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 Swear once again — ft. Julian

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Swear once again
La nuit est tombée depuis quelques heures déjà. Et avec elle, mes angoisses se sont réveillées, toujours plus fortes.

Je suis en service cette nuit. J’avais pourtant fait en sorte d’être moins occupé par le travail à ce moment-là de la journée. Pour pouvoir m’organiser et anticiper au cas-où je perdrais pied. Ce n’est pas le cas de ce soir, et ça m’agace autant que ça peut me rendre anxieux. J’ai passé toute la matinée à dormir, mais mon après-midi n’a pas été placé sous le signe du repos et de la détente. Au lieu de ça, j’avais préféré ruminer sur la nuitée de boulot que j’allais devoir faire. Et si je ne tenais pas ? Et si j’étais vraiment devenu quelque chose d’incontrôlable ?
Comme tous les soirs, ce voile d’obscurité s’accompagne bien (trop) souvent de désagréments divers et variés. Ce manteau en rassure plus d’un dans leur volonté d’enfreindre la loi ou de faire le mal. À croire que ça les inspire. Ce n’était pas mon cas. Mais c’était peut-être celui de cette Chose…

Je savais me servir de mes bras, et il me semblait avoir toujours vécu « pire ». Je n’ai pas peur de ces ‘désagréments’, en soi. Pas ceux qui viennent de l’extérieur pour me frapper du moins. On pourrait dire que c’était ma façon de positiver. La réciproque ne me laissait pas indifférent cependant. Comme beaucoup d’autres choses ces derniers temps…

Ma clope mourut de ses dernières cendres sur mes lèvres. Elle signait l’engourdissement temporaire de mon odorat, me ramenant à la pénible réalité sensitive. Je faisais des pauses régulières contrairement à d’habitude, de façon à ce que cet effet soit récurrent. J’espérais peut-être par ce subterfuge que l’Autre ne se réveille pas.
Il était temps que je reprenne la route. J’étais non loin de Soho. Avec un peu de chance, on me porterait compagnie d’ici peu - pour le meilleur comme pour le pire. Les grandes radios locales me donnant plus des relents qu’autre chose, j’avais fait tourner aléatoirement des morceaux sur mon téléphone retransmis par bluetooth. Au moins ça évitait de m’énerver davantage, ayant cru comprendre que la nervosité chez moi ne faisait pas bon ménage…

Et ça commençait déjà, comme toujours : deux jeunes femmes se profilaient au loin, me faisant signe. Aussi ralentis-je la cadence de la Toyota Camry en serrant de leur côté. J’en avais profité pour baisser un peu le volume de ma musique. Elles montèrent. Direction l’un des clubs prisés de l’Upper East Side, avec son lot de bourges et de beurrés. Je n’allais pas juger pendant dix ans, mais j’avoue que cette activité cérébrale me permettait d’échapper un tant soit peu à un flot de pensées anxiogènes.

J’avais fini par les y déposer, mais comme je l’aurais soupçonné, quelqu’un qui sortait de l’établissement me héla afin que je puisse le prendre en charge. Il n’était pas prêt à vomir mais je sentais bien à sa dégaine qu’il était tout de même suffisamment alcoolisé. Je soupirai un instant en m’arrêtant à sa hauteur…et le reconnu au moment où il se baissa un peu vers la vitre entrouverte. Sans dire un mot, j’hochai la tête à la positive afin qu’il passe derrière, histoire de dégager la piste…car les gens commençaient réellement à s’entasser sur un morceau de la chaussée.

L’air absent, j’avais même oublié de lui adresser un sourire. Ce dernier m'avait été volé d'autant plus lâchement qu'une autre personne tenta de rentrer avec lui. Pas un mot, simplement les yeux qui suivirent cet état de fait avant de jauger si je devais réagir ou s'il était en mesure de le faire de lui-même. La seconde qui suivit, mes doigts se resserrèrent autour du cuir du volant. Ne pas s'énerver...

