Fermant les yeux en soupirant, Axel se redressa et manqua de pousser un cri de frustration. Et il l’aurait d’ailleurs fait s’il était tout seul. Mais ça n’était pas le cas, alors il se contenta d’enfoncer sa rage en lui et de simplement avoir l’air de mauvaise humeur. Il détestait ces insupportables impressions de ne pas avoir sa place ici, ni d’avoir la moindre utilité en général. Fermant les poings entre ses mains, il était parti en même temps que les autres de cette salle de cours pour aller se reposer quelques heures, parce qu’il en avait marre. Il avait du mal à se sentir à sa place dans cet institut trop grand et trop imposant. Ça n’était pas pour lui, ça ne lui convenait pas et rien ne semblait avoir l’air de lui plaire ici. Il avait accepté la proposition du professeur quelques mois plus tôt parce qu’il avait vraiment pensé qu’ils finiraient par l’aider à réussir à contrôler et maitriser sa mutation plus facilement, mais ça n’était pas ça. Ça n’était toujours pas ça. Vivre ici c’était bizarre. C’était impersonnel, c’était juste ce qu’il ne fallait pas pour réussir à se sentir bien. Mis à l’écart du reste du monde, il ne comprenait pas pourquoi ils s’étaient efforcés à faire tout ça. C’était trop étrange pour lui, et plus il y pensait, plus ça commençait à l’agacer. Il y avait des jours où il voulait tout simplement s’en aller et ne plus revenir. D’autres où il se disait que ce n’était pas si mal, et d’autres encore où il en avait juste marre et était bien parti pour être de mauvaise humeur jusqu’à la fin de la journée. Et… Evidemment, aujourd’hui, il en avait marre. N’allant volontairement pas à d’autres cours auxquels il aurait dû assister, dont l’un qui se termina en devoir à faire en groupe. L’un de ses camarades de chambre lui apporta la terrible nouvelle et fut remercié d’un soupir grogné et d’un hochement de tête maladroit, surtout lorsqu’il lui apprit que son partenaire avait été choisi de force. C’était encore pire que tout le reste de cette journée. Il détestait qu’on prenne des décisions pour lui. Et encore plus lorsqu’il n’avait même pas la possibilité de s’y opposer. Remonté et énervé, il demanda où l’autre type était, et son camarade haussa les épaules dans un « J’suis pas un putain de radar. Démerde-toi, mec. » Il recueillit un autre soupir et Axel quitta leur chambre pour vagabonder un peu partout dans l’institut.

Et sortant finalement pour prendre l’air, il soupira en regardant le ciel assombri par quelques nuages épars. Puisqu’il était de mauvaise humeur, Axel allait sans doute se montrer aussi peu agréable et tout aussi détestable avec Danny une fois qu’il le trouverait dans ce foutu labyrinthe gigantesque qu’était en réalité l’institut. Parce que non seulement il avait fallu que l’endroit soit impersonnel il fallait aussi qu’il ait été trop grand. De quoi agacer n’importe qui que l’opulence et l’arrogance matérielle pouvait gêner et sans doute autant énerver. Et évidemment, Axel était de ces gens-là. Ceux qui détestent voir ces manifestations modernes de la fortune des autres. Bien sûr, il n’en était pas au point de cracher sur le confort que l’institut avait à lui offrir, hypocrite comme il était, il adorait la possibilité de vivre dans cet endroit trop grand pour quiconque. C’était juste qu’il déteste avoir à chercher après un autre. Il aurait d’ailleurs préféré que ce soit l’inverse et que Danny soit venu à lui dès le départ ; mais il fallait bien croire que c’était à lui de faire le premier effort. Même si ça le faisait plus chier qu’autre chose. Errant un moment dans les couloirs de l’institut il ne l’avait pas trouvé et était donc sorti en espérant certainement de ne pas le trouver, mais c’était sans compter sur le hasard qui voulait bien les choses et qui était pressé de les faire se rencontrer qu’il l’avait aperçu du coin de l’œil. Soupirant et toujours d’aussi mauvais poil, Axel commença à avancer vers lui, ses yeux brillaient de leur couleur dorée parce qu’il n’avait pas l’esprit détendu. Il était furieux pour une raison qu’il ignorait totalement mais l’était quand même et avança enfin vers lui, traversant directement depuis les par terres de fleurs et l’herbe. Quoiqu’il ne les traverse pas vraiment, puisqu’il s’était mis à léviter au-dessus d’eux en continuant sa lente marche pleine de mauvaise humeur. Il ne s’en rendit compte qu’en posant le pied par terre dans une flaque d’eau. Baissant les yeux pour gueuler un « Et merde ! », ses yeux avaient immédiatement retrouvés leur bleu perçant habituel et lui se retrouvait avec une jambe toute entière de trempée. Il n’avait pas bien compris ce qu’il venait de se passer, mais l’eau dans laquelle il avait posé le pied avait tout à fait eu l’air de se mettre à flotter autour de sa jambe avant de s’y écraser. Sans doute un effet incontrôlé, et qui attendait de surgir plus tard, d’un des aspects de son pouvoir.

