Kitty aurait pu rester tranquille à se reposer dans sa chambre toute la journée, mais ce matin, elle avait décidé de se lever et d'aller en cours malgré tout. Cela faisait deux jours qu'ils étaient rentrés, et elle avait réussi à s'en sortir plutôt bien, contrairement à certains de ses camarades qui s'était retrouvés avec des os brisés. Sa gorge la brûlait encore un peu, et elle avait toujours des courbatures, mais rien qui ne l'empêche de poursuivre une vie normale. C'était peut-être étrange, mais elle se sentait plus vivante aujourd'hui que toutes les dernières semaines réunies. Elle avait passé un mois de janvier catastrophique, à s'enfoncer comme une idiote dans sa mauvaise humeur et sa déprime suite aux nombreux événements qui avaient suivi sa rencontre avec Pyro lors des dernières attaques sur New-York. Elle s'en voulait presque aujourd'hui d'avoir été si bête. Elle avait perdu de vue l'essentiel pendant un temps, et ce qui s'était passé au centre commercial avait eu le mérite de lui remettre les idées en place, de lui faire réaliser à quel point elle avait agi comme une gamine immature ces dernières semaines. Ce matin, c'était une toute nouvelle Kitty qui était entrée dans la cafétéria pour le petit-déjeuner. Plus souriante, plus légère. Heureuse d'être en vie et d'avoir réussi à aider tout le monde à sortir de l'enfer des attaques terroristes. Alors bien sûr, il y avait eu des victimes, et certaines images continuaient de la hanter. Elle s'était réveillée les deux dernières nuits en sursaut plusieurs fois, faisant des cauchemars où des blocs de bétons lui fonçaient dessus avec un bruit assourdissant. Mais elle savait désormais qu'il fallait qu'elle se reprenne.

Elle avait fait sa journée de cours sans broncher, attentive aux paroles des professeurs. Elle avait reparlé avec certains de ses amis, qu'elle avait plus ou moins repoussés ces derniers temps. Ça lui avait fait du bien, de reprendre cette vie-là. Et le temps magnifique qui baignait les salles de soleil ne faisait qu'ajouter à son envie d'aller mieux. C'est un petit sourire aux lèvres qu'elle quitta la salle d'italien à dix-sept heures. Comme à son habitude, elle alla poser ses affaires dans son dortoir, et fila chercher des provisions dans la cuisine. Sur le chemin, elle croisa Prudence, et ne lui lança même pas de regard noir. Leur expérience dans les décombres avait montré à Kitty qu'elle n'était pas si inutile. Elle continua d'arpenter les couloirs et se rendit compte que ses jambes l'avaient machinalement portées jusqu'à l'infirmerie. Elle passa la tête par l’entrebâillement de la porte où leur professeur d'histoire, Taylor Hansen-Wright, se reposait après avoir reçu un bon coup sur la tête à la station de police, et lui demanda si elle allait bien avant de continuer son chemin. Encore une fois, elle laissa ses jambes la porter et se retrouva devant la porte de Danny. Sans trop savoir pourquoi, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle avant de frapper. Comme si elle ne voulait pas qu'on la trouve là, ce qui était complètement idiot, parce qu'elle avait complètement le droit d'aller voir son ami. Elle ouvrit la porte doucement, s'assurant que le brun n'était pas en train de dormir, et lui offrit un sourire quand il tourna la tête vers elle. Elle prit ça comme un encouragement et s'introduit dans sa chambre temporaire. Ils avaient développé dans cette aile de l'institut une sorte d'hôpital, et Kitty avait du mal à voir Danny dans cet environnement si aseptisé. La jambe du jeune homme était légèrement surélevée, mais elle n'était pas dans un plâtre. C'était une bonne nouvelle.  « Salut, toi. » Elle s'approcha doucement du lit, ne voulant pas non plus s'introduire délibérément et trop rapidement dans l'espace vital de Danny. Plusieurs mois étaient passés depuis l'arrivée du jeune homme à l'institut, et Kitty avait appris à se montrer plus.. calme en sa présence, et à respecter une distance certaine. Ils n'avaient pas grandi dans les mêmes mondes, et elle avait finalement autant appris de lui qu'il avait appris d'elle. Elle sourit et s'assit sur le bord du lit, avant de déposer l'assiette qu'elle tenait dans sa main jusqu'à maintenant sur le plateau, juste à côté du lit.  « Je me suis dit que tu aurais bien besoin de tout ça. J'ai entendu dire qu'ils étaient radins dans les parages. » L'assiette était remplie de petits gâteaux, de pain et de fromage (elle avait remarqué qu'il en prenait systématiquement, à chaque repas). Et puis elle avait fait des cookies, pendant sa pause du midi. « Alors, est-ce qu'ils vont t'amputer? J'espère que non, sinon ça veut dire que je vais encore être obligée de te surveiller pour que tu te casses pas la goule partout. » Par la fenêtre ouverte, on pouvait entendre les élèves jouer au basket-ball sur le terrain, à l'extérieur. La bonne humeur était de mise à l'institut, aujourd'hui.

Danny en a marre. Concrètement, il est sur le point de péter un plomb et de tout envoyer chier. Le fait de rester coucher, comme ça, sur un lit d'infirmerie le rend dingue. Il sait qu'il devrait rester sagement là où il est mais le problème est qu'il s'ennuie. Profondément. Il est plutôt du genre à sortie, profiter du soleil et de l'herbe du parc. Et là, se retrouver bloqué dans un lit est assez dur. Quand il était encore un SDF - il ne supporte pas ce mot mais c'est ce qu'il était à l'époque -, il ne pouvait compter que sur lui-même, sa capacité à courir, à fuir, et maintenant qu'il se retrouve incapable de marcher, il se sent piéger - comme s'il ne pouvait pas échapper à son existence. Et, putain, ça le bouffe. L'infirmière lui a dit que ça ne prendrait encore que deux semaines avant qu'il ne puisse remarcher. Deux. Semaines. C'est long. Beaucoup trop long pour lui qui est dépendant de son corps, de ses jambes. Mais il a décidé d'obéir - première fois dans sa vie d'ailleurs - afin que sa jambe soit guérie au maximum. Il ne s'imagine pas pouvoir vivre sans des jambes valides à 100%.

Doucement, son esprit s'évade et il repense à Kitty. Il repense à la jeune femme et surtout au fait qu'elle se soit tout de suite tourner vers lui quand ils avaient une solution pour s'échapper du centre commercial qui s'effondrait. Elle n'a pas hésité une seconde avant de le sortir tout de suite de cette situation. Et, même si ça le fait chier, ça l'a touché qu'elle ait tout suite pensé à lui. Elle voulait le sauver, lui, - pas les autres, mais juste lui. Et ça le dérange que ça l'ait autant touché. Il aimerait resté insensible mais la jeune femme s'infiltre, serpente dans son cœur, lui faisant ressentir des choses qu'il n'a jamais voulu. Même s'il veut échapper à tout ça, même s'il a vaguement tenté de ne s'attacher à personne, la jeune femme insiste, s'impose dans la vie des personnes qui l'entourent. C'est comme si elle n'avait aucun instinct de survie et ça donne envie à Danny de la secouer, de lui ouvrir les yeux et de lui montrer que le monde n'est pas aussi joyeux et merveilleux qu'elle le pense. Mais il préfère ne rien dire, car il sait que son image du monde est assez rafraîchissante pour le jeune homme. La jeune femme est un dépaysement pour lui, presque comme une étrangeté qu'il a besoin de découvrir, de comprendre.

