reste, la faisant grimacer pour le coup. Tout ça n'avait pas de sens. Pourquoi l'envoyer ici s'il n'y avait rien ? L'info lui avait été communiqué rapidement et elle était venue ici dès la réception du message, ils n'avaient donc pas pu tout faire disparaître en si peu de temps... Tendant alors l'oreille puisqu'elle cru entendre des bruits de pas derrière elle, Melinda releva son ICER devant elle, prête à faire feu en cas où. Mais en voyant qui arrivait alors, elle le rabaissa aussitôt, incrédule. « Phil... » fut tout ce qu'elle parvint alors à dire.

Non, elle n'avait pas pris la peine de rester pour s'expliquer lorsqu'ils s'étaient retrouvés interrompus par ce coup de téléphone. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle avait redouté sa réaction. Elle venait de lui confier une des choses les plus importantes pour elle, quelque chose qu'elle avait porté avec elle depuis des années. Plus véritablement habituée à se laisser aller à ce genre de confession qui lui demandait de s'avouer bien plus vulnérable qu'elle ne voulait l'être, même si c'était face à lui, elle avait saisit l'opportunité que le hasard et un bon timing lui avait offert. Pas véritablement ce qu'elle aurait face à n'importe quelle autre situation mais forcément, ici c'était différent et à plus d'un titre. Pas surprenant alors qu'elle ait passé ces derniers jours le plus éloignée du directeur adjoint, son bureau ou sa secrétaire. Oh elle se doutait que tôt ou tard il faudrait qu'ils parlent de tout ça mais pour le moment, soyons francs, elle préférait tard, le plus tard possible d'ailleurs. Du coup, avec le message qu'elle avait reçu, lui donnant de simples coordonnées et l'impératif de s'y rendre le plus rapidement possible, elle était contente d'avoir une bonne raison de sortir de la base et donc de réduire ses chances de tomber sur lui par hasard. Pas de raison de suspecter quoi que ce soit après tout. Elle quittait donc la base pour se rendre aux coordonnées, contente d'avoir devant elle un peu d'action pour s'empêcher de trop réfléchir à tous ça sans arrêt.

Arrivée sur place, elle procédait aux vérifications d'usage évidemment. Aussitôt entrée dans le bâtiment, elle retombait dans ses automatismes, se déplaçant sans bruit dans les couloirs, vérifiant tous les angles morts et cherchant le moindre détail qui pourrait la mener à une nouvelle piste, à n'importe quoi qui pourrait leur apporter des réponses mais elle fit choux blanc. Il n'y avait absolument rien ici, si ce n'est de vieilles palettes en bois, du matériel abandonné et des rats. Ce qui l'intriguait fortement et pour être certaine de ne pas avoir commis un impair -ce qui serait bien une première pour le coup-, elle rappela pour avoir confirmation de l'adresse. Non, elle était bien au bon endroit. De quoi lui faire mettre les sens en éveil, s'ouvrant à toutes les possibilités -matériel furtif, mutants capable de se téléporter, tout ce qui pourrait expliquer tout ça- mais pas à celle-ci. En effet, lorsqu'elle se retournait pour tomber face à face avec lui, arme au poing, elle eut l'impression de se prendre une claque. Ne comprenant pas vraiment ce qu'il venait faire ici, son esprit imaginait déjà le pire. Son silence ne l'encourageait d'ailleurs pas à envisager que tout ceci n'était qu'un piège pour la faire venir ici afin de la forcer à avoir cette conversation qu'elle avait fuit ces derniers jours avec tant d'application. Se crispant légèrement lorsqu'il finit par lui dire qu'il n'y avait ni mission, ni cible, elle rangea son arme dans son holster et pinça les lèvres. Il avait fait preuve de ressource à la piéger de la sorte, ça elle devait l'admettre mais pour le moment, ça n'était clairement pas le sentiment dominant chez elle. « Pas un peu extrême comme solution ? » se contenta-t-elle de répondre, ne cachant pas sa déception quand à ce qu'il venait de faire, retrouvant pour le coup une expression plus fermée et froide, n'ayant qu'une envie alors: être partout ailleurs plutôt qu'ici, sachant qu'il ne la laissera pas partir s'il s'était donné tant de mal pour qu'ils se trouvent là seul à seule pour avoir cette discussion.

