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George Boers
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Il a acheté une bonne bouteille de vin, et il a commandé beaucoup de nourriture à ce traiteur libanais dont lui a parlé Madison, sa fille. Il n'aime pas les arabes, mais bon Dieu qu'ils font de la bonne nourriture à emporter...! Il n'est pas passé par Eliza pour faire tout ça, ce qui est une première vu la légendaire lazyness de George Boers, mais il l'a fait tout seul, parce qu'aujourd'hui est un grand jour. Ce serait bien entendu gâcher la surprise que d'expliquer ce qui mettait George dans une telle bonne humeur; il n'était pas rare, pourtant, de le voir sourire avec un tel enthousiasme en parcourant les couloirs étroits de la base secrète souterraine de l'HYDRA, surtout depuis ces dernières semaines. Il était souvent absent, George, toujours en mission pour quelque Red Skull ambitieux; il n'avait parlé à personne de sa mission, et ça n'allait pas commencer aujourd'hui.
Mais tout de même; il y avait quelque chose d'étrange, de dérangeant même, à cet homme au sourire plein de dents menaçant, à la manière qu'il avait de se tenir, roulant des mécaniques et sautant presque à chaque pas, en sifflotant un air connu de lui seul. Il était encore tôt, le soleil ne brillait pas encore dans le ciel, et pourtant, déjà, la base grouillant d'activité comme une ruche; quelques agents se jetaient dans les couloirs de leurs démarches empressés, d'autres cherchaient untel, voulaient trouver cette personne... et pourtant, aussi pressés, aussi impatients, aussi dangereux soient-ils, ils se reculaient tous sur le chemin de George. Parce qu'aucun n'ignorait que la nouvelle Tête, surtout quand elle souriait, était dangereuse et qu'il détestait être sorti de ses pensées, qu'on lui gâche son groove, finalement, d'une certaine manière.

Il arrive dans son bureau; Eliza n'est pas là aujourd'hui, ou peut-être qu'il est encore tôt. Ça ne l'intéresse pas; à cause de sa mission, qui lui prend la plupart de son temps, il lui a donné un autre supérieur qui lui donne des ordres, temporairement, a-t-il souligné avec un petit sourire en coin. Il aime la mettre mal à l'aise, et il aime encore plus qu'elle pense qu'il nourrit d'autres sentiments que l'obsession à son égard; les gens sont si simples à manipuler, quand ils n'ont pas le choix que de vous voir et de passer du temps avec vous.
Après s'être assuré que son bureau est fermé et verrouillé, il sort de sous sa chemise la clef autour de son collier et s'approche de l'autre porte fermée et verrouillée de la pièce: son laboratoire. Il fait un rapide travail de la serrure — rien ne bat une bonne serrure, et il ne cache malheureusement pas les codes nucléaires dans cette pièce, juste des reliques, des babioles, des souvenirs qu'il est seul capable de consulter — et ouvre la porte d'un coup de pied, gardant près de lui le sac en plastique avec la nourriture et la bouteille de vin. “ Jace! Jace, mon frère, ” chantonne-t-il en entrant, verrouillant la porte derrière lui et s'approchant de la cellule de son petit frère dont il ouvre, avec une autre clef du collier, la porte. “ Aujourd'hui est un grand jour, mon frère. Il dépose sur le sol les sacs et entre dans la cellule, pose une main écrasante sur l'épaule de son petit frère. Un très grand jour de fierté, de pouvoir et de dignité pour ce pays, et pour notre organisation, la raison même de notre présence ici. Aujourd'hui, mon frère, nous avons un nouveau président. Tu le connais? Mike Pence? Un grand homme, féroce, dur et autoritaire, mais parfaitement ce dont ce pays a besoin. C'est sans compter le fait que notre cher Red Skull soit derrière tout ça. ” Sa main se détache de son épaule et à la place, il passe son bras s'enroule autour de sa nuque, et il amène son frère contre lui pour une brève étreinte. “ J'ai amené de la nourriture, et du vin, parce qu'aujourd'hui est un jour de célébrations, mon frère. ” Il répète mon frère pour lui rappeler qui il est et surtout, ce que Jace lui doit. Ce serait embêtant qu'il oublie ça aussi. Il se détache avec un grand sourire, tenant son frère à bout de bras pendant un instant avant de se détourner, lui faisant signe de le suivre; il a une table, dans le laboratoire, et deux chaises. Il lui fait signe de s'asseoir sur l'une, et sort les boîtes en plastique encore tièdes du sac de la nourriture, ainsi que deux verres en plastique, avant de débouchonner le vin. “ Et je me sens d'humeur généreuse. J'ai donc une autre bonne nouvelle à te délivrer, mon frère, mais ça attendra notre premier toast. Comment te sens-tu aujourd'hui?


