it's a revolution, i suppose Purifiers • set them on fire | | | Job prit la parole et dit : « Je voudrais qu'on écrive ce que je vais dire, que mes paroles soient gravées sur le bronze avec le ciseau de fer et le poinçon, qu'elles soient sculptées dans le roc pour toujours : Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu'à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. »
« Frères, sœurs, pères, mères, fils, filles, ami-e-s, cousins, cousines, oncles, tantes, proches... Vous pleurez les vies des vôtres qui ont été consumées avant l'heure. Vous pleurez parce que vous pensez que c'est une terrible injustice qui vous touche, qui vous accable, qui vous détruit. Mais la vérité est autre. »
Je m'éloigne de l'autel, en descends et m'approche des fidèles du premier rang. Leurs regards sont posés sur moi, ils attendent qu'on leur dise quoi penser, et quoi ressentir. Je veux effacer la peine de leur cœur pour qu'ils comprennent. Leur haine m'est utile mais leur détresse m'est insupportable alors je veux l'effacer comme je l'efface progressivement de mon propre cœur. Je passe la langue sur ma lèvre inférieure. Ici, mon opinion à l'encontre des mutants n'est pas secrète même si je n'en fais pas de sermon. Je m'agenouille face à une jeune femme et lui demande à voix basse qui elle a perdu. Cette messe, elle est organisée en mémoire des victimes des attentats de février, donc autant dire que les mutants n'y viendront normalement pas. Elle me chuchote, dans une voix étranglée, que c'est son fiancé. Je me mets debout, lui demande de faire pareil, et de répéter. ▬ Mon fiancé... susurre-t-elle. ▬ Qui ? Qui avez-vous perdu ? lui demande-je plus fort ▬ Mon fiancé ▬ Dites-le ! Dites-le pour que tous entendent ! ▬ C'est mon fiancé !
Elle a crié. Elle s'est levée d'un bond et elle a crié. Je reprends alors la parole pour tous, en mettant une main sur l'épaule de la jeune femme pour qu'elle ne se rassied pas. Je l'ai déjà vue plusieurs fois ici, avec son petit ami d'ailleurs. Elle sait que par ce geste, elle ne doit pas bouger. Je la lâche. Puis je demande à tous ceux qui sentent que la haine prend le contrôle de leur cœur de se mettre debout. Un. Dix. Vingt. Cinquante. Le sourire sous mon expression peinée grandit. Tous ces Watchers en puissance... « Vous tous ! Vous êtes dans l'erreur. Vous voulez venger, vous voulez abattre, vous voulez faire couler le sang alors que tous ceux qui vous manquent ne sont pas perdus. Non, ils sont auprès de Dieu parce qu'ils étaient trop purs pour ce monde. Dieu ne les a pas laissés mourir, mais il les a accueillis près de lui quand leurs vies, trop précieuses, lui ont été confiées. Le libérateur se dressera sur la poussière des morts ! Et cette poussière, elle est désormais sous nos pieds ! Nous sommes imparfaits et pas encore prêts à rejoindre le Seigneur, voulez-vous blâmer nos proches morts pour ne pas avoir été aussi imparfaits que nous en ce bas monde ? »
Je progresse dans l'allée, vois tous ces gens debout qui baissent la tête. Forcément que non, on ne peut pas blâmer les morts qu'on a tant chéris. J'ai connu une femme, une femme qui rangeait ses courses. J'ai connu une femme à qui j'ai pardonné d'avoir été une mutante. Là où elle est, elle est parfaite. Même si Stryker me disait qu'elle n'était pas mutante, ça ne changerait plus rien. Elle est parfaite, où elle est. Mais je ne dois pas éteindre la haine envers les mutants, je dois simplement l'utiliser. Je dois la prendre comme une pierre brute et la tailler... « Maintenant, je voudrais que chacun d'entre vous frotte les joues des personnes qui sont proches de lui. Je voudrais que vous effaciez les larmes de vos voisins, je voudrais que vous gommiez cette souffrance par votre amour. Ils sont parfaits, où ils sont. Ils ne souffrent pas. Et tous ceux qui souffrent en ce moment même, Dieu ne les déteste pas. Il les met à l'épreuve, parce qu'ils ont la force de s'en sortir. Vous êtes une communauté humaine, vous êtes forts. Je voudrais que vous leviez le poing en répétant après moi : Nous sommes forts ! Nous sommes forts ! Nous sommes forts ! »
Ils s'exécutent. Le spectacle est bien agréable. Le sourire que je masquais précédemment commence à faire surface sur mes traits. Ils lèvent le poing, un jour ils lèveront une arme. Ils seront une armée sans uniforme, une armée pour une croisade sainte. Personne ne les verra arriver. Ils seront hommes, femmes, enfants, vieux, jeunes, noirs, blancs, métis, petits, grands, ils seront tout le monde. Et ce poing s'abattra sur les mutants. Nous sommes forts !
« L'État a entendu votre cri, ils savent que vous êtes forts et dehors, ils vous écoutent ! Ils savent que vous ne voulez pas que les mutants décident de qui doit vivre ou mourir ! L'État vous entend comme je vous entends mes amis ! Ils ont décidé qu'aucun homme et aucune femme ne peut sortir avec une bombe sur la poitrine, quelles que soient ses intentions, sans que vous le sachiez. Alors je voudrais maintenant que vous gardiez ce poing levé, pour qu'ils ne vous oublient pas, qu'ils sachent toujours que vous êtes là. Vos joues sont séchées des peines alors maintenant, il faut regarder vers l'avenir. Votre avenir ! Job a dit : que mes paroles soient sculptées dans le roc pour toujours. Et maintenant, Dieu vous confie la tâche d'écrire l'avenir pour protéger vos familles. Mon libérateur se tiendra sur la poussière des morts ! Et avec mon corps, je me tiendrai debout. Comme vous êtes debout en ce moment-même ! Alors maintenant, restez forts ! »
Je pointe le doigt vers le crucifix de l'autel : « Moi-même, je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. Il ne se détournera pas de vous si vous faites ce qui est juste. Et ce qui est juste, c'est que le martyr des vôtres aide l'humanité. Ils doivent se recenser, grâce à vos proches. Ils sont au Paradis, ils sont parfaits et de là, voyez comme ils agissent pour le bien de cette communauté, pour le bien du monde entier. Alors je vous demande de garder ce poing levé et de vous battre avec eux ! »
Je laisse retomber mon bras puis me rapproche de l'autel. La jeune femme qui s'était levée la première reste le bras tendu, le poing serré. Je pose mes mains de part et d'autre de son poing pour l'amener devant mon visage. J'y dépose délicatement mes lèvres et lui chuchote « il sait... il sait qu'il n'est pas mort pour rien, parce que vous êtes ici... » Les bras se baissent. Je finis ce sermon assez productif en leur disant de réfléchir à mes mots et de relire la Bible s'ils doutent. Je les oriente sur leur lecture... À la sortie, je me mets à la sortie pour leur serrer la main, leur offrir un sourire plein d'espoirs. Pour eux. Et pour moi. C'est ça... Allez défendre la mémoire de vos proches... |
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