fire meets gasolineFlame and shadow. One cannot exist without the other.

Leopold était presque essouflé en arrivant finalement devant la porte de l'appartemment. Il devait assurément se mettre à faire du sport. Lui-même sentait qu'il s'empatissait depuis que Jemma... en fait, depuis que Jemma avait disparu tous ces mois auparavant. De petit gamin frêle, il était devenu un adolescent longiligne et fin avant d'être un adulte carrément maigre. Et maintenant... il s'était découvert une passion pour le fast-food. Difficile de ne pas céder à la tentation de la commande en ligne quand vous n'avez d'yeux que pour le dossier sur lequel vous êtes en train de travailler... Bref, toujours était-il que maintenant, après tout ce temps, la serveuse du lundi matin du McDo l'appelait par son petit nom et, qu'en volant au-dessus de six étages de marche, il était au bout de sa vie et ses poumons le brûlaient. Il s'appuya contre le mur le plus proche pour reprendre son souffle, fermant les yeux en tenant fermement sa malette (si lourde! pourquoi n'avait-il pas pris l'ascenseur bordel de merde?) contre lui. Ok. Il devait se faire beau pour monsieur Fawkes. Pas se faire beau... beau. Mais... présentable. Oui, voilà, c'était le mot. Présentable.

Il se passa une main dans les cheveux machinalement, défaisant du bout des doigts des noeuds dans ses petites boucles blondes. Il vérifia, grâce à la fonction selfie de son smartphone que sa barbe n'était pas trop inégale. Et enfin, il ajusta le col de sa chemise et de sa veste, avant de décider de déboutonner le dernier bouton, et il s'assura que sa chemise était bien rentrée dans son pantalon. Ok. Parfait. (En se sentant un peu mal pour une raison incompréhensible, il vérifia aussi son haleine. Juste au cas où.)

Finalement, Fitz se plaça en face de la porte de monsieur Fawkes. Il était déjà venu ici des dizaines de fois ce dernier mois, depuis qu'Ava lui avait demandé de l'aider avec son "ami". Elle lui avait demandé une sorte de combinaison pour l'aider avec sa mutation (pyrokinésie, fascinant) tout ça dans le plus grand secret... de quoi lui mettre la tique à l'oreille, mais aussi de quoi se faire pardonner ses récents élans de colère envers et contre son équipe. Fitz avait accepté aussitôt. Et puis il avait rencontré monsieur Fawkes et au lieu d'y aller en traînant les pieds, il s'était mis à attendre avec impatience leurs rendez-vous deux fois par semaine pour qu'ils parlent ensemble de l'équipement, qu'il prenne ses mensurations, que monsieur Fawkes lui disent ses idées... Fitz se faisait peut-être des idées mais... il vérifia à nouveau son haleine. Tout était bon. Il se faisait assurément des idées. Mais au moins, ça le détournait de ses pensées noires.

Il frappa trois fois à la porte, fort, les doigts serrés dans un petit poing pernicieux. Il s'éclaircit la gorge mais celle-ci lui sembla très vite sèche et nouée quand monsieur Fawkes ouvrit la porte quelques instants plus tard, et que Fitz relevait timidement les yeux pour le regarder. “ B-bonjour, monsieur Fawkes, ” marmonna-t-il comme toujours, en lui montrant la malette qu'il tenait au bout du bras. “ J'ai fini votre- votre équipement. Comment vous allez aujourd'hui? ” Il esquissa, difficilement, un petit sourire nerveux — qui ressemblait bien plus à une grimace qu'à autre chose — avant de jeter un regard par-dessus l'épaule de monsieur Fawkes pour vérifier qu'il était seul.