Ce coup de fil était véritablement tombé au moment le plus inopportun qui soit, on ne pouvait pas le nier mais en même temps, il lui avait permis de se préserver ou du moins son égo pour le coup. Car même si à présent, elle lui avait dit ce qu'elle pouvait ressentir, ce qu'elle ressentait depuis des années en vérité, elle redoutait ce que cette révélation pourrait avoir comme conséquence sur elle s'il n'en était pas de même pour lui, ce qui était bel et bien une option. Et c'était bien pour ça que depuis, elle avait soigneusement fait en sorte de l'éviter. Véritablement une chose qu'elle n'était pas habituée à faire. Si un problème surgissait, elle le réglait, tête la première s'il le fallait mais son entrainement de spécialiste l'avait préparé à tout, sauf à ça. Les coups, les cicatrices, la douleur, elle savait gérer. Ce type là de blessures, beaucoup moins. Elle était donc contente de pouvoir quitter la base quelques heures pour aller se charger de cette mission. De quoi l'occuper un moment, elle et son esprit tout en influençant la probabilité de tomber sur Phillip au détour d'un couloir. Mais une fois sur place et après une inspection faite dans les règles, elle commençait à se demander si quelque chose ne tournait pas rond puisqu'il n'y avait aucun signe d'activité ici ou de présence humaine. Après confirmation, elle se trouvait bien au mon endroit mais pourquoi alors n'y avait-il rien ici ? Ça n'avait aucun sens. Cependant, lorsqu'elle entendit des bruits de pas et aperçu à qui ils appartenaient, les pièces de ce puzzle se mirent alors en place d'eux-même.

C'était bien joué de sa part, elle devait l'admettre et elle reconnaissait bien là le goût de son ami pour la théâtralité mais elle n'appréciait pas forcément d'être celle qui subissait ce guet-apens. Ce qu'elle ne manqua pas de souligner après qu'il lui ai expliqué qu'il n'y avait pas de mission, ni d'ennemis dans les environs, rien qu'eux deux et personne pour venir les interrompre cette fois-ci. La convoquer dans son bureau pour un rapport aurait eut le même effet donc pourquoi s'être donné autant de peine ? Mais elle n'allait pas remuer le couteau dans la plaie puisqu'il avait raison en disant qu'elle ne lui avait pas laissé le choix et elle le savait. Captant bien sur le message qu'il fallait lire entre les lignes dans ce qu'il venait de dire, elle restait impassible pour le moment, le laissant finir tout en réfléchissant à tout ça. Partir ? Rester ? Prendre le risque de ruiner définitivement les choses dans les deux cas ? Car oui, comme elle voyait les choses, soit elle partait et cela viendrait pour sûr mettre à mal leur amitié ou un résultat très similaire se produirait s'il devait lui faire comprendre que lui ne partageait pas la même chose. Le choix impossible en quelque sorte. Mais elle ne pouvait pas fuir indéfiniment alors autant en finir ici. Personne n'aurait à voir ou entendre leur conversation si celle-ci prenait une tournure quelque peu sonore. « J'ai déjà dis ce que j'avais à dire. » répondit-elle alors simplement, laissant ainsi comprendre à Coulson qu'elle resterait là et que c'était à lui de parler puisqu'il l'avait attiré ici dans ce but apparemment. Elle semblait impassible, comme à son habitude mais intérieurement, c'était une toute autre histoire. Par chance, il ne pouvait pas entendre son rythme cardiaque d'où il se tenait ni même percevoir la tension qui gagnait son corps mais il n'avait pas besoin de pouvoirs pour lire en elle et c'était bien ça le problème. Il la connaissait comme personne et en cet instant précis, elle aurait préféré que ça ne soit pas le cas car cela rendait tout ceci bien plus compliqué à gérer pour elle.