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The unbecoming of Jacek Kasprzak
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Dix mois. Dix mois que Jacek logeait ici, dans cette petite cellule pourvue du nécessaire. Les murs étaient pâles, peut-être avec une légère tendance métallique, tout comme le reste du laboratoire de George. C’était sobre, sans artifices, parfois même écrasant de sérieux. Mais il s’y était fait. En réalité, il ne faisait même plus attention. Il se projetait ailleurs. Il était là sans l’être et passait le plus clair de son temps à penser à autre chose qu’à ce qui l’entourait ; à cette famille dont il devait se venger, à cette vendetta qu’il opérerait avec George, à ce qu’il ferait lorsqu’il pourrait sortir, toutes ces choses-là… Il avait de quoi songer.
Dix mois qu’il n’était plus le même, et c’était comme si ce renouveau apportait une patience qu’il ne s’était jamais connue. Il avait toujours été réfléchi, et prêt à attendre avant d’agir si l’on jugeait cela préférable, mais, lorsqu’il était question de famille, de passions, de rage qui dévore la raison, jamais. Il partait toujours au quart de tour, sans vraiment se laisser le temps de penser aux conséquences ; seule l’action comptait. Les seules fois où il avait réussi à réellement se tempérer, c’était lorsqu’il était au travail. C’était un cadre différent, et il se pliait aux règles – surtout au vu de la situation que vivaient les mutants. Mais même cette perception de soi avait été dégradée. Attendre et mûrir la réflexion lui paraissait presque normal.
Car dix mois, ça restait long. Heureusement, régulièrement, George lui rendait visite, et ponctuellement, il voyait passer ce qui devait plus ou moins être sa secrétaire, Eliza. Cependant, ces derniers temps, son frère était souvent absent. Du moins, il passait peu. Jacek se disait qu’il devait sûrement être très occupé, que peut-être il avait trouvé une occasion, un moment pour faire payer leurs torts à Rachel et Tadeusz et qu’il réfléchissait à un moyen d’agir. Bien qu’il aurait préféré être mis au courant et prendre part aux décisions, il ne bronchait pas trop : il avait compris que Boers aimait décider tout seul, commander, régner. Lui, il obtempérerait, et dans le fond, il s’en accommodait. Tant qu’il avait cette vengeance si fantasmée, le reste lui importait étrangement assez peu. Pour la suite, on verrait. On avait le temps. Et puis, il lui était redevable. Il pouvait bien lui laisser ce petit plaisir.
Jacek pencha la tête en avant et passa les mains dans ses cheveux en soupirant. Mais, quand même, parfois, c’était un peu long ; un peu long d’attendre sans savoir quand arriverait ce que l’on attendait, ou parfois sans même savoir ce que l’on attendait. Les choses s’emmêlaient bien vite, et les objectifs semblaient quelques fois flirter avec l’oubli.

