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George Boers
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MessageSujet: (t.) OUR BLADES ARE SHARP.   (t.) OUR BLADES ARE SHARP. Icon_minitimeMer 29 Juin - 8:12

our blades are sharpTadeusz Kasprzak's cold and cunning, aye, but a man can deal with Tadeusz. We've all known worse. But this bastard son of his ... they say he's mad and cruel, a monster.

George sait beaucoup de choses.
Tout d'abord, nous saignons tous en rouge. Les bêtes, les dragons, les nains, les elfes, les fermiers, les bûcherons, les seigneurs et les rois: tout le monde saigne rouge, rouge, rouge.
Ensuite, il sait que les bâtards sont des choses honteuses que l'on s'empresse d'oublier. Jamais on ne prononce le nom des bâtards. Ils vivent et périssent dans l'obscurité, le silence et l'oubli.
Il sait que le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest. Il connait toutes les manières de faire souffrir un homme et le faire supplier et le faire appeler sa mère, tout ça sans le tuer. Il sait que sa mère était une femme bien et il sait que la vie ne réserve pas forcément des choses biens aux gens biens. Elle l'a bercée avec des contes, sa mère, quand il était petit. Elle lui a dit qu'elle était un seigneur, un prince, un roi parmi les hommes. Elle lui a murmuré des chansons et des promesses de grandeur à l'oreille. George, lui disait-elle. George Kasprzak.
Ah oui, enfin, il y a une chose que George sait et qu'il a appris par coeur.
Les Kasprzak sont cruels et sans coeur. Ils bouffent le coeur de leurs ennemis parce qu'ils n'en ont pas dans la poitrine. Ils festoient des tripes et ils se parent des peaux. Ce ne sont pas des barbares, non, pas vraiment. Ce sont des Puissants.
Et George veut être comme eux.
George est comme eux.
Il leur montrera à tous.

Le seigneur Tadeusz son père l'avait accueilli avec... ce n'était pas de la satisfaction ou du soulagement. Son fils aîné, légitime, était mort pourtant, non? D'accord, c'était peut-être un peu... étonnant qu'un nouveau fils se présente à lui quelques heures seulement après l'annonce de la mort de Jacek... mais soulageant, non? George avait pensé que ça aurait été soulageant. Beaucoup avaient douté, certains l'avaient pointé du doigt. Il semblait trop vieux pour être le fils du seigneur Tadeusz. Mais il avait montré à son père le cadeau qu'il avait fait à sa mère toutes ces années auparavant, durant leur seule et unique nuit de passion, et on avait fini par le faire entrer au château: rien ni personne aurait pu si bien fausser la broche au symbole des Kasprzak, le profil d'un destrier à la crinière en flammes.
Père était... mou. Différent de ce qu'il avait imaginé. Il avait passé des années à s'entraîner, pour briller à ses yeux, dans la cour intérieure du château. Tous mordaient la poussière contre lui et Père refusait toujours de croiser le fer avec lui; il préférait ses chevaux. George était déjà un homme fait et refait, fort ses seize ans, quand il avait rencontré Père pour la première fois; maintenant, ils se faisaient tous les deux vieux, vingt ans plus tard. Lui-même n'était que l'ombre du séduisant jeune homme qu'il était: fatigué, blessé grièvement quelques mois auparavant lors d'une joute amicale, il en avait récolté une boiterie malencontreuse. Père lui était l'égal de lui-même. Toujours mou, toujours différent, toujours jeune, toujours énergique.
Toujours Faible. C'était le mot que George avait cherché pendant des années mais qu'il n'avait jamais osé prononcer.
Aujourd'hui, George savait qu'il ne pourrait plus jamais conquérir et se battre comme avant. Alors il était parti un soir et, il en était sûr, on avait soupiré de soulagement partout où il allait. Mais il reviendrait. Il reviendrait.