À cette heure-ci, plus rien ne m'étonnerait.
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En fin de soirée, l'alcool tourne amer dans sa bouche.
C'est plutôt désagréable — mais oh well, les choses sont telles qu'elles sont. Et cette amertume, qui explose dans son palais, peut parfaitement être oubliée quand il arrose chaque boisson d'un peu de soda; whisky coca, vodka coca, tequila coca, tout est bon du moment qu'il y a du coca. Julian sait qu'il abuse. Il sait qu'il prend son rôle trop à coeur, qu'il devient trop vieux pour ces conneries: son père le verrait mieux en train d'exercer un métier sans envergure en attendant de lui succéder, allant à des brunchs chaque jour et sortant des dans bars huppés chaque soir. Mais Julian préfère s'accrocher à une jeunesse éternelle, à des boissons alcoolisées trop fortes et de la musique à laquelle il ne comprend rien. Et puis après tout, il faut fêter le retour de William en ville! et l'anniversaire de Rose! et le nouvel emploi de David! Oui, en se convaincant, Julian arrive presque à croire que ce qu'il est en train de faire n'est pas foncièrement mal. Mais après tout, en ces temps-là, ses maux de tête se multiplient, parfois il a des vertiges et des fossées immenses se creusent dans sa mémoire à certains moments de la journée. Et l'inquiétude, le doute, grandissent en son sein. Alors une petite soirée de détente, il y a bien droit, non?

Mais il est grand temps de rentrer, maintenant. “ Mais il est tôt! Allez, Julian, reste pour une autre tournée! ” Non, les gars, je vous jure, je n'en peux plus, il faut que je rentre. J'ai un truc demain. “ Oh, allez, Julian! ” Et il se laisse tenter; la dernière chose dont il se souvient, c'est Rose passant un bras autour de ses épaules et le goût amer, teinté de déception, de la vodka dans sa bouche.
Et puis le trottoir; et puis le taxi. “ Oh! Hé! ” crie Wiliam à sa place, et Julian lui tapote l'épaule avec un petit sourire, tandis que le taxi les attend sagement. C'est l'alcool et la gravité qui le font presque tomber sur la vitre, côté passager, pour regarder un instant le chauffeur. “ Faut que j'passe à Harlem avant de r'tourner vers Tribeca, c'est ok? ” Il hoche la tête, alors Julian se glisse à l'intérieur de la voiture, bientôt suivi par William. “ Hé, mec, tu fous quoi? Oh, allez Julian... Non, arrête, oh! Laisse-moi tranquille. Julian...Mec! ” La conversation n'a pas grand sens, mais le regard pesant de son ami en dit long. Julian s'en fiche. Julian s'en fiche, de toi, de lui, de tout le monde, de vous; seul lui importe le goût amer, rance, pourri dans sa bouche, et les étoiles qui tournent, qui tournent, qui tournent. Il ferme la porte au nez de son ami, détourne le regard. “ Vous attendez quoi pour démarrer? ” demande-t-il d'un ton vaguement bourru au chauffeur, tapotant ses poches pour vérifier qu'il a toujours ses clefs, son portable et son porte-feuille.