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Monsieur Fawkes avait l'air un peu énervé. Bon dieu. Il était carrément sexy quand il était énervé. Malgré lui, Fitz ne put pas s'empêcher de rougir en baissant timidement les yeux, repoussant loin, très loin de lui cette pensée. Son attraction pour les hommes ne lui avait jamais posé de problème — il se considérait cpmme un esthète humaniste, trop occupé à voir la beauté chez les choses et les gens pour se préocupper de quel côté du spectre du genre ces gens et ces choses tombaient — mais il était vaguement gêné de ses réactions dignes d'une adolescente en chaleur à chaque fois qu'il était confronté de près ou de loin à la source de ses... crushs, dirons-nous. Ses coups de coeur étaient toujours aussi violents que soudains, incompréhensibles. Il n'en parlait jamais à personne — surtout pas à Jemma — parce qu'ils allaient et venaient, s'enchaînaient, se succédaient à une telle vitesse que c'était dérisoire et enfantin. Quand il était plus jeune, sa mère lui disait qu'il aurait été capable de tomber amoureux six fois avant même de prendre son petit-déjeuner. Toujours était-il qu'au court de ce petit mois, Fitz avait découvert chez Adamska Fawkes quelque chose qui faisait battre son coeur un peu plus vite à chaque fois qu'il croisait son regard, et quelque chose qui le faisait réfléchir pendant des heures le soir en analysant et analysant et analysant encore tout ce qu'il avait bien pu dire à monsieur Fawkes et tout ce que monsieur Fawkes avait bien pu lui dire.

Monsieur Fawkes ressemblait vraiment à un ours mal léché ce jour là. En mode plutôt sexy. « Parce qu'il faut que vous veniez chez moi maintenant ? Foutre la merde dans ma vie ne vous suffisait pas, il faut en plus que vous débarquiez ici. » Fitz le regarda un instant sans savoir quoi dire, avant de s'empourprer machinalement et de faire un pas courtois en arrière dans le couloir d'appartemments. “ Je suis désolé, monsieur Fawkes. Ava Moriarty m'a demandé de venir, je croyais qu'elle vous avait prévenu... ” Il se voyait déjà tourner les talons et retourner au SHIELD pour demander des explications à sa chef d'équipe et pour essayer de comprendre ce qu'il avait fait de mal. Monsieur Fawkes sembla changer d'avis en soupirant, branlant du chef avant de s'effacer pour lui laisser de la place pour entrer. « Hum... Ben allez-y entrez, je ne vais pas vous laissez dehors. » Sans se faire prier, Fitz rentra aussitôt, au moins il était à l'intérieur. Il ne pouvait plus revenir sur sa parole. Il lui adressa un petit sourire gêné en passant, et ne put s'empêcher de remarquer qu'il avait de longs cils noirs tordus comme des ressorts de montre. Il suivit monsieur Fawkes dans son appartemment, se tordant le cou pour regarder autour de lui avec intérêt et curiosité. « Et, on peut oublier le monsieur ? J'ai vraiment du mal avec ça. — Euh, bien entendu, mo- Fawkes. Fawkes. ” Il essaie le nom de famille sur le bout de sa langue, le retourne et le retourne avant de l'accepter avec un vague sourire satisfait.

« Vous voulez un truc à boire ? J'ai... Du café, du thé... Ou des bières. » Fitz s'était assis sur le canapé comme le lui avait indiqué Fawkes et se tenait strictement droit assis au bord du siège, sa malette sur les genoux. Après la question du mutant, il fait tourner son poignet pour regarder l'heure, encore matinale. Demander une bière serait peut-être un peu... inapproprié. “ Un thé, s'il vous plaît. Avec... euh... une cuillère de sucre. Et deux de lait. ” Il se demande vaguement si il est trop exigeant... mais il est juste très particulier à propos du thé. Il lui est arrivé de jeter et jeter et jeter des dizaines de thé offerts par ses collègues, quand il était encore à l'Academy, parce qu'ils n'étaient jamais assez bien préparés. Seule Jemma se souvenait comment il aimait son thé. Perdu dans ses pensées, il en fut tiré brusquement quand Fawkes revint dans le salon avec un café pour lui, et son thé. Il lui adressa un petit sourire de remerciement, même si ses mains restèrent fermement plantés sur sa malette. Une fois Fawkes assis, il s'éclaircit la voix pour parler business, après tout il était là pour ça. Et non pour admirer les beaux traits tirés de Fawkes quelques heures seulement après son réveil. “ Comme- comme me l'avait advisé miss Moriarty, je me suis occupé de vous faire une sorte de... combinaison, commença-t-il en ouvrant la mallette sur ses genoux. Elle est... moulante. Quasiment invisible sous des vêtements, et non handicapante. Un peu comme... le costume de Superman, si vous voyez ce que je veux dire? ” Il sortit le haut de la combinaison de la malette, par les épaules, pour la lui montrer. Elle était grise claire, avec des renforcements au niveau des flancs et des coudes. “ Elle prend la couleur de votre peau quand vous la portez. Ces renforcements... Il effleura la matière un peu plus épaisse du bout des doigts avant de passer le vêtement à Fawkes. ... comment expliquer ça? En gros, à chaque fois que vous bougez, ça fait un petit courant électrique. Et quand vous claquez les doigts, ça fait une petite flamme. Voilà. ” Plus ou moins. Mais il ne va pas le noyer sous les informations.

