Les dagues de poing revenaient entre mes doigts après les deux larges arc de cercles qu'elles avaient parcouru dans le vide. De leur lame roulaient des gouttes lentes d'un sang frais. Frais des corps qui s'écroulaient dans la salle. La salle en question était un vieil entrepôt au fond de laquelle un jeune homme gisait. De tous ces cadavres, seul celui-ci était important. Car il était enchaîné, dans une cage. Affamé. Assoiffé.
En lui je voyais mon père. En lui je voyais ce qu'il en avait fais: un animal qu'ils comptaient utiliser pour négocier quelques avantages avec le gouvernement. Avantage qu'ils venaient de perdre, avec leur vie. Adrian aurait souri, il aurait aimé ce que je venais de faire. Il aurait savouré chaque peau tranchée, chaque chair mise à nue. Pas moi. Mais ils l'avaient mérité. Ce jeune mutant n'avait pas mérité ça. Il n'avait pas mérité l’enchaînement. Il n'avait pas mérité la mort.
J'avais divisé mes dagues en une multitude d'aiguillons. Ils avaient lacéré. Transpercé. Creusé et achevé. Une giclée fine de sang habillait mon visage et lorsque je voyais tout ces corps, je ne pouvais m’empêcher de me dire que j'étais devenu le monstre dont ils avaient tous peur. Non.
C'étaient eux les monstres. Eux les atrocités de ce monde. Nous ne faisions que vivre, comme eux. Nous défendre... comme eux? Je n'éprouvais aucun plaisir à tout ça. Et si je le faisais, est-ce que ça rendrait les choses plus faciles?
Mais lorsque les militaires étaient arrivés, probablement avec l'ordre de prendre le mutant et supprimer les autres vu leur équipement, ils tombaient sur un trophée bien plus brillant à ramener à leurs maîtres. Bonne chose pour eux que la vision de mon oeuvre me terrifiait, je préférais m'enfuir.
Dévier les balles et m'envoler. Me trouver une ruelle voisine pour m'abriter et m'y poser en silence. Marcher vite mais sans me hâter pour m'éloigner, tête basse. C'était la fin de la journée, le soleil brillait encore mais il y avait peu de monde dans le coin. Je m'étais dirigé vers une maison parmi tant d'autres et sans hésiter j'avais marché jusqu'à sa porte, agissant comme si j'étais chez moi, approchant la main comme si je tenais la clé et la déverrouillant par la pensée car j'étais la clé.
J'entrais, fermais et m'éloignais des portes et fenêtres avant de tomber face à face avec un miroir. Moi. Le monstre. Le sang. Qu'étais-je devenu? Ou plutôt redevenu? Faiblesse. Folie. Souffrance. Étais-je une éponge incapable d'être bon sans la présence des bonnes personnes autour de moi? Étais-je un animal, de ceux qui tuent par peur ou par colère? Étais-je de ceux qui tolèrent, lorsqu'il semble n'y avoir aucun autre moyen. J'avais argumenté le pouvoir du choix plusieurs fois. Et je faisais ce choix là? Je ratais une respiration en voyant les gouttes qui maculaient mon visage. En les fixant sans les toucher. Trop intensément peut-être.
I listened. Did you ? I guess I did. Or maybe not. You know I always work on my own rules.
D’une brèche sur le toit de ce vieil entrepôt, elle guette, elle observe. La mâchoire légèrement crispée, les poings serrés. Elle ne détourne pas les yeux de la scène qui se déroule plus bas, observant avec un pincement au cœur. Son regard glisse de la cage où est enfermé un jeune homme jusqu’à Kayden se débrouille très bien seul, mais elle aurait voulu venir apporter son aide. Intervenir n’est pas une option. Quelques informations grappillées à droite à gauche l’ont mené à le suivre. Elle préfère tâter le terrain avant d’approcher son ancien élève. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette période là. Impossible de savoir comment il réagirait si elle allait directement à sa rencontre. En un sens, c’est compréhensible. Toute cette opération est risquée, elle sait très bien qu’on ne peut l’apercevoir en train d’aider ceux qui ne sont pas recensés. Maintenir sa couverture est le plus important. Ça aussi elle le sait. Ce qu’elle fait, elle le fait pour une cause qu’elle croit juste. Pour une cause qu’elle a choisi. Elle prend sur elle et feint de croire en des idéaux qui ne sont pas les siens. L’espionne ne se plaint pas pour autant, c’est ce qu’elle sait faire de mieux.
Un coup d’œil derrière elle lui permet de remarquer l’arrivée des militaires. Bientôt, le bâtiment serait cerné. Rapide et leste, elle quitte le toit, s’éloigne du périmètre. Habillée en civil, elle ne tarde pas à disparaître. Natasha a une idée assez précise de la suite des événements. Divers scénarios se pressent dans son esprit mais peu nombreux sont ceux qu’elle n’ignore pas. Elle ne croit pas que Kayden soit là pour chercher l’affrontement avec des hommes du gouvernement. Il ne serait pas venu seul si tel était le cas. Alors elle décide de se poster un peu plus loin. D’épier le ciel en espérant de le voir. En espérant ne pas perdre sa trace. Le soleil couchant la force à plisser les yeux. Quand enfin elle perçoit sa forme qui s’élève hors du bâtiment, la russe presse le pas, tâchant de le rattraper. S’arrêtant au coin d’une rue, son regard continue de suivre le brun tandis qu’il pénètre dans une maison. Elle lui laisse un peu de temps avant de remonter la rue et de se poster face à l’habitation.
