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Harry Osborn
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(can't) let her go
Well you only need the light when it's burning low. Only miss the sun when it starts to snow. Only know you love her when you let her go. Only know you've been high when you're feeling low. Only hate the road when you're missing home. Only know you love her when you let her go. And you let her go.


Il a une trace de graisse noire sur la joue, là où il s’est frotté sans prêter garde à l’état de ses mains. Ses sourcils sont froncés et ses cheveux se dressent dans tous les sens sur son crâne. Sa jambe s’agite, bat un rythme régulier, rapide. Des cernes mangent ses joues, parce qu’il ne dort plus. Il n’y arrive pas, c’est impossible. Ne rien faire c’est penser. Penser c’est souffrir. Il y a une bouteille d’alcool à moitié vide à côté de lui, sur le plan de travail. Il est dans l’atelier de son père, cet endroit sacré où il n’avait pas le droit d’entrer parce qu’il risquait d’y mettre le bazar. Quand il a récupéré la maison après la mort de son père, il a tout détruit. Tout. La pièce a été retapée depuis, mais c’est un bordel sans nom. Des plans partout, des projets entamés, jamais terminés. Parce qu’il est incapable de se concentrer sur une chose à la fois, il ne peut pas. Il y a juste trop de choses dans sa tête. Ça ne s’arrête jamais. Il y a deux boites vides d’Adderall dans un coin, ça ne change rien, son métabolisme évacue trop vite. Fait tout trop vite.
Il ne sait plus sur quoi il travaille. Il n’a aucune idée de ce qu’il a entre les mains. Il a déjà oublié, l’a sûrement noté quelque part, mais il est incapable de s’en rappeler. Harry serre les dents et jette l’amas de métal et de fils au loin. Il a les paupières lourdes, ses yeux le piquent et il a faim. Bon sang, il a tellement faim. Alors il se lève enfin, titube et se rattrape de justesse avant de quitter la pièce sans un regard en arrière. La maison est silencieuse, vide. Elle a toujours été ainsi. Alors l’héritier d’Oscorp déambule dans les couloirs sombres et poussiéreux, il se traîne jusqu’à la cuisine et fouille dans le frigo, les placards. De l’alcool, de l’alcool et encore de l’alcool. Rien à manger, sinon un paquet de céréales à moitié entamé.

Harry grogne et l’attrape, fourre sa main dedans et attrape une poignée avant de la porter à sa bouche. Ses pas le mènent jusqu’au salon et il se fige en voyant l’état de la pièce. A moitié vide, à l’exception de quelques meubles, recouverts de draps pour éviter qu’ils ne prennent la poussière. Alors il se souvient qu’il avait engagé une équipe pour refaire la pièce entièrement, pour que les vestiges de son passé disparaissent entièrement. Mais ça, c’était avant qu’il ne leur hurle de déguerpir de chez lui, quelques jours plus tôt. Avant qu’il ne supporte plus leur présence dans son antre. Il soupire, passe devant un miroir et se fige en apercevant son reflet du coin de l’œil. Il n’a pas envie de regarder, il sait de quoi il a l’air. Trop pâle, trop mince. Affublé d’un jean usé, d’un tee-shirt trop grand pour lui, les pieds nus sur le sol glacé. Il a l’air d’un dingue.
« S’il n’y avait que l’air.Ta gueule. » Il avale une autre poignée de céréales, grimace et observe la boîte un moment. Il n’a plus faim. (Il crève de faim, il n’arrive juste pas à se résoudre à se satisfaire.) Il a envie d’une douche, il en a besoin, même. Il a aperçu la tache sur sa joue, il a besoin de s’en débarrasser. A défaut de nettoyer tout le reste. Harry lâche la boîte de céréales, dont le contenu se répand sur le sol, mais il n’en a strictement rien à faire. Il traîne les pieds pour sortir du salon car maintenant qu’il ne fait plus rien, la fatigue est de plus en plus évidente.

Alors il les entend, les coups frappés à la porte. Ses sourcils se froncent et il se rappelle qu’il a débranché la sonnette, pour éviter qu’on ne vienne l’emmerder. N’importe qui se serait lassé de voir que personne ne répondait. Alors ce n’était pas n’importe qui. Felicia aurait appelé, non ? Mais il a coupé son téléphone. Il plonge une main dans sa poche et l’allume. Il attend quelques secondes et son cœur s’arrête net lorsque l’appareil se met à jour, lui annonçant qu’il a plusieurs messages de Mary-Jane. Mary-Jane. MJ. Il ne les ouvre même pas, traverse le couloir, dévale les escaliers quatre à quatre et s’arrête devant la porte, le cœur battant la chamade, comme prêt à traverser sa poitrine.

Ses doigts tremblants déverrouillent le loquet, agrippent la poignée, la tournent et…

La porte s’ouvre, laisse apparaître la silhouette de Mary-Jane. Elle a les joues rougies par le froid, des flocons de neige recouvrent le bonnet qu’elle porte. Elle a l’air frigorifiée et inquiète, puis surprise et encore plus inquiète. Elle est belle. Elle est si belle qu’Harry cesse de respirer, qu’il ne peut que la fixer, le cœur douloureux, les mains tremblantes. Il ouvre la bouche, la referme. Puis il prend conscience de son apparence, de son état. Il fait un pas en arrière, dans l’obscurité de l’entrée. Il veut se cacher, disparaître. Il veut mourir.


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Mary-Jane Watson
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Combien de fois a-t-elle failli le faire ? Combien de fois a-t-elle enfilé son manteau, mis ses bottes, pris son sac, descendu les escaliers de son appartement… Pour finalement se raviser ? Elle n'ose pas compter. À chaque fois, elle trouve quelque chose d'autre à faire. Une tâche insignifiante qui par magie prend soudain une dimension urgente et incroyablement importante. Le concierge a remarqué que quelque chose clochait, il la regarde à chaque fois rentrer de nouveau dans le hall comme si elle avait un profond problème mental. Elle lit dans ses yeux qu'il fait semblant d'être amical mais qu'au fond, il se dit qu'elle est vraiment bizarre. Tant pis. Elle n'en a pas grand-chose à faire, de son opinion, à ce concierge qui passe sa journée à trouver, inventer même, des petits ragots et à les partager sans la moindre retenue. Mais à travers lui, elle subit le spectacle que sont sa faiblesse et son esprit confus. À chaque fois, elle remonte les escaliers, en tentant de se persuader qu'elle n'est pas en train de fuir comme une lâche. Elle ouvre la porte de son appartement et se rue sur une activité, quelle qu'elle soit, afin d'oublier qu'une nouvelle fois, elle n'a pas eu le courage de faire ce qu'elle aurait du faire depuis déjà des semaines. Elle ne sait pas vraiment ce qui lui fait peur. Peut-être parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une chose, mais de plusieurs. Elle n'a pas envie de débarquer chez Harry et de découvrir une autre fille chez lui, bien que ce serait normal, puisque le temps a passé depuis leur rupture. Elle n'a pas envie de découvrir qu'il vit très bien sans elle, que sa vie continue de la manière la plus normale qui soit alors qu'elle a toujours du mal à manger et dormir. Elle a peur qu'il soit en colère contre elle, lui balance des horreurs, ou soit si énervé qu'il refuse de lui rendre ses affaires. Mais surtout, elle a peur d'aller là-bas et de se rendre compte qu'elle l'aime toujours aussi fort qu'au moment où elle l'a laissé.

C'est sûrement ça, le plus difficile. La raison pour laquelle elle rebrousse chemin. C'est elle qui a décidé de mettre un terme à leur relation, et elle reste toujours persuadée que ses raisons étaient bonnes. N'importe qui pourrait dire que ses raisons étaient bonnes. Mais malgré la distance qui s'était étiré entre eux, malgré tout ce qui a pu être dit ou fait… Les sentiments de Mary-Jane n'ont jamais connu de faiblesse, et c'est ce qui l'inquiète le plus. Le fait de ne plus le croiser, de ne pas avoir à lui dire bonjour ou à lui parler, ça rend les choses plus faciles. Et puis elle a de quoi s'occuper, grâce à son nouveau travail, qui fait qu'elle passe même les week-ends à la tour des Avengers. C'est plus facile de croire que tout va bien, qu'on est en train de s'en sortir, doucement mais sûrement, quand on n'a pas à croiser cette silhouette familière, ces yeux qu'on a détaillés mille et une fois. Qu'on entend pas cette voix qui nous était si chère, si rassurante. Tout est plus facile, quand on prétend que les choses avancent et qu'on avance avec elles. Et puis Mary-Jane ne parle pas d'Harry. Elle n'a pas beaucoup vu Andrew ses derniers temps, et il est bien la seule personne avec qui elle pourrait aborder le sujet. Elle ne veut pas en parler avec Peter. Elle a bien compris que quelque chose n'allait pas, et ils ont toujours eu cet arrangement tacite à l'époque : elle ne parlait pas de sa vie amoureuse avec Harry, et il ne parlait pas de sa vie amoureuse avec Gwen.

