Il avait pourtant tout fait pour que son client ne finisse pas en prison. Matthew avait passé des heures à chercher une façon de sortir Alexis de ce tribunal comme un homme libre. Il voulait que ce dernier ressorte de là, libre et pouvant vivre sa vie comme il l’entendait. Malheureusement il n’y était pas arrivé. Le jugement était tombé et Alexis allait être transféré en prison. Etant son avocat, il avait été déçu de ne pas parvenir à l’aider comme il le voulait. Même si Foggy et Karen lui avait dit que ça n’était pas de sa faute, Matt sentait bien qu’Alexis cachait quelque chose. Il ne savait pas quoi, mais il ne pouvait pas non plus le forcer à parler. Il y avait parfois songé, pensant mettre le costume de Daredevil et tenter d’avoir ses réponses en tendant la main au jeune homme, mais il se doutait que ça ne fonctionnerait pas.
Après tout, Daredevil n’était pas réputé pour aidant ceux qui risquaient une peine de prison. Cependant, il était réputé pour aider ceux qui en avaient besoin et c’était le cas du français. Ne pouvant rien faire devant un juge et en plein jour, il attendit donc d’avoir des informations sur le transfert de son client et le soir même, il enfila son costume rouge et parcouru les rues de la ville pour arriver à deux rues de là où le convoi allait passer. Faisant en sorte d’occulter les bruits environnant, il chercha celui du moteur du camion dans lequel le jeune homme était transporté. Il mit quelques secondes à y parvenir et il reprit sa course entre les rues de la ville. Arrivant à l’angle que devait prendre le camion, il attendit d’entendre celui-ci tourner et quand ce fut fait, il sauta dessus. Allonge sur le toit, il entendit les voix du conducteur et passager qui se demandait ce le bruit sur le toit signifiait. Le camion se stoppa et Matt eu un léger sourire. Il ne comptait pas faire de mal aux hommes qui s’occupaient du transfert, mais il devait sortir Alexis de là. Sautant du toit, il écouta les portes avant du camion s’ouvrir et il regarda en direction des hommes qui venaient de recharger leurs armes.
Je ne vous veux aucun mal. Je suis là pour sortir le prisonnier et l’amener en lieu sûr.
Entendant le rire du passager, il tourna la tête dans sa direction, avant d’entendre son doigt se poser sur la cachette de son arme.
Je ne suis pas armé, alors évitez de tirer sur un homme sans défense.
Il savait que ces deux hommes ne tireraient pas sur quelqu’un qui n’avait pas d’arme, mais heureusement pour lui, il n’en avait pas besoin pour le moment. Malheureusement pour Matt, l’homme qui était à l’arrière du camion avec Alexis ne semblait pas de cet avis et il sortit de l’arrière, arme à la main, tirant dans sa direction. Courant ce mettre à l’abri, il parvint à se rapprocher de l’homme pour le neutraliser en lui enlevant son arme des mains et l’assommant avec ses poings. Il espérait que ça suffirait à empêcher les deux autres de bouger et de tenter la même chose.
Alexis, venez avec moi.
Ce fut à ce moment-là qu’il entendit un bruit étrange. Tournant la tête, il essaya de percevoir d’où venait le bruit et qu’est-ce qui le causait, avant qu’un grain de sable n’arrive sur son visage. Du sable ? Fronçant les sourcils, il ne savait pas qui était là, mais il sentait que ça ne serait pas une partie de plaisir.
Le verdict était tombé… coupable. Le sang de Faith s'était arrêté de couler durant quelques secondes au coup de marteau du juge dans la salle d'audience. Son meilleur ami était à présent de nouveau condamné pour un crime, certes plus grave que le précédent mais également un crime dont il n'était pas responsable. Elle était partie en colère contre cette injustice, en colère contre le système qui n'avait pas pris en compte tous les évènements. Est-ce que les Avengers avaient été jugé pour avoir créé Ultron ? Bien entendu, pour que de tels arguments soit pris en compte, il fallait pouvoir expliquer le rapprochement entre Alexis et le monstre de Stark, révélé sa nature de mutant, une chose que le jeune homme refusait de faire à juste titre. Mais elle ne comptait pas en rester là, sans rien faire les bras croisés cette fois-ci, elle ne voulait pas que son ami soit encore enfermé entre quatre murs – bien que ses pouvoirs l'aidait à s'évader virtuellement. Alors, elle avait mis son costume, elle était devenue Sandblade, son alter égo qui faisait régner l'ordre dans les rues de la ville durant la nuit, et aujourd'hui n'allait pas être différent puisqu'elle allait réparer une erreur à ses yeux. Elle se tenait en haut d'un building qu'elle avait atteint grâce à ses pouvoirs, se changeant en sable pour accéder à ces hauteurs. Elle connaissait le trajet des fourgons entre le tribunal et la prison pour avoir déjà surveiller divers convoi. Au loin, venant de l'angle de la rue, elle pouvait enfin voir le fourgon arrivé à une allure normale. Remettant son masque recouvrant sa bouche et son nez, ainsi que la capuche sur sa tête, elle se concentra pour faire apparaitre dans ses mains ses armes qui lui valaient son surnom. Du sable sembla sortir de ses pores, volant légèrement dans l'air avant de ses reformer dans ses mains, sous la forme des lames courbes, ainsi que les chaînes qui les reliait à ses avant-bras.
Alors qu'elle allait s'élancer, elle vit une ombre se déplacer également sur le fourgon, le forçant à s'arrêter. Qui d'autre semblait en vouloir à son ami CRBRVS ? Elle se ravisa un instant pour voir ce qu'il se passait, comment les deux agents à l'avant du fourgon préférait ne pas bouger alors que le dernier, surveillant Alexis voulait en découdre mais fut vite remis à sa place par les talents de l'inconnu en costume. Il était alors temps pour elle de se lancer pour récupérer son colis avant que ce dernier ne disparaisse dans l'obscurité. Elle chuta du toit pour se changer en sable à mi-hauteur, volant au vent en direction du sauveur improvisé qui se trouvait sur son chemin, mais se contenta de passer à côté de son épaule. Voyant comment il avait réussi à se débarrasser du gardien, si elle devait en découdre avec lui pour la garde de son ami, il valait mieux se débarrasser des éventuelles troubles fêtes. Elle se matérialisa à côté du conducteur, encore sous le choc de l'attaque et, de son pommeau en sable, pourtant aussi dur que de l'acier, elle lui donna un coup sur la nuque afin de l'assommer. Ce n'était qu'un pauvre homme qui faisait ce qu'on lui avait demandé de faire, elle n'avait aucune raison de lui faire plus de mal que de raison. Elle tourna alors son regard vers le second gardien encore debout, lequel leva les mains au ciel après avoir lâché son arme sur le sol en signe de reddition. Il prit alors ses jambes à son cou aussi vite qu'il n'aurait pu. Sandblade se retourna alors vers son dernier obstacle, se déplaçant encore une fois sous sa forme de sable pour réapparaitre juste devant lui, sa lame contre sa gorge sans pour autant le toucher. C'est à ce moment qu'elle reconnut le gardien de Hell's Kitchen, celui que les journaux appelait Daredevil. Mais que pouvait-il bien vouloir de son ami ? "Je suis désolée, mais il a déjà un rendez-vous avec moi." Sa seconde lame dans sa main, elle l'envoya dans le fourgon par la porte ouverte, sans même réellement regarder, afin que cette dernière brise la chaîne qui retenait Alexis dans sa prison roulante. Elle tourna alors la tête finalement dans la direction de son ami pour lui faire signe de sortir, détournant son regard de la personne qu'elle tenait en respect pour le moment.
