«
T’éloignes pas trop. » étaient les derniers mots qu’Amadeus avait entendu avant de se transformer une nouvelle fois et de disparaître dans le ciel d’un bond surpuissant qui fit trembler le sol autour du van et de Maddy. Elle s’était empressée de soupirer d’un air exaspéré en regardant sa silhouette rapetisser à toute vitesse et traverser un nuage. Amadeus était fatigué, autant qu’agacé. Les nouvelles régulations qui commençaient à voir le jour un peu partout à travers le pays le rendaient insupportablement déterminé à vouloir agir encore et toujours, voire même plus qu’avant. Simplement pour défier l’autorité et essayer de les forcer à changer d’avis. Mais il était bien trop intelligent, et Maddy aussi, pour s’imaginer que quelque chose allait changer. Alors c’était simplement un acte de pure défiance et arrogance. Parce qu’il se savait inarrêtable, il se savait plus puissant que tout ce qu’ils pouvaient déverser contre lui. Et c’était tout ce qu’il avait en tête. Son invulnérabilité.
C’est moi le patron. C’est moi le meilleur. C’est moi qui commande. Se répétait-il silencieusement en sentant le vent agressif qui se heurtait contre son visage d’émeraude, les poings serrés et la mâchoire puissamment fermée.
Le monstre est sous contrôle. Le monstre est sous contrôle. Et finalement, dans un vacarme assourdissant, comme s’il venait de briser le mur du son, Amadeus se laissa retomber au sol de si haut que son atterrissage fit se soulever la terre autour de lui, déplaçant un nuage de poussière autour de lui et fissurant la pierre et la terre sous ses pieds tandis qu’il se redressait et retrouvait son teint habituel ; laissant disparaître le monstre de vert. Immédiatement, son regard fut attiré par la station-service qui était bien la seule chose qu’on pouvait voir à des kilomètres à la ronde dans ce foutu désert du Nevada.
Poussant la porte d’entrée et grimaçant au bruit grelottant qui se mit à résonner au-dessus de lui lorsqu’il fit quelques pas à l’intérieur, Amadeus plongea les mains dans ses poches et continua de marcher, sans véritablement prêter attention au fait qu’il ne portait quasiment rien d’autre que ce pantalon qu’il avait mis au point lui-même, et qui lui permettait de rester décent même sous la forme d’Hulk. Sifflotant l’air de rien, il n’adressa qu’un rapide hochement de tête à l’homme qui était confortablement étalé dans sa chaise derrière sa caisse et se dirigea immédiatement vers les rayons qui l’intéressaient. Ceux qui débordaient de nourriture, aussi peu nombreux étaient-ils. L’endroit était presque vide, complètement prévisible pour un trou paumé dans le désert ; mais il y avait quelque chose qui clochait. Amadeus n’avait pas encore réalisé quoi exactement, mais dès qu’il était passé à côté de la caisse, il avait eu cette impression étrange que quelque chose ne collait pas. Que quelque chose d’anormal se passait. Il arrêta de siffloter son air entraînant lorsqu’il attrapa un large paquet de chips et redressa la tête vers l’une des caméras qui décoraient le sommet du coin d’un mur, inclinant légèrement la tête sur le côté et laissant son regard glisser vers le miroir circulaire qui était disposé au-dessus de la porte d’entrée Amadeus remarqua finalement quelque chose, sous la caisse. Un autre homme. Il fronça les sourcils et soupira, puis se retourna et alla prendre une bouteille de soda dans un réfrigérateur derrière lui. Marchant avec le plus grand de tous les calmes, Amadeus rejoignit la caisse et posa ses articles sur le comptoir et baissa les yeux, une grimace passant rapidement sur son visage pour faire comprendre au caissier qu’il avait compris ce qu’il se passait. Celui-ci restait de marbre, sans doute habitué à ce genre de situation, et fit comme n’importe qui aurait fait, et s’occupa de simplement faire son métier. Et sans même qu’il n’ait le temps de réaliser ce qu’il se passait, il y eut un bruyant tremblement autour d’eux, et la moitié de son comptoir fut arraché du sol par un géant vert qui avait remplacé l’adolescent chétif. «
Coucou. » avait-il ensuite lancé, le morceau de bois surélevé au-dessus de sa tête d’une main et l’autre agrippant à toute vitesse le criminel avec suffisamment de poigne qu’il était complètement incapable de faire le moindre geste.
Il y eut cependant une puissante détonation, il avait fait feu dans la paume d’Amadeus, mais ça n’eut pas le moindre effet autre que de le faire très légèrement grogner. «
Désolé pour votre machin. » ajouta Amadeus en laissant tomber la caisse et en jetant le type à travers la porte, «
Et pour la porte aussi. » il offrit un simple clin d’œil et retrouva sa forme humaine et ordinaire d’adolescent maigrichon et traversa le trou béant pour aller ramasser l’arme du type et la démonter nonchalamment tandis qu’il s’était laissé tomber sur lui et avait commencé à grignoter, son téléphone dans une autre main, attendant l’arrivée de la police. Ou de n’importe de qui de compétent. Il avait beau être Hulk, un Hulk, il n’avait pas la moindre légitimité en tant que force de l’ordre, même s’il en était une dévastatrice.