Toquer n’est pas dans ses habitudes. S’annoncer ne l’est pas non plus. Mais s’introduire dans la demeure sans avertir et prendre l’homme par surprise pourrait donner lieu à un accident malheureux et regrettable. La rousse laisse l’option du crochetage de côté et lève le poing pour frapper délicatement contre la porte. Une fois. Deux fois. Trois fois. Elle se doute qu’il va faire le mort. Faire comme si l’endroit était vide. S’adossant à l’encadrure de la porte, veillant de ne pas reposer sur cette dernière, Natasha croise les bras et élève un peu la voix. « Je suis sûre que tu te demandes si tu vas ouvrir ou non. » Une pause. Son regard parcourt la rue déserte. Les gens sont sûrement en train de manger à cette heure. « Peut-être que tu devrais. Je le prendrais pas mal si tu refusais, mais je pense que tu devrais. » Sa voix reste calme. Pas de menaces, elle s’exprime sur le ton de la conversation. C’est pas franchement une adepte des grands discours mais elle poursuit. Encore et toujours. « Tu sais pourquoi ? C'est plutôt simple. Je dois avoir l'air suspecte actuellement. Il suffirait juste qu’un voisin soit du même avis que moi pour qu’il appelle les autorités. » C’est un pari risqué qu’elle prend là. Non seulement parce qu’elle n’a pas tout à fait tort sur ce dernier point. Puis aussi et surtout parce que Kayden pourrait en arriver à mal prendre la chose. Mais elle est résolue à ne pas entrer sans son accord. Elle n’est pas là pour se battre.
Dernière édition par Natalia A. Romanova le Sam 12 Aoû - 1:25, édité 2 fois
On toquait mais je restais immobile, me figeant sur place comme si je n'étais pas là. On toquait à nouveau et je tournais la tête vers la porte, à l'écoute de mes instincts. A la troisième fois une lame apparaissait dans ma main et je balayais la maison du regard. Je l'avais déjà fais en entrant, je connaissais mon terrain, mais une seconde fois ne faisait pas de mal. - « Je suis sûre que tu te demandes si tu vas ouvrir ou non. » - L'air sur mon visage perdait de sa méfiance en se fermant légèrement. Bouche entrouverte, gestes moins assurés. Mon père m'avait appris à rester sur mes gardes, mais elle m'avait montré comment faire et sa voix bafouait tout cet enseignement en quelques mots. - « Peut-être que tu devrais. Je le prendrais pas mal si tu refusais, mais je pense que tu devrais. » - Instinctivement j'allégeais mon propre poids et faisait des petits bonds pour me déplacer, étouffant le son de mes pas, pour me déplacer dans la maison et observer les alentours sans m'approcher de la porte d'entrée.
Personne.
« Tu sais pourquoi ? C'est plutôt simple. Je dois avoir l'air suspecte actuellement. Il suffirait juste qu’un voisin soit du même avis que moi pour qu’il appelle les autorités. » - Je tournais la tête vers la porte. Une menace? Oh elle ne s'y risquerait pas. Et à vrai dire elle ne faisait rien pour alerter qui que ce soit. Justement. Elle ne faisait rien. D'autres le feraient pour elle et c'était malin. Par réflexe j'aurais voulu lui dire de rester là, que je les attendrais... Mais je savais mieux que ça. Mon visage c'était fermé face à ce dilemme impossible. Je pouvais fuir ou je pouvais rester et me battre. Me battre n'impliquait pas nécessairement les militaires. Ça impliquait également faire face à Natasha. Un combat différent, certes, mais un combat néanmoins.
La porte s'ouvrait d'elle-même, lui offrant son entrée et je restais à distance. Depuis le salon je pouvais la voir arriver mais elle ne pouvait me voir qu'une fois entrée et lorsque je croisais son regard, la porte se refermait derrière elle avec douceur. - Est-ce que je devrais être surpris de te voir? - J'étais doué pour lire le visage des gens, pas nécessairement pour être difficile à lire et même si mon expression faciale était fermée, je savais que pour elle, ce serait un jeu d'enfant. Mes bras n'étaient pas croisés cependant, donc je n'étais pas sur la défensive. Pas encore. Pas en apparence en tout cas. - Soit tes collègues sont bien cachés, soit tu es seule... Dans les deux cas je me demande bien ce que tu fiches ici. - Il y avait bien des choses que les autorités ignoraient sur mes capacités, parce que j'avais eu la bonne conscience de compartimenter ce genre d'informations et c'était très bien comme ça. Le mystère à ce sujet me donnait un avantage certain.
Sur la défensive? Oui, en fin de compte, oui. Mais qui pourrait me blâmer...
Je n'avais pas la prétention de penser connaitre toutes ses combines et ses méthodes, bien trop d'imbéciles l'avaient sous estimés et c'étaient fais avoir. Je le savais parfaitement. Et il n'était pas question ici de savoir qui avait la plus grosse, là encore, on savait parfaitement la réponse à cette question. Mon calme relatif n'était qu'une apparence qui me permettait de réfléchir et je faisais quelques pas pour m'installer dans le fauteuil, une jambe se croisant sur l'autres sans la quitter des yeux une fois installé. Je faisais confiance à mes pouvoirs pour me prévenir du danger et jusqu'à preuve du contraire, je ne risquais rien pour le moment. Je ne comprenais pas tout à mes dons mais je savais au moins ça.
