Beaucoup de choses et peu de temps pour agir. Steven commençait à en avoir marre de devoir faire tout seul. Il savait qu’en devenant le numéro un, il aurait un tas d’obligation. Ca n’était pas un souci, mais il y avait d’autres choses qui ne demandaient pas son aide. Malheureusement, ses employés ne semblaient pas comprendre cela. Alors, c’était à lui de se bouger. HYDRA se portait bien ces derniers temps. Les attentats avaient amenés de nouveaux membres et la loi du recensement également. Du sang neuf ne pourrait pas faire de mal. Seulement, aujourd’hui il devait aller voir une agent, qui apparemment commençait à dériver. Jane était apparemment sur le mauvais chemin. Son psy aurait dû changer cela, mais il n’y était pas parvenu. Steven avait rendu visite au psy en question. Il lui avait interdit d’approcher Jane à nouveau. Levins prendrait les choses en mains à partir de maintenant. Le psy s’occuperait des autres, mais si Steven devait intervenir à nouveau, il avait fait comprendre que le psy en perdrait la vie. Le message semblait être passé, car Steven se retrouvait en ville à attendre Jane. Il l’avait contacté la veille en lui expliquant qu’il serait désormais son psy et qu’il voulait faire leur première séance en dehors de son bureau. Il voulait un terrain neutre et il opta pour Staten Island. Non pas pour la faire venir à la base de l’organisation, mais pour être loin de la ville et pouvoir être tranquille. En plein air, ils seraient amenés à se parler paisiblement. De son côté Steven comptait bien découvrir exactement ce qui se passait pour la jeune femme. Selon son psy, elle retrouvait une partie de sa mémoire. Ne pouvant une telle chose arriver, il avait été examiner son dossier. Découvrant un tas de choses intéressantes, il finit par se rendre au rendez-vous. Attendant à l’entrée du Fort Wadsworth, Steven voulait l’amener à parler, tout en profitant de la vue depuis le Fort sur Manhattan et le port de New York. Peut-être que ça permettrait qu’elle s’ouvre plus. Il ne la connaissait pas encore pour savoir si un tel spectacle l’a ferait s’ouvrir, mais ça valait le coup d’essayer. Au bout d’un moment, il l’a vit arriver et il attendit qu’elle s’approche avant de tendre la main.
Bonjour Jane.
Esquissant un sourire, il se devait d’être convainquant et de parvenir à la faire s’ouvrir. Lui faisant signer de passer la première, il suivit le mouvement.
Merci d’être venu ici. Je sais que rester enfermé n’est pas toujours très agréable.
Marchant à ses côtés, il se devait d’être empathique et subtil. Plus facile pour le second que le premier. Il n’avait jamais été du genre à s’en faire des sentiments des autres. Mais ça serait son travail avec elle désormais.
Mon prédécesseur m’a donné votre dossier, mais j’aimerai plutôt tout savoir de vous en discutant ensemble. J’en apprendrai plus avec vous, qu’en lisant ce qui est indiqué sur des bouts de papier.
Avançant tranquillement vers l’autre côté du bâtiment.
N’ayez pas peur, dites ce qui vous passe par l’esprit.
L’agent Harker avait été désactivée. Pas par un de ses supérieurs mais par un inconnu dans le parking du centre commercial où elle avait été envoyée pour éliminer le candidat démocrate en course pour le siège de procureur général de l’état de New York. En six ans de service, Jane Harker n’était jamais sortie du rang. Ses rapports de mission avaient toujours été concis, efficaces, sans surprise. Avec elle, l’objectif était atteint coup sur coup. Sans bavure ni écart au plan initial. Sauf peut-être cette fois-ci. Elle n’était pas revenue directement après l’assassinat de Bruce McAlhay. Elle était donc restée plusieurs jours, assassin tapie dans la foule anonyme, peut-être à attendre une nouvelle mission. C’était ce qu’on s’était dit à Hydra. Mais on avait vite retrouvé l’agent Harker. Quelqu’un l’avait désactivée et laissée libre d’aller et faire ce que bon lui semblait. Et elle en avait fait des choses. Elle s’était posé des questions. Beaucoup de questions. Sur Emma Hawkins principalement. Elle s’était posé des questions sur Qadir Al Mu’Tamid. Et surtout sur Robert Drake. Bobby. Tous trois pensionnaires de l’Institut Xavier quelques six ans en arrière.