Se sentir prise au piège n'était pas franchement une sensation qu'elle appréciait grandement, encore plus dans ce genre de circonstances. Et bien qu'elle comprenait pourquoi il avait pu monter une telle chose, vu qu'elle ne lui avait pas vraiment laisser d'autre choix, May trouvait ça légèrement radical comme solution. Lui faisant comprendre à sa manière qu'elle n'allait pas fuir cette fois-ci -admettant à demi-mot de ce fait qu'elle avait volontairement éviter de le croiser jusque là-, elle n'allait pas pour autant faciliter les choses. Oui, à bien des égards, tout ça ne lui ressemblait pas, c'était presque un comportement adolescent mais si elle avait voulu éviter de se confronter à sa réponse sur le sujet ça n'était pas pour rien. Maintenant qu'elle s'était livrée à lui, il avait toutes les cartes en main et tout ce qu'elle pouvait faire était d'espérer que cela ne lui explose pas complétement à la figure. Pas véritablement le genre de scénario qu'elle aimait voir se profiler non plus et précisément pour cette raison qu'elle n'avait pas voulu s'expliquer. Si elle ne lui laissait pas le temps de parler, ils en resteraient là et l'illusion serait préservée. Mais cette dernière venait de s'évanouir et il fallait à présent affronter le problème mais vu qu'elle avait déjà dit ce qu'elle avait à dire, elle lui laissait la parole, contenant derrière son habituelle impassibilité toutes les émotions qui se mélangeaient en elle à cet instant précis. Bizarre comme comparaison mais ça devait être ça que ressentait un prisonnier se faisant conduire à l'échafaud face à l'inéluctabilité de sa sentence. Car elle savait qu'après cette conversation, quoi qu'il arrive, quelque chose changerait définitivement entre eux, pour le meilleur peut-être mais aussi le pire. Et cette perspective là lui glaçait le sang même si cela ne pouvait se voir à l'expression qu'elle affichait présentement face à lui.

Laissant donc Coulson prendre la parole, elle tentait de rester de marbre face à la situation. Se retenant de rouler des yeux en l'entendant reprendre la parole de cette façon, si prévisible en vérité, elle se contenta de relever légèrement le menton, signe qu'elle lui accordait son attention. Sa mâchoire se contracta lorsqu'il évoqua la première option qui lui était venu à l'esprit suite à son aveu et elle se détendit en se disant qu'en effet, s'il avait voulu faire ça, ils ne seraient pas là en cet instant mais ça ne voulait pas pour autant dire qu'elle était sortie d'affaire. Confirmation faite lorsqu'il repris la parole d'ailleurs. Quelques mots à peine et déjà la douleur qu'ils provoquaient se faisait sentir. Cependant il continuait et elle baissa son regard vers le sol l'espace de quelques secondes, le regardant alors s'approcher d'elle, son corps se redressant aussitôt par réflexe. La dernière chose dont elle avait besoin c'était qu'il ne lui rappelle que son comportement n'était pas le sien, ce qui la fit pousser un soupir, fermant les yeux tout en pinçant les lèvres avant de se tourner vers l'une des baies vitrées de l'entrepôt. « Parce que j'ai peur de cette réponse. Parce que je me sentais idiote d'avoir dit ça en sachant le risque que c'était de te le dire. Parce que je t'ai déjà perdu une fois et que ça été l'une des pires choses qui me soit arrivé et... » Elle poussa un nouveau soupir avant d'inspirer profondément pour se calmer, sentant que le trop plein d'émotions menaçait de la faire craquer. « Et parce que tant que tu n'avais rien dit, il restait toujours un espoir. » finit-elle par répondre. Livrer ce qu'elle ressentait n'était jamais une chose facile pour elle, déjà avec ses parents petite et ça n'était pas aller en s'arrangeant avec le temps mais là, c'était sans nul doute encore plus difficile sachant que quoi qu'il arrive, en sortant d'ici, la réponse qu'il lui donnerait impacterait tout le reste dorénavant.