Trois ans plus tard, il était revenu chez Père, en son fief. Il avait soigné sa jambe auprès d'un mage, avait chassé le gris de la masse informe de sa barbe et de ses cheveux. Il portait une cape usée par le temps, le vent et la pluie quand il passa pour la dernière fois les portes du châtelet des Kasprzak, menant aux écuries à l'aide d'un domestique son fidèle destrier. Lui-même n'avait jamais eu de particulier respect pour les équidés. Il les préférait dans son assiette.
Alors il laissa au garçon d'écuries le soin de s'occuper du cheval. Mais, quand le gamin fit un mouvement pour s'emparer de l'imposant sac en toile de jute qu'il tenait d'une main, il sourit en le gardant fermement. “ C'est un cadeau pour le lord de mon père, ” dit-il simplement.
Il revit de vieux amis, apprit la mort de vieux ennemis. Le fils de l'intendant, qui avait été son compagnon en toutes affaires quand ils avaient encore l'énergie de courir dans le château joyeusement, n'avait pas changé. Les murs n'avaient pas changé. L'emplacement des chambres de Père n'avait pas changé.
Il frappa trois fois à la porte, puis en abaissa la poignée et entra. Il avait appris la mort de la seconde femme de Père avec froideur. La mère de Rachel et de feu Jacek ne l'avait jamais aimé et toujours regardé d'un mauvais oeil.
Son père était seul, assis à son bureau, absorbé par quelque importante affaire. “ Père! ” s'écria joyeusement George, avec un bonheur non feint. Il laissa tomber au sol le sac qu'il portait et s'approcha de Père à grands pas, contournant le bureau et le prenant d'autorité dans ses bras dans une étreinte d'ours. “ Trois ans! s'extasia-t-il. Vous n'avez pas changé. ” Il était admiratif et aimant, incroyablement heureux et franchement dérangeant, avec ses yeux bleus qui ne lâchaient pas ceux de Père. “ J'ai vu des choses incroyables, si vous saviez...! Des contrées inimaginables, des chevaux plus grands que le plus grand des hommes, des mages plus puissants que le Sorcier Royal lui-même... j'ai goûté des plats colorés et fades, des femmes noires et des femmes à la peau verte et ah, Père, j'ai vu tant de choses, tant de choses... ” Il se détache finalement d'un grand pas en arrière, observe son paternel avec avidité. “ Des dragons! j'ai vu des dragons! ” Et de sortir, de la poche de sa cape, une dent de dragon de la taille de sa tête, enveloppée dans du cuir de cerf. “ Le monde est si vaste, Père... et pourtant me revoici ici.
Et là, le sourire de loup s'installe à nouveau sur ses lèvres.
Il a toujours été plus loup que cheval, George.
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Tadeusz Kasprzak
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MessageSujet: Re: (t.) OUR BLADES ARE SHARP.   (t.) OUR BLADES ARE SHARP. Icon_minitimeMer 29 Juin - 23:49
our blades are sharp
The leeches suck away the bad blood, all the rage and pain. No man can think so full of anger. George, though … his tainted blood would poison even leeches, I fear.

Les yeux de George le terrifient. Ils sont bleus, si bleus. Identiques à ceux de feu son Père. Tadeusz a hérité de ceux de sa mère, lui. Mais les yeux de George lui rappellent ceux de Père et ce n’est pas une bonne chose, non, pas une bonne chose du tout. Ce n’est pas qu’ils sont froids, non, c’est un qualificatif que l’on associerait plutôt aux siens. C’est plutôt qu’ils sont vides, la plupart du temps. Comme si rien n’habitait réellement son bâtard. La plupart du temps car lorsqu’il tient une épée dans sa main, lorsqu’il joute avec les autres, lorsqu’il le regarde lui, Tadeusz y voit sa soif. Soif de sang, de pouvoir, soif de tout ce qu’il n’aura jamais, parce qu’il ne lui permettra pas d’obtenir quoi que ce soit. Quand il l’a vu arriver avec son sourire et sa soif plein les yeux sept jours après que Jacek soit mort, Lord Kasprzak a été tenté de le déclarer coupable de la mort de son héritier et de le faire dépecer vivant pour se débarrasser du gêneur et de son regard. Mais ce n’est pas ce qu’il fait. Non, ce n’est plus ce qu’il fait. Pas depuis que la folie de son propre géniteur a causé la mort d’Anna et de ses deux aînés. Quand il a vu la tour ouest rongée par les flammes en sachant très bien qu’ils y étaient prisonniers, alors qu’on le ceinturait pour l’empêcher de s’y précipiter et rejoindre son épouse et ses deux enfants, Tadeusz a pris une décision.  
Ses ancêtres ont mis au monde des monstres et la lignée s’arrêtera avec lui. Alors il a épousé Jane, si douce et si belle, tremblante et effrayée quand on lui a annoncé qu’elle devait épouser un Kasprzak. Elle lui a rappelé sa mère, misérable petit oiseau que Père a tuée elle aussi. Mais il ne l’a pas traitée comme lui, il l’a rassurée, lui a promis de veiller sur elle. En retour, elle lui a donné deux enfants. Deux enfants qu’il s’est promis de sauver de la folie qui court dans leur sang. Jacek et Rachel, qu’il a aimés comme Père ne l’avait jamais aimé lui.

Il n’y aurait plus d’autres monstres, s’est-il juré. Les batailles ont perdu de leur intérêt, les cris et les pleurs ont cessé de le faire sourire. Tadeusz a toujours préféré les chevaux aux êtres humains. Père se moquait beaucoup de lui pour cela, estimant qu’il s’agissait d’une occupation guère digne d’un Kasprzak, préférant festoyer, guerroyer, se rouler dans la fange. Les chevaux sont honnêtes. Ils fuient quand ils ont peur, se défendent quand ils sont attaqués, protègent les leurs. Ils haïssent férocement et aiment avec la même force. Ils rendent toujours ce qu’on leur donne. Rien à voir avec l’homme qui n’en a jamais assez. Rien à voir avec les êtres comme George qui lui glacent le sang.
Il entend les murmures, Tadeusz n’est pas stupide. Il sait qu’on le traite de faible. De mou. On dit que c’est parce qu’il n’a pas su endurcir son fils qu’il est mort. Mais Jacek était parfait ainsi, Rachel est parfaite comme elle est. Ils sont de son sang et pourtant, le vice ne parcourt pas leurs veines. Le Kasprzak est fasciné à chaque fois qu’il croise le regard tendre de sa fille, il a envie de pleurer à chaque fois qu’il la voit sourire.