Elle avait appelé son psychologue, le Dr Burns, pour reporter leur rendez-vous une semaine auparavant. C’était comme ça qu’Hydra l’avait retrouvée. Jane n’aimait pas le Dr Burns. Elle songeait même sérieusement à mettre un terme à leur rendez-vous. Pour en trouver un autre ? Peut-être… elle n’était plus si certaine qu’un psy soit ce dont elle avait réellement besoin. Sa rencontre avec Bobby avait changé la donne, venant appuyer les théories de Qadir. Elle ne pouvait plus vraiment réfuter l’existence d’Emma Hawkins et cela mettait en danger sa propre existence à elle, Jane Harker.
Finalement c’est le cabinet du Dr Burns qui la recontacta sur le numéro de téléphone qu’elle avait laissé dans sa fiche client. Visiblement le psychologue souhaitait qu’elle consulte un de ses confrères peut-être plus à même de l’aider. Avait-il senti le vent tourner ? Sceptique, Jane se rendit tout de même au rendez-vous. Le lieu du rendez-vous la fit tiquer. Quel genre de psychologue installait son cabinet à Staten Island ? Elle se posait d’autant plus la question en voyant le panorama qui entourait le bâtiment. Son portefeuille allait prendre ses jambes à son cou. Pas sûr qu’elle réitère avec celui-là non plus si elle y laissait la moitié de son salaire. D’un autre côté Fort Wadsworth était plutôt un endroit atypique pour une séance thérapeutique.
Un homme semblait l’attendre. Il la salua et la laissa passer devant probablement par pure politesse mais Jane n’aimait pas sentir quelqu’un dans son dos. Peut-être des relents de l’instant de tueur qu’elle pouvait avoir en tant qu’agent d’Hydra, bien que telle qu’on la voyait à l’instant, elle n’aurait jamais soupçonné appartenir à quelque groupe que ce soit, encore moins une organisation aussi douteuse. Quand à s’imaginer machine à tuer… Jane Harker était vraiment loin de tout cela. Elle n’était qu’une serveuse dans un bar qui avait besoin de consulter pour comprendre pourquoi sa vie était si décousue.
« Merci d’être venu ici. Je sais que rester enfermé n’est pas toujours très agréable. »
Jane se contenta d’acquiescer dans un premier temps puis :
« C’est plutôt étrange comme cabinet de consultation non ? », releva-t-elle en continuant de détailler tout ce qui se trouver à portée de ses yeux ni bleu ni gris sans trop se soucier de paraître désagréable ou non.
Ca n’était pas vraiment fait exprès, mais elle n’était pas encore spécialement à l’aise.
« Je n’avais pas vraiment d’atome crochu avec le Dr Burns, j’ai du mal à comprendre ce qui a bien pu le pousser à me recommander… il ne m’a même pas donner votre nom. »
Des questions avant de donner des réponses. Cela ressemblait bien à Jane.
Gagner sa confiance était important. Il se devait d’être subtil, mais également de découvrir comment la faire revenir du côté d’HYDRA. Etre gentil et agréable était une façon de l’approcher, mais au vu de son dossier, il se doutait parfaitement que ça ne suffirait pas. Alors, il avait décidé de ne pas faire comme son ancien psychologue. Il fallait sortir d’un bureau aux murs blancs. Il fallait de la nouveauté. Prouver qu’il était différent. Prouver qu’elle pouvait lui faire confiance ou que si ça n’était pas le cas tout de suite, qu’elle pourrait voir au fil du temps qu’il était bien plus compétent que le précédent. Bref, Steven devait être bon et il comptait l’être. Glaner quelques informations en plus de ce qu’il avait lu serait un bon départ. Commençant donc par la saluer poliment, il expliqua qu’il avait voulu faire cette première séance en plein air. A sa question, il esquissa un sourire.
Ca l’est oui. Seulement, je me suis dit que pour une première consultation, il serait bon de sortir. Rester enfermés dans un bureau met parfois les gens mal à l’aise. Je peux le comprendre et je voulais savoir si c’était votre cas ou pas. Après tout, je ne vous connais que via votre dossier. Donc, si vous préférez aller à mon bureau, on peut si ça vous met plus à l’aise.
