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 Aliden ♦ Journey Into Madness

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Journey Into Madness
Alistair & Braiden
Braiden tira le type hors de l’eau en grommelant, soufflant comme un bœuf et le lâcha sur le rivage avant de se pencher en avant, les mains appuyées sur les genoux le temps de reprendre son souffle mais parvint tout de même à lâcher un « Putain tu pèses ton poids enfoiré. »

Il n’avait vraiment pas tout compris à ce qu’il s’était passé et avait encore l’esprit légèrement embrumé par la Blue mais il ne parvenait pas se départir de son sourire.
Putain ç’avait été grandiose ! Il n’avait que de vagues souvenirs des dernières minutes mais il savait qu’il s’était vraiment éclaté à le faire.
Et est ce qu’il avait vraiment chevauché un chien géant ? C’était l’un des rares flashs qu’il avait encore mais ça lui semblait bien trop irréel -même pour son cerveau malade- pour être vrai.

Le blond se redressa finalement et se plaqua ses cheveux détrempés en arrière d’un geste de la main avant de reporter son attention sur le type qu’il venait de tirer hors de l’eau. Comment est ce qu’il s’était retrouvé avec lui déjà ? Putain il ne se souvenait vraiment de pas grand-chose mais il savait que ce type était pour quelque chose dans sa chevauchée fantastique.
Ses questions attendraient plus tard. pour le moment il fallait qu’il rentre au QG. Il ne savait pas combien de temps il avait déliré mais étant donné que la Blue était -littéralement- partie en fumée, il n’avait plus aucune raison de rester dans les parages. D’autant plus que Glenn devait se poser des questions. Par contre... Il fallait qu’il voit ce qu’il allait faire de son pote, qui en plus était complètement à poil.

Il balaya les alentours du regard, cherchant quelque chose qui pourrait l’aider et s’arrêta sur un joggeur en train de faire son footing dans sa direction et son sourire s’agrandit un peu plus quand un début d’idée germa dans son esprit. Il lança un rapide « Bouge pas je reviens. » A son nouvel ami, toujours allongé au sol et qui semblait à moitié inconscient et se dirigea vers le joggeur en agitant les bras, lui intimant de venir l’aider. Une fois le type devant lui, il ne lui laissa pas le temps de réagir et l’assomma rapidement d’un coup de tête avant de le traîner à l’abri des regards indiscrets et lui retira ses vêtements pour les ramener à son nouveau pote, les lui jetant dessus en lâchant un « Je sais pas s’ils sont à ta taille mais ça fera l’affaire le temps qu’on rentre chez moi. » Ouais, c’était ça son plan. Aider l’autre type à se trouver des fringues, parce que se balader à poil en pleine ville n’était pas vraiment des plus discrets, même à New York, et le ramener à son QG afin qu’ils puissent discuter un peu.
Ce type avait un lien avec le piti chien, c’était évident pour le Richardson et il voulait que son nouvel ami lui explique tout en détail. A condition bien sûr qu’il soit lié à tout ça. Dans le pire des cas, il le buterait. Ça ne l’avait jamais dérangé de le faire et ce n’était certainement pas maintenant qu’il changerait sa façon de faire.

Ses nouveaux vêtements enfilés, Braiden aida le brun à se relever et let poussa à avancer d’un « On bouge. » Tout en remontant vers la route, espérant pouvoir arrêter un taxi qui les ramènerait à son QG.
Ils parvinrent à en trouver un au bout de quelques minutes passées à remonter la route à pieds et Braiden lui indiqua l’adresse de sa planque, ignorant les protestations sans grande conviction de l’autre type qui fini par s’endormir -ou s’évanouir, là pour le coup le blond n’était pas vraiment sûr- à la moitié du trajet. Il l’avait ensuite porté tant bien que mal jusqu’à sa chambre d’ami et était lui même allé s’affaler dans son propre lit pour tenter de dormir.

____________________

Braiden s’était réveillé de bonne heure avec une sacrée gueule de bois, probablement dû à la Blue, et avait passé sa matinée affalé sur une chaise dans sa cuisine, enchaînant café sur café en espérant pouvoir se réveiller tout en réfléchissant à ce qu’il avait vécu la veille lors de son délire hallucinatoire.

Les souvenirs lui étaient revenus par bribes mais il avait eu la confirmation qu’il n’avait pas déliré lors de sa chevauchée du piti chien -qui s’avérait en fait être un loup géant- et que le type qu’il avait ramené avec lui avait bel et bien quelque chose à voir avec ça. Dans le cas contraire, il ne voyait pas pourquoi ni comment il s’était retrouvé avec lui dans le fleuve sans trace de sa monture. Mais ça ne pouvait qu'être ça. Il en était persuadé. Tout concordait avec certaines histoires qu'il avait entendu du temps où il était encore à HYDRA.

Des bruits de pas en provenance de l’étage le tirèrent de ses pensées et il se redressa sur sa chaise, un grand sourire apparaissant sur son visage, en voyant arriver son invité.
Il écarta les bras et pris la parole d’une voix forte, sur un ton enjoué. « Hey mon pote ! » Il se releva d’un bond, ignorant les restes de sa gueule de bois et se dirigea d’un pas vif vers le coin cuisine tout en reprenant d’une voix toujours aussi forte. « Tu veux boire un truc peut être ? Café, thé ? A moins que tu préfères une bière ou du whisky ? » On ne savait jamais, certaines personnes pouvaient avoir des envies bizarres au réveil. Ce n’était certainement pas lui qui allait le juger là dessus. « Il doit me rester un fond de vodka sinon. » Oui, il avait plein de questions à lui poser mais il voulait le mettre dans les meilleures dispositions avant. Et puis, c’était quand même son invité, c’était la moindre des politesses que de lui proposer un truc à boire avant.


Dernière édition par Braiden Richardson le Lun 12 Déc - 1:33, édité 1 fois
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❝journey into madness❞
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Tu n’es pas tout à fait endormi.
Je ne sens pas mes membres.

On te bouge, te guide, mais tu n’as plus cette forme qui te sied tant.
Je me laisse faire.


Tu ne comprends pas.
Je suis perdu.


Tu sais que cette substance a provoqué quelque chose.
Je suis différent.


Tu as envie de te déchaîner, mais quelque chose t’en empêche…
…je sens comme un poids.

Quelque chose de nouveau.

Il y a un nous.


Quand il me semble retrouver un peu plus mes esprits, je suis à l’arrière d’une voiture. Ça ne dure qu’un bref instant. Des flashs, du bruit, des odeurs que je perçois sans pouvoir m’y attarder, sans compter ces mots qui sortent d’eux mêmes sans que je sache les mesurer - et pour cause, ils furent exclusivement en gaélique. Mon corps est comme épuisé par un choc - la transformation - que je ne saurais nommer ou ne serait-ce que l’estimer. C’est aussi dû à la Blue… mais ça, je suis encore moins au courant. Je m’éteins lorsque je franchis le seuil d’une porte que je ne reconnais - connais - pas. Mon sommeil n’a pas été sans tumultes. Ils furent internes, d’étranges chimères se dessinant sur mon plan onirique.

Une odeur. Elle est sur moi. Sur nous. Je plisse un peu le nez, il n’y a pas à tourner autour du pot pendant cent ans, elle ne m’appartient pas. Aucune odeur ici ne m’est particulièrement familière. Mais celle qui m’irrite le plus est celle qui est sur moi… une de mes mains tâte mon torse, mon épaule, froissant volontairement le tissu dans lequel je me sentais foutrement étriqué. Les yeux s’ouvrent durant l’opération, la première conscience s’éveille.

J’ai la tête dans un étau.
Mon front est humide, mon corps entier est moite. J’essaie de recoller les morceaux, mais tous mes efforts me ramènent à une seule et même chose : cet environnement que je ne connais pas; ce qui me perturbe autant que cela semble m’irriter. Alors je me redresse sans prendre vraiment de précautions - la tête me tourne un peu par la maladresse - et me retrouve sur le bord du lit, assit à sentir. Écouter. Observer. Le tout avec promptitude, comme si le temps allait me manquer… ou si j’étais potentiellement en danger. Et surtout, tenter de ne pas laisser la peur se transformer en colère et ainsi régir mes faits et gestes. C’est plus difficile qu’à faire. Ma tête… ma paume presse contre la tempe douloureuse lorsqu’il me semble entendre du bruit à l’étage d’en dessous. Pas seul. Et pas la moindre trace de mes affaires. Pas de papiers. Rien. Le trou noir qui occupe ma mémoire n’est pourtant pas complet. Il ne m'envahit pas comme avant. J’en ai le pressentiment, il suffirait de s’y pencher et peut-être trouverais-je les réponses à mes questions… mais quelque chose avait changé. Là, pas plus loin que dans mon putain de crâne. J’étais loin d’imaginer que les changements s’étaient aussi opérés sur le plan physique, mais j’allais en faire les frais… assurément.

