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 Alexaith | Wake up Sunshine!

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Wake up sunshine!
Feat. Alexis R. Kermarrec

La clé tournait dans la serrure de l'appartement d'Alexis. En tant que meilleure amie de l'ordinateur sur pattes, Faith avait avec elle – en plus d'être sa voisine de palier – une clé pour ouvrir son appartement, de même que son ami en avait une de la sienne. Ce n'est pas comme si ils avaient encore quelque chose à cacher. Depuis son évasion et la rencontre avec les Avengers qui avait fait jouer leur relation pour libérer le criminel qu'était son ami, ce dernier passait son temps enfermé entre ses quatre murs. Bien entendu, Faith aurait pu s'imaginer qu'avec ses pouvoirs, il se trouvait actuellement sur google street à se balader dans sa Bretagne natale mais son corps restait malgré tout humain et il allait bien falloir qu'il sorte s'aérer à un moment donné. Entre temps, la jeune fille avait appris ses différentes addictions qui, par leur absence le mettait dans cet état. "Youhou" Elle cria dans l'appartement silencieux qui ne lui rendit que son propre écho dans le couloir. Par son jeune forcé, il n'était presque plus que l'ombre de lui-même et, s'il lui en coutait de l'avouer, elle comprenait à contrecœur qu'il en avait besoin. Au final, avoir des coupe-papiers accrochés au bras, c'était peut-être un moindre mal. Elle déambula dans les couloirs en recommençant son interpellation, appelant Alexis de son nom cette fois-ci, mais une fois encore, c'était le vide intersidéral en termes de réponse. Elle continua sa route jusqu'à la dernière pièce du couloir, la seule qu'elle n'avait pas encore balayée du regard sans y trouver son ami. Il serait là ou, mais c'était peu probable, il était sorti.

Elle poussa la porte doucement pour voir les rideaux fermés, obstruant les rayons du soleil qui était déjà passé au zénith. Sous les couvertures du lit, elle y remarqua la forme si particulière, ainsi que la crinière qui dépassait, de son ami. Elle s'adossa au chambranle de la porte en croisant les bras un instant, une moue se dessinant sur son visage. Elle avait de la peine pour son ami, de la peine de le voir ainsi et de ne pouvoir rien faire de concret pour l'aider réellement. Finalement, elle se décida à se rendre devant la fenêtre recouverte et, sans aucune sommation, ouvrit grand les rideaux pour inonder la pièce de lumière. De toute façon, elle aurait pu dire n'importe quoi, il n'aurait pas répondu. Il était d'ailleurs sans doute réveiller mais jouait les sourdes oreilles de peur d'avoir des comptes à rendre. Et dire qu'il y a quelques mois, les rôles avaient été inversés, elle au fond du gouffre et lui venant à son aide. Elle agrippa les couvertures au pied du lit et tira un coup sec pour libérer Alexis de ses entraves. "Debout, il est l'heure de se lever." Ponctua-t-elle en jetant sans regarder ce qu'elle avait en main dans un coin de la pièce. Comme prévu, il n'offrait aucune réaction à ses réclamations. Tant pis pour lui, elle n'allait pas le laisser faire. Il devait savoir que, elle ici, il n'aurait de répits qu'une fois levé, lavé et à l'air libre. Elle l'agrippa par l'épaule pour le forcer à se mettre sur le dos, passant ensuite sur lui afin de ses mettre à califourchon au-dessus de lui pour le maîtriser avec ses mains. Heureusement qu'il n'était pas non plus le plus musclés des hommes sans quoi elle aurait vite fait de se retrouver à terre. "Allez, belle au bois dormant, tu as fait un assez gros dodo pour la semaine !" Il allait difficilement pouvoir rester de marbre contre les assauts de SandBlade, tôt ou tard, il allait devoir lui parler, même si elle devait passer par les chatouilles.
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Wake Up Sunshine !


