L'Irlande du nord. Dans une petite maison dans la banlieue nord de Belfast, Les cris d'un bébé se faisaient entendre. une petite fille pour être précis. Ses hurlements résonnaient dans la modeste maison occupée par sa famille, malgré le fait qu'elle se trouvait dans les bras de sa mère, qui essayait tant bien que mal de la calmer. À peine un mois, et elle montrait qu'elle avait les cordes vocales d'une irlandaise. Lui chuchotant des paroles réconfortantes à l'oreille, sa mère regardait son mari, comme pour s'excuser du comportement de sa fille. Mais il n'y avait rien à se faire pardonner. Les bébés avaient tous ce genre de comportement au début. Il fallait juste qu'ils se fassent au dur métier de parents.
La naissance de leur fille avait été un vrai miracle. Ils avaient mit des années avant de réussir à faire un enfant, et jamais ils n'auraient pu espérer avoir une fille aussi admirable que leur petite Amanda Joan O'Leary. Et tant pis si sa mère devait faire un long break dans sa carrière d'avocate pour s'occuper d'elle. Son père n'avait pas trop le choix, sa carrière de militaire empiétant malheureusement un peu trop sur sa vie personnelle. Le lourd fardeau du commandement. Mais ni l'un ni l'autre ne regrettaient.
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« Qui t'a fait ça? » « Mais c'est rien maman! » Protesta la jeune fille en essayant de se dégager, alors que sa mère examinait la coupure qu'elle avait au niveau de son arcade droite
« Amanda, tu es couverte de sang. Ne me dit pas que ce n'est rien. » C'était faux, elle était loin d'être couverte de sang, mais sa mère avait tendance à exagérer les choses quand il s'agissait de sa fille. Mère et fille se trouvaient dans une salle d'examen d'un des hôpitaux de Londres, et attendaient le retour d'un médecin. Ils avaient déménagés deux ans plus tôt, sa mère ayant décroché un poste prestigieux dans un grand cabinet d'avocats londonien. Qui la payait assez cher pour qu'ils achètent un appartement plus que confortable. Son père avait été prévenu dès que possible, et il devait arriver d'ici peu.
Se résignant à laisser sa mère la passer au microscope, Amanda regarda le mur d'en face, en balançant ses jambes qui pendaient d'un lit trop grand pour elle. Elle s'était encore battue. Et toujours pour la même raison. Parce qu'elle était irlandaise, et que les troubles en Irlande du Nord effrayaient tout le monde. Et quand les gens ont peur, ils font des conneries. Ce que les garçons pouvaient être idiots à dix ans. Ils ne savaient jamais quand s'arrêter. Et surtout, ils n'avaient toujours pas compris qu'Amy était loin d'être la petite fille fragile qu'elle semblait être. Mais si sa mère lui passerait un nouveau savon quand elle saurait pourquoi elle s'était blessée, elle savait que son père serait fier. Elle ne s'était pas laissée faire, et son adversaire allait avoir un magnifique œil au beurre noir, accompagné d'une sacrée migraine. C'était ça l'avantage de vivre avec un père militaire. Ça n'était pas toujours rose, mais à force, on savait recevoir des coups, et les rendre. Dire qu'au départ, elle trouvait ça totalement idiot que son père la force à s'inscrire à un cours de boxe. Les petites filles de dix ans faisaient de la danse ou de la gymnastique, qu'elle avait protesté. Au final, elle était bien contente de ne pas être dans un stupide cours de danse.
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« Tu es sûre de ce que tu veux ça? » Demanda son père en la regardant droit dans les yeux. Elle se tenait face à lui, droite comme un i, sans ciller. Elle n'avait pas parlé à sa mère de son... projet. Amy savait qu'elle refuserait catégoriquement, et qu'elle essayerait de la dissuader. De toute façon, madame O'Leary n'avait d'yeux que pour sa petite Ashley, qui était si parfaite à ses yeux. Ashley était brillante, Ashley ne se battait jamais avec des garçons, Ashley voulait entrer dans une école de droit quand elle serait plus vieille. Ashley était tout ce que sa mère voulait voir dans sa fille aînée, mais sans jamais réussir à le trouver. Et à force, Ashley finissait par sortir par les trous de nez de sa grande sœur. Son père, c'était son modèle, ils avaient toujours étés incroyablement complices, même si ils ne se voyaient pas assez selon eux... et elle savait qu'il ne s'opposerait pas à sa décision. Pas si il savait que c'était un acte mûrement réfléchi, et que sa fille aînée comprenait les conséquences de sa décision «
Oui papa. J'ai... j'ai envie de devenir comme toi. D'entrer dans l'armée, je veux dire. Je veux me rendre utile. » « L'armée, ce n'est pas un endroit facile pour les femmes. Beaucoup vont te rabaisser à cause de ce que tu es, et de qui tu es. » « Je sais papa. » Difficile de ne pas crier au piston quand votre père était un lieutenant-colonel de la British Army s'étant largement illustré en Irlande. Ça serait loin d'être facile, mais elle savait à quoi elle s'attendait.