J’essaie de chasser l’anxiété pour accueillir plus de stabilité. Je me lève du lit, je remarque sans trop de difficultés que je suis pieds nus. Ça ne m’arrête pas dans ma marche et décide de tirer cette porte vers moi pour ouvrir la voie.
Un geste que j’ai habitude de faire avec une faible intensité et tout aussi naturelle à mon sens.
La poignée me reste dans la main tandis que le reste du mécanisme s’échoue par terre dans un son métallique qui me fait grimacer. C’est sans compter la porte qui s’est fissurée suite à la force de traction, sortant d’un de ses gonds. Le visage figé par l’incompréhension, je peste à voix basse en essayant de saisir le pourquoi ça avait pu arriver. En fin de compte, je balance la poignée sur le lit et poursuis mon chemin, l’esprit plus perturbé encore qu’à l’accoutumée.

Je descends les escaliers, et pas à pas de loup si vous voyez ce que je veux dire. Je ne me tiens pas à la rambarde - j’étais pas encore devenu complètement con et j’avais bien compris que ma force s’était comme décuplée, et ce même si la raison m’était encore obscure.
Arrivant dans le séjour d’où se dessinait un coin cuisine, je sentais l’odeur de l’étranger et plus que jamais. Les sourcils froncés, je suis étrangement silencieux durant cette période d’assimilation, d’observation. C’est exactement le moment où il m’avait salué et proposé à boire. J’avais mal au crâne et il gueulait comme un veau, ça commençait mal. Je grimace un peu d’ailleurs, les décibels m’irritant les tympans. À peine eut-il le temps de me parler d’un fond de vodka que je finissais enfin par réagir, lâchant. « Putain mais t’es qui toi ?! », la question qui semble être plus logique que ce que je voulais boire. À vrai dire, même si j’avais effectivement soif, faim et envie de m’en griller une - voire deux - j’étais pas encore certain de vouloir partager ces « doux instants » avec ce type. Hmpf. J’connais ce trou du cul. Je pivote en ayant cru entendre une voix par dessus mon épaule. Or… il n’y avait strictement rien derrière moi, si ce n’est les effets personnels du seul et unique type qui était dans la pièce. Aux aguets, j’essaie de capter. Sauf que je capte rien. J’ai entendu une voix. C’était pas la mienne qui résonnait dans le creux de mon oreille, non. C’était quelque chose de plus profond… de plus présent. Est-ce que c’est lui qui peut rentrer dans ma tête ? D’où il vient ? Où je suis ? Qu’est-ce qu’il veut ? « Bordel, il s’est passé quoi ?! F… » Il t’a ramené, fais pas chier et prends un café, j’ai soif. « C’est quoi ce délire… », marmonnai-je avec force en prenant ma tête dans mes mains, la nervosité gagnant du terrain. Bon remarque, il t’a traité d’enfoiré mais j’lui en tiendrais pas rigueur si son café est pas trop dégueulasse. Il me semble être pris hors du temps et de l’espace, j’essaie de me recentrer sur la personne qui me fait face, captant au mieux ce qu’il me transmet. Je suis déboussolé. Nerveux. Et passablement agacé par ce qui est en train de m’arriver… je dois bien l’avouer.

Ah, oui. Et il a joué aux cons sur mon dos.
Mes yeux s’écarquillent un peu. Des images me viennent, des sensations.
Et cet Action Man en kit a osé me traiter de Gripoil…
Je crois que…
J’devrais p’t’être le bouffer.
…je me souviens.

© Pando
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Bon, honnêtement, il ne semblait pas au meilleur de sa forme. Braiden avait bien noté sa grimace lorsqu’il avait pris la parole et avait immédiatement mis ça sur le compte de la gueule de bois. Il fallait qu’il évite de l’agresser de la sorte dès le réveil, lui non plus n’aimait pas être réveillé de cette manière.
Il devait baisser un peu le volume mais il était tellement excité à l’idée de mieux faire connaissance avec ce type qu’il ne pouvait pas s’en empêcher. C’était exactement comme avec le padre. Il savait qu’il devait se calmer mais il n’y arrivait tout simplement pas.

« Putain mais t’es qui toi ?! » Le marionnettiste arqua les sourcils, légèrement surpris par la question de son invité mais retrouva rapidement son sérieux -enfin si on pouvait vraiment parler de sérieux- avant d’afficher une légère grimace gênée. Ouais, il aurait peut être dû commencer par là. Accueillir un type en lui beuglant dessus avant de se présenter n’était pas vraiment des plus courtois. Et à voir la carrure de ce type, il valait qu’il évite de trop le chercher. Non mais sans déconner, c’était un veau ce mec ! Braiden n’avait pas peur -jamais- mais le physique de son invité le poussait à rester un minimum prudent.

« Bordel, il s’est passé quoi ?! F… » Le regard du blond se fit plus perplexe et il cligna plusieurs fois des yeux, gardant le silence, attendant de voir ce qu’il comptait faire. Ce n’était pas qu’il était flippant ou quoi mais il était... Intimidant ouais. « C’est quoi ce délire… » Il le regarda se prendre la tête dans ses mains et roula des yeux en lâchant un « Weirdooooo... » D’une petite voix tout en se dirigeant vers la machine à café.
Ce serait donc café et aspirine.
On avait déjà vu mieux comme petit-déjeuner mais à voir l’état du veau, il valait mieux partir là dessus. C’était encore le mieux à faire compte tenu de son état et de la journée qu’ils avaient passé la veille.

Braiden garda le silence en attendant que la cafetière se remplisse et en servit deux tasses. Il les prit rapidement, ainsi qu’une boite d’aspirine et posa le tout sur la table, faisant glisser les comprimés et une tasse vers le brun avant de s’asseoir face à lui avec sa propre tasse, observant le type d’un air -presque- inquiet.
Bon... Il était censé le gérer comment du coup ? Non parce qu’il avait plein de truc à lui demander et à lui proposer mais en le voyant dans cet état, il ne savait vraiment pas sur quel pied danser.
Il était bien plus fun la veille quand il était défoncé à la Blue, c’était certain.

Perturbant le silence qui s’était installé, le Richardson se racla faiblement la gorge avant de reprendre la parole d’une voix plus calme que précédemment. « Je suis Braiden au fait. On s’est croisé hier. » Il laissa passer un instant avant de continuer. « Le centre-ville ? La Blue ? Notre chevauchée fantastique ? Ça te parle ou pas du coup ? » Il ponctua sa phrase en buvant une gorgée de café et repris. « Ah et c’est moi qui t’ai empêché de te noyer après notre... Petite escapade. Je t’ai tiré hors de l’eau et je t’ai ramené ici. » Il désigna la pièce de ses deux mains avant d’ajouter un. « Bienvenue chez moi ! » Sur un ton guilleret.

On pouvait difficilement faire plus concis. Il aurait aimé s’étaler un peu plus sur leur aventure passée mais il savait qu’on lui reprochait souvent de trop parler. Et à voir la tronche de l’autre, ce ne serait probablement pas une bonne idée de lui prendre la tête.

Par contre, il ne savait pas trop comment continuer cette délicieuse conversation. Autant il adorerait continuer son monologue, autant il savait que ça ne se faisait pas.
C’était quoi du coup la suite programme ?

Le Richardson but une nouvelle gorgée de café et pianota doucement sur la table avec ses doigts, gardant son regard posé sur son vis à vis mais finit par briser à nouveau le silence. « Et du coup... Tu es ? » Ouais, on avait déjà vu mieux comme phrase pour briser la glace, mais là, il devait bien avouer qu’il était un peu en panne d’idées.
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Tout un merdier. Des corps déchiquetés, un type qui « me » braille dessus de sa hauteur de moineau. Je me rappelle aussi de cette femme dans mon taxi qui m’avait prit la tête rien qu’à la première phrase…
…et moi au milieu de tout ça. Ou plutôt nous.