Poussant un soupir, il entend le bruit de la porte s'ouvrir et il tourne le regard, découvrant Kitty, presque timide de s'imposer dans cet univers qui n'est pas le sien. « Salut, toi. » Elle s'approche doucement du lit. Danny lui sourit doucement. Au fond, cela lui fait plaisir de la voir mais il est toujours autant perturbé par toutes les sensations - sentiments - qu'il ressent auprès de la jeune femme. Il sent qu'elle n'ose pas se rapprocher de lui et le jeune homme lui en est reconnaissant. Malgré tous les mois qu'il a passé auprès de Kitty, il n'est pas encore habitué à être aussi proche d'elle physiquement, traumatisé par ses années passées dans la rue et auprès de familles abusives. Elle finit par s'asseoir sur le lit et le jeune homme se décale afin de lui laisse de la place. Elle sourit et Danny peut sentir son cœur s'accélérer face à cette vision. Il ne comprend pas. Il amène sa main à son cœur, comme perdu, le regard hagard. Il ne veut pas tout ça. Il ne veut s'attacher à personne mais Kitty s'est imposé dans sa vie, tel un boulet de canon.

Le bruit de l'assiette déposé sur le plateau le ramène à la réalité et il tourne son visage vers Kitty qui prend la parole. « Je me suis dit que tu aurais bien besoin de tout ça. J'ai entendu dire qu'ils étaient radins dans les parages. » Un petit rire échappe à Danny alors qu'il tourne son regard vers l'assiette qui est remplie de petits gâteaux, de pain et de fromage et le jeune homme se sent déjà salivé face à cette vision. Le fromage a toujours été l'une de ses faiblesses - sûrement à cause de ses origines françaises, s'il en a une. Et puis une odeur de gâteau chaud attire son attention et il voit les cookies. Il n'hésite pas un seul instant avant de se jeter dessus. Un gémissement plaintif sort de sa bouche - putain ce que c'était bon. L'infirmière était radine niveau bouffe et, là, manger de la vraie nourriture lui faisait du bien. Sûrement dû à ses années dans la rue et à ses années dans des familles d'accueil, il a commencé à développer une relation particulière avec la nourriture.

La voix de Kitty le ramène durement sur terre. « Alors, est-ce qu'ils vont t'amputer? J'espère que non, sinon ça veut dire que je vais encore être obligée de te surveiller pour que tu te casses pas la goule partout. » Un rire lui échappe alors qu'il tourne son regard pétillant vers la jeune femme. « Rassure-toi, passe-muraille, » il utilise son surnom car il sait que ça la dérange au fond quand Danny l'utilise et ça le fait rire, « je pourrais toujours gambader dans la x-mansion et t'embêter. » Il reprend un morceau de cookie alors qu'il fixe son regard dans celui de la jeune femme. Il sait qu'il doit la remercier. Sans elle, jamais il n'aurait pu s'en sortir de cet enfer qu'était le centre commercial. Mais il a dû mal. Il n'a jamais été habitué à faire des remerciements, surtout à des personnes proches de lui. Il a toujours eu l'habitude de dépendre uniquement de lui-même et c'est tout.

Prenant une grand inspiration, il tourne un regard sérieux vers la jeune femme. « Merci pour... » Il est incertain. Il l'a toujours été dans ce genre de situation. Mais il sait qu'il doit le faire. La jeune femme le mérite. Elle a réussi à se faire une place auprès du jeune homme, ce qui n'est pas chose facile. « Merci pour ton aide... Au centre commercial. » Il précise, comme si c'était nécessaire alors que non. « Tu n'étais pas obligée de me sortir le premier mais tu l'as fait. » Il relève son regard vers la jeune femme, l'air sérieux. « Je t'apprécie, Kitty. » Les mots ont du mal à sortir de sa bouche, mais il doit le sortir, car, sinon, cela va le ronger. Il n'aime pas avoir à être reconnaissant envers quelqu'un mais là, il ne peut pas nier que sans elle il n'aurait sûrement jamais réussi à s'en sortir. « Je n'aurais pas pu m'en sortir sans toi. » Un sourire doux étire ses lèvres alors qu'il tourne son regard vers l'assiette de nourriture. « Et puis... Tu m'amènes de la nourriture et ça, c'est le meilleur cadeau du monde. » Sa main attrape rapidement celle de la jeune femme et il la caresse avant de la retirer, comme si le contact l'avait brulé. Il sent encore le contact chaud de la main de la jeune femme le brûler et il se retient de secoure sa main vivement. Il n'aime pas ce genre de sensations. Il n'a pas l'habitude mais c'est Kitty. Kitty a toujours été différente. Elle a toujours été l'exception pour Danny, même si elle ne le sait pas... Et ne le sera sûrement jamais... Il tourne rapidement son visage vers Kitty. « Et toi, ça va mieux ? Je n'ai pas eu de nouvelles depuis la dernière fois que l'on s'est vu... » Ce n'est pas un reproche. Il sait que la jeune femme a été très occupée à se remettre des évènements du centre commercial mais malgré tout, il aurait aimé savoir plus tôt comment elle allait. Même s'il ne le montre pas, il s'inquiète pour la jeune femme...

Elle sait que cette période de calme ne va pas durer. Dans quelques heures, dans un ou deux jours peut-être avec de la chance, la peur va reprendre ses droits. Ça a déjà un peu commencé, et Kitty sent l'ambiance devenir de plus en plus pesante à mesure que les heures passent, surtout quand elle va dans la cuisine et le salon. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles elle se retrouve dans la chambre de Danny, d'ailleurs. Elle veut faire perdurer l'atmosphère légère encore un peu, elle sait qu'à l'infirmerie, dans la chambre du jeune homme, elle pourra pendant encore quelques heures s'enfermer dans une bulle, indifférente aux conflits et aux questions qui vont sûrement venir bousculer leur quotidien à la x-mansion. Danny a toujours eu le don de la déconnecter du reste du monde, sûrement parce qu'il est si différent des autres. C'est exactement ce dont elle a besoin, là tout de suite. Quand elle s'assoit près de lui, il recule un peu. Quelques mois auparavant, cette réaction l'aurait sûrement un peu offensée, vexée. Mais plus maintenant. Elle sait. Elle a appris à le connaître. Ça la fait plus légèrement sourire qu'autre chose. Elle ne cherche pas à se rapprocher plus, elle sait qu'elle est déjà entrée un peu trop dans son espace vital. Elle croise les mains sur ses jambes une fois l'assiette posée sur le petit plateau. « Rassure-toi, passe-muraille, » Elle hausse les sourcils en signe de défi. Bon, visiblement, il va bien. L'utilisation de ce surnom qu'elle déteste prouve bien qu'il est en pleine possession de ses capacités, au moins intellectuelles. Ça la fait rire un peu. « Je pourrais toujours gambader dans la x-mansion et t'embêter. » Elle feint un soupir énervé, mais finit par reprendre son sourire.