Posant le journal qu'il tenait entre les mains, son père s'installa un peu plus confortablement dans son fauteuil, avant de dire avec calme
« Je ne m'opposerais pas à ta décision. Et j'essayerais de défendre... trop projet auprès de ta mère. Mais à une seule condition. » « Laquelle? » « Que tu te laisse d'abord un an pour y réfléchir. » « D'accord. » Dit la jeune femme sans attendre. Elle savait ce que son père faisait. Il voulait qu'elle aille à la fac, ou se trouve un boulot, ce qui pourrait éventuellement la faire changer d'avis, et emprunter une autre voie. Mais il se faisait des idées. Elle était clairement décidée à emprunter la même voie que son père. Et si elle devait attendre un an, alors elle attendrait un an.
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« Tu sais, maman aimerait bien te voir. » « Te moque pas de moi Ash. Tout ce qu'elle veut, c'est avoir l'air d'être une mère parfaite, pour avoir son foutu poste. » Grogna Amanda avant de vider son verre d'un trait, et d'en commander un autre. Ça faisait deux ans qu'elle n'avait plus adressé la parole à sa mère. Depuis le jour ou madame O'Leary avait appris que sa fille aînée voulait devenir soldates, leurs relations étaient devenues très conflictuelles. Et le jour ou Amanda s'était engagée, la mère et la fille avaient eues une très violente dispute. À partir de ce moment, c'était comme si Amanda n'existait plus aux yeux de sa mère
« Elle devrait déjà s'estimer heureuse que j'ai décidé de changer mon nom de famille pour le sien. » Son père n'avait pas été enchanté quand elle avait décidé de prendre le nom de jeune fille de sa mère avant d'intégrer l'armée, après avoir passé un an à bosser dans une salle de sport à trois pâtés de maisons du domicile familial. Mais il avait compris. Elle ne voulait pas qu'on l'accuse d'être favorisée à cause du poste qu'occupait son père. Et il préférait qu'elle change de nom de famille plutôt que d'être renvoyée parce qu'elle aurait démoli trop de crétins
« Amanda, elle t'aime... » « Elle me déteste. » La coupa Amanda
« La seule chose qu'elle aime, c'est sa carrière. T'étais pas là quand elle m'a balancé tout ce qu'elle pensait de moi. Elle aurait voulu que je sois exactement comme toi, belle, intelligente, studieuse... » « Mais tu es comme papa. » « Mais je suis comme papa. » Vidant son verre, elle se leva, régla la note pour les deux, avant d'attraper sa petite sœur par la main
« Allez viens, ma permission finit demain matin, et j'ai envie d'aller faire les boutiques. » Peu importe à quel point elle détestait sa mère, et à quel point Ashley pouvait lui ressembler. Sa petite sœur était sa petite sœur, et on devait se serrer les coudes entre sœurs.
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Le coup l'atteignit en pleine mâchoire, mais elle se força à ne pas émettre le moindre son, se contentant de cracher un peu de salive et de sang. Nom d'un chien, ils n'y allaient pas avec le dos de la cuillère. En même temps, tout le monde n'avait pas la chance de pouvoir candidater pour intégrer le Special Air Service. Il fallait juste qu'elle tienne encore deux heures de plus. Ou trois. Et merde, elle avait perdu le fil, c'était bien sa chance. Perdre la notion du temps, c'était le meilleur moyen pour qu'elle craque. Et il était tout simplement hors de question qu'elle craque. Rien que pour voir la tête de ses camarades quand elle sortirait de cette foutue pièce la tête haute
« J'ai dit: combien vous êtes? » « Caporal Amanda Walden, matricule 68144275, née le 23 mars 1982. » Répéta Amy pour la énième fois. C'était tout ce qu'ils entendraient. Car c'était tout ce qu'elle était autorisée à leur dire. Peu importe ce qu'elle subirait - même si ça n'allait jamais dans les extrêmes, le but étant de tester la résistance des recrues lors d'un interrogatoire et non de les tuer -, elle ne leur ferait pas le plaisir de leur livrer la moindre petite information. Trop de gens souhaitaient qu'elle rate, parce qu'ils étaient trop machistes pour admettre l'éventualité qu'une femme soit meilleure qu'eux. Heureusement qu'ils ignoraient qui était son père. Peu de gens étaient au courant, et c'était bien mieux ainsi. Ceux qui savaient s'était retenus de faire la moindre remarque, car ils savaient que si Amanda ne leur remettait pas les idées en place, son père s'en occuperait. Son père avait été muté à Whitehall Street, et occupait à présent un bureau au Ministère de la Défense. Autant dire qu'il avait le bras assez long pour transformer en enfer la vie du premier type qui s'en prendrait à sa fille.