Et puis aujourd'hui est arrivé. Sa mère l'a appelée, et lui a demandé si elle pouvait lui emprunter ce fameux livre qu'elle a laissé chez Harry. Mary-Jane a vu les souvenirs danser devant ses yeux. Ces soirs où Harry travaillait sur de nouveaux projets et qu'elle était dans le fauteuil à côté de lui, dans l'un des ses pulls, à lire avec un plaid sur les genoux. De temps en temps, elle se levait pour l'embrasser, le déconcentrer un peu. Ils pouvaient passer des heures ainsi, sans même se parler, mais juste à être ensemble, en faisant tous les deux quelque chose qu'ils aimaient. Ça lui a foutu un petit coup au cœur, quand elle y a repensé. Elle a promis à sa mère de lui ramener son livre. Alors cette fois, elle a mis son manteau, son bonnet et ses bottes, et elle a bravé le froid. Elle s'est mis en pilote automatique, pour ne pas trop réfléchir, et s'est retrouvée sur le perron de la grande maison des Osborn. Elle a essayé de sonner, une nouvelle fois sans essayer de trop réfléchir. Puis elle l'a appelé, parce que ça ne répondait pas. Et elle a toqué à la porte. Elle a même failli partir, en voyant que toutes ses tentatives ne servaient à rien. Puis elle a entendu le cliquetis de la porte. Et son cœur s'est presque arrêté.

Eh merde. C'est la première chose qui lui vient à l'esprit quand elle le voit. D'abord, c'est son allure qui la frappe. On dirait qu'il n'est pas sorti de chez lui depuis des semaines. Il a des cernes grandes comme l'océan pacifique, et il est si pâle qu'on dirait qu'un cadavre est peu à peu en train de prendre sa place. Mary-Jane en a si mal au cœur qu'elle en a la nausée. Ce qui la frappe ensuite, ce sont ses yeux. La couleur de ses cheveux, la forme de sa bouche. Elle laisse couler ses yeux sur tous ces petits détails qu'elle a aimé. Qu'elle aime toujours. C'est incroyable comme en un regard, tout ce sur quoi elle a essayé de travailler depuis leur rupture tombe aux oubliettes. Elle est là maintenant, de toute façon. Alors il faut qu'elle dise quelque chose, quand bien même son esprit est sans dessus dessous. « Salut. » Elle esquisse un sourire doux, quelque chose qui tient un peu de la gêne, mais aussi beaucoup de l'affection. Elle n'y peut rien. Elle se demande si c'est à cause de leur rupture qu'il est dans cet état. Puis elle se dit qu'elle se donne plus d'importance qu'elle n'en a réellement. Après tout, si elle a rompu, c'est parce qu'elle avait l'impression qu'elle n'avait plus de place dans la vie d'Harry. Qu'il ne la regardait plus vraiment, qu'il ne voulait plus vraiment passer du temps avec elle. « Est-ce que je peux entrer ? » Elle pince les lèvres. « Je ne dirais pas non à un petit thé, avec ce temps. » Sa voix est douce. Elle n'est pas venue pour qu'ils se disputent. Juste pour récupérer ses affaires… Quoique. Finalement, ce n'est pas une histoire de livres ou de fringues. Mary-Jane avait juste envie de le voir.


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Harry a le souffle coupé, il ne sait pas quoi dire. Il devrait la saluer, lui demander comment elle va, n’importe quoi. Mais il est incapable de formuler le moindre mot, à peine une pensée cohérente. Il a envie de fuir, de se cacher, il ne veut pas qu’elle le voie comme ça. Et en même temps, il veut l’attirer à l’intérieur, au chaud, pour refermer ses bras autour d’elle, embrasser son front, ses joues, ses lèvres, enfouir son nez dans ses cheveux, s’enivrer de son odeur, de ce même parfum qu’elle porte depuis des années et qui lui rappelle irrémédiablement Mary-Jane à chaque fois qu’il le sent sur quelqu’un d’autre. Pourquoi est-elle là ? Tout ce qu’il éprouve en la voyant s’envole pour laisser place à une peur panique à l’idée que Peter lui ait tout raconté. A l’idée qu’elle sache ce qu’il a fait. Tout ce qu’il a essayé de lui cacher, parce qu’il a honte, terriblement honte de ce qu’il s’est passé ce soir-là. Parce qu’il s’en veut tellement que la chute de Gwen Stacy le hante encore aujourd’hui. Peter et MJ sont proches, ils se connaissent depuis qu’ils sont enfants, il sait qu’ils se voient régulièrement, il les a vus ensemble. Est-ce que Peter aurait pu tout lui dire ? Harry pâlit, il a envie de vomir à cette pensée. Mais elle n’a pas l’air d’être venue pour obtenir des explications. Elle ne le regarde pas avec dégoût, alors ce n’est pas ça.
« Salut. » dit-elle avant d’esquisser un sourire. Et il y a de la gêne, dans ce sourire, bien évidemment, Harry ne s’attend pas à autre chose. Mais aussi tellement de douceur, presque de la tendresse et sa poitrine lui fait brusquement mal. Il a du mal de respirer, son cœur bat si vite qu’il en devient douloureux. Parce que les sourires de Mary-Jane sont la plus belle chose qu’Harry ait jamais vue. Mais aussi parce qu’elle a l’air d’aller bien. Et il ne doit pas penser ça, c’est mal, c’est égoïste, mais elle a l’air d’aller si bien à côté de lui qui se terre ici depuis des jours. Lui qui ne mange presque plus, ne dort plus, se plonge d’alcool sans pouvoir en ressentir les effets, juste par principe. Lui qui a l’air d’un déchet alors qu’elle est si jolie. Elle a le teint clair, les joues rougies par le froid et si elle semble gênée de se trouver face à lui, elle n’a en aucun cas l’air mal en point.

Elle vit cette situation beaucoup mieux que lui et ça fait un mal de chien. Il n’espérait pas la revoir déprimée, abattue. D’abord parce qu’il n’est pas égoïste à ce point, mais aussi et surtout parce que ce n’est pas le genre de MJ. Il est celui qui s’enferme, arrête de vivre et se cache. Il est celui qui voit les ténèbres partout et ne parvient pas à se relever. Mary-Jane n’appartient pas à l’obscurité, elle la chasse sans cesse. Elle est faite pour rire et chanter à tue-tête sur ces chansons stupides qu’il déteste tant. Elle est faite pour relativiser même dans les pires situations. Alors c’est douloureux, mais ça ne le surprend pas de la trouver ainsi. « Salut, » qu’il croasse d’une voix rauque. Il bégaye peut-être un peu et il a encore plus envie de se terrer à l’étage, là où elle ne peut plus le voir ni l’entendre. « Est-ce que je peux entrer ? » OUI ! Non. Non, non, non, non. Harry se mord la lèvre inférieure, si fort qu’il se fait mal. Il devrait dire non. Qu’il a du travail, qu’il n’a pas le temps. L’état de la maison est honteux et le sien est… il ne veut même pas y penser. Elle ne devrait pas le voir comme ça, elle ne mérite pas un tel tableau.
Mais elle est là, devant lui. Elle a souri, elle est magnifique. Elle a l’air frigorifiée et il a juste envie de l’entraîner à l’intérieur pour qu’elle puisse se réchauffer. « Je ne dirais pas non à un petit thé, avec ce temps. »  Elle a ce même ton doux, celui qu’elle emploie toujours, celui qu’elle lui réservait quand ils n’étaient que tous les deux. Ce ton auquel il ne peut dire non, parce qu’il réchauffe son cœur, parce qu’il lui donne envie de se lover contre elle et de tout oublier.

Pendant un bref instant, il a envie de s’excuser, pour tout. De lui promettre qu’il n’agira plus jamais comme il l’a fait. Qu’il ne lui cachera plus ce qui le ronge. De la supplier, à genoux, d’accepter de retourner à ses côtés. Parce que sans elle, il ne sait plus quoi faire. Parce que sans elle, plus rien n’a de saveur. Parce que sans Mary-Jane, il est de nouveau ce sale gosse de riche hyperactif, incapable de voir les bonnes choses, uniquement de se concentrer sur ce qui ne va pas. Ce qui n’ira jamais. Puis il se rappelle de ce qu’il a fait. De ce qu’il est devenu. De ce qu’il ne pourra jamais réparer. Il se rappelle qu’il ne mérite plus d’avoir ce qu’il possédait quand Mary-Jane l’aimait encore.

Il se rappelle qu’il a tout gâché, que c’est de sa faute et qu’il n’a absolument aucun droit de lui imposer l’être abjecte qu’il est devenu.

