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 Screeming on the inside. || Solo

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Prisoners • trapped & forgotten
Alec T. Jameson
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Screeming on the inside.
Ft. My consciousness


Un lit? Non, pas un lit. Le sol aurait été plus confortable peut-être. Je devrais peut être essayer. C'était même peut-être ma place. Allongé là, à ma place, silencieux, je fixais le plafond à travers l'épais bloc de verre qui constituait cette cellule. Je n'arrivais pas à dormir, je ne me le permettais pas et mon cerveau ne cessait de me le rappeler. Dans un des lits voisins, le professeur Xavier s'agitait et je soupirais. Parfois je parvenais à voir au-delà de ce plafond. Il me semblait même avoir entrevu Aaron mais c'était sporadique. Bien plus difficile ici. Je ne savais pas ce qui causait ça mais ça avait aussi diminué mes pulsions, de quoi rendre la cohabitation moins compliquée car entre Logan et Isaak, j'étais loin d'être en sécurité.

Pour autant, ce détail était loin d'être mon plus gros soucis. A vrai dire je serais certainement capable de les rabrouer le cas échéant car mes pensées étaient ailleurs. Xavier l'avait vu, il l'avait forcément vu. Je me rejouais cette scène, encore et encore, inlassablement. Le souvenir de ce moment ne me quittait pas. Il me hantait et plus je le revoyais, plus il me semblait violent. Moins il me ressemblait. Tout ces gens qui étaient morts. Tout ces gens tombés.

Tout ces hommes que j'avais tué.

Je fermais les yeux, voyant encore à travers mes paupières le plafond assombri. Le soir de l'attaque. L'horreur et la mort. La réalité. Encore une fois. Le souvenir revenait hanter mes pensées et je me revoyais dans un autre lit, dans une autre cellule, dans un autre souterrain. Je me voyais bondir de mon lit lorsque l'alarme avait retenti. Je me revoyais balayer la base de mon regard pour y voir tous ces intrus. Des soldats. Des sentinelles. Du sang et des cadavres. Encore. Je m'étais habillé en vitesse, avais foutu mon sac sur mon dos. Ce sac à dos, toujours planqué sous mon lit. L'entrainement forcé avait au moins eu l'avantage de diminuer ma surprise. J'avais peur, oui, mais j'agissais moins précipitamment. Ça payait mais ce n'était pas suffisant. Je ne comptais pas aller au front. Pas cette fois. Cette fois d'une certaine manière je savais que c'était vrai, que c'était réel. Ma colère avait été évacuée lors du rêve, un peu, et je ne ressentais pas la pulsion du combat. Je ressentais ce bon vieux réflexe. La fuite. La terreur. Sauver ma vie quitte à laisser les autres en plan.

Dans la cohue j'avais perdu Aaron des yeux mais je me disais entre deux frayeurs que Maddy était bien là où elle était. Ailleurs. Loin du danger.
J'avais voulu fuir, rejoindre la sortie de secours, le tunnel vers l'autre côté de la montagne. J'avais échoué. Ils étaient partout, ils tiraient à tout va, éliminait autant qu'ils neutralisaient. Coincé, j'avais été forcé de partir dans l'autre sens, courir. J'avais vu Peter. Ce jeune mutant qui avait sauvé Aaron à l'institut. Que j'avais moi-même sorti de là-bas. Je l'avais vu se prendre une balle. S'écrouler dans une marre de sang, enveloppé de son halo vert. Un gosse. Mort. Sous mes yeux. J'avais fuis plus vite avant de débouler précisément là où je ne voulais pas être. Le front.

Mes mains se ressaient dans mon lit pour former mes poings. Je grimaçais en revoyant cette scène, comme si je le vivais vraiment. Comme si la douleur revenait.

La balle qui avait perforé mon abdomen avait été l'origine de mon cri et de ma chute. La brûlure insoutenable. Le sang s'écoulant, interminable et angoissant. Elle avait traversé mon corps pour aller tomber un peu plus loin, écorchant le sac par la même occasion. Rapidement la douleur s'était éteinte pour mieux laisser la place à une froideur improbable et j'avais perdu pied. L'état de choc évident maintenant que j'y repensais, mais sur le moment j'étais juste tombé à genoux. J'avais perdu le sens de l'ouïe, oublié le son des balles et des cris. Des explosions.
Qu'est-ce que je foutais là. Pourquoi en étais-je arrivé là? J'allais mourir là, tué par un type masqué, déjà sous terre? Pourquoi? Est-ce que c'était écrit? La faute à qui?

La faute à eux.

