Honnêtement ? Tout ça l'ennuyait. Si Braiden ne lui avait pas demandé, jamais elle n'aurait rejoint ce groupe. Elle soupira avant de gonfler les joues tout en fronçant les sourcils. Ce sale fils de sa maman de Braiden ! C'est lui qui devrait lui accorder des faveurs pas l'inverse ! Mais nooooon, comme d'habitude sa grande bonté d'âme la perdait et elle se retrouvait dans un groupe de tarés. Son "ami" n'était d'ailleurs même pas là pour souffrir avec elle alors qu'ils allaient essayer leur nouvelle tenue. Pas qu'ils ne soient pas sympas, loin de là. Walter, par exemple, était vraiment quelqu'un de marrant mais, bordel, ses comptines étaient insupportables ! Et, il chantait faux ce on. La brune avait failli, à de nombreuses reprises, lui
ordonnéer de se couper la langue. Mais, avec sa chance, elle était sûre qu'il aurait continué, se foutant de la prononciation bizarre que ça lui donnerait. Son pouvoir était un peu similaire à celui de Braiden et Charlie détestait ça - quoiqu'ils s'étaient bien marré à tester les limites de leurs pouvoirs respectifs en se lançant des défis. Braiden en avait d'ailleurs fait les frais : c'était vraiment le cobaye préféré de Charlie, au grand dam du jeune homme...
Jetant un regard circulaire à la pièce où ils attendaient, la jeune femme se demanda en soupirant quand son tour arriverait. Elle savait qui s'occupait de leur tenue de combat : Meryl. Elle ne l'avait plus revue depuis qu'elle avait rejoint Braiden chez les Thunderbolt deux à trois semaines plus tôt. Elle ne l'avait pas appelé, pas envoyé un seul message et n'avait pas répondu aux siens. Mais ce n'était pas parce qu'elle n'en avait pas envie, loin de là, seulement Charlie avait la concentration d'un hamster hyperactif : c'est à dire aucune. Alors les rares fois où elle recevait un message de la blonde ou pensait à elle, un des membres de sa nouvelle équipe la distrayait - petit cerveau = petit concentration, vous dis-je. Charlie pensa la tête sur le côté, fixant la porte d'où devait sortir sa petite amie à tout instant. Elle se concentra et murmura pour elle-même.
« Ouvre-toi, ouvre-toi, ouvre-toi, ouvre-toi... » La porte s'ouvrit d'un coup et la brune se redressa avant de tourner son attention vers Walter, lui donnant un coup de coude.
« T'as vu ? T'AS VU ?! Mon pouvoir marche les portes, putain ! » Mais sa joie fut interrompu par la voix neutre de Meryl.
« Charlie Johnsons. » La blonde retourna dans son bureau sans lui lancer un seul regard. Excitée comme une enfant de retrouver la jeune femme, Charlie rentra dans le bureau mais avant de refermer la porte, elle leva et redescendit ses sourcils plusieurs fois de suite avant de jeter au groupe quelques paroles de manière suggestive.
« Ne nous attendez pas, ça risque de durer longtemps. » Elle referma la porte, tout sourire, avant que son vis-à-vis ne se retourne vers elle, les bras croisés, et ne prenne la parole d'une voix déçue.
« C’est ton vrai nom au moins ? Ou bien est ce que tu m’as menti sur ça aussi ? » Okay... Ça durerait longtemps mais sûrement pas pour les raisons que Charlie espérait. Elle poussa un soupir et haussa les épaules. Que pouvait-elle dire, franchement ? Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais Meryl ne lui en laissa pas l'occasion en désignant du menton une chaise.
« Assieds toi s’il te plaît. J’ai encore pas mal de taff qui m’attend donc essayons de faire vite si tu veux bien. » La blonde n'attendit pas et se retourna afin de pianoter rapidement sur son ordinateur. Bon... L'ambiance n'était pas au beau fixe mais Charlie ne pouvait pas lui en vouloir. Franchement, si la brune était honnête : ce n'était vraiment pas de sa faute. Sa vie avait été assez mouvementée comme ça : elle avait retrouvé la mémoire, avait dû torturer un peu Braiden pour ce qu'il avait fait et, sans qu'elle sache pourquoi ni comment, elle s'était retrouvée dans ce groupe de malade mentale. C'était pas comme si elle avait rompu ou quoi que ce soit. Franchement, elle trouvait Meryl un peu dur pour le coup. Elle ne lui avait pas menti volontairement. Clairement, Charlie était sûre d'être la victime dans l'histoire. Elle était jugée, comme ça, nan mais oh ! Même les terroristes avaient droit à un procès et, pourtant, c'était de sacrés enfoirés.
La brune l'observa se diriger vers l'armoire avant de revenir avec une tenue qu'elle posa sur la table devant elle. La blonde la désigna d'un bref signe de tête.