Et évidemment, il n’avait rien d’un pyrokinésiste sur pattes, malgré son qu’on pouvait croire des rayons d’énergie cosmiques qu’il savait faire, alors forcément, se faire sécher instantanément la jambe était hors de question. Il se retrouva donc à bêtement avancer vers Danny avec la moitié de son jean lui collant sur la peau. Arrivant à proximité de lui, bruyamment de toute façon, avec le bruit de son jean et de sa chaussure trempée qui glissait sur le sol et parce qu’il de toute façon clairement été entendu par les gens autour de lui en se retrouvant dans sa position ridicule et humiliante ; il lança, d’un ton visiblement moins grave et furieux que lorsqu’il était arrivé, « Danny ? » Il se pointa vulgairement du doigt en n’attendant pas une réponse, et ajouta, « Moi c’t’Axel. On a un boulot à faire ensemble, ou une connerie du genre, c’est ça ? » Même s’il était moins virulent et colérique qu’au départ, il n’en était pas moins totalement désintéressé et sur une ligne de conduite clairement destinée à ne rien foutre de sa part du boulot dans ce truc. Travailler à plusieurs, en équipe, c’était loin d’être sa tasse de thé. D’autant qu’il ne faisait confiance qu’à très peu de personnes, et elles étaient encore moins nombreuses au sein de l’institut. Mais de toute façon, Axel n’était pas globalement du genre à faire confiance à qui que ce soit en général, peu importe de qui il s’agissait ; depuis qu’il s’était réveillé de son désagréable coma après la perte de Lucas.

HRP:

Ni l’un ni l’autre n’avaient l’air d’avoir envie d’être là ou même d’avoir simplement envie de travailler à quoi que ce soit, d’autant qu’il était clair qu’ils n’avaient pas été enrôlés, l’un comme l’autre, dans cette histoire d’institut pour jeunes ‘’surdoués’’ en pensant qu’on les ferait travailler comme de vulgaires écoliers, ils savaient tous les deux qu’ils n’étaient pas ordinaires et Axel, comme Danny visiblement, semblaient bien réticents à l’idée de devoir continuer de se convaincre eux-mêmes qu’ils étaient des étudiants comme les autres. Alors que ce n’était clairement pas le cas. Axel était persuadé, en tout cas en le voyant, que Danny serait plus studieux que lui ; parce qu’il avait un air, une allure peut-être aussi, ou bien c’était juste Axel qui s’imaginait des choses en le regardant, des choses qui semblait plus écolière, lycéenne, étudiante et tout simplement plus rat de bibliothèque que lui. Il y avait cette espèce d’impression qui se dégageait de Danny – pour Axel en tout cas – qu’il avait l’air d’être le genre de type qui, malgré ses allures de n’avoir rien à foutre de quoi que ce soit, se forcerait tout de même à prendre les choses en main et se pousser à au moins essayer quelque chose. Alors qu’Axel, lui, n’avait pas envie. C’était clair, net et précis. Et ça se faisait sentir dans sa nonchalance évidente et permanente à l’idée de travailler, même si c’était en groupe et qu’il aurait pu relayer la quasi-totalité de ses efforts à un autre, en l’occurrence à Danny. Parce que c’était bien ce qu’il espérait faire, en pensant sans doute qu’il arriverait à s’affirmer un peu plus que lui dans cette situation de binôme – parce qu’il y en avait toujours un qui serait plus important, imposant et meneur que l’autre dans ce genre de situation. Et Axel comptait bien être celui-ci, et imposer à Danny presque tout le travail à faire. Axel n’était pas là pour se casser la tête avec des foutus devoirs, il avait accepté de les rejoindre, ces X-Men, seulement parce qu’il voulait apprendre à contrôler ses pouvoirs, et apprendre à se contrôler lui-même. Et tout ça, seulement pour pouvoir être en paix avec lui-même, avec l’idée que Lucas ne serait plus jamais là. Mais visiblement, on lui avait menti. On avait oublié de lui préciser quelques détails, et à ses yeux, c’était outrageusement inacceptable quand bien même il ne le disait à personne, sans doute par peur de ce qu’on penserait de lui.