Puis elle voit le visage de Danny prendre un air plus sérieux. Son cœur s'accélère légèrement. Elle ne sait pas trop à quoi s'attendre, de la part du jeune homme. « Merci pour... » Il hésite. Kitty ne peut pas s'empêcher de se sentir un poil soulagée, sans savoir pourquoi. Elle a eu peur, peut-être, qu'il lui demande de ne plus venir le voir, ou quelque chose comme ça. Ils ont beau bien se connaître maintenant, il reste en Danny une part de mystère qu'elle n'a toujours pas percée. « Merci pour ton aide... Au centre commercial. » Kitty esquisse un sourire. Elle sait à quel point c'est nouveau pour lui, ce genre de choses. Danny n'est pas un habitué des remerciements, ou des relations humaines comme la leur, d'ailleurs, tout simplement. Elle essaie de ne pas montrer à quel point ça la touche, qu'il repousse ses limites pour elle. Pour la remercier. Mais ses yeux se font plus doux, presque plus tendres, sans qu'elle le veuille vraiment. Elle ne peut s'empêcher de détailler le visage du jeune homme, un peu perdue face à ses réactions. Parfois, elle a l'impression qu'il s'ouvre plus à elle. Et ça la déconcerte plus qu'autre chose. Ça ne devrait pas. Elle est habituée à être l'amie de tout le monde, à ce qu'on vienne la voir pour des conseils, pour trouver une oreille attentive. Mais avec Danny, c'est toujours comme si c'était la première fois qu'elle se sentait utile, qu'elle faisait quelque chose de bien pour quelqu'un. « Tu n'étais pas obligée de me sortir le premier mais tu l'as fait. » Il a raison. Elle n'était pas obligée. Ce n'était même pas quelque chose de réfléchi. Encore maintenant, elle ne sait pas trop pourquoi elle a réagi ainsi. « Je t'apprécie, Kitty. » Son cœur a un raté quand il prononce ces mots. Pendant une seconde, elle se dit qu'elle a mal entendu, que cette phrase ne peut décidément pas sortir de la bouche de Danny. Lui qui met de la distance entre lui et le monde. Lui qui ne parle de pas de ses sentiments, de sa vie. Mais quand elle croise son regard, elle comprend qu'elle n'a pas inventé ce qu'elle vient d'entendre. Et ça la perd encore plus. « Je n'aurais pas pu m'en sortir sans toi. » Il sourit. « Et puis... Tu m'amènes de la nourriture et ça, c'est le meilleur cadeau du monde. » Elle lâche un petit rire, mi-amusé, mi-gêné. Kitty n'est pas gênée par grand-chose. On dit d'elle qu'elle est une personne confiante. Mais là, on dirait que cette facette d'elle s'est perdue quelque part entre les mots de Danny.

Et il attrape sa main. C'est une drôle de sensation. Et surtout, c'est un drôle de geste, venant de Danny. Elle fait de son mieux pour faire comme si tout était normal, mais ça devient de plus en plus compliqué quand il agit comme ça. Elle détourne son regard, soudain passionnée par les carreaux du sol de l'infirmerie. Heureusement, il finit par lâcher sa main, un peu brusquement. Elle ne comprend pas trop comment elle se sent. Tout ça est bizarre. Peut-être que ce sont les anti-douleur, ou les médicaments pour sa gorge qui ont des effets secondaires. Où peut-être que cette confusion est simplement une conséquence du choc par lequel ils sont passés au centre commercial. Elle ne voit que ça, vraiment. « Et toi, ça va mieux ? Je n'ai pas eu de nouvelles depuis la dernière fois que l'on s'est vu... » Kitty saute sur l'occasion pour faire comme si la gène n'était pas là. « Tout va bien. » Elle pointe un doigt sur sa gorge. « Toujours un peu mal, tu as du le remarquer à ma voix de fumeuse. » Elle lâche un petit rire qui finit justement en toux. « Mais ça va aller. Ça me donne un petit style. Ça aura complètement guéri dans quelques jours. » Elle assure, de nouveau confiante. Un petit silence s'installe, pendant lequel elle prend elle aussi un morceau de cookie. Puis, un peu mal à l'aise, elle dit : « Je suis désolée de t'avoir embarqué dans du shopping. » Elle pince les lèvres. « Plus jamais, je te promets. Je sais que tu n'avais pas vraiment envie, que tu l'as fait juste pour me faire plaisir. » Elle pose les yeux sur lui. « Je veux que tu saches que j'apprécie, vraiment. » Ses yeux glissent de nouveau vers le carrelage. « Mais je ne veux pas que tu croies que j'essaie de te changer. » Elle remet une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Parce que ce n'est pas le cas. Je ne veux pas que tu changes. Et je suis désolée si je t'ai fait penser le contraire. Je peux être vraiment maladroite parfois.» Elle ne quitte pas le sol des yeux. « J'espère que tu sais que le Danny que j'apprécie, c'est celui que tu es vraiment. » ça lui semble tellement pathétique de dire ça qu'elle ressent le besoin de changer de sujet. Elle attrape l'assiette de biscuits, et s'éclaircit la gorge. « Un autre cookie ? »

Kitty a l'air aussi gêné que lui de ce soudain rapprochement. Elle est pourtant quelqu'un de sociable, tactile, chaleureux et il pensait qu'elle ne serait pas perturbé par sa main prenant la sienne. Danny a toujours eu du mal à deviner la pensée des personnes et il a l'impression que la jeune femme est encore plus compliquée que les autres. Elle fixe les carreaux du sol de l'infirmerie comme si c'était la chose la plus passionnante du monde et le jeune homme ne comprend pas et retire rapidement sa main. Elle a presque l'air soulagé qu'il le fasse. Il fronce les sourcils, interdit, avant de reprendre la parole, lui demandant comment elle va et elle saute sur l'occasion pour changer immédiatement de sujet et surtout échapper à cette ambiance bizarre, gênante pour l'un comme pour l'autre. « Tout va bien. » Elle porte un doigt à sa gorge et Danny la fixe, attendant la suite. « Toujours un peu mal, tu as du le remarquer à ma voix de fumeuse. » Elle lâche un petit rire qui finit en toux et le jeune homme se retient de passer sa main dans le dos de la jeune femme pour la soulager. Il serre les poings sur les draps. Il n'aime pas cette impression qu'il a envers Kitty. Il a envie de la protéger, de se rapprocher d'elle et il n'en a pas l'habitude. Il ne contrôle rien et ça lui fait peur. Il détourne les yeux de la gorge délicate de la jeune femme, comme attiré par elle. Un petit rire échappe au jeune homme. « Gorge délicate »... Il se fait l'impression d'être un psychopathe observant sa prochaine victime avec ses pensées bizarres.