Puis, cliquetis ; son connu par cœur. Il se redressa d’un coup et, toujours assis, tourna la tête vers la porte. C’était George, il reconnaissait sa voix. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et il se leva. Enfin ! Son frère pénétra dans la cellule, avec cet air triomphal qui annonçait les belles journées. Du coin de l’œil, le Kasprzak remarqua les sacs qu’il avait posés par terre, mais il eut vite fait de reporter son attention sur son aîné. Mike Pence… Le nom lui disait vaguement quelque chose, il avait dû l’entendre ou le lire çà et là. Il haussa un sourcil lorsque le nom de Red Skull suivit. « Red Skull ? Un grand jour, en effet. » confirma-t-il dans un sourire. George le prit dans ses bras, et il lui rendit son accolade. C’était aussi cela qu’il appréciait chez son frère, ce frère que leur père avait décidé de leur cacher, d’exclure de leur vie, de laisser de côté – un peu comme avec lui, mais en pire, en bien pire. Tadeusz avait sûrement conçu la crainte que si ses deux fils se retrouvaient, ils souhaiteraient se libérer, se faire valoir, le remettre à sa place. Cela aurait expliqué beaucoup de mystères.
Au moins, avec son aîné, les choses étaient simples. Il y avait peut-être quelques ambiguïtés, mais Jacek ne pouvait pas lui en vouloir. Il était franc avec lui sur un point essentiel : leur but commun, qui demeurait clair et sans équivoque. Et, si c’était au départ l’unique élément qui les unissait, un lien s’était tissé, qu’il rêvait solide et incassable – ce lien qu’il aurait pu avoir avec Rachel si elle n’avait pas toujours agi comme elle l’avait fait… si elle avait été autre, une autre personne, une vraie sœur ; un point d’appui, un pilier, un second souffle. Mais tant pis, tant pis pour elle, parce qu’elle paierait cela aussi, et parce que George remplissait parfaitement son rôle de frère. Finalement, il avait tout gagné, et sa famille aurait tout à y perdre. Oui, qu’ils portassent aussi un toast à cela, tiens ! Au futur.
Il emboîta le pas à son frère et, sur son indication, prit place sur l’une des chaises qui entouraient la table. Il le regarda qui sortait avec enthousiasme les boîtes de nourriture, et dès que l’odeur agréable qui s’en dégageait se fit plus pressante à ses narines, il se rappela combien il avait faim. Kebab, à n’en pas douter. Le fumet du vin s’y ajouta et bien qu’il trouvât le mélange hétéroclite, il n’en dit rien. Il observait George avec un sourire presque amusé, tant il lui paraissait joyeux. « Une bonne nouvelle ? » Un éclair de curiosité traversa ses yeux. La première pensée qui lui vint à l’esprit fut à propos du moment où il sortirait enfin, où il pourrait aller sur le terrain. Cependant, il n’osait encore trop y croire et se raisonna vite. A peine quelques jours auparavant, on lui avait fait comprendre qu’il était encore loin d’être prêt.
Il ouvrit la boîte que George avait poussée vers lui et lâcha un petit soupir heureux, avant de répondre à sa question : « Ça va, ça va, en forme. » Il était rare qu’il servît une autre réponse. Déjà parce que c’était souvent vrai, et ensuite parce que dire qu’il allait bien, c’était donner le signe qu’il était prêt. Il avait conscience que les choses ne pouvaient se faire d’un claquement de doigt, qu’il fallait bien les penser et les organiser, qu’il fallait être certain, mais l’impatience commençait à le ronger. Il tournait en rond, et la sensation que cela provoquait commençait à être réellement désagréable. Mais, ça allait. Il haussa les sourcils vers George en levant légèrement le menton. « Et toi ? » C’était plus pour la forme qu’autre chose ; personne n’aurait pu rater l’éclatant sourire que portait le brun en arrivant. Il avait la tête à la célébration. Jacek tendit la main vers son gobelet en plastique et le leva vers son frère. « Premier toast à ? Mike Pence ? » Cette belle réussite d’Hydra.

© Dezbaa


Dernière édition par Jacek Kasprzak le Mer 8 Mar - 21:06, édité 1 fois
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Pendant un instant, George pouvait presque se convaincre qu'il était son frère.
Son frère de sang et de coeur. Oui, pendant un fol instant, il n'y avait pas de Rachel ou de Tadeusz là pour assombrir le tableau, il n'y avait pas de cette famille horrible juive qui voulait lui arracher son frère. Pendant un instant, Jacek l'aimait, l'aimait vraiment, et George l'aimait en retour. Un sentiment auquel il n'était pas habitué; pourtant, en présence de son petit frère, il se sentait d'une férocité loyale et cruelle. Il l'ignorait sans doute, mais il aimait et protégeait l'oeuvre d'art qu'il avait fait de cet homme dont il avait brisé la psyché et le moral; lui pensait aimer le morceau de famille qui, enfin, l'aimait en retour. Peut-être s'était-il trop enfoncé dans ses illusions et peut-être s'y était-il perdu; en tout cas, ça ne l'empêchait pas d'être furieusement convaincu que Jacek l'aimait, même si il avait modifié ses souvenirs et sa personnalité pour rendre ça possible. Peut-être qu'une partie de lui lui murmurait qu'il ne manquait que de temps, que si les deux frères avaient passé plus de temps ensemble, alors Jace l'aurait aimé de toutes manières. Il n'était pas tendre avec lui, mais attentionné, toujours à l'écoute, gentil et généreux, enfin, autant qu'il savait l'être. Mais ils avaient manqué de temps, et George, comme souvent, avait fait au plus vite.
Ce n'était pas un véritable Jacek Kasprazk qui se trouvait devant lui, mais l'idée qu'il en avait.