S'il te plait. - Lui avais-je dis en désignant le canapé à côté. Invitation simplissime. Je n'avais pas confiance. Plus maintenant. Plus depuis qu'elle avait choisi de rejoindre les rangs de ce meurtrier de masse. Si nous étions les monstres, eux étaient nos créateurs. Je jaugeais son regard probablement autant qu'elle jaugeait le mien et j'en oubliais même le sang qui tâchait mon visage. - Ce qui s'est passé dans l’entrepôt était mérité. Je n'ai pas à me justifier, certainement pas devant toi. - Bien sûr qu'elle l'avait vu, c'était évident. Et bien sûr que si. J'avais même besoin de justifier ce que j'avais fais, d'une façon ou d'une autre. Mais il y avait une rancœur dans ma voix, contre elle, que je n'avais pu camoufler. Une rancœur justifiée, de mon point de vue. Et à cet instant, c'était le seul point de vu que j'avais le luxe de m'offrir.
I listened. Did you ? I guess I did. Or maybe not. You know I always work on my own rules.
Ses yeux cessent de parcourir la rue. Il n’y a rien à voir de toute manière. Ils sont assez loin de l’entrepôt pour être sûrs que les militaires ne viendront pas. Elle a replié ses doigts contre le talon de la paume de sa main droite et inspecte à présent ses ongles. Qu’importe ce que Kayden doit bien penser à son sujet, ses intentions ne sont pas mauvaises. La jeune femme n’a aucune raison de paraître hostile. Qui plus est, elle a assez confiance en lui pour croire qu’il n’attaquerait pas à vue. Il lui reste juste à espérer qu’elle ne commet aucune erreur de jugement. Son comportement est imprudent et quiconque la connaissant ne serait-ce que de sa réputation ferait le même constat. Sa posture décontractée est bien vite abandonnée ; la porte s’est ouverte sur un hall d’entrée. Un coup d’œil à l’intérieur lui indique l’absence d’un accueil mouvementé. Pour l’instant en tout cas. Un autre coup d’œil pour la rue lui confirme l’absence d’éléments perturbateurs. Sans perdre plus de temps, Natasha franchit le pas de la porte, laissant retomber ses bras le long de son corps.
Elle ne le voit pas directement et il lui faut s’avancer un peu plus dans l’habitation pour enfin avoir un contact visuel. Aucun sourire ne pointe sur ses lèvres, il est sûrement trop tôt pour des familiarités de ce type. Romanoff se contente d’un hochement du chef. Bref mais courtois. Respectueux et sans la moindre provocation. « Kayden. » L’espionne se garde d’avoir l’air soulagée tandis qu’elle constate qu’il n’a pas l’air blessé. Ça aussi, c’est une chose qu’elle ne peut s’autoriser. La rouquine quitte l’homme du regard l’espace de quelques secondes, seulement pour constater que la porte vient de se refermer. « Est-ce que je devrais être surpris de te voir ? » La curiosité est lisible sur son faciès durant un court instant. Toute son attention est désormais portée sur le jeune homme. Devrait-il l’être ? Nonchalante, elle hausse les épaules, étudiant succinctement les lieux. « Je ne sais pas. Tu t’attendais à me voir ? Si non.. j’imagine que la réponse est oui. » Elle semble dissipée alors qu’elle s’arrête enfin d’avancer. Elle le toise, relevant seulement maintenant le sang sur son visage.
« Soit tes collègues sont bien cachés, soit tu es seule… dans les deux cas je me demande bien ce que tu fiches ici. » Elle n’est pas totalement entrée dans la pièce à vivre et se laisse retomber contre le mur, prenant appui sur son épaule. Ses bras sont à nouveau croisés et son expression est redevenue totalement neutre. Plus de regard qui se perd sur le mobilier et les décorations. Comme si elle venait de se rappeler que Kayden est son seul et unique interlocuteur. C’est le sujet qui fâche, le sujet qu’elle préfère ne pas aborder. Mais cette étape est nécessaire, elle ne peut que la repousser. Du moins, pouvait. L’ancienne espionne russe sait très bien que révéler sa véritable appartenance n’est pas tolérable. Peu importe celui qui lui fait face. Mieux que personne, Natasha sait que les murs ont des oreilles. « Admettons que mes collègues soient planqués quelque part dans le coin. Qu’est ce que tu ferais ? » Si elle souhaite tout de même connaître la réponse, la confiance que Kayden lui porte est limitée. Si ce n’est inexistante. Elle se reprend avant d’avoir pu obtenir cette fameuse réponse. Peut-être qu’elle lui redemanderait un jour. « Rassure toi, je suis seule. » Inutile de mentir sur ce point-ci après tout. D’autant plus que l’homme est tendu. Logique quand on se trouve dans sa situation après tout.