La voix de Kitty le ramène sur terre et il reconcentre son attention sur elle. « Mais ça va aller. Ça me donne un petit style. Ça aura complètement guéri dans quelques jours. » Danny ne comprend pas cette fascination pour la cigarette. Il sait que la jeune femme n'est pas du tout attiré par ça mais ce « style », comme elle le dit si bien, il n'aime pas. Il aime qu'elle ait la voix douce, ça correspond à son caractère et à l'aura qu'elle dégage. Mais il ne dit rien. Il sait qu'ils sont « amis » - en tout cas, plus ou moins - mais ils ne le sont pas assez pour qu'il lui fasse ce genre de réflexion.

Un petit silence s'installe alors qu'il porte un bout de cookies à sa bouche en même temps que la jeune femme avec qui il échange un sourire timide. Puis, un peu mal à l'aise, elle prend la parole. « Je suis désolée de t'avoir embarqué dans du shopping. » Danny ne comprend pas très bien où elle veut venir alors qu'elle pince les lèvres. « Plus jamais, je te promets. Je sais que tu n'avais pas vraiment envie, que tu l'as fait juste pour me faire plaisir. » C'est vrai. Il l'a fait pour elle. Si elle n'avait pas autant insisté, si elle ne l'avait pas presque supplié de se joindre à elle pour aller au centre commercial, jamais il n'y aurait été. Il n'aimait pas les endroits avec pleins de gens comme celui-là. Mais Kitty y tenait vraiment alors il avait dit oui. C'est d'ailleurs assez effrayant de constater le pouvoir qu'elle a sur lui et surtout la manière dont elle arrive à lui faire faire ce qu'elle veut. Perturbé par ce constat, le jeune homme l'entend lui parler mais ne voit pas son regard se poser sur lui. « Je veux que tu saches que j'apprécie, vraiment. » Il tourne son visage vers elle au moment où elle détourne les siens vers le carrelage. « Mais je ne veux pas que tu croies que j'essaie de te changer. » Et il ne sait même pas pourquoi mais cette phrase débloque la respiration qu'il n'avait pas l'impression de retenir. Il ne veut pas changer. Enfin, si, il veut changer mais pour lui, pas pour quelqu'un d'autre, même pour Kitty. Il a envie de faire plaisir à la jeune femme mais il ne veut pas jouer un rôle pour elle. Il veut changer afin d'arriver à s'en sortir, afin de connaître et de maîtriser mieux ce pouvoir sur lequel il n'a aucun contrôle. Il veut pouvoir faire une différence, il veut pouvoir utiliser son pouvoir pour retrouver ses parents, pour comprendre pourquoi il ne méritait pas qu'ils le gardent auprès d'eux.

Sa gorge se noue aux souvenirs de cet abandon mais, encore une fois, Kitty attire son attention. « Parce que ce n'est pas le cas. Je ne veux pas que tu changes. Et je suis désolée si je t'ai fait penser le contraire. Je peux être vraiment maladroite parfois.» C'est parce qu'elle est franche. Elle l'a toujours été. Depuis la première fois que Danny l'a rencontré. Il a apprécié cela chez elle mais cette franchise l'amène à faire des erreurs qui font, la plupart du temps, sourire le jeune homme. « J'espère que tu sais que le Danny que j'apprécie, c'est celui que tu es vraiment. » Un sourire naît sur les lèvres du maître du temps. Il ne le savait pas, non. Mais cela fait toujours plaisir de l'entendre même si Danny ressent cette chaleur au fond de lui qui le dérange : il n'y est pas habitué.

Rapidement, elle attrape l'assiette de biscuits et s'éclaircit la gorge avant de lui tendre. « Un autre cookie ? » le jeune homme sourit et acquiesce avant d'attraper un cookies et de le manger doucement. Un nouveau silence s'installe puis le jeune homme pousse un soupire tournant son regard vers la fenêtre qui laisse entrer le soleil dans la pièce. Finalement, il se retourne vers Kitty et pose sa main sur son bras afin qu'elle plonge son regard dans le sien. « Tu sais, je ne t'ai jamais blâmé pour - », il désigne d'un geste vague sa jambe,  « - tout ça. » Il enlève rapidement sa main du bras de la jeune femme.  « Tu n'es pas responsable. C'est un concours de circonstance, de malchance. » Il détourne son regard et avale une bouchée de gâteau. C'était vrai. La jeune femme n'aurait jamais pu prévoir ce qui est arrivé. Alors pourquoi se dire que c'était sa faute ? « Ça ne me dérangerait pas de retourner faire du shopping avec toi, tu sais.  » Il peut sentir son visage chauffer et il sait qu'il rougit. Putain de corps... « Enfin, je veux dire, pas dans ce genre d'endroit mais peut-être un endroit plus petit. Les... » Il avale difficilement sa salive : dévoiler des choses sur lui à quelqu'un d'autre lui fait peur. « Les grands endroits avec pleins de gens me mettent mal à l'aise. Je pense que ce serait plus agréable pour moi - et pour toi - si c'était un magasin un peu moins... bondé. » Il triture doucement le cookies avant de l'émietter sur le plateau. Il se sent nerveux, mal à l'aise. Il a envie de bouger, de partir dans le parc afin de prendre l'air. Il n'a pas l'habitude de rester aussi longtemps enfermé. Il déteste ça et voir le temps passer aussi lentement le rend dingue - ironique pour quelqu'un qui est sensé pouvoir maîtriser le temps. Il aimerait pouvoir accélérer les choses, sa guérison, et pouvoir se remettre en quelque heures. Il se demande d'ailleurs si c'est possible... Quand on l'autorisera à sortir de cette maudit pièce, il faudra qu'il aille voir Aneesh. Il avait l'air de s'y connaître, peut-être aura-t-il les réponses à ses questions.