Cette idée lui plaisait, donc il la gardait. « Une bonne nouvelle ? » Il sentit la curiosité, l'impatience aussi, et ça fit sourire George un peu plus, qui se contenta d'hocher la tête, restant mystérieux sur l'origine de son bonheur si flagrant et... souriant. Il souriait beaucoup trop. George était quelqu'un de souriant, mais à ce point? « Ça va, ça va, en forme. » Il était toujours en forme. Il préférait ça aux maux de tête, qui voulaient toujours dire que George devait travailler sur lui. En cet instant précis, il n'en avait aucune envie. Son pouvoir demandait beaucoup d'énergie et de temps, deux choses qu'ils n'avaient pas à disposition cette fois-ci. “ Tant mieux, mon frère. ” Il utilisait ces deux derniers mots comme une matraque, pour rappeler à Jacek qui il était pour lui. Son frère et son sauveur. Le seul qui le comprenait. George servit le vin dans les verres en plastique après avoir fait mine de le sentir et de le tester du nez, à croire qu'il était un professionnel de l'alcool. À vrai dire, George n'aimait pas l'alcool. Il aimait bien le petit whisky à l'occasion, pour faire genre viril, mais c'était plus un homme à bière. Et encore. Mais il savait que le vin, c'était classe, et c'était un moment classe de sa vie donc bon. « Et toi ? » George était content qu'il lui pose la question. Il n'aimait rien mieux que s'entendre parler et dire qu'il était heureux. “ On ne peut mieux, frérot. ” Il finit de remplir les verres et reposa la bouteille.

Définitivement, les odeurs de kebab et de vinasse ne se mélangeaient pas, mais c'était la nourriture préférée de George, et puis, c'était une grande occasion donc on sortait le vin. Voilà. « Premier toast à ? Mike Pence ? » George réfléchit. Il faillit dire qu'il voulait que le premier toast soit pour Red Skull — Mike Pence, Red Skull, au final... — mais il voulait aussi que le premier toast soit pour lui, si talentueux et parfait et ambitieux. Mais ça n'allait pas forcément dans la direction de leur discussion d'aujourd'hui donc à la place, en levant son verre, il posa son autre main sur l'épaule de son frère en parlant d'une voix tendre: “ premier toast à toi, mon frère.
Ils touchèrent leurs verres précautionneusement pour pas que le plastique plie et que le verre coule, et burent une gorgée. George reposa son verre et s'attaqua à une première frite, avec un grand sourire ravi de gamin satisfait. “ Jacek dis moi, ” dit-il, après s'être empiffré d'une seconde, d'une troisième, d'une quatrième, d'une cinquième et d'une sixième frite sans s'arrêter, apparemment affamé. “ Est-ce que tu aimerais sortir un jour? ” il demanda sur le ton de la discussion, l'air pas du tout affecté, fasciné par la viande qu'il attaqua enfin grâce à la petite fourchette en plastique, relevant seulement un regard impavide sur son frère pour étudier ses réactions une fois un lambeaux de viande en bouche. Il reprit, sans prendre la peine de finir sa bouchée: “ ech-que t'aimerais revoir ta... notre choeur et notre père?
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Ça va, ça va. Deux mots qui révélaient toute sa condition ; il s'était perdu dans l'illusion. Elle s'étendait, poignante, sur tout son être. Peut-être s'était-il débattu, mais il ne s'en rappelait pas, et il ne restait aucune trace d'une quelconque défaite. Ça allait, parce qu'il ne se souvenait pas, parce qu'il avait perdu son essence. Il n'y avait plus rien de Jacek. Le jour où George avait mis la main dessus, il était mort. Il avait disparu dans la myriade de souvenirs qui lui avait été volée, et finalement, il en était devenu un lui-même : une survivance de la mémoire d'autrui, amenée à se flouter, à se désagréger, et à mourir - à nouveau - avec son hôte. Mais lui-même ne le savait pas, et c'était là toute la beauté de l'illusion. Poser un voile opaque, parfait, lisse ; un voile dont nul ne pût douter. Et il ne doutait même pas, Kasprzak. Ou peut-être que si, peut-être furtivement, mais tout cela lui échappait. George s'empressait de tout arranger, de réinstaurer la certitude, et de chasser ces maux de tête intempestifs. Il le sauvait successivement, et ce faisant, le condamnait inlassablement.