Quand la voiture démarre, il soupire en se laissant aller contre le dossier défoncé de la banquette arrière, pianotant d'un air absent sur les touches de son téléphone. “ Vous voulez pas mettre la radio? demande-t-il d'un ton distrait et à un volument insupportablement fort. Ça me rassure d'écouter la radio. ” Comme sa demande n'est pas exaucée dans l'instant, il lève les yeux vers le chauffeur, croisant son regard clair dans le rétroviseur. Il fronce du nez, très légèrement, comme si ce qu'il y voyait ne plus plaisait pas trop; et puis, très factuel, de lâcher d'un ton pincé: “ vous avez pas l'air commode. Vous n'aimez pas ça, les infos? ” Et puis, sans même attendre la réponse, d'enchaîner: “ la dernière qu'j'ai pris un tax', le mec avait mis la radio et il reparlait de cette affaire, là, qui date d'il y a quelques années. Un faux chauffeur de taxi qui emmenait les gens dans des ruelles désertes pour les violer et les tuer. Bah le présentateur disait qu'il était de nouveau en ville, si vous y croyez vous. J'vous raconte pas le malaise dans la voiture... ” L'air absent, il continue d'envoyer son texto et au moment de l'envoyer, fronce les sourcils et laisse ses pouces en suspension. “ Vous êtes pas un serial killer, si? C'est une question légitime. On est jamais trop prudents de nous jours.
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Contrairement à ce à quoi je m’attendais, la portière finit par claquer, nous laissant une bonne fois pour toute entre nous deux. J’étais en service, je n’avais pas de réelle envie que la banquette arrière se transforme en terrain de jeu à la Hiroshima. La comparaison n’était certes pas très rassurante, mais ici à New York, je pouvais m’attendre à tout. Comme si l’homme derrière pouvait soulever une voiture sans aucun souci. Ça m’importait peu en soi, mais je préférais qu’on évite de me faire chier, surhumain ou pas. Et que l’Autre reste là où il est, accessoirement. L’homme me pose une question à laquelle je réponds par un coup d’accélérateur, j’avais ravalé mes dégueulasseries pour moi pour une fois. J’étais en service, pas sur un trottoir en dehors de la sphère professionnelle. Même si, parfois, quelques mots sortent. Dès que je sentais que c’était trop, je freinais mes ardeurs naturelles. Ces sauts d’humeurs étaient bien plus fréquents qu’auparavant, et je me sentais tenu en laisse par mes propres instincts. Auxquels, malheureusement, je ne pouvais pas toujours faire face comme aujourd’hui. Ils s’avéraient être tantôt forts, tantôt gérables. Jouer à la roulette russe m’épuisait.

Harlem, puis Tribeca, l’itinéraire était déjà dans mon esprit. Ce n’était pas très loin d’ici pour le premier point de chute, c’était déjà ça de prit. Les premiers mètres, le silence. De courte durée semble t-il, étant donné l’état dans lequel était l’homme. Il voulait que je mette la radio, sous prétexte que ça le rassurait. Je crois qu’il n’avait pas entendu la musique qui tournait en fond, beaucoup plus bas. Tant mieux…ou pas. « On en a assez tous les jours. » Et ce n’était pas faux, je n’appréciais pas les informations. Que ce soit des informations qui me concernaient, fixées au niveau du Queens, ou pas. Je ne lui mis pas la radio tout de suite, je préférais, pour une fois, parler. De toute façon, il s’était lancé de lui-même dans un sujet qui me parut…étrangement redondant. À croire que j’avais réellement la tête de l’emploi. Un jour, je devrais penser à changer de métier.

« Je n’ai pas l’air commode parce que je préfère discuter avec vous ? », contrecarrai-je sans réelle animosité dans la voix. J’avais croisé son regard dans le rétroviseur un peu plus tôt. Son regard vague annonçait clairement qu’il n’allait pas jouer les hypocrites, c’était la sincérité et rien d’autre. Pour une fois que quelqu’un était bavard, je pourrais au moins en profiter un peu, surtout de nuit. Il irait peut-être me faire découvrir des perles musicales que je n’avais jamais connues auparavant, ou me cracher l’adresse d’un restaurant où la viande y est abondante - et succulente. Sauf qu’il n’avait pas vraiment l’intention de parler de ça pour le moment visiblement : il était plutôt happé par ce que je renvoyais, à savoir un idéal de psychopathe. En tous cas, son discours était tout sauf logique, c’était le paradoxe même. « Donc la radio vous rassure, c’est ça ? », lui dis-je à la suite de ce qu’il avait énoncé sur une affaire sordide de faux-taxi.