Ses prunelles ne le quitte pas tandis qu’il prend place sur un fauteuil du salon. « S’il te plait. » Sa démarche reste assurée lorsqu’elle s’approche pour prendre place. Refuser ça revient à refuser la discussion. Futile et contre-productif, elle ne cherche pas à discuter. C’est de manière décontractée qu’elle s’installe. Un bras est déployé le long du dossier du canapé et l’autre repose contre l’accoudoir. Silencieuse, elle le laisse enchaîner. « Ce qui s’est passé dans l’entrepôt était mérité. Je n’ai pas à me justifier, certainement pas devant toi. » Bien qu’affectée par la fin de sa phrase, elle ne le montre pas. À quoi bon ? Ça ne mènerait à rien. Alors elle se retient plutôt de laisser échapper un léger rire face aux justifications. Qui est-elle pour juger de toute manière. La rousse secoue faiblement la tête, s’autorisant cette fois un maigre sourire. Peut-être est-ce de la compassion. Rare chez Natasha, mais ça lui est arrivé de se justifier pour tout et rien. Alors elle comprend. « Détends toi. Tu n’as rien à craindre venant de moi. Je ne suis pas là pour te reprocher quoi que ce soit. » Les mains jointent, les coudes déposés sur ses genoux, elle se penche subtilement en avant, sûrement pour mieux l’observer. Avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, elle enchaîne. « Comment vas-tu ? Et avant que tu demandes. Oui, je suis là pour ça. Je ne vais pas non plus me vexer si tu choisis de ne pas me croire. » Son ton est doux, calme et maîtrisé. Un sourire désolé, presque triste, orne ses lèvres. Elle peut dire qu’il lui en veut. Mais encore une fois, elle comprend. Natasha aurait réagit exactement de la même manière. Ajouté à cela que l'homme ne dispose pas de toutes les informations, il est clair que ses agissements ne peuvent qu'être mal perçu.
Fuir. Attendre. Qui tirerait le premier? Auparavant j'aurais attendu pour me défendre mais maintenant je serais bien capable d'attaquer le premier. Si effectivement elle n'était pas seule. Néanmoins j'avais tendance à la croire sur ce point. Je la savais capable de mentir sur tout et rien avec un aplomb impossible, mais j'avais également mon propre instinct et je la croyais. Je ne me détendais pas pour autant, pas comme elle, en apparence. - « Détends toi. Tu n’as rien à craindre venant de moi. Je ne suis pas là pour te reprocher quoi que ce soit. » - J'ouvrais la bouche mais elle parlait avant moi. - « Comment vas-tu ? Et avant que tu demandes. Oui, je suis là pour ça. Je ne vais pas non plus me vexer si tu choisis de ne pas me croire. » - Il manquerait plus que ça. - Lâchais-je, agacé, tout en me relevant. Non, finalement je ne pouvais pas rester assis comme ça, pas avec elle en face. Soit la méfiance soit la trahison, mais j'avais du mal à tenir en place en sa présence.
Je me rapprochais de la fenêtre, lui tournais presque le dos, observant l'extérieur depuis la face cachée d'un pilier en bois. Je ressentais toujours la détresse de Wanda, au fond de moi. Comme l'écho d'un souvenir, quelque chose de diffus. Ça ne m'affectait pas vraiment, il n'y avait pas de confusion, mais je savais ce qu'elle ressentait et ça me faisait du mal. Depuis l'attaque de la Confrérie, ça ne m'avait jamais vraiment quitté et l'activité... Et bien c'était mon seul moyen de tenir ma tête occupée. Je ne voyais rien à l'extérieur, rien d'inquiétant. Et en soit je ne devrais pas en être étonné, après tout j'avais voulu m'éloigner de l’entrepôt et des militaires. Me cacher ici avait été mon but. Qu'elle me retrouve, pas vraiment. Je soupirais en baissant le regard vers un meuble sur lequel tonnait la photo d'une famille. Petite famille éclectique, un homme et une femme et un jeune garçon asiatique. Je supposais adoption. - A ton avis... - Je ne voulais pas répondre. Je voulais garder le silence en guise de réponse. Sauf que... Peut-être n'était-ce pas vraiment ce que je voulais au fond.
Je relevais le regard, toujours tourné vers l'extérieur. - Je suis en cavale, considéré comme un terroriste par pour ainsi dire tout le monde. On m'a volé ma liberté et mes proches. On me traque comme un animal. - Mon regard se voilai un instant... - Drôle comme l'histoire à ce don de se répéter elle-même... - Terroriste ou traître à la nation. En fuite ou enchaîné. Séparé de Wanda, encore. D'Alan, de Pietro, de Warren. Hydra ou le gouvernement. Quelle différence est-ce que ça faisait vraiment désormais? Je tournais mon regard vers elle, visiblement outré. Déçu aussi. - Tu prends part à ce bordel, tu as choisi de prend part à ce massacre et tu oses me demander comment je vais? - Je levais mon pouce, un sourire exagéré et faux sur les lèvres. - Super! Merci! - Mafieux russe ou espionne russe? Voilà un nouveau parallèle amusant tiens. A croire qu'à jamais, les russes allaient vouloir ma peau...
I listened. Did you ? I guess I did. Or maybe not. You know I always work on my own rules.