Le banc des accusés. Je n’aurais jamais cru y retourner. Pas après avoir passé deux ans en taule pour le quart de ce que j’avais pu faire d’illégal par le passé. Ça m’avait fait réfléchir, pour ne pas dire résolu. Je n’avais plus marché sur ces sentiers meubles, j’avais refusé les contrats officieux qu’on me proposait. J’étais devenu reglo, je m’étais même mit à enseigner à la X-Mansion après ma libération. Moi, prof ? Je m’aurais jamais vu dans une telle situation, ni un tel habit. Je n’étais pas des plus normaux non plus, qu’on se le dise, mais j’avais tout de même su jouer de pédagogie. Parce que mon but avait été fixé, aider ces gamins. Parce que moi aussi j’avais été à leur place…et que je ne pouvais tout simplement pas continuer à courber l’échine à chacune de mes pulsions. J’avais aidé Faith à prendre en main sa mutation. Et nous avions décidé d’oeuvrer pour le bien et combattre les injustices qui nous passaient sous le nez, comme celles qui sévissaient beaucoup trop ici à New York. Mais quelque chose s’était produit. Quelque chose qui expliquait mes absences répétées et mon comportement étrange, que je n’avais pourtant pas à considérer comme déviant, après l’été 2015.
Le jugement était tombé il y a deux jours et j’allais aujourd’hui rejoindre mon futur lieu d’incarcération. Je n’étais pas en sécurité maximale mais j’allais passer un bon moment au trou. 218 ans. Le non-sens de la justice américaine à son paroxysme. Dans mon malheur, j’étais presque certain qu’ils avaient rabaissé de quelques années la sentence initiale…peut-être ma coupe de cheveux qui leur avait fait pitié, qui sait ? Cela revenait pourtant au même, j’allais finir ma vie là-bas : la perpétuité n’avait pas à être dénombrée. Je n’avais pas cherché à m’évader. Je ne voulais pas mettre mes proches en difficulté, voire les mettre en danger. J’étais déjà assez décevant comme ça pour avoir à me reprocher d’énièmes dégâts collatéraux. Mille et une façons de pouvoir partir m’avaient été offertes, mais je les avais toutes refusées. Parce qu’elles n’appartenaient qu’à moi. Et que de toute façon, je ne saurais rien faire si je parvenais à m’échapper. J’avais juste la meilleure opportunité pour me faire loger une balle dans la tête, et je n’étais pas vraiment prêt pour ce genre de trip inéquitable. Malgré ma situation, j’avais fait en sorte de prévenir quelques rares personnes. Du fait que je n’étais pas celui qu’ils croyaient, que je n’avais pas agi de mon plein gré…ou du moins, c’était suffisamment sous-entendu pour qu’ils puissent l’intégrer ainsi. Il fallait cependant noter un fait indéniable, que je m’étais découvert comme une évidence : Ultron était derrière tout ça.
J’étais encore en train de ruminer alors que ce fourgon m’emmenait pour ma destination finale. Je me disais, à juste titre, que j’allais crever là-bas. Que mon destin était scellé, comme ce qui allait être les portes de ma nouvelle maison. Que je n’allais jamais pouvoir avouer quoi que ce soit à Faith concernant mes sentiments, ni rien d’autre. Que j’aurais franchi le seuil de l’anormalité - et pour de bon. Que je n’aurais plus de vie, tout simplement. Ils avaient prit en compte le fait que j’étais fumeur - marijuana inclue - et que je prenais des psychotropes puissants, ils avaient insisté dessus au procès comme pour m’enfermer dans un étau stéréotypé. Celui qu’on préférait entendre pour se rassurer, se dire que le jugement est justifié plus que jamais. Mais c’est surtout le regard de Faith que je n’avais pas voulu croiser ce jour-là, parce que jusqu’à aujourd’hui elle avait ignoré que je prenais des cachetons magiques pour inhiber mon pouvoir.
Je liste alors tout ce pour quoi j’ai été condamné. Il ne me semble plus en voir le bout. Je suis devenu l’un des pirates les plus redoutés alors que je m’étais évertué à me faire discret sur les réseaux. Ça ne pouvait pas être moi…je n’aurais pas pris ces risques inutiles, surtout pour détruire à si grande échelle. Parce que je ne m’étais pas contenté d’effacer des données ou en intercepter. J’étais allé plus loin. D’après eux, j’étais l’un des premiers à avoir réussi à aller aussi loin - avec un appareil qu’ils n’arrivaient tout simplement pas à identifier, ni à tracer. Je n’en ressentais même pas la fierté. J’avais détourné des fonds et même fait disparaître des millions de dollars quantifiés informatiquement - provoquant la chute de deux entreprises influentes du pays, dont une multinationale. Des tonnes de personnes mises à la rue sans qu’ils ne puissent rien faire. J’avais détruit des fichiers précieux, ceux qui relevaient de l’identité des salariés de ces entreprises. Sans avoir remonté jusqu’au gouvernement je n’aurais pas pu y parvenir et s’en était effrayant. Certains avaient eu plus de chance, mais les autres n’étaient plus personne. Allez prouver votre existence, votre identité à un monde « digitalisé ». Comme essayer de prouver son innocence après tout ce que j’étais en train d’énumérer…j’avais des suicides sur la conscience et bien trop de choses encore. Mes mains menottées alors jointes furent ramenées à mon visage. Ils n’avaient même pas contacté mon psychiatre pour les renouvellements d’ordonnance, ce qui expliquait aussi ce reflux d’activité cérébrale. Cela faisait depuis 56h31mn02s que je n’avais pas prit de cachet et j’en ressentais le manque. J’en aurais eu besoin, clairement, surtout dans un moment pareil. Là où votre vie se joue - ou plutôt là où elle s’arrête.
Un bruit sourd me tira de ma « rêverie ». Cela venait du toit, qui s’était mit à vibrer d’un coup sous le poids qui s’était écrasé contre la taule. Qu’est-ce que c’était ? 1# Terroristes intéressés, 2# Anti-héros prêt à me faire éclater la tête pour ce que j’ai fait, 3# Sandblade, 4# Une autre âme charitable, 5#… Ça bouge là-haut. Le convoi s’arrête. Le moteur n’est pas coupé, mais nous sommes à l’arrêt. J’ôtai mon visage de son berceau, ne bougeant pas outre mesure. Une des personnes qui se trouvait avec moi à l’arrière sortit l’arme au poing, engageant les hostilités. Je n’ai pas entendu de paroles prononcées avant celles-ci, qui m’étaient destinées. « Alexis, venez avec moi. » Hein ? Je plisse les yeux, l’homme qui s’adresse à moi est à contrejour. Je ne parviens pas à discerner les traits, j’en déduis qu’il est masqué - au moins partiellement. Je crois pourtant reconnaître la voix, mais je n’en suis pas sûr. Dans l’urgence, je ne réfléchis pas davantage à ce détail. Je relevai mes mains, tentant de cacher les rayons du soleil qui m’obstruaient la vue. Au même moment, une étincelle sembla traverser mon champ de vision, comme une flèche qui m’était adressée : je hissai un peu plus les mains de manière vivace, qui étaient alors au dessus de ma tête. 0,5 secondes d’avance. Dans ce réflexe, le bruit des chaînes qui se brisent d’un coup sec. Elle avait su que je réagirai à temps - c’était elle.
Les remerciements ne franchirent pas le seuil de mes lèvres, ils moururent avec mon espoir de voir Faith saine et sauve. Les deux étaient prêts à en découdre sous mes yeux. Non, ils avaient déjà commencé. Bordel…je m’étais levé, mais le rayonnement du soleil m’avait fait un peu tourner la tête - tout comme m’être levé d’un bond alors que je n’avais quasiment rien mangé ce jour. « Arrêtez… », avais-je murmuré. Pas assez fort, évidemment. Je me tins à l’une des parois avant de descendre du fourgon. « Sandblade, arrête, », répétai-je un peu plus haut. Je parvins enfin à voir la silhouette complète de l’homme. Combinaison pourpre renforcée, masque s’arrêtant à mi-visage. Daredevil. Qu’est-ce qu’il me voulait ? Lui qui n’était pas réputé pour prêter main forte aux criminels…était-il avec moi ou contre moi ? Leur affrontement n’avait selon moi aucun sens pour le moment. Je récupérai l’arme de l’homme inconscient qui se trouvait non loin de l’accès duquel j’étais sorti. La sécurité ayant déjà été ôtée plus tôt, je l’avais pointé sur le Diable de Hell’s Kitchen - mon propre quartier, soit dit en passant - même si je n’avais aucune envie de tirer. C’était un moyen comme un autre de me faire entendre, et j’avais cette fois haussé le ton. Même si j’ignorais parfaitement le fait que Daredevil ait été capable de m’entendre marmonner depuis tout à l’heure, comme il pourrait sentir mon coeur battre un peu trop franchement contre ma poitrine. J’étais épuisé moralement et je n’avais pas envie de voir d’autres gens souffrir. Pas aujourd’hui. « Y a déjà eu assez de victimes comme ça, merde ! » Et je ne voulais pas qu’on se mette à se battre pour mon sort - encore moins sous mes yeux. Je n’étais pas un morceau de viande pour deux affamés. J’étais une cause perdue. Qu’ils retournent chez eux. L’arme que je tenais du bout du bras se mit à trembler légèrement au fil des secondes. Les nerfs. Sans calmants, je devenais plus irritable que j’avais pu l’être durant mon adolescence, à la découverte de mes pouvoirs mutants.