« Je… » Il s’arrête, se rappelle qu’il ne devrait pas, chasse bien vite cette pensée. « Oui, entre. » Et il s’écarte pour qu’elle puisse passer avant de refermer la porte. Il n’ose pas la regarder et grimpe les escaliers, lentement, la gorge nouée. Il appréhende. La maison est dans un état lamentable. Mais il continue, jusqu’à arriver dans la cuisine, la pièce la plus présentable. « Installe-toi, je t’en prie. » Et il s’empresse d’aller mettre de l’eau à chauffer. Il fouille dans les placards, parvient à mettre la main sur la seule boîte de thé qu’il reste. C’est le préféré de Mary-Jane, celui auquel il n’a pas osé toucher depuis… depuis. Il sort deux tasses, place les sachets dedans et il attend que l’eau chauffe. Ça met un temps fou et il ne sait pas quoi dire, il ne tient pas en place. Ses doigts tapent un rythme sur sa cuisse, il ronge littéralement sa lèvre inférieure. Enfin, la bouilloire annonce dans un clic sonore que l’eau est prête et il remplit les tasses. Ses mains tremblent, il manque d’en renverser et inspire profondément par le nez pour essayer de se calmer.
Harry s’empare des tasses et les apportes jusqu’à la table de la cuisine, les dépose avant d’enfin lever les yeux vers Mary-Jane. Il ne parvient pas à la regarder très longtemps, il reste debout, planté là, immobile comme un débile. « Je… » Il se racle la gorge, s’assied enfin, mais il ne cesse pas de bouger pour autant. Ses doigts se referment autour de sa tasse, sa jambe s’agite nerveusement sous la table. « Tu vas bien ? » C’est à peine un murmure, pathétique. Il est pathétique.


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Mary-Jane Watson
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Cette confiance, elle la feint complètement. Elle a ce léger sourire sur les lèvres, attend en silence qu'il réagisse à sa présence, comme si tout ça était mûrement réfléchi, que ça ne la bouleversait pas. Et pourtant, dans son esprit, ses sentiments se bousculent avec une incohérence chaotique. Et s'il décide de ne pas la laisser entrer ? S'il lui demande de partir, qu'il n'a pas envie de lui parler, qu'il estime qu'ils n'ont plus rien à se dire ? Que fera-t-elle ? Franchement, elle ne sait pas trop. Elle descendra sûrement les marches du perron le cœur encore plus lourd qu'avant, et finira par verser toutes les larmes de son corps derrière le portail comme la jeune femme pathétique qu'elle est. Elle se sent encore plus mal de se savoir si faible. Encore une fois, c'est elle qui a pris la décision, elle qui est partie, elle qui l'a abandonné. Elle n'a pas le droit de douter, elle n'a pas le droit de se dire que finalement, c'était une erreur. Elle se souvient qu'elle était si sûre d'elle le jour de leur rupture, sûrement poussée dans son élan par un faux-pas de Harry, ou le fait qu'il ne réponde pas à ses messages alors qu'elle attendait depuis déjà plusieurs heures. Comment peut-on être si sûr de soi et ensuite, être dans l'état dans lequel elle est maintenant ? La réponse d'Harry tarde à arriver, et c'est presque un supplice pour la jeune femme. « Je… » Il semble hésiter, ce qui brise un peu plus le cœur de la jeune femme. Mais elle ne peut que comprendre. Après tout, elle l'a laissé. « Oui, entre. » Elle esquisse un nouveau sourire léger, même si tout son corps est tendu. Il s'écarte et elle entre dans la grande bâtisse, qu'elle connaît plutôt bien. Elle a passé beaucoup de temps chez les Osborn, mine de rien. Alors oui, une partie de l'endroit lui est parfaitement inconnu, surtout les appartements qui appartenaient au père d'Harry, mais elle est totalement capable de se repérer et surtout, de remarquer les choses qui ont changées. Il lui est impossible de ne pas remarquer l'obscurité qui règne ici, et l'odeur de renfermé qui vous frappe littéralement. Le ménage laisse à désirer, également. L’œil de lynx de Mary-Jane, qui a l'habitude de vivre dans des environnements lumineux et débarrassés du moindre grain de poussière, ne loupe rien du spectacle désolant qu'offre la maison des Osborn. C'est comme un nouveau coup au cœur qui, cette fois, lui fout presque les larmes aux yeux.

Elle suit Harry dans les escaliers, et il la mène jusqu'à la cuisine. Il n'a pas vraiment d'allure, dans ce grand t-shirt et dans ce vieux jean. Mais la forme de ses épaules est si familière… Mary-Jane aimerait savoir ce qui lui est arrivé, comprendre. Mais elle a peur de poser la question, parce qu'elle a peur d'entendre la réponse. Elle ne veut pas entendre que peut-être, elle a un rôle dans tout ça. Parce qu'elle aime trop Harry pour être responsable, même en partie, de sa transformation en zombie. « Installe-toi, je t’en prie. » Mary-Jane prend place sur l'une des chaises et le laisse farfouiller dans les placards, qui sont soit vides, soit les illustrations parfaites du capharnaüm. Elle le suit du regard tout de long, incapable de détacher ses yeux de l'image qu'elle a en face d'elle. Il met l'eau à chauffer, et un silence pesant s'étire entre eux le temps que la bouilloire fasse son travail. La jolie rousse ne sait pas par quoi commencer, elle ne sait pas quoi dire. Elle est trop choquée par ce qu'elle voit aujourd'hui. Elle s'était dit que peut-être, oui, il n'irait pas très bien, tout comme elle ne va pas bien. Mais ça… Elle ne s'attendait pas à ça. Et elle ne peut certainement pas le laisser comme ça. Elle ne peux pas, c'est au-dessus de ses forces. Mary-Jane a même du mal à déglutir, tant elle a l'impression que ça romprait ce silence étrange. Finalement, le thé est prêt, et Harry dépose l'une des tasses devant elle. Le temps d'un quart de secondes, leurs yeux se rencontrent, et MJ est frappée par le bleu de ses yeux, toujours aussi vif. « Je… » commence-t-il, visiblement aussi incapable qu'elle de trouver quelque chose à dire qui ait un sens. Il finit par s'asseoir, mais a du mal à s'immobiliser, contrairement à elle, qui justement, se sent comme paralysée. « Tu vas bien ? » Elle toussote, libérant sa voix, jusque-là coincée dans sa gorge. Elle s'apprête à dire quelque chose du genre oui, ça va, et toi? mais au fond, est-ce que ça servirait à quelque chose? Elle n'a pas vraiment envie de mentir, ni envie de dire que non, là, elle ne va pas particulièrement bien. Alors il vaut mieux éluder la question, oui, ça vaut mieux comme ça. Elle baisse les yeux, laisse un ange passer, éloquent. « Hum.. J'espère que je ne te dérange pas... » Elle pointe un doigt timide vers sa joue, où une tâche de graisse traîne encore. « Tu étais peut-être en train de travailler... » Elle a à la fois envie de lui dire qu'elle ne partira pas avant qu'il se reprenne en main, et envie de prendre ses jambes à son cou. Qui est-elle pour lui dire de se bouger ? A-t-elle encore des droits sur sa vie, après tout ça ? Elle se passe une main dans les cheveux, comme si ça allait l'aider à réfléchir. Puis elle soupire et lève deux yeux tristes vers lui. « Qu'est-ce qui se passe, Harry ? » Il faut qu'elle se confronte à la réalité, et lui aussi. Il n'y a que comme ça qu'ils vont avancer.


Dernière édition par Mary-Jane Watson le Lun 29 Fév - 12:44, édité 1 fois
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Pourquoi avoir accepté de la laisser entrer ? C’est stupide. Il n’aurait pas dû. Il n’a rien à lui dire et de toute évidence, elle n’a pas beaucoup plus de conversation. C’est ce qu’ils sont devenus, alors ? Des étrangers, incapables de se parler ? Elle était la seule à qui il pouvait tout dire, pourtant. Elle était celle qui le comprenait toujours. Mais ce n’est plus le cas. Il ne peut pas lui confier tout ce qui le tracasse, il ne peut pas lui parler de tout ce qu’il s’est passé. Elle ne peut plus comprendre. Il n’a plus le droit de reposer sur elle, après ce qu’il a fait. Mais elle lui manque. Elle lui manque tellement qu’il y a un vide dans sa poitrine. Un vide qui se remplit de noirceur, au fur et à mesure que les jours passent. « Hum.. J'espère que je ne te dérange pas... » fait-elle en pointant un doigt vers sa joue et Harry fronce les sourcils. Machinalement, il porte une main à son visage et frotte, pour retrouver le dos de sa main noire. Oh. Il attrape un torchon et frotte de toutes ses forces, jusqu’à ce que ça disparaisse, embarrassé. Le noir disparaît, laissant sa peau rougie d’avoir tant frotté. « Tu étais peut-être en train de travailler... » Travailler… elle peut appeler ça comme ça, oui. Il était plutôt en train de foutre un bordel sans nom dans son atelier. Mais il hausse les épaules et répond : « Pas grave, » dans un souffle.
Alors elle lève les yeux vers lui, dans un soupir. Elle a l’air triste. Si triste. Harry déteste la voir comme ça. Mary-Jane n’a pas le droit d’être triste. Elle devrait être plus heureuse, sans lui. Pourtant, elle a l’air misérable. Peut-être pas autant que lui, puisqu’elle fait toujours de son mieux, contrairement à Harry. Mais elle n’est pas heureuse et ça, ça fait mal. « Qu'est-ce qui se passe, Harry ? » Il lève les yeux vers elle, l’air de ne pas comprendre. Ce qui se passe ? Elle lui demande vraiment ce qui se passe ?