Entrainée à trouver une solution à toutes éventualités, ça elle l'était, quand cela concernait le terrain. Se sortir de ses liens, trouver un moyen de restreindre quelqu'un avec trois fois rien, se faufiler par un bâtiment sans être repérée, combattre quelqu'un de deux fois sa taille, tout ça elle savait faire. Les yeux fermés certains diraient même et ils n'auraient pas tout à fait tort mais ça. Non, ça c'était une toute autre affaire et elle n'aimait pas ce sentiment là car en tant que Spécialiste, avoir réponse à tout était quelque chose dont elle avait l'habitude. Mais là cela touchait le domaine privé et ça n'en était donc que plus difficile pour elle de ne pas savoir ce qui l'attendait. Surtout en sachant qu'elle était clairement en position de faiblesse pour le coup vu que de son côté, elle avait déjà fait part de ce qu'elle pouvait ressentir. Bien sûr, elle aurait très bien pu attendre qu'il raccroche de son coup de fil pour être fixée sur le sujet mais c'était précisément ce qu'elle redoutait le plus. Ce qu'il pouvait dire. Car une fois que cela serait fait, comme elle venait de lui répondre après qu'il ait demandé des explications, le maigre espoir qu'elle avait gardé depuis tout ce temps serait définitivement parti. Et sans garantie aucune que cela se passe de la façon dont elle espérait. C'était une façon comme une autre de se protéger pour elle en un sens, pas véritablement très représentative de son habituelle propension à prendre les problèmes à bras le corps mais encore une fois, lorsque cela impliquait Coulson, tout devenait différent pour elle.

Car contrairement à ce que la grande majorité des personnes qui croisaient son chemin pouvaient penser, à tort ou à raison, il y avait bien un coeur qui battait sous cette carapace qu'elle s'était bâtie avec le temps. C'était même là le coeur du problème si on peut dire. Ce qui c'était passé au Bahraïn l'avait changé complétement et ceux ayant pu la connaître avant ce tournant dans sa vie pourront vous le dire, elle était bien plus souriante, pas plus bavarde, ça non mais elle ne compartimentait pas tout comme elle le faisait à présent. Mais ce fut la seule façon pour elle de pouvoir surmonter ce trauma là. S'isoler, se couper des autres pour ne plus laisser ses émotions la heurter de cette façon et vivre avec ce qu'elle avait fait chaque jour. Cependant, avec tout ce qui c'était passé ces dernières années, force était de constater qu'elle s'ouvrait à nouveau, petit à petit et ce même si elle ne l'avait peut-être pas réalisé de suite ou voulu. Revoir Andrew avait fait naître en elle un doute, sachant très bien qu'elle était celle à blâmer pour l'échec de leur mariage. Et avec les événements qui s'étaient enchainés ensuite, elle avait voulu voir où elle en était. Pour le résultat qu'on connaissait à présent. Mais c'était une chose que de s'être avoué tout ça à elle-même et une autre encore que d'en faire part au principal concerné et ça n'était clairement pas de cette façon là qu'elle avait envisagé de le faire mais puisque les circonstances s'étaient imposées d'elles-même... Voilà où nous en étions à présent. Et pour Melinda, avoir l'impression d'être dos au mur n'était pas la plus agréable qui soit, surtout lorsque la réponse tant redoutée de Coulson commençait de cette façon.

Elle avait donc tenté d'exprimer au mieux ce qu'elle avait à répondre à sa question, mais pour cela, elle s'était détournée de lui, ce qui prouvait en effet combien cela était difficile pour elle. La balle était donc dans son camp. A lui de parler. Et à elle d'attendre de connaître son sort. L'évocation de ses blagues la ramena quelques secondes à une époque depuis bien longtemps révolue mais heureuse qu'ils avaient pu partagés et au ton de sa voix, elle savait qu'il souriait. La nostalgie n'avait pourtant pas sa place pour le moment, pas quand leur amitié était dans la balance de cette façon. Le laissant donc continuer sur sa lancée, elle sentit sa mâchoire et sa main se crisper lorsqu'il souligna le fait qu'ils n'avaient jamais parlé de sa mort car en effet, encore aujourd'hui alors qu'il se tenait à côté d'elle, bel et bien vivant, cela restait l'une des pires choses qui lui soit arrivé. Fermant les yeux doucement tout en penchant la tête sur le côté, lèvres pincées lorsqu'il lui confia qu'elle fut la dernière à qui il pensait lorsqu'il perdit la vie sur l'héliporteur, Melinda sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. C'était à la fois touchant de le savoir mais ça ne rendait la vérité que plus amère en un sens parce qu'elle n'était pas là pour lui quand c'était arrivé. Or elle s'était fait la promesse de toujours surveiller ses arrières et elle avait échoué.