acidbrain
Dernière édition par Alexis R. Kermarrec le Mer 2 Mar - 11:28, édité 2 fois
Il était certain que la mission pouvait être dangereuse, mais il en avait l’habitude. Etant l’avocat d’Alexis, il était parvenu à connaître le trajet de son transfert et ainsi pouvoir les suivre plus rapidement que de devoir parcourir toute la ville. Il était donc arrivé près du camion le transportant et avait bien vu que le conducteur et le passager ne comptaient pas faire d’histoire. Malheureusement un autre était prêt à utiliser la force. Parvenant à l’empêcher de trop en faire, Matthew pu ensuite dire à Alexis de venir avec lui. Etant prêt à aller libérer le jeune homme, il fut surprit par un bruit, quelque chose qu’il n’avait pas prévu. Seulement, il avait senti du sable contre son visage et la première chose qui lui était venu à l’esprit était Sandman. Un mutant qu’il avait aidé à battre lors d’une attaque de mutants quelques temps plus tôt. Il était donc un ennemi, mais avant de pouvoir vérifier par lui-même si c’était bien lui l’assaillant, il se retrouva avec un couteau sous la gorge. Entendant une voix féminine, il devait alors réfléchir. Etait-elle une alliée de Sandman ? Que voulaient-ils à Alexis ? Entendant les chaînes être brisées, il finit par lever une main pour donner un coup dans le menton de la jeune femme. Sentant son couteau couper sa peau sur sa nuque, il grogna, mais se concentra sur le combat.
Ne sachant pas qui lui faisait face, il n’aurait pas continué à se battre s’il avait su qu’il s’agissait de Faith. Il envoya son poing vers le ventre de la jeune femme, mais il ne percuta que du sable. Sentant ses pieds ne plus toucher le sol, il fut projeté en arrière et il percuta violement une poubelle. Se relevant avec difficulté, il entendit les paroles de l’autre homme, mais il ne comptait pas arrêter tant qu’il n’aurait pas au moins faire perdre connaissance à la femme lui faisant face. Sortant les matraques qu’il avait à sa jambe, il revint à la charge et continua de se battre contre celle qui se faisait apparemment nommer Sandblade. Il n’avait jamais entendu parler d’elle avant, mais il garderait le nom en tête. Cependant, en entendant les propos d’Alexis et surtout en sentant les battements de son cœur accélérer et arrivant à visualiser ses mains sur l’arme à feu, il fit un pas en arrière et rangea ses matraques.
Doucement.
Il disait cela pour l’un comme pour l’autre. Pas besoin de lui tirer dessus ou de le tuer purement et simplement.
Je ne suis pas là pour vous faire de mal. J’ai suivi votre procès et je pense que vous cachez quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais vous ne méritez pas de finir en prison.
Il essayait de faire comprendre qu’il disait la vérité et qu’il voulait vraiment aider et non le faire prisonnier.
Je connais la ville et je peux vous amener dans un endroit sûr … enfin si votre amie accepte.
Cette fois-ci, il se tourna vers Faith, espérant que cette dernière percevrait aussi qu’il était sincère et qu’il ne mentait pas.
Alexis allait bientôt être libéré et pouvoir recommencer un semblant de vie. Certes, ce serait une vie cavale mais c'était toujours mieux qu'enfermer entre 4 murs pour l'éternité. Elle détournait le regard pour observer son ami, la lame courbe toujours à proximité du cou de l'autre justicier. Une grave erreur puisqu'elle ne put voir venir le coup directement dans son menton, ce qui la déstabilisa et la fit reculer de quelques centimètres en arrière. Elle eut juste le temps de se remettre en équilibre qu'un second assaut avait été lancé, un second coup de poing en direction, cette fois, de son ventre. Faith fit un pas de recul tout en opérant une nouvelle transformation en sable. Ainsi, le diable de Hell's Kitchen voulait jouer à ce jeu au lieu de rester tranquille pour que la moitié du binôme de super-héros reparte avec l'autre moitié sans faire d'histoire. Le sable se sépara de tous ses grains et passa derrière Daredevil avant de matérialiser à nouveau la demoiselle dans son costume de danseuse modifié. Elle posa ses mains sur les épaules de Daredevil pour rapidement le retourner et se laissa tomber en arrière, réalisant une planchette japonaise pour envoyer son assaillant au loin. Elle n'était pas encore une combattante quelques mois auparavant, mais maintenant qu'elle devait jouer les héroïnes, et qu'en plus elle était les muscles de ce groupe plus qu'Alexis, elle avait commencé à pratiqué le judo pour savoir se défendre. Cependant, elle savait que l'homme face à lui était connu pour ses arts martiaux justement et qu'elle ne risquait pas de tenir longtemps contre lui. Elle pouvait toujours utiliser sa transformation en sable, technique aussi silencieuse que le vent, mais elle ne saurait sans doute pas tenir la distance, l'épuisement se faisant ressentir un peu plus à chaque fois que son pouvoir était utilisé.
Elle se redressa et vit que son ami était sorti du fourgon et qu'il pointait à présent l'arme de son geôlier contre les deux assaillants et, elle se plaça devant lui comme pour le protéger du remonteur de bretelles. Après tout, il était bien connu pour faire régner la justice à sa manière en distribuant des pains envers les criminels et, pour le reste du monde, Alexis rentrait dans cette catégorie. La jeune anglaise tira sur ses chaînes de sable, en provoquant une légère impulsion de ses avant-bras, pour récupérer ses lames courbes dans ses mains, tenue à l'envers, se positionnant en défense. Daredevil revint à la charge à présent avec ses armes également. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, elle se contenta de s'interposer entre lui et Alexis tout en se défendant autant que possible, parant les coups de matraque avec ses propres lames certes en verre mais qui semblait être plus résistante que de l'acier. Les assauts répétés commençait malgré tout à avoir raison d'elle et finalement, les paroles d'Alexis mirent fin au combat lorsque Daredevil s'arrêta et rangea ses armes. Faith restait, de son côté, sur la défensive, grimaçant légèrement. Sur ses avant-bras, on pouvait voir le début de contusions dues au choc de ses lames contre sa peau. Ses poings se serraient pour ne pas laisser transparaître trop de douleur avec ses expressions.