Trop perdu dans ses pensées, il ne se rend compte qu'il est resté figé à fixer la fenêtre sans dire un mot. Il tourne son visage vers Kitty et s'excuse rapidement. « Désolé... J'étais perdu dans mes pensées. » Il se déplace sur le lit afin que son buste soit en face de la jeune femme. « Merci pour... Tu sais...  » Non, bien sûr que non elle ne sait pas. Il lève les yeux au ciel devant sa bêtise. « Enfin, merci pour m'accepter tel que je suis. » Il attrape à nouveau sa main, sans rompre le contact visuel. Il veut qu'elle comprenne à quel point il lui en est reconnaissant. Il n'a rencontré que des personnes qui voulaient le changer jusque là et ça faisait du bien d'entendre ces mots. « J'essaye de changer, petit à petit. Mais je veux le faire à mon rythme. Et tu es d'une grande d'aide dans le processus. » Il resserre sa prise sur la main de Kitty pour lui montrer que ce moment est important, qu'elle n'entendra peut-être plus jamais ces mots.  « Moi aussi je t'apprécie : tu es importante, Kitty. » Son regard, sérieux, se plonge dans celui de la jeune femme. Il n'enlève pas sa main cette fois. Il veut qu'elle imprime ces mots dans son esprit. C'est peut-être un changement dans leur relation. Même Danny ne le sait pas, mais il sait qu'il doit faire ça. Il le sent.

Il prend un cookie et elle sourit légèrement. Elle s'en veut presque d'avoir été aussi sincère et d'avoir ainsi montré ces sentiments. C'est une première pour elle de ressentir ça. D'avoir peur de montrer ses sentiments. D'habitude, elle est plutôt du genre livre ouvert. Le genre qui dit tout sans peur du jugement, qui n'a pas peur d'assumer ce qu'elle ressent, ce qui l'enthousiasme, ce qui l'énerve. La seule personne à qui elle ait caché des sentiments jusque-là, c'est Bobby, mais c'était bien différent. Les choses faisaient qu'elle ne pouvait pas lui dire. Qu'elle n'avait pas le droit de lui dire ce qu'elle ressentait parce que les choses étaient compliquées. Mais avec Danny, elle n'a pas besoin de se cacher. Ils sont amis. Et pourtant, elle se sent mal à l'aise après avoir avoué qu'elle se sentait coupable de l'avoir entraîné dans tout ça, et lui avoir dit qu'elle l'appréciait tel qu'il était. C'est pour le moins déroutant. Ils mangent leurs cookies en silence, puis Danny pose sa main sur son bras, alors qu'elle s'y attend le moins. Elle sent ses poils se hérisser à ce contact. Décidément, c'est la journée de toute les surprises. De nouveau un contact physique engagé par le jeune homme. C'est la deuxième fois aujourd'hui. Les choses commencent à prendre une tournure pour le moins étrange. Ce n'est pas tellement pour déplaire à Kitty, attention. C'est juste qu'elle ne sait pas quoi faire de tout ça. Ne sait pas quoi faire de sa peau. Et surtout, elle ne sait pas quoi faire de ce stress qu'elle ressent. De ses yeux qui s'accrochent un peu trop longtemps à la main de Danny sur son bras. Elle observe la forme de ses ongles, la douceur de son geste. Elle relève les yeux vers lui et se rend compte qu'il a fait en sorte qu'elle le regarde. « Tu sais, je ne t'ai jamais blâmé pour tout ça. » Il retire sa main. « Tu n'es pas responsable. C'est un concours de circonstance, de malchance. » Elle esquisse un sourire. Elle sait bien que ce n'est pas de sa faute, ce qui est arrivé au centre commercial. Mais elle se sent coupable quand même, sans trop savoir pourquoi. Elle n'aurait pas du le forcer. Ils n'en seraient pas là.

« Ça ne me dérangerait pas de retourner faire du shopping avec toi, tu sais. » Elle hausse légèrement les sourcils. « Enfin, je veux dire, pas dans ce genre d'endroit mais peut-être un endroit plus petit. Les... » Il semble presque gêné de dire ce qu'il s'apprête à dire. « Les grands endroits avec pleins de gens me mettent mal à l'aise. Je pense que ce serait plus agréable pour moi - et pour toi - si c'était un magasin un peu moins... bondé. » Kitty ne peut s'empêcher de lui envoyer un sourire. Elle est tout de même heureuse qu'il soit encore prêt à faire des efforts après tout ça. « Entendu. Des petits magasins. » Pendant un instant, elle s'imagine même privatiser un magasin entier pour lui, pour qu'ils fassent du shopping en paix. Puis elle se rend compte que c'est peut-être un geste trop grandiose. Elle mord dans un autre cookie tandis qu'un silence confortable s'installe. La douceur de l'après-midi rend soudain les choses moins gênantes. Le soleil rend tout plus simple, finalement.

« Désolé... J'étais perdu dans mes pensées. Merci pour... Tu sais... » Le temps d'un instant, elle pense qu'il veut parler une nouvelle fois du centre commercial. De l'avoir sorti des décombres. « Enfin, merci pour m'accepter tel que je suis. » Elle sourit légèrement et pour la troisième fois, il attrape sa main. « J'essaye de changer, petit à petit. Mais je veux le faire à mon rythme. Et tu es d'une grande d'aide dans le processus. » Elle se sent rosir. Mais elle ne détourne pas le yeux pour autant. Elle est plus heureuse de savoir qu'il ne la considère pas comme un boulet que gênée d'entendre ça, finalement. Elle a toujours l'impression d'être dans ses pattes, d'être chiante. Qu'il préférerait se débarrasser d'elle, parfois. « Moi aussi je t'apprécie : tu es importante, Kitty. » Elle sent comme un poids sur sa poitrine. On ne lui a jamais dit quelque chose comme ça. Oh, elle a entendu de nombreuses fois qu'elle était une bonne amie, ou qu'elle avait bien réalisé une mission. Ororo lui a souvent répété qu'elle avait confiance en elle, qu'elle pouvait déplacer des montagnes. Mais qu'on lui dise qu'elle est importante, et que ça ait autant de sens que ça… C'est plutôt intense. N'écoutant que son instinct, elle entremêle ses doigts à ceux de Danny, au lieu de retirer sa main comme le lui crie sa raison. « Merci. Ça me fait plaisir que… que tu le penses. » Elle esquisse un nouveau sourire. Ils se regardent, pendant quelques secondes. Elle commence à savoir ce qui se passe. Mais ça lui fait peur. Vraiment peur. Elle n'avait pas prévu ça, pas du tout. Elle ne sait pas trop si elle doit refouler ce drôle de sentiment ou pas.

Kitty se dit qu'il est temps de revenir à une discussion plus classique, parce qu'elle ne sait pas trop où cette mise à nu de leur amitié peut les mener. « Bon… Est-ce que tu sais quand tu vas pouvoir sortir d'ici ? » demande-t-elle en s'installant plus confortablement sur son lit. « Il paraît que Hansyclopedia est en train d'organiser une fête pour égayer un peu les esprits, ce serait dommage que tu puisses pas venir. » fait-elle avec un sourire. « Toi en plus, tu as le droit de prendre un verre. » Elle lève les yeux au ciel. Alors oui, elle n'a pas vingt-et-un ans, mais bon, un seul petit verre ne fait pas de mal. Ororo refuse cependant de la voir avec un verre à la main. Elle sait pourtant que Kitty n'est pas du genre à abuser. Elle agit vraiment comme une vraie maman, parfois. Avec les côtés un peu désagréables. Elle a même failli ne pas la laisser boire un verre de champagne quand elle a eu son diplôme. « Ne t'inquiètes pas, ce ne sera rien de grandiose. Juste quelque chose de sympa. Plus en mode netflix and chill que projet X. » Elle lâche un petit rire. « Ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes, en tous cas. Et je suis sûre que je serai pas la seule. » Elle lui fait un petit clin d'oeil, puis ses sourcils commencent à danser de manière perverse. Il comprendra immédiatement à quoi elle fait allusion. Emily. Kitty retient un petit rire moqueur. Elle sait que Danny n'aime pas trop l'attention que cette blonde lui porte. La jeune intangible rit puis baisse les yeux. Leurs mains sont toujours enlacées.

