Un faisceau laser éclaire la pièce, et sonde la silhouette de Mystique. Cette dernière ouvre grand les yeux, tandis que le faisceau scanne sa rétine. De longues secondes s’égrainent, avant qu’une voix robotique résonne dans la pièce. « Bienvenue Mademoiselle Cartwright. » La porte devant elle déverrouillée, la dénommée Mademoiselle Cartwright s’avance dans le quartier général. De part et d’autres de la pièce des ordinateurs sont installés, et des écrans de télévision affichent en permanence des textes codés. Codes qu’à la longue Mystique a appris à décrypter, bien que ce ne soit pas l’intérêt de sa mission. Non, si elle s’est infiltrée dans cette organisation en prenant l’identité d’une de ses dirigeantes, ce n’est pas pour ça. L’organisation anti-mutante qui siège dans cet entrepôt soi-disant désaffecté n’est pas ce qui inquiète Mystique. Ce ne sont que des débutants qui tâtonnent en cherchant à se faire une réputation. En soit, pas vraiment un danger. Non, ce qui l’interroge surtout, c’est comment ils ont fait pour se procurer toute cette technologie ultra avancée et tous ses équipements perfectionnés. Ils ont tout l’attirail du parfait anti-mutant qui se respecte. Et pourtant ils agissent comme des novices. Alors forcément, Mystique, ça lui a mis la puce à l’oreille. Ils ne sont pas seuls. Ils agissent sous la coupe de quelqu’un. Mais qui ? C’est la question qui la taraude depuis plusieurs semaines déjà. Et mis à part un nom de code qui ne veut rien dire, et des virements bancaires intraçables, Mystique, elle n’a rien. C’est pas pour autant qu’elle abandonne. La patience est mère de vertue, et l’expérience lui a à maintes reprises fait comprendre qu’il ne faut pas baisser les bras trop vite. Sa couverture est assurée, la vraie Mademoiselle Cartwright reposant au fond d’une cave, à l’abri des oreilles indiscrètes. Malgré la torture, malgré la faim et le froid, la demoiselle se montre être particulière coriace, pour le plus grand malheur de Mystique qui patauge dans la semoule.
Les livraisons de matériels, elle les a tracé depuis les Etats-Unis. Il semblerait que le groupuscule se fasse livrer des armements Stark. Rien que ça. Mystique a déjà cherché dans cette direction, et en vient toujours à la même conclusion : qui que ce soit qui chaperonne ces débutants, il sait s’y faire pour brouiller les pistes. Qui plus est, plus les jours passent, et plus le groupe gagne en importance. Passant de simples prospecteurs anti-mutants à la capture de ces derniers avec comme objectif de diffuser leur vrai visage sur internet pour attiser la haine des internautes en les torturant. De quoi faire frémir Mystique qui assiste jusque là impuissante à la souffrance de sa race. Prisonnière de son pyjama de chair, aider les mutants prisonniers à s’échapper serait synonyme de couverture grillée. Et pour le moment, la créature bleue ne peut se le permettre. Réduire cette organisation ne ferait qu’en créer deux autres, cette dernière n’étant qu’un maillon inférieur de la chaine. Non, tant qu’elle ne trouve pas l’identité de leur mystérieux leader, Mystique, elle reste en retrait.
Posant un regard circulaire dans la salle où les sbires s’activent, elle interpelle un de ses membres. « Quelles sont les nouvelles ? » Une question posée avec fermeté, comme la vraie Cartwright ferait. Avec l’expérience et les années, Mystique, elle est passée maitre dans l’art de l’infiltration, et forcer de constater qu’une fois encore ce rôle lui va comme un gant. « La gamine que nous avons capturé il y a quatre jours montre des aptitudes psychiques exceptionnelles. Nous peinons à la maitriser. » qu’il explique, lui montrant simultanément un rapport rédigé sur la jeune mutante. Dangereuse, c’est ce qui figure en bas de la page. « Parfait, elle fera une excellente candidate. » qu’elle tranche, à contre cœur. La pauvre petite, qu’elle ne peut s’empêcher de penser. Encore une victime innocente. « Montrez-moi à présent les nouvelles instructions. » L’homme semble hésiter pendant quelques secondes, mais sous le regard insistant de sa supérieure, il s’exécute. « Cela vient tout juste d’arriver. » se sent-il obligé de justifier. Mystique parcoure rapidement le document, ne cachant pas sa surprise face à ce qu’elle a sous les yeux. « Très bien. » qu’elle souffle, redonnant la tablette au sbire. Troublée, Mystique dévie son regard, et va se poser devant un écran de télévision au hasard. Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour attiser la haine mutante ? Fronçant les sourcils, elle secoue la tête, affectée.
Un tremblement de terre secoue la salle, d’où s’émiettent des fragments du plafond. Simultanément, une alarme se met à résonner dans l’entrepôt, cillant les oreilles de Mystique. « Que se passe-t-il ? » qu’elle clame au premier venu. Les humains dans la salle s’activent soudainement, l’effervescence de l’urgence les faisant paniquer. « La porte B est ouverte. L’aile sud est en proie aux flammes. » Les images des écrans de surveillance défilent sous les yeux de Mystique, qui observe la scène en silence. « Un mutant. » qu’elle finit par lâcher, tandis qu’une silhouette se dessine devant la caméra, avant que cette dernière ne soit en proie aux flammes. La mission est visiblement compromise. « Éliminez-le. Je m’occupe de la prisonnière. » qu’elle affirme tout en sortant son pistolet de son étui. Se dirigeant avec détermination jusqu’aux cellules, Mystique profite du chaos ambiant pour détrousser le garde, lui brisant la nuque d’un mouvement sec et contrôlé. À peine s’est-il écroulé que Mystique attrape son trousseau de clés pour ouvrir la cellule. « Il faut qu’on sorte d’ici, et vite. » qu’elle lui intime tout en détachant ses entraves. Devant son hésitation, Mystique quitte sa combinaison de chair pour prendre l’apparence de la prostituée russe qu’elle aborde la plupart du temps. Prouvant ainsi sa condition de mutante, et par définition d’alliée. « On n’a pas beaucoup de temps. » qu’elle s’empresse d’ajouter, avant de tendre sa main vers celle de la jeune femme. Main qu’elle s’empresse d’attraper. Ensemble, les deux mutantes prennent des couloirs dérobés, profitant que la plupart des humains soient occupés à repousser le mutant pyrokinésiste pour s’échapper. Mais alors qu’elles arrivent à une intersection, elles sont bloquées par des soldats armées qui les tiennent en joug et qui n'ont pas l'air de rigoler. « Ne bougez pas ! » Et merde.
En attendant les temps qui feront de nous des héros. En attendant les temps, veux-tu les conter? En attendant les temps qui nous emmèneront là haut, j'apprendrai doucement à aimer. Le petit homme est jeune mais connait le souffle de la guerre. Vivant seulement pour être à la hauteur des contes de fées qu'il lisait déjà depuis tout gamin.
Shane était un mec plutôt bon dans l'ensemble, même s'il ne s'en vantait pas. Le genre de gars à aider une vieille dame à porter ses commissions ou à aider un gamin qui aurait perché son ballon dans un arbre. Aux premiers abords il pouvait sembler un tantinet louche, en partie à cause de son attitude générale, mais aussi de ses fréquentations. Ayant grandi dans la rue, il n'a pas rencontré que des personnes particulièrement fréquentables, finissant même, fatalement, par tomber dans les gangs et ses guerres de territoires. Alors oui, comme ça, ça ne donne pas forcément envie de l'avoir pour voisin, encore moins quand on l'entend parler seul, quand on le voit rien que marcher ou qu'on l'entend parler. Il y a aussi sa fille au look assez étrange qui peut faire peur mais … Shane est sans aucun doutes une personne gentille, toujours souriante mais surtout, un père des plus attentionnés. Sa fille a toujours été son plus grand trésor, sa seule raison de vivre en fait. N'allez pas croire qu'il l'enfermer pour que rien ne lui arrive non. Disons simplement que si quelqu'un venait à la toucher, il n'était pas sûr que l'on retrouve cette fameuse personne. Car oui, le gentil petit bonhomme qu'était cet homme issu de la rue et de la misère pouvait devenir le plus terrible des psychopathes si l'on venait à faire du mal à sa fille. Malgré ses quarante ans passé, rien ne saurait l'arrêter dans cet état. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Eh bien, c'est très simple, un beau jour, des petits malins ont eu la riche idée de kidnapper Eileen et cette histoire elle, est des plus intéressantes. Laissez-moi vous la raconter.