Peut-être est-il devenu faible. Qu’importe, les racontars ne l’intéressent pas. Le fait est que lorsque George a finalement décidé de quitter le château, Tadeusz a pu à nouveau respirer confortablement. Il a cessé de sentir son regard peser sur lui, comme s’il passait chaque instant avec une lame glissée sous sa gorge. Mais ça ne pouvait pas durer, pas vrai ? Il a espéré pourtant que peut-être, George se ferait tuer durant l’un de ses voyages. Est-il un mauvais père pour penser cela ? C’est certain. Mais il n’a pas le cœur de s’en vouloir, ni d’espérer pouvoir tendre la main à ce bâtard.

George est déjà perdu.

Lorsqu’il relève la tête pour croiser le regard du jeune homme, son cœur manque un battement. « Père! » s’exclame-t-il avant de contourner son bureau pour le serrer contre lui à lui en faire mal. Tadeusz se crispe, la cape de George est humide et une odeur de sang le suit toujours. «  Trois ans! Vous n'avez pas changé ! » s’écrie-t-il le Lord se retient de lever les yeux au ciel. Que sont trois années sur bientôt cent ? Il n’a pas plus changé que George, puisque du sang elfique coule également dans ses veines. Il ne lui fera pas remarquer sa fausse politesse, ça ne l’intéresse pas. « J'ai vu des choses incroyables, si vous saviez...! Des contrées inimaginables, des chevaux plus grands que le plus grand des hommes, des mages plus puissants que le Sorcier Royal lui-même... j'ai goûté des plats colorés et fades, des femmes noires et des femmes à la peau verte et ah, Père, j'ai vu tant de choses, tant de choses... » Il pourrait être heureux pour lui. Si ces yeux-là ne le fixaient pas avec autant d’avidité, il pourrait être heureux pour son fils. Mais ses poils se hérissent, sa peau est parcourue de frissons et ses muscles sont crispés.
Est-ce fou, faire preuve de paranoïa, que de s’attendre à chaque instant à ce que George lui plonge son épée dans le cœur ? George s’écarte enfin et Tadeusz respire un peu mieux. Il fait racler les pieds de sa chaise sur le sol de pierre, pour s’éloigner un peu plus et correctement faire face au bâtard. « Des dragons! j'ai vu des dragons! » Il le regarde sortir une dent de sous sa cape, correctement protégée par le cuir d’un cerf. « Le monde est si vaste, Père... et pourtant me revoici ici. » Tadeusz pince les lèvres. Il se lève finalement et se dirige vers la table qui se trouve au centre de ses appartements. Ses doigts se referment autour du pichet de vin laissé là par son intendant et il remplit deux coupes. Puis il retourne auprès de George, dépose une coupe sur le bureau et porte l’autre à ses lèvres.

« En effet, te revoici, » déclare-t-il après avoir avalé sa gorgée. Il lève les yeux, plonge son regard dans celui de George. A nouveau, il voit cette même folie qui habitait celui de son père. Il l’entend presque rire, rire à en mourir alors que l’aile ouest brûle, avec Anna, Misha et Andrzej prisonniers à l’intérieur. « Qu’est-ce qui t’amène ? » demande-t-il du bout des lèvres. « Probablement pas les adversaires potentiels, je t’ai suffisamment entendu t’en plaindre et n’est-ce pas pour cela que tu es parti découvrir le monde, mmh ? » Il s’avance, s’empare de la dent de dragon qu’il pose sur le bureau avant de retirer son enveloppe pour l’observer. « Impressionnant. Tu as vaincu un dragon, alors ? » fait-il, un sourcil arqué, presque moqueur. « Te serais-tu lassé de la vie de guerrier ? » Une moue orne ses lippes. « J’en doute. » Il boit une nouvelle gorgée. « Alors dis-moi, fils, que fais-tu ici ? » Il ne cille pas. Il ne cillera pas.

Et il ne faiblira pas non plus.
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George Boers
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our blades are sharpTadeusz Kasprzak's cold and cunning, aye, but a man can deal with Tadeusz. We've all known worse. But this bastard son of his ... they say he's mad and cruel, a monster.

Père est un homme bien. George le sait. C'est un homme bien mais fort, dur, parfois froid et distant avec lui. Mais toujours attachant et attaché, avec Rachel notamment. Ah, Rachel... il a beaucoup pensé à elle, ces derniers temps. Comment elle allait, à quoi elle ressemblait... et ce qu'il allait lui faire subir. Allait-il la faire griller à petit feu, jusqu'à ce que sa peau tombe, jusqu'à ce que ses cheveux fondent? Allait-il la dépecer sans la tuer, retrousser sa peau des doigts aux coudes, des coudes aux épaules, des épaules au reste? Ou allait-il la prendre dans son lit, asseoir son autorité sur le château et le nom des Kasprzak? George n'avait encore rien décidé. Ni pour Père, ni pour l'intendant, ni pour personne. Tout se jouait ici et maintenant.
Il observe Père servir du vin, une coupe qu'il pose sur le bureau et dont George s'empare avec grand plaisir. Il boit trois longues gorgées, essuie du dos de la main le vin qui a un peu coulé sur son menton, adresse un air ravi à Père. Il prend soin de lui! Lui sert le vin et son affection! Peut-être lui a-t-il manqué après tout. « En effet, te revoici. » Sa voix est pourtant froide et distante, détachée. Son père l'observe toujours d'une manière méticuleuse et précise, comme s'il cherchait dans l'opale des prunelles de George... quelque chose. Une solution? Une réponse? Un éclat digne d'un Kasprzak? Ce qu'il voit dans les yeux de George lui plat-il? George aimerait que Père soit fier de lui. C'est tout ce qu'il a toujours voulu: faire sa fierté et son honneur, porter son blason et son étendard et régner après lui. Fort-Terreur est un château plein de secrets et d'obscurité, mais George considère que c'est sa maison — bien plus que la pauvre chaumière insalubre de son enfance. Sa maison, c'est Fort-Terreur et l'agitation des chevaux certains soirs; sa maison, c'est le sourire de Rachel et l'air calculateur de Père.