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Fitz vit le visage un peu perplexe de Fawkes s'éclairer lentement, très lentement, un sourire venant illuminer son visage un peu ronchon et il se sentit frissonner machinalement avec malaise. Il avait un sourire qui transformait complètement ses traits, les très légères rides creusées par le temps et le souci s'apaisant et s'adoucissant pour lui redonner un visage de jeune premier. Fitz fit de son mieux pour repousser ces pensées — telle affliction ne lui était pas commune et ne lui ressemblait pas du tout — mais il eut beaucoup de mal à détacher ses yeux de l'expression de Fawkes qui ressemblait un gamin à qui le père Noël avait fait le cadeau de ses rêves lors du réveillon. « Une vraie tenue de super héro hein ? » dit-il à mi-voix, et Fitz sentit lui-même un léger sourire tirer sur le coin de ses lèvres. Il n'en dit rien, pourtant (il voyait bien que la fascination de Fawkes n'appartenait qu'à lui et qu'il était tout simplement content du travail de Fitz), se contentant d'observer l'homme avec une fascination grandissante. Il avait l'impression de faire face à un puzzle particulièrement complexe. Le truc, c'était que Fitz était toujours bon avec les puzzle, les casse-têtes, les énigmes. Il lui fallait à peine une dizaine de minutes pour les résoudre, généralement, et encore ça c'était les mauvais jours. Mais les gens — les femmes, les hommes plus particulièrement — étaient des mystères vivants qui ne faisaient aucun sens. Chacun faisait toujours les mêmes erreurs, chacun agissait d'une manière à la fois inédite et prévisible, ils tournaient en rond dans leurs erreurs et leurs péchés et leurs horreurs. Fitz avait passé des heures et des nuits à observer autrui, à étudier comportements et mimiques.
Et parfois, devant les gens comme Adamska Fawkes, il se confrontait à un mur d'impossible: il ne comprenait pas cette homme et là résidait l'attraction. Et ses yeux avides fouillant son visage. Et l'impatience évidente s'inscrivant sur ses traits alors qu'il attendait son avis.

Fawkes tourna les yeux vers lui et aussitôt, Fitz les baissa sans pouvoir s'empêcher de rosir très légèrement, s'emparant de sa tasse de thé pour en y tremper les lèvres. Le liquide était brûlant et franchement désagréable mais il fit mine de rien en en avalant une gorgée trop chaude, les traits fermés et faussement concentrés sur la tasse pleine. « Je... Wow ! Je sais pas quoi dire c'est... C'est génial Fitz ! Je suis vraiment impressionné ! » Il manqua de s'étouffer avec son thé, le reposa précipitamment en tournant les yeux vers Adamska à nouveau, franchement surpris. “ Oh- je- ” il s'interrompit, l'air consterné, ne sachant pas quoi dire. Il n'avait pas l'habitude de recevoir des compliments — il ne faisait que son boulot après tout. Et il ne savait pas trop quoi en penser. « Et je... Désolé pour avant... C'est juste que je suis un peu à cran en ce moment. C'était pas contre vous. » Il repoussa son esquisse d'un vaguement mouvement de la main, un léger sourire se glissant sur sa bouche alors qu'il baissait les yeux sur son autre main, fermement accrochée à son genou. Les tendons de ses doigts ressortaient comme des cordes sous sa peau, et ses phalanges étaient blanches. Il relâcha peu à peu la pression en soupirant. Sa main était rouge. Il avait un peu mal.