May restait impassible en apparence, le laissant continuer, si matière à dire il y avait encore et c'était le cas. Redressant à nouveau son visage pour se ressaisir après ce qui venait d'être dit, elle pris une profonde inspiration, l'écoutant poursuivre. Oui, elle avait gardé ce secret avec elle durant toutes ces années, quel autre choix avait-elle après tout ? Une fois l'Académie terminée, la vie réelle avait pris le dessus et c'était plus simple alors de continuer à taire ses sentiments et de continuer d'avancer malgré tout. Même si tout ça restait toujours là, dans le fond de son esprit. Les paroles de Phil résonnaient dans la grande pièce et pourtant elle avait l'impression de n'entendre qu'un murmure, bien trop focalisée sur ce qu'il disait. Qu'elle le remarque ? Elle l'avait fait dès le premier jour et c'était bien là toute la tragédie de cette histoire. Détournant légèrement son visage vers lui lorsqu'il proclama qu'elle resterait toujours sa meilleure amie quoi qu'il arrive, elle le fit un peu plus lorsqu'il dit qu'il y avait toujours eu plus. Relevant les yeux vers lui alors qu'il achevait de parler, elle abandonna sa position de repli, ses bras se décroisant doucement sur le coup de la surprise. Quelques longues secondes s'écoulèrent alors, où elle resta à le dévisager, laissant ce qu'il venait de dire s’imprégner. « Elle t'avait remarqué. » finit-elle par dire doucement. « Je t'avais remarqué » corrigea-t-elle alors « parce qu'avec toi je n'avais pas besoin d'être une autre. Parce que tu voyais ce qu'ils ne voyaient pas. » ajouta-t-elle en le fixant du regard. « Phil... » Oui, maintenant qu'il lui avait répondu et faire part de ce qu'il pouvait lui aussi ressentir, elle ne savait même plus quoi dire, bien trop sonnée par ce que tout cela voulait dire pour eux. Enfin, si tant est que cette fois-ci ils saisissent leur chance...

Intégrer le S.H.I.E.L.D. voulait dire consacrer sa vie à faire en sorte que d'autres puissent en avoir une. C'était un choix que tous avaient fait, de leur plein gré ou non en sachant ce que cela pourrait vouloir dire par la suite car on s'entend bien, une vie d'espion ça ne sera jamais facile à gérer. Tout le monde au sein de l'agence pourra vous le dire. Parce qu'il y a les mensonges qu'on sort aux proches pour les protéger, ceux qu'on est obligé de faire parfois quand la situation l'impose -prendre une vie n'était jamais simple même si la personne en face le "méritait" largement- et l'engagement que cela demandait. Agent un jour, agent toujours. Vous pensez peut-être que ça n'est qu'une expression mais quand on dévoue sa vie à une telle cause, c'est bien plus que ça. Surtout pour certains qui comme eux, avaient passés tellement d'années dans cette vie là. Alors oui, lorsqu'elle avait fait la rencontre d'Andrew, Melinda avait pu apercevoir une chance d'avoir une vie un peu normale, de trouver une certaine stabilité parce qu'il comprenait qu'elle était la place de son boulot dans sa vie et qu'ils se complétaient en un sens. Ils auraient pu être heureux et fonder une famille si cette mission n'avait pas tout fait voler en éclats. On vous fait comprendre que l'attachement vous rend vulnérable et bien sûr que c'est le cas mais c'est le propre de l'être humain de vouloir trouver quelqu'un, espion ou pas. Elle avait appris pour Audrey elle aussi et elle s'était réjouit pour lui parce qu'il méritait d'être heureux lui aussi même si ça n'était pas avec elle. Mais New York était arrivé et on connait comment tout ça c'était terminé.

