- La Javel, c’est pour les microbes, ou alors comme une future boisson pour la vermine du SHIELD. Le lave-glace, c’est pour la poussière, ou alors comme potentiel inflammable sur ce petit enfant de cœur. Le chiffon, c’est pour essuyer, ou alors pour encombrer cette méchante bouche. L’éponge, c’est pour frotter, ou alors pour nettoyer le futur sang de Gordon, récita-t-elle, comme un rituel religieux en entassant tour à tour les milliers de produits, étudiant attentivement chaque étiquette.

Elle s’intéressait à chaque détail, allant du détail sur l’utilisation, le dosage aux dangers symbolisait par quelques idéogrammes amusants qu’elle ne connaissait que trop bien. « Danger d’empoisonnement », « Inflammable », « Toxique » etc… C’était ses amis. Ayant rangé minutieusement chaque produit dans son chariot de la parfaite femme de ménage « lambda », c’est-à-dire absolument pas attirant mais rangé comme dans une clinique, elle poussa le tout dans l’ascenseur en continuant à marmonner sa comptine dont elle était la seule à connaître l’air. Cet air, c’était un des rares souvenirs qu’elle gardait de son « enfance » volée, et gâchée.

Tranquillement, sans aucune hâte, elle récupère une clé de la poche de son déguisement de femme de ménage. Eloignez-vous tous stéréotypes, et surtout celui d’American Horror Story avec la sulfureuse rousse, car elle était une « vraie » femme de ménage, celle qui portait une jupe sous les genoux, celle qui avait des manches allant presque aux coudes, celle qui avait des chaussures blanches plates, celle qui portait une couleur délavée qui ne mettait rien en valeur – au contraire, qui ne la rendait que plus laide. Elle aurait pu opter pour une perruque ou pour un maquillage habile masquant un tantinet son identité, mais elle avait évité. Elle avait affaire à un membre du SHIELD. Ils pouvaient être intelligents, certains jours. Il ne manquerait plus qu’il comprenne qu’elle portait une perruque pour avoir des soupçons- déjà que le changement inattendu de femme de ménage pouvait éveiller des soupçons. Ensuite, il démasquerait que trop vite tout subterfuge. Quelque fois, la vérité pouvait être la meilleure des illusions.

Par contre, elle n’était pas venue sans « aucune » défense. Ni avec des justifications bancales. La femme de ménage prétendait être malade en échange d’une jolie et coquette somme donnée par la blondinette pour acheter ce mensonge – Lydia ne l’avait pas tué, car son but n’était de remplacer que de temps à autre la dite femme de ménage, et non à tout jamais ! -. Quant à ses défenses, elles étaient « presque » en béton. Elle s’était assurée tôt dans la journée de descendre avec un sniper équipé d’un excellent silencieux, le voisin célibataire d’un côté le matin, quand il s’était dit qu’ouvrir la fenêtre pour aérer, c’était cool. Elle avait dès lors un mort à sa disposition, prêt à enfoncer mur et porte sur ordre de la petite blondinette – ou du moins, faire diversion en toquant à la porte avec une voix de zombie. Cela faisait « toujours » son effet.

« Ça va, il ne risque pas de puer trop vite. Il faut attendre quelques jours avant que le corps ne se putréfie » se disait-elle en entrant dans l’appartement de ce cher Zachariah Gordon. « En théorie, il ne doit pas me connaître. Il ne m’a jamais vu, et toute mon équipe est décimée.  Je sais faire mon boulot, proprement, moi . Et je n'avais aucun lien officiellement avec Braiden durant notre infiltration. » se disait-elle ne pouvant s’empêcher de s’énerver une énième fois vis-à-vis de Braiden, et de son incompétence à « finir » un simple boulot soit tuer. Depuis quand liquider toute une unité avait été une tâche insurmontable pour l’un, comme pour l’autre ? « Par contre, comment approcher la petite Ava ? » pensa-t-elle encore et toujours, tout en s’attaquant déjà aux premières tâches ménagères, ou devrait-on dire les premières fouilles "officielles" déguisées sous l'excuse de quelques déchets à jeter, de l'aspirateur à passer sous bien des meubles ou de la poussière à dépoussiérer par dessus les meubles - ou sur les livres qu'elle pourrait faire tomber sciemment mais en donnant une apparence d'accident.

Femme de ménage, le meilleur des déguisements quand il était question d'infiltration et de collecte d'informations dans ce genre de situation.