Il était prêt à voir ce qu’elle voulait. Ca lui permettrait de découvrir de nouvelles choses à son sujet, ce qui serait une très bonne chose. Par la suite, il lui indiqua qu’elle pouvait parler librement et à sa remarque, il hocha la tête.
Il l’a remarqué, c’est pourquoi il m’a demandé de vous voir et je m’appelle Jack.
Souriant en coin, il regarda la jeune femme, tout en continuant de marcher. Il savait qu’il ne devrait pas mentir dès le départ, mais il ne pouvait pas lui donner sa véritable identité. De plus, Jack était le nom qu’on avait donné à Steven quand il avait découvert le costume de Jack O’Lantern, donc ça n’était pas tout à fait un mensonge. Mais, ça n’était pas le moment d’y songer.
Que pouvez-vous me dire sur vous Jane ?
Relevant le col de sa veste, il enfouit ses mains dans les poches de sa veste et regarda devant lui.
Votre dossier dit beaucoup de choses, mais je préfère en apprendre plus de votre bouche. C’est toujours plus intéressant de l’entendre directement de la personne concernée.
Tournant légèrement la tête vers elle, il devait avouer qu’il était intrigué. Il ne savait pas vraiment comment HYDRA s’y était pris pour ne pas l’avoir recherchée avant. Elle n’aurait jamais dû passer plusieurs jours seule dans les rues de la ville. Les autres auraient dû la retrouver. Steven savait qu’il allait devoir faire en sorte de la reprogrammer et au plus vite. Cependant, il devait avant tout découvrir ce qu’elle avait fait pendant ses journées hors de l’organisation. Il fallait pouvoir découvrir si elle avait été en danger ou si elle avait fait des rencontres qu’elle n’aurait pas dû faire.
Le psy lui répondait simplement à ses questions, sans détour, et ses explications tombaient tout aussi naturellement sous le coup de la logique. C’était une chose que Jane appréciait. La franchise et la simplicité. Sa vie était bien assez compliquée comme ça.
« Non ça me convient très bien dehors. Ça change. Merci. »
Lui disait-elle merci de cette bonne initiative où était-ce pour la prévenance dont il venait de faire preuve en lui proposant de rentrer si la pleine nature l’indisposait. Difficile à dire. Elle n’était pas cent pour cent en confiance mais pour autant, on la sentait déjà moins braquée qu’au tout départ. Elle ne fit aucun commentaire sur son nom même si Jane et Jack… Qadir aurait sûrement trouvé qu’ils faisaient la paire avec des prénoms aussi originaux.
Après les présentations, ils entrèrent rapidement dans le vif du sujet. Son dossier chez Burns, ce qu’elle faisait-là concrètement.
« J’ai … », pour être honnête Jane avait horreur de parler de ça. Mais il fallait bien en passer par là si elle espérait que les choses changent. Six ans cela avait déjà assez duré. « J’ai des absences depuis plusieurs années. C’est assez handicapant et comme les examens médicaux purs et durs n’ont rien révélé de significatifs, je me suis dit qu’il fallait peut-être chercher une résolution autre que purement mécanique. Je ne me sens pas folle, mais… ne pas se souvenir de ce qu’on a fait les six derniers mois c’est… », elle avait déjà raconté tout ça à Burns.
Elle n’avait jamais trop su si c’était le teint cireux du premier psychologue, son air détaché – c’était pourtant ce qu’on devait attendre d’un psy – ou ses réponses toutes prêtes et trop répétitives. Burns n’avait jamais semblé un instant comprendre réellement Jane. Il l’avait tout de suite regardé comme un cas psychiatrique, ce qu’elle était peut-être au demeurant, mais elle ne voulait pas être expédiée de la sorte. Et que dire de son attitude lorsqu’elle lui avait parlé de Qadir. Burns l’avait vu comme un névrosé de plus dans son monde de fou. Il n’avait pas laissé une seule chance à sa théorie d’Emma-Jane. Ce n’était pas que Jane y ait accordé plus de crédit au départ mais elle n’avait jamais totalement disqualifié la possibilité d’être Emma. Cela restait possible dans un coin de sa tête. De plus en plus probable. Presque sûr même.