Revenir sur le terrain n'avait pas été son choix, pas entièrement en tout cas parce qu'elle savait très bien ce que côtoyer à nouveau Phil amènerait comme complications pour elle mais Fury savait ce qu'il faisait en la désignant elle pour le surveiller après qu'ils l'aient ramenés à la vie en utilisant le Projet T.A.H.I.T.I. -chose pour laquelle elle était à la fois reconnaissante parce que cela avait ramené son meilleur ami à la vie mais aussi quelque peu choquée en ayant appris ce que cela avait impliqué pour Coulson-. Évidemment que de faire partie de l'équipe et de retrouver son ancien partenaire avait été une bonne chose, la preuve en était faite en voyant May s'être ouverte aux autres de façon inattendue et si profonde mais ça avait aussi en effet, ramené les sentiments à la surface. Elle n'avait rien dit, pas vraiment en tout cas mais après son départ de la base de Providence, après le problème des crises d'hypergraphie, les secrets sur le Protocole Théta et le S.H.I.E.L.D. 2.0 de Gonzales, elle avait eut besoin de s'éloigner de tout ça, pour justement savoir si oui ou non c'était ce qu'elle voulait pour le reste de sa vie. La réponse elle la connaissait déjà à vrai dire mais elle ne s'était certainement pas attendue à avoir à son retour ce genre de conversation avec lui alors évidemment, lorsque le téléphone avait sonné, elle avait pris la tangente ce qui avait forcé Coulson à devoir monter ce stratagème pour qu'ils puissent parler, même si selon May, elle avait déjà dit ce qu'elle avait à dire.

Bien sûr qu'avant ça il avait fallu s'expliquer mais elle savait aussi bien qu'elle ne pouvait pas passer son temps à l'éviter et l'ignorer alors autant en finir et entendre ce qu'il avait à lui dire, quitte à ce que cela signifie aussi la fin de leur amitié, car à ce stade c'était toujours envisageable. Se préparant donc de son mieux à entendre ce qu'il avait à dire, Melinda ne pu cependant restée de marbre face à ce qu'il dit lorsqu'il confia qu'elle avait été la dernière personne à qui il avait pensé avant de mourir. Oui, de savoir ça, elle s'en voulait. De ne pas avoir été là, de ne pas avoir tenu promesse même si évidemment, elle n'aurait rien pu faire contre Loki le moment venu. En poursuivant, il fit comprendre que lui aussi avait gardé un espoir toutes ces années, qu'elle le remarque et c'était un peu triste de constater qu'en effet, ils auraient pu s'avouer tout ça il y a déjà longtemps mais qu'ils avaient chacun tenu leur langue pour diverses raisons. Mais elle l'avait remarqué, ça pour sûr. Le petit gars du Wisconsin qui restait en retrait mais qui s'avérait être bien plus futé que les autres ne le pensaient et surtout bien plus drôle que les autres. Pas surprenant qu'ils se soient bien entendus à l'époque. Ils formaient un bon duo après tout, l'un compensant les points faibles de l'autre et pouvant s'appuyer sur l'autre sans aucun doute, c'était essentiel sur le terrain. Ce qu'ils avaient encore prouver aux plus jeunes d'ailleurs à de nombreuses reprises lorsque l'équipe était encore formée.

Soulagée de ne pas avoir entendu l'agent qui lui faisait face lui dire qu'il ne partageait pas ses sentiments, elle s'était en effet détendue mais maintenant se posait une autre question pour eux. Et elle ne savait pas par où commencer, ce qu'indiquait son début de phrase qui restait en suspens. Heureusement pour elle, il reprenait la parole, lui laissant le temps de prendre sur elle avec tout ce qui venait d'être dit. Un sourire se dessina même sur son visage lorsqu'il évoqua à nouveau l'Académie et elle ne se raidit pas en le voyant approcher à nouveau. Il avait dit ce qu'il avait à dire lui aussi. Oui mais maintenant, que faire ? C'était bien entendu la question qui se posait ici et là encore, pas question de prendre ça à la légère même si peut-être, c'était précisément ce qu'ils devraient faire après avoir perdu autant de temps. Son sourire l'encourageait à parler mais elle ne voulait pas se réjouir trop vite pour autant car s'il y a bien une chose qu'elle avait appris en travaillant pour l'agence, c'est qu'en général, le vent tourne et souvent bien plus vite qu'on ne le pense. « On aura mis le temps mais au moins on est fixés à présent. » finit-elle par répondre après quelques secondes, esquissant un sourire proche de celui qu'il venait d'avoir. Autant prendre ça comme ça plutôt que de rajouter de la tension après ce qu'ils venaient de dire. Mais il fallait bien qu'ils parlent de ce qui venait de se produire et mieux valait le faire ici, à l'abri des yeux et des oreilles indiscrètes et du reste. « Je sais que c'est sans doute égoïste de ma part mais... » commença-t-elle à dire en le dévisageant, « Je n'ai plus envie de laisser passer ma chance. » Rien n'était réellement défini dans cette réponse et elle le savait mais le message principal était là. Maintenant qu'elle savait ce qui en était, plus question de ne rien faire même s'il restait à savoir ce que lui en pensait.