Regarde-moi cette tronche de demeuré… tu dois vraiment avoir l’air taré, mais lui est pas mieux loti j’crois. Je lâche un soupir alors que mes mains se mettent à trembler un peu sous l’anxiété. Elles sont à nouveau le long de mon corps et mon regard se balade de manière hasardeuse dans la pièce alors que mon hôte se déplace jusqu’à la machine à café - ça puait de ses grains et le bruit qui suivit était caractéristique. J’inspire et relâche l’air de manière plus lente, quoique peu marquée. Ça ne me dit toujours pas pourquoi je suis là. Pourquoi j’entends cette voix dans ma tête… Arrête de faire ta précieuse, va t’assoir. Je ferme les yeux en soupirant, il suffit d’y penser pour que ça arrive. Je suis cependant très attentif aux faits et gestes du type. Je ne sais pas qui il est, ce qu’il veut… pourquoi il m’a aidé alors qu’il n’était pas obligé. Peut-être qu’il était complètement défoncé au point de faire acte de charité ? Autant essayer de me faire croire que le Père Noël n’existe pas… Bien sûr qu’il existe, j’l’ai déjà mangé. Léger malaise… et les indices ne cessent de s’accumuler. Décembre 2012, Edinburgh. C’était pas du caviar le type ! L’hypothèse qu’il soit dans ma tête est vite balayée… et pour cause, il a l’air quand même assez perché. C’est qu’une première impression… j’espère que ce ne serait pas la dernière.

Mais alors il y avait vraiment un Autre…

Comment expliquer qu'on puisse communiquer aujourd'hui ?

Il sent quand même bon son café…

Ok. On va se calmer.

Faudrait peut-être lui dire pour la porte… laisse tomber, on s’en tape.

Il s’est installé et commence à essayer de me rafraichir la mémoire. La Blue ? Ce serait cette vapeur bleuâtre qu’il appelle comme ça ? Peu importe. Pour ce qui était de la chevauchée fantastique, j’étais moins convaincu. C’était clairement à chier. De mémoire, sensitive du moins, ça n’avait pas été particulièrement bandant, non. Il y a cependant un point qu’il éclaire… c’est lui qui m’a tiré des eaux et qui a prit l’initiative de me ramener ici. Je fais quelques pas vers la table, sans m’installer autour pour le moment. Il parle déjà moins fort, c’est déjà une bonne chose… j’ai toujours mal au crâne et la boîte d’aspirine n’est sans doute pas là pour décorer la table en damier. Pour lui, pour moi, pour nous, j’en sais rien, mais il veut vraiment partager un truc avec moi. Sauf qu’il ne parvient pas à endormir ma vigilance avec tout ça… bien au contraire.

« Toi d’abord… », lui renvoyais-je à nouveau. Il me semblait déjà avoir posé la question, même si c’était sur le coup de la surprise plus qu’autre chose. Entre ce bad trip qu’on avait partagé et le fait qu’il m’ait vu à poil, j’allais pas me passer de présentations pour autant. Non, clairement, on était pas assez intime, si c’était ça la question. Pas confiance. « Perso, ça m’viendrait pas à l’idée d’héberger un taré qui se transforme en clébard. » J’suis pas un clébard. « Ou à un truc qui y ressemble. », me ravisais-je un peu. J’ressemble pas à un clébard. Ça y est, ça me prend la tête. J’entends grogner et ça cogne franchement là-haut ; je fronce les sourcils en fermant les yeux un instant, me surprenant à répondre de la même façon… à savoir d’un grognement sourd, même si réprimé sur ses derniers instants.

Toujours est-il que je ne comprenais pas vraiment pourquoi il avait confiance, ou du moins avait prit le risque de me laisser sous son toit. Soit il était complètement con, soit il était complètement fou… soit il en savait plus qu’il n’y parait. Peut-être même plus que moi à vrai dire… et cette éventualité me perturbe assez dans l’idée. Je suis attentif à son pouls que je perçois. Tellement attentif que j’en joins mon regard clair au sien, attendant une réponse de sa part.  

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« Toi d’abord… » Le regard du blond sembla se perdre pendant un moment face à la réplique de son vis à vis. « Moi d’ab... » Il s’ébroua légèrement et but une nouvelle gorgée de café en espérant reprendre un peu de consistance. Non mais c’était quoi son problème ? Il venait de se présenter, de lui dire ce qu’il s’était passé et il le lui redemandait ? Il avait vraiment manqué un épisode là... Visiblement sa gueule de bois devait être plus violente que ce qu’il pensait.

« Perso, ça m’viendrait pas à l’idée d’héberger un taré qui se transforme en clébard. » Ah ben ça. Heureusement que Braiden était taré alors ! « Ou à un truc qui y ressemble. » Un nouveau sourire étira faiblement les lèvres du blond mais il s’effaça rapidement au moment où l’inconnu poussa un grognement plus animal qu’humain.
Ok, là ça devenait bizarre. Visiblement son côté piti chien prenait un peu le dessus. Il valait mieux qu’il reste prudent.

« Ok... » Il poussa un soupir et s’enfonça dans sa chaise, soutenant le regard du type avec un faible sourire. « Comme je te l’ai dit, moi c’est Braiden. Richardson. Et si je t’ai ramené chez moi, c’est tout simplement parce que je voulais pas te laisser tout seul au bord du canal. T’étais quand même à moitié mort et à poil, je pouvais pas t’abandonner ! » Son sourire s’effaça en même temps que son visage prenait une expression fière, haussant légèrement les épaules. « Ouais je sais. Ma bonté me perdra. » Ses sourcils se froncèrent brusquement. « Ou alors c’est que je suis tout aussi taré que toi... » Il reprit une expression amusée et secoua la tête, comme pour effacer ce qu’il venait de dire. « Naaaaaaan. J’ai juste une grande bonté d’âme. » Il s’alluma une cigarette, en tira une longue latte dessus et but une autre gorgée de café sans quitter le brun des yeux.

Bon ben voilà hein ! Il ne voyait pas ce qu’il pouvait rajouter de plus là. On pouvait difficilement faire plus concis.

« Plus sérieusement... Je t’ai tiré hors de l’eau et je t’ai ramené ici, ok. Te sens pas obligé de me devoir quoi que ce soit. Comme on dit, mi casa es su casa ! » Il écarta les bras comme pour appuyer ses propos et sur un ton enjoué. « Donc rassure toi, je ne te demanderai rien ! Pas la peine d’être sur la défensive ou quoi, je ne te veux absolument aucun mal. » Ses bras retombèrent brusquement le long de son corps alors que son regard se faisait plus perplexe. « Bon ok, c’est ce que quelqu’un qui te veux du mal te dirait, mais tu peux me faire confiance. Considère toi simplement comme mon invité. » Et c’était vrai en plus ! Bon ok, s’il l’avait ramené chez lui c’était en partie parce qu’il était vachement intéressé par son don. Parce qu’il fallait bien admettre que pouvoir chevaucher un loup géant au combat, ça aurait quand même vachement de gueule !
Et il voulait également en savoir un peu plus sur le passé de ce type. Sa particularité ramenait à énormément d’histoires qu’il avait entendu du temps où il était encore à HYDRA. Et il ne semblait pas avoir encore de liens avec l’organisation, ce qui signifiait qu’il pourrait potentiellement rejoindre Chimera. Et ça aussi ça avait de la gueule !

« Bon ben je crois que j’ai fait le tour... Donc si tu pouvais me dire qui tu es ? Tu sais, histoire d’être poli, tout ça, tout ça... Et qu’on puisse avancer un peu, parce que j’ai quelques questions pour toi et ce serait quand même mieux si je pouvais au moins t’appeler par ton prénom plutôt que par piti chien. » Il ne voyait pas ce qu’il pouvait rajouter. S’il refusait de "coopérer" ils risquaient de vite tourner en rond. Ce serait quand même vachement dommage compte tenu des sujets qu’il voulait aborder avec lui.
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« Comme je te l’ai dit, moi c’est Braiden. Richardson. » Je phase… et pas qu’un peu. Je reprends un peu mes esprits. Lorsque je me rends compte que j’ai réussi à zapper une information aussi capitale en si peu de temps, c’est ma migraine qui tape à nouveau. Bad trip de merde. Je me sens plutôt con sur le moment, je maudis intérieurement l’Autre qui en rajoute une sale couche et m’empêche de me concentrer. J’m’appelle Iblis et j’suis pas un chien, enfonce-toi bien ça dans l’crâne. Ok, on va pas le vexer. J’ai pas besoin de me foutre à dos quelqu’un d’autre, j’en ai déjà assez gros sur la patate. Je ferme un peu les yeux en soupirant légèrement. J’écoute ce que le dénommé Braiden a à me dire, puis m’approche un peu plus de la table. Ses propos ne me rassurent pas pour autant, et Iblis est du même avis sur la question. L’odeur du tabac ranime mon besoin de fumer, volonté que je réprime malgré le coup d’œil plus ou moins révélateur dans sa direction. Il m’explique ce dont il me semble me souvenir petit à petit. L’eau à s’en geler les couilles, cette histoire de dette qu’il met sur le tapis (alors que j’ai clairement cette idée-là d’imprimée au fur et à mesure)… je tire la chaise qui lui fait face et m’installe précautionneusement. C’est pas une bonne idée de lui péter tout le mobilier. Et en parlant de ça…