Ses doigts se crispent autour de sa tasse. Ce qui se passe, hein ? Oh, il y a peut-être le fait qu’il a hérité de la fichue maladie de son père. Que le seul capable de l’aider à refuser de le faire et qu’il a appris qu’il était en réalité son meilleur ami. Ou c’est peut-être le fait qu’il a fait la plus grosse connerie de sa vie en s’injectant ce maudit sérum, parce qu’il a complètement perdu la raison et tué la petite amie de Peter. Ce qui se passe ? Peter le déteste. Et Peter a toutes les raisons de le haïr, après ce qu’il a fait. Le pire ? Harry n’a même plus la force de le détester lui, pour ne pas avoir voulu l’aider.
Il comprend ce que Peter voulait dire, à présent. Et il a tué Gwen.
Ce qui se passe ? Son père est mort et l’a laissé à la tête d’une entreprise dont il se fiche complètement. Une entreprise qu’il n’est pas certain de pouvoir gérer, parce qu’il n’a que vingt-et-un ans et il ne sait même pas gérer sa foutue vie.
Sa prise se resserre un peu plus sur sa tasse. Trop. Il se passe que Mary-Jane l’a quitté. Qu’elle était la seule bonne chose dans sa vie et elle l’a quitté. Bien évidemment qu’elle l’a quitté, elle mérite mieux que ça. Que lui. Mais ça fait mal, bon sang que ça fait mal.

La tasse vole en éclat, le ramenant à la réalité. Harry écarquille les yeux, c’est à peine s’il sent le liquide trop chaud et il regarde sa main d’un air un peu bête. Mary-Jane pousse une exclamation et c’est ce qui le fait réagir. Osborn se lève d’un bond et se précipite vers l’évier pour passer sa main sous l’eau. Il y a du sang, mais ses plaies vont vite se refermer. Il n’a pas mal, la chaleur ne lui fait plus grand-chose, mais il doit au moins faire semblant. Merde. Qu’est-ce qu’il peut dire ? Que la tasse était déjà amochée ? Il n’a jamais eu assez de force pour briser une tasse en deux rien qu’en la serrant d’une main, Mary-Jane le sait parfaitement.
Il doit trouver quelque chose. Vite. Harry attrape un torchon et y cache sa main, parce qu'il sait qu'il va guérir bien trop vite et elle ne peut pas voir ça. Enfin, il se détourne de l’évier pour faire face à la rousse. Elle le regarde avec de grands yeux, surprise, peut-être un peu effrayée, aussi. Pour lui ? Ou par lui ? Il déglutit avec difficultés, ouvre la bouche, la referme. « Tu me manques, » murmure-t-il alors, dans un souffle. Sa voix est rauque, à peine audible. Mais elle l’a entendu. Est-ce que c’est suffisant, pour lui faire oublier la tasse en morceaux au bout de la table ? C’est la seule chose qu’il peut dire sans mentir, sans inventer toute une histoire. Et il n’aurait jamais pensé formuler ce vide à voix haute, mais c’est fait à présent et c’est presque pire encore.

« Tu me manques, » répète-t-il plus faiblement. « Voilà ce qui se passe. » Et tout un tas d’autres choses. Des choses qu’il ne dira jamais. Pas à elle.
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Elle n'est pas venue pour qu'ils parlent, à la base. Elle avait plutôt prévu de rentrer, prendre ses affaires et partir, prétextant qu'elle avait quelque chose d'urgent à faire pour son travail. Ça aurait été plus facile, tellement plus facile. Mais il ne lui a fallu quelques minutes pour perdre complètement ce plan de vue. Peut-être qu'au fond d'elle, elle attendait ce moment. Que tout ce qui est resté enfoui dans sa poitrine depuis leur rupture ressurgit et la met devant le fait accompli : Elle ne se sentira pas mieux tant qu'ils n'auront pas parlé. Elle ne retrouvera pas le bonheur tant qu'ils n'auront pas essayé de démêler ce qui les tracasse. Mary-Jane n'a pas pris le temps de réfléchir à ce qu'elle pourrait dire. La question est sortie toute seule, elle a presque l'impression que son cœur l'a posée sans même consulter sa raison. Entrer d'emblée dans le vif du sujet n'est peut-être pas la meilleure des tactiques, mais tant pis. Maintenant c'est fait, et elle attend avec le cœur battant la réaction du jeune homme. Va-t-il se moquer d'elle, lui demander qui elle se prend pour demander des choses pareilles? Va-t-il comprendre qu'elle ne vient pas pour lui faire la morale, qu'elle ne vient pas avec l'intention de le blesser ? Peut-il voir ce qui se passe dans sa tête, là tout de suite ? Il la connaissait si bien, quand ils étaient ensemble. Elle avait de grandes difficultés à lui cacher des choses, même de toutes petites. Il savait quand elle n'allait pas bien, quand quelque chose la tracassait, quand elle était heureuse. C'était presque comme s'il était dans sa tête, à l'époque. Les yeux clairs du jeune homme se posent sur elle, interrogateurs. On dirait presque qu'il essaie de s'assurer qu'il a bien entendu. La jeune femme voit que des tas de choses passent dans les yeux d'Harry. Mais elle ne lit aucun indice. Rien ne va, c'est plutôt évident. Il reste silencieux mais tendu, comme s'il menait un combat intérieur difficile. Elle aimerait tant lire dans ses pensées, pouvoir démêler le problème pour lui, pouvoir lui tendre la main et rendre tout ça plus facile. Mais comment est-elle censée l'aider ? Elle n'a aucune idée de ce qui se passe dans la tête du jeune Osborn, et ça la rend malade. Ça la frustre de ne pas savoir.