C'était une journée comme n'importe quelle autre avant celle-ci, Shane avait eu une poignée de clients, tous relativement apeuré par les manifestations anti-mutans qui faisaient rage un peu de partout dans le monde. A vrai dire, cette journée avait été relativement enrichissante, ayant eu plus d'acheter que de vendeur, notre ami s'était fait un joli petit paquet d'argent, de quoi tenir de nombreux mois sans se forcer. Suite à quoi il était descendu dans l'ancienne maison familiale, celle où il avait fini par grandir avec Joseph et ses anciens frères qui formaient le gang local. L'idée était de faire comme régulièrement, se retrouver, discuter, jouer aux cartes, se mater un bon film, une rediffusion de match ou encore parler de bons plans sympathiques dans lesquels Shane aurait encore sa place et toucherait un joli petit pourcentage. Une journée banale en soit, jusqu'à ce que … Subitement un cri appelant Shane se fit entendre au loin, suivi de très près par des marches d'escalier montées rapidement et très lourdement avant que la porte ne soit violemment bousculée. C'est là que l'on put voir Hakim, essoufflé. Pour vous faire une idée Hakim était le premier à avoir profité du don de Shane et s'était vu octroyé le don de pyrokinésie. C'était ce que l'on pouvait appeler un beau bébé, très grand, très large, mais très sympa. Enfin, quand on le connaissait. Mais … Là n'est pas le sujet. Après avoir retrouvé son souffle il s'approcha du père de famille, affolé pour lui raconter ce qu'il venait de voir. Alors qu'il traînait dans la petite zone commerciale, non loin de là, une grosse berline noire, vitre teintées et sans aucun doutes blindée débarqua presque de nulle part et se gara en express non loin d'Eileen, de là, trois gars cagoulés sortirent pour la mettre de force dans la voiture. Le pauvre homme a bien fait ce qu'il a pu mais, à pieds, impossible de les rattraper. Le sang du paternel ne fit qu'un tour, obligé de frapper le premier truc passant par là, ce qui s'avéra être la table qui se brisa en deux. Le coup fut très rapidement suivi d'un hurlement de haine mêlé à de la colère. Rapidement, Joseph dégaina son téléphone pour mettre le plus de monde possible sur la recherche de cette fameuse berline, ordonnant à tout le monde d'abandonner leurs activités. Récupérant son portable et un revolver, l'homme enragé se mit lui aussi à la recherche de sa fille, durant deux jours durant sans dormir, ni manger, ni même boire. Ce fut Joseph qui le récupéra pour le ramener chez lui. Notre ami accepta, à contrecœur.
Après une poignée d'heures de sommeil, ce fut notre cher Hakim qui vint le réveiller pour lui annoncer une bien belle nouvelle, ils avaient retrouvés la voiture, garé devant un entrepôt officiellement désaffecté. Apparemment les lieux seraient plein et pas mal d'armes circuleraient. Notre ami le remercia d'une tape sur l'épaule et partit se préparer, profitant pour engloutir un bout de pain avec du bacon avant de ressortir ses deux coutelas. Des armes qui l'avaient suivies dans bien des dangers et grâce à qui, le dealeur de pouvoirs était toujours en vie. De sa cache il sortit aussi deux flingues ainsi que quelques chargeur qu'il rangea dans sa veste avant d'enfin demander à son ami de le mener sur place. Ce dernier lui conseilla bien d'attendre les renforts mais comprit rapidement qu'il ne pourrait pas le faire changer d'avis. Le connaissant depuis bien longtemps, il était déjà là lorsque sa femme se fit tuer, assistant ainsi à cet homme brisé offrir tout ce qu'il avait pour devenir un bon père. Alors sans discuter ils prirent la voiture et l'entrepôt se fit rapidement apercevoir. Descendant de la voiture, Shane tendit la main à son ami, les yeux injectés de sang afin de lui demander un ultime service. « Je vais devoir t'emprunter ça. ». Comprenant rapidement de quoi il s'agissait, le beau bébé tendit à son tour sa main avant que l'opération ne se fasse, offrant au mutant l'habilité de pyrokinésie durant un petit moment. A peine l'échange fut fait que quelques flammes semblèrent vouloir sortir de sa main. « Tu vas devoir partir, ça va devenir dangereux là. ».
A peine son ami s'était il éloigné que les flammes semblèrent vouloir n'en faire qu'à leur tête. Shane n'avait que très rarement eu un pouvoir aussi puissant sous son contrôle, ce qui rendait difficile la maîtrise de celui-ci. Cela associé à cette haine sans fond rendait une maîtrise totalement impossible. Pour dire vrai, il ne recherchait nullement la maîtrise, tout ce qu'il cherchait était simplement de tout détruire, ni plus ni moins. Dans un horrible cri inhumain de douleur associé à une colère jamais égalée, ces flammes s’échappèrent de toute part, avalant une grande partie de sa veste tout en léchant vigoureusement ses bras. Flammes qu'il dirigea haineusement vers la porte en métal qui ne résista guère longtemps à cette chaleur. La discrétion n'avait jamais été son fort, là, il ne put que le prouver lorsque l'alarme se mit à retentir un peu de partout. Encore plus énervé par ses bruits, il relâcha de plus belle ses flammes pour tout faire cramer. Rapidement, trois hommes armes firent leur apparition dans le dit entrepôt, déboulant d'une sorte de trappe dérobée. Le premier fut sans aucun doutes le moins chanceux des trois. Arrivé un peu trop tôt en rapport à ses collègues, il fut la cible privilégiée de toute cette haine. « Vous avez osé vous en prendre à ma fille …. VOUS AVEZ OSÉ. » Ne faisant guère attention à l'arme pointé sur lui, Shane fit quelques pas rapide suivi d'un mouvement rapide du bassin pour esquiver une balle potentielle à la tête, le paternel bondit vers lui, la paume de la main dirigée vers son visage tout en l'entraînant plus que violemment vers le sol. Arrivé là, il relâcha sa prise et put constater joyeusement que sa victime avait le visage en feu, littéralement. Non, ce n'était pas un tendre et non, il ne comptait pas laisser de survivants. Pour le second, la chose fut relativement plus rapide car il dégaina ses deux lames, jalousement gardées dans son dos pour exécuter une espèce de danse étrange, mais très fonctionnelle, où, en une vrille la gorge fut perforée par ses deux lames. L'occasion de récupérer son fusil et tirer dans la tête du dernier.
C'est après avoir récupéré ses deux lames que notre ami s'engouffra dans le couloir, ses deux flammes pour seule lumière tandis que quelques hommes en cravates fuyaient à peine l'apercevaient-ils. En profitant pour cramer tous les bureaux et autres armoires contenant des trucs sûrement important, il se retrouva rapidement face à deux nouveaux soldats qu'il fit rôtir sur place dans un élan de haine prodigieux avant de continuer son chemin et arriver à une intersection où deux hommes armés lui montraient aimablement le dos. Ils semblaient avoir quelqu'un en joue et l'un d'eux somma même cette fameuse personne de ne pas bouger. S'approchant alors des deux il s'écria joyeusement un joli petit « VOS GUEULES ! » avant de prendre les joues des deux soldats, de ses mains en flammes, bien entendu, pour venir les cogner férocement l'une contre l'autre, leur interdisant toute riposte après cela. Ce fut là qu'il remarqua sa fille, juste en face de lui. Son cœur ne fit qu'un bond. Cependant, Eileen n'était pas seule, non. Elle était en compagnie d'une femme. D'une très belle blonde. Enfin, belle n'est pas vraiment le mot. Elle était bien plus que ça, quelque chose de suffisamment rare pour ne voir cela qu'une seule fois dans sa vie. Elle était … Subjuguante, envoûtante et tout autre mot en -ante qui pourrait coller. Enfin, le vocabulaire recherché ne fut jamais la tasse de thé de notre cher ami. A vrai dire, il ne se concentra pas spécialement sur les charmes de l'inconnue. De son point de vue, c'était une ennemie potentielle, tout simplement. Alors créant une boule de feu dont elle aurait pu être la victime, Shane la menaça ouvertement. « Relâchez ma fille … Tout de suite, ou vous allez faire un joli petit steak comme vos cons de potes. » La mise en garde étant bien plus une forme de politesse qu'autre chose, le pyrokinésiste occasionnel s'apprêta à la faire rôtir à son tour quand sa petite princesse se jeta dans ses bras, sans la moindre peur des flammes, pour lui dire qu'elle venait de la libérer.