« Qu’est-ce qui t’amène ? Probablement pas les adversaires potentiels, je t’ai suffisamment entendu t’en plaindre et n’est-ce pas pour cela que tu es parti découvrir le monde, mmh ? » Une esclaffe sur la lippe de George alors qu'il tend à Père la dent de dragon, quand il fait un mouvement vers lui. “ Je crois que mon destin se trouve ailleurs, ” dit-il simplement avec un large sourire heureux et un air presque mystérieux, observant les réactions de son père avec impatience et avidité. « Impressionnant. Impressionnant! Il trouve ça impressionnant! Les joues de George rougissent de plaisir et il baisse le regard, embarrassé, confus et à la fois tellement fier de lui. Tu as vaincu un dragon, alors ? » La moquerie glisse sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. “ Oui, Père, ” fait-il, révérencieux, ne réalisant qu'une seconde trop tard qu'il ment. Il a récupéré la dent sur le cadavre d'un tueur de dragons; mais ceci n'est qu'un détail. Père n'a pas besoin de savoir ça. Et puis il a effectivement vaincu l'homme qui a vaincu le dragon; d'après les Anciennes Lois c'est tout comme, non? « Te serais-tu lassé de la vie de guerrier ? J’en doute. » George l'observe. Il boit avec lui, avec un léger temps de retard. « Alors dis-moi, fils, que fais-tu ici ? » Il est mou et Faible. Mais pour une fois, George voit l'ombre du Puissant se dessiner autour de Père. Non. Pas vraiment. Presque.
Je veux que vous fassiez la demande expresse et officielle auprès du roi Theodore de ma légitimation en tant que votre fils héritier de Fort-Terreur et du nom Kasprzak. ” La demande est simple, placide et factuelle. Il soutient le regard de son père et c'est lui qui baisse les yeux en premier, alors qu'un sourire presque timide vient ourler sa lippe.

Il se détourne brusquement, prend la coupe qu'il avait laissé sur le bureau et se dirige vers l'imposante fenêtre qui donne sur la cour intérieure du château. Il semble nostalgique et presque triste, George. Il se souvient mal de quand il a quitté le château, il se souvient mal de pourquoi mais il se souvient de la honte cuisante que Père ne l'ait même pas retenu, ne l'ait même pas suffisamment aimé pour le convaincre de rester. Mais il se souvient d'une chose: son désir de rectifier les choses. De changer les choses. “ Je crois que nous avons perdu notre voie, Père, la voie de nos ancêtres. J'ai vu des châteaux si somptueux, si vous saviez...! J'ai mangé à la table de seigneurs et de bannerets dont le nom sera oublié aussi vite qu'il a été construit. Des seigneurs et des bannerets insignifiants tellement plus riches, tellement plus forts, tellement plus puissants que nous, Père. Des seigneurs et des bannerets qui ne tremblaient pas devant le nom de Kasprzak, qui se moquaient des hauts-faits de notre ancêtre Roose le Belliqueux, qui ignoraient même la valeur de notre sang et de notre tradition... ” La honte était été cuisante, l'embarras mortifiant. George serre les poings. “ La lignée ne peut s'éteindre avec vous, Père. Vous n'avez plus d'autre fils que moi. Et même si je sais que c'est une responsabilité écrasante, je suis prêt à la prendre- je suis destiné à la prendre. Les dieux ont été généreux et m'ont mis sur votre chemin après la perte de votre second fils. Il serait malencontreux de les moquer en laissant notre fière famille s'éteindre par orgueil. ” Et puis, presque timide, hésitant tout d'un coup devant le regard vincatif et inflexible de Père: “ je le mérite.
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Tadeusz Kasprzak
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Il a l’air d’un gamin, le bâtard, avec ses joues rosies et son grand sourire, quand Tadeusz le complimente. Il peut presque l’imaginer, enfant, avec ses grands yeux bleus et sa tignasse ébouriffée. Peut-être y avait-il un éclat différent dans son regard, alors. Peut-être que Tadeusz aurait pu y mettre un peu de vie. Mais il n’a pas eu vent de son existence, sa mère ne lui a rien dit, elle s’est occupée du rejeton toute seule et il n’a découvert qu’il était encore père que bien récemment. C’était déjà trop tard, pas vrai ? Sa mère lui a bourré le crâne d’idioties et il est convaincu d’avoir sa place ici, désormais. Ça aurait pu être vrai. Si George avait un peu plus ressemblé à Jacek, s’il n’avait pas été le portrait craché de son grand-père. Tadeusz aurait pu le mener jusqu’au Roi Theodore et lui demander de légitimer son fils, pour qu’il hérite de Fort-Terreur. Ca n’aurait pas remplacé Jacek, la douleur de l’avoir perdu ne disparaîtra jamais, mais ça aurait pu se produire. Si seulement George n’était pas… George.
Mais il regrette, le Lord Kasprzak, de ne pas avoir connu cet enfant plus tôt. Il regrette de ne rien avoir eu à dire dans son éducation. De ne pas avoir eu l’occasion de le forger comme il devrait être. Et non pas comme George pense qu’il doit être pour lui plaire. Parce que ce qu’il a sous les yeux, présentement ? Ca ne lui plaît pas. Ça ne lui plaît pas du tout. « Oui, Père, » lui confirme-t-il lorsqu’en se moquant, Tadeusz lui demande s’il a donc bien vaincu un dragon. Menteur, menteur. Si des hommes tels que George étaient en mesure de défaire les dragons alors le royaume serait sauvé. Mais le royaume brule toujours, la menace plane au-dessus de leur tête et les hommes comme George ne détruisent pas les dragons. Il sourit, pourtant, la tête un peu penchée sur le côté, comme on regarde un chiot faire ses premiers pas maladroits d’un air attendri et moqueur.