Elle écouta les paroles du justicier tout en reculant vers son ami, afin de continuer à faire une barrière entre les deux. Ainsi, il voulait se présenter comme un ami qui cherchait à aider Alexis – et par la force des choses, Sandblade également tant le bonheur de l'un était lié à l'autre. Lorsqu'il eut fini de parler, elle hésita un instant, l'observant continuellement sans, cette fois-ci, perdre une once d'attention. Elle fit disparaitre une de ses lames, le sable qui la composait se dispersant dans l'air avant de revenir contre sa peau et disparaitre dans cette dernière. Elle posa sa main délicate sur le canon de l'arme que pointait son ami pour l'inciter à la baisser. Elle lui lança un petit regard en coin rapide en hochant la tête. Elle n'avait pas besoin de parler à son ami pour qu'il la comprenne. Et il n'avait pas à se salir les mains plus qu'elle ne l'était déjà. N'allons pas rajouter une tentative de meurtre aux 218 ans qu'il devait déjà purgé. Revenant vers Daredevil, elle retourna sa lame pour la pointer en direction du diable, sans pour autant être menaçante avec cette dernière, plutôt un avertissement qui lui demandait de ne pas tenter quoi que ce soit car elle était toujours prête à le recevoir. "Et pourquoi est-ce que je devrais vous faire confiance ?" Après tout, elle ne le connaissait qu'à travers les journaux et force était de constater qu'il n'était pas toujours représenté comme un personnage reluisant par ceux qui avaient été attaqués par lui. Certes, ils l'avaient cherché mais rien ne prouvait pour le moment qu'il n'essayait pas de les entourlouper pour lui faire passer un mauvais quart d'heure une fois Sandblade hors du chemin. De toute façon, maintenant qu'ils étaient réunis, Faith ne quitterait pas Alexis d'une seule semelle, elle irait où lui ira. Elle porta sa main libre à son abdomen, ressentant une douleur à ce dernier. Visiblement, elle n'avait pas réussi à éviter son second coup aussi bien qu'elle ne l'espérait et à présent, un goût métallique se répandait dans sa bouche. La justicière cracha un peu du sang par terre sans pour autant chercher à fléchir pour tenir Daredevil en respect, mais il ne fallait pas se leurrer, s'il le voulait, il pourrait sans problème la tenir en respect. Pour le moment, le mieux, c'était d'écouter ce qu'il avait dire.
Ces idiots auraient au moins pu me laisser mes médicaments. Une condamnation et ça y est, on vous ôtait tout sans réviser les potentielles conséquences à l'otage de certains biens...de certains besoins. Ce n'est pas comme si je n'avais pas fumé depuis trois jours non plus - et dieu seul sait à quel point j'étais dépendant de la nicotine. En fin de compte, j'étais soumis à bien des choses, bien des substances. Et l'arrêt brutal des prises, ce sevrage barbare me laissait en pièces...pourtant, ce n'était que le début des festivités. J'étais bien conscient de tout ça. J'y pensais tout le temps, en en parallèle d'autres choses d’importance relative à ma libération, par exemple. Les Avengers. Ça tournait encore et toujours. Un circuit qui n'en finissait pas et qui alimentait nervosité et asseyait l’état d'anxiété généralisée. Alors oui, je tenais au bout du bras un flingue qui ne m'appartenait pas, et je menaçais de son canon un individu qui était peut-être là pour m'aider. Auquel cas Sandblade était sur la même longueur d'onde, sauf que je me refusais d'accéder à cette initiative farfelue.
De toute évidence, je n'avais pas saisi cette arme dans l'optique de tirer. Ce n'était pas réellement dans mon avantage, quant bien même Daredevil aurait pu être mon futur assassin. Des fois, je me disais si ce scénario n'en serait pas plus profitable. Encore un coup à mon état actuel qui me faisait penser à ce genre de conneries...je voulais vivre et j'avais toujours aimé la vie, avec des hauts et ses bas. Sauf que le destin s'acharnait particulièrement violemment depuis quelques temps. On ne pouvait pas le nier. J'espérais qu'on accepte au moins ma vision des choses, comme preuve ultime de respect à ce que j'étais en train de traverser.
Mais l'heure n'était pas tellement propice aux longs bavardages. Le fourgon était équipé d'un traceur et il aurait été fin con de penser qu'il allait être simple de me faire disparaître de la circulation ainsi. Les sirènes allaient retentir d'une minute à l'autre, et là il nous faudra plus de chance que je n'en ai jamais eu dans ma chienne de vie. Emporter Faith et ce brave inconnu dans ma chute ? Très peu pour moi. Ils avaient encore le temps de se tirer d'ici. D'autant qu'elle était en souffrance elle aussi, venant même à cracher du sang pour s'en dégager. Avec nos escapades héroïques, nous avions eu l'occasion de se prendre des pains et même parfois plus selon le goût du jour. Ça me plaisait encore moins lorsque j'étais de l'autre côté de la barrière, celle du civil qui ne porte pas le masque mais subi celui des autres. Je tentai de ne pas donner trop d'indices concernant ma relation avec Sandblade, car j'aurais souhaité à ce moment précis l'emmener loin d'ici pour prendre soin d'elle. Mais tout aurait commencé par une main sur son épaule - ce qui ne fut pas le cas. J'étais parfaitement réveillé mais irritable à souhait. « Allez vous-en, à quoi vous pensiez, sérieux ? Les fédéraux vont arriver d'une minute à l’autre… » Si ce n'était que ça...j'aurais été capable de dire exactement le temps qui nous restait avant d'entendre les premières sirènes ou de voir apparaître un corps armé. Mais encore une fois, je n'étais qu'un civil, criminel certes, mais un civil humain qui n'avait rien de spécial si ce n’est un casier judiciaire au bord de l’implosion. Ou un terrible don pour la science informatique.
Entre temps, Sandblade me ramena encore plus à la réalité, baissant mon arme que j'avais oubliée pointée sur Daredevil. Par le regard, elle avait parlé. Je soupirai très franchement, remettant la sécurité avant de faire tomber lamentablement l'objet par terre. Je reculai d'un pas, me frottant le visage, puis me tenant la tête. La parole d'un inconnu, c'était à prendre ou à laisser dans un moment pareil. La question de Faith est suivie de mon affirmation, posée avec une assurance empreinte de nervosité. J'étais saisi par un nombre certain de contradictions. J'étais en train de parlementer alors que je n'avais aucune envie qu'ils soient mêlés à ça. Je devais agir seul...si agir était dans mes cordes, bien évidemment.
« S'il avait voulu me buter il l'aurait déjà fait. », fis-je donc remarquer à juste titre. J'ajoutai, un peu plus bas. « Et toi aussi d’ailleurs… » Faith était la cible de mes propos, mais je mettais plus de distance dans la voix que je ne l'avais jamais fait auparavant. C'était pour notre bien. Les premières sirènes retentirent au loin, et j'avais déjà senti l'agitation chez le masqué rouge, sans trop comprendre comment ça avait pu être possible. Dans tous les cas, il fallait faire un choix et vite, quant bien même il ne me semblait pas vraiment avoir ces fichues billes en main. Crever entre quatre murs ou criblé de balles ? Non, la véritable question n'était pas là. Devais-je courber l'échine face à cette injustice criarde, ou porter mes couilles jusqu'au bout - quitte à me faire sauter la cervelle avec du plomb ?
J'étais encore là à froncer les sourcils, le regard perdu sur le sol bitumé. Ça n’avait duré que dix secondes, réflexions qu’un humain lambda en pleine crise aurait prise sur dix bonnes minutes. Mes poings se serrent, alors que certains de mes membres continuent à trembloter. Mon choix était fait au moment où je passai près de mon amie, lui offrant un regard déterminé - mais passablement inquiet pour elle. « Fais ce que tu as à faire...mais ne va pas plus loin. » Le « s’il te plaît » venu du coeur ne sortit pas non plus, nous ne pouvions pas. Je n'allais pas la supplier davantage et j'espérais qu'elle entende mes mots. Je trace jusqu'à Daredevil, le rejoignant pour que nous puissions partir au plus vite dans la direction qu'il avait choisie. Je jetai un dernier œil par dessus mon épaule - intimant discrètement Faith de nous suivre jusqu'à ce qu'elle me sache réellement en sécurité. Et surtout, qu’elle prenne la poudre d’escampette si ça s’avérait être un bourbier…et qu’elle soigne ces foutues blessures qui m’en brûlaient les rétines à chaque coup d’oeil…
Comprenant parfaitement que la jeune femme se défende, il en fit autant. Entre défenses et attaques, il fallait que Matt trouve une façon d’arrêter tout cela pour exécutif son objectif premier qui était de sortir Alexis de cette galère. Malheureusement, ce dernier pointait son arme sur lui et Daredevil décida de parler plutôt que d’agir pour une fois. Expliquant son intention d’aider, il haussa les sourcils aux paroles de l’autre homme. Oui, s’il avait voulu, il les aurait déjà tués, mais il n’était pas là pour ça. De plus, il n’était pas du genre à tuer. Il ne voulait pas voir les autres mourir, ça n’était pas sa vision des choses et de la justice.
Il a raison, j’aurai pu faire ce que je voulais de lui depuis un moment déjà. J’aurai même pu aller le chercher ailleurs, mais je ne l’ai pas fait. Je crois en son innocence.
