Nathan se réveilla, cela faisait maintenant trois heures qu'il était endormi sur ce banc...Apparemment, personne n'avait pensé à le réveiller malgré la violence du soleil qui en avait profité pour lui cuire le visage... Après quelques secondes de concentration pour reprendre ses esprits et savoir ce qu'il faisait là, il se rappela qu'il était simplement venu s'installer et profiter du beau temps, mais à peine s'était il assit que l'atmosphère printanière qui régnait lui avait donné une envie folle de s'allonger et de ne plus bouger, en fait, c'est à peu près ce qu'il se passait tous le jours depuis deux semaines. Maintenant qu'il avait finit les cours, il ne savait plus quoi faire tant qu'on ne lui proposait pas de missions ou qu'un énième grand méchant ne s'en prenne à la ville, et à chaque fois, il se réveillait avec l'entièreté de son corps totalement engourdi et se disait qu'il devait vraiment trouver une activité.

Il se redressa donc encore un peu assommé par sa longue sieste improvisée, et commença à s'étirer, le soleil n'allait pas tarder à se coucher et il lui semblait même, en voyant le ciel, qu'une pluie allait peut-être gâcher cette magnifique journée. Il allait sûrement aller se coucher lui aussi, où passer au salon, pour voir ce qui s'y disait, ou finir son dernier livre...encore une soirée banale...

En se levant, il aperçut Axel, qui allait probablement rentrer aussi. Nathan se demanda comment ils se faisaient qu'Axel et lui se connaissait si peu, en effet, il avait le même âge, avaient suivis certains cours en commun et aucun des 2 n'était spécialement insociable, en fait, Nathan se rendit compte que même s'il il se définissait souvent comme très ouvert, il ne s'était pas fait tant d'ami que ça depuis qu'il avait déménagé pour rejoindre l'institut. Pour ce qui était d'Axel, tout ce qu'il savait était qu'il se sentait assez mal par rapport à la nouvelle loi sur le recensement, si d'un coté certains étaient un peu stressés, lui avait clairement l'air de vouloir réagir, il n'était donc probablement pas encore dans les fiches de l'état ni sur le point d'y être enregistré.

Nathan n'était pas sûr de se qu'il allait faire, mais il voulait savoir ce qui poussait Axel à penser ce qu'il pensait, l'inviter à boire un verre éventuellement, mais cette proposition pouvait être mal interprétée. Oh et puis merde, une fois qu'Axel arriva à son niveau, Nathan lâcha maladroitement :  « Hey, je pensais justement aller boire un verre dans un nouveau café que je viens de découvrir, c'est à quelque quartier d'ici, une vingtaine de minutes à pied et je me suis dit  qu'on se connaissait pas si bien que ça, et que tu m'avais l'air un peu perturbé avec toutes ces conneries qui se passaient pour l'instant, donc si ça te dit, tu peux venir avec moi, ça t'aiderait sûrement à décompresser. » Axel ne répondit pas directement et l'air qui l'abordait faisait penser à Nathan qu'il allait sûrement passer sa soirée seul comme il l'avait prévu...Tant pis, il en avait l'habitude...

Depuis qu’il y avait eu cette soi-disant réunion dans le salon du manoir, les gens n’avaient pas cessés de se lancer à tous des regards plus ou moins noirs, maintenant que chacun savait dans quel camp se tenaient leurs camarades et leurs amis, Axel n’avait pas la chance d’être du même avis que la majorité des gens qui vivaient à l’X-Mansion. Il était contre cette loi, violemment contre même. À tel point que ça relevait de l’exploit qu’il n’en soit pas encore venu aux mains avec des gens qui ne pouvaient pas s’empêcher de maintenir que c’était une bonne idée et que ça ne ferait que rassurer les non-mutants. Il ne comprenait pas cette façon de voir les choses, toujours mettre les non-mutants en avant, toujours s’occuper de leurs inquiétudes et de leurs petites personnes, et eux-mêmes alors ? Ils n’étaient pas des humains ordinaires, ils étaient des mutants, des homo superior, et ça le dépassait de voir qu’aucun d’entre eux ne semblait vouloir s’inquiéter plus pour sa propre espèce et préférait se plier aux envies et aux ordres d’une espèce qui n’était pas la leur, d’une espèce… Inférieure ? Peut-être n’était-ce pas le terme le plus approprié, mais ça semblait être le seul qui lui venait en tête lorsqu’il pensait à la situation et à la façon dont ses congénères mutants semblaient vouloir obéir docilement aux Autres. Et ça le mettait encore plus hors de lui de savoir que certains trouvaient que ceux qui n’adhéraient pas à cette loi exagéraient. Ça n’avait aucun sens, aux yeux d’Axel tout le monde devait s’y opposer, il n’y avait pas d’autre solution possible. Et pourtant, voilà qu’il se retrouvait perdu dans une minorité au sein d’une autre minorité, plus le temps passait et plus Axel ne se sentait plus à sa place dans cet endroit. Il voulait partir, le plus loin possible, et ne plus jamais avoir quoi que ce soit à faire avec les X-Men et leurs décisions stupides et ridicules. Tant agacé par tous les gens qui l’entouraient, Axel ne supportait plus de rester à l’intérieur, il avait besoin de s’éloigner, de sortir, et peut-être aussi sans doute de s’arrêter et de réfléchir. Il voulait partir, mais encore fallait-il savoir comment. Il n’avait aucune idée de comment le professeur Xavier réagirait s’il le lui disait, il n’était pas aussi bien intégré que les autres mutants présents, et ne savait quasiment rien de lui ou de ses façons d’être, alors il avait fini par s’imaginer qu’il était comme une sorte de personnage effrayant qui n’accepterait pas qu’il décide de partir pour une raison ou une autre. Alors plutôt que d’agir, il préféra s’enfermer un peu plus sur lui-même et attendit le bon moment, pour foutre le camp, qui ne vint jamais.