« Comme on dit, mi casa es su casa ! », qu’il me balança d’un ton particulièrement enjoué. Un ton qui me dérange assez, mais passons. En soi, c’était plutôt une bonne chose, mais je ne savais pas endormir mon ultra-vigilance d’un claquement de doigts. Et aujourd’hui encore moins. « Ouais bah… j’espère que tu m’en voudras pas trop pour la porte de la chambre alors. » Parce que je le prenais au mot. Il n’y avait pas de raison pour que je ne le fasse pas. Pas après ce qu’il avait fait. Même dans l’optique où ça avait été fait par intérêt plus que par bonté pure… les faits étaient là. Je ne sais pas ce dont il est capable. Il m’a traité. Et juste après j’bougeais plus. J’suis sûr que c’est lui qu’a fait ce tour de magie à la con. Si Iblis s’en souvient… c’est qu’il était conscient, peut-être même plus que moi. Maintenant qu’il le dit, je me rappelle de ce sentiment de frustration qui l’avait gagné alors que ses (nos) articulations s’étaient figées sans aucune raison apparente. C’était peut-être pas lui. C’était peut-être quelqu’un d’autre. On était trop beurré pour avoir conscience de qui faisait quoi… y a des soirs où je m’en serais complètement foutu de finir à demi à poil dans la rue en train de décuver. Si c’était le cas y a vingt ans, ce n’était plus vraiment d’actualité.

Arrête de réfléchir Alistair, prends ce café et ce foutu cachet… ouais, j’ai vraiment soif là, magne.

Je tire un peu le bras, garde les yeux scellés aux siens le temps que j’attrape un cachet d’aspirine que je libère de sa plaquette. J’ai pris du temps pour le faire, en réalité, je faisais plutôt gaffe à rien bousiller par mégarde. Je ne sentais absolument plus ma force. C’est plutôt cool non ? Ouais, on est d’accord, ça pète la classe. Ouais. Ça pète surtout les burnes. pensais-je alors que je sentais l’entité d’Iblis s’agiter et dans le bon sens du terme (c’était vraiment possible un truc pareil ?). Mon regard s’égare un peu alors que je ramène à moi la tasse qui m’était réservée. J’allais devoir lui répondre. Du reste, il n’avait pas menti jusqu’à maintenant. Du moins pas suffisamment pour que son rythme cardiaque le trahisse.

« Alistair Blackwood. » Il était pas question de m’excuser de l’avoir fait répéter des informations qu’il m’avait - en partie - déjà délivrées plus tôt. J’avais pas le pardon facile non plus je dois dire. Je regarde le contenu sombre de ma tasse, tentant de ne pas mal prendre les propos qu’il m’avait balancé quelques secondes plus tôt. La politesse, dans ce genre de situation (comme d’autres qui sortaient du cadre professionnel), je m’en carrais pas mal. Mais je lui devais au moins ça, je crois. « J’suis taxi driver. J’avais une course à faire dans le coin. » Mon accent écossais décore toujours autant mes phrases, mais il me semble être beaucoup plus fort depuis mon réveil. Une impression sans doute, je l’avais toujours eu ainsi. « J’pense que ce sera la dernière, » finis-je par avouer, ce qui me surprend assez puisque je n’avais pas exprimé cette volonté clairement et à personne avant lui. De toute façon, j’avais déjà prévu de me farcir le boss. Et là… sans aucune garantie derrière, ni plus aucun papiers pour l’instant… j’allais devoir sérieusement improviser. « Faudrait que j’y retourne. Il reste p't'être des papiers… ou autre. », glissai-je un peu plus bas. Sauf s’ils étaient déjà détruits par les flammes (ou que sais-je encore) ou récupérés par les flics… ça, c’est beaucoup moins drôle, surtout s’ils essayaient de téléphoner à un numéro qui ne sonnera jamais. Un téléphone ça marche moins bien en pièces détachées, en fait.

Je me passe une main sur le visage, prend le cachet que j’avale avec ma première gorgée de café chaud. Hm. Ouais. Pas mauvais. Je reste un instant à ne rien dire, fixant le vide. L’odeur de la clope me fait foutrement envie, il faudrait que j’arrive à lui en choper une et fissa. Je lève finalement les yeux vers lui, lui lâche. « Merci. » Il paraît que certains mots font plaisir à entendre, ça doit en faire partie. Enfin soit; on était pas là pour faire de la sensiblerie, c’était simplement un retour des plus naturels… et ce malgré l’épisode désagréable. Il me fallait un peu de temps. M’en faudrait beaucoup plus aussi… j’avais l’impression d’être à fleur de peau. Le moindre contact me rendait électrique… ou plus que je ne l’étais déjà.

Les types de l’organisation auraient dû être sur mes talons depuis un moment. Salkanovič se ramollissait à ce point ? Pas vraiment le genre de la maison il me semble. Attends, c’est qui cette grognasse déjà ? Iblis ne la connait pas, qu’est-ce que ça peut lui foutre que je lui dise ? Autrement, qu’est-ce qui les empêchait de me dénicher ? Est-ce que Richardson avait un lien avec eux ? On n’était pas écouté en ce moment même, du moins j’en avais pas encore la désagréable impression. Non, j’aurais certainement cramé directement si ça avait été le cas. « Et c’est quoi ces questions ? », lançais-je finalement dans un soupir. Il n’était pas question de lassitude, soyons clair. Avant de reporter la tasse à mes lèvres, une simple remarque (d’importance) se faufile jusqu’à lui. « J’aime pas trop les interrogatoires, j’préfère prévenir. » En prononçant ces mots, je suis comme happé par un passé qui me rattrape. Je fronce un peu les sourcils, me tend un peu et me force à relâcher l’air que j’avais contenu dans mes poumons pendant ces quelques instants. Ouais, les interrogatoires, je connais. J’aurais préféré ne jamais être aussi rodé dans le domaine si vous voulez mon avis. Tiens donc… Iblis ne dit rien lui non plus. Au moins, nous étions d’accord sur un point… et pas des moindres.

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Coopérera ? Coopérera pas ?
Pour le coup, Braiden ne savait plus vraiment sur quel pied danser et ça commençait à le gonfler franchement.
Après le padre et Theodor, voilà qu’il se retrouvait encore sans avoir le total contrôle de la situation.
Et il n’aimait vraiment pas ça.

« Alistair Blackwood. » Oh ! Et ben voilà !
Bon, certes ce n’était que son nom, mais c’était déjà ça. C’était un bon début.
Peut être qu’ils allaient réussir à communiquer un peu finalement... Bon il avait du mal avec ce prénom. Qui s’appelait Alistair, franchement ? C’était exactement comme le Adamska que Charlie lui avait sorti lors de leurs retrouvailles. Comment est ce qu’on pouvait appeler son gosse comme ça ?
Il avait vraiment du mal à le comprendre.

« J’suis taxi driver. J’avais une course à faire dans le coin. » Ok... Et donc c’était son taxi qu’on lui avait balancé dessus pendant leur trip sous Blue ? « J’pense que ce sera la dernière, » Ah ben ouais ça devait être celui là. Effectivement, ce serait compliqué pour lui de continuer à faire son boulot sans son véhicule. « Faudrait que j’y retourne. Il reste p't'être des papiers… ou autre. » Ça par contre, c’était peu probable. Déjà parce qu’il s’était retrouvé complètement à poil mais aussi parce que vu le merdier dans lequel ils avaient été, il y avait peu de chance qu’il reste quoi que ce soit. Et dans le pire des cas, les flics les avaient récupéré et étaient en ce moment même en train de le rechercher.