« Il ne manquerait plus que ça. » Il se relève alors que les mots sont prononcés, et la rouquine se renfrogne, esquissant le temps de quelques secondes un rictus désappointé. Mauvaise approche, donc. Les choses auraient été plus facile si elle avait simplement pu lui expliquer les choses, s’asseoir, parler comme des personnes civilisées. Encore aurait-il fallu qu’il accepte de parler. Peut-être faut-il lui laisser du temps. Ce genre de discussions ne sont pas son fort. Si écrire des rapports est quelque chose que Natasha maîtrise, elle n’a pas pour habitude de s’expliquer, de justifier ses actes de cette manière. Certains crieraient sûrement à la déformation professionnelle ou quelque chose dans le genre. Soupirant longuement, l’espionne passe une main dans ses boucles rousses, remettant vaguement de l’ordre dans sa chevelure. Elle se redresse dans le canapé, reprenant une posture moins détendue, le dos droit, les mains jointent reposant sur ses cuisses. Ses yeux suivent les mouvements du jeune homme alors qu’elle reste immobile, dans l’attente d’une réaction, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Elle veut juste.. quelque chose. « A ton avis... » Pourtant habituée à masquer ses réactions, Romanoff ne cache pas son appréhension, se triturant doucement les doigts alors qu’il marque un temps d’arrêt. Elle veut prouver son honnêteté et ce n’est pas en refoulant ses réactions qu’elle y arrivera, n’est-ce pas ? « Je suis en cavale, considéré comme un terroriste par pour ainsi dire tout le monde. On m’a volé ma liberté et mes proches. On me traque comme un animal. Drôle comme l’histoire à ce don de se répéter elle-même... » Natasha prend une longue inspiration, laissant ses yeux se clore un instant. Elle qui voulait faire preuve d’honnêteté, Kayden vient juste de lui en fournir un bel exemple. C’est franc, douloureux et réel. Pas de mensonge, pas de semi-vérité, juste la dure réalité.
Son regard s’abaisse. Il s’est tourné vers elle et la russe reste muette, relevant les yeux pour croiser les siens. Et c’est de la déception qu’elle voit. De la déception qu’elle entend dans sa voix. « Tu prends part à ce bordel, tu as choisi de prendre part à ce massacre et tu oses me demander comment je vais ? » Pendant un court moment, Natasha en vient même à regretter de ne pas être venue armée. De ne pas avoir prit de précautions supplémentaires. Puis la pensée est refoulée, elle n’est pas venue pour ça. Elle ne se battra pas contre lui. Elle détourne le regard tandis qu’il lève son pouce, l’idée de tout lui révéler sans plus y réfléchir traverse son esprit, tentatrice. Mais tout est trop risqué à présent. « Super ! Merci ! » Un nouveau long soupir franchit la barrière de ses lèvres et elle enfouit son visage dans la paume de ses mains, réfléchissant chacun de ses mots pour ne pas reproduire la même erreur. Bordel. Ils œuvrent pour le même camp et si l’illusion de son appartenance à l’équipe de Stark reste parfaite, elle tâche encore de se figurer comment lui faire comprendre ce qu’elle ne peut directement énoncer. « On a tous notre rôle à jouer là dedans. » Un nouvelle inspiration est prise alors qu’elle enchaîne. « J’imagine que le mien est juste différent du tien. » La rousse espère qu’il puisse comprendre. Elle se refuse d’être entièrement explicite sur le sujet. Finalement elle se redresse aussi, les gestes lents, prudents. « Je vais voir si il y a de quoi faire du thé ici. Peut-être que tu en veux un ? » Si seulement elle parvenait à adoucir la situation, détendre l’atmosphère. Mais pour une fois, elle se refuse d’utiliser toute forme de tromperie ou de manipulation. Juste elle et lui, pas de coup fait en douce, rien. Toujours sans gestes brusques, elle se déplace vers ce qu'elle croit être la cuisine.
« On a tous notre rôle à jouer là dedans. » - Ma langue claquait comme pour chasser le son qui sortait de sa bouche. Rationaliser. Pas à moi. Je n'avais que 26 ans et j'en avais trop vu, trop subi et trop fait qu'on puisse rationaliser. - « J’imagine que le mien est juste différent du tien. » - Tout ce que j'aurais pu répondre était empreint d'une amertume trop vive aussi je préférais me taire. Elle divisait, je tentais de réunir. Elle emprisonnait, chassait, tuait pendant que moi j'essayais de sauver et protéger. Comment tout avait pu autant changer? Comment mon professeur, mon enseignante, avait pu devenir mon ennemi? J'avais confiance, mais comme d'habitude, comme pour chaque chose dans ma vie: la confiance était surfaite. J'expérimentais à nouveau des sentiments que j'avais enfoui loin, là-bas en Sokovie. Des années s'étaient écoulées entre temps et ça revenait me hanter. Et sans Warren à mes côtés, sans Alan, sans Wanda ou Pietro je n'étais pas sur que je pourrais le supporter.
