Nom et Prénom : Seth Ichabod Fleming. Alias : Mon Père. Âge : Quarante balais. Lieu de naissance & nationalité : Leeds, UK, anglo-américain. Métier : Psychologue en chef du S.H.I.E.L.D. et ancien prêtre. Statut civil : Célibataire, il a fait vœu de chasteté, et s'y tient toujours bien qu'il ait quitté les ordres. Orientation sexuelle : Il a toujours pensé être hétérosexuel. Mais il a dédié sa vie à Dieu. Ce faisant, il a abandonné toute pulsion sexuelle et tout avenir de relation. Particularités : Il a un sens de la justice et un sens moral aiguisés. Il a quitté l'Église lorsqu'il a pu entendre et voir les défunts, sa mutation ayant été déclenchée assez tardivement. Il considère son don comme démoniaque. Il fait de son mieux pour ne pas l'utiliser ; il a rejoint le S.H.I.E.L.D. après que son oncle ait insisté pour qu'il intègre l'organisation. De ce fait, Seth a dû apprendre à se battre et à tirer. C'est un excellent tireur, mais il déteste le bruit des détonations, et méprise les armes à feu. Affiliation : S.H.I.E.L.D.

Avez-vous peur des Mutants ? Plus maintenant. Il en était terrifié, pendant longtemps. Il les a longtemps perçu comme des incarnations démoniaques sur Terre. Mais il n'a jamais haï un mutant autant qu'il s'est haï lui-même, quand il s'est rendu compte qu'il pouvait correspondre avec les défunts. Depuis, il a quitté les ordres, il a rencontré d'autres mutants. Il a appris à s'ouvrir et à les voir comme des frères, des sœurs, comme sa famille également. Il n'y a plus que de lui-même qu'il a peur.
Pensez-vous que les Superhéros soient une bonne chose ? Si ces gens protègent le peuple, c'est qu'ils ont le cœur pur et les intentions honorables. Dieu ne peut pas intervenir en personne pour empêcher un immeuble de s'écraser sur des innocents. Dieu est bon par sa Foi et sa Miséricorde. Les superhéros sont bons par les actes ; tant qu'ils ne s'accordent pas plus d'importance qu'ils n'en méritent.
Qu'est-ce qui vous a poussé à combattre le crime/faire le mal ? Il s'est toujours considéré comme altruiste. Il voulait faire une différence, il a rejoint l'Église dans cette optique. Pouvoir amener un peu de lumière aux âmes sombres et égarées. Sa mutation l'a longtemps fait penser qu'il était diabolique. Comme pour combattre ce penchant malin, Seth s'est abandonné au bien, il a tout fait pour être le plus lumineux, le plus désintéressé. Il avait été élevé avec une telle aversion du mal, qu'il ne semblait y avoir aucune autre solution à ses yeux.
Quand vous avez découvert que vous étiez un mutant, comment avez-vous réagi ? Et vos proches, sont-ils au courant ? La mutation de Seth s'est déclenchée sur le tard. Il avait déjà passé l'adolescence depuis un moment, et faisait partie des ordres depuis une dizaine d'années, quand les morts ont commencé à le visiter. Baignant dans la religion, il y a vu une manifestation du mal. Il s'est démené pour refouler ce don, pour le faire disparaître. Il a même subi un exorcisme, prodigué par un de ses bons amis à qui il avait osé parler de cette possession maline. Cela n'a rien donné. Il a quitté les ordres par crainte de corrompre ses compagnons. Depuis, ce pouvoir est son pire secret, un tabou qu'il n'a révélé à personne d'autre que cet ami prêtre. Celui-ci a fait depuis, vœu de silence.
Qui connait votre véritable identité ? Comment faites-vous pour la cacher ? Seth n'a pas d'identité secrète à proprement parler. Depuis qu'il a rejoint le S.H.I.E.L.D., il ne fait plus vraiment partie de la société. Il sort peu, il travaille conjointement avec des mutants et des humains, et passe le plus clair de son temps libre à chercher une solution pour être débarrassé des morts qui l'entourent. Il vit à New-York sous le même nom, et a simplement un métier factice sur ses papiers administratifs, pour que personne ne sache qu'il travaille pour le S.H.I.E.L.D. N'étant pas un agent de terrain, il considère qu'il ne risque pas grand chose.
Êtes-vous satisfait de la profession que vous effectuez actuellement ? Il a toujours voulu aider les autres. C'était l'une des principales raisons pour lesquelles il avait rejoint l'Église. Quand le dilemme moral l'a fait plier, il est parti, mais ce désir d'être utile aux gens est resté. Il avait beaucoup écouté les fidèles parler de leurs problèmes, il avait beaucoup conseillé, beaucoup accompagné. Son oncle le savait, il lui a donc proposé un poste de psychologue dans l'organisation pour laquelle il travaillait. Seth avait 30 ans. Dix ans plus tard, il a fait ses preuves, et a démontré un vrai altruisme, une vraie dévotion à son emploi, si bien qu'il est devenu psychologue en chef du S.H.I.E.L.D. Une forme d'accomplissement, pour lui, qui s'était résigné à une vie de diable.

Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu'un héros.

Seth ne broncha pas, lorsque les jeunes hommes le bousculèrent. Il s'était habitué à l'internat et à cette ambiance d'hommes. Il n'était pas un grand gaillard, il parlait peu et baissait trop souvent la tête. Il semblait faible. Le genre de garçon qu'on pouvait malmener sans craindre ses représailles. Bien sûr, il fallait attendre qu'aucun Frère ne se trouve dans les parages. Alors ils plaquaient Seth contre le mur, ils fouillaient ses poches et prenaient son argent, parfois le laissaient au sol après lui avoir frappé l'estomac. Quand ils se sentaient moins délicats, ils tapaient ses cuisses et ses bras. Jamais le visage. Il ne fallait pas que ça se voit.

Mais Seth ne laissait jamais la colère le gagner. Il aurait aimé avoir un cœur de lion. Il n'était qu'un petit chat aux rugissements bien risibles. Il serait resté victime pendant tout le reste de son internat, s'il n'avait pas rencontré Theodor. Il avait été son premier ami. Le seul, puisque les Frères ne comptaient pas. Ils avaient grandi ensemble, loin de leurs familles, coincés dans ce pensionnat privé perdu au milieu des terres conservatrices étasuniennes. Les parents de Seth avaient toujours été très religieux. Peut-être trop, pour cette époque. Il avait naturellement suivi leur exemple, et avait foi en Dieu, foi en l'Église et foi envers les autres. Theodor ne comprenait pas très bien tout ça, mais il le respectait quand même. C'était le signe qu'il était quelqu'un de bien, Fleming le savait.

De temps en temps, quand Theo n'était pas avec lui, Seth se reprenait les murs et les poings. C'était de plus en plus rare. A chaque fois, il murmurait des passages de la Bible, pardonnait les garçons qui le malmenaient. A force, ces derniers finirent par ne plus l'approcher ; ils étaient trop mal à l'aise. La religion a ce pouvoir sur les athéistes, sur ceux qui ne croient en rien. Elle les rend inconfortables.

Leur éducation a fini par toucher à sa fin. Theodor avait proposé à Seth de l'accompagner à l'université : ils auraient pu poursuivre leur route ensemble. Après tout, ils étaient si proches. Mais le jeune Fleming avait une autre idée en tête. Un projet qui n'incluait pas Theo, qui n'incluait pas grand monde. Il voulait entrer dans les ordres. Ses parents n'auraient pas pu être plus fiers. Il leur avait dit ''au revoir'', acceptant de laisser derrière lui toute possession et tout attachement. Il n'eut pas le courage de revoir Theo une dernière fois. Son plus grand regret.

Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l'épreuve.

De Frère à Père. Il était devenu prêtre, attaché à une église qu'il pouvait, désormais, appeler sa paroisse. Il avait réussi. Seth avait l'opportunité d'apporter son aide aux égarés, de guider dans la lumière les âmes noircies par le pêché. Il avait le cœur léger. Comment aurait-il pu savoir, alors ? Ses épreuves n'étaient-elles pas derrière lui ? Peut-être le démon avait attendu qu'il baisse les défenses, pour s'infiltrer en lui jusqu'à posséder chaque parcelle de son corps.

Père Fleming n'avait pas compris, la première fois. Il avait vu cette femme avancer, dans l'allée centrale de l'église. Il était encore si tôt, le soleil traversait timidement les vitraux et inondait d'une douce clarté les rangées de bancs vides, la pierre fraîche des murs. Elle traînait l'une de ses jambes derrière elle comme un poids mort. Elle était nue. Cette vision ne perturba pas Seth : il avait appris à voir au-delà. Il réprima un frisson. La femme laissait couler un râle d'entre ses lèvres, long et plaintif. Sur ses seins et son ventre, des tâches de sang séchées, des plaies béantes. L’œuvre d'une arme blanche, sans doute. Mais le flot écarlate semblait tari, ce qui paraissait inconcevable étant donné le nombre de coups de couteau qui lui striaient le corps. « Miss? » Il ne s'était pas rendu compte qu'il était si troublé. Sa voix tremblait. Elle continuait de gémir sans réussir à articuler le moindre mot. Il comprit pourquoi lorsqu'elle se trouva assez proche de lui : une cisaille lui barrait le cou. Une énorme blessure, encore ouverte mais dont ne coulait aucune goutte de sang. Seth fit un pas en arrière. Cette femme était un démon.