Il se doutait que ça n’aiderait pas à calmer la jeune femme, mais c’était la vérité. Mais l’attention de Matthew partit vers les sirènes qu’il entendait au loin. D’ici quelques minutes ils seraient entourés de policiers et il ne fallait pas traîner par là. Surprit par la réaction d’Alexis, il le laissa malgré tout venir à lui, écoutant ce qu’il disait à la jeune femme. Il sentit le sang et comprit l’état dans lequel était Faith.
Venez avec nous. J’aurai de quoi vous soigner.
Avec le temps, il avait appris comment se soigner lui-même et il pourrait donc aider la jeune femme au besoin.
Vous ne me faites pas confiance, mais dans votre état vous n’irez pas loin. Vous voulez aider Alexis, alors venez avec nous. Vous verrez qu’il sera en sécurité et vous pourrez reprendre des forces.
Peut-être que ce compromis pouvait aider. Elle n’avait pas à laisser son ami de côté pour aller se soigner, avant de le revoir. Elle pourrait venir avec eux, prendre le temps d’aller mieux et voir par elle-même qu’il ne mentait pas sur le fait qu’il voulait vraiment aider. Tendant la main vers elle, il attendit qu’elle vienne vers eux, espérant qu’elle le ferait pour pouvoir filer d’ici au plus vite.
Les sirènes commençaient à se rapprocher, ce qui risquait d'apporter avec elle leur lot d'ennui. Faith ne savait pas trop quoi faire ou qui croire, que ce soit son ami ou le diable devant elle. Mais quelque part, elle savait que le meilleur choix restait celui du justicier, il lui fallait juste du temps pour l'admettre. Elle desserra les poings pour laisser tomber ses lames qui disparurent dans l'air sous forme de sable avant de rentrer dans la peau de la jeune héroïne. Le combat, bien que court, l'avait déjà assez bien épuisé, comme quoi un combat contre un autre surhomme restait bien différent que les malfrats habituels qu'elle devait affronter avec son ami. Mais elle était toujours bien trop fière que pour laisser paraître une sorte de faiblesse dans un combat. Elle passa sa main sur le bord de ses lèvres pour retirer le sang qui s'était mis à couler un peu plus tôt. "Vas-y…" elle lança sa phrase à l'attention d'Alexis, pour lui demander de partir avec Daredevil, c'était la meilleure chose à faire dans le temps imparti. S'attendant à une remarque de la part de son ami, elle ajouta avant même qu'il puisse ouvrir la bouche. "Ne discute même pas." C'était comme ça qu'il fallait s'adresser à l'ordinateur sur pattes quand on le connaissait bien, se montrer ferme et décidée, sinon il risquait de partir dans de l'argumentaire qui ne ferait pas plier la jeune femme. Malgré son état, elle pouvait encore se rendre utile pour permettre au prisonnier innocent de s'évader. Elle se tourna dans sa direction finalement, laissant Daredevil hors de son champ de vision pour serrer celui qui répondait au nom de CBRVS à ses côtés. Elle lui glissa doucement à ses oreilles, pensant que le diable ne pourrait pas l'entendre. "Ne t'en fais pas, je ne serais pas longue et je vous rejoints juste après." Puis elle desserra son emprise et adressant un sourire au troisième justicier présent. "Maintenant, allez-y, je vais vous laisser de la marche."
De tous, c'était elle qui avait le plus de facilité à s'évader grâce à ses pouvoirs, c'était donc normale qu'elle reste en arrière pour leur permettre de s'enfuir. Elle attendit que les deux hommes s'écartent et disparaissent dans les ruelles alentours. Elle allait malgré tout devoir faire vite si elle comptait les rattraper avant la disparition L'avantage, c'est que CBRVS pouvait manipuler tout ce qui était électronique, comme son propre téléphone et le GPS qui se trouvait à l'intérieur. Il lui suffirait de faire buger la machine juste assez de temps pour indiquer le petit point rouge sur sa position, une méthode qui ne laissait aucune trace. Elle s'approcha du fourgon et ressorti ses lames qui, de la même manière qu'elles avaient disparus, se matérialisèrent dans ses mains. Dans un premier temps, elle envoya ses lames sur les pneus du véhicule afin de les faire exploser, faisant basculer le fourgon sur le côté, déséquilibré. Ensuite, elle patienta peu de temps, pour voir à l'autre bout de la rue les lumières naître sur le toit de voiture de police. Elle projeta alors ses lames dans le fourgon, arrivant à le percer assez profondément pour qu'elles soient ancrées dedans. Elle prit une profonde inspiration, puis une expiration de plus belle. Ce qu'elle s'apprêtait à faire allait l'épuiser, elle espérait que la planque de Daredevil n'était pas trop loin non plus sans quoi, elle aurait du mal à y accéder. En puissant dans son énergie vitale, elle pouvait décupler la force de ses lames et, elle entama un mouvement circulaire pour faire difficilement tourner le fourgon autour d'elle. Un tour, un second, un troisième puis elle dématérialisa ses lames une nouvelle fois, la force centrifuge faisant le reste alors qu'elle s'effondrait sur ses genoux. Le fourgon glissa dans la rue, forçant les voitures de police à s'arrêter, ne pouvant plus passer par la rue. Soit ils allaient devoir continuer à pied, soit ils allaient devoir faire un détour. SandBlade se redressa et disparu en un tourbillon de sable pour se diriger vers le toit le plus proche, dans la direction qu'avait pris les fuyards. Elle prit alors son téléphone en espérant que son ami pense comme elle et que l'application se lance toute seule. "Come on !"
Daredevil n’était pas celui que l’on croyait. Il n’était pas de ces vigilants qui tuaient pour faire régner l’ordre. Du moins…c’était ce qui était en train de m’être révélé au fur et à mesure que j’accueillais certaines informations le concernant dans mon cerveau. Et plus je le décortiquais là, en face de moi, en tant qu’individu. Les mots qu’il prononça légitimèrent mes pensées le concernant. Je n’étais jamais à l’abri d’une erreur quand cela concernait les contacts humains, surtout dans mon état qui était susceptible de fausser la donne. J’avais pourtant envie de le croire et de toute évidence, s’il m’avait voulu autre chose et vif, il aurait fini Sandblade et m’aurait cassé les genoux pour m’embarquer, fin de l’histoire. Une chance que je sois pas aussi lourd que ça. Quoique…des fois ça m’aiderait bien. Vous avez beau être bon en arts martiaux, si les entraînements réguliers manquent et par voie de conséquence la masse musculaire, tu finissais au tapis. Inutile de préciser que ça m’était déjà arrivé (ou à défaut, je m’étais fait aussi mal que le mec par terre). Rien de bien glorieux.
Je crois en son innocence. La phrase tournait en boucle. Pourquoi pensait-il ça ? Pourquoi pouvait-il affirmer une telle chose ? Lui qui était vraisemblablement en dehors de tout ça…que cachait-il ? Trop de questions remuent les débris de mon cerveau alors que mes forces me quittent progressivement - j’avais du mal à tenir sur mes jambes, pas de quoi s’alarmer, fallait que je bouge. Que je bouge, mais pas sans… « Vas-y… » J’allais répondre dans l’urgence mais elle avait déjà prévu sa réplique et la cala juste après, sans me laisser le temps d’en placer une… « Ne discute même pas. » Elle me connaissait trop bien. Si bien qu’elle avait sans doute senti venir ce que j’allais lui lâcher à voix basse, mais avec force. « J’te déteste. » J’étais clairement pas heureux de savoir qu’elle allait jouer aux appâts pour faire diversion. En temps normal, je lui aurais tenu tête et je serais resté. Aujourd’hui c’était différent. Aujourd’hui il y avait quelque chose de plus important qui se jouait et nous avions un « allié » à nos côtés. Elle susurre quelques mots à mon oreille et, sans répondre, je rejoins le Diable de Hell’s Kitchen et hoche positivement la tête. « Elle nous rejoindra. » Le héros irait certainement se demander comment mais c’est là une discussion que je ne préférais pas avoir dans l’instant T, et d’ailleurs, on ne pouvait tout simplement pas. Le temps allait nous manquer. Nous partîmes donc à toute jambes, bien que je ne pu que ralentir la course après trois bonnes minutes, n’étant franchement pas apte à faire davantage. Dans un éclair de bon sens, j’avais commencé à tracer notre itinéraire dans mon cerveau. Je suivais l’homme sans réfléchir, les obstacles me paraissant être trop vagues avec ma vision brouillée par la fatigue. Je cru comprendre que nous étions arrivés, et je m’étais rattrapé à la première chose qui m’était passé sous la main pour ne pas m’écraser au sol. Dans ma semi-conscience, j’avais envoyé l’itinéraire sur le smartphone de Faith, que je connaissais que trop bien pour avoir à me soucier de le retrouver sur les réseaux avec trop de difficulté.