Sauveur ; c'était, en grande partie, ce que Jacek voyait lorsqu'il regardait son frère. Il l'avait arraché des griffes de sa famille et, ensemble, ils allaient résoudre ce problème. Non, mieux, l'annihiler. Ça aussi, c'était beau. Le simple fait d'y penser faisait miroiter un avenir de délivrance, qu'il chérissait déjà. Ça aussi, c'était beau, parce que ce serait une belle réussite. Ils en étaient tous les deux convaincus, et ils se complaisaient tout à fait dans cette conviction partagée. Peut-être fallait-il y porter un toast ? Mais avant que Jacek eût pu émettre cette nouvelle proposition, il sentit la main de George presser son épaule, et celui-ci parla. « A moi ? » répondit-il, étonné. « En quel honneur ? » Les verres se rencontrèrent dans un léger craquement de plastique, puis les deux hommes burent. Jacek ne quittait pas son aîné des yeux. La réponse se faisait attendre et excitait sa curiosité, mais il ne pouvait pas en être surpris. Il lui avait toujours semblé que son frère aimait faire durer le suspens, et prendre des chemins tortueux pour arriver à sa conclusion. Aussi, il l'imita et plongea sa main dans le tas de frites, en retira deux, et les engloutit presque aussitôt. Son regard allait du plat à George, inquisiteur, alors que ce dernier continuait à avaler les frites à une vitesse impressionnante. Le Kasprzak finit par s'attaquer à la viande - manger, c'était un excellent moyen de patienter. Peut-être même le meilleur qui fût. « Hum ? » Il releva les yeux vers son frère, qui ne le regardait même pas et semblait accorder toute sa concentration au repas.
Aussi, ce fut d'un ton tout à fait badin qu'il posa la question qui surprit Jacek - plutôt agréablement, peut-être était-ce le début d'une discussion qu'il attendait depuis longtemps. Pourtant, il ne dit rien ; il se contenta de froncer les sourcils et de tourner légèrement la tête, avec la pensée que la question était drôlement posée. Il attendait une suite, un quelconque indice qui le lancerait sur une piste ou une autre. Bien sûr, qu'il aimerait sortir - et le plus vite possible, car l'enfermement lui pesait - mais c'était prévu, non ? Question rhétorique ? Ses pensées fusaient sans qu'il ne sût quoi répondre, le cœur un peu trop précipité. « Ech-que t'aimerais revoir ta... notre choeur et notre père? » Il arqua les sourcils, cette fois stupéfait, et faillit s'étouffer avec la frite qu'il venait de mettre dans sa bouche. Il toussa, frappa son poing contre sa poitrine, puis parvint à avaler correctement. Il releva la tête vers George, dubitatif. « Euh, maintenant ? » C'était prévu comme ça ? Ils avaient prévu ça ? On était quel jour ? Ça faisait si longtemps ? Bien sûr, il en avait l'impression, mais il n'avait jamais été très patient. Et puis, il avait arrêté de compter, lui, et sans voir l'extérieur, difficile de savoir. « J'veux dire... déjà ? » Son frère n'avait cessé de lui répéter qu'il n'était pas prêt, que c'était trop tôt, alors évidemment ce soudain revirement de situation le prenait au dépourvu.
Percutant qu'il n'avait répondu à aucune des deux questions, il secoua la tête et se reprit. « Euh, oui oui, bien sûr. Sortir, oui. Le plus tôt possible même... » Il n'avait pas besoin de s'étendre là-dessus : George connaissait assez son désir d'escapade. « Mais t'envisages pas qu'on passe à l'action tout de suite, si ? » demanda-t-il, incertain - peut-être que l'enchaînement des questions n'en était pas un et l'avait induit en erreur - et suspicieux. Au fond, il avait fini par craindre sa propre rage, si ancrée, qui lui paraissait insatiable, qui voulait s'exprimer. Il avait peur qu'elle n'explosât trop rapidement, ou qu'elle le tétanisât sur place. Il s'était persuadé qu'il n'était pas prêt ; prêt pour sortir, oui, mais pas prêt pour ça. Il en avait envie, mais dès que la possibilité se dessinait plus clairement, il avançait à reculons.