Axel le regarda un long moment, sans rien dire, avant que Danny ne daigne finalement se redresser et lui prêter attention. Comme s’il venait de le déranger en plein dans la plus importante de toutes les choses. Comme s’il était celui qui était le plus à plaindre, un peu aussi comme si Axel était fautif de quoique ce soit qui vint troubler la tranquillité de l’autre étudiant. Une chose était sûre à propos de tout ça, Axel n’allait pas avoir beaucoup de facilité à s’imposer comme la forte tête qu’il était naturellement, pas avec quelqu’un qui semblait tout autant décidé que lui à ne pas faire le moindre effort. Les choses allaient être compliquées, c’était certain. Mais jamais Axel ne baissait les bras lorsqu’il s’agissait de ne rien faire et de se complaire dans sa paresse, en vérité, il était même quelqu’un d’extrêmement passionné quand il s’agissait de remettre les choses à plus tard. Voire à ne pas du tout les faire, seulement par pure paresse et par puérilité. Et tandis qu’il observait silencieusement son binôme, et fut interrompu par quelques mots lorsqu’il ouvrit enfin la bouche, Axel ne put s’empêcher de sourire brièvement à la mention du surnom du professeur et haussa les épaules. « J’imagine qu’il t’as autant fait chier qu’moi, alors. » avait-il ajouté en roulant des yeux et en soupirant, décidant quand même de lui accorder ça et de s’asseoir. Plissant les sourcils un moment, lorsque Danny continua de parler, « (…) vu ta tronche, ce projet te fait autant chier qu'à moi. », car même si c’était vrai, Axel ne pouvait s’empêcher de se sentir insulté. Il n’avait aucun droit de lui parler comme ça, et c’était franchement frustrant. « (…) mais on a pas vraiment le choix. » avait-il ensuite ajouté, Axel resta silencieux, le regardant faire tandis qu’il arrachait des brins d’herbes, et siffla quelques mots après un autre soupir. «Alors, p’t’être que toi t’as pas le choix. Mais moi je compte pas me casser le cul à faire quoi que ce soit. Désolé d’te le dire comme ça, mais j’ai pas envie. Et j’me bougerai pas l’cul. » et dans sa voix il n’y avait rien. Pas de défi, pas d’affrontement, même pas de volonté. Juste l’ennui et l’indifférence les plus simples et les plus exacerbés que quiconque pourrait un jour éprouver. Une monotonie dans sa voix qui ne témoignait que de son manque d’intérêt pour tout ce qu’on pouvait bien vouloir le forcer à faire dans cet institut.

Son regard se détacha de Danny après quelques secondes, tournant la tête pour observer l’horizon, les gens qui passaient brièvement et rarement, avant de redresser la tête et de regarder dans la direction du soleil, ses yeux prenant instinctivement une teinte furtive d’or lorsque les rayons se heurtèrent à son regard, et guidant de nouveau ses yeux sur Danny, Axel laissa échapper un autre soupir. « Donc on est essentiellement dans la merde si ni toi ni moi n’veut s’y mettre. Génial. » cette fois-ci, sa voix était marqué d’autre chose que de l’indifférence, l’agacement de ne pas pouvoir ne rien faire commençait à se glisser en lui. Prenant une grande inspiration, et se retrouvant à lui aussi machinalement arracher des brins d’herbes, Axel laissa échapper un soupir interminable avant de lever les yeux au ciel et de finalement admettre, l’air vaincu, « Bon… Qui fait quoi ? »