Vint la question qui me laissa - presque - insensible : je commençais à avoir l’habitude ce genre de soupçons. À commencer par cette blonde que j’étais habitué à conduire, qui m’avait soupçonnée d’être un trafiquant de drogue. Un jour je me raserais la barbe pour paraître moins douteux, mais pas aujourd’hui. « J’ai pris ma retraite. », lui rétorquai-je sérieusement, alors que le fond ne l’était pas. J’avais suivi ces mots presque aussitôt. « De toute façon, vous n'êtes pas mon genre. » À voir comment il allait réagir. Un brin de sourire s’était glissé sur mes traits lorsqu’il avait réagi.

Je continuais ma route, puis nous arrivâmes à Harlem. C’était vaste, aussi lui demandais-je où il voulait que je le dépose. « Où vous vouliez aller exactement ? »
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« Je n’ai pas l’air commode parce que je préfère discuter avec vous ? » Julian fait non de la tête. C'est drôle: quand il a bu, il ressemble à un enfant boudeur. Bon, pour être tout à fait honnête, il ressemble souvent à un enfant boudeur; mais encore plus lorsqu'il a bu. Il hoche la tête avec véhémence, ses sourcils figés dans une expression sérieuse alors que sa lippe se pince machinalement. Parce que non, ce n'est pas parce qu'il ne préfère pas discuter avec lui. C'est parce qu'il a les yeux sombres et clairs à la fois, c'est parce que son visage est figé dans une expression déterminée de laquelle Julian ne sait pas quoi penser, c'est parce qu'il a les poings fermés sur le volant et qu'il dégage quelque chose d'inhabituel. Julian ne saurait pas l'expliquer. Mais, telle la proie chassée par la bête, il sait. Il sait.
Non, ce n'est pas ça, dit-il avec une sincérité désarmante. C'est autre chose. ” Juste autre chose, même si il ne saurait pas l'expliquer.
C'est autre chose, quelque chose sous sa peau, dans son dos, derrière ses yeux. Autre chose, quelque chose qui réveille des cris et des souvenirs qu'il préférerait oublier. Autre chose, quelque chose de terrible et de froid et de final et d'infini.
Autre chose.
Il met ça sur le compte de l'alcool.

« Donc la radio vous rassure, c’est ça ? » Un nouveau hochement de tête, un léger sourire et puis la question, un peu inquiète, qui traverse ses lèvres. Pendant un instant, Julian se demande s'il va s'en offusquer. Le chauffeur de taxi, lui, préfère en sourire. Très légèrement, même si son ton est sérieux quand il dit: « J’ai pris ma retraite. » Et pendant un instant, juste un instant, Julian ne peut s'empêcher de froncer les sourcils d'un air concerné. Il pourrait défoncer la porte et sortir du taxi, il ne serait pas particulièrement blessé en roulant sur le macadam mais quelque chose l'en empêche. Il a l'audace de se fendre d'un léger sourire en levant les yeux au ciel, envoyant son texto d'un air amusé. “ Nice, ” commente-t-il simplement. « De toute façon, reprend le chauffeur de taxi, vous n'êtes pas mon genre. »
Cette fois, c'est son sourcil qui se dresse sur son front alors qu'il verrouille son smartphone et relève le regard. Il a presque l'air offusqué, Julian, et ne peut pas réprimer un sourire au bout d'un moment quand il voit celui qui flotte sur les lèvres de Faucheuse du chauffeur. “ Je suis incroyablement blessé émotionnellement par cette déclaration. Et confus, dit-il à nouveau d'un ton factuel. Je suis le genre de tout le monde, ” et sur ce, un petit clin d'oeil complice.