Obstruant son pouvoir, afin de ne pas la blesser, le feu offrit un aperçu des ravages qu'il avait pu faire sur sa peau, n'ayant pas réussi à se contrôler, Shane en avait trop fait. Faisant fi de la douleur, le père serra avec amour sa fille dans ses bras, un sourire resplendissant sur son visage, s'affichant comme le plus heureux des hommes. « Vous … Vous avez aidé ma fille … Pourquoi ? Enfin, merci hein, mais, pourquoi nous aider ? Faudra m'excuser. Fin', j'suis pas doué pour ces choses-là mais ces fils de … Enfin ces enfoirés de connards de merde … S'en prendre à ma fille … J'aurais pu vous cramer sur place. Désolé ma p'tite dame. » Le calme revenu, notre ami put enfin profiter du spectacle qui s'offrait face à lui, lui offrant un petit sourire supplémentaire. Oh qu'est-ce qu'elle était belle. Le genre de femme à faire tourner toute les têtes et à faire des dépressifs de partout où elle passait. Une chose était certaine, elle était de celle que l'on ne pouvait oublier dans une vie. « Bon, va falloir se barrer, doit y avoir encore plein de ces cons sur place, j'vais m'occuper de faire tout cramer histoire qu'ils reviennent pas. J'sais pas ce qu'ils foutaient par ici, mais putain c'est pas bon. J'suppose que vous allez v'nir avec nous princesse, j'ai une dette envers vous. Oh putain, une salle dette ouais. J'vais faire en sorte que personne vous touche. Ouais fin, donc moi c'est Shane et le p'tit ange là, c'est Eileen. J'vous aurais bien serré la patte mais … » D'un air idiot le quarantenaire montra sa main qui semblait sérieusement endommagée par les flammes. Un joli mélange de rouge et de noir plus que douloureux. Mais entre nous, rien n'arrêterait Shane, encore moins une saleté de brûlure. Et puis, il y avait un des types du gang à qui le dealeur de pouvoirs avait offert le don de guérison. Quoi de mieux dans une guerre de territoire que de renvoyer des soldats blessés la veille sur le champs de bataille ? La chose était des plus démoralisantes, tout simplement.
La situation semble lui échapper, ce qui a le don de l’irriter au plus haut point. Mystique, c’est une calculatrice, une stratège née. Elle aime le contrôle, et s’en délecte. Et lorsque des imprévus arrivent, forcément, ça la met en rogne. Là, à ce moment précis, c’est ce mutant, qui l’importune. Son plan était parfaitement rôdé. Elle était infiltrée depuis déjà un petit moment, et malgré la difficulté à trouver qui était à la tête de ce réseau anti-mutant, elle sentait qu’elle y était presque. Qu’elle frôlait la vérité du bout des doigts. Mais il était arrivé. Lui, ce pyromane destructeur. Et il avait tout carbonisé sur son passage. L’entrepôt soit disant désaffecté, les archives confidentielles et les espoirs de Mystique de démanteler tout ce merdier. Tout ça pour rien, qu’elle se dit avec amertume. Quel gâchis. Si au moins ce mutant avait pu lui laisser le temps de faire une sauvegarde sur une clé USB, ou quoi que ce soit de viable qui lui aurait permis de retomber sur ses pattes… Mais non. Mystique, au final, elle a juste gagné une gamine mutante effrayée. Non pas que ce soit une mauvaise chose, mais bon. C’est pas elle qui donnera à Mystique des éléments pour que les enlèvements de mutants et leurs tortures s’arrêtent.
Et puis, au-delà de cette impression d’être dans une impasse et d’avoir passé tout ce temps dans cette organisation pour rien, y’a aussi le fait que les deux mutantes sont criblées de rayons laser un peu partout sur leur corps. « Baisse ton arme. » clame un des soldats, qui pointe fugacement son arme pour lui faire comprendre de quoi il parle. Ah oui, c’est vrai qu’elle a volé ce pistolet quelques instants plus tôt, et qu’il est toujours dans ses mains. Mystique prend le temps d’observer son arme, son regard allant de cette dernière jusqu’aux soldats. Elle réfléchit à un plan de secours, à un moyen pour ne pas mourir bêtement vidée de tout son sang. Mais là encore, elle est face à une impasse… Ils sont trop nombreux, et méfiants. Y’a qu’à voir leur doigt qui reste crispé sur la gâchette. Prêt à faire feu au moindre mouvement des mutantes. « Baisse ton arme j’ai dit ! » répète le soldat, tout en faisant feu pour bien lui faire comprendre qu’il ne plaisante pas. Mystique ne bronche pas, son visage restant de marbre. Insondable. Son regard se déporte vers l’impact de balle, à quelques centimètres de son visage, logée dans le mur en béton. Si elle se demandait de quoi ces hommes étaient capables, forcée de constater qu’à présent elle avait la réponse à sa question. « Très bien, très bien. » qu’elle finit par lâcher, s’avouant vaincue. Doucement, Mystique se penche vers le sol, jusqu’à déposer avec maintes précautions l’arme à ses pieds. Devant les ordres du soldat qui lui fait signe de faire venir l’arme jusqu’à lui, Mystique donne un coup de pied dans le pistolet, qui glisse dans un bruit métallique dans sa direction. Adieu sa dernière chance de s’en sortir.
Quoi que. Doit y avoir un ange gardien qui veille sur elle, ou une bonne étoile. Un truc comme ça. Parce qu’alors que Mystique elle croit qu’elle va se faire cribler de balles, et bien y’a une détonation qui se fait entendre juste à côté. Parfait timing. « OK, maintenant tu vas… » avait commencé le soldat, avant d’être coupé net dans sa phrase. À peine le temps de tourner le regard et déjà y’a un homme à moitié nu qui leur fait face. « VOS GUEULES ! » qu’il hurle, visiblement très en colère. D’un bond, il est déjà sur les soldats. Le sang et le feu giclent un peu dans tous les sens, et après un lapse de temps infime, il n’y a plus que les mutants dans le couloir, avec ici et là les restes des soldats. Un silence de mort tombe, durant lequel Mystique prend le temps de l’observer, de le sonder. Il est à bout de souffle, consumé au sens propre comme au sens figuré par les flammes qu’il provoque. Elle retient une grimace devant ses avant-bras carbonisés, laissant entrevoir des morceaux de chair à vif. Quoi que veuille cet homme, il est visiblement prêt à tout pour l’obtenir. Le visage du mutant se porte pendant un bref moment vers elle, avant de fixer toute son attention vers la prisonnière. Quoi, c’est elle, la raison de tout ça ? « Relâchez ma fille … Tout de suite, ou vous allez faire un joli petit steak comme vos cons de potes. » Quoi, il pense sérieusement qu’elle est avec eux ? Mystique arque un sourcil, s’apprêtant à lui révéler qu’il fait une terrible erreur, mais la gamine à côté d’elle la coupe. « Elle est avec nous, c’est elle qui m’a sauvée. » qu’elle s’exclame tout en courant se réfugier dans ses bras. De quoi soulager Mystique, qui voit la probabilité de finir rôtie s’éloigner à grands pas. Enfin, malgré tout ça, ils sont encore loin d’être tirés d’affaire. Alors la blonde, elle va récupérer son pistolet, qu’elle garde dans sa main. Juste au cas où. « Vous … Vous avez aidé ma fille … Pourquoi ? Enfin, merci hein, mais, pourquoi nous aider ? Faudra m'excuser. Fin', j'suis pas doué pour ces choses-là mais ces fils de … Enfin ces enfoirés de connards de merde … S'en prendre à ma fille … J'aurais pu vous cramer sur place. Désolé ma p'tite dame. » Le mutant se confond en excuses, malgré le fait qu’il ne soit clairement pas très doué pour ça. Mystique se contente d’un acquiescement, histoire de bien lui faire comprendre que tout est pardonné. Le pourquoi elle a aidé sa fille ? « Vous saurez tout en temps voulu. » Parce qu'il y a des bruits de pas qui résonnent non loin d’eux. Surement la cavalerie qui arrive. « Bon, va falloir se barrer, doit y avoir encore plein de ces cons sur place, j'vais m'occuper de faire tout cramer histoire qu'ils reviennent pas. J'sais pas ce qu'ils foutaient par ici, mais putain c'est pas bon. J'suppose que vous allez v'nir avec nous princesse, j'ai une dette envers vous. Oh putain, une salle dette ouais. J'vais faire en sorte que personne vous touche. Ouais fin, donc moi c'est Shane et le p'tit ange là, c'est Eileen. J'vous aurais bien serré la patte mais … » Mystique, elle se retient de lui dire qu’ils reviendront car ce ne sont qu’un maillot inférieur de la chaîne. Toute sa concentration est tournée vers le tournant au bout du couloir. « Mystique. » sera le seul mot qui soufflera de sa bouche.