« Je vais voir si il y a de quoi faire du thé ici. Peut-être que tu en veux un ? » - Je grognais faute de mieux, elle le prendrait comme elle voulait. Mon attention était plongée vers l'extérieur, comme une fuite de l'esprit, et même si j'aurais surement dû surveiller ce qu'elle faisait je n'en faisais rien. A vrai dire ma première pensée avait été "poison", mais je pensais une seconde après que non seulement ça ne me ferait rien mais surtout, elle le savait. Parfois je me sentais invincible. Parfois je me souvenais de mes faiblesses. Parfois mes faiblesses me foutaient au sol. Et quoi qu'il en soit, dans chacune de ces situations, il me fallait me relever. Et le poids sur mes épaules, réel comme imaginé, était juste tellement lourd... Je finissais par abandonner mon poste pour me diriger vers la cuisine, paradoxalement attiré par la compagnie, ou le souvenir de cette compagnie. Un sursaut d'espoir ou de stupidité. Comme une présence à la fois familière et inquiétante. C'était une situation que je détestais, ne pas savoir sur quel pied danser avec une personne.
Ma mère m'avait appris à éviter ça. Ma mère n'était plus là pour m'aider. Je n'osais même pas me demander ce qu'elle penserait de tout ça si elle était encore là. Ce qu'elle aurait pensé de ce que j'avais fais dans cet entrepôt à peine une vingtaine de minutes plus tôt. Est-ce qu'elle m'aurait approuvé? Détesté? - Comment est-ce que ton rôle peut être de traquer des jeunes pour les parquer comme des animaux? - Je contrôlais l'amertume dans ma voix, pas dans mes mots. - Comment tu peux participer à ça après tout ce temps passé à défendre et protéger? - Je passais ma main dans mes cheveux, une mèche collée par du sang bloquant mon geste en une douleur vive. - J'arrive pas à comprendre comment tu as pu changer comme ça. Aussi vite aussi radicalement. - Je posais mon regard sur l'eau qui fumait sur le gaz allumé, pensif. - Ou alors je ne t'ai peut-être jamais connu réellement... - Et quoi que ça n'aurait pas été plus étonnant que ça en soit, c'était une idée qui ne me plaisait pas. Pas du tout.
I listened. Did you ? I guess I did. Or maybe not. You know I always work on my own rules.
Natasha réprime un moue contrariée face aux différentes réactions du jeune homme. En venant ici, elle ne s’est certes, pas attendue à de grandes retrouvailles ou d’embrassades chaleureuses. Ce n’est pas comme si elle donnait dans ça après tout. Ce n’est pas ce qu’elle fait. Et pourtant, elle aurait aimé ne pas avoir besoin de mentir, ne pas avoir l’habitude de mentir sur tout et rien sous prétexte de se protéger. Alors qu’elle se dirige vers la cuisine, la rouquine en vient à se rendre compte qu’au final, elle a plus besoin de quelques secondes pour rassembler ses idées loin du regard de Kayden que d’un thé. Excepté pour Steve qui connaissait les faits, est-ce que tous ceux qui avaient rejoint la Rogue Nation porteraient ce même regard sur elle ? L’espionne n’est clairement pas du genre à ce soucier de ces détails. Habituellement. Peut-être a-t-elle changé plus que ce qu’elle ne s’autorise à croire après tout. Incapable de réellement statuer sur la question, elle prend une inspiration avant de se reconcentrer sur ce thé. Fouillant rapidement la pièce, elle s’empare d’une casserole qu’elle ne tarde pas à remplir d’eau pour la mettre sur le feu.
Peut-être qu’elle n’aurait pas dû venir. Peut-être qu’elle devrait partir. S’excuser ? Elle secoue la tête, chassant ces idées de son esprit. A-t-elle tant joué avec diverses identités qu’elle ne sait plus qui être ? Aujourd’hui plus que jamais, Natasha sait que ce genre de doutes ne sont pas acceptables. Elle n’a pas le droit, trop de choses sont en jeu. Enfin, elle reporte toute son attention sur le thé, le léger son des pas de Kayden qui vient vers elle l’aidant presque à se recentrer entièrement sur la situation. « Comment est-ce que ton rôle peut être de traquer des jeunes pour les parquer comme des animaux ? » Sa prise sur le sachet de thé dans sa main se resserre alors que les mots sont lancés. « Comment tu peux participer à ça après tout ce temps passé à défendre et protéger ? » La russe inspire doucement, tâchant de se contenir alors qu’elle se tourne pour lui faire face. Pour qu’il cesse, elle aurait laissé la vérité éclater. Au lieu de ça, elle tente de l’arrêter d’une voix peut-être trop faiblarde à son goût. « Kayden- » Mais il continue. « J’arrive pas à comprendre comment tu as pu changer comme ça. Aussi vite, aussi radicalement. Ou alors je ne t’ai peut-être jamais connu réellement... » Cette fois, c’est un regard résolu que Romanoff porte sur lui, une lueur de défi dans les prunelles. « Je pensais que tu savais mieux que ça. Je suis sûrement celle qui me suis le plus trompée dans cette histoire j’imagine. » Un sourire désabusé étire ses commissures tandis qu’elle ajoute quelques mots. « Je pourrais rien faire de plus pour toi tant que t’auras pas apprit à envisager toutes les options. » Malgré tout, Natasha tient au fait de ne pas se dévoiler volontairement. Si ce n’est pas aujourd’hui, peut-être qu’un jour il finira par comprendre. Un énième soupir finit par franchir la barrière de ses lèvres. « Quoi que tu as sûrement raison. » Négligemment, elle lance le sachet de thé qu’elle n’a pas cessé de serrer entre des doigts sur le comptoir. « Je ferais peut-être mieux de partir. » L’eau vient de commencer à bouillir et il n’y prête pas la moindre attention alors qu’elle tâche de sortir de la cuisine en évitant Kayden, le regard à nouveau dur, presque inexpressif comme il aurait dû rester initialement.