Les affres de l'adolescence et la confusion des hormones. Voilà comment sûrement beaucoup d'histoires pouvaient se résumer pour expliquer comment tout c'était produit de cette façon là et pas d'une autre. Mais ça n'était pas entièrement vrai en ce qui les concernaient. Ce qui l'avait mise en confiance c'était que contrairement aux autres, il ne voyait pas en elle que la fille de qu'elle était. A ses yeux, elle avait sa place ici au même titre que les autres et il parvenait à la faire rire, tout simplement. Parfois pour des choses stupides, mais elle appréciait de pouvoir se sentir elle-même avec lui et non comme la copie conforme de sa mère. De plus, ils avaient un point commun: avec leur stature et leur allure, personne ne les prenaient véritablement au sérieux de prime abord, une chose que pour sa part, elle avait appris à tourner à son avantage. Il avait été naturel alors pour elle de lui apprendre à en faire de même en lui confiant certains petits secrets en matière de combats. Tout comme il l'avait fait en retour avec elle concernant des choses bien plus rébarbative à ses yeux -oui on parle bien évidemment de la paperasse, ironique quand on sait que par la suite, elle s'y réfugiera malgré tout pour fuir le terrain après Bahrain-. De là c'était battit leur amitié et puisque aucun d'eux n'avaient trouvés le courage d'évoquer face à l'autre ce qu'ils avaient pu ressentir, ça en était resté à ce stade là pendant toutes ces années. Ridicule quand on y pense mais en remettant les choses dans leur contexte, pas tant que ça. Puis la réalité avait pris le dessus.

Ils avaient fait leur chemin, chacun de leur côté même s'ils restaient toujours ensemble. Un sacré paradoxe quand on y pense, comme deux lignes parallèles, toujours proches et qui pourtant étaient condamnées à ne jamais se croiser. Enfin jusqu'à ce jour en tout cas puisqu'à présent, avec ces révélations, se dessinait peut-être cette chance. Mais après autant de temps passé à devoir faire comme si de rien n'était et ignorer ses propres sentiments, était-ce vraiment la chose à faire ? Pour sa part, Melinda estimait qu'elle avait suffisamment perdu au cours de ses années de service au sein du S.H.I.E.L.D. pour avoir le droit de vouloir au moins tenter sa chance comme elle venait de lui en faire part après sa tentative sans doute un peu maladroite de détendre l'atmosphère entre eux après une telle discussion. Cependant, étant restée plus ou moins évasive sur ce que ces paroles impliquaient réellement, elle ne s'étonnait donc pas de le voir poser une telle question. Seulement, qu'est-ce qu'elle voulait entendre par là ? Elle-même n'avait pas vraiment la réponse pour être tout à fait honnête, puisqu'elle avait appris par la force des choses à ne pas vouloir ou attendre grand chose pour son gain personnel. « Je ne sais pas vraiment. Jusqu'à présent j'ai toujours réprimer cette possibilité là alors... » confia-t-elle en soupirant légèrement. Que voulait-elle ? La question semblait pourtant simple en apparence mais est-ce que les choses avaient jamais été simples entre eux deux ?