« Où vous vouliez aller exactement ? » Ils sont à Harlem. Julian regarde les rues avec un désintérêt grandissant. “ À l'angle de la 145ème et de Broadway, ” dit-il pensivement, après un dernier regard pour son téléphone. Et puis, à l'endroit dit: “ Vous m'attendez? ” Et sans attendre la réponse, d'ouvrir la portière et de disparaître dans la nuit.
Il revient quelques minutes plus tard, essoufflé d'avoir couru et l'air vaguement paniqué. Il s'engouffre dans la voiture sans demander sans aucune forme de pitié ou de respect et se jette sur la banquette arrière après avoir claqué la portière dans un bruit d'outre-tombe. “ Roulez. ROULEZ! ” s'écrie-t-il, toujours à bout de souffle, la plaie à son front saignant d'un sang noir dans le clair-obscur de la voiture. Ses yeux roulent dans leurs orbites, l'air fou, et son visage est baigné de transpiration; et pourtant, à côté d'un ancien serial killer et sur la banquette arrière de ce taxi pas trop miteux, il se sent presque en sécurité. Presque car bientôt, les cris enragés des trois mecs qu'il vient de semer se font entendre et ses doigts s'accrochent aux trous permettant au son de passer sur la vitre qui séparent passager du chauffeur (la vitre se fêle quelque part d'invisible, et il retire bien vite sa main. Il oublie trop sa force.) “ S'il vous plaît, ” lâche-t-il dans un souffle.
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Autre chose.
C’est toujours autre chose.
De toute façon, j’allais finir par croire que tout le monde se foutait de moi. Qu’ils savaient pertinemment que l’Autre était une partie intégrante de mon organisme, de mon âme peut-être bien, alors que nous sommes théoriquement dissociés. C’était un grand mot…qu’est-ce qui me donnait l’assurance qu’il n’avait pas une main mise sur certains de mes faits et gestes alors que je suis pleinement lucide ? J’avais l’impression que mon corps était ma propre prison et mon geôlier un monstre qui pourrait m’espionner à la big brother. Les gens ne me reconnaissent plus comme quelqu’un d’altruiste, ni quelqu’un de normal. Ou alors c’est le dépaysement qui me fait ça. J’en sais rien. Toujours est-il qu’ici, quelques clients n’ont pas un ressenti tout à fait noble à mon égard. Je déstabilise. Et plus si affinités. J’étais simplement en souffrance permanente, en lutte intérieure. Est-ce qu’un ado dépressif aurait les mêmes traitements de faveur que moi ? J’en doute.

Et le pire dans cette histoire, c’est qu’il a cru à mes paroles pourtant empreintes d’ironie. J’aurais dû y penser. Un homme saoul, c’était peine perdue pour qu’il comprenne les choses dans le bon sens - car encore faudrait-il qu’il sache marcher tout aussi droit. J’avais même l’impression d’avoir quelqu’un de plutôt ingénu derrière, mais ce n’était certainement pas le cas habituellement. Les gens changeaient du tout au tout lorsqu’ils étaient sous l’emprise d’alcool ou stupéfiants. En soi, c’était le but. Pour ma part, il ne valait mieux pas me voir en état d’ébriété. Et dieu seul sait que c’était arrivé quelques fois…j’étais presque certain que l’Autre s’en était donné à coeur joie par la suite, grappillant du temps du fait de ma faiblesse assurée.

Lorsqu’il s’offusqua, j’en fus presque ravi. Il n’y avait rien de plus amusant qu’une situation qui tournait à votre profit, du moins comme vous l’aviez entendu avant que cela se produise. Je savais que ce n’était que de courte durée, très succinct, comme toujours. Il m’annonça où je devais le déposer dans un premier temps, et une fois à l’intersection, je pris soin de l’attendre comme demandé, laissant le compteur tourner. J’avais ouvert un peu la fenêtre afin de faire passer de l’air, ne supportant pas d’être confiné trop longtemps dans un espace clos. Ça me rappelait de mauvais souvenirs…et puis, je ne supportais tout simplement plus d’être enfermé non stop. Alors je m’octroyai un peu de l’extérieur. Sauf que des sons me parvinrent. Des sons qui ne me laissèrent pas indifférent. Je regardai par derrière, sans me servir du rétroviseur qui aurait pu être plus discret. Rien.