« Je veux que vous fassiez la demande expresse et officielle auprès du roi Theodore de ma légitimation en tant que votre fils héritier de Fort-Terreur et du nom Kasprzak. » Il est heureux de ne pas avoir à nouveau porté sa coupe à ses lèvres, nul doute que les vêtements et le visage de George seraient couverts de vin, autrement. Il est également heureux d’avoir appris toute sa vie à conserver cet air détaché en toutes circonstances. Il a du cran, le bâtard, Tadeusz peut bien lui accorder cela. Alors il se contente de le fixer, sans dire un mot. Il le regarde se détourner, pour faire face à la large fenêtre qui donne sur la cour du château. Comme lui le fait si souvent, contemplant son domaine, ce qu’il a bâti à la sueur de son front.
Il a reconstruit Fort-Terreur, après que l’aile ouest ait brûlée pour la folie de son père. Mais il n’a pas fait que cela. Il a fait la paix avec ses voisins, a construit de solides alliances, s’est assuré que ses sujets prospèrent, mieux qu’ils ne l’ont jamais fait sous ses ancêtres. Il a redonné vie aux lieux, a chassé la grisaille et la peur. Mais George ne voit pas cela, pas vrai ? Il ne voit rien de plus qu’un siège sur lequel s’asseoir, des terres à empoisonner par son incompétence, des sujets à asservir.
« Je crois que nous avons perdu notre voie, Père, la voie de nos ancêtres. J'ai vu des châteaux si somptueux, si vous saviez...! J'ai mangé à la table de seigneurs et de bannerets dont le nom sera oublié aussi vite qu'il a été construit. Des seigneurs et des bannerets insignifiants tellement plus riches, tellement plus forts, tellement plus puissants que nous, Père. Des seigneurs et des bannerets qui ne tremblaient pas devant le nom de Kasprzak, qui se moquaient des hauts-faits de notre ancêtre Roose le Belliqueux, qui ignoraient même la valeur de notre sang et de notre tradition… » La lippe de Tadeusz se tord dans une grimace qu’il ne parvient pas à contenir. Il souhaite que George se taise, qu’il n’en dise pas plus, qu’il cesse de se ridiculiser.

Mais il ne réalise pas, n’est-ce pas ? Alors il poursuit, le fou. « La lignée ne peut s'éteindre avec vous, Père. Vous n'avez plus d'autre fils que moi. Et même si je sais que c'est une responsabilité écrasante, je suis prêt à la prendre- je suis destiné à la prendre. Les dieux ont été généreux et m'ont mis sur votre chemin après la perte de votre second fils. Il serait malencontreux de les moquer en laissant notre fière famille s'éteindre par orgueil. Je le mérite. » Généreux ? Non, les dieux sont cruels de lui agiter pareille folie sous le nez alors qu’il se débat depuis des années pour laver le nom des Kasprzak. Les dieux sont mauvais, de lui rappeler le monstre qu’il est lui-même, à chaque fois qu’il pose son regard sur George. Il pose sa coupe sur le bureau et s’avance jusqu’à George. Quand il arrive à sa hauteur, pendant une fraction de seconde, il y a de la douceur, dans son regard. De la douceur et de la tristesse, de la pitié même, pour la pauvre âme qui se tient devant lui. Il est désolé d’avoir infligé cela à George. Il est navré de lui avoir transmis cette folie.
Il lève les mains et délicatement, prend le visage du jeune homme entre ses paumes. Il réalise que c’est la première fois que sa peau entre en contact avec celle de son fils. Il ne l’a jamais touché, avant. Il a toujours eu peur de se brûler, que la folie s’empare de lui à nouveau. Il est un peu triste, en réalisant qu’il n’a jamais effleuré les joues de George lorsqu’il était encore enfant, lorsque sa peau était encore douce, imberbe, reflet de l’être innocent qu’il a été un jour. C’est un homme fait, qu’il a devant lui. Un homme que jamais rien ne pourra changer. Ses joues sont recouvertes d’une barbe qu’il a taillée avant de venir, ses yeux clairs bordés de quelques rides. Il cherche l’enfant. Il s’y emploie de toutes ses forces, il cherche le gamin rieur, joueur, bon. Mais il ne le trouve pas. Alors son regard se durcit, ses traits se font de marbre. « Oh George, fils, » murmure-t-il doucement, tandis que son pouce caresse délicatement sa joue droite. Il ne lâche toujours pas son visage. « Que mérites-tu, dis-moi ? » A nouveau, il penche la tête sur le côté. « Avoir vaincu un dragon-- » Il ne sourit pas, pourtant, ce qu’il peut se moquer « -- ne fait pas de toi mon héritier. Vaincre tous les dragons ne ferait pas de toi mon héritier. » Il soupire.