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George resta silencieux, impavide sous le regard de Jacek, attendant sa réponse avec quelque chose ressemblant à de l'impatience. La nature humaine ne cessait jamais de le surprendre. Il avait une profonde compréhension de l'esprit humain, surtout celui de Jacek, bien entendu: il l'avait exploré de fond en combles, après tout, pendant des semaines et des semaines, enregistrant tout ce qui pouvait l'être, enfermant ce qui ne devait jamais être retrouvé, remplaçant, forgeant des souvenirs à partir de sa mémoire défaillante. C'était un art, et un art auquel George excellait. Il n'aimait rien mieux que ruiner ce qui se trouvait autour de lui.
Le voir être surpris ainsi n'était pas surprenant, pas exactement, et sa réaction un peu démesurée fit sourire George d'un sourire tendre, alors qu'il déposait une main inquiète sur son épaule, l'observant tousser après avoir avalé de travers. « Euh, maintenant ? » Son hésitation était étrange, apeurée peut-être. C'était bien, pourtant. Il préférait ça qu'à une excitation et une impatience incontrôlables. Jacek lui avait demandé de nombreuses fois quand il sortirait, puis George avait effacé l'envie chez lui de sortir, ou alors de simplement y penser. Les jours s'étaient succédés, s'étaient transformés en semaines. « J'veux dire... déjà ? » George ne répondit pas. Il n'aimait pas se répéter; ce qui était dit était dit, et il attendait la réponse, sa main se faisant presque pressante sur son épaule, les doigts se transformant en serres, comme celles d'un prédateur autour de sa proie. Ce qu'ils étaient, après tout. « Euh, oui oui, bien sûr. Sortir, oui. Le plus tôt possible même... »

George sourit, satisfait de son enthousiasme, même si il sentait une demi-teinte dans son ton. Il devrait peut-être changer ça... ou juste admettre qu'il n'était pas Dieu et que même Lui ne pouvait pas faire d'oeuvre parfaite. Il devait bien admettre que Jacek allait avoir certains défauts... même si ceux-ci pourraient se révéler mortels, pour l'un commr pour l'autre. « Mais t'envisages pas qu'on passe à l'action tout de suite, si ? Et pourquoi pas? ” George détacha sa main de l'épaule de Jacek, arrêtant son emprise manipulatrice sur son frère, retournant à la consommation de son kebab en détournant les yeux, apparemment peu investi dans ses réponses et la conversation, comme si elle était normale et familière. N'importe quoi pour le mettre en confiance, pour le rassurer. “ Tu n'aurais pas... peur, frérot, n'est-ce pas? Hein? ” rajouta-t-il quand son frère ne répondit pas, relevant les yeux vers lui avec ennui, imaginant déjà le dur travail que ça allait être, de replonger dans ses pensées une dernière fois, pour éradiquer la peur. “ Tu sais que je te protégerai, hein, Jacek? Je suis ton grand frère et je t'aime, moi. Je te protégerai quoiqu'il en coûte. Tu n'as pas besoin d'avoir peur. Tu n'as pas le droit d'avoir peur. ” Il reposa la frite qu'il allait apporter à sa bouche, soudainement (et faussement) soucieux. “ Peut-être que tu n'es pas prêt, finalement, ” soupira-t-il lourdement, théâtralement. “ J'avais confiance en toi, pourtant, Jace... ” Il se leva, lentement, fit signe à son frère d'en faire de même. “ Tu devrais peut-être retourner dans ta... chambre. Si tu as l'impression que tu n'es pas prêt. ” C'était un choix qui n'en était pas un.
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« Et pourquoi pas ? » La question sonna comme une évidence dérangeante. Oui, il y avait quelque chose de dérangeant, à se dire que c’était maintenant, maintenant, maintenant… que la revanche – non, la vengeance – approchait si vite. Jacek n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui le gênait : son esprit glissait comme du verre neuf, il était quasiment sans éraflure, sans rebond, sans creux, rond comme un ballon, docile. C’était pour cette raison, aussi, que la proposition de George paraissait évidente. N’était-il pas là pour ça ? N’avaient-ils pas été réunis dans ce but ? Ne valait-il pas mieux agir au plus tôt ? Avant que Rachel ou Tadeusz ne devinât ce qui se tramait, que les deux parias de la famille s’étaient réunis et se préparaient à passer à l’offensive ? Il le fallait ; et pourtant, un frisson crissa le long de son dos.