Il prit une longue inspiration et s'apprêtait à s'excuser pour sortir discrètement de l'appartemment et laisser Fawkes à ses pensées quand celui-ci prit la parole: « Ce... C'est vous qui avez fait ça ? » Les yeux de Fitz retombèrent sur la tenue. “ Oui- enfin- non. J'ai réutilisé des plans de collè- d'amis au laboratoire. Miss Moriarty a été très... claire sur le fait que je devais agir dans le plus grand secret. Et puis ensuite je me suis débrouillé. Donc oui et non. ” Il haussa les épaules, l'air gêné, cachant son visage dans une nouvelle gorgée de thé. “ Rien de bien intéressant, vraiment. ” Léger silence. “ Vous ne voudriez pas l'essayer? J'ai toujours été fasciné par les... mutations. C'est bien ce que c'est, n'est-ce pas? Miss Moriarty ne m'a pas... tout précisé. Je- Il s'interrompit, l'air mal à l'aise. -voudrais juste voir si ça fonctionne. ”

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Les yeux de Fitz ne lâchaient pas Fawkes. C'était plus fort que lui. D'un côté, il était fasciné par le charisme magnétique de l'homme; et d'un autre, sincèrement curieux de ses réactions jusque là imprévisibles. Impatient, aussi, de le voir essayer la tenue. Et non, ce n'était pas parce qu'il allait devoir se dénuder à moitié. Pas du tout. Voilà: Fitz était un esthète et ça s'arrêtait là. Il aimait les belles choses. Il y avait rien de mal à aimer les belles choses, n'est-ce pas? « Ok. Et ouais, je suis un... Il hésita un instant. Fitz arqua un sourcil, ne comprenant pas où il venait en venir. Un mutant. » Fitz sourit légèrement. Comme nous tous, fut-il sur le point de lâcher mais il se retint juste à temps. Il avait toujours trouvé le terme de mutant... barbare. Barbare et ridicule.
Puis Fawkes commenca à déboutonner sa chemise. Fitz reposa posément sa tasse de thé sur la table et pressa ses mains sur son giron, sur sa mallette, soudainement mal à l'aise, en détournant les yeux. Il les vira à nouveau sur Fawkes quand celui-ci reprit la parole: « Je sais que je me répète mais c'est impressionnant. Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir quelque chose sur la peau. » Fitz esquissa un petit sourire en l'observant se délier les muscles en remuant les bras et les écartant. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose de humble et de modeste mais Fawkes le prit de court en claquant des doigts.
Ce qui n'avait rien de surprenant, évidemment; mais ça dérangeait toujours autant Fitz, ces mutants utilisant leurs pouvoirs impunément... Ça ne l'effrayait pas, pas vraiment. Mais ça le gênait.
Au moins, la combinaison fonctionnait. Fitz observa la petite étincelle devenir boule de flammes puis recouvrir la peau de Fawkes. La combinaison résistait à la chaleur et aux flammes, bien évidemment, mais Fitz ne put s'empêcher de se demander comment Fawkes ne réagissait pas à la chaleur... des questions pour un autre temps. Il se mit à rire comme un gamin devant un cadeau de Noël et Fitz se sentit lui-même sourire, sensible à sa joie. « Vraiment impressionnant, » répéta-t-il en se tournant vers lui avec un grand sourire et à nouveau, Fitz se sentit rosir. « Je... Je sais pas comment vous remercier Fitz. — Vous pouvez commencer avec les coquets dix mille dollars qu'a coûté cette combinaison, ” répondit aussitôt l'ingénieur d'un ton très sérieux. Il resta silencieux, sérieux et sentencieux quelques dizaines de seconde avant de se fendre d'un sourire. “ Je plaisante. Puis de froncer les sourcils: quoique. Si vous pouviez éviter de la perdre ou de faire des trous dedans, ce serait pas mal. ”
Finalement, avec un sourire satisfait de lui-même, Fitz se releva en prenant sa mallette d'une main et s'approchant de Fawkes en tendant l'autre d'un air sérieux. “ Mon rôle ici est terminé. Si vous avez la moindre question ou le moindre besoin, n'hésitez pas à demander à miss Moriarty ou à me contacter... Leopold Fitz. ” Il lui serra fermement la main, toujours avec un petit sourire collé aux lèvres. “ C'était un- c'était un plaisir de vous rencontrer, monsieur Fawkes, et de travailler avec vous, ” dit-il lentement. Il avait un peu l'impression de le planter au beau milieu de son salon mais il ne savait pas quoi dire d'autre ou quoi inventer pour profiter un peu plus de la vue exquise de la combinaison moulant admirablement bien le torse d'Adamska Fawkes. Il détourna les yeux dudit torse. “ J'espère que nous nous reverrons. Je connais la sortie, ” dit-il doucement avant de sortir, son stupide sourire toujours collé aux lèvres.

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