Elle sursaute et laisse échapper un petit cri de surprise quand la tasse explose entre les mains du jeune homme. Le verre s'éclate par terre, et le thé brûlant vient rougir sa peau. Harry saute sur ses pieds et va passer sa main sous l'eau. Mary-Jane se redresse à son tour, mais n'ose pas avancer vers lui. Il y a du sang qui coule dans l'évier, et elle ne peut s'empêcher de penser qu'il était vraiment tendu pour briser cette tasse. C'est quelque chose qu'on voit dans les films, mais qui n'arrive jamais dans la vraie vie – du moins le croyait-elle. Elle a comme l'impression qu'il est lui-même une bombe instable qui risque l'explosion à n'importe quel moment, à en juger par la tension de son dos et ses épaules. Quand il se retourne, elle l'observe, incapable de faire le tri dans ses émotions contradictoires. « Tu me manques, » fait sa voix, faible. Si le silence n'avait pas été aussi absolu, elle ne l'aurait même pas entendu. Elle se fige un peu, en entendant ces mots. Ce n'est pas vraiment ce à quoi elle s'attendait. Même pas du tout. Alors ça la bouleverse, d'entendre ça. Elle ne pensait pas qu'il lui dirait une chose pareille, et ça rend tout à coup tout bien plus clair, mais aussi tout bien plus compliqué. « Tu me manques, » répète-t-il, créant une nouvelle vague de cette étrange sensation, inexplicable, dans la poitrine de la jeune femme. « Voilà ce qui se passe. » Le bilan est clair, spontané. Elle baisse les yeux vers le t-shirt du jeune homme, incapable de soutenir son regard si intense, cerné. Mary-Jane a l'impression qu'on vient de lui poser un étau sur les épaules, et, étrangement, en même temps, les mots d'Harry font écho à ses propres sentiments avec une vérité qui la soulage presque. Ils restent silencieux, là, tous les deux dans la cuisine, pendant quelques longues secondes. Elle ne trouve pas ses mots, ne sait pas si ce qu'elle ressent est bon à dire. Ses yeux sont humides, bien sûr, mais elle fait de son mieux pour ne pas laisser une larme tomber. Qu'est-ce qu'elle est supposée faire ? Elle ne peut pas balancer qu'il ne lui manque pas. Ce serait le plus gros mensonge qu'elle ait jamais dit. Mais peut-elle tirer un trait sur tout ce qui s'est passé ? Non plus. Du moins elle ne pense pas. Elle reste persuadée qu'Harry lui cache des choses, comme avant. Elle a envie de se dire que peut-être, ils pourraient avoir une seconde chance, tous les deux. Que peut-être, si elle était plus patiente, il pourrait s'ouvrir à elle, elle pourrait l'aider avec ces choses qu'il garde pour lui. Mais s'il continue à lui mentir ? Elle pose une main sur son front et ferme les yeux. « Tu... » Est-ce qu'elle a vraiment le courage de dire ça ? Le courage de faire un nouveau pas vers lui alors qu'elle comptait courir le plus loin possible dés qu'elle aurait trouvé ses affaires ? « Tu me manques aussi. » concède-t-elle enfin, n'osant toujours pas croiser le regard clair de celui qui a partagé sa vie pendant plusieurs années. Nouveau silence. Et puis elle cède. Elle fait deux pas en avant et se blottit contre lui. Ce n'est pas prémédité, pas réfléchi. Elle cache son visage dans l'épaule du jeune homme, et ce geste est si familier, elle retrouve tout en un dixième de secondes. « Je suis désolée. Je suis désolée, je suis désolée. Je suis désolée. » répète-t-elle, toujours cachée dans son épaule.
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Il n’avait jamais menti à MJ, avant tout ça. Elle connaissait tout de lui, de ses troubles de l’attention quand il était gamin, à sa relation chaotique avec son père, en passant par tous ses états d’âme. Il lui avait toujours tout dit, elle était sa seule confidente, après tout. La sincérité avait été la base même de leur relation. Mais il avait commencé à mentir en ne lui disant pas qu’il était atteint de la même maladie que son père. Puis tout s’est enchaîné et à présent, il ne peut plus rien lui dire. Pas après ce qu’il a fait. Pas après ce qu’il est devenu. Alors il s’enferme dans une spirale dont il ne pourra plus jamais ressortir. Il en a conscience et c’est ça le plus douloureux. Il a renoncé à MJ le jour où il a commencé à lui mentir, parce qu’il ne pourra plus jamais être honnête avec elle. Comment lui dire qu’il s’est injecté ce sérum, ce qu’il est devenu à cause de lui, ce qu’il a fait ? Gwen était une de ses plus proches amies, il ne peut pas lui révéler qu’il est la cause de sa mort. La cause du désespoir de Peter. Il ne peut pas lui causer cette peine. Et il ne supportera pas de lire la haine dans son regard. C’est égoïste, c’est terriblement égoïste, mais il ne peut pas. « Tu... » commence-t-elle et Harry ferme les yeux, le souffle court. Il ne veut pas entendre qu’il ne lui manque pas autant qu’elle. Qu’elle est passée à autre chose. Ou pire encore, il ne veut pas qu’elle lui dise qu’il lui manque aussi et lire dans son regard qu’elle ne le pense pas vraiment. « Tu me manques aussi. » dit-elle enfin, mais elle ne le regarde pas. Il ne peut pas vérifier si elle dit ça par pitié, alors il serre les poings. Le silence s’installe, il ne sait pas quoi dire, il n’a rien à dire.
Alors elle franchit la distance qui les sépare et se blottit contre lui. L’air est comme chassé de ses poumons et Harry écarquille les yeux. Il n’ose pas bouger, il ne sait pas quoi faire. Elle niche son visage dans le creux de son épaule et il a envie de pleurer. « Je suis désolée. Je suis désolée, je suis désolée. Je suis désolée. » Il serre les dents de toutes ses forces, pour ne pas verser de larmes. Et pourtant, il en a envie, bon sang, il en a tellement envie. Il veut poser sa tête sur ses genoux, la laisser caresser ses cheveux pendant qu’il vide son sac, comme il le faisait à chaque fois qu’il revenait d’une visite chez son père, à chaque fois qu’il recevait un appel incendiaire de cet homme qui l’a toujours traité comme un moins que rien. Il a envie de lui dire toute la vérité, de la supplier de lui pardonner, il veut qu’elle lui promette que tout irait bien, qu’il n’est pas un bon à rien et qu’elle l’aime.

Elle est là, contre lui. Ca fait des mois qu’il espère que ça arrive à nouveau et il ne peut même pas en profiter comme il le souhaiterait. Harry se mord la lèvre inférieure et referme ses bras autour d’elle, avant de nicher son nez dans ses cheveux. Leur odeur n’a pas changé. Il ferme les yeux un instant et c’est comme si tout était à nouveau normal. Ils sont dans leur appartement près du campus. Il y a des bouquins et des cours étalés partout, quelques vêtements aussi. Harry n’a jamais été très ordonné, on lui a tout de suite appris que l’on pouvait payer des gens pour ranger derrière lui, MJ a bien tenté de lui faire perdre cette sale habitude, sans trop de succès. Mais il essayait. Pour elle, il faisait des efforts, là-dessus. Leur réveil sonne et Harry plonge la tête dans son oreiller avec un grognement, mais Mary-Jane rit et se glisse contre lui, pour le forcer à se lever. Ils sont dans leur cuisine et il tente bien maladroitement de faire à manger tout seul, pour qu’elle n’ait pas encore à le faire. Ca l’amuse, mais elle ne dit rien et se glisse dans son dos, referme ses bras autour de sa taille et appuie son menton sur son épaule. Elle le guide sans lui reprocher ses erreurs et c’est parfait. Elle est parfaite. Ils sont dans le salon, elle sur le canapé, lui assis sur le tapis. Elle fait des fiches de révision, soigneusement, il a ses cours étalés sur la petite table mais il ne fait rien. Il la distrait et elle lui jette son crayon au visage alors il se lève, presse ses lèvres sur les siennes et ils se déshabillent en riant.
Harry ouvre les yeux, la poitrine douloureuse. « Pourquoi tu t’excuses ? » murmure-t-il dans un souffle. « C’est moi, rien que moi. Depuis le début, c’est-- » Il s’interrompt, sa gorge se noue. « Je sais même pas comment— comment t’as pu supporter toutes mes conneries tout ce temps, je-- » Il a mal, bon dieu, si mal. « Ce qu’on avait— c’était la meilleure chose qui me soit jamais arrivée et j’ai tout foutu en l’air. » Il n’y arrive plus. Il est devenu si bon pour contenir ce qu’il ressent, pourtant. Mais pas avec elle, il n’a jamais réussi à lui cacher ce genre de choses. Alors les larmes coulent le long de ses joues. « Je peux même pas— putain ! Je t’aime. Je t’aime et— et je peux même pas me battre pour toi parce que-- » Il se tait brusquement et se fige, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade. Tu te tais. Tu te tais, tu te tais, tu te tais. « Je mérite pas le meilleur, pas après ce que je t’ai fait, » murmure-t-il dans un souffle, la voix brisée. Même si elle ne sait pas ce qu’il lui a vraiment fait. Même si elle ignore qu’il ne parle pas de son silence radio, mais du fait qu’il lui a arraché Gwen. Qu’il est devenu un monstre.
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C'est comme si leurs corps retrouvaient leurs réflexes. Mary-Jane connaît ses courbes par cœur, sa main vient naturellement attraper sa nuque, comme avant. Elle se colle contre lui avec un naturel déroutant. Leurs corps se connaissent par cœur, se reconnaisse immédiatement. Elle ferme les yeux, ses lèvres venant trouver la peau brûlante de son cou. « Pourquoi tu t’excuses ? » Elle ne rouvre pas les yeux. Elle s'excuse pour beaucoup de choses, au final. Pour l'avoir abandonné alors qu'il avait peut-être le plus besoin d'elle. De l'avoir laissé tomber au lieu de se battre pour lui, de se battre pour eux. D'avoir manqué de patience, sans aucun doute. Perdre Gwen l'a bouleversée. Elle souffrait tellement, elle avait besoin de lui. Et il n'était pas là. La colère, le ressentiment ont prit possession d'elle, alors que lui aussi souffrait, pour d'autres raisons. Elle aurait du savoir. Elle aurait du essayer de comprendre. Mais elle n'y arrivait pas. Elle était trop aveuglée par son propre chagrin. « C’est moi, rien que moi. Depuis le début, c’est-- » Elle secoue la tête, toujours dans sa nuque. « Je sais même pas comment— comment t’as pu supporter toutes mes conneries tout ce temps, je-- » Mary-Jane tente de ravaler les larmes. « Ce qu’on avait— c’était la meilleure chose qui me soit jamais arrivée et j’ai tout foutu en l’air. » Elle entend dans sa voix que lui ne retient plus ses larmes, et elle resserre un peu plus la prise sur sa nuque. La meilleure chose qui me soit arrivé. Son cœur se serre. Harry est si vulnérable. On dirait qu'il a retenu tout ça pendant des semaines et qu'il se laisse enfin aller. Mary-Jane a envie de le serrer encore plus fort contre elle, de lui prouver qu'elle est là, qu'il peut tout lui dire, qu'elle ne partira pas, cette fois. Elle ne supporte pas de le sentir tremblant comme ça contre elle, de le sentir si vulnérable. Sa main remonte dans les cheveux du jeune homme. « Je peux même pas— putain ! Je t’aime. Je t’aime et— et je peux même pas me battre pour toi parce que-- » Elle relève le visage. Ils sont joue contre joue, désormais. Elle a toujours les yeux fermés, et sur ces cils, les larmes s'accumulent. Son cœur a fait des bons à chaque je t'aime, sa gorge s'est serrée à tel point qu'elle a l'impression qu'elle n'arrivera pas à sortir un mot. « Je mérite pas le meilleur, pas après ce que je t’ai fait, » Elle secoue de nouveau la tête. Ce qu'il dit ne fait aucun sens. Oui, il l'a blessée, oui, elle a souffert de son absence. Oui, elle a du mal à tirer un trait sur ce qui s'est passé. Mais de là à dire qu'il ne mérite pas le meilleur… Elle ne le laissera pas croire une chose pareille.