« Pourquoi… », je repris mon souffle assez tôt, contrôlant au mieux ma fréquence respiratoire. « Pourquoi vous faites tout ça ? Vous avez lu les journaux comme tout le monde. Vous ne savez rien de plus pour être certain que je suis… », je toussotai en mettant le revers de ma main devant. Le mot qui manquait était évident, la dernière fois que quelqu’un l’avait employé, c’était Daredevil. Je crois en son innocence.
Faites qu’elle arrive vite, qu’elle puisse se soigner comme il lui avait promit…
Si les autorités arrivaient maintenant rien n’irait plus. Même s’il connaissait un homme dans les forces de l’ordre qui pourrait l’aider lui, ça n’était pas certain qu’il puisse faire quelque chose pour Alexis et la jeune femme. Cette dernière semblait comprendre que Daredevil ne leur voulait aucun mal. Il croyait en l’innocence d’Alexis. Même s’il ne pouvait dire pourquoi pour le moment, il voulait simplement que les deux jeunes le comprennent. Il proposa même à la jeune femme de venir avec eux, il aurait vraiment de quoi la soigner. Ecoutant ce qu’ils s’étaient dit, Matt savait qu’une relation plus complexe que ce qu’il avait imaginé s’étaient créent entre ces deux-là. Une relation forte et il comprit finalement pourquoi la jeune femme restait là. Il le comprit en entendant les lames entrer dans le fourgon. Même s’il courait avec Alexis dans les rues, il pouvait entendre ce que faisait la jeune femme, avant qu’elle ne lance le camion vers la police. Il aurait pu faire en sorte d’arrêter la police. Ces derniers le connaissaient. Evidemment, certains avaient des aprioris à son sujet. Certains pensaient qu’il était simplement fou. D’autres pensaient qu’il n’aidait pas du tout. Mais un petit pourcentage pensait qu’il était vraiment utile. C’est ce dernier groupe qui lui aurait permis de les retenir sans avoir besoin que la jeune femme reste sur place. Il aurait indiqué l’adresse aux deux jeunes et il aurait retenu la police, mais ça n’était pas possible. A la place, il se concentra sur les paroles d’Alexis. Ils étaient arrivés à l’endroit où le jeune homme pourrait être tranquille, mais ce dernier n’était pas en pleine forme. Il aurait besoin de faire un peu d’exercice. C’était ce que Matthew pensait, mais à la place, il vint vers le blond.
Innocent ? J’ai fait mes propres recherches.
Passant un bras autour du garçon, il le fit venir plus dans la pièce et l’installa sur un vieux canapé.
Allongez-vous et essayez de calmer votre respiration.
Restant à ses côtés, il voulait être certain que ça irait pour lui. Seulement, il se disait que pour le calmer, parler serait peut-être la meilleure chose. Alexis pourrait se concentrer sur ce que Matt lui dirait et donc reprendre sa respiration doucement.
Je ne suis pas juste un type qui court dans la rue après les méchants. Je fais mes recherches avant, je fais mes devoirs si vous préférez. Votre histoire m’a attiré parce que quelque chose manque. Il y a un détail qui n’a pas été révélé, mais je ne sais pas lequel. C’est pour cela que vous êtes là.
Fixant le garçon, Matt tourna la tête sur le côté, entendant des bruits, mais regarda à nouveau le jeune homme.
Je comprend qu’elle ne veuille pas me faire confiance, je ne le ferai pas non plus à un type habillé en rouge et que tout le monde décrit comme le diable.
Esquissant un sourire, l’avocat voulait que le garçon voit qu’il comprenait parfaitement la situation.
Je peux vous aider, si vous me laissez faire et votre amie aussi
Tournant à nouveau la tête, il fronça les sourcils.
Elle arrive.
Il avait reconnu le sable mais aussi les pas de Faith.
Son pouvoir lui permet de nous suivre ?
C’était plus une question qu’il posait pas curiosité que pour exactement connaître son pouvoir, même si ça aurait été plus malin de savoir de quoi elle était exactement capable.
Faith attendait, son téléphone à la main, que le point sur le GPS s'allume. Au loin, les sirènes continuaient à raisonnée dans la ville mais ne bougeait plus. En y regardant de plus près, on pouvait voir plusieurs silhouettes muni d'un képi s'avancer dans la rue alors que d'autres regardaient le fourgon en travers de la route et examinant les traces de couteaux. Sa respiration était un peu plus forte que la normale, il faut dire que déplacer cette masse lui avait demandé un effort au niveau de ses pouvoirs et ceux-ci puisait dans sa force vitale. Toujours les yeux rivés sur l'écran, elle tentait de reprendre son souffle le plus rapidement possible. Puis, ce fut le moment où le petit bip se marqua sur l'écran, indiquant un chemin à travers les rues de la grande pomme. Elle regarda dans la direction que le téléphone lui indiqua et commença à marcher dans cette direction, s'éloignant de la zone où les commentaires des forces de l'ordre commençaient à se faire entendre, alors qu'ils cherchaient à ranimer leurs collègues inconscients. Ses lames, une nouvelle fois, disparurent comme par magie, le sable volant dans l'air pour rentrer par le moindre pore de sa peau. Cette transformation ne faisait pas réellement mal, mais provoquait un petit chatouillement de démangeaison. Sans compter que pour les faire disparaitre de la sorte, elle devait puiser une nouvelle fois dans ses propres ressources. Aussi, espérait-elle que la planque du diable ne se trouvait pas trop loin pour qu'elle y arrive.
Elle se transforma encore en sable, afin d'arriver sur le toit voisin en passant par-dessus la rue et reprendre son état normal et commencer une petite course, un œil devant elle un autre suivant la ligne bleue. Arrivé à l'extrémité de ce nouveau toit, une nouvelle transformation, cette fois-ci pour traverser une rue plus importante, ce qui lui demandait beaucoup plus d'effort encore. Quand elle reprit une nouvelle fois sa forme humaine, elle commença à se trébucher tout en tentant de garder sa vitesse. Elle puisait de plus en plus dans ses ressources et le sentait à chacun de ses pas. Après cette nuit, c'était une bonne journée de sommeil qui allait l'attendre, c'est sûr. Encore une autre transformation et encore une course qui titubait de plus belle. Finalement, elle y était arrivée, surplombant l'endroit où son ami était planqué. Elle posa ses mains sur le rebord du toit, cherchant à reprendre son souffle une dernière fois pour cette dernière transformation. Elle recula de quelques pas pour prendre de l'élan et se lança dans le vide, cherchant à gagner le plus de mètre avant de redevenir à l'état de grain. Elle piqua en direction de la planque et, alors qu'elle s'approchait le plus rapidement possible d'une fenêtre restée ouverte, son corps se reforma, lui rappelant la douloureuse loi de la gravité. Elle passa par la fenêtre, évitant de justesse le bord de cette dernière, et chuta violement sur le sol, se cognant même la tête au passage sur l'un des meubles qui se trouvait là. Elle se releva, sentant déjà la bosse se former sur son crâne mais n'avait absolument aucune intention de s'apitoyer sur son sort. Elle regarda autour d'elle pour voir son ami couché sur le canapé. Elle avança mollement pour tomber à genoux juste devant lui, prenant son bras comme pour le réconforter. Une fois encore, sa respiration était assez forte. Tournant la tête vers le sauver d'Alexis, elle lui offrit un simple "Merci", la voix terriblement faible.