« Merci. » Le blond s’immobilisa, surpris par ce mot mais retrouva rapidement ses esprits et balaya l’air de la main, l’air de dire que ce n’était rien. Il aurait fait la même chose pour lui non ? Non. Il fallait qu’il arrête de se dire que tout le monde avait autant de bonté que lui.
« Et c’est quoi ces questions ? J’aime pas trop les interrogatoires, j’préfère prévenir. » Braiden haussa les épaules avant de répondre. « Je crois que personne n’aime les interrogatoires tu sais. » Il ponctua sa phrase par un sourire et fit glisser son paquet de clopes vers Alistair, l’invitant à se servir d’un bref mouvement de tête.Il avait bien vu la façon avec laquelle il l’avait regardé quand il s’en était allumé une. « Et comme je te l’ai dit, pas la peine d’être autant sur la défensive Ali. Euh... Je peux t’appeler Ali ? Ou tu préfères Al ? » Il ne laissa pas le temps à son vis à vis de répondre et continua dans la foulée. « Pour ce qui est de tes papiers, il y a peu de chances que tu puisses récupérer quoi que ce soit. Parce que je sais pas si tu t’en souviens, mais on a foutu un sacré merdier là bas. » Il lâcha un petit rire en se remémorant certains événements. Ouais merdier était le terme approprié mais putain qu’est ce que ça avait été fun. « Et s’il restait des trucs à ramasser, ce dont je doute hein, il y a de très fortes chances que les flics les aient déjà. Si ça se trouve, t’es un homme recherché en ce moment même ! » Et ça c’était un bon point pour lui. Si Al était recherché, il y avait plus de chances qu’il reste ici le temps que ça se calme et ils auraient plus de temps pour discuter.

Il tira une nouvelle latte sur sa cigarette avant de reprendre. « Mais j’ai quelques questions ouais. Déjà ta... Particularité. J’avais entendu des histoires et j’y croyais pas trop, parce que ça me semblait beaucoup trop gros. Mais en te voyant, je me rends compte que c’était pas vraiment des histoires en fait. Pas vrai ? Numéro six ? » Son sourire se fit plus carnassier et son regard plus sérieux. « Parce que je me trompe pas ? C’est bien de toi dont j’ai entendu parler du temps où j’étais à HYDRA hein ? » Se rendant compte que balancer le nom de l’organisation comme ça pourrait mettre Alistair sur la défensive, Braiden leva rapidement ses mains devant lui dans l’espoir de le calmer. Après tout, Ali ne devait plus faire parti des super nazis non plus. Il aurait su qui il était dans le cas contraire. Il était devenu plutôt célèbre depuis sa défection de l’organisation. « T’inquiètes pas, j’ai plus rien à voir avec eux mais quelque chose me dit que toi non plus. Et je pense donc qu’il y a moyen qu’on puisse trouver un terrain d’entente tous les deux. » Il était persuadé qu’Alistair ne portait pas vraiment HYDRA dans son cœur et comptait bien en profiter. Déjà parce que ça pourrait s’avérer super amusant de faire affaire avec lui mais aussi parce que ça permettrait d’emmerder un peu HYDRA. Et ça, ça intéressait toujours le marionnettiste.
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J’étais même pas certain de vouloir écouter les infos après ça. C’est le genre de truc qui me donnait envie de fuir la ville et sur le champ. Et pour le coup, j’avais mille et une raison de le faire. Comme j’en avais d’autres qui me poussaient à ne pas franchir le pas d’ailleurs… à commencer par l’organisation (ces remarquables altruistes) qui me suivait, que je trouvais aussi louche que ce type. Non, l’organisation l’était davantage mais il avait l’avantage d’être un peu fêlé. Arrête de te plaindre, t’es pas mieux que lui. La remarque passe difficilement. Je lève les yeux au ciel, secoue un peu la tête de droite à gauche. Je continue à boire quitte à m’en brûler le palais, j’avais trop soif - et sérieusement, j’allais pas siroter le café tranquille comme avec mémé.

Lorsqu’il me fait la remarque sur les interrogatoires, je peux pas m’empêcher de lui accorder ce point. Parce qu’en plus, il me propose de quoi fumer et ça, c’est quand même pas rien non plus au vu de mon état. De fait, je réceptionne le paquet en continuant de le faire glisser jusqu’à moi, tirant une au hasard. Un simple coup d’œil et bref hochement de tête pour le remercier - ça allait finir par me pomper à le dire toutes les trente secondes - alors que je m’emparais du feu pour griller rapidement son extrémité.
Je tire dessus. Certaines odeurs s’évanouissent pour ne laisser que celle-là, ce qui n’est pas sans m’apaiser. Sur la défensive…parce que statistiquement t’en aurais eu combien des types bien lunés à ma place ? Il dit juste que t’es plus relou que les autres. Ça va, j’avais pigé le message. Puis pourquoi il est aussi calme l’Autre, là ? Manquerait plus que je sois le seul à être crevé dans cette histoire ? Je grimace légèrement lorsque le mal de tête me lance. Lors d’une de mes expirations, les propos du dénommé Braiden me laissent sans voix. Je me suis figé et ai levé les yeux dans sa direction. Je rêve ou il vient de m’appeler Ali ? Je préfère tirer une taffe plutôt que de répondre avec agressivité, enterrant plus ou moins cet agacement qui ne cessait d’être alimenté. Et pour des conneries en plus… J’crois il est un peu con des fois. J’écoute la suite mais la nervosité (tension explicite) est toujours palpable. Pour l’instant, c’était sous contrôle. Je crois.

« Ouais, ok. En gros, j’suis vraiment dans la merde. » Pas plus compliqué que ça, je crois. Et c’est pas faute d’avoir voulu être optimiste pour une fois…
À peine le temps de reprendre ses esprits et la merde déjà jusqu’au cou. Putain. Pourquoi il m’a pas laissé me noyer cet abruti ? (Y a un silence et une vague sensation désagréable) Iblis s’agite nerveusement et c’est un coup assez violent que je me prends, mes épaules s’affaissant d’elles-mêmes alors qu’un putain de frisson courait là, le long de mon échine. Ça déconne pas vraiment quand je parle de ça… c’est quoi le problème ? Ça me dépasse.

Mais j’attendais le moment où il se présenterait comme le samaritain bienfaiteur. Et le pire dans cette histoire, c’est que j’allais devoir dire oui.

Pourquoi t’as sauté dans la flotte ?! avais-je lancé sur mon plan interne, sur les nerfs. J’suis pas très discret en plein jour, tu sais. Et puis sérieux, j’ai pas l’droit de faire trempette ? La clope pincée entre mes lèvres est en train de prendre un peu cher. « Si ça se trouve, t’es un homme recherché en ce moment même ! » qu’il me dit — et j’ai commence l’impression que cette idée lui plaît. Au moins je savais que j’étais recherché par Salkanovič - mais le reste, j’en savais rien. Las, je lâchai. « Merveilleux ! » en replaçant mon dos contre la chaise, faisant un bref mouvement avec mes mains dressées et tête basculée en arrière. L’ironie masquait à peine mon air blasé. Je sais pas si c’était de la peur. Je crois que… y avait beaucoup plus de colère là-dedans qu’autre chose. Pour le moment.
Il allait falloir réfléchir. Pour que je me sorte de ce pétrin… mais là, j’avais juste trop de mal à m’y mettre. Ou plutôt à y rester trop longtemps. Ça va, dis que j’t’emmerde ? Un soupir alors que j’écrase le mégot contre le cendrier.
Le pire restait à venir. Je savais rien de ce type.
Mais j’comptais bien avoir plus d’informations sur le sujet. Mouais. Pour ça faudrait qu’il se la ferme juste dix secondes.