Devant l’état jugé critique des bras du dénommé Shane, Mystique pose une main presque protectrice sur l’épaule de ce dernier. « Vous en avez déjà assez fait, je m’en occupe. » qu’elle lui murmure d’une voix déterminée. Et aussitôt dit, aussi fait. Posant son regard vers le couloir d’où résonnent les éclats de voix, Mystique abandonne son pyjama de chair pour revêtir celui de l’agent Cartwright. Juste à temps avant de croiser un groupe de trois soldats qui se stoppent en la voyant devant eux. « Mademoiselle que faites… » sont les seuls mots qui sortiront de leur bouche. Ils ont fait l’erreur, comme beaucoup d’autres, d’hésiter, et ont baissé leurs armes. Laissant ainsi une fenêtre de frappe à Mystique qui en profite pour se faufiler avec agilité entre les soldats, entamant ainsi sa danse macabre. En quelques secondes l’affaire est pliée, les corps inertes des trois hommes s’étalant sous ses pieds. « Allons-y, je vais vous guider vers la sortie » qu’elle clame, se retournant fugacement pour capter l’attention du père et de sa fille, tout en reprenant la silhouette blonde qu’elle avait à leur rencontre. « Une bombe est placée au centre de l'entrepôt, il faut juste que j'aille l'activer. » Parce que Mystique elle est prévoyante, et même si elle ne s'attendait pas à devoir l'utiliser de si tôt, forcée de constater que c'est maintenant ou jamais. Les guidant rapidement dans l'entrepôt, le groupe s'arrête devant une lourde porte blindée. « Sortez par ici, et allez vous mettre à couvert. Je vous retrouve après. »
En attendant les temps qui feront de nous des héros. En attendant les temps, veux-tu les conter? En attendant les temps qui nous emmèneront là haut, j'apprendrai doucement à aimer. Le petit homme est jeune mais connait le souffle de la guerre. Vivant seulement pour être à la hauteur des contes de fées qu'il lisait déjà depuis tout gamin.
Les excuses, la politesse, la bienséance ou encore même les protocoles les plus basiques liés aux contacts humains n'avaient jamais été une chose que Shane pratiquait, loin de là. Il avait toujours été très brut, très direct, ne passant pas par quatre chemins, préférant juste dire ou faire ce qu'il pensait ou avait en tête, sans se faire chier. Même s'il avait essayé d'inculquer ces choses à sa petite princesse, notre ami n'avait jamais vraiment pratiqué lui-même. Il espérait juste que sa petite fille ait une vie normale, intégrée à la société comme n'importe quel être humain. Mais, cela ne s'était pas vraiment passé comme prévu, loin de là. Après tout, comment aller à l'encontre de ses gênes ? Cependant, malgré les défauts sociaux du quarantenaire, il restait quelqu'un de correct, et de confiance dans bien des cas. Même s'il avait du mal à reconnaître ses erreurs, il reconnaissait sans le moindre mal les dettes qu'il devait rendre à quelqu'un. Ce quelqu'un là, c'était cette jolie petite blonde. Enfin, ce n'était pas vraiment une dette qu'il lui devait. Ce qu'il lui devait c'était tout. Alors, bien sûr, après l'avoir mal jugée au premier abord, Shane ne put que s'excuser platement pour son comportement et ses mots un peu trop tranchants. Ça et le fait qu'il l'aurait bien volontiers fait cramer s'il n'avait pas su la vérité. Un simple acquiescement de la part de l'inconnu pour seule réponse, à ses excuses, elle finit par prendre la parole pour répondre aux questions du brûlé, expliquant qu'il saurait tout en temps voulu avant. Rapidement l'idée du paternel de s'échapper de ce lieu fut acceptée et de rapides présentations furent faites. Mystique. Ce fut le nom qu'elle offrit à son interlocuteur. Sûrement plus un surnom qu'autre chose mais, tant que notre ami avait un nom pour l’appeler, cela lui suffisait largement.
Rapidement, quelques voix se firent entendre de par le couloir d'où notre héros improvisé venait d'arriver. Une poignée d'hommes selon lui à en croire les voix et les bruits des pas. Pas de quoi s'affoler selon lui, après tout, ils finiraient comme tous ceux qui avaient croisé sa route pour l'instant. Le seul risque était qu'après son entrée en toute discrétion, les gars qui allaient débarquer risquaient d'être armés et plutôt lourdement. Ainsi, une balle perdue en direction d'Eileen ou Mystique restait largement possible et en aucun cas envisageable. Mais alors qu'il réfléchissait à un moyen qu'aucun coup de feu ne soit nocif, ce fut la jolie petite blonde qui s'avança, posant doucement une main sur son épaule expliquant qu'elle prenait la suite avant de faire une courte démonstration de sa mutation. C'était une change-peau, un don rare qui pouvait valoir un bon paquet de dollars pour notre cher dealeur. La suite fut d'autant plus impressionnante que la jeune femme s'avança sans crainte vers ses hommes et, à peine leur gardes furent relâchés un infime moment que le massacre eut lieu. Une agilité féline et une rapidité d'exécution à toute épreuve ne laissant pas une seule chance à ses adversaires. Shane en resta bouche bée et tenta même d'applaudir avant de se rendre très rapidement à l'évidence que vu l'état de ses mains, cela n'avait pas l'air d'être une bonne idée. Une chose était certaine, en un contre un contre elle, il se ferait étaler sans le moindre problème. D'ailleurs en y repensant, il n'y avait sûrement personne dans sa grande famille capable de tenir tête à quelqu'un comme ça. Notre ami se contenta donc de la féliciter tandis que sa fille avait les yeux pleins d'étoiles. « C'était … Impressionnant. J'en ai vu des castagneurs dans ma vie, oh putain. Mais là … Z'êtes exceptionnelle. Et puis votre machin là de transformation, pfwah, ça doit marcher à tous les coups. » Rapidement elle se proposa de les ramener à la sortie. Sans un mot, la petite famille de nouveau réunie suivit leur nouvelle alliée.
C'est donc après avoir repris le visage de la blonde que le petit groupe se remit en route. Visage qui, au passage, avait grandement la préférence de notre cher ami. En chemin, la mutante expliqua son plan, parlant de bombe ainsi que la possibilité de tout faire sauter. Idée qui plut beaucoup à Shane. Faire péter l'installation, tuer les derniers survivants et cramant tous leurs dossiers allaient leur faire du bien. Au cas où il y aurait d'autres gens derrière, sans contexte que cela les ferait grandement chier, pour son plus grand bonheur. Sur le coup, il y eut un petit détail qui ne sauta guère aux yeux de l'enfant des rues, lorsqu'il était question d'activation de la bombe, la blondinette parla bel et bien au singulier, semblant vouloir laisser de côté le père et la fille. Ce n'est qu'une fois arrivé à la sortie qu'il comprit ce qu'elle avait en tête. Chose qu'il n'accepta en aucun cas. Sa dette commencerait ici. « Au risque de vous décevoir ma jolie, j'vais pas pouvoir vous laisser partir seule. J'vous l'ai dit, j'ai une putain de dette envers vous. J'vous suivrai même en enfer s'il faut. Mes bras peuvent encore tenir un peu, encore plus si c'est pour tataner ces gros connards. Et puis … Si votre bombe pète pas, mes flammes pourront servir. » Se retournant alors vers sa fille il voulu lui donner quelques directives. « Ecoute, dehors là, doit y avoir Hakim pas loin et Joe va sûrement pas tarder à débarquer avec un peu de renfort. Chope-les et dis leur que ça va péter. Et … si un connard te rattrape, t'as l'autorisation. J'serais pas loin si ça part en couilles. » Par autorisation il était question d'utiliser ses pouvoirs psychiques. La jeune fille avait eut cet héritage de sa mère, la seule chose qu'elle avait pu lui offrir. Cependant, ces pouvoirs étaient bien au delà des siens et Eileen n'avait qu'un contrôle moindre. Alors, lorsque son crâne semblait prêt à exploser, Shane les lui ôtait et lui interdisait en temps normal de s'en servir, sauf cas extrême. Malgré tout, elle savait très bien que son père se battrait contres vents et marais pour la secourir, comme il l'avait prouvé en ce jour et faisait au mieux pour ne pas trop les utiliser afin d'éviter tout incident fâcheux. C'est donc après lui avoir offert un léger baiser sur le front en lui disant de ne pas s'inquiéter qu'il lui ouvrit la porte avant de se retourner vers la change-peau. « Bon, à nous ma p'tite dame, c'est par où qu'on dégomme du soldat ? »
Le temps leur est compté. Les soldats qu’ils ont rencontré sur leur chemin ne sont qu’un avant-goût de ce qu’il y a dans cet entrepôt. Cette organisation n’est pas qu’une simple association anti-mutante, passant ses journées à observer les écrans de télévision et les flashs info à la recherche de potentiels mutants. Non, ils ne font pas que les débusquer. Ils comptent bien les exterminer. Y’a qu’à les voir s’entrainer nuit et jour à manier les armes. Le programme anti-mutant a pris un tournant radical depuis le dernier rapport de ce matin. Ce dernier disant qu’à partir de ce jour, les hommes de l’organisation devaient réunir tous leurs moyens et tout faire pour capturer tous les mutants débusqués jusqu’à présent en Irlande. De quoi faire pâlir Mystique et décupler son intention de mettre fin à ce futur carnage avant qu’il n’ait lieu. Au moins la créature bleutée a-t-elle cette satisfaction, alors qu’elle vient de mettre à terre ces trois soldats et qu’elle comprend qu’il faut faire exploser la bombe. Si elle ne démantèle pas le réseau, au moins elle peut se dire que les mutants irlandais pourront dormir sur leurs deux oreilles les prochains jours. Mais jusqu’à quand ? Les informations collectées sur eux, leurs identités, tout a déjà été crypté et envoyé à l’homme mystère qui pilote l’organisation. Alors combien de temps, avant qu’une autre équipe ne vienne les tirer de leur lit ? C’est bien là, la déception de Mystique. Certes, elle sauve ces mutants aujourd’hui. Mais elle ne pourra pas le faire éternellement. Pas tant qu’elle n’aura pas couper la tête à cette organisation.