Elle se redresse, ouvre enfin les yeux pour les poser sur le visage strié de larmes d'Harry. Elle pose une main sur sa joue, commence à effacer les pleurs de son pouce, alors qu'elle a elle-même les yeux embués. Elle l'observe, assimile chaque détail de son visage fatigué, repousse ses cheveux mal coiffés en arrière. Des gestes intimes qui lui ont manqué, qui lui donnent l'impression que tout n'est pas perdu. « Don't say anything. » Elle esquisse un sourire et vient embrasser sa joue encore humide. « You're making no sense at all. » Elle secoue la tête. « Of course you deserve the best. » dit-elle du bout des lèvres. Elle chuchote presque, alors qu'ils ne sont que tous les deux dans cette cuisine. Elle pince les lèvres, observe les siennes. « I--. » Elle replace une de ses mèches rousses derrière son oreille. « I guess we just lost each other for a while. » Elle hausse les épaules dans ce qui ressemble à un petit sanglot. « That can happen. » Elle replonge de nouveau dans ses bras, ils sont de nouveau joue contre joue. Elle embrasse la naissance de sa mâchoire, comme avant. Après tout, c'est normal. Ils passaient tous les deux par des choses difficiles. Tous leurs piliers avaient été détruits, toutes les cartes rebattues. Difficile de se retrouver quand le monde cherche à tout changer. Même le couple le plus fort du monde peut trembler. « I didn't mean to let you down. » dit-elle la gorge nouée. « I hope you can forgive me for that. » Elle colle son front contre le sien. « I'll make it up to you, I swear. » Elle reconnaît aisément ses torts dans leurs problèmes, dans cette rupture. Elle a pris peur, elle n'aurait pas du. Elle pince les lèvres puis finit par rencontrer de nouveau les yeux clairs de celui qu'elle aime, malgré tout. Elle pose la question qui s'impose, incapable d'imaginer repartir à sa vie quotidienne désormais, sans qu'Harry y reprenne sa place, ses droits. « Do you want-- » Elle ne finit pas la phrase, il saura comprendre. Est-ce qu'il veut qu'elle revienne dans sa vie. Est-ce qu'il veut qu'ils se donnent une seconde chance ? Est-ce qu'il est prêt à la laisser l'aider ? Est-ce qu'il est prêt à ne pas refaire les mêmes erreurs que la première fois, tout comme elle est prête à se battre ? Tout semble si évident. Elle a du mal à croire qu'elle est revenue à l'origine uniquement pour récupérer un livre. Peut-être tout simplement parce qu'au fond, elle n'est pas vraiment venue que pour récupérer son foutu livre.
 

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Quand elle relève la tête, il réalise qu’elle pleure également. Il la laisse poser une main sur sa joue, se laisse aller à son toucher, les yeux fermés, tandis qu’elle essuie ses larmes. Dans un geste qu’elle a tant fait autrefois, elle écarte ses cheveux en bataille de son visage et Harry a encore plus envie de pleurer. Une part de lui a envie de la repousser, de lui dire d’arrêter, parce que c’est plus douloureux encore de la laisser faire tout cela en sachant qu’il l’a perdue. Mais une autre désespère de la laisser faire, de profiter de chaque chose qu’elle voudra bien encore lui donner. Alors il ne fait rien, il continue de la garder contre lui, parce que bientôt, elle ne sera plus là. « Don't say anything. » Elle presse ses lèvres sur sa joue et il frémit contre elle. Le jeune homme ouvre péniblement les yeux, parce qu’il a peur de la voir déterminée à ce que ce soit la dernière fois. Mais ce n’est pas ce qu’il voit. « You're making no sense at all. Of course you deserve the best. » Il lâche un souffle tremblant, parce qu’elle ne se rend pas compte de ce qu’elle dit. Elle ne réalise pas à quel point elle se trompe et il n’a pas la force de lui dire. « I--I guess we just lost each other for a while. » Elle lâche un sanglot et il se déteste un peu plus pour ça. « That can happen. » Elle se trompe, elle se trompe tellement.
Il devrait lui dire. Il devrait lui expliquer, tout lui révéler, pour qu’elle le déteste enfin pour de bon, pour qu’elle s’en aille et ne risque jamais qu’il la détruise. Se débarrasser de ça tout de suite, comme on arrache un pansement d’un coup sec. Mais il en est incapable. Surtout quand elle replonge à nouveau dans ses bras et presse sa joue contre la sienne. Surtout quand elle presse ses lèvres contre sa mâchoire, dans ce geste si familier, si parfait. « I didn't mean to let you down. » Il se mord la lèvre inférieure presque jusqu’au sang. « I hope you can forgive me for that. » Pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Pourquoi est-ce qu’il la laisse s’excuser, alors que tout est de sa faute à lui ? Comment peut-il oser faire une chose pareille ? Est-il devenu un monstre à ce point ?

Au point de ne plus être capable de faire ce qu’il y a de mieux pour MJ, plutôt que de la laisser faire, égoïstement, lâchement ? « I'll make it up to you, I swear. » Son cœur bat la chamade, dans sa poitrine. Elle était censée récupérer ses dernières affaires et s’en aller pour de bon. Quelque chose comme ça. Ce n’était pas censé se passer comme ça. Elle ne devait pas se retrouver dans ses bras, à partager ses larmes et sa peine, à envisager qu’ils puissent encore avoir quelque chose, ensemble. « Do you want-- » Elle ne finit pas sa phrase, mais elle n’en a pas besoin, il a compris. Il a compris depuis un moment déjà.
Say no. Say no, right now. Il se meurtrit un peu plus la lèvre inférieure et il la regarde, sans rien dire. You can have her back. She’s always been yours. You deserve her. -- I don’t. Not anymore. -- Take her back. Don’t let anyone else take what’s yours. Don’t let him take what’s yours. C’est le moment d’esquisser un sourire désolé. De déposer un baiser sur son front et de lui dire que c’est une mauvaise idée. C’est le moment où jamais d’être quelqu’un de bien, pour une fois.

Il n’y a qu’une seule décision à prendre, la seule qui soit bonne. Harry prend le visage de la jeune femme dans ses mains et c’est à son tour de sécher les larmes sur ses joues. « Yes, » murmure-t-il d’une voix rauque. « Yes, yes, please. » Il presse ses lèvres sur les siennes, un simple baiser, chaste, tendre. « Please, I’ll do anything, I’ll be better, I swear, yes, » sanglote-t-il avant d’embrasser encore ses lèvres, sa joue, puis l’autre et encore ses lèvres. « I’m sorry, MJ, I’m sorry, for everything, for— » Il se tait, niche son visage dans son cou, s’enivre de son odeur, la serre un peu plus contre lui.

Il n’est qu’un monstre, une sale enflure égoïste. Il devrait penser à elle, à son bien, mais il ne pense qu’à lui. A sa peine qu’il veut faire taire.

« I’ll be better, » promet-il. « I love you, let me be better, » continue-t-il de supplier, incapable de s’arrêter. Elle veut encore de lui. Malgré tout, elle veut encore de lui. Pas malgré tout, elle ne sait rien. Elle ne sait rien du tout. And she’ll never know. We’ll destroy him if we have to, but she’ll never know. Ce n’est pas ce qu’il veut. Ce n’est pas ce qu’il veut, mais pour MJ… Il relève la tête et du bout des doigts, il glisse une mèche de cheveux roux de la jeune femme derrière son oreille. Sa main se loge dans le cou de Mary Jane, sous son oreille et il l’embrasse. Pleinement, tendrement, comme il n’a pas pu le faire depuis si longtemps. Comme il rêve de le faire depuis des mois.