« Je pensais que tu savais mieux que ça. Je suis sûrement celle qui me suis le plus trompée dans cette histoire j’imagine. » - Mon regard ne la lâchait pas et je ne pouvais rater son fin sourire. - « Je pourrais rien faire de plus pour toi tant que t’auras pas apprit à envisager toutes les options. » - Options? Les options elles étaient simples pourtant. Se battre ou abdiquer à cette ignominie. C'était pas plus compliqué que ça. Elle avait choisi d'abdiquer. - « Quoi que tu as sûrement raison. » - Quoi encore? - « Je ferais peut-être mieux de partir. » - C'est ça. Je ne lui offrais pas le moindre regard une fois le sachet de thé jeté sur le comptoir, pas la moindre considération ni attention. Elle passait à côté de moi et je restais le regard rivé droit devant. Dans mon dos, j'entendais la porte s'ouvrir: je l'avais ouverte par la pensée. Autant joindre le geste à la parole, même si au final je n'avais pas bougé d'un cil. - Tu es déjà parti de toute façon.
Je faisais quelques pas en avant pour creuser la distance entre nous, mon regard observant l'extérieur à travers la fenêtre de la cuisine et ce que je voyais me faisait froncer les sourcils. Finalement un soupir dans un sourire franchissait mes lèvres et je me retournais, mon visage exprimant une évidence. - Si tu étais parti avant, j'aurais peut-être pu te croire. - J'appuyais mon épaule contre un meuble, pas plus inquiété que ça. Tant que je ne ressentais pas le danger, je n'avais pas besoin de paniquer. Et je ne paniquais jamais. - Tu gagnais du temps? C'est malin. - Dans mon dos, à l'extérieur, une silhouette. Puis une autre. Uniformes noirs, M16 à la main, mouvements rapides et précis. Des soldats. Les soldats de l’entrepôt. Ils avaient dû étendre les recherches, ou traquer quelque chose en particulier. Comment m'avaient-ils trouvé? Ça semblait évident pourtant. Elle m'avait trouvé. Les autres avaient dû suivre. Elle les avait même peut-être, surement, alerté. Ça semblait clair au final.
Mais alors qu'attendaient-il pour venir? Mon visage était connu maintenant, ils hésitaient peut-être. Ou alors... - Ils attendent ton ordre pour attaquer? - Tous les éléments métalliques de la cuisine s'étaient mis à vibrer si doucement que c'en était imperceptible. Pourtant j'étendais un voile electro-magnétique pour brouiller les communications autour de la maison. Et en fin de compte, tout l'électronique en général. J'avais jeté mon téléphone dans l'Hudson le jour de ma fuite, j'avais abandonné de porte quoi que ce soit d'électronique depuis longtemps maintenant. Pourquoi faire? C'était détectable, piratable, Tony pourrait nous trouver et je ne pourrais même pas appeler mon mec. Pourquoi faire alors? D'un regard j'en voyais plusieurs se rapprocher de la maison, l'un à la suite de l'autre. - Ah bah non, ils attendent pas après toi finalement.
I listened. Did you ? I guess I did. Or maybe not. You know I always work on my own rules.
Il ne réagit pas alors que la rousse le dépasse. Si elle s’attendait à cette réaction, elle avait encore l’espoir qu’il comprenne immédiatement, qu’il la retienne. Mais non. C’est presque à contre cœur qu’elle poursuit son chemin, la porte s’est ouverte -sûrement son œuvre- alors qu’il s’exprime. « Tu es déjà parti de toute façon. » Les poings serrés, la jointure de ses doigts encore plus pâle qu’habituellement, elle lutte contre son hésitation. Elle est probablement trop fière pour céder, il est sûrement trop tôt pour une réelle confrontation. Et pourtant, il parvient à retenir son attention. « Si tu étais parti avant, j’aurais peut-être pu te croire. » C’est amplement suffisant pour l’arrêter. Natasha ne fait pas demi tour cependant. Pas encore. Elle attend une suite qui ne tarde pas. « Tu gagnais du temps ? C’est malin. » Du temps ? Son front se plisse alors que cette fois-ci, elle fait marche arrière et revient dans la cuisine. Il lui faut un léger instant pour comprendre, jusqu’à ce qu’elle aperçoive une ombre, puis une seconde. Elle étouffe un juron en russe avant de se retourner vers Kayden, tâchant de paraître sincère parce que pour une fois, elle l’est entièrement. « Je suis venue seule. » Durant quelques secondes, elle ferme les yeux, plus le temps pour les sentiments, il lui faut agir si elle ne veut pas que les choses tournent mal.