« Notre voie, notre héritage, George, tu n’es pas un Kasprzak. » Sa main droite quitte la joue de George et part caresser ses cheveux dans un geste tendre. « Tu l’avais trouvée, ta voie. Pourquoi a-t-il fallu que tu reviennes ? » Il a l’air triste, tout à coup. Tadeusz secoue la tête. « Roose le Belliqueux ? Tu ne sais rien, George, » murmure-t-il doucement avant de le lâcher. Il s’écarte d’un pas mais il ne le quitte pas du regard. « Je m’emploie depuis des années à gommer cet héritage, ne le vois-tu pas ? Je ne veux pas que l’on tremble devant le nom Kasprzak, je veux qu’on l’oublie, » lâche-t-il brusquement. Ses traits se durcissent. « Je n’ai peut-être plus de fils légitime, George, mais ne m’enterre pas si vite, je peux t’assurer que je suis toujours capable de concevoir suffisamment d’héritiers pour qu’il y ait suffisamment de noms sur la liste pour qu’une vie entière ne te suffise pas à avoir la moindre chance de me succéder. » Il s’en veut un peu. Ce n’est pas tant de sa faute, si lorsqu’il le regarde, Tadeusz ne voit que son propre père et n’a pas su faire un pas vers le bâtard.
C’est même celle de Kasprzak, pour ne pas avoir eu le courage d’affronter cette peur enfantine. « Et même si je décidais de ne pas me remarier, je me contenterais humblement de voir Rachel épouser le Lord qui lui siéra le mieux et voir sa descendance régner sur Fort-Terreur, » conclut-il dans un souffle. « Qu’importe que le nom Kasprzak disparaisse. Tu devrais être fier de ne pas le porter, tu avais une chance d’être plus que tout cela, » fait-il en balayant la pièce, le château, le fief d’un revers de main. Un tas d’immondices bâti sur une pile de cadavres. « Mais tu as choisi de revenir, de réclamer un héritage que je souhaite voir brûler. » Il attrape la dent de dragon et lui jette, comptant sur ses bons réflexes pour l’attraper. « Tu ne sais rien, George, » répète-t-il, navré.
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MessageSujet: Re: (t.) OUR BLADES ARE SHARP.   (t.) OUR BLADES ARE SHARP. Icon_minitimeSam 13 Aoû - 16:56

our blades are sharpTadeusz Kasprzak's cold and cunning, aye, but a man can deal with Tadeusz. We've all known worse. But this bastard son of his ... they say he's mad and cruel, a monster.

Il va lui dire qu'il l'aime.
George ne sait pas pleurer mais si il savait, il le ferait maintenant. Il a pris son visage entre ses mains, avec délicatesse. Il le touche, il l'accepte, il l'aime et c'est ce que George a toujours désiré. Tout ce qu'il a fait, il l'a fait pour lui, pour qu'il le remarque, pour qu'il prenne son visage entre ses mains et l'attire contre son torse, le serre contre lui comme un père son fils. Père est sa plus grande force et sa plus grande faiblesse: il le sait. Il se laisse examiner sans rien dire, touché au plus profond de lui, ne comprenant pas l'intérêt de Père, sa curiosité presque avide, l'intensité de son regard. Et puis quelque chose change sur le visage de Père, se crispe et s'immobilise: George a l'impression qu'il va serrer les mains trop fort et que son visage va exploser. « Oh George, fils. » Fils, il l'a appelé fils. Son pouce retrace sa pommette, sa joue, presque tendrement et George a le coeur dans la gorge, non, au bord des lèvres et l'impression qu'on a glissé du feu dans ses veines. Il en pleurerait presque de joie, vraiment vraiment vraiment, il aimerait bien le faire, pour lui montrer le bonheur que Père lui donne en disant cela, en faisant cela. Il va être George Kasprzak, il va être George Kasprzak, le digne héritier de Père, il le mérite, Fort-Terreur sera à lui et il pourra tuer Père pour redonner aux Kasprzak ce qui leur appartient. Gloire et violence. « Que mérites-tu, dis-moi ? » Il ouvre la bouche pour répondre mais Père est plus rapide: « Avoir vaincu un dragon ne fait pas de toi mon héritier. » Alors il vaincra tous les dragons, il éradiquera leurs espèces, il les enlèvera de la mémoire des hommes. « Vaincre tous les dragons ne ferait pas de toi mon héritier. »