Et puis, à force de rester assis dans un coin, collé contre un arbre à revivre encore et encore les derniers instants de Lucas, Axel soupira. Relevant la tête pour regarder le ciel qui s’assombrissait lentement, il baissa la tête et ramassa le peu d’affaires qu’il avait avec lui, et se releva. Soupirant longuement en sentant déjà quelques gouttes lui tomber sur les épaules et le visage, il fit demi-tour et continua son chemin pour retourner à l’intérieur, quand bien même l’idée d’être de nouveau si proche de gens qu’il détestait et qui le détestaient tout aussi facilement ne lui plaisait pas. Il n’avait pas d’autre choix après tout. Les yeux droits devant lui, un poing serré d’anticipation, et de malaise de devoir supporter les regards lourds de jugement de ses camarades, Axel ne remarqua pas d’abord en passant à côté d’un autre qu’il était tout simplement là et fut seulement arrêté lorsqu’il entendit le son de sa voix, manquant sans doute une bonne partie de ce qu’il disait pour ne seulement prêter attention qu’à la fin, l’aider à décompresser, il n’était pas sûr qu’on s’adressait à lui et n’était même pas sûr de savoir où l’autre voulait en venir, il tourna la tête pour le regarder un instant, les yeux lourds de cernes et inclina la tête sur le côté en le regardant avec des sourcils froncés, comme ils l’étaient depuis des heures sûrement, prenant la parole d’une voix enrouée à force de ne pas parler ; « Mh ? 'scuse j’ai pas écouté, c’est à moi que tu parlais ? » sans pour autant tout de suite tourner les talons pour se diriger complètement vers Nathan.

« Mh ? 'scuse j’ai pas écouté, c’est à moi que tu parlais ? »fut la seule réponse d'Axel...Nathan comprenait que c'était déjà mal parti pour la soirée mais se disait que ce n’était pas la première fois qu'il voyait son interlocuteur perdu dans ses pensées, en fait, ça lui arrivait assez souvent et c'était plus que justifié par les temps qui courent. Nathan allait retenter son invitation quand même, qu'avait-il à y perdre... "Alors...voilà, je me disais que c'était vraiment la merde un peu partout ces temps ci et que que ça ferait plaisir à à peu près tout le monde d'aller boire un vers et vu que je t'ai vu arrivé, je me suis dis que tu semblais justement légèrement bouleversé récemment et que ça te ferait particulièrement du bien, je viens justement de découvrir un café pas loin et je pense que ce serais parfait d'aller s'y détendre pour un peu oublier tous les problèmes qu'on a ici, alors, ça te dit?"

Nathan n'était pas optimiste, maintenant qu'il s'était rapproché, il voyait sur le visage d'Axel qu'il n'avait vraiment pas l'air motivé pour sortir ce soir, à un enterrement tout au plus... Il aurait au moins essayé, de toute façon, maintenant qu'il y avait pensé, il se dit qu'il allait aller boire un verre ce soir peu importe la réponse qui allait ressortir , il n'avait qu'à demander à quelqu'un d'autre, tout le monde ne pouvait quand même pas être totalement déprimé par rapport à cette nouvelle loi de recensement! Peut-être allait il demander à Piper, il ne l'avait jamais vraiment remarqué à l'institut mais il avait depuis peu vraiment envie de faire sa connaissance. C'était quand même incroyable qu'après tout ce temps passé ici, il ne s'était fait aucun ami proche et il comptait bien y remédier le plus vite possible...

Ce n'était hélas peut-être pas le bon moment, c'est vrai, tout le monde était sur les nerfs depuis cette réunion au salon, Nathan n'en revenait pas à quel point c'était impossible de lancer une question dans cet institut sans que le ton de la conversation ne commence à monter, même les professeurs semblaient à chaque fois désemparés et n'arrivait pas à calmer les autres élèves. Et cette dernière conversation n'avait évidemment pas dérogé à la règle, ça allait peut-être voir probablement empirer en plus, elle était loin d'être terminée, il n'en avait pas vu la fin parce que tout ça avait finit par le fatiguer et qu'il était retourné se coucher tant bien que mal malgré le bruit qu'ils avaient continué à faire pendant plusieurs heures. La prochaine fois, il tournera les talons dès qu'il s'apercevra que ça risquait de tourner au vinaigre, ce qui allait sûrement arriver de nombreuses fois. Il sentait qu'il allait encore rester cloitré dans sa chambre quelques bonnes semaines, en plus, on ne l'avait toujours pas appelé pour une quelconque mission, à croire qu'il n'y avait aucun problème en ville. Avec un peu de chance, il allait trouver le courage de sortir tout les soirs, qu'il soit seul ou non, pour pouvoir échapper à cette prison bruyante que devenait l'institut.