Sans plus attendre, elle se hâte vers le salon et attrape un post-it ainsi qu’un stylo sur le buffet, d’une écriture désordonnée mais lisible, elle gribouille un numéro, tâchant de réfléchir à la suite. « Ils attendent ton ordre pour attaquer ? » Refoulant un soupir dès son retour dans la cuisine, elle s’approche de lui, lui fourrant le morceau de papier dans la main, seulement pressée d’exécuter les étapes d’un plan bancal établi en quelques secondes. « Non. C'est une ligne sécurisée, si jamais tu as besoin d'aide ou de simplement parler.. » Elle ne cherche même pas à s’étaler sur le sujet des soldats. Elle n’en sait pas plus que lui de toute manière. Le plus important reste le numéro. C’est celui qu’elle utilise en ce moment. Il lui faut changer régulièrement, la crainte de se faire griller restant trop présente. Comme si ils avaient besoin de ça, Kayden continue sur son chemin de la mauvaise foi alors qu’elle lui jette un regard las. Ils n’ont pas le temps de jouer. « Ah bah non, ils attendant pas après toi finalement. » Ils n’ont plus beaucoup de temps pour se décider, ni même pour débattre sur quoi faire. Quoi que, le jeune homme n’ait de toute manière pas l’air de vouloir s’étaler sur la question. Peut-être est-ce une bonne chose. Impossible de statuer sur ça pour l’instant. « Encore une fois, je suis venue seule. Ils sont pas avec moi. » Pour une raison qu’elle semble encore ignorer, Natasha reste attachée à l’idée de se défendre. Puéril, certes, mais elle y tient. Enfin, la rouquine lève un regard des plus sérieux sur l’homme. « Je vais avoir besoin que tu me cognes. Ou que tu utilises tes pouvoirs sur moi, peu importe, tant que ça a l’air réel. Ensuite, tu te tires, je m’occupe du reste. » Elle prend du recul par rapport à son ancien élève, plongeant son regard dans le sien. « J’espère juste que tu comprendras pourquoi je fais tout ça. » Avec l’appréhension de ce qui allait lui tomber dessus, elle tâche de se rassurer. C’est pas vraiment comme si un autre choix se présentait à eux après tout.
Le papier dans ma main me tirait un air surpris. Je ne pouvais pas le nier. C'était quoi? La hotline des espions traîtres? J'étais pas certain de comment réagir mais je n'en avais de toute façon ni le temps ni l'envie. Les soldats bougeaient et Natasha tentait de confirmer qu'elle n'y était pour rien: et je ne la croyais pas. Comment le pourrais-je? Tout pointait dans l'autre direction. Absolument tout, et j'avais bien du mal à voir un bon côté à tout ça. - « Je vais avoir besoin que tu me cognes. Ou que tu utilises tes pouvoirs sur moi, peu importe, tant que ça a l’air réel. Ensuite, tu te tires, je m’occupe du reste. » - Pardon? - Cette fois l'expression de surprise se muait en une incompréhension immédiate. Mais c'était quoi son problème? Je n'étais pas sûr de comprendre, pas sur de vouloir le faire également. Je la fixais, incrédule, et me souvenais du papier dans ma main avant d'y porter mon attention. Lorsque la porte du fond était enfoncée avec fracas j'inspirais et bloquais. - Fuck that.
D'un geste de la main, mon pouvoir emportait Natasha à l'extérieur, violemment, et elle traversait tout le couloir de l'entrée pour traversait l'encadrement de la porte ouverte et rouler, sans la moindre douceur, sur le parvis et l'allée de dalles. Les balles fusaient déjà mais un bouclier me protégeait et elles rebondissaient dessus dans un son dérangeant qui ne me tirait pas la moindre réaction. A vrai dire, je fourrais l papier dans ma poche, pensif, et c'est seulement lorsque deux câbles de tasers se plantaient dans mon dos que je relevais la tête. Une faille? Et puis quoi encore. L'électricité ne me faisait rien aussi d'un simple geste j'envoyais les aiguillons se planter dans le corps de leur propriétaire, et d'un autre j'étendais mon bouclier pour comprimer les tireurs contre un mur. Et finalement, mon estomac se tordait. - « Crève... » - Je tournais la tête vers l'un des tireurs et voyait rouler une grenade. Mon sang ne faisait qu'un tour et j'avais tout juste le temps de restructurer le frigo devant moi en un large bouclier pour me protéger de l'explosion qui soufflait les fenêtres et une partie du plafond.
Profitant du bordel, j'utilisais le frigo modifié comme d'un bélier et fonçait vers le haut, traversant le plafond endommagé et le toit avant de m'enfuir vers le ciel, abandonnant le métal qui chutait immanquablement. Je gagnais les premiers nuages et m'éloignais vers le nord au plus vite que je le pouvais. Je voulais m'éloigner de cette zone, m'éloigner des soldats, des tirs. M'éloigner d'elle. Dans ma poche j'avais un numéro, une preuve. Je n'étais pas sur de quoi, mais il était bien réel, je pouvais le sentir à travers le tissus du vêtement. Je n'étais pas sur de ce qu'il représentait vraiment, et tant que je ne voyais pas les décombres de la X-mansion, j'essayais seulement de ne pas y penser. Puis lorsque je passais les frontières du domaine, comme pour ne pas oublier, je bifurquais. Je risquais toujours d'être suivi donc je faisais plusieurs détours, balançant de quoi brouiller les pistes de façon aléatoire. J'avais l'habitude maintenant, et un corps seul, à basse altitude, n'éveillait aucun radar. Je retrouvais finalement le chemin de la base, le papier dans ma poche, le cerveau en ébullition à tenter de comprendre ce qui s'était passé. Quelqu'un allait me devoir des réponses, restait encore à décider de qui il s'agirait.