Il y a quelque chose de définitif dans sa voix. « Notre voie, notre héritage, George, tu n’es pas un Kasprzak. » Mais il pourrait le devenir! Si seulement, si seulement Père pouvait voir combien il l'aime, combien il a travaillé, tout ce qu'il a fait pour mériter ce nom, si seulement...! Il mérite ce nom et il pourra le mériter, il faut simplement qu'il lui laisse une chance! Les doigts froids de Père passent sur sa tempe, ses cheveux, presque tendres mais George n'a jamais su ce qu'était la tendresse. « Tu l’avais trouvée, ta voie. Pourquoi a-t-il fallu que tu reviennes ? » Pour vous. Toujours pour vous. Pour vous montrer le monde, pour vous montrer ce que les Kasprzak, ce que nous pourrions accomplir. Pourquoi est-il si aveugle? Des années de faiblesse l'ont rendu stupide, il ne comprend pas, ne comprend plus la valeur du sang qui coule dans ses veines elles-mêmes.
On saigne tous rouge. George doit lui montrer. « Roose le Belliqueux ? Tu ne sais rien, George. » Il le lâche et George a tellement froid, est tellement surpris de la cruauté de l'absence des mains de Père sur son visage qu'il recule d'un pas et se tétanise. « Je m’emploie depuis des années à gommer cet héritage, ne le vois-tu pas ? Je ne veux pas que l’on tremble devant le nom Kasprzak, je veux qu’on l’oublie. Je n’ai peut-être plus de fils légitime, George, mais ne m’enterre pas si vite, je peux t’assurer que je suis toujours capable de concevoir suffisamment d’héritiers pour qu’il y ait suffisamment de noms sur la liste pour qu’une vie entière ne te suffise pas à avoir la moindre chance de me succéder. »

George ne sait pas quoi dire. Il ne comprend pas. « Et même si je décidais de ne pas me remarier, je me contenterais humblement de voir Rachel épouser le Lord qui lui siéra le mieux et voir sa descendance régner sur Fort-Terreur. Qu’importe que le nom Kasprzak disparaisse. » Il ne comprend pas, il ne voit pas, il ne sait pas. C'est lui qui ne sait pas. C'est lui qui est aveugle et stupide. « Tu devrais être fier de ne pas le porter, tu avais une chance d’être plus que tout cela. » Cela...! Son fief! Son héritage! Son droit de naissance! Comment peut-il seulement en parler ainsi, comme si c'était un tas de merde, un lopin de terre sans valeur? Ne voit-il pas le sang béni qui suinte entre les murs et les dalles, l'odeur de pouvoir ancestral, l'impression que les pièces vont les écraser à cause de leur histoire? « Mais tu as choisi de revenir, de réclamer un héritage que je souhaite voir brûler. » George attrape la dent de dragon et sous le choc, fait un autre pas en arrière. « Tu ne sais rien, George. »

Il reste silencieux un long moment.
Finalement, baisse les bras, s'avachit presque. Le gamin bafoué qui rend les armes.
Il se détache complètement en baissant les yeux, contourne le bureau dans moufter un seul mot et revient vers le sac de jute qu'il a laissé tomber en entrant pour prendre Père dans ses bras. Le sol a commencé à traverser le tissu et laisse une trace derrière lui sur le sol de pierres là où George l'a laissé tomber. Il le soulève avec un air défaitiste. “ Tout ce que j'ai jamais fait, Père, dit-il difficilement, les mots comme autant de coups de couteau dans sa poitrine, je l'ai fait pour vous. Pour nous et notre famille. ” Quoiqu'il dise, il est son fils, son sang, son bâtard, son monstre. Il ouvre le sac et lance le contenu sur le bureau, se fichant comme d'une guigne du sang qui commence déjà à suppurer sur les papiers répartis sur le bureau.
Je l'ai tué en revenant, ” dit-il simplement. La tête d'un homme sans âge, départie du reste de son corps, poisseuse de sang et déjà en train de se putréfier rend à Père son regard surpris. “ Je suis resté dans la maison de cet homme, lui ai demandé gîte et couvert. Quand il a refusé, je lui ai dit que j'étais votre fils. Et qu'a-t-il fait alors? Il m'a refusé de nouveau! ” Le poing de George s'abat sur la table, furieux et rageur. “ Ne voyez-vous pas que tous se moquent de vous? Ils ne nous craignent pas! Comment voulez-vous régner sans crainte, Père? ” Il ferme les yeux un instant. Refoule colère et frustration. “ Vous êtes un optimiste mais il est temps pour vous d'ouvrir les yeux. Vous êtes bien plus perdu que je ne le pensais. ” Il a l'air triste, George, soudainement. Un gamin, juste un gamin, qui ne comprend pas les caprices de son père. “ Je suis tellement, tellement désolé, ” fait-il sincèrement en dégainant son épée.
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Tadeusz Kasprzak
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MessageSujet: Re: (t.) OUR BLADES ARE SHARP.   (t.) OUR BLADES ARE SHARP. Icon_minitimeLun 22 Aoû - 19:28
our blades are sharp
The leeches suck away the bad blood, all the rage and pain. No man can think so full of anger. George, though … his tainted blood would poison even leeches, I fear.