She’s yours. -- She’s mine.
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Quand il hésite, mord sa lèvre, elle sent son cœur qui bat plus vite. Il va dire non. Elle a l'impression pendant quelques secondes qu'il va dire non. Ça lui brise déjà le cœur rien que d'y penser. Elle essaie de ne pas se démonter, et a l'impression qu'elle peut de nouveau respirer quand il prend son visage dans ses mains. Elle sourit légèrement en rencontrant ses yeux clairs, pleine d'espoir. « Yes, » dit-il alors. « Yes, yes, please. » Mary-Jane laisse échapper un sanglot heureux et il pose ses lèvres sur les siennes. Elle lui rend son baiser. Elle est tellement soulagée. Les derniers mois lui retombent dessus, comme un étau. Elle se sent soudain extrêmement fatiguée et complètement euphorique en même temps. C'est comme si toute la pression, la douleur, le chagrin qu'elle a ressenti après la séparation lui retombaient dessus d'un seul coup. Elle a tellement essayé d'avancer, de se persuader qu'elle allait bien, de travailler avec le sourire, avec enthousiasme… C'est comme si elle s'autorisait enfin à ressentir quelque chose. « Please, I’ll do anything, I’ll be better, I swear, yes, »  Elle sourit de nouveau, et il la couvre de baisers. Ça la ferait presque rire, mais elle est surtout tellement heureuse, en cet instant. Tout est si naturel entre eux, tout est si familier. « I’m sorry, MJ, I’m sorry, for everything, for— » Il glisse sa tête dans son cou et la main de la jeune femme vient trouver ses cheveux et elle commence à les caresser avec douceur. « I’ll be better, » fait-il, sa voix à moitié étouffée par le fait qu'il a le nez dans ses cheveux. Elle fait descendre sa main dans sa nuque et lui embrasse la tempe.

« I love you, let me be better, » Il la supplie, alors que c'est elle qui vient de s'excuser et de lui faire comprendre qu'elle avait envie d'être avec lui de nouveau. Peut-être qu'au fond, c'est ce qu'il souhaitait depuis longtemps, et qu'il attendait juste qu'elle fasse le premier pas. Qu'il ne voulait pas lui proposer quoi que ce soit, essayer de la récupérer s'il n'était pas sûr que c'était ce qu'elle voulait aussi. Il relève la tête et replace une de ses mèches de cheveux. Nouveau baiser. Elle passe ses mains autour de sa taille et le serre un peu plus fort contre elle tandis qu'ils s'embrassent. Quand il s'éloigne un peu, elle se rapproche un peu plus, et l'embrasse de nouveau, incapable de se refuser ces baisers qui lui ont manqué pendant tout ce temps. Comme si elle essayait de rattraper le temps perdu. Elle ne s'arrête que pour lui dire, au bout de longues secondes : « I love you too. » Et de nouveau leurs lèvres se cherchent, se trouvent. « And I missed you. » Ils restent longtemps tous les deux, là, dans la cuisine, alors que le jour avance, doucement mais sûrement. Elle est incapable de dire combien de temps s'est écoulé quand ils se lâchent enfin un peu. Mary-Jane sourit, puis se détourne enfin du visage d'Harry pour observer un peu les alentours. Elle repense à l'état minable de la maison, qu'elle a pu observer avant qu'ils entrent dans la cuisine. Il est temps de faire quelque chose. De remettre les choses en bon état, et pas que leur relation. Elle repousse ses cheveux fous et baisse les yeux sur son t-shirt. « Bon allez, à la douche, monsieur Harry Osborn. » Elle lui prend le bras et l'entraîne vers la salle de bain. « Je vais aller te chercher des vêtements propres. » dit-elle avant de lui déposer un baiser sur la joue. Elle n'attend même pas d'approbation et file dans le dressing adjacent à sa chambre et choisit au hasard de nouveaux vêtements, en tentant de ne pas soupirer devant le désordre, mais en éternuant tout de même à cause de toute la poussière. Elle revient dans la salle de bain, et dépose les vêtements à côté de la douche. Harry est déjà dedans. L'intimité a repris ses droits en quelques minutes. Elle sourit en s'éloignant, et se retrouve en haut des escaliers, à surplomber le salon vide. Elle met ses mains sur ses hanches. « Bon, il y a du boulot. » pense-t-elle tout haut. Elle soupire, retrousse ses manches et descend les escaliers. La première chose, c'est repousser les rideaux au maximum et ouvrir les fenêtres en grand. « C'est parti. »
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Well you only need the light when it's burning low. Only miss the sun when it starts to snow. Only know you love her when you let her go. Only know you've been high when you're feeling low. Only hate the road when you're missing home. Only know you love her when you let her go. And you let her go.


Elle répond à son baiser et Harry a l’impression que son cœur va exploser. Combien de fois a-t-il rêvé de l’avoir ainsi contre lui, de pouvoir passer ses doigts dans ses cheveux, presser ses lèvres contre les siennes, serrer sa taille ? Il a l’impression d’être un ivrogne qui aurait tenté de se tenir loin du moindre alcool pendant des mois et qui peut enfin y goûter à nouveau. Mais ce n’est pas n’importe quelle boisson, c’est Mary-Jane, c’est le plus doux des nectars, le plus enivrant des vins, le seul qu’il a toujours désiré. Ses doigts tremblent, il ne sait plus si c’est encore le manque ou si c’est l’excitation de l’avoir à nouveau aussi proche de lui. Quand il cesse son baiser, c’est elle qui retourne contre ses lèvres et c’est plus fort que lui, un soupir rauque lui échappe, il croit bien qu’il a la tête qui tourne. C’est peut-être tout simplement parce qu’il ne mange pas assez en ce moment, mais ça peut tout aussi bien être parce que MJ lui fait perdre la raison. « I love you too, » répond-elle contre ses lèvres et il saisit son visage de ses deux mains, pas trop fort, il ne veut pas lui faire de mal, et l’embrasse à nouveau, encore et encore, désespéré. Elle l’aime. Malgré tout, malgré ce qu’il a fait - She doesn’t know - malgré qui il est - She can’t ever know - elle l’aime. Il pleure à nouveau, il peut le sentir, un goût saler contre ses lèvres, mais ce n’est pas grave, Mary-Jane peut voir ses larmes, elle a toujours su les sécher avec tendresse. « And I missed you. » Oui, oui, elle aussi, elle aussi lui a tant manqué, plus qu’elle ne pourra jamais l’imaginer.
Une part de lui veut plus que ses lèvres, c’est la partie envieuse, ambitieuse, insatiable, celle qui régit principalement chacune de ses décisions désormais. Cette part de lui fait qu’il passe ses bras autour de sa taille et la presse contre lui, elle rend ses baisers plus affamés. Puis il y a l’autre part, la plus raisonnable, celle du gamin qui est terrifié à l’idée qu’elle l’abandonne qui lui rappelle de ne pas tout faire foirer. Cette part lui dit qu’ils ont besoin de prendre leur temps, qu’il ne peut pas tout précipiter et agir comme un animal.

Alors il écoute, il reste sage Harry, parce que la dernière chose qu’il souhaite, c’est bien tout ruiner. Finalement, ils cessent de s’embrasser et elle est belle, si belle, avec ses cheveux en bataille, ses joues et ses lèvres rougies. Elle regarde autour d’elle, mais lui ne voit qu’elle, ne veut regarder qu’elle. Mary-Jane tente de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux, puis aussi rapidement qu’elle a su l’enfermer dans une bulle de bonheur, elle l’éclate en quelques mots. « Bon allez, à la douche, monsieur Harry Osborn. » Il plisse le nez parce que, vraiment ? Elle est obligée de lui rappeler sa condition aussi brusquement ? Mais il la laisse l’entraîner jusqu’à la salle de bain, même s’il lui suffirait de ne pas vouloir bouger pour qu’elle se retrouve incapable de faire quoi que ce soit. Elle a raison. Et surtout, d’un côté, ça lui rappelle quand ils habitaient ensemble. Avant qu’il ne rentre à la maison pour dire adieu à son père mourant, avant qu’il ne découvre lui-même qu’il était atteint de la maladie, avant Spider-Man, avant—Non, il ne veut pas y penser.
Il préfère penser à ça, à quand ils habitaient dans cet appartement où il n’y avait qu’eux. A cet endroit où il pouvait être Harry, juste Harry, pas le fils d’Osborn, pas le PDG, rien d’autre qu’Harry. Le Harry de MJ. « Je vais aller te chercher des vêtements propres, » déclare-t-elle et avec un dernier baiser sur sa joue, elle disparaît. Il a sourire aux lèvres, qui disparaît dès qu’il croise son reflet dans le miroir et là, il grimace. Il se demande comment elle a pu l’embrasser, avec la tête qu’il se trimballe.