« C’est une simple tenue en kevlar, renforcée pour résister à à peu près tout ce que tu pourrais rencontrer dans ton nouveau travail. Il n’y a pas de modification particulière vu que ton pouvoir n’agit pas directement sur ton corps. » Charlie prit la tenue et l'observa à bout de bras. On pouvait dire que Meryl avait fait un sacrée travail sur le vêtement et, pourtant, ça avait dû être la plus simple à exécuter. Elle jeta un regard admiratif à la tenue avant de le tourner vers la jeune femme.
« Tu peux l’essayer si tu veux. » La blonde détourna le regard et se rapprocha de la fenêtre pour observer la ville. La brune soupira avant de poser la tenue sur le bureau. Sans aucune gêne, elle se déshabilla avant de se retrouver en sous-vêtement. Elle mit le vêtement qui lui collait à la peau et remonta la fermeture éclair mais eut une idée et la laissa ouverte à moitié du torse, mettant son décolleté - si on pouvait encore appeler ça un décolleté - en avant. Avec un petit sourire, elle s'approcha de Meryl et posa sa main sur son épaule, la faisant se retourner. Faisant un tour sur elle-même, elle fit un clin d'oeil à la jeune femme.
« Alors ? Qu'est-ce que t'en penses ? » Elle mit sa poitrine en avant pour finalement soupirer avant de hausser les épaules, observant la ville à son tour.
« Pour être honnête, Meryl, ce n'est pas de ma faute. Je ne t'ai jamais menti. Je me suis toujours comportée avec toi telle que je suis tous les jours. » Elle posa sa main sur la joue de la jeune femme avant de remettre une mèche de cheveux qui s'était échappée de la coiffure de la jeune femme derrière son oreille.
« Mes sentiments pour toi ont toujours été réels. » Son regard était sérieux. C'était sûrement l'une des premières fois où elle l'était. Elle ne voulait pas perdre Meryl et surtout pas à cause de Braiden.
« Je me suis faite embarquer dans ce groupe à cause de cet abruti de Braiden... » Elle fit une pause avant de descendre sa main sur le cou de la jeune femme avec un geste doux.
« Dès que j'ai posé les yeux sur toi, je savais que tu m'étais destinée. » Elle lui offrit un petit sourire contrit et dégoûté de dire des choses aussi niaises mais c'était la vérité.
« J'ai eu pas mal d'emmerdes par le passé et j'ai participé à des choses dont je ne suis pas fière mais tout a changé avec toi. » Elle voulait lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur mais elle n'était pas encore prête. Elle aurait besoin de temps avant d'être complètement honnête avec la blonde.
« Je ne vais pas te mentir. Je ne veux plus te mentir, même par omission comme j'ai pu le faire par le passé. Je n'abandonnerais pas le groupe des Thunderbolts. Je me suis engagée auprès de Braiden et c'est le seul moyen que j'ai pour continuer à vivre comme je l'entends. » Charlie était égoïste ? Oui, assurément. Mais on ne pouvait pas lui reprocher de mentir.
« Braiden est mon... ami ? » Elle n'était même pas sûr. Il avait été son supérieur, son maître d'arme, une espèce d'ami un peu bizarre et harceleur, mais aussi une espèce de grand frère.
« Il est ma famille et ce depuis très longtemps et je ne l'abandonnerais pas. » Son regard se fit un peu dur en prononçant cette phrase. Peu importe ce que Meryl dirait : on abandonnait pas sa famille. Elle avait bien trop souffert quand elle était jeune d'être orpheline et pas question de laisser tomber la seule personne qui avait été là pour elle toutes ces années.
Ses deux mains prirent en coupe le visage de la jeune femme en face d'elle et elle posa un tendre baiser sur ses lèvres.
« Tout est compliqué en ce moment. Des choses se sont passées. J'ai... retrouvé des souvenirs que j'avais perdu. » Elle ne savait pas trop ce qu'elle pouvait dire à la jeune femme sans risquer sa vie. Elle voulait protéger Meryl mais elle était assez égoïste pour ne pas la laisser partir. Elle voulait la blonde dans sa vie. De son plein gré si possible. Elle sentit son pouvoir lui picoter la peau et se retint difficilement de le laisser agir sur Meryl. Il serait si facile de l'avoir sans condition... Une simple petite parole et elle lui pardonnerait tout : elle serait à elle. La brune pencha la tête sur le côté et offrit un sourire en coin à la jeune femme.
« Je pourrais tout te dire mais je serais obligée de te tuer. » Sa phrase était mi-honnête mi-sérieuse. De ses pouces, elle caressa tendrement les joues de Meryl avant de se reculer, reprenant son caractère loufoque.
« Alors, madame la Directrice, ai-je été assez sage pour mériter une récompense ? Ou vais-je être punie ? » Elle eut un mouvement de sourcil suggestif avant de lâcher un petit rire et de lui faire un clin d’œil. On pourrait croire que Charlie ne prenait rien au sérieux et c'était sûrement vrai, mais Meryl avait toujours été un sujet sensible. Braiden en avait d'ailleurs fait les frais en se moquant de la jeune femme et de sa relation avec celle-ci face de la brune. Mais Meryl ne risquait pas d'accepter ses excuses et ses explications brouillonnes malgré l'espoir qu'avait Charlie sur le fait que la blonde laisserait tomber cette histoire.