George, si grand, si droit, si fier, s’affaisse devant lui et Tadeusz sent son cœur se serrer. Il voudrait redresser ce grand gaillard, le serrer dans ses bras pour qu’il prenne appui contre lui et réalise qu’il n’a pas besoin de tout ça, que ses rêves sont fous et qu’il devrait faire machine arrière, tout simplement. Il voudrait effacer sa déception, lui faire comprendre qu’il l’aime même s’il ne le comprend pas, parce qu’il reste la chair de sa chair et qu’il veut ce qu’il y a de mieux pour lui. Mais il sait qu’il ne peut pas. Au fond, il sait que ça ne servira à rien. George a besoin qu’on lui remette les idées en place, pas qu’on le cajole. Sa mère l’a trop couvé, lui a fait croire à des fables insensées et Tadeusz se doit malheureusement d’être celui qui détruit tout ça, car s’il ne le fait pas, ce sont tous ses sujets qui en pâtiront. Il ne peut pas laisser l’affection qu’il a pour ce gamin perturbé mettre en péril les personnes qu’il a juré de protéger, ceux qui lui ont prêté allégeance. Il est le Lord de Fort-Terreur et c’est à ça, avant tout, qu’il doit penser. George s’éloigne et pendant un instant un peu fou, Tadeusz croit qu’il va tout simplement partir, las des débats stériles qu’ils se livrent depuis leur première rencontre. Mais non, il s’arrête à côté du sac en toile de jute qu’il a laissé tomber sur le sol à son arrivée et le Kasprzak grimace, plisse le nez, en voyant le sang qui s’en échappe, tachant la pierre au passage. « Tout ce que j’ai jamais fait, Père, je l’ai fait pour vous. Pour nous et notre famille. »  Le Lord soupire, il est (lo)las, il est même triste à vrai dire. Parce qu’il sait que George pense ce qu’il dit, qu’il est persuadé de faire ce que son père veut vraiment, mais hélas, ce n’est pas le cas, ça n’a jamais été le cas.
Pourquoi ne peut-il pas chercher à lui plaire en étant bon chasseur ? En essayant d’aider et de protéger ses sujets ? S’il était simple d’esprit et bon jouteur, Tadeusz aurait même pu être fier de lui, tout plutôt que l’être abominable qu’il a sous les yeux. Il préfèrerait légitimer un bâtard difforme qu’une personne capable du pire comme George. Lorsqu’il ouvre le sac, il sait déjà ce qui se trouve à l’intérieur, mais ça ne l’empêche pas de serrer les dents lorsque la tête atterrit sur son bureau, imbibe les parchemins du sang qui s’en échappe encore, répand son odeur putride dans toute la pièce. « Je l’ai tué en revenant, » explique le bâtard et le Lord lève un regard confus vers lui. « Je suis resté dans la maison de cet homme, lui ai demandé gîte et couvert. Quand il a refusé, je lui ai dit que j'étais votre fils. Et qu'a-t-il fait alors? Il m'a refusé de nouveau! » Tadeusz ferme les yeux, parce qu’il comprend alors. Il se doutait déjà que George n’a absolument pas conscience – ou se fiche complètement ? – de la vie que les gens moins fortunés qu’eux mènent. Réalise-t-il seulement qu’entre les dragons, les intempéries et les hivers rudes qui se prolongent, ces pauvres gens ont à peine de quoi se nourrir et qu’il est par conséquent parfaitement logique qu’ils refusent de gaspiller de la nourriture sur des étrangers ?

Surtout des étrangers qui prétendent être le fils de leur suzerain, alors qu’ils n’ont jamais entendu parler de lui. Il n’a aucun mal à imaginer George débarquer chez ce pauvre homme et exiger de lui le gîte et le couvert, puis lui trancher la gorge après un énième refus. « Ne voyez-vous pas que tous se moquent de vous? Ils ne nous craignent pas! Comment voulez-vous régner sans crainte, Père? » Et lui, ne voit-il pas qu’il est ridicule ? Qu’il se trompe ? Que non seulement il ne s’agit pas d’un manque de respect, que personne n’a cherché à se moquer de lui mais qu’en plus, la crainte n’a jamais fait de qui que ce soit un bon chef ? Tadeusz veut inspirer le respect, pas la terreur. Il veut qu’on se souvienne de lui comme du Lord qui a reconstruit Fort-Terreur, qui a rendu ces terres à nouveau fertiles. « Vous êtes un optimiste mais il est temps pour vous d'ouvrir les yeux. Vous êtes bien plus perdu que je ne le pensais. » Non, George, c’est toi. C’est toi qui est perdu, toi qui ne voit rien, toi qui ne comprend rien. « Je suis tellement, tellement désolé, » ajoute-t-il et le tintement métallique qui résonne dans la pièce arrache une grimace au Lord Kasprzak qui darde un regard déçu, profondément déçu, sur son bâtard.
« Alors une fois encore, te voilà à la croisée des chemins et tu choisis la voie la plus facile et la plus abjecte. » Tadeusz secoue la tête. « Je retire ce que j’ai dit, George. » Il observe la tête coupée, de ce pauvre homme qui n’aurait jamais connu pareille fin si Tadeusz n’avait pas commis l’erreur d’engendrer ce fils bâtard et fou. « Tu es bel et bien un Kasprzak. » Mais il ne devrait en tirer aucune fierté, car il n’y a rien de beau à porter ce nom, à partager ce sang, cet héritage. « Crois-moi, de nous deux, je suis le plus navré, » soupire-t-il.  « Je ne combattrai pas mon propre fils, » déclare-t-il en reportant son attention sur le jeune homme. Là, il écarte les bras en croix dans un geste machinal. « Alors vas-y, et prouve-moi que j’ai toujours eu raison à ton sujet. » Le fera-t-il ? Tadeusz n’en doute pas. Alors il reste immobile et attend, se tient prêt à rappeler à George qu’il n’a rien de mou.
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