Sauf que, trente secondes plus tard, le voilà qui déboulait, rentrant en furie dans la voiture. L’odeur du sang était forte, attisant mes sens. Quelque chose d’autre se passait à chaque fois que ce parfum revenait, quelque chose que je n’avais pas encore réussi à déchiffrer…ni à comprendre. À peine fut-il entré que j’avais ôté le frein et embrayé pour passer la première. « Roulez. ROULEZ! » Ayant déjà perçu le danger, j’avais écrasé mon pied sur l’accélérateur. Nous étions partis, et les trois gusses qui couraient après n’auraient pas de grandes chances de nous rattraper s’ils continuaient à pied. Je choisis de suivre des directions en connaissance de cause, il nous faut un endroit où s’arrêter. Il était blessé. Sa supplication me revint, avec le son distinctif d’une vitre qui se fêle. Il n’a pas pu faire ça avec sa corpulence : un individu lambda n’aurait même pas fait trembler la vitre. J’étais face à quelque chose de surhumain…mais aussi ‘surhumain’ pouvait-il être, il n’était pas en bon état.

« Dites-moi ce qui s’est passé. Tout de suite. », lui avais-je intimé d’une voix dont aucune agressivité transparaissait. Seulement un semblant d’inquiétude camouflé dans des mots d’acier. Car je voulais savoir à qui on avait à faire - et surtout, si l’hypothèse qu’on nous suive tienne. En attendant, s’il voulait bien me dire aussi où il voulait que je le dépose, ce serait une bonne chose. « J’imagine que vous n’avez pas envie de faire un crochet à l’hôpital. » Simple question de courtoisie, qui l’amènerait, je l’espère, à me donner plus d’informations sur son état actuel. De toute façon, j’avais de quoi le soigner dans le coffre, j’étais qualifié pour ça - bien qu’on puisse en douter au vu de mes fonctions actuelles. J’ignore ce qu’il cache ou ce qui s’est passé, mais j’aimerais au moins avoir des réponses concernant la seconde question. J’avais aucune envie de passer ma nuit à babysitter quelqu’un à la langue liée.
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Le moteur vrombit et la voiture démarre. Julian se laisse rouler sur la banquette arrière avec un long soupir soulagé, essayant de ne pas grimacer quand le chauffeur prend un virage trop serré ou qu'une partie mal cimentée de la chaussée fait sursauter son corps comme s'il n'était que fétu de paille; il est un peu trop soulagé d'être en vie et que le chauffeur soit plus du genre à agir et poser des questions après que l'inverse. Il ne sait pas trop quoi penser de ce chauffeur: il a l'air d'avoir de la trempe et d'avoir été trempé dans un acier dur et froid et fort; mais Julian sait bien qu'il ne vaut pas seulement se fier aux apparences. Le loup se cache sous tous les masques pour tromper le monde.
Il continue de rouler et Julian lui en est reconnaissant. Lentement, à grand mal, il arrive à se redresser pour s'asseoir presque correctement sur l'assise de la banquette, s'accrochant désespérément au-dessus de la vitre en essayant de voir où ils sont; mais il en est incapable. Entre l'alcool, l'adrénaline et le bref choc, les lumières sont un peu floues et toutes les rues se confondent. Il fait confiance au chauffeur (il n'a pas le choix). Du moment qu'ils roulent, tout va bien.
La voix de l'homme le sort de sa torpeur. « Dites-moi ce qui s’est passé. Tout de suite. » Il y a quelque chose dans cette voix — quelque chose qui hérisse le poil. Tout iota qui le compose lui dit: sors de cette voiture. Pars. Pars loin et ne te retourne pas.