Il passe, semble t-il, aux choses sérieuses. Les questions tant attendues finissent par arriver. J’ai l’impression qu’il devient vipère en moins de quelques secondes, ses paroles s’immiscent en moi comme un venin qu’il savait dangereux. Qu’est-ce que tu cherches Braiden ? Je fronce un peu les sourcils, repose la tasse que je venais de finir au trois quart. Mes prunelles s’accrochent aux siennes. Des histoires ? Il savait que c’était moi depuis le début ? Nous, Alistair. Nous. Comment c’est possible ? Pourquoi il m’a pas balancé ? P… « Pas vrai ? Numéro six ? » Figé. Un frisson et une sensation d'atroce confusion. Ailleurs, j’étais complètement parti ailleurs alors que je sentais Iblis fondre en colère. C’était… c’est monstrueux. Mes pulsations cardiaques me font mal. Je me sens oppressé. Pris dans quelque chose qui me dépassait. L’incompréhension. « De quoi tu… », murmurais-je alors qu’il continuait sur sa lancée. HYDRA ? Ce serait pas… merde, je comprends rien à ce qu’il me raconte, mais la façon dont il m’a appelé me rappelle quelque chose. Ça me rappelle quelque chose et je veux pas m’en souvenir. « Attends… de quoi tu m’parles, là ? Pourquoi HYDRA ? Qu’est-ce qu… » toujours à mi-voix, même si le ton employé était différent, étant moins monocorde. Numéro Six… Numéro Six répète t-il alors qu’il y a quelque chose qui monte. La respiration se veut être contrôlée mais elle est plus difficile. Je suis tendu. Je suis perdu. J’SUIS PAS UN PUTAIN D’MONSTRE !, hurla l’Autre, me faisant légèrement sursauter. Dans la surprise, j’ai brisé la tasse par une simple pression involontaire. Ce qui restait de son contenu file entre mes doigts tremblants et sur la table. « T’as intérêt à m’dire tout c’que tu sais et vite », parvins-je à articuler alors que je tentais tant bien que mal de garder mon calme. Un combat des plus féroces sur mon plan interne. Pour moi comme pour lui ce serait mieux. « Parce que j’suis pas au courant de toute cette merde. » Et que j'savais pas si j’allais réussir à tenir longtemps sans savoir. Je ne le regarde même pas, c’est pas le moment. Mais ce qui me fout le plus les boules c’est qu’il m’a annoncé avoir travaillé pour eux. Or, j’ignorais qui ils étaient réellement pour moi. Qu’il m’appelle encore une fois comme ça et j’le fume, t’entends ?! J’le saigne comme un porc ! J’ai l’impression que les menaces ne sont pas là pour le bluff. Je commence aussi à avoir peur. Peur de ce que je pourrais faire si… « Ne m’appelle plus comme ça… » glissais-je dans une expiration difficile. J’ignore comment je parviens à aligner autant de mots au vu de mon état actuel. « Plus. Jamais. » J’insistais sur chacun des mots. Ravale ma salive, n’ayant pas bougé d’un iota depuis tout à l’heure. L’ultra-vigilance est à nouveau mise au premier plan. Je tente de percevoir ce qui aurais pu m’échapper. Ils sont peut-être déjà là, pas loin. Comment auraient-ils pu me laisser après tout ça ? Et qui diable est ce ILS qui prend alors une toute autre dimension à mes yeux ?

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« Attends… de quoi tu m’parles, là ? Pourquoi HYDRA ? Qu’est-ce qu… » Ok euh… Visiblement il avait vraiment du mal à suivre hein ? Il était pourtant persuadé de parler de manière claire et compréhensible mais Alistair n’arrêtait pas de lui reposer des questions et semblait de plus en plus paumé.
C’était quoi ? Des restes de la Blue ? Ou alors le fait qu’il ait manqué de se noyer ? Non parce que là, Braiden était légèrement perdu.

Alistair sursauta subitement, faisant éclater la tasse entre ses doigts, provoquant une légèrement crispation chez le marionnettiste. « T’as intérêt à m’dire tout c’que tu sais et vite… » Il fronça les sourcils, attendant d’écouter ce qu’il avait à dire. Ça sonnait clairement comme une menace, ce que le Richardson n’aimait pas du tout, mais d’un autre côté il ne voulait pas risquer d’énerver son invité en le coupant. Il semblait assez nerveux comme ça. « Parce que j’suis pas au courant de toute cette merde. » Ouais ben apparemment il était pas au courant de grand-chose le mastodonte. Est ce qu’il avait vraiment bien fait de le ramener au QG ? Il s’était dit que ce serait une super idée et qu’ils pourraient trouver un terrain d’entente mais à voir la situation dans laquelle ils se trouvaient… Il aurait peut être mieux fait de le laisser sur la berge au lieu de s’écouter.
Saloperie de bonté d’âme.

« Ne m’appelle plus comme ça… » C’était pour ça qu’il pétait un câble ? Juste à cause de son nom de code ? Non, ça devait forcément être autre chose. « Plus. Jamais. » Ah ben non. Vu le ton employé, c’était bien pour ça.
Et après c’était lui qu’on trouvait bizarre...

Braiden leva lentement ses mains devant lui, montrant bien qu’il ne tenterait rien et dans l’espoir de calmer son vis à vis. « OK. Easy big guy. » Non, vraiment, il commençait à se dire que c’était une mauvaise idée de l’avoir ramené. Si au moins Glenn avait été présent il aurait pu compter sur lui pour calmer le jeu mais il avait complètement disparu de la circulation depuis quelques jours. Et ce n’était pas sur ses hommes de mains qu’il pourrait compter pour intimider Alistair.
« T’aimes pas ton surnom ? Pas de soucis, on oublie. Et pour ce qui est de ce que je sais… » Une moue désolée étira ses lèvres et il haussa faiblement les épaules. « Désolé mon pote mais tout ce que j’ai entendu ce sont des rumeurs du temps où j’étais encore à HYDRA. » Il fronça brusquement les sourcils et reprit rapidement la parole. « HYDRA ? Ça te parle ça ? Ou pas du tout ? Non parce que si je dois tout t’expliquer, ça risque de prendre des plombes hein. » N’attendant pas de réponse de la part d’Alistair, il balaya l’air de la main tout en continuant. « Pour faire simple, HYDRA c’est les méchants. Super nazis, conquête du monde, mort de l’Amérique, ce genre de trucs. » Il afficha une moue satisfaite face à son résumé et se félicita intérieurement. On pouvait difficilement faire aussi concis et précis. Non, vraiment il avait assuré.

Réalisant qu’il commençait à se perdre dans ses pensées, il releva les yeux vers Alistair et lui afficha un petit sourire. Lui dire tout ce qu’il savait hein ? Ça par contre il allait avoir du mal à le résumer.
« Du coup. J’ai bossé pour HYDRA pendant un temps et j’avais entendu des bruits de couloirs sur un type capable de se changer en clébard. » Il leva légèrement une main pour calmer son invité. « En loup, pas en clébard. Désolé. » Il fallait qu’il fasse gaffe à ne pas plus l’énerver. Pourquoi est ce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de balancer des trucs pareils ? « Visiblement tu sais pas grand-chose de cette période, ou alors tu t’en souviens pas et j’en sais pas plus. Ok ? J’aimerais beaucoup t’aider mais j’étais qu’un simple agent. J’ai juste entendu des rumeurs. Désolé. » Son sourire réapparu sur son visage. « Est ce que tu te souviens de quelque chose au moins ? Non parce qu’à voir ta réaction face à ton… Surnom, il doit te rester quelques souvenirs non ? Ou alors ils t’ont effacé la mémoire pour faire de toi un agent dormant ? Parce que j’ai une copine a qui c’est arrivé et il a fallu lui balancer une série de mots clés pour la réactiver. Tu penses que ça pourrait être un truc dans le genre pour toi aussi ? » Ça pouvait être une possibilité mais si c’était bien ça ils allaient galérer pour trouver les mots en questions. Il avait encore quelques contacts à HYDRA mais doutait de pouvoir mettre la main sur un dossier pareil. Sinon il pourrait toujours lui taper sur la tête jusqu’à ce que ça revienne -ça marchait bien avec les amnésiques- mais il y avait peu de chances qu’Ali accepte de subir ça.

Ça s’annonçait compliqué...
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Mon - notre - surnom ? Était-ce cette fameuse organisation qui était à l’origine de tout ça ? Avais-je enfin réussi à trouver la vérité dans cette triste affaire ? En toute honnêteté, j’aurais préféré ne pas l’apprendre dans de telles conditions. Mais y avait-il seulement un bon moment pour bouffer ce genre de discours avarié ?

Le reste de café chaud agresse la peau de mes doigts qui tremblent encore sous la nervosité. Une nervosité qui est due à ce qu’on me servait, à mes divagations, mais aussi à Iblis. J’avais peur de lui et j’étais incapable de faire face à cette émotion - moi qui avais passé le clair de mon temps à fuir cet Autre pour m’en protéger. Et protéger ce qui pouvait être mon environnement en le faisant taire. Chose que je n’avais jamais réussi à faire… du moins… à mon bon souvenir. Et les derniers événements n’avaient fait que confirmer le tout.