Parce qu’il y avait la peur aussi – inavouable, mais présente. Il savait de quoi ils étaient capables. Les souvenirs le prenaient aux tripes, parfois. Et puis ces deux pouvoirs combinés… il savait. Ce serait difficile. Alors, la peur en profitait pour ramper dans les couloirs de son cœur. Mais il ne voulait pas l’admettre. « Tu n'aurais pas... peur, frérot, n'est-ce pas? Hein? » Le brun serra un peu plus le kebab qu’il tenait entre ses mains – de manière imperceptible, il espérait – et releva la tête vers son demi-frère, avec cette drôle de lueur au fond de l’œil, saisissante mais presque indéchiffrable. Il ne dit rien ; il avait la sensation terrible d’être mis à nu. De temps à autre, il avait l’impression que George lisait en lui, qu’il avait conscience de la moindre pensée qui pouvait le traverser. La plupart du temps, c’était rassurant, mais il arrivait aussi que cela lui hérissât les poils. « Tu sais que je te protégerai, hein, Jacek? Je suis ton grand frère et je t'aime, moi. Je te protégerai quoiqu'il en coûte. Tu n'as pas besoin d'avoir peur. Tu n'as pas le droit d'avoir peur. » L’inconscient prisonnier fronça les sourcils, et baissa les yeux. Pas le droit ? Pas le droit. Il avait raison – avait-il déjà eu tort ? –, il n’y avait pas lieu d’avoir peur. Et quand bien même la crainte s’immiscerait en lui, il se devait de la chasser. C’était un sentiment, et comme tous les sentiments, elle était plus ou moins contrôlable – mais au diable le plus ou moins, elle serait contrôlable, et voilà tout !

Il s’apprêtait à approuver George, lorsque celui-ci reprit la parole : « Peut-être que tu n'es pas prêt, finalement. J'avais confiance en toi, pourtant, Jace... » Il se leva, et aussitôt, son palpitant s’emballa, suivi de près par ses pensées. Non non non, il était prêt. Peut-être pas totalement, mais ça n’avait pas d’importance ; plus rien n’avait d’importance, hormis cette chambre qu’on lui indiquait, cette cage dorée où il ne voulait pas retourner. Pas tout de suite, pas si près du but ! Il en serait bien trop dépité. « Tu devrais peut-être retourner dans ta... chambre. Si tu as l'impression que tu n'es pas prêt. » - « Non ! » Porté par une détermination soudaine, Jacek, au lieu de se lever normalement, bondit de sa chaise, qui racla le sol. « Je suis prêt. On peut même y aller maintenant si tu veux. » Il eut l’impression soudaine d’avoir dépassé une limite d’enthousiasme. « Enfin, dès qu’on sera pr… dès qu’on aura fini les préparatifs. » Ils n’allaient certainement pas partir les mains vides, ou sans aucune ébauche de plan – quoi que George semblait être un adepte de l’improvisation… Il balaya ses paroles d’un geste de la main. « Mais je suis prêt. Et le plus vite sera le mieux… » Un éclair passa dans ses yeux bleus ; cet éclair factice qui réclamait une justice qui n’avait pas lieu d’être rendue. « Tu veux partir quand ? » Un morceau de viande tomba sur le sol, et il se rendit alors compte qu’il tenait encore son sandwich à la main. Il le reposa dans le carton, ramassa le morceau tombé, le mis de côté, puis reporta son attention sur ce grand frère tant désiré.

©️ Dezbaa

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