Ça n'était pas tant la comparaison qui la dérangeait, sa mère était un agent réputé et elle était fière d'être sa fille. Mais elle ne voulait certainement ne pas être que ça. La fille de Lian May. Les comparaisons elle les avaient eu chez elle déjà, sa mère lui disait souvent "tu sais à ton âge j'avais déjà appris à" suivi d'un récit détaillé de ce qu'elle voulait lui démontrer une fois de plus alors qu'elle n'était encore qu'une gamine. Oui, sa mère n'était pas une mère au foyer et son travail lui prenait beaucoup de temps et bien qu'elle pouvait comprendre ce qu'elle faisait, ça n'en restait pas moins difficile pour elle, petite fille, de se dire que sa mère préférait son travail à elle. Bien sûr, en grandissant elle compris ce qu'elle avait eut à faire comme choix, celui-là même qu'elle avait fait par la suite mais ça ne changeait pas le fait qu'au fil des années, la relation mère-fille qu'elle entretenait en avait pris un coup. Probablement même ce qui avait constitué un motif supplémentaire pour elle de rejoindre le S.H.I.E.L.D. plutôt que la C.I.A. au final, précisément pour ne pas avoir à vivre dans son ombre pour le reste de ses jours. Non, elle s'était fait sa réputation toute seule, en mettant au tapis des mecs deux fois plus costauds qu'elle sans même donner l'impression de se donner du mal.  Alors bien sûr, qu'en tant qu'apparents outsiders tous les deux, le courant était passé d'autant que sans en avoir l'air, l'un comme l'autre partageait aussi un sens de l'humour piquant et une certaine force de caractère -ou plutôt un certain entêtement diraient d'autres-.

Mais plusieurs choses avaient mises à mal cette amitié qui remontait presque pour eux à une autre vie. Ce qui avait aussi ramener certaines choses à la surface, de façon inattendue, surtout quand on considère depuis quand chacun avait gardé tout ça pour lui. Pas surprenant alors qu'avec tout ce qui c'était passé, les tensions n'avaient fait que prendre de l'ampleur et qu'elle avait eut besoin de faire le point, de prendre du recul. Melinda n'avait pas réellement été surprise de réaliser que malgré tout ça, sa place était et resterait au sein de l'agence mais elle ne s'était certainement pas attendue à finir par évoquer tout ça avec Coulson et sûrement pas de cette façon. Cependant c'était une bonne chose d'apprendre qu'elle n'avait pas été la seule à ressentir ça tout ce temps. Oui mais il n'en restait pas moins que pour le coup, elle ne savait pas quoi faire de cette information. Après tout, quelles options avaient-ils réellement devant eux, sachant tous les deux ce que ce travail exigeait comme sacrifices. Voilà peut-être pourquoi elle avait en effet l'impression d'avoir le droit d'être un peu égoïste à présent en voulant au moins tenter sa chance, quitte à ce que cela s'avère être une erreur mais avec tout ce qu'ils avaient vécus, ensemble ou séparément, il était temps de pouvoir enfin s'accorder un peu de temps à eux.

Étonnamment, s'attendant plutôt à un silence étrange entre eux qu'à ce qu'il reprenne la parole après ce qu'elle venait de dire, la jeune femme devait admettre que c'était une des choses qu'elle appréciait aussi chez lui. Cette capacité à la faire sourire, parfois même avec la plus insignifiante des choses. Elle aurait du y penser, c'était une évidence mais peut-être que pour cette fois, il lui manquait précisément ce recul vu qu'ici ils étaient tous les deux concernés directement. Esquissant un sourire plus franc à l'évocation de cet épisode de leur temps à l'Académie, elle devait admettre qu'il avançait un argument tout à fait valide. « On aurait eut tort de ne pas en profiter sachant qu'ils allaient régler l'addition par la suite. Une façon très agréable de leur faire réfléchir à deux fois avant de retenter de nous faire un coup pareil. » Oh ça oui, ils leur avaient fait regretter leur petit plan machiavélique en commandant à volonté. Comme quoi, les autres avaient su voir déjà à l'époque ce qu'ils avaient mis autant de temps à accepter eux-mêmes. « Je n'oublierais jamais la tête de Felix quand il a du payer sa part. » ajouta-t-elle en riant légèrement. Ça oui, une image qu'elle gardait encore à ce jour en mémoire. C'était agréable de pouvoir évoquer ces souvenirs là, quand tout était plus simple pour eux. Mais il devait toujours attendre une réponse de sa part et elle devait admettre qu'elle aimait l'idée de ne pas avoir à définir tout de suite ce que cela voudrait dire pour eux. Un dîner, tout ce qu'il y avait de plus simple, entre amis, sans pression. Oui, c'était une bonne façon de débuter cette nouvelle page de leur histoire, peu importe ce qu'elle s'avérerait être au final. « Bon...il ne nous reste plus qu'à choisir une date alors. » Ou sa façon bien à elle de lui faire comprendre à demi-mots qu'elle acceptait son offre.