Son regard s’était fait fuyant à mesure qu’elle sentait qu’il fallait forcer à nouveau cette confession sur ce qu’elle ressentait, sur ce sentiment d’être aussi maître de sa vie qu’une bouteille jetée à la mer l’était de son voyage.
« C’est impossible de construire ne serait-ce que le début de quoique ce soit… avec quiconque ou même pour ça avec ce rythme de vie. Je me rappelle très bien de ce que j’ai fait ses six dernières années – peut-être même mieux que vous – mais ces absences … »
Pourquoi lui parlait-elle de construire quelque chose avec quelqu’un ? C’était bien la première fois que cette idée lui passait par la tête. Jusque-là ce qui la dérangeait le plus c’était surtout de tomber nez à nez avec des individus de tout poil qui systématiquement semblaient lui en vouloir à mort. Mais ce n’était pas ce à quoi elle avait pensé en premier cette fois-là.
Hochant simplement la tête aux remerciements de la jeune femme, il n’ajouta rien sur le sujet. Après tout, il était parvenu à la faire venir ici, c’était donc qu’elle acceptait, en un sens, d’être prête à écouter. Ce qui était clairement une bonne chose aux yeux de Steven. Il pourrait en apprendre plus et ainsi savoir comment fonctionnait la jeune femme. D’ailleurs, il se présenta, donnant un prénom qui n’était pas le sien, mais qui ferait l’affaire pour le moment. Puis, voulant en savoir plus sur elle, il posa une première question. Il attendrait de voir ce qu’elle accepterait de dire sur elle. Evidemment, il ne s’attendait pas à de grandes révélations, mais il prendrait ce qu’elle lui donnerait. L’entendant parler des absences qu’elle avait, il hocha simplement la tête. Forcément, pour l’homme, tout cela était naturel. Elle se faisait effacer son cerveau régulièrement. Donc, il fallait bien que ce genre de choses se produise un jour ou l’autre. Malheureusement Burns n’avait pas été fichu de faire quoi que ce soit de constructif avec ce genre d’informations. Steven savait que c’était ce qui était arrivé à l’agent Barnes. Ce dernier avait retrouvé une partie de sa mémoire et était partie de l’organisation. La tête d’HYDRA de l’époque n’avait pas compris ce qu’il fallait faire et il ne comptait pas faire la même erreur. De son côté, il ne comptait pas aller chercher James. Ce dernier avait décidé de fuir et il était doué pour rester discret. Donc, pas besoin d’envoyer une équipe à sa recherche. S’il ne voulait pas être trouvé, il saurait faire profil bas. Cependant, il gardait en tête que si le visage du Winter Soldier se faisait voir un de ses jours, il serait bien de tenter d’entrer en contact avec lui. Mais pour le moment, il devait s’occuper de Jane. Attentif à ce qu’elle venait d’ajouter, Steven releva la tête pour regarder devant eux avant de prendre la parole à son tour.
Si j’ai bien compris, ces absences durent depuis longtemps. Avant d’en parler avec mon collègue, avez-vous été voir quelqu’un d’autre pour en parler ?
Il ne faudrait pas que quelqu’un d’autre tente de l’aider à côté ou que quelqu’un d’autre soit impliqué d’une quelconque façon.
Quel est le dernier souvenir que vous ayez ?
Autant être fixé tout de suite. Peut-être qu’elle avait un souvenir qui pourrait la faire se rapprocher de HYDRA, mais sans qu’elle puisse faire des liens avec l’organisation. Après tout son rôle à lui était de protéger ce qu’il dirigeait.
Quand vous parlez de chercher autre chose qu’une raison purement mécanique, vous pensez à quelque chose comme une thérapie ? Mais, est-ce que vous avez votre propre théorie ? Si vous êtes venu voir le Docteur Burns, c’est que vous deviez songer à quelque chose déjà ?
Etait-elle du genre à faire des recherches sur le net et comme beaucoup avoir peur d’y découvrir qu’on avait un cancer alors qu’il ne s’agissait que d’une grippe. C’était peut-être exagéré, mais Steven voulait connaître les théories de Jane, pour pouvoir avancer à partir de là et découvrir tout ce qu’elle avait pû penser. Un syndrome en particulier, une maladie, un dédoublement de la personnalité, une bipolarité. Tout ce qu’elle pourrait lui dire serait le bienvenue.
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Dim 19 Juin - 22:24