Y’a un sourire qui se dessine, lorsqu’elle se redresse et qu’elle reprend sa forme préférée. « C'était … Impressionnant. J'en ai vu des castagneurs dans ma vie, oh putain. Mais là … Z'êtes exceptionnelle. Et puis votre machin là de transformation, pfwah, ça doit marcher à tous les coups. » Le sourire de Mystique ne fait que s’agrandir, ravie. Elle est sensible aux compliments, et apprécie d’entendre l’admiration de Shane. À une époque lointaine, entendre ce genre de compliments aurait relevé du miracle, tant le pouvoir de Mystique apeurait plus qu’autre chose. Elle qui doutait d’elle et qui était dégoutée de l’apparence qu’elle avait se rend à présent compte qu’elle a bien changé. Qu’en s’acceptant, elle a réussi à se faire accepter. À se faire respecter, voire même admirer à sa juste valeur. Et ça lui fait un bien fou. Rares sont les gens à présent à la qualifier de bête de foire. Peut-être est-ce parce que les mentalités ont changé, que l’humanité, à défaut d’accepter les mutants, ont au moins connaissance de leurs existences. Et puis, ceux qui l’insulte ne la touchent plus. La bave du crapaud n’atteignant pas la blanche colombe, comme on dit. Mystique a appris à accepter son don, à le manipuler pour le rendre redoutable. Fou sont ceux qui la sous-estiment, et suicidaires ceux qui la provoquent. Grâce à Magneto, elle a appris à ne plus se considérer comme un monstre, mais comme un Dieu. Au-dessus de tous ces Homo Sapiens. Qu’ils la critiquent, qu’ils la rabaissent. Ils finiront toujours par le payer, tôt ou tard.
La sortie est à présent devant eux, et Mystique compte bien les abandonner là, tout en sachant qu’ils sont à présent en sécurité. Mais Shane ne semble pas partager son avis. « Au risque de vous décevoir ma jolie, j'vais pas pouvoir vous laisser partir seule. J'vous l'ai dit, j'ai une putain de dette envers vous. J'vous suivrai même en enfer s'il faut. Mes bras peuvent encore tenir un peu, encore plus si c'est pour tataner ces gros connards. Et puis … Si votre bombe pète pas, mes flammes pourront servir. » Sa première réflexion est de se dire qu’il n’y a aucune chance pour que sa bombe n’explose pas. On parle d’une bombe réalisée par une mutante qualifiée de terroriste. Elle n’en est pas donc à son premier coup d’essai. Mais comme dit plus haut, le temps leur est compté, et Mystique ne souhaite pas commencer une discussion qu’elle juge de toute manière inutile, alors elle passe à autre chose. Sa deuxième réflexion, c’est de refuser que l’homme l’accompagne. Parce que même s’il est un mutant puissant, elle n’est jamais mieux servie que par elle-même. Mystique, elle travaille en solitaire. Redoutable, rapide, et terriblement efficace. Elle change de peau comme de chemises, profitant de la panique générale et de la confusion pour semer la mort sur son passage. Mystique, c’est une guerrière qui agit dans l’ombre. Elle passe, sans un bruit, et disparait aussi rapidement qu’elle est apparue, sans laisser de traces. Shane, lui… C’est pas vraiment ça. Plus une brute qui fonce dans le tas et qui détruit tout sur son passage. Si la finalité reste la même, leurs manières d’y arriver sont radicalement différentes. D’où la contrariété ressentie par Mystique en apprenant que Shane vient avec elle. Elle hésite pendant quelques instants, alors qu’il parle à sa fille. Elle cherche les mots justes qui pourraient le faire changer d’avis, qui pourraient le faire partir avec Eileen pour ne pas qu’il traine dans ses pattes. Mais y’a son regard on ne peut plus déterminé qui la fait renoncer. Shane a pris sa décision, à Mystique de l’accepter et de faire avec. Alors que la gamine, après un dernier baiser échangé avec son père, passe la porte et disparait dehors, le regard de Mystique se porte vers son nouveau coéquipier. « Bon, à nous ma p'tite dame, c'est par où qu'on dégomme du soldat ? » Une réplique qui a au moins le mérite de lui tirer un petit sourire amusé.
« C’est par ici. » qu’elle lui répond, pointant une direction qu’ils n’ont bien évidemment pas prise jusque là. « Puisque vous êtes là, je vous laisse la tête. Brûlez tout ce qui bouge. » Et elle sent que cet ordre ne peut que lui faire plaisir, vu son envie flagrante de castagner, comme il le dit si bien. « Et si vous avez besoin de faire une pause, ou si vos blessures vous font trop mal, faites-moi signe. » Parce qu’elle n’en est pas au point de vouloir la mort de ce mutant. S’il veut se battre, s’il veut faire payer ces enfoirés pour la capture de sa fille, qu’il se fasse plaisir. Mais si ça met en jeu sa propre vie, il n’est pas question que Mystique le laisse faire. Question de principe. « Je surveille vos arrières. » qu’elle murmure dans un souffle, alors qu’un groupe de soldats leur font soudainement face au détour d’un couloir. D’emblée, la créature bleutée change de forme, pour prendre celle d’un soldat éliminé un peu plus tôt. « Souvenez-vous de moi, que je ne me prenne pas une boule de feu perdue. » qu’elle se permet d’ajouter, taquine. Les soldats ne savent pas qu’il y a deux mutants, et par conséquent ne s’attendent qu’à voir le mutant pyromane. Autant profiter de la situation pour augmenter leur chance de survie. Shane détruit le plus gros des hommes, tandis que Mystique agit dans son dos, achevant les mourants ou éliminant ceux qui tentent de prendre le mutant à revers. Alors que le combat fait rage, et que Shane gère la situation, Mystique lance « Continuez à faire diversion, la bombe se trouve derrière cette porte. » Juste pour elle le temps de déclencher le détonateur. L’avantage, c’est que Shane attire toute la troupe, et qu’il ravage tout sur son passage. D’une terrible efficacité. Il semble prendre son pied, et malgré les blessures qu’ils s’infligent, ne bronchent pas. Alors autant accélérer les choses, pour qu’ils soient tous les deux rapidement hors d’affaire, avec cet entrepôt une bonne fois pour toute mis en pièces.