Il l'observe longuement, son visage surpris puis presque heureux. Il a l'impression que ça dure des heures. Il ne se rend pas compte qu'il pourrait passer des heures comme ça : à la regarder, son doux visage qui reflète si bien ses sentiments. Cette jeune femme a le visage si expressive que c'en est presque troublant mais Danny adore ça chez elle. Il a plutôt été habitué à un monde, un univers, où les gens se cachent, maquillent leurs pensées presque comme des menteurs professionnels et elle est naïve. Elle n'est pas assez cassée pour vouloir se protéger. Elle n'a pas conscience que les autres pourraient utiliser tout ça contre elle, contre ses proches. Non. Elle, elle montre tout. Elle est la confiance incarnée, accueillante, prête à ouvrir ses bras aux personnes, même aux étrangers. Même à lui. Lui, le garçon bizarre et craintif qui refusait qu'on l'approche de peur d'être blessé, d'être utilisé à nouveau. Ses familles d'accueil lui ont appris ça mais encore plus la rue. La vie est simple là-bas : bats-toi ou crève et il a décidé de survivre. Ça a été dur, ça a été long mais il a réussi et il a encore parfois du mal à réaliser qu'il se trouve ici dans ce manoir. C'est pour ça qu'il n'y trouve pas sa place. Il ne veut pas se réveiller un jour dans la rue ou pire chez l'une de ses familles d'accueil et se rendre compte que tout ça n'a été que le fruit de son imagination bien trop fertile de petit garçon perdu. Il n'a pas envie de se rendre compte que Kitty n'existe pas...

Trop perdu dans ses pensées, c'est le contact des doigts de la jeune femme qui s'entremêlent au siens. Il relève les yeux et les plonge dans les siens. « Merci. Ça me fait plaisir que… que tu le penses. » Elle esquisse un sourire et il lui répond, de manière hésitante. Il n'a pas l'habitude de ça mais il essaye. Pour elle. Ils se regardent pendant quelques secondes, comme perdus dans le regard de l'autre. Il se sent troublé. Il a l'impression que quelque chose se passe entre eux, quelque chose qu'il ne comprend et il peut sentir son palpitant qui s'agite, comme pour lui envoyer un message. Mais il reste sourd face à tout cela, continuant de fixer ces yeux si noisette tirant sur le vert qui le fascine sans qu'il ne veuille. Il ne sent pas son corps qui se tend vers elle. Il ne sent pas qu'il se rapproche d'elle inconsciemment : il est juste obsédé par ces yeux si francs. Puis, la réalité le rattrape d'un coup, comme une gifle balancée au visage. Kitty prend la parole en s'installant plus confortablement sur le lit et Danny s'éloigne, reprenant sa place à son tour, les joues rougies par l'embarras et la gêne. Qu'est-ce qui lui a pris ? Il ne comprend pas le comportement de son corps alors il préfère se concentrer sur la voix de la jeune femme. « Bon… Est-ce que tu sais quand tu vas pouvoir sortir d'ici ? » Changement de discussion. Oui, c'est bien. Ça rassure le jeune homme. Il préfère ça plutôt que de se replonger dans ces sensations qu'il ne contrôle pas. « Il paraît que Hansyclopedia est en train d'organiser une fête pour égayer un peu les esprits, ce serait dommage que tu puisses pas venir. » Elle lui sourit à nouveau mais Danny ne lui répond pas cette fois. Il a peur de retomber dans cette contemplation étrange alors il fixe encore la fenêtre, espérant qu'il pourra sortir bientôt. Il se fiche de cette soirée. Franchement, s'il pouvait y échapper, il le ferait mais, après tout, profiter un peu pour boire, s'enivrer afin d'oublier - de s'oublier - est une idée tentante malgré tout. « Toi en plus, tu as le droit de prendre un verre. » Le privilège de la majorité, c'est vrai que c'était toujours agréable de profiter de cet avantage.

Il se tourne vers elle et la voit lever les yeux au ciel. Quoi ? Il ne l'imaginait pas du genre à vouloir boire de l'alcool. Il la voyait plutôt comme un genre de petite sainte, loin de tout ce genre de tentation. « Ne t'inquiètes pas, ce ne sera rien de grandiose. Juste quelque chose de sympa. Plus en mode netflix and chill que projet X. » Danny acquiesce alors que Kitty lâche un petit rire. Oui, il préfère cet option : l'alcool c'est sympa tant que ça ne vire pas au drame, aux larmes et aussi aux coups - merci à son cher beau-père de famille d'accueil. « Ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes, en tous cas. Et je suis sûre que je serai pas la seule. » Elle lui fait un clin d’œil et le jeune homme hausse un sourcil avant de lâcher un grognement en comprenant à qui elle fait allusion : Emily. Celle-ci s'est donné le... « défis », le « but » ? Il ne sait pas trop quoi mais en tout cas, elle veut Danny et elle lui a bien fait sentir. Même si le jeune homme lui a bien fait comprendre que ce n'est pas réciproque ça ne la décourage pas : bien au contraire, elle a pris ça comme un défi personnel - comme si quelqu'un pouvait lui résister. Le maître du temps sent chaque fibre de son être s'hérisser à son approche et ses dents grincer au point d'avoir mal à force de se convaincre que frapper la jeune femme n'est pas la bonne solution. Il n'est plus dans la rue et il n'a plus à avoir ce genre de comportement - le professeur Xavier lui a bien assez répété comme ça. Mais cette fille... Elle a le don pour le coller, rentrer dans son espace vital, envahir sa vie de la pire des manières et elle ne comprend pas que ce n'est pas du tout la bonne solution pour se rapprocher de lui, bien au contraire.