Je ne le quitte pas des yeux. Je l’avais menacé mais j’étais pas certain de faire ça pour lui nuire, au final. Encore un moyen foireux pour essayer de calmer le jeu - mais je n’avouerai certainement pas maintenant que j’essayais de lui éviter une colère qui n’était en partie pas la mienne. Iblis est presque silencieux, du moins c’est un moyen de dire qu’il ne parle pas mais qu’il passe son temps à grogner. Un bruit de fond qui cogne contre mes tempes. J’écoute ce que raconte Braiden le samaritain, beaucoup plus attentivement que je n’aurais pu le faire autrefois. J’attendais quelque chose. De clair… de précis… de réconfortant ? J’avais sonné à la mauvaise porte pour ça, je crois. Il m’envoie une question à laquelle je ne réponds pas : en réalité, je n’avais même pas daigné ciller, bouche close, frottant simplement mon pouce contre l’index de la même main. Ma respiration échappée par mon nez faisait de léger trémolos; très légers, mais pour moi il s’agissait de détails qui prenaient des ampleurs terribles. Des rumeurs… j’suis une bête de foire ?, pensais-je alors que je me repassais ses propos le temps qu’il reprenne la parole. Cette réflexion sembla crisper davantage Iblis et je portais ma main « valide » contre la partie supérieure de mon bras. Sans m’en rendre compte, mes doigts s’y enfonçaient avec de plus en plus d’intensité. Putain, calme-toi. Retourner contre soi pour protéger. J’insistai une nouvelle fois sur mon plan interne. Calme-toi… ce qui semblait parvenir aux oreilles de l’Autre qui tenta de s’y plier. Malheureusement, c’était une tâche bien trop difficile pour que je puisse garder le mien en même temps.

« T’étais avec ces connards… », soufflai-je, presque las. J’aurais pu lui sauter à la gorge rien que pour ça. Or, mes membres s’étaient comme figés dans une glace invisible. (Mon comportement était foutrement ambivalent.) Ma prise se resserrai néanmoins. Avait-il seulement été volontaire pour faire partie de cette organisation ? Ou avait-il au contraire été embrigadé de force… piégé comme j’avais pu l’être ? Il semblait être pourtant plus informé sur le sujet. Il semblait bien moins perturbé que moi aussi… enfin, c’était un bien grand mot. (Mes mâchoires se compriment un peu lorsqu’il confond chien et loup. Je ne suis même pas certain que ce soit vraiment un loup - mais ma réaction parlait pour Iblis.) J’avais bien vu la façon dont il parlait, me regardait : si j’étais pas tout seul dans ma tête, il devait lui manquer quelques cases de son côté. Regarde-le… est-ce qu’il aurait essayé de t’aider s’il n’avait pas eu un quelconque avantage à le faire ?, grogna Iblis, dont les mots se détachaient à couper au rasoir. Un faux pas et il le bouffe, d’après ce que j’ai saisi. ON. C’est bon… j’ai pigé. Au-delà de la rancœur qui gonflait au fur et à mesure, il y avait bien entendu un lot de questionnements qui ne trouverait certainement aucune réponse immédiate. Braiden était justement en train de me dire qu’il ne pourrait pas m’aider davantage sur le sujet. Il a le sourire aux lèvres, d’ailleurs. Et c’est bien le seul. L’excuse qu’il me pond ne me fait ni chaud ni froid. « C’est quoi tes motivations à toi ? T’en avais marre de faire le café à ton super-nazi ? », avais-je lâché sans vriller du regard. Ce dernier était mi-éteint, mi-acéré. Ma respiration s’était vraisemblablement calmée. Les tremblements pas. Mon cœur ? Il cognait encore.

Puis il me demande si je me souviens de quelque chose. « Qu’est-ce que tu veux d’moi ? », avais-je lancé en guise d’introduction. (Un grognement interne. Non, ça ne me plaît pas non plus d’être ‘dépendant’ d’un tiers.) C’était pourtant la question qui aurait dû clôturer mon discours. Au moins, il était déjà au courant et pourrait y réfléchir une fois que j’en aurais terminé avec ce blabla qui ne m’enchantait pas. « J’me souviens de rien. » Je mens à moitié. J'ai quelques bribes, surtout des sensations en fait, mais j'ai pas envie de m'en souvenir. Et j’ai la confirmation qu’ils ont des méthodes pour le moins sauvages quant à l’asservissement de certains… agents. Ce que je n’étais pas. « J’suis pas comme eux. J’suis pas un agent. » Pourtant, j’ignore que j’ai été entraîné par eux, que cette psy n’en était pas une mais bien la responsable du projet n°06. Que cette organisation samaritaine n’était en réalité qu’une façade qu’on m’avait vendue… que l’envers du décor était tout autre. « Et ce… surnom, » commençai-je, grimaçant un peu, (je l’aime vraiment pas), « C’est… quelqu’un d’autre qui s’en souvient mieux qu’moi. » Comment lui expliquer ? Je crois que j’ai juste aucune envie de le faire. Mais j’avais vu ce ‘N°06’ sur une lettre qui avait été complémentaire aux billets que j’avais dû prendre pour venir de ce côté-là de l’Atlantique. Il avait été un mystère pour moi jusqu’à aujourd’hui… là, je retirai ma main de mon bras (bien marqué, mais passons) pour tapoter ma tempe de la pulpe de mon index. « Le loup dont tu parles, il est là. On est deux. » Et c’est lui qui s’en souvient. Ce n’était pas moi. Tu fais bien d’le dire… Nous formions un Tout. À la différence que… « Je me souvenais de rien… avant aujourd’hui. » Mais ça c’était avant ? À quoi c’était dû ? J’en savais rien… la Blue peut-être ? « À chaque changement, black-out. J’aurais jamais pu m’rappeler de quoi que ce soit. » Parce qu’ils n’avaient certainement jamais songé qu’une fusion des consciences soient possibles… qu’un terrain d’entente puisse être trouvé entre nous. Y en avait-il seulement un ? Qu’est-ce qu’il nous veut ce con ? S’il est d’leur espèce…, relança Iblis, agacé. Il en avait assez des bavardages, mais moi… moi, je voulais savoir. Et si ce mec était vraiment capable de m’aider ? « J’espère pour toi que t’as plus rien à voir avec eux. » C’était quelque chose dont je préférais m’assurer. La rancune était tenace et je cultivais une envie furieuse d’aller leur rentrer dans le lard. Et j’avais comme l’impression que nous étions deux à qui l’idée plaisait…

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Alors honnêtement, Braiden s’était attendu à ce que ce soit compliqué hein. Après tout il devait expliquer toute la situation à Alistair et lui demander ensuite s’il voulait bien qu’ils bossent ensemble mais là…
C’était bien plus tordu que ce à quoi il s’était attendu.

« Qu’est-ce que tu veux d’moi ? » Ah ben enfin il posait une question intelligente ! Est ce qu’il avait enfin compris qu’il ne lui voulait aucun mal ? « J’me souviens de rien. » Ça par contre c’était problématique. Et s’il ne se souvenait vraiment de rien ça n’aiderait pas vraiment à savoir s’il avait subi le même sort que Charlie.
Et merde… Pourquoi est ce que c’était toujours aussi compliqué avec HYDRA ?
« J’suis pas comme eux. J’suis pas un agent. » Le blond hocha faiblement la tête. Ouais, ça collait. De ce qu’il avait pu entendre sur lui, il n’avait été qu’un cobaye apparemment. « Et ce… surnom, » Ouais ben ça allait hein ! Il avait qu’ils oubliaient ! « C’est… quelqu’un d’autre qui s’en souvient mieux qu’moi. » Euuuh… Il fronça les sourcils, légèrement perplexe. Quelqu’un d’autre ? Il observa rapidement à droite et à gauche au cas où quelqu’un d’autre se trouverait avec eux sans qu’il ne l’ait remarqué. Ah ben non, ils étaient seuls. Mais alors pourquoi est ce qu’il avait l’impression bizarre que "l’autre" en question était quand même avec eux ?
C’était vraiment étrange.

Alistair pointa sa tempe, provoquant un léger mouvement de recul chez le marionnettiste. Donc l’autre était dans sa tête ? Et après c’était lui qu’on traitait de taré... « Le loup dont tu parles, il est là. On est deux. » Le regard du blond se fit encore plus perplexe. Il avait un peu de mal à tout saisir. Le piti chien était dans sa tête alors ? Comme une deuxième personnalité ? Il s’était dit qu’il ne faisait qu’apparaître comme ça, un peu comme un loup garou -non, il n’avait pas pu s’empêcher de se faire cette comparaison- mais alors il était conscient ? Genre il lui parlait et tout ? « Je me souvenais de rien… avant aujourd’hui. À chaque changement, black-out. J’aurais jamais pu m’rappeler de quoi que ce soit. » Ok mais la différence c’était qu’il se souvenait de quelques trucs aujourd’hui. Est ce que c’était dû à la Blue ? Quand on voyait le délire que ça lui avait provoqué ce n’était pas impossible qu’elle ait également réveillée des souvenirs chez Alistair.