Encaissant une nouvelle claque, elle regarda dans les yeux son geôlier, un petit sourire aux lèvres, dans une provocation délibérée. Il voulait la pousser à bout? Alors il allait avoir beaucoup de boulot à abattre en deux ou trois heures.
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Son téléphone sonna, et Amanda grogna un chapelet de jurons alors qu'elle l'attrapait sur sa table de chevet, et poussa un profond soupir lorsqu'elle reconnut le numéro. Sérieusement, le S.H.I.E.L.D. l'appelait à deux heures du matin? Elle allait finir par regretter d'avoir quitté l'armée pour intégrer l'agence d'espionnage.
Au final, elle n'était restée que six ans dans l'armée. Elle avait finit par intégrer les SAS avec succès, et à se hisser jusqu'au grade de sergent. Ça n'avait pas été simple, mais elle s'était plutôt bien débrouillée, et lorsqu'elle était partie, pas un seul de ses équipiers n'avait manqué de la congratuler. Certes, elle avait eu droit à une ou deux vannes sexistes, mais c'était simplement pour la taquiner. Ça avait été une grosse surprise quand elle avait été convoquée dans le bureau de son supérieur, et qu'un type en costume lui avait proposé une place au sein du S.H.I.E.L.D., à titre d'agent spécialiste. Après une bonne semaine de réflexion, elle avait finit par accepter, et était entrée à l'Académie.
Si elle pensait en avoir bavé lors de la sélection pour entrer chez les forces spéciales, elle se mettait le doigt dans l’œil, et bien profond. Elle avait passé trois ans à repousser ses limites continuellement, et à perfectionner toujours plus ses compétences. Et finalement, à vingt-cinq ans, elle était devenue de manière officielle un agent de terrain hautement entraîné. Qui se faisait sonner à deux heures du mat par son chef d'équipe
« Ouais [...] D'accord patron, je serais là d'ici... quarante-cinq minutes. Une heure grand max. » Rectifia-t-elle alors que sa partenaire d'un soir déposait un baiser dans le creux de ses reins. Alors qu'elle raccrochait, elle poussa un nouveau soupir, de contentement cette fois
« Il faut que tu parte? » « Oh, je pense que je devrais pouvoir t'accorder encore quelques instants. » Susurra Amy en jetant son téléphone sur la table de chevet.
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« Chargeur! » Hurla Amy avant d'attraper au vol un chargeur plein. Coinçant son arme sous son aisselle droite, elle rechargea son arme, avant de tirer avec sa main gauche. Sa seule main valide. Elle s'était pris une balle dans le bras droit, Mais elle avait réussi à retirer le projectile et à arrêter l'hémorragie. On lui avait fabriqué une écharpe de fortune, pour éviter que son bras ne pende inutilement le long de son corps.
Elle était bloquée dans un des couloirs du Triskel, en compagnie d'agents loyaux du S.H.I.E.L.D., alors que face à eux se trouvaient une demi-douzaine d'agents d'HYDRA. Elle n'arrivait toujours pas à croire que l'organisation terroriste néo-nazie ait infiltré à ce point ce S.H.I.E.L.D. qu'elle aimait tant. D'après le Captain, ils étaient absolument partout au sein de l'organisation. C'était impossible, il y avait forcément une erreur. Mais au fond, elle savait que c'était vrai. Un homme du genre de Rogers n'aurait pas avancé une telle théorie sans en être certain. Et si l'agence était compromise à ce point, alors la situation était catastrophique. Il fallait qu'ils sauvent le plus de gens fiables possible, afin de pouvoir faire le point et organiser efficacement une contre-attaque. Nom d'un chien, elle aurait largement préféré une nouvelle attaque d'aliens plutôt que d'avoir à tirer sur des collègues. Au moins, à New-York, ils savaient clairement sur qui tirer. Alors que là... tout le monde pouvait être un ennemi. Le type qu'on croisait le matin à la machine à café, un ancien équipier, un ami...