Ma main plaqué sur la blessure, je sentais le sang couler entre mes doigts. Et dans mon ventre, dans mon cœur, je sentais la colère remonter. Celle qui m'avait animé durant des mois. Celle qui avait motivé mes entrainement avec Robb, qui avait justifié cette détermination. Celle qui avait expliqué que je sois resté alors que Maddy était partie. Le besoin de combattre. De frapper. De me venger.
Oui. La vengeance.
Plus que jamais, les idées de Magneto avait raisonné en moi et maintenant regardez où j'en étais rendu? Pourquoi j'en étais là? Colère ou raisonnement? L'une était une faiblesse, l'autre était juste flippant. Mais là encore, j'étais bien incapable de savoir, ou plus précisément, j'étais bien incapable de vouloir le savoir.

Car tout c'était passé très vite. Plus de soldats. Plus de tirs. Plus de mort. Tad qui reçoit une dose d'Eraser. Les autres déjà au sol ou déjà ailleurs. L'espace d'une seconde, le temps c'était déroulé avec une lenteur impossible. Alec! avait-elle crié. C'était Logan la première fois qui avait crié mon nom lors de l'entrainement, pour me dire de partir. Mais cette fois c'était Rachel, et elle m'avait demandé l'impossible. Mais cet impossible, ma rage l'avait accepté. J'avais senti son pouvoir, son influence. Je l'avais senti jouer du mien, le manipuler pour l'augmenter. C'était comme une nouvelle perception, un nouveau sens que je n'avais jamais ressenti auparavant. Elle m'avait fait oublier la douleur et le sang. Il n'y avait alors plus eu que mes yeux, leur scintillement et les autres.

La lueur des paillettes dorées s'était alors faite plus forte. Un halo lumineux qui avait agit comme un phare, attirant l'attention de tout le monde et alors je l'avais fais. Combien étaient-ils? Combien de soldats? Combien d'hommes? D'humains? De personnes que j'aurais dis innocents auparavant. Après tout ils suivaient les ordres. Mais ces ordres... Ils acceptaient de les suivre, ça les rendait aussi coupable que leurs commandants. Aussi tributaire de leurs horreurs. Aussi méritant de mon regard. Car tous ces soldats, tous ceux que je pouvais voir, je les influençais. Cette fois ça n'avait pas été passif, ça n'avait pas été une erreur ni un accident. Cette fois la rage et le désespoir que mon cœur avait subi tout ce temps, mon regard le transmettait. Comme à l'entrainement, comme dans ce rêve forcé... mais tellement plus grand. Tellement plus vaste.

Tellement plus horrible.

J'avais tout juste eu le temps de sentir mes jambes céder sous mon propre poids que les balles filaient. Le son des coups de feu, bruit lointain à mes oreilles, se répercutaient dans le souterrain alors que tout ces gens tiraient. Certains contre leurs propres camarades, d'autres directement dans leur propre bouche. Le plafond tapissé de cervelle et de sang. Le rouge devenant la seule couleur que je pouvais voir. Du sol où je gisais, dans mon propre sang, mon regard pouvait tout voir. Mais cette fois je ne voyais pas les mutants et les enfants. Cette fois je voyais mon oeuvre. Mes victimes. Mon horreur.

Deux larmes roulaient sur mes joues alors que je me retournais dans le lit. Je tournais le dos aux autres, ignorant celui qui se trouvait dans le lit suivant, peu importe qui ça pouvait être. A ce stade je ne savais plus vraiment où j'étais, mon esprit scindé en deux entre cette cellule et le souvenir de mon acte. Je me recroquevillais sur moi-même, le cœur serré. J'avais envie de hurler et au lieu de ça je grognais en silence, les larmes roulant encore. Le rouge gagnait mes joues. Encore ce rouge alors que je m'obligeais à ne plus respirer pour ne pas hurler. Mon estomac retourné, je serrais les dents pour ne pas succomber à la tentation. Mes mains montaient pour tirer mes cheveux et je fermais les yeux, plissais les paupières aussi fort que je le pouvais.

J'avais forcé des dizaines d'hommes à se donner la mort. A s'entre-tuer ou à se tuer entre eux. J'étais devenu en l'espace de quelques secondes un meurtrier de masse. Un monstre. Le même genre de monstre pour lequel toute cette chasse aux sorcières avait débuté au départ. Mais au départ je me disais que je ne risquais rien, parce que je n'étais personne. Je n'étais qu'un jeune anglais dur à vivre mais qui vivais sa vie.

Et maintenant... Meurtrier. Super-criminel. Prisonnier d'un centre pénitencier extraordinaire.

Moi.

Alec.

La voilà ma nouvelle réalité.
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