« J’espère pour toi que t’as plus rien à voir avec eux. » Le Richardson prit un air faussement offusqué. « Eh ! Là tu me vexes mon pote ! Tu penses vraiment que je bosse encore avec eux ? J’te l’ai dit, j’ai bossé avec eux ouais. Mais c’est du passé. » Il se réinstalla un peu plus confortablement, passant un bras derrière le dossier de sa chaise. « Pour faire simple, disons que j’ai mis un terme à notre collaboration quand j’ai réalisé qu’ils étaient prêts à me laisser crever. » Bon ok c’était un peu plus compliqué que ça mais à voir l’état d’Alistair il préférait lui épargner tous ses détails pas forcément super intéressant. Il pourrait toujours lui expliquer une autre fois. « Par contre, à voir la façon dont tu parles d’eux et le ton avec lequel tu m’as demandé si je bossais toujours avec eux… » Il laissa sa phrase en suspend, pour rajouter un petit effet dramatique. « Je me dis qu’il y a sûrement moyen qu’on s’entende. Comme tu le vois... » Il désigna la pièce d’une main avant de continuer. « Je me suis mis à mon compte et quelque chose me dit qu’on pourrait collaborer. Tu vois le tableau ? Je te rassure tout de suite, ça n’a rien à voir avec le fait que je t’ai sortit de l’eau. Alors te sens pas obligé d’accepter hein. » Evidemment il espérait qu’Alistair accepterait son offre, il n’allait pas mentir non plus, mais il ne voulait pas le forcer. Il avait appris avec le temps que forcer les gens à collaborer n’amenait jamais rien de bon. « Mais admets que ça aurait de la gueule quand même. C'est ça ce que je veux de toi. » Il ponctua sa phrase par un sourire amusé.
Ce serait grandiose ouais.

Semblant réaliser quelque chose, il plissa les yeux et se pencha légèrement au dessus de la table pour se rapprocher un peu de son vis à vis. « Je me pose une question quand même. L’autre là. Il m’entend quand je parle du coup ? Genre il est tout le temps là ? Parce que si c’est le cas faudrait lui demander son avis à lui aussi non ? » Il se pencha un peu plus en avant tout en reprenant d’une voix forte. « Tu m’entends piti chien ? Ça te dit de bosser pour moi ? » Il s’immobilisa brusquement, ses sourcils se fronçant encore plus. Son regard se posa sur Alistair, quittant le point invisible au dessus de sa tête qu’il avait fixé en s’adressant au loup. « Euh… C’est pas trop vexant pour lui de l’appeler piti chien ? Ce serait peut être mieux de l’appeler par son nom quand même. Il en a un au moins ? » Est ce qu’il divaguait ? Oui, très certainement mais c’était plus fort que lui. D’un autre côté c’était normal qu’il demande si l’autre avait un nom. Pas vrai ? C’était une question de politesse. Et puis ça permettrait peut être de détendre un peu l’ambiance qui était assez tendue depuis le début de leur conversation.
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« […] Tu penses vraiment que je bosse encore avec eux ? J’te l’ai dit, j’ai bossé avec eux ouais. Mais c’est du passé. » « C’est qu’ils effacent vite l’ardoise avec certains… » Parce que moi je les avais au cul en permanence, et lui, qui avait vraisemblablement déserté, ne semblait pas être particulièrement inquiet par d’éventuelles représailles. (Peut-être qu’il était juste trop siphonné pour avoir à s’inquiéter vraiment de la chose ?) Et ça, ça cachait forcément quelque chose. Mais faire la fine bouche à ce stade, ce n’était franchement pas la meilleure idée. Pourtant il poursuit et j’apprends qu’il a claqué la porte parce qu’il avait découvert qu’il était que de la chair à canon. J’avoue que je suis plutôt surpris que ce soit pour cette raison-là et pas une autre… m’enfin passons. Mes yeux retombent sur mes doigts encore tremblants sous la nervosité. J’en aurais bien repris un, si j’avais pas pété la tasse. Chier.
Étrangement, j’ai gardé le silence lorsqu’il m’a exposé ce que j’avais attendu comme un deal. À vrai dire, j’avais pas tant le choix que ça. Sa proposition tient surtout la route. Surtout parce que ça confortait mon instinct de survie… ou le nôtre. Où pouvait donc bien être cette frontière, maintenant que nous étions plus ou moins réunis ?

Les arguments que me posent Braiden sont pas tant intéressants, ni profonds. J’arrive pas à comprendre ses motivations, il souhaite faire concurrence à HYDRA sans toutefois se dresser directement contre eux (sans doute pour ça qu’il les a pas trop au cul). Du reste, il ne semble pas vouloir insister, et c’est tout à son honneur. Iblis ne le croit pas, j’ai du mal aussi, mais je dois me rendre à l’évidence : je pouvais pas fermer cette porte. Et quant bien même ce type pouvait me mentir, il restait pour le moment la meilleure carte à jouer. « Donc, tu prendrais l’risque que je puisse t’exposer. », conclus-je. J’avais aucun contrôle sur les humeurs d’Iblis, ce qui passait aussi sur certaines transformations majoritairement impulsives. La ferme, j’suis parfaitement équilibré. Je roule des yeux, manquant de les orienter vers le ciel. Un soupir s’échappe de mes lèvres, je suis nerveux et déjà gavé par le fait d’être moins tranquille sur mon plan interne. Une question d’habitude, certainement.
Alors muré dans mon silence, j’étais en train de réfléchir encore un peu - avec le peu de neurones qui voulaient bien se mettre en marche - quand il se décida à rajouter quelque chose sur le tapis. Quelque chose, à vrai dire, qui ne me laissa pas tant indifférent. Il en allait de même pour l’entité qui partageait mon enveloppe corporelle.

En effet - et contre à toute attente, il pose des questions sur toi. Toi qu’on a toujours qualifié comme non-pensant, ultraviolent, tout juste bon à être enchaîné. Il te demande ton avis et ça t’étonne, te trouble.
Je ne sais pas pourquoi, mais je suis aussi surpris qu’Iblis pour le coup. Même plus. Je ne l’entends pas, c’est le calme plat. J’en fronce un peu les sourcils, pire encore lorsque Braiden joua le numéro de l’entité invisible - qu’il semblait même fixer quelques instants, là, un peu au dessus de ma tête. Je le dévisage sans grande gêne, ce qui forma une légère grimace sur mes traits fatigués. Toujours un peu crispé, je lui cédai, le jaugeant par la même occasion. « Ouais… c’est la grande nouveauté. Il est toujours là. » Bordel, il a vraiment un grain quand même… je me raclai un peu la gorge, n’ayant pas encore donné ma réponse définitive pour autant. Elle me brûlait les lèvres, d’autant qu’elle n’était pas tant surprenante. Mais avant, je lui renvoie une réponse qui avait de son importance… pour la suite. « J’te conseille d’oublier les surnoms et d’l’appeler Iblis. » Ne serait-ce que par mesure de sécurité. Au moins, il était fixé : il ne le vexerait plus en l’appelant petit chien.

Les informations se mélangent d’elles-mêmes là-haut. Je me redresse un peu sur ma chaise, remarquant que mon rythme cardiaque avait ralenti sa cadence. Quant au mal de crâne, il semblait persister mais j’aurais plutôt tendance à penser que c’était dû à sa présence que la redescente. Le silence qui s’était installé semblait donner une toute dimension à la situation. Je savais même pas ce que j’allais foutre dans l’heure…

« Ok, j’te suis. » Et mon avis, tu t’en cognes ? Putain, t’as eu l’temps d’y réfléchir… Il grogne encore, mais je connaissais la réponse. S'il avait vraiment été contre, je l'aurais senti bien plus tôt. (Il ne valait mieux pas que j’oublie de l'inclure à l’avenir. Vraiment.) Me faire soumettre par une bestiole, ce délire… Dis-le. Dans une lente expiration, j’ajoute, « On te suit. » C’est posé, décidé ; pour le meilleur et pour le pire. Y avait-il seulement eu un plan B ? « J’espère que t’es bien assuré. » Et je ne parlais pas uniquement de la poignée que j’avais pété, ou même de cette pauvre tasse. (Puis j’allais pas passer mon temps à me justifier.) Pour autant, je serais ses bras pour quelques temps, il devra s’y faire. J’crève la dalle. Là, comme un cheveu sur la soupe. (Nouveau soupir, je me passe une main sur le visage.) Ça n’allait pas être de tout repos…

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