Mais il repousse bien vite, et très loin, cette pensée. Son psy lui a dit que ce genre de pensée, il faut les laisser entrer et les laisser sortir comme elles viennent. Inutile de se tourmenter avec ça. Ce n'est qu'une impression. Un instinct primaire qu'il aurait dû enterrer depuis longtemps.
(Le doute persiste).
Il cherche quelque chose à dire mais le chauffeur reprend: « J’imagine que vous n’avez pas envie de faire un crochet à l’hôpital. » Les sourcils de Julian s'arquent sur son front. “ L'hôpital? ” Et, comme mû d'un réflexe plus vieux que le monde, il lève la main qui ne s'accroche pas à la voiture vers son visage et le tâte avec délicatesse. Ses doigts lui reviennent mouillés et noirs de sang. Merde. “ Enfoirés... ” marmonne-t-il sous sa respiration. Effectivement, sa tête lui fait un peu mal mais il sait que la plaie n'est pas profonde. Sa mâchoire le lance aussi un peu mais rien de grave là non plus. Il sait déjà la magie de ses toutes nouvelles capacités vont faire leur effet: demain matin, il sera aussi beau et vierge qu'au premier jour. “ J'ai fait une transaction qui s'est mal passée, marmonne-t-il simplement. Rien de dangereux pour vous. ” Il enfonce sa main dans la poche de son manteau où il fait tourner, presque nerveusement, le sachet d'herbe.

Il ressort sa main, vide. Ses yeux roulent dans leurs orbites alors qu'il inspecte l'intérieur de l'habitacle pour la énième fois depuis que le taxi l'a pris sur la route. Sauf que cette fois, la vitre est fêlée et il ne sait pas comment expliquer ça — si il ne lui en parle pas, il n'en parlera pas, décrète-t-il. Il paiera pour la vitre, laissera un généreux pourboire et tout le monde oubliera cette soirée. Parfait.
Faut vraiment qu'il arrête de boire. Ça lui fait prendre des décisions vraiment connes. “ Vous voulez pas revenir sur Broadway et me laisser à l'angle de White Street, s'il vous plaît? Ce sera tout pour ce soir, ” dit-il au bout de ce qui semble être un long moment, après avoir observé la rue nocturne new-yorkaise à travers la vitre. Ils ne s'arrêtent pas de rouler et Julian aimerait bien rouler toute la nuit mais il a mal à la tête et son herbe l'attend et il y a quelque chose désormais qui, mélangé à l'odeur de la sang et de l'alcool et du stress, qui s'est installé dans le taxi. Il ne sait pas trop quoi mais ça lui fait se dresser ses poils sur la nuque et lui fait frémir l'échine. Il a envie de hurler et de s'énerver mais il sait qu'il ne devrait pas. Qu'il ne doit pas. Il a pris sa prescription, aujourd'hui? “ Vous travaillez pour une société privée? questionne-t-il de nulle part. Y'a beaucoup de gens qui cherchent des chauffeurs qui ont votre sang-froid, vous savez.
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La cadence du moteur retrouve son rythme normal alors que nous sommes désormais loin des lieux. Suffisamment, du moins. Quelque chose dans son comportement, cette désinvolture, me titille méchamment. Pourtant je suis habitué à avoir un tas de cas là-derrière, mais il faut croire que depuis la révélation qui m’a été faite, certaines choses m’atteignent davantage. Ça paraît caresser la surface de la carapace, mais ça s’infiltre. Ça gangrène. Pour éviter la nécrose, ça ressort comme des frappes épisodiques. Ça pète parfois là où on s’y attend le moins. Et non, je n’avais aucune envie qu’il se farcisse quelque chose, d’autant qu’il avait déjà prit. Si je devais descendre du taxi et cogner chaque personne qui m’insupportait ne serait-ce qu’un peu, j’en aurais pas fini avant l’an 2020. Puis j’étais sur mon lieu de travail, ça en disait long sur mes responsabilités et contraintes.