Plus tard, Seth comprendrait que c'était lui, le démon. Il voyait les morts, il les entendait, il pouvait converser avec eux. N'est-ce pas là le travail de Satan, que de gérer les criminels et les ensanglantés, ceux qui crient leur innocence mais, finalement, ont quelque chose à se reprocher ? Le malin s'était emparé de lui, et le tourmentait pour le détourner du Seigneur. Il n'y avait pas d'autre explication, à ses yeux – il n'était pas un mutant. Il ne pouvait pas voler, il ne pouvait pas parler cinquante langues différentes sans les avoir apprises. Il parlait à des personnes qui avaient été là, mais qui n'étaient plus. C'était plus mystique que la simple évolution de l'ADN, plus diabolique que la mutation des chromosomes. C'était contre-nature. Alors il avait quitté les ordres. Il n'était plus Frère, plus Père. Il n'était plus rien.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Seth a voulu racheter ses fautes. Voir les morts était un pêché dont il devait se repentir. Il ne pouvait pas rester membre de l'Église – pas avec ce démon en lui – mais il pouvait l'enfermer au loin. Fermer les yeux sur les esprits qui, autour de lui, tournaient sans cesse et imploraient son oreille attentive. Il savait qu'en écouter un, signifierait céder au Diable. Il le refusait.

Fleming avait déçu ses parents. Il avait une carrière prometteuse, dans les ordres, et il aurait pu devenir Cardinal s'il avait bien joué ses cartes. Ils lui avaient tourné le dos, convaincu que leur fils avait abandonné la religion, pour les plaisirs mondains de l'alcool, de la chair. Seth n'avait jamais été plus isolé. Il s'était engagé pour des associations, avait apporté aide et soutien à de jeunes sans-domiciles, à des victimes de viol, à d'anciens combattants. Il avait essayé d'être sur tous les fronts, d'amender ses erreurs en s'abandonnant à chaque cause, à chaque victime. Celles qui étaient en vie, du moins – oublions les morts. Pourtant, ça ne lui suffisait pas. Il serait probablement entré en dépression, si son oncle ne l'avait pas contacté. « Not talkin' to your folks eh? » il avait dit. C'était un mercredi après-midi, il neigeait encore et ils étaient au chaud, à l'intérieur d'un petit café. Seth avait haussé les épaules. « They don't want to. That's fine. I'm fine. » Il regardait dehors. Il y avait un mort qui se collait à la vitre, lui faisait des gestes obscènes. Il l'ignorait avec une intensité telle que ses yeux en pleuraient presque. « Look kiddo.. I know who you are. » Seth leva un sourcil inquiet. Comment savait-il ? « You're an altruist. You're noble and you wanna help everyone. » Il laissa échapper ce soupir qu'il retenait, et sourit faiblement. « There's a way you could help save the world, if you're ever interested... » Les yeux rieurs de son oncle le firent douter de la sincérité de ses paroles. Il s'adossa à son siège et regarda Peter avec curiosité. « Tell me more. »

C'est comme ça qu'il avait passé les entretiens, pour intégrer le S.H.I.E.L.D. Une organisation gouvernementale secrète, chargée de combattre les menaces surnaturelles. Tout ce qu'il essayait d'éviter depuis des années ; seulement, Seth ne serait pas un combattant, pas sur le terrain à frapper aliens et méchants mutants. Il avait été, en toute logique, recommandé par son oncle pour un travail de bureau. Psychologue. Après tout, un prêtre écoute et conseille, tout comme un psychologue. Il avait fait ses preuves durant les entretiens, il avait même montré de bonnes capacités physiques. Il ne comptait pas se battre, seulement il devait suivre un entraînement quand même. Parce qu'il pouvait à tout moment se retrouver confronté à une situation qui exigerait de lui qu'il assomme, qu'il handicape ou qu'il tue. Il savait déjà qu'il ne tuerait jamais personne.

Et il a tenu cette promesse. Psychologue en chef du S.H.I.E.L.D. à 40 ans, il fait partie d'une nouvelle organisation, d'un nouvel ordre. Il aide à changer les choses et à sauver les gens, comme lorsqu'il était prêtre. Il ne le pensait pas, mais cette nouvelle vie lui plaît. Seth a le sentiment d'être utile et, plus que tout, de s'amender. Il le doit bien, après tout ; les morts continuent de lui apparaître et lui rappellent sans cesse que le malin s'est installé dans son âme. Qu'il y a tissé sa toile. Il sent son emprise lorsqu'il assiste à ses cours de tir, lorsqu'il se bat contre son instructeur. Il pourrait tuer quelqu'un, maintenant. Il ne le veut pas, mais s'il n'avait pas le choix, il pourrait le faire. Quand Seth a compris ça, il a eu peur de lui. Peur du démon en lui. Alors il a fermé les yeux plus fort pour ne pas voir les morts, bouché ses oreilles pour ne plus entendre leurs voix. Seulement elles trouvent leur chemin malgré tout. Elles gémissement et elles hurlent et elles implorent. Il les ignore. Le meilleur psychologue du S.H.I.E.L.D. pour les vivants. Le pire pour tous les autres.

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