Mystique, sous son apparence militaire, se faufile dans la grande salle. Il lui est facile d’éviter les soldats, ou en tout cas de ne pas attirer l’attention. Elle regrette presque de ne pas avoir insisté pour que Shane reste avec sa fille. Faire exploser cette bombe ne lui aurait probablement pas posé de problèmes, la créature bleutée sachant se fondre dans la masse. Mais bon, c’était son choix, et Mystique ne peut que le respecter, profitant ainsi de lui et de son pouvoir pour distraire les gardes et diminuer les risques de se faire démasquer. Mystique arrive sans encombre jusqu’à la bombe, dissimulée dans une des nombreuses caisses contenant de l’armement. Elle contemple son bébé avec une légère affection, caressant son boitier métallique d’un froid trompeur. D’ici trois minutes, top chrono, le froid laisserait place au brasier, dévastant tout sur son passage. Un bip retentit dans la pièce, tandis qu’un décompte s’affiche sur l’écran. C’est parti. Mystique retourne rapidement vers la porte, retrouvant Shane juste derrière. « Fini de s’amuser, faut se tirer. On a trois minutes. » Reprenant sa forme blonde, Mystique l’entraine dans de nouveaux couloirs, rongés par les flammes et parsemés de cadavres en cendres. L’odeur suffocante y est presque insupportable, et Mystique est obligée de se mettre une main devant la bouche pour avancer à cause de la fumée. Péniblement, ils avancent, jusqu’à se retrouver devant une nouvelle porte. Cette dernière débouche dans une cage d’escalier. « On descend, il y a un accès vers les égouts de la ville. » Ils dévalent les marches à toute allure, ne rencontrant personne sur leur passage. Une fois descendus dans les égouts, Mystique ne ralentit pas. Mais Shane semble être affaibli par le carnage qu’il vient de causer, et traine la patte. Ils n’arriveront pas à la section sécurisée à temps. Ils vont être soufflés par l’explosion. Explosion qui d’ailleurs retentit derrière eux, faisant secouer le sol et le plafond. Ils n’ont plus le temps, ils vont être raflés par son souffle enflammé. Alors Mystique, elle ne réfléchit pas, elle pousse Shane dans l’eau nauséabonde, et saute à son tour. Juste le temps qu’ils aient la tête sous l’eau, et voilà la gerbe de flammes destructrices qui apparait au bout du tunnel, et qui enflamme tout sur son passage. Encore quelques secondes en apnée, et ils seront tirés d’affaire.
En attendant les temps qui feront de nous des héros. En attendant les temps, veux-tu les conter? En attendant les temps qui nous emmèneront là haut, j'apprendrai doucement à aimer. Le petit homme est jeune mais connait le souffle de la guerre. Vivant seulement pour être à la hauteur des contes de fées qu'il lisait déjà depuis tout gamin.
L'inconnue, bien que peu bavarde et peu enjouée à l'idée de révéler quelque information que ce soit, restait pour le moins sympathique, patiente et compréhensive. Du moins, c'est ce dont pensa Shane après coup. Ce n'était qu'un gros bourrin dans le fond, il en avait pleinement conscience. Elle, de son côté était plus faite pour l'infiltration, simple, rapide et parfois mortelle. En quoi pouvait-elle avoir besoin de lui ? A cette question, notre ami ne trouva aucune réponse mais resta malgré tout heureux et reconnaissant de ne pas avoir cherché à l'en dissuader. La belle resta même silencieuse pendant que l'homme donnait quelques instructions à sa très chère fille. Sa remarque suivante, décrocha un joli petit sourire sur le froid visage de la belle blonde. Le quarantenaire se sentit revivre. Après tout, ce n'était qu'un homme, une si belle femme qui sourit à l'une de vos paroles ne peut faire que le plus grand bien. Rapidement, elle indiqua un chemin à prendre avant de lui offrir une magnifique opportunité, celle de passer devant et de cramer tout ce qui se présentait en face. Un immense sourire vint décorer le visage fatigué de l'irlandais. Heureux de pouvoir s'amuser encore un peu avec ceux qui avaient osés s'en prendre à sa chère fille. Heureux de pouvoir passer ses nerfs sur ces gens. Heureux de pouvoir les tuer jusqu'au dernier. Bien vite, Mystique vint rajouter que s'il avait besoin de souffler ou de reposer ses bras, ils échangeront leur place. Cette remarque le fit doucement rire. « Vous êtes bien gentille ma petite mais … S'il y a bien une chose sur cette Terre à ne pas faire, c'est bien de s'en prendre à ma fille. La douleur, rien à taper, mes bras vont tenir. Faut leur montrer à ces chiens la connerie qu'ils ont fait. Mais merci. »
Un groupe se fit alors entendre non loin d'eux et, l'alliée improbable se proposa de surveiller ses arrières avant de changer rapidement de forme pour se transformer en l'un des soldats qu'elle avait abattu avec une facilité déconcertante. Pour ne rien vous cacher, le dealer de pouvoirs fut des plus surpris. A plusieurs reprises il avait entendu parler de changeur de peau, mais jamais quelqu'un capable de changer de sexe. La plupart étaient même relativement limités par la taille et le poids de leur nouvelle forme, qui ne pouvait guère dépasser ceux de la forme originelle. La femme ici présente était bien plus puissante que cela. Ce n'était là qu'une quelconque supposition de sa part, mais, la mutante semblait bel et bien capable de prendre la forme de n'importe quel être humain. Un pouvoir bien peu commun. Perdu dans ses pensées, ce furent les mots de la jolie petite blonde qui vinrent le ramener à la réalité, lui demandant simplement de se rappeler de qui elle était dans la foule, afin de ne pas recevoir un peu de son ardente colère. La remarque l'amusa, lui dessinant un petit sourire en coin. « Z'en faites pas, j'suis pas du genre à fuir mes dettes. » Oh il aurait aussi pu lui dire qu'il aurait été criminel d'ôter aux yeux du monde un si joli minois mais … Le lieu n'était guère propice à ce genre de réflexions.
Enflammant ses bras, le quarantenaire eut un rictus de douleur facilement identifiable sur le visage tandis que sa nouvelle arme ne vienne lécher goulûment ses côtes, le reste de ses bras ainsi que le haut de son buste. Cependant, comme il l'avait si bien dit, la douleur n'était rien dans ce genre de situations. Il avait beau être quelqu'un de relativement en temps normal, cette partie de son être avait tendance à disparaître quand il était question de son petit ange. Alors, préparant des flammes dans ces deux mains, à peine le premier homme ayant passé le croisement qu'un imposante boule partit lui dégommer la tête. Les suivants tentèrent tant bien que mal de tirer sur lui, mais la grande chaleur dégagée par les corps encore fumants rendaient la visée particulièrement pénible. Laissant place libre à Mystique pour terminer le travail ou briser des nuques. Pas une seule boule ou un seul trait de passa suffisamment proche d'elle … Enfin de lui, sur l'instant, pour l'en inquiéter. Il était tout simplement impensable de ne serait-ce qu'égratigner l'héroïne du jour. Après quelques instants de combats et quelques corps calcinés au sol, le change-peau finit par proposer un autre plan à son allié : continuer à faire diversion pendant qu'elle s'occupait du reste. La diversion n'avait jamais vraiment été son truc. Mais au final, en cramant tout ce qui arrivait, cela devrait faire une jolie petite diversion, non ?
C'est donc avec la plus grande joie que notre ami se dirigea vers l'intersection, tentant douloureusement de renforcer ses flammes pour abattre le plus de monde, faire un maximum de bruit, de couleur, de fumée et de cris. Histoire d'alerter le plus de monde, en dégommer le plus possible et surtout, surtout, que personne ne pense à aller voir la fameuse bombe. Après tout, qui serait suffisamment idiot pour penser à aller voir celle-ci alors qu'un lance flamme vivant se trouvait face à eux. Tentant de reposer un minimum ses bras, notre ami tenta un brin de corps à corps, espérant que le manque de visibilité aiderait, malgré sa toux commençant à se faire importante. Il préférait garder ses flammes pour ceux trop lointains qui pourraient l'avoir d'une balle bien placée. C'est après une poignée de minutes qui parurent une éternité à notre ami à cause de la douleur qui commençait à devenir insurmontable qu'une tête connue vint le récupérer. Il leur restait trois minutes avant que tout explose. Alors, en un dernier effort surhumain, le quarantenaire créa des flammes bien plus grosses pour bloquer l'accès restant par un mur de flammes, tandis que Mystique reprenait sa forme habituelle, cela le fit d'ailleurs doucement sourire. « Y'a pas à dire, j'vous préfère quand même comme ça. » Riant légèrement, avant tout pour cacher le fait que ses bras avaient largement dépassés leur limites, Shane finit par suivre la jeune femme dans les couloirs toussant à plein poumons à cause de la fumée et de l'odeur grillée. L'avancée devint de plus en plus difficile pour Shane, exténué mais, les mots de Mystique vinrent lui donner de l'espoir. Ils approchaient des égouts, leur porte de sortie. Notre ami fit tout pour suivre la marche mais, cela ne suffit pas. Au loin, la détente se fit entendre et la jolie blonde le jeta dans l'eau crasseuse avant de se joindre à lui.