Il semble surprit par mes propos. Parce qu’il est blessé et ne s’en est pas vraiment rendu compte, je suis étonné. Peut-être était-ce l’odeur du sang qui me paraissait plus forte que les réels dégâts…oui, ça devait être ça. Cela ne pouvait pas être autre chose. Il répond à ma question mais je reste quelque peu sur ma faim. Ce genre de discours, encore une fois, j’aimerais m’en passer. Comme ce que j’allais lui rétorquer. « J’espère pour vous que c’est le cas. » Pas besoin de prendre de gants, encore moins à ce stade. Il faisait ce qu’il voulait en dehors de mon taxi, mais s’il essayait de faire plus que péter ma vitre, ça allait juste très mal se passer.

« J’espère que vous avez de quoi soigner ça. » Un foutu instinct de soignant qui revenait. Tu étais taxi driver, plus à soulager les maux d’autrui. J’aurais aussi pu me dire qu’il n’avait pas que cette force herculéenne dans les bras…sauf que je ne pouvais avancer quoi que ce soit de plausible pour le moment. Un éventuel pouvoir de guérison, par exemple ? De nos jours tout pouvait arriver. « Avec autre chose que votre came, je veux dire. » Quant bien même les vertus thérapeutiques pouvaient être avérées, ce n’était pas vraiment ce qu’on préconisait pour une plaie ouverte. Oui j’avais senti l’herbe malgré qu’elle soit enfermée dans ce petit sachet plastifié - ça sent toujours, quoi qu’on fasse. Ça émane et je n’irais pas dire que c’est le genre d’odeur que j’apprécie particulièrement. C’est là une chose dont il ne pourrait pas se douter étant donné qu’il avait largement sous-entendu cet état de fait en parlant de transaction. J’imagine qu’il n’avait pas dealé des carambars. Du moins, j’aurais pas couru après pour aller les récupérer…bouffe ou pas, j’étais pas borné à ce point (enfin, je crois).

Enfin, il me donne un lieu où me rendre. Le compteur tourne, mais surtout c’est l’heure qui défile. Nous sommes de nuit, New-York vit, et moi aussi j’ai besoin de bouffer. Pour ça, il me fallait de la caillasse. Triste à dire. J’acquiesce en silence, mon regard s’est perdu un instant dans le rétroviseur et je m’engage dans un itinéraire que je venais à peine d’échafauder. Puis, le rythme cardiaque déjà rapide de mon client commence à s’affoler. À moins que ce soit la pression. Il avait besoin de se détendre et vite - maintenant, je commençais à comprendre un peu le pourquoi de ses « courses bio ».

Il me demande si je travaille dans une société privée. Que j’ai du sang-froid. Vraiment ? Tant mieux. Il ne m’a pas vu sous de mauvais jours. « Hm. », ça paraît forcément très argumenté, là, c’est sûr. J’étais plus concentré sur la route et sur ces battements cardiaques effrénés. Quelque part, ça ne me rendait pas à l’aise qu’il soit aussi tendu. Ça se répercutait irrémédiablement sur moi. « Je vous trouve bien nerveux… », lui fis-je remarquer d’une voix calme, pas si forte que ça. J’avais enchaîné, évitant ainsi de crever un silence avec une remarque qui pourrait le rendre d’autant plus stressé. Je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regardait pas, mais ce mec n’était pas tout à fait serein. Son coeur s’emballait, je l’entendais comme si j’avais mon oreille pressée contre sa cage thoracique. « Rien à voir avec la vitre, non ? » Simplement pour lui signaler que j’avais bien entendu, bien vu. Que je n’étais pas encore tout à fait con et plutôt observateur. Tant qu’il ne me faisait pas une syncope avant d’arriver, ça devrait aller…je n’étais pas particulièrement doué pour rassurer les troupes. À moins d’y mettre de l’agressivité à l’ouvrage - parfois, ça calmait. Parfois. À l’armée, par exemple.  
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