Il pousse un soupir et baisse la tête, observant leurs doigts toujours enlacés. Il relève son visage et l'observe avant de caresser de son pouce le dos de sa main d'un geste inconscient. Malgré la gêne, il n'enlève pas sa main et finit par prendre la parole, comme si la situation était normale. « L'infirmière m'a dit que j'en avais encore pour bien un mois en béquille mais je pourrais sortir dans quelques jours de l'infirmerie et, franchement, c'est pas trop tôt : je commençais à en avoir marre de ces satanés murs. » Il tourne son regard vers la fenêtre, observant les jeunes dehors. Il a envie de partir dans le parc. Maintenant. Mais il ne peut pas. L'infirmière a été très clair : s'il sort d'ici avant qu'elle ne lui autorise, elle n'hésiterait pas à utiliser sa super-force pour le clouer au lit. Très rassurant. Comment avait-elle pu être autorisée à être infirmière dans une école pour gamins franchement ? « Je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'aller à cette... fête. Tu penses qu'il y aura beaucoup de monde ? Je ne suis pas encore très... à l'aise avec tout ça, tous ces... gens. » Il détourne le visage, gêné. Il a l'impression d'être la fille timide, nouvelle dans une ville, qui découvre sa nouvelle école. C'est un peu ça d'ailleurs. C'est le nouveau dans un endroit, sauf que lui n'a pas vraiment envie de s'intégrer - pas tout de suite, du moins. Il finit par tourner son regard vers Kitty un sourire en coin aux lèvres. « Même si j'avoue ne pas être contre un petit verre. »

Il plonge ses yeux dans ceux de Kitty avant de repenser à Emily et de grogner doucement. Son pouce sur la main de la jeune femme s'arrête dans son geste mais n'arrête pas le contact. « Je me fiche d'Emily. Elle n'est pas méchante. Elle est juste... » Il ne sait pas quel mot utiliser sans être blessant. « ...collante. » Ouais, c'est peut-être le mot le plus sympa qu'il pourrait trouver à dire sur elle. En tout cas, il ne trouvera pas mieux, il le sait. Tournant son visage vers Kitty, il relève sa main et l'amène à sa bouche avant de déposer doucement ses lèvres sur la paume. Il reste son regard plongé dans celui de la jeune femme. Le silence toujours présent entre eux. « Peu importe Emily. Elle pourra faire tout ce qu'elle veut, elle ne m'aura pas. » C'est une affirmation. Il est sûr de ça car jamais la jeune fille n'a su attirer son regard, son attention. Il n'a jamais ressenti que de l'agacement en sa présence et ce n'est pas prêt de changer. Il a confiance qu'en une seule et unique personne : Kitty.

Danny n'a visiblement pas de mal à comprendre de quoi elle parle. En témoigne son air un peu exaspéré et ce grognement un peu réticent. Ça fait un peu sourire Kitty. Elle se doute bien que le jeune homme n'aime pas vraiment l'attention que lui porte Emily. Non pas que ça ne soit pas flatteur, parce qu'aucun homme ne peut nier être flatté quand une femme s'intéresse à lui. Mais plutôt parce que Danny déteste être pisté et toujours observé. Kitty se doute bien qu'il en a un peu marre qu'Emily le piste comme elle le fait. Le truc, c'est qu'elle s'amuse parfois à y aller frontalement, en se mettant dans les pattes du jeune homme, mais qu'elle sait aussi redoubler de discrétion quand elle est en mission pour récolter des informations sur lui. Et quelle que soit la méthode, Danny s'en rend compte. Même elle s'en rend compte, alors… Le jeune homme soupire, et ça continue d'amuser Kitty. « L'infirmière m'a dit que j'en avais encore pour bien un mois en béquille mais je pourrais sortir dans quelques jours de l'infirmerie et, franchement, c'est pas trop tôt : je commençais à en avoir marre de ces satanés murs. » Tandis qu'il parle, elle sent que son pouce effleure le dos de sa main. Tout ça commence à devenir… légèrement trop affectueux. C'est la morphine. Bien sûr, c'est la morphine, qu'est-ce que ça pourrait être, autrement ? Un mois en béquille. Elle sait déjà qu'il va tourner en rond et péter un câble. Il va falloir qu'elle redouble d'idées pour qu'il réussisse à survivre à ces longues semaines sans avoir envie de se défenestrer. Mais elle ne se fait pas trop de souci, elle a toujours de bonnes idées. Surtout quand il s'agit d'aider Danny.

« Je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'aller à cette... fête. Tu penses qu'il y aura beaucoup de monde ? Je ne suis pas encore très... à l'aise avec tout ça, tous ces... gens. » Elle s'attendait bien entendu à ces arguments. « Même si j'avoue ne pas être contre un petit verre. » Ah, serait-ce un progrès ? Elle lève des yeux un peu surpris mais satisfaits. Elle va réussir à le faire venir, il a déjà esquissé une réponse positive même sans le vouloir. Elle trouvera bien un moyen de finir de le convaincre, de toute manière. Après tout ce qu'ils ont vécu, il en a autant besoin qu'elle. Elle s'apprête à lui faire une dissertation en trois parties sur pourquoi il doit venir quand il relève les yeux vers elle et que leurs regards se rencontrent. « Je me fiche d'Emily. Elle n'est pas méchante. Elle est juste... » lance-t-il alors. « ...collante. » Kitty esquisse un petit sourire. Oui, collante, c'est le bon mot. Elle est loin d'être une mauvaise personne, c'est jusque que… Elle n'est pas pour Danny. Kitty se sent un peu mal à l'aise en se rendant compte qu'elle pense ça, d'ailleurs. Qui est-elle pour savoir ce qu'il faut à son ami, hein? Après tout, elle ne peut prétendre le connaître par cœur. Ils commencent à bien se connaître mais… Il y a encore beaucoup de zones d'ombre chez le jeune homme, et ce n'est pas durant les quelques mois qu'ils ont passé ensemble qu'elle a été capable de toutes les appréhender.