Une fois de plus, une éternité. L'eau leur offrait la protection idéale, mais l'air manquait cruellement. Mourir ici serait bien trop idiot. Que ferait sa fille ? A quel point serait-elle accablée ? Qui s'occuperait d'elle après tout ça ? Non, impossible. Pas question de mourir entouré de cette merde. Alors, puisant dans ces dernières ressources, notre ami réussit à tenir dix secondes interminables qui lui permirent de sortir la tête hors de ce qui un jour était de l'eau, tentant péniblement de reprendre son souffle à grande suffocations. Rapidement, la belle petite blonde sortit elle aussi la tête hors de l'eau. Détaillant quelques petites choses intéressantes de son anatomie grâce à l'eau, ce qui ne le laissa guère indifférent, malgré l'odeur. « Vous m'avez sauvé la vie. Merci. Z'en aviez déjà le visage mais cette fois c'est sûr, z'êtes un putain d'ange ma p'tite. » Riant très légèrement malgré quelques rictus de douleur liés à l'état de ses bras, notre ami se permit une petite vanne supplémentaire, espérant tant bien que mal de faire oublier cette douleur. « Par contre princesse, si vous aviez moyen de mettre quelque chose de moins clair ou moins fin, ça serait bien. Pas que le spectacle me dérange hein, ah ça, putain, non. Juste que niveau concentration ça va être compliqué. » Riant à nouveau avec légèreté, notre ami commença à marcher difficilement vers le seul chemin qui semblait désigner la sortie. « J'suis désolé ma jolie. Vraiment. J'suis un boulet. Seule vous vous en seriez sorti sans le moindre problème et vous avez eu à m'supporter. On s'connait pas mais putain … Vous avez tant fait pour nous. J'pourrais jamais vous remercier pour tout ça. Quoi que je puisse faire, cela sera jamais assez. J'suis désolé mais, j'risque de vous ralentir encore un peu là. Ces flammes sont pas à moi, j'ai pris putain de cher en m'en servant. Ça va être long la traversée là. J'suppose que même si j'vous disais de pas m'attendre vous m'écout'riez pas hein ? »
« Vous êtes bien gentille ma petite mais … S'il y a bien une chose sur cette Terre à ne pas faire, c'est bien de s'en prendre à ma fille. La douleur, rien à taper, mes bras vont tenir. Faut leur montrer à ces chiens la connerie qu'ils ont fait. Mais merci. » Ma petite. Une expression qui la ferait doucement rire si le moment n’était pas si mal choisi. Ma petite. Certes, Mystique a pris les traits d’une demoiselle d’une vingtaine d’années. Mais la réalité est bien différente. Mystique, elle est plus âgée que Shane. Pour sûr. Il pourrait très bien être son fils, même. Alors l’appeler par le terme de « petite », ça lui fait quand même bizarre. Mais elle garde tout de même le silence, ne voulant pas s’épancher sur le sujet. Elle se contente d’acquiescer, voulant se montrer compréhensive. Mystique n’a pas d’enfant, n’a jamais vraiment eu de famille. Ses parents l’ont abandonné alors qu’elle avait six ans, n’acceptant pas le fait que leur petite fille soit devenue un monstre couvert d’écailles bleues. Alors le côté protecteur prêt à tout pour se venger si l’on touche à sa fille, Mystique, ça ne lui dit absolument rien. Elle voit à peu près ce que c’est, quand elle pense aux autres membres de la Confrérie des Mauvais Mutants. Pour certains mutants, elle serait prête à tout pour les sauver, pour les venger. Quitte à y laisser sa vie. Alors oui, dans un sens, elle comprend le point de vue de Shane.
Elle le laisse prendre la tête de leur petit commando, lui laissant le privilège d’enflammer tout ce qui se présente devant eux. Elle sait que ça lui fait plaisir, après tout c’est bien pour ça qu’il est venu : pour leur faire payer. Et puis Shane est un mutant offensif, brutal, qui n’y va pas par quatre chemins. Il fonce dans le tas, et réfléchit après. Alors le rôle de première ligne, au final, ça lui va comme un gant. « Z'en faites pas, j'suis pas du genre à fuir mes dettes. » Shane parle toujours de dettes. Comme si il lui devait quoi que ce soit. Au final, c’est lui quii a tout fait. Qui s’est introduit dans l’entrepôt, qui a fait le ménage autour de lui. Sa fille, avec ou sans l’intervention de Mystique, il aurait fini par la trouver, et par la sauver. Elle en est persuadée. Disons qu’elle est juste arrivée la première. Rien de bien prestigieux. Il faudra qu’à l’occasion elle lui en touche deux mots. Pendant le combat qui fait rage, Mystique reste dans l’ombre, se confondant avec l’ennemi, pour nettoyer derrière Shane. Ce dernier est trop à découvert, trop absorbé par les flammes qui le consument pour vraiment faire attention à tout ce qu’il se passe autour de lui. À plusieurs reprises il néglige des ennemis, ne faisant que les amochés plus ou moins sérieusement. Alors Mystique, elle joue les héros de l’ombre, finissant le travail.
La bombe étant armée, Mystique retourne dans le couloir, retrouvant avant un certain soulagement Shane. Toujours en vie. Plus amoché que jamais. Ce dernier, la voyant revenir sous sa forme de blonde plantureuse, ne peut s’empêcher une remarque « Y'a pas à dire, j'vous préfère quand même comme ça. » Elle ne peut qu’être d’accord avec lui, et se contente de lui répondre par un clin d’œil complice. Alyona. Cette prostituée qui a croisé sa route il y a de ça presque soixante-dix ans, et qui l’a marqué de bien des manières. Diaboliquement belle, avec ses courbes envoutantes et ses mimiques enjôleuses. Ce physique en a fait tourné, des têtes. Alors la remarque de Shane ne l’étonne pas le moins du monde. Une grimace vient déformer son visage angélique, tandis que le mutant crache ses poumons à terre. Trop de fumée. Trop de brûlures. Trop d’abus de pouvoir. Mystique ne peut que compatir par un petit sourire devant la silhouette de Shane, qui en bave littéralement. Comment va-t-il faire pour s’en sortir, pour guérir ? Elle espère que comme elle il ait une régénération cellulaire accrue, et qu’il ne souffre pas trop longtemps. Le temps joue en leur défaveur, car Shane est trop faible pour tenir le rythme. À tel point que Mystique, elle doute de leur chance de réussite. La détonation qui rugit au-dessus de leur tête ne fait que confirmer ses craintes, et ni une, ni deux, les voilà dans l’eau nauséabondes des égouts. Dix secondes interminables durant lesquelles Mystique a le regard rivé ver Shane, qui peine pour garder la tête sous l’eau. Puis les flammes au-dessus de leur tête se tarissent, jusqu’à disparaitre. Sauvés.
Ils ne n’attendent pas plus longtemps, et remontent à la surface. Après une bouffée d’oxygène salvatrice, les voilà qui regardent autour d’eux, détaillent ce qu’il reste des égouts. Il y règne encore une odeur de brûlée, mélangée à celle des ordures. Rien de bien appétissant, mais ils sont encore en vie, et cela vaut bien tous les petits désagréments du monde. Sortant de l’eau avec agilité, elle observe Shane faire de même. Ses traits sont tirés, et il semble épuisé. « Vous m'avez sauvé la vie. Merci. Z'en aviez déjà le visage mais cette fois c'est sûr, z'êtes un putain d'ange ma p'tite. » Il a beau dire, son visage ne ment pas. Il souffre, ce qui peine Mystique. Elle aurait peut-être du insister pour qu’il reste auprès de sa fille… « Vous avez fait le plus gros du travail, moi je n’ai servi qu’à vous assister. » qu’elle se sent obligée de dire. Qu’il ne la prenne par pour son héro, ou quoi que ce soit de glorifiant. Mystique n’a fait que l’aider, et elle est persuadée que sans elle, il aurait tout de même réussi sa mission. Au final, elle n’a fait que lui donner un coup de pouce. « Par contre princesse, si vous aviez moyen de mettre quelque chose de moins clair ou moins fin, ça serait bien. Pas que le spectacle me dérange hein, ah ça, putain, non. Juste que niveau concentration ça va être compliqué. » Simultanément, Mystique incline son regard vers son corps, qui en effet est plus que dévoilé à cause de ses vêtements détrempés devenus transparents. Elle a un petit rire, qui se joint à celui de Shane, avant de changer de forme pour reprendre l’apparence d’Alyona, portant des vêtements secs cette fois. « C’est mieux comme ça ? » qu’elle lui susurre, amusée.