Finalement, les tirs cessèrent, et Amy laissa tomber son arme, dont le chargeur était vide. Se relevant tant bien que mal, elle se dirigea vers un des cadavres des hommes d'HYDRA, avant de s'emparer de son arme de poing et des chargeurs de cette dernière. Se tournant vers ses compagnons d'infortune, elle vit qu'ils attendaient ses ordres. Officiellement, elle était la plus haut gradée de leur petit groupe. Elle était la seule ici à avoir une réelle expérience en matière de conflits armés. D'après ses souvenirs, il y avait une armurerie deux étages plus bas
« Ramassez toutes les armes que vous pouvez. Il y a un dépôt d'armes un peu plus bas, on va s'y rendre et récupérer un meilleur équipement. » « Et... et on fait quoi après? » «Le Captain a une mission. Notre boulot, c'est de l'aider à la remplir et sauver ce qui peut l'être. »◄►
« Qu'est-ce que vous faites? » Demanda l'homme avec hargne, en regardant Amanda s'affairer devant elle, occupée à connecter un détonateur à un pack de C4
« Laisse la dame travailler, ou on va repeindre les murs de cette pièce. » Lorsqu'elle eut finit, elle attrapa la bombe improvisée, avant de l'attacher solidement au type d'HYDRA qui était menotté à une chaise. Coinçant une mèche rebelle derrière son oreille, elle poussa un soupir, avant de dire avec calme
« Mon collègue a essayé la manière douce, je préfère la manière forte. Tu vois ça? C'est un détonateur à niveau. Si tu bouge trop, tu explose. Si tu crache le morceau tout de suite, tu vivras avec quelque-chose sous tes hanches. » « C'est du bluff. » Cracha l'agent d'HYDRA avec défi. Mais Amy voyait bien dans son regard qu'il était à deux doigts de se pisser dessus. Encore un peu et il allait tout cracher. C'était sa seule option, vu qu'on lui avait arraché de la bouche sa capsule de cyanure
« Mon gars, cette fille est folle. On l'a récupérée dans une prison de haute sécurité, parce qu'elle avait fait exploser la voiture de son chef avec assez de semtex pour creuser un cratère. » Intervint l'un des collègues d'Amy
« Et en plus de ça... elle est irlandaise. » « Dis Doug, une gaufre, ça te tente? J'ai vu un stand à cinq minutes, et ses gaufres avaient l'air excellentes. » Lança la jeune trentenaire en jouant parfaitement son rôle de cinglée adorant faire exploser des trucs comme si c'était normal. Son collègue lança un regard au prisonnier qui disait
« Je vous l'avais bien dit », et Amanda sortit de la pièce en compagnie de son collègue.
À peine la porte fermée, Amanda se mordit le poing pour éviter d'éclater de rire, imité par Doug. Quand elle réussit à se ressaisir, elle essuya une larme de rire, avant de souffler
« Oh la vache, il est tombé dans le panneau tellement facilement, on aura nos infos dans l'heure. » « Faut dire que t'as joué ton rôle à la perfection. » « Vingt billets qu'il fait dans son pantalon avant de comprendre que c'est une bombe factice. » « Pari tenu. Reste ici et surveille-le, je vais prévenir les autres, qu'on soit prêts à bouger. » S'adossant au mur, elle poussa un long soupir, avant de sourire. Elle se sentait enfin à la maison, plus d'un an après la destruction du S.H.I.E.L.D. par Captain America et ses équipiers. Après cet événement, elle avait envisagé de fuir vers le Canada avant de rentrer en Irlande, mais elle était à peine arrivée à Montréal qu'on lui avait proposé un job. Savoir que quelqu'un essayait de faire en sorte que le S.H.I.E.L.D. survive l'avait enchantée, mais elle était littéralement tombée sur le cul quand elle avait découvert que c'était Phil Coulson qui menait la danse. Ce qui ne l'avait pas empêchée d'accepter la proposition d'emploi. C'était toujours mieux que de se planquer comme une mauviette en priant pour ne pas se faire débusquer et enrôler de force par HYDRA. Ils avaient bien failli réussir d'ailleurs. Toujours à Montréal. Si le S.H.I.E.L.D. de Coulson n'avait pas envoyé une équipe d'agents l'exfiltrer, elle aurait été capturée. Le S.H.I.E.L.D. avait changé entre temps, Maria Hill était devenue directrice, mais il ne s'agissait là que de détails à ses yeux. L'agence lui avait sauvé la vie, et c'était la meilleure des raisons pour rempiler.
Le monde était empêtré dans un sacré bordel depuis la Sokovie, mais Amy s'estimait heureuse de savoir que des personnes faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour essayer de le remettre sur pieds. Et qu'elle se trouvait parmi ces personnes. Alors qu'elle se dirigeait vers la pièce adjacente, ou se trouvaient les écrans reliés aux caméras qui filmaient le prisonnier, elle eut une rapide pensée pour Ashley. Sa petite sœur avait une vie si tranquille. Mais elle ne l'enviait pas. Risquer sa vie tous les jours pour protéger les innocents comme elle, c'était ce qui lui plaisait. Et la seule chose qu'elle savait faire.