« J’vais le tuer. »Le bide d’abord ou la tête ?
On lui arrache les jambes et les bras et on le fait tournoyer comme un cul-de-jatte sur la banquise, genre toupie polaire ?
T'en penses quoi, hein, HEIN ?
Sinon on mange sa nana aussi ou pas ?
Elle est plutôt canon non ?
Tu crois qu'on peut se servir un peu avant d'en faire un curly ?
Gnnnnnrrrrrr… on fait ça quand ?
DEMAIN ? On a rien prévu de demain non ?
Allez, juste un petit ménage avant la rentrée ?
……Alleeeeez………… !« Je te jure que j’vais le tuer. »Iblis n’arrive pas à se tenir, l’idée lui plaît énormément. À moi aussi.
Tu peux pas, c’est le boss, fait cette voix de la raison que je peinais à laisser aux orties.
Et en plus j’y réponds, porté par mes émotions.
« Je le tuerai quand même. Un jour. Quand j’en aurai plus rien à foutre de sa petite gueule de con condescendant. », sifflai-je en arrachant cette cravate qui m’étouffait le cou. Elle vola dans la pièce et je ne cherchai pas à la rattraper. J’avais gardé mon jean sous la chemise blanche et la veste de smoking de jais. Pas question de porter toute cette toile fibreuse. Iblis passe son temps à ruminer de sa voix rauque, aussi mécontent que moi.
J’étais en train de parler tout seul évidemment, enfin ça c’était sans doute l’avis de Richardson qui était en train de me scruter sans grande délicatesse. Nos regards se croisent brièvement et il retient à peine son rire dans sa gorge. Je commence à gronder malgré moi, déjà bien agacé par la situation.
« Oh ! Désolé, désolé ! » en levant un peu les mains, comme pris en flagrant délit. Le sourire toujours imprimé sur sa tronche. C'est Braiden après tout, raison pour laquelle je lui empaffe pas encore le crâne contre le mur.
C’est ça, rigole. On verra qui aura du mal à se gratter les couilles à la fin de la soirée.
______________________
Léna est certainement déjà partie.
Avec le gamin au bras ! lâche Iblis et je sens une émotion malsaine me parcourir, tel un frisson froid, électrisant.
AVEC LE GAMIN AU BRAS, T’ENTENDS ? Je serre les dents, on est bientôt au point de rendez-vous.
« La ferme putain, » grommelai-je un peu trop fort, ce qui eu le don de perturber l’homme qui était aux commandes de la voiture. Iblis ricane et je serre un peu plus mes bras entremêlés contre mon torse. Encore un peu et une couture allait finir par céder.
Puis on arrive. Je comprends pas l’idée de rassembler tous ces faux-culs dans un lieu, en plus, aussi pourri que le Raine Lounge. Oui c’est pourri, oui j’aurais dû venir en kilt pour faire chier la galerie, et non j’ai pas l’intention de « bien me tenir », comme le suggéraient certains. J’ai bien voulu faire l’effort parce que Léna a insisté. De toute façon j’ai bien vu que ça la faisait chier aussi… peut-être pas autant que
nous. Statistiquement y avait jamais rien de pire que nous de toute façon.
Je pris une grande inspiration et sorti de la voiture, filant jusqu’à l’entrée, et m’y engouffrai.
POUAH ! Ça transpire comme des putes à l’église là-dedans !Remarque dont j’aurais pu me passer à vrai dire.
Enfermés entre quatre murs. On va pas tenir dix ans comme ça, surtout quand y a des viandards comme nous dans les parages. Franchement, qu’elle idée de merde. Ils ont invité Kasady aussi, qu’on se fasse un petit gueuleton ?
Les parfums, les sons, tout me happe très rapidement et mes sens aiguisés ne me permettent pas tellement d’apprécier l’expérience. Ça viendra peut-être un jour, mais en attendant je supportais toujours pas la masse humaine. Encore moins dans un endroit clos comme celui-ci.