Danny lève leurs mains et Kitty se fige un peu quand il approche dangereusement ses doigts de ses lèvres. Un frisson la parcourt et elle a l'impression d'être dans une réalité alternative quand il embrasse sa paume dans un geste tendre. Comment les choses ont elles pu s'accélérer comme ça, d'un coup? Bon, ils se sont évidemment rapprochés depuis quelques semaines, et d'ailleurs, les autres ont pu remarquer que Kitty est l'une des seules personnes qui arrive à approcher Danny mais… Quand même… C'est la morphine. Bien sûr que c'est la morphine. « Peu importe Emily. Elle pourra faire tout ce qu'elle veut, elle ne m'aura pas. » Ils se regardent toujours, et la jeune femme a un peu de mal à détourner les yeux des prunelles claires de Danny. Elle tourne et tourne cette phrase dans sa tête, incapable d'ignorer le double-sens qu'elle pourrait prendre. Est-ce que.. ? Non, il ne voulait pas dire ça comme ça. Il faut prendre la phrase littéralement, pour ce qu'elle est. Ne pas essayer d'analyser là où il n'y a rien à analyser. Elle sourit légèrement. C'est la morphine. C'est la morphine, Kitty, pas de panique. Elle fait comme si le baiser sur la main n'était pas arrivé, essaie de rester la plus naturelle possible. Pourtant, comment ignorer leurs mains toujours liées au-dessus de son torse ? « Tant mieux. » dit-elle finalement. « J'aurais détesté qu'elle devienne ta petite amie. » Puis elle se rend compte que sa phrase peut également être interprétée de deux manières. « Non, parce que comme on est très souvent ensemble, ça aurait voulu dire que j'aurais du me la trimballer tout le temps.. Et ça m'aurait pas grandement plu. » Elle hausse les épaules avec un petit sourire navré. « T'as pas besoin de ma bénédiction, bien sûr mais... » Elle ajoute, essayant de tourner ça en remarque humoristique : « Si tu dois être avec avec quelqu'un, j'aime autant que ce soit quelqu'un que j'aime bien. » Oui, bon, c'était pas tellement humoristique. Mais au moins, c'est la vérité. « Tu as le temps, de toute manière, hein. » lui dit-elle. Elle toussote un peu. Elle serre un peu ses doigts, et sursaute dés que que la porte s'ouvre. « Tiens, Kitty! » fait l'infirmière. Kitty délace brutalement ses doigts de ceux du jeune homme, comme si elle avait été prise en flagrant délit. « Je dois vérifier la jambe de Danny. » La jeune femme se lève précipitamment du lit. « Euh.. oui, bien. Je viens te voir plus tard, Danny. » dit-elle à son ami en se tournant vers lui. « Envoie-moi un sms.. En cas d'urgence. » Elle lui fait un signe de la main et passe la porte. Elle se s'adosse au mur en sortant. Eh bien, ça ne c'est pas du tout passé comme prévu. Pas du tout. « ça va Kitty ? » Elle lève les yeux vers Ororo. « Oui oui, très bien. Je.. J'ai cours. » Elle s'enfuit dans le couloir. Tornade fronce les sourcils. « Mais.. La journée de cours est finie… »

Le silence s'installe entre eux alors que leurs mains sont toujours liées comme une preuve ce que qui vient de se passer. Danny ne sait pas ce qui lui est passé par la tête en faisant tout cela : ce discours, ce baiser... Mais il sait qu'il a fait la bonne chose. Il le voulait alors pourquoi y réfléchir ? Il n'a pas besoin d'y penser, pas besoin de l'analyser. L'important c'est qu'il en avait envie et c'est tout. Point. « Tant mieux. » Le cœur du jeune homme s'accélère face à sa réponse et il resserre sa main autour de celle de la jeune femme. Qu'est-ce qu'elle entend par ce « tant mieux » ? « J'aurais détesté qu'elle devienne ta petite amie. » Puis, comme si elle se rend compte de ce qu'elle dit la jeune femme reprend la parole d'un ton pressé. color=#8A7799]« Non, parce que comme on est très souvent ensemble, ça aurait voulu dire que j'aurais du me la trimballer tout le temps.. Et ça m'aurait pas grandement plu. »[/color] Kitty hausse les épaules avec un petit sourire navré et Danny acquiesce. C'est vrai qu'Emily est assez... compliqué à supporter – surtout quand elle s'intéresse à vous et le jeune homme aurait plein de choses à dire sur ce fait. « T'as pas besoin de ma bénédiction, bien sûr mais... » Oui, le Cavanagh a toujours fait comme il lui plaît mais c'est vrai que maintenant qu'il tient à quelqu'un, Kitty, il ne peut pas s'empêcher de penser que son avis est important. Il est même rassuré de voir qu'elle a la même impression sur la jeune femme que lui. « Si tu dois être avec avec quelqu'un, j'aime autant que ce soit quelqu'un que j'aime bien. » Il peut sentir la pointe humoristique dans le ton de la jeune femme et il sourit face à cette réflexion. Il est même d'accord avec ça. Lui aussi n'aimerait pas à supporter un copain de Kitty qu'il n'aime pas. Ça se passerait sûrement mal et il arrêterait tout simplement de côtoyer la jeune femme. Il n'a jamais été du genre à s'imposer et, encore moins quand c'est lui le problème. Et, face à ce genre de situation, c'est clairement lui qui ne pourrait pas faire avec. « Tu as le temps, de toute manière, hein. » Oui, et franchement, Danny n'a pas du tout ce genre de chose en tête en ce moment. Déjà avec sa patte folle, son pouvoir et ses parents. Il n'a pas le temps pour ça, pas du tout même.

Elle toussote légèrement et Danny l'observe, plongeant à nouveau son regard dans le sien alors que la jeune femme serre un peu ses doigts autour de ceux du jeune homme. Une tension s'installe, presque gênée mais elle est vite brisée par la porte qui s'ouvre d'un coup sur l'infirmière. « Tiens, Kitty! » Celle-ci délasse rapidement ses doigts de ceux de Danny qui fronce les sourcils. Il ne comprend pas la réaction de l'intangible. Ils ne faisaient rien de mal. Même s'il se sent gêné d'avoir été surpris ainsi, il ne comprend pas malgré tout la réaction assez « violente » de la jeune femme. « Je dois vérifier la jambe de Danny. » Celui-ci acquiesce. « Hey, Doc ! » Kitty n'attend pas un seul instant et se lève précipitamment du lit en se tournant vers lui. « Euh.. oui, bien. Je viens te voir plus tard, Danny. » Il fronce à nouveau les sourcils mais acquiesce, ne prononçant pas un seul mot. « Envoie-moi un sms.. En cas d'urgence. » Le jeune homme ne comprend pas trop où elle veut en venir. Il ne sait pas trop ce qu'elle entend par « cas d'urgence ». S'il a encore envie de nourriture ? Si Emily vient le harceler ? Peut-être. Sûrement. « Ouais, je n'hésiterais pas. » Il offre un petit sourire en coin à l'intangible avant qu'elle ne lui adresse  un petit signe de la main et ne passe la porte avec empressement. L'infirmière affiche un air sceptique avant de tourner son visage vers le jeune homme, une moue contrariée aux lèvres. « Eh ben, elle était pressée de partir ! J'ai interrompu quelque chose ? » Danny fronce les sourcils et secoue vivement la tête. « Non, Doc, on était juste entrain de discuter. Elle voulait savoir comment j'allais. » Elle acquiesce et se tourne vers sa jambe afin de l'observer. « Bon, voyons voir cette jambe ! » Elle la manipule avec délicatesse avant de poser ses poings sur ses hanches d'un air satisfait. « Bon, t'as de la chance ! Tu vas pouvoir sortir dès demain. Tu auras juste besoin de béquille et de faire attention. Pas de folie, hein Danny ? » Celui-ci acquiesce, un petit sourire aux lèvres. « Vous inquiétez pas, Doc. Pas que je vous aime pas mais je n'ai pas envie de rester dans cette maudite chambre. » L'infirmière sourit « Tu n'étais pas franchement facile à supporter non plus, sache-le. » Elle finit pas s'en aller, un sourire toujours aux lèvres.

Un fois la jeune femme sortie, il tourne son visage vers la fenêtre et tout ce à quoi il pense c'est qu'il va pouvoir enfin sortir et au comportement étrange de Kitty...