Accompagnant Shane qui marche avec difficulté, Mystique vient se loger au creux de son bras, l’aidant à tenir sur ses jambes. « J'suis désolé ma jolie. Vraiment. J'suis un boulet. Seule vous vous en seriez sortie sans le moindre problème et vous avez eu à m'supporter. On s'connait pas mais putain … Vous avez tant fait pour nous. J'pourrais jamais vous remercier pour tout ça. Quoi que je puisse faire, cela sera jamais assez. J'suis désolé mais, j'risque de vous ralentir encore un peu là. Ces flammes sont pas à moi, j'ai pris putain de cher en m'en servant. Ça va être long la traversée là. J'suppose que même si j'vous disais de pas m'attendre vous m'écout'riez pas hein ? » Elle a un sourire compatissant qui se dresse sur son visage. Même si, en effet, il n’a fait que la ralentir, elle ne le considère pas pour autant comme un boulet, loin de là. Devant le mal qu’il se donne pour faire bonne figure et pour avancer sans trop grimacer, Mystique prend son apparence originelle. « On va sortir d’ici, tous les deux. » qu’elle lui intime, avant de le prendre avec maintes précautions dans ses bras. « Accrochez-vous. » Position peu virile pour lui, mais Mystique se garde bien de le signaler. Ils ne sont que tous les deux, et lui est bien mal en point. Personne ne pourra le charier. Et puis autant le soulager autant que possible en le portant. Surtout que sous sa forme reptilienne, Mystique a une force décuplée, et qu’elle ne peine pas le moins du monde à le soulever. « Comment ces flammes peuvent ne pas être à vous ? » qu’elle lui demande, autant pour faire la conversation que par curiosité. Ainsi, ce n’est pas un mutant pyromane ? Mystique ne cache pas sa perplexité fasse à cette idée.
En attendant les temps qui feront de nous des héros. En attendant les temps, veux-tu les conter? En attendant les temps qui nous emmèneront là haut, j'apprendrai doucement à aimer. Le petit homme est jeune mais connait le souffle de la guerre. Vivant seulement pour être à la hauteur des contes de fées qu'il lisait déjà depuis tout gamin.
Par chance, ou par miracle même, ni Shane ni Mystique n'avait été touché par l'explosion. Si lui avait survécu, c'était uniquement grâce à elle. Bien trop exténue et mal en point, notre cher ami avait vu ses réflexes tomber dans l'oubli, son esprit semblant ne tenir que grâce à un fil, tout comme son corps. La charmante demoiselle avait été une alliée de poids, bien que totalement inattendue. Sans doutes que sans elle, le quarantenaire n'aurait pas retrouvé sa chère fille. Sans doutes aussi que l'homme vindicatif n'aurait pas survécu à ce grand nombre d'hommes armés. Il avait toujours été quelqu'un de très obstiné et d'impulsif, ainsi, il était fort possible que des ennemis soient passés à travers ses filets. Ennemis dont sa compagne d'infortune se serait sûrement occupé. Alors oui, notre ami devait beaucoup à cette blondinette. Ainsi, la voir presque dévaloriser ses actes en rapport aux siens lui fit avoir un pincement au cœur, ainsi qu'un petit rire nerveux. « Princesse, va falloir arrêter les conneries trente secondes. Sans vous j'serais plus là, et pas forcément à cause de la bombe. Par contre, sans moi, 'seriez toute peinarde et vous seriez passée au travers tout autant et même avec plus de facilité j'dirais. Z'êtes bien meilleure combattante que j'le serai jamais et votre truc là, ça permet de faire ce que vous voulez. Et ma fille ! Oh ma fille … » Respirant difficilement, le grand brûlé prit quelques instants pour reprendre son souffle, tentant de reprendre ses paroles de façon sensée et ordonnée. « J'suis juste un gros bourrin impulsif ma p'tite dame. J'réfléchis pas, y'a toujours eu des gens futés pour faire ça à ma place. Moi j'cogne, j'pense pas. S'que j'sais par contre, c'est que si z'aviez pas libérée ma p'tite, j'sais pas ce qu'ils auraient foutus quand j'ai attaqué. Et ça … Ça, ça fait de vous plus qu'une assistante. » Riant de nouveau, mais avec plus de légèreté cette fois, malgré la douleur de ses côtes. « D'ailleurs, vous avez toujours pas répondu. Pourquoi nous avoir aidé ? Sembliez être en infiltration où j'sais pas quoi. J'pense pas qu'Eileen était votre cible prioritaire. Zeriez dû profiter de la pagaille pour faire ce que z'aviez à faire non ? » Bien sûr que la chose lui paraissait singulière. Notre ami n'avait guère l'habitude de recevoir de l'aide d'inconnus, bien au contraire. Cependant, il était bel et bien heureux que cette femme l'ai fait.
C'est alors que rapidement vint le léger problème de la transparence des vêtements de Mystique. Transparence qui aurait pu faire se damner une grande majorité des hommes de notre monde, soit dit en passant. La belle ne s'en était visiblement pas rendu compte, au vu de son regard vers ses vêtements, puis de son petit rire qui se joignit au sien. Usant de son prodigieux don, la jeune femme s'exécuta, respectant la demande de son complice, revêtant des habits secs et opaques, avant de susurrer amusée si cela lui convenait. Un grand sourire s'afficha sur son visage. « Ma foi, oui. Pour la concentration, c'est bien mieux. Pour le reste cela dit ...Je ne saurais quoi répondre. » C'est après ce court interlude que la mutante, sans doutes éreintée de voir son compagnon souffrant, vint le soutenir du mieux qu'elle pouvait, lui faisant ainsi regretter sa précédente requête. Il la remercia dans un souffle douloureux avant de lui proposer de le laisser là, qu'il ne faisait que la ralentir et que dans tous les cas, il finirait bien par sortir à un moment ou un autre. Malheureusement, il découvrit en cette femme un point commun avec lui. Elle semblait en effet plutôt têtue et incapable d'abandonner quelqu'un. Plus que cela, elle revêtit une apparence étrange, bleutée et semblant couverte d'écailles ou quelque chose de similaire. Sans doutes sa forme originelle. Sous celle-ci, elle semblait être bien plus forte, si bien que, sans le moindre mal elle le souleva pour le soulager au mieux, tout en lui ordonnant de tenir le coup, ce qui lui fit chaud au cœur. « Le bleu a toujours été la ma couleur favorite, maint'nant j'sais pourquoi. » Riant de bon cœur, notre ami finit par toussoter douloureusement avant de reprendre, toujours enjoué. « Par contre, si jamais vous veniez à raconter nos … Aventures. Si on pouvait éviter de raconter cette partie là, moi, ça m'plairait bien. » C'est alors que, rapidement, la conversation tourna autour de ses flammes et de son non appartenance. Rares étaient ceux au courant, en dehors de ceux qu'il considérait comme sa famille, à savoir que Shane pouvait contrôler un temps les pouvoirs absorbés. Cependant, sans la moindre hésitation, le dealer de pouvoirs agrandit ce fameux cercle. « C'est tout con. Mon pouvoir c'est l'transfer. J'prends les pouvoirs aux gens et j'les refourgue ailleurs. S'comme ça que j'gagne ma vie maintenant. Y'a pas mal de gens qui se chient de la situation, s'pas l'bon moment d'être un mutant. Alors, j'achète leur mutations et j'revends à ceux qui veulent. Y'en a beaucoup qui veulent protéger leur famille où j'sais pas trop qui. Fin, on s'en fout. Du coup, quand je prends le pouvoir de quelqu'un, j'en ai le contrôle pendant … Un truc dans l'genre 48h. Un effet secondaire si vous voulez. Ouais, 'fin, maintenant j'peux annuler ça pour les pouvoirs à la con ou chiant. Genre y'a un gus, son truc c'était que tous les rongeurs qui croisaient sa route le suivaient comme je sais pas quoi. Sacré pouvoir de merde si vous voulez. Du coup il me l'a donné. J'pense pas l'revendre cette connerie et, bordel, un coup d'chance de pouvoir annuler ce truc. Être collé au cul par tous les rats de la ville quel bordel. Bon du coup, tout ça on s'en branle. Le feu, c'est le premier pouvoir que j'ai transféré, sur un pote d'enfance, Hakim. Pour le coup j'lui ai emprunté mais … J'contrôle pas bien du coup, bah j'suis pas très bien quoi. » Le discours fut long et douloureux mais, son alliée avait le droit de savoir, surtout après tout ce qu'elle avait fait.
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Lun 28 Sep - 19:19
