it's a revolution, i suppose not affiliated • leave me alone | | | Nous progressons dans le couloir. Jessica derrière moi, mon reflet contre le mur à ma gauche. Le bout de mes doigts contre la tapisserie percée d'impacts. Les bruits de pas se sont éloignés, et les coups de feu avec eux. Jessica n'entend pas ce que la dame chimérique qui m'accompagne lui dit, et quant à moi, je redécouvre les lieux avec un regard nouveau, un regard différent. Les portes sont toutes ouvertes alors que d'ordinaire, elles ne le sont pas. Elles ne le sont jamais. J'en ferme deux, trois puis je baisse les yeux sur cet obstacle qui m'empêche d'avancer. Comment s'appelle-t-il ? Je me mets à genoux, Jessica part en avant et ma main frôle une mèche de cheveux salie par le sang. Je l'écarte de son regard et regarde l'élève allongé au sol, celui-là même qui m'avait montré où se trouvait la bibliothèque quand j'avais prétexté me perdre, pour entamer un contact. Ses yeux sont ouverts, je me mords l'index de la main droite, furieusement. De la main gauche, je couvre son regard et lui fais fermer les yeux. Je me redresse, passe au-dessus de lui. Il ne se remet pas debout, je fronce les sourcils en observant sa silhouette immobile, qui dort d'un sommeil trop profond. Une nouvelle porte à fermer, sans occupant. Une nouvelle porte... je la pousse d'un mouvement sec du coude et retiens mon souffle quand je vois un homme vêtu de noir empalé contre le mur, prisonnier d'un javelot glacé qui n'a même pas commencé à fondre. Il fait froid dans cette pièce, il a toujours fait froid dans cette pièce... Mais ce frisson que je ressens, il n'est pas dû à la température. Je tends le bras sur le côté pour dessiner l'oiseau de glace que l'on m'avait offert à mon arrivé ici. Il est gigantesque, disproportionné mais il camoufle Emma et son chignon blond. Je porte mon index à ma tempe, il a toujours fait froid ici et pourtant, quand je respire, rien. Le froid glacial qui trahissait leur présence semble s'être évaporée avec le silence de la nuit que j'affectionnais. Des coups de feu à l'extérieur, je tends la main vers la fenêtre. L'oiseau déploie ses ailes sur toute la longueur de la chambre. Je n'ai pas le droit de venir ici, j'imagine. Et pourtant, il doit sortir n'est-ce pas ? Pourquoi est-ce qu'il ne sort pas ? Je m'assieds sur le sol, hésite un moment et pose ma main contre celle du Professeur Drake. Je la retire brutalement, comme piqué par ce froid anormal et finalement, je l'y reglisse. Je me penche vers lui, ferme les yeux et lui souffle « Mons... Monsieur... D... D... Drake... Il il il faut... » Je lui désigne l'encadrement de la porte dans lequel se trouve Jessica. Elle a dessiné un tunnel dans le couloir. Mais nous ne pouvons pas partir sans lui. Pourquoi est-ce qu'il ne se redresse pas ? Pourquoi est-ce que ses plaies n'ont pas été soignées ? Ma main libre vient se poser à plat contre son torse. L'oiseau chimérique se place devant la fenêtre, essayant d'empêcher les appels des Sentinelles, pour que nous ne les entendions jamais plus. Pour que lui ne les entende pas... Je reste ainsi près de lui, ma main dans la sienne. Elle entrouvre les lèvr... L'aile Est vient d'exploser. |
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