Il m’aide à me maintenir debout et je l’en remercie plus que je ne pus l’exprimer. En fait, je n’avais clairement rien exprimé car je n’avais pas pu le faire, titubant jusqu’au canapé, me raccrochant à l’homme masqué le temps du transfert. Les sprints comme ça, sur une telle distance, dans un tel état…et sans mes cachets dont on m’avait privé…j’avais besoin de récupérer un peu d’énergie. Pourtant, malgré ce besoin qui me paraissait aussi naturel qu’indispensable, je ne voulais pas y céder; pas complètement. Je suis affalé sur le canapé qui avait presque autant vécu que moi et regarde le plafond sans parvenir à faire autre chose, comme pris dans une spirale qui me voilait autant la vue que l’esprit. Je ferme les yeux un instant pour me concentrer sur ce qu’il me dit, réglant ma respiration comme un bon ordi le ferait avec sa ventilation. Je ravale le peu de salive qui me reste et enregistre subtilement chaque données qu’il me transmet par voie orale.
Je comprends ce qu’il essaie de me dire; je faisais pareil lorsque nous partions en binôme avec Sandblade, enfin, quand je pouvais encore arpenter les rues à ses côtés. Avant qu’on me passe les menottes si vous préférez. Je pense surtout qu’il a un doute et qu’il veut avoir confirmation, que ce doute pourrait aussi bien être balayé si j’arrivais à lui dire la vérité. La vérité…c’était encore plus compliqué que ça. Ça ne tenait pas qu’à un seul témoignage. Il y avait des zones d’ombres, quelque chose que je ne pouvais expliquer malgré tous mes efforts. Mon investigation effrénée m’avait amené à une seule possibilité. Elle était en train de fleurir en même temps que l’espoir de me voir à nouveau libre. Pour une fois, je ferme ma gueule et j’écoute ce qu’on a à me dire. Le signal du téléphone de Faith est proche et je me redresse presque d’un bond. Je suis cependant freiné par mon propre corps qui me rappelle à l’ordre à lui tout seul. Je suis presque assis, une jambe contre moi tandis que l’autre pendait dans le vide. Coincé dans cette extrémité du sofa. Il comprend aussi qu’on ne lui fasse pas confiance, bien que je commençai à croire en ce qu’il me disait. Je pense que j’étais tellement désespéré qu’un paki avec une rose à la sortie de ma séance de ciné m’aurait fait chialer.
« Je trouve que vous avez plutôt la classe… », soufflai-je. Ce costume de diable rouge n’était effrayant ou repoussant que pour ceux qui y voyaient une connotation biblique. J’étais pas croyant. Le bien, le mal, c’était trop flou pour moi. Les démons, tout ça, ça m’avait toujours fait triper. C’est pas pour rien que l’un de mes jeux-vidéo favoris était Diablo. « Vous avez de bonnes sources, alors…il me semble que mon dossier n’est pas accessible, à part… » Je fronce les sourcils, je revois le visage de mon avocat, qui s’était démené pour alléger ma peine. Vainement. Au final, c’était la perpétuité. Je soupirai en ne poursuivant pas ma phrase, ça n’avait aucun sens. Passons donc. Faith arrivait. Elle était en mouvement. Daredevil s’en rendit compte aussi alors que je n’entendais rien. Alors que j’étais en train de me poser, cela permit à mon pouvoir de faire surface de manière encore plus violente : sans l’embargo que je lui promettais à l’aide de calmants ou de drogues. J’avais entendu sa question mais je n’y avais pas répondu sur le moment. Je captai à peu près tout ce qui se passait dans les environs en terme électronique et communications, sans compter les recherches supplémentaires que mon esprit faisait automatiquement. Grimaçant, la moitié du visage contre le cuir du canapé contre lequel j’étais, je m’étais recroquevillé davantage, yeux fermés. Inutile de dire que je souffrais. Le remue-ménage qu’avait provoqué mon évasion-surprise n’aidait pas. Je rouvris les yeux quand je vis apparaître Faith, à bout de souffle, qui se cogna avant d’arriver non loin de moi. Je sentis sa main agripper mon bras et plaçai la mienne sur son avant-bras en retour. « Ça va ? » Mon regard perdu se pose sur notre sauveur commun. Je ne parvins pas à ajouter quoi que ce soit, grimaçant une nouvelle fois. J’avais beau essayer de me concentrer sur autre chose, ma tête, mes yeux, tout…ça me faisait souffrir. Je me passe une main sur le visage, c’est nerveux, mon regard s’arrête à peu près partout désormais. Je tentai de tirer Faith jusqu’au canapé, c’était surtout un mouvement pour lui dire qu’il allait falloir qu’elle grimpe.
L’homme nous aide encore et a visiblement de quoi soigner SandBlade. Je soupire de soulagement lorsque je le vois arriver avec le nécessaire. Pendant qu’il oeuvre, je surveille qu’il n’ôte pas ce qui préservait l’anonymat de mon amie. Je garde pour moi ce qui me fait souffrir mais c’est violent. Un déluge. L’air que j’expire siffle entre mes lèvres, ma tête est tournée du côté opposé d’où ils se trouvent. « C’est moi… » Je sais pas pourquoi je lui dis ça. Mais s’il soigne Faith, j’ai de quoi lui faire confiance. Je sais même pas si elle est encore consciente, si elle peut entendre la révélation que je vais faire à cet homme. J’espérais surtout qu’il n’en joue pas, qu’il sache me rendre la pareille…en quelques sortes. « Je l’ai guidée jusqu’ici. » Ça laissait champ libre niveau interprétation, mais au moins, il savait que j’étais pas comme les autres. Que j’étais comme lui…en quelques sortes.
Surprit par les paroles de l’homme il esquissa un léger sourire. Apparemment, il le trouvait classe, c’était bon à savoir. Ca n’était pas habituellement ce qu’on disait de lui, loin de là même d’ailleurs. Cependant, Matthew voulait vraiment qu’Alexis comprenne qu’il était là pour l’aider et qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour ça. Si déjà la femme qui l’aidait acceptait, ça serait un bon début. Surtout qu’ils semblaient très proches. Elle avait donc une influence sur lui et il espérait que c’était une bonne chose. Aux paroles du jeune homme, il attendit la suite, mais rien ne vint. A la place, ce fut Faith qui se fit voir. Enfin, pour Alexis, mais Matt l’avait entendu arriver au loin. Mais la chute de la jeune femme dans le lieu fut douloureuse. Matthew pouvait entendre ce qui avait craqué chez elle, ainsi que le coup à la tête. Les laissant parler, il hocha simplement la tête quand elle le remercia. Il n’avait pas vraiment fait grand-chose, mais il avait fait de son mieux. Restant à l’écart, il alla chercher de quoi soigner la jeune femme et il revint vers le duo. Indiquant qu’il allait l’aider, il fut content de voir qu’elle acceptait que ça soit le cas. Retirant ses gants, il passa ses doigts sur les plaies de la jeune femme et s’occupa de tout désinfecter et nettoyer. Tout en le faisant, il entendit alors Alexis reprendre la parole, mais pour lui parler à lui cette fois-ci. Mais ce qu’il vint ajouter le laissa surprit. Comment avait-il pu la guider jusqu’ici ? Matt n’avait rien sentit qui aurait pu lui indiquer qu’Alexis avait laissé une trace derrière eux alors qu’ils étaient encore dans les rues de la ville.
Télépathie ?
C’était la seule solution qui lui était venu à l’esprit. Il connaissait désormais l’existence des mutants pour savoir que certains avaient cette possibilité. Donc si c’était ça, il pouvait chercher à comprendre pourquoi Alexis n’avait pas dit toute la vérité. Avait-il voulu garder cela secret ? Il n’avait pas voulu dire qu’il était un mutant ? Ca pouvait se comprendre, après tout, lui ne voulait pas que quelqu’un d’autre découvre qu’il était Daredevil. Donc l’anonymat était très important.
Vous êtes un mutant ? C’est ça l’information qui manque à votre dossier et qui pourrait vous faire redevenir libre ?