Alors il retire ses vêtements, les jette en boule dans la panière à linge sale et se glisse sous le jet d’eau brulant. Il entend à peine la rousse qui vient lui déposer des vêtements propres, concentré sur son décrassage intensif. Une fois satisfait, il sort de la douche et se sèche avec une serviette avant de la nouer autour de sa taille. Là, il se plante devant le miroir, passe une main sur sa mâchoire et grimace. Harry attrape son rasoir et entreprend de se débarrasser de la barbe de quelques jours qui lui donne l’air d’un pénitencier. Quand il en a terminé, il se sent tout de suite beaucoup plus humain et se tourne vers les vêtements que MJ lui a apportés. Il n’est pas étonné de trouver le jean qu’elle a insisté pour qu’il achète lorsqu’ils étaient encore ensemble, ni une chemise de grand couturier qu’il n’a encore jamais mise, probablement achetée par une assistante. MJ reste MJ. Et il n’a pas oublié qu’il ne doit surtout pas contredire ses choix vestimentaires. Alors il s’habille et sort de la salle de bain, pour être interloqué par des bruits qu’il perçoit du premier étage. Il descend les escaliers, pour trouver Mary-Jane en train d’ouvrir les fenêtres pour laisser la lumière du jour pénétrer dans la pièce, aveuglant presque Harry. Pire encore, elle entreprend même de retirer les draps poussiéreux qui recouvrent les meubles et le jeune homme se précipite en avant, pour la saisir par le bras. « Wow, wow, on se calme Mary Poppins ! » s’exclame-t-il brusquement. Il attrape le drap et le remet à sa place, puis l’entraîne à l’écart avant qu’elle ne fasse une crise d’éternuement. « J’ai des employés pour ça, je les rappelle demain à la première heure, il est hors de question que tu nettoies cette maison, compris ? Je crois que ça te tuerait, » déclare-t-il en plissant le nez. Il glisse une main sur sa joue, plonge son regard dans le sien.
« On va sortir d’ici. » C’est la première fois qu’il a vraiment envie de mettre le nez dehors depuis des mois. Il lève les yeux vers la pendule. « On va manger quelque part, tu choisis. Tout ce que tu veux, où tu veux, je t’y emmène. » Même si ce qu’elle veut, c’est des spaghettis à Rome, des ramens à Tokyo. Il approche son visage de celui de la jeune femme et dépose un baiser sur ses lèvres, puis frotte son nez contre le sien, taquin. Le temps de quelques baisers et d’une douche, il est redevenu l’ancien Harry. Le Harry de MJ. « On devrait même se prendre quelques jours, » déclare-t-il, les yeux brillants. « Ils se débrouillent très bien sans moi et toi… community manager, tu peux le faire à l’autre bout du monde, pas vrai ? Allez, dis oui, » il appuie son front contre le sien. « Quelques jours, juste toi et moi, où tu veux. » Loin de New-York, loin de cette vie qui l’étouffe, juste elle et lui. « Name it ! » s’exclame-t-il avec un large sourire.
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(can't) let her go
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L'air commence à rentrer dans le grand salon. Inutile de préciser qu'on respire tout de suite mieux. Mary-Jane se demande comment Harry a pu vivre dans cette atmosphère pendant si longtemps. Elle prend une grande inspiration et se dirige vers un meuble, et retire le drap blanc qui le recouvre. Hors de question qu'elle laisse ce mobilier magnifique caché, hors de question qu'elle laisse cet endroit devenir un entrepôt plus qu'une maison. Mais Harry, sorti de sa douche, se précipite vers elle. « Wow, wow, on se calme Mary Poppins ! » Elle se tourne vers lui, un peu amusée par la comparaison. Et elle ne peut retenir son sourire quand elle remarque à quel point il est beau. Bien habillé, débarrassé de sa barbe, ses cheveux bien coiffés. Ce n'est pas pour rien qu'il lui a plu au premier regard, quand ils se sont rencontrés, sur les bancs de la fac. « J’ai des employés pour ça, je les rappelle demain à la première heure, il est hors de question que tu nettoies cette maison, compris ? Je crois que ça te tuerait, » Elle fait une petite moue, puis capitule, l'aidant à remettre bien en place le drap qu'elle venait de retirer. Il a bien raison. Pas besoin d'être Hawkeye pour voir à mille kilomètres la poussière qui s'est accumulée dans la pièce, et comme elle est allergique, autant dire que ça signerait son arrêt de mort. « On va sortir d’ici. » propose Harry. Non, il ne propose pas, il déclare. Et c'est tout bête, mais ça lui fait plaisir. Parce qu'elle n'a pas eu besoin de le forcer, elle n'a pas eu besoin de lui lancer l'idée. La jeune femme ne peut s'empêcher de voir comme un excellent signe le fait qu'il prenne une telle décision. « On va manger quelque part, tu choisis. Tout ce que tu veux, où tu veux, je t’y emmène. » Elle hausse les sourcils, avec un peu de malice dans le regard. Ce qu'elle veut, où elle veut, il a dit? Elle lâche un petit rire quand il se penche vers elle pour un baiser. Elle serait capable de le prendre au pied de la lettre. Et le pire, c'est qu'elle sait qu'il en est parfaitement conscient, et que c'est même peut-être pour ça qu'il l'a formulé comme ça. Elle est en train de réfléchir à des options raisonnables, à New-York, quand il ajoute: « On devrait même se prendre quelques jours, » Ça la surprend un peu. C'est vraiment le mec qu'elle a trouvé au trente-sixième dessous un peu plus tôt qui vient de lui proposer ça? Au début, elle ne peut s'empêcher de penser que c'est une mauvaise idée. D'abord parce qu'elle a un travail, et qu'il ne faut pas qu'elle s'absente comme ça du jour au lendemain. Elle pense aussi à Peter. Mary-Jane n'a pas vraiment envie de lui dire, comme ça, au téléphone, qu'elle s'est remise avec Harry et qu'elle s'envole avec lui pour une jolie destination, quelle qu'elle soit. Son meilleur ami le prendrait mal, très mal. La part raisonnable d'elle se dit qu'ils devraient se contenter d'un beau restaurant dans la grosse pomme.. Mais elle croise de nouveau le regard d'Harry, et les énormes cernes qui habillent toujours son visage, un de seuls vestiges restants de son état terrible d'il y a quelques heures. « Ils se débrouillent très bien sans moi et toi… community manager, tu peux le faire à l’autre bout du monde, pas vrai ? Allez, dis oui, » Elle pince légèrement les lèvres, mais sa moue ressemble plus à un sourire qu'autre chose. Il en a besoin, vraiment besoin. Quelques jours pour se retrouver... C'est exactement ce dont ils ont besoin, en fait. Quelques jours pendant lesquels il dormira bien, mangera bien, reprendra du poil de la bête (elle sera clairement là pour y veiller). Et puis mine de rien, elle n'a pas pris de vacances depuis qu'elle travaille pour les Avengers... Elle est sûre que Stark ne lui en voudra pas de demander quelques jours. « Quelques jours, juste toi et moi, où tu veux. » Comment peut-elle lui refuser ça, comment? « Name it ! » Elle lève les yeux au ciel et lâche un nouveau petit rire joyeux.

Elle prend ses mains dans les siennes et les embrasse du bout des lèvres. Elle fait mine de réfléchir, longuement. « Où je veux? » Elle sourit et finit par soupirer. « C'est d'accord. » Elle sent la culpabilité qui lui pèse sur la poitrine, quand même, en même temps qu'elle prononce ces mots. « Laisse-moi juste voir ça avec mon.. boss avant de prendre des dispositions. » dit-elle en prenant son téléphone, qui est dans sa poche. Deux appels manqués de Peter. Elle ne montre rien à Harry, bien sûr, mais elle se sent encore plus mal. Elle efface les notifications et sourit en relevant les yeux vers le blond. Elle compose le numéro de la Tour Avengers. Elle dépose un baiser sur les lèvres d'Harry en mettant le combiné contre son oreille, et s'éloigne un peu. En attendant que Jarvis réponde, elle se retourne. « Qu'est-ce que tu penses de l'Italie? » Petit sourire malicieux. « Miss Watson? » fait la voix de Jarvis, avec son accent britannique. Elle se détourne et file un peu plus loin. « Salut, Jarvis. Il faudrait que je parle à Stark, est-ce qu'il est là? » Elle a du mal à croire qu'elle est en train de faire ça. Mais pour Harry... Eh bien, elle serait prête à faire beaucoup de choses. Peut-être trop, même.
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