Le groupe qui joue un peu plus loin m’interpelle une demi-seconde avant que je m’en fasse une opinion. Pour moi, grand amateur de musique, (de celle qui se savoure du moins), c’était le pompon.
« De la musique de merde. Dans une boîte de merde. Avec des connards d’hypocrites de merde. », grognai-je entre mes dents.
Là, une serveuse sort de nulle part et me propose de… quoi ? Du champagne ? Encore un alcool de gonzesse. Tout ça était tellement cliché…
ah, ces amerloques ! Toujours plus sur la table que dans le froc ! J’attrapai la flûte quand même et la vidai d’un trait, reposant le verre vidé sur le petit plateau couleur argent. Je partis aussitôt dans les entrailles de la salle, m’affranchissant de tout remerciement à son égard.
Après quelques pas, j’aperçus un Killjoys dans l’assemblée.
Un soupir. L’évidence.
« Ouais, de la merde partout. »Manquerait plus qu’il y ait des membres du SHIELD, de ces salopards qui nous ont enfermé comme des bestiaux il y a de cela quelques mois. Ce serait le pompon n°2 et pas des moindres, croyez-moi.
Oh, regarde-moi ce cul divin ! Mate ! MAAAAATE ! Je me force à ne pas rouler des yeux.
Hé bah trop tard, le cul est parti. Les nichons avec. Et je sens que ça allait être ça toute la soirée. Tous ces gens, c’était des petits fours pour Iblis. Osborn le savait très bien depuis le temps, et encore heureux qu’il parle
que de mater pour l’instant.
Il était où d’ailleurs ce foutu boss ?
Avec ta promise ? Ta colombe aux mille et un trésors ? Ahhhooooooooooo !Mes mâchoires se compriment, encore piqué, et il le sait.
Si je pouvais mentir aux autres, je pouvais pas vraiment le faire avec lui. Sauf qu’il était très lourd ce soir. Une façon plus saine de passer sa frustration sans doute… on allait pas s’en plaindre. Il (nous ?) était pourtant connu pour être diablement changeant, alors ça ne voulait pas dire grand-chose.
Check le buffet ! L’odeur est présente depuis un petit moment mais on s’en rapproche. Je jette un coup d’œil dans les environs au passage. Je sens le parfum de Léna au même moment. La rejoindre maintenant ? Dilemme.
BUFFET! BUFFET! BUFFET! Le choix est fait malgré moi : j’ai pas la force de faire barrage ce soir de toute façon. Je suivi la direction qui menait jusqu’au buffet en question. Et que personne n’avait encore touché. Pourtant contrairement au reste, ça sentait pas vraiment la merde, non ?
C’est quoi ces gosses de riches qui attendent qu’un chevalier courageux sorte de nulle part et pique un toast ?
Je me concentre un peu sur les sons alentours, notamment sur ceux provenant d’un petit groupe voisin. Déjà deux qui ont la dalle, c’est leur bide gargouillant qui le dit, c’est pas moi. Ces bandes d’hypocrites de mes deux.
Je regarde un peu ce qu’il y a de proposé et je finis très vite par faire la grimace.
Putain y a de quoi nourrir trois moineaux obèses avec ça ! —
Trois pigeons tu veux dire ? Ils pensaient sérieusement que les gens allaient se mettre à papoter entre eux, comme ça ? On est pas au bal de promo, on s’en passerait bien de ces bavardages stériles et hypocrites. Personne peut se blairer ici — sauf rares exceptions. On aurait mieux fait de faire un bal masqué ça aurait été tout de suite plus décrampé du fion.
Bon, ben tant pis. J’inaugure en commençant à bouffer sur le buffet, sans lésiner sur la quantité. Je lève un peu le nez et vis un type caché derrière un pilier, qui scrutait les environs sans vouloir se faire remarquer. C’est bizarre, j’ai l’impression de connaître son odeur. Bof, on s’en tape pour le moment. Je repris une autre bouchée et soupirai.
Le pire dans l’histoire c’est qu’il n’y a même pas de chaise… des smokings, du champagne et pas de chaise.
Encore de la merde.