C’était ce qu’il en déduisait, mais il n’en était pas certain. Il avait besoin d’être sûr de ce qu’il avançait et surtout de l’entendre de la part d’Alexis. Après en avoir terminé avec Faith, il repartit vers le sac qu’il avait laissé plus loin et il le prit en main, l’amenant au pied du canapé.
Prenez ça.
Sortant un tube, il l’ouvrit et en sortit un comprimé qu’il tendit à Alexis. Mais, il tourna également le tube vers lui pour qu’il puisse lire de quoi il s’agissait. Son médicament. En tant qu’avocat, il avait appris ce qu’on lui avait refusé et même s’il ne savait pas pourquoi exactement il prenait ces médicaments, il lui en donnerait et il espérait que ça pourrait être une bonne chose.
Faith se laissa faire lorsque Daredevil s'approcha d'elle pour la soigner. Sa tête lui faisait un sacré mal de chien alors qu'elle passait sa main sur la bosse naissante, son autre main toujours sur le bras d'Alexis. Habituellement, ils s'occupaient l'un l'autre de leurs petits bobos quotidiens mais l'anglaise laissa faire pour une fois cet étranger. Il posait des questions à Alexis, sur ses possibles pouvoirs, en émettant les hypothèses les plus plausibles mais qui ne manquèrent pas de faire rire intérieurement Faith. Si seulement il pouvait imaginer quelles facultés possédait le jeune homme. Lorsqu'il eut fini avec elle, il prit une petite boîte dans le sac, avant de le tendre vers son ami. Des petites pilules tombèrent dans sa main, pilules qu'il n'hésita pas un seul instant à ingurgiter sans se poser de questions. Faith n'était pas particulièrement fan de voir son ami se shooter aux médocs, surtout qu'il lui avait caché cette information durant des années. Elle l'avait seulement appris durant le procès ses addictions et, au-delà de la trahison qu'elle avait pu ressentir, elle s'était surtout sentie conne de ne pas avoir pu l'aider d'une autre manière. Elle ne fit aucun commentaire, elle n'en avait pas besoin, le regard qu'elle envoyait à Alexis en disait assez long sur sa désapprobation. Elle lui lâcha le bras avant de se relever. Toujours sonnée par son coup de tout à l'heure, elle tituba, tenant à peine sur ses jambes et se rattrapa d'une chute in extremis en prenant appui sur la première chose à portée, en l'occurrence l'homme masque, s'agrippant à son bras. Elle se massa le front avant de le regarder. "Excusez-moi, vous auriez de la glace ?"
Elle ne voulait pas non plus que l'arrière de son crâne soit garni d'une énorme bosse et donc les glaçons restaient la meilleure technique pour s'en débarrasser. Ca ferrait une chose en moins à expliquer aux amis aux questions un peu trop embarrassante. Attendant le sac salvateur, elle se dirigea en direction de la fenêtre par laquelle elle était entrée, marchant toujours en s'aidant des différents meubles qu'elle pouvait trouver. Et si ce n'était pas le cas, le mur remplissait parfaitement cette fonction. Elle se pencha pour regarder les rues qu'elle était capable de voir depuis ce point de vue, essayant de repérer le moindre son ou reflet de sirène indiquant que les policiers l'avaient suivi, c'était peu probable mais on n'était jamais assez prudent. Appuyée sur le rebord de la fenêtre, il lui fallait bien ça pour ne pas tomber, la fatigue la gagnant peu à peu. Faith n'avait pas réellement la notion de ses propres limites et elle apprenait bien souvent à ses dépens quand elle les avait atteintes. Elle remercia le justicier lorsque celui-ci lui apporta sa glace puis, posant le sac frais sur son crâne, elle s'adossa sur le mur contre la fenêtre. Tournant la tête vers les deux autres super-héros de la pièce, elle essaya de reprendre une respiration un peu plus normale et qui ne trahissait pas sa fatigue. "Et maintenant ?"
Je ne les regardais pas, les yeux rivés sur le dossier du canapé qui me faisait face. Là, j’étais à la fois exténué et hyperactif, les spasmes aux mains en témoignant de manière plus explicite. J’étais occupé à re-synchroniser la ventilation lorsque notre « ange » gardien réagit à ce que j’avais dit. Télépathie ? Ça aurait pu…mais non. Je n’avais pas non plus envie de lui dérouler le tapis rouge jusqu’à mes secrets détaillés, il en savait déjà beaucoup trop à mon avis. Quant bien même il semblait partir d’un bon sentiment, c’était quelque chose que je m’étais efforcé à garder pour moi. Et aussi longtemps que je pourrais continuer à le faire, je le ferais. Même mes parents et mon frère n’étaient pas au courant, alors déballer ça à de nouvelles connaissances, c’était pas vraiment au goût du jour. J’en avais pas honte, là n’était pas la question. Ce n’était tout simplement pas le genre de trucs qui permettrait de redorer le blason de la cause mutante, bien au contraire. Étant condamné, j’étais le seul à devoir en pâtir…en théorie.
Je le laissai donc tiquer sans rien ajouter. J’étais en train de me dire que lui aussi pouvait très bien être comme moi. Pensée qui s’avéra être remise en question très vite lorsque je me repassais la phrase prononcée, comme s’il ne se sentait pas réellement concerné. Peut-être le ton employé plus que les mots…j’en savais trop rien. Ou le fait qu’il était en train de me faire comprendre que cette information aurait pu m’aider dans mon procès, chose à laquelle je ne cèderai pas. Par respect pour cette communauté à laquelle j’étais rattachée, pour Xavier et les autres, je m’y refusais. Puis, une nouvelle fois, je remarquais qu’il était bien informé (j’entends Faith lui demander de la glace, je suis attentif). Mes yeux se ferment un instant et je soupire, toujours un peu grimaçant. « Prenez ça. » De quoi pouvais-je avoir besoin et qui était en sa possession ? Je laissai rouler ma tête jusqu’à ce que mon visage puisse être suffisamment incliné vers le sien. Mes yeux se lèvent jusqu’à son visage après qu’ils aient rencontré la boîte de comprimés en plastique. Et là, je compris. C’était lui. Qui d’autre pouvait avoir ce type de médicaments sur lui et me le proposer ainsi ? Pas ma psychiatre, assurément. Le Diable Rouge n’en avait pas assez dans le décolleté. « Merci, » lui rendis-je en prenant le tout. Je m’étais assuré qu’il s’agissait bien de ceux que je prenais - et oui, après brève vérification, ça l’était. Je sentis le poids du regard de Faith à ce moment-là, mais je ne pus me résoudre à cracher dans la soupe. Cette culpabilité foudroyante m’incommoda particulièrement. L’air résigné, j’attrapai l’eau dans le sac et avalai le comprimé après m’être redressé davantage. Non, je ne voulais pas en parler maintenant. De toute façon elle n’avait pas son mot à dire…c’était ça ou je virais complètement fou.
J’ignorais si nous étions vraiment en sécurité ici. Comme j’ignorais si je devais vraiment faire ce que je projetais là, maintenant, dans mon esprit embrumé par la fatigue nerveuse. J’hésitais franchement à briser ce silence. Mais la question de SandBlade me heurta tellement que j’avais lâché, une sincère détermination crevant ma voix. « Maintenant…je vais aller faire une visite de courtoisie aux Avengers. » J’étais plus décidé que jamais. Évidemment, j’avais retourné tout ça dans ma tête pendant des jours et ils étaient loin de se douter quelle implication ils pouvaient avoir dans mes maux. Je me pinçai la lèvre inférieure, la serrant avec force. J’arrêtai ça assez vite et fixai Daredevil, à qui je glissai un énième indice par mes mots… « Ultron, c’est lui qui m’a fait faire tout ça… » Avant de croiser le regard de Faith. « J’irais seul. », précisais-je. Avant même qu’un des deux réponde ou me somme simplement d’arrêter mon délire, je poursuivis. « C’est non pour la garderie. Désolé, je vous ai déjà trop impliqués comme ça. » Et j’en avais ma claque d’être un boulet condamné à perpét’. Je voulais des réponses. Et pour ça, je devrais me traîner jusqu’à eux, puisqu’ils ignoraient toute relation entre moi et leur IA prématuré.
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Dim 14 Fév - 23:06
Le banc des accusés. Je n’aurais jamais cru y retourner.