Les jours se succèdent et se ressemblent tous. Les mêmes nouvelles tournent en boucle, les mêmes images défilent, m’hypnotisent. Je suis en plein sevrage et c’est foutrement difficile de ne pas succomber à nouveau. Au départ, on voulait me mettre en institut spécialisé - ce que j’avais fermement refusé. J’étais pas un camé. Pas plus que le voisin d’en dessous ou le petit junkie de trottoir. La combinaison de pleins de choses faisaient que je n’étais pas opérationnel. À moins que je le sois trop…oui, c’était aussi ça le problème. Mes propres pouvoirs épuisaient mon corps. Les brider comme je l’avais fait, ça avait été la seule façon pour moi de survivre. Mon corps ne supporterait pas cette charge tout seul. À chaque fois, cela me revenait en plein visage : c’était incompatible.
Alors, dire que j’avais été touché par la grâce, c’était un peu too much. On m’avait retiré tout ce qui faisait de moi un être stable. Je remerciais les Vengeurs autant que je les méprisais pour m’avoir fait « subir », bien que ce soit par ricochet. Stark et Banner étaient les principaux concernés évidemment. C’était fini. Y a environ deux semaines et demi, ça s’était complètement terminé. J’essayai de sauver les apparences mais j’avais honte de sortir dans la rue, j’avais un visage connu. J’avais peur pour mes parents, pour mon frère; exposés comme jamais aux représailles. Je me sentais coupable d’avoir menti à Faith concernant mes addictions et d’avoir brisé le lien qui m’unissait à Johanna. D’avoir tout foutu en l’air.

Cette semaine-ci je n’avais pas dormi, ou alors par intermittences - une sorte de pseudo-veille d’une demie-heure sur des intervalles de quatre à cinq heures, mais cela dépendait. La veille, en catimini, j’avais rappelé le psychiatre pour qu’il puisse me préparer une ordonnance. Qu’il renouvèle au moins les psychotropes et y rajoute des anxiolytiques, ce qu’il fit, jugeant que c’était nécessaire pour le second point - mais peu pour le premier, soyons honnêtes. Encore fallait-il aller les chercher maintenant, et si je bougeais d’une semelle, je savais que Faith allait être sur mes talons. Elle était sur le même palier désormais et en ce moment plus que jamais, elle était prudente. Enfin je le supposais fortement au vu de son comportement. Le problème c’était que j’étais partout à la fois. Mon pouvoir m’avait fait m’introduire dans son smartphone, sa télévision, sa radio…à peu près tout, sans compter les voisins ou mon propre équipement. J’étais excessivement tendu et la portée de mon don s’étendait avec cette tension nerveuse. L’impression de redécouvrir ce dernier, ce qui me demandait de refermer tous les ports à chaque fois pour espérer retrouver la tranquillité. Sauf que ça ne s’arrêtait jamais. Je naviguais, je n’étais pas au calme en train de me reposer véritablement comme on souhaiterait que je le fasse (du moins, le peu qui me veulent encore du bien).

Ce jour-ci j’avais trouvé le courage de me traîner jusqu’à la cuisine et me faire une tartine. Je marchais tel un automate dans l’appartement, passant par la salle de bain où je restai presque une heure sous l’eau qui me brûlait l’épiderme. C’était la seule chose qui m’ancrait encore dans la réalité. Sauf qu’à un moment, ça commençait à devenir beaucoup trop chaud. C’est là où je me « réveillais » et éteignais le flux aqueux, m’extirpant de la douche. Au niveau de la clavicule, je m’étais vraisemblablement brûlé pour de bon. Le temps de renfiler un bas et j’étais déjà retourné dans la chambre, à l’horizontale.
Je tapotais nerveusement mes doigts sur le matelas alors que j’étais sous les draps. Yeux fermés mais sourcils froncés, j’avais des tics qui faussaient nullement mon état actuel. Au final, j’avais croisé les bras contre moi en me mettant sur l’une de mes épaules. Muscles brachiaux et faciaux tendus. Ma respiration se stabilisa mais mon coeur battait vite. Il paraît que c’est normal lorsqu’on avait l’habitude de fumer la marijuana…ou d’autres choses. Pas la peine d’y penser.

Add +1:12:09. Du bruit dans l’appartement. Je suis submergé de nouveau. Ça traverse mon esprit puis l’embrume au fur et à mesure que le flot de pensées s’accumule, les calculs se fassent, que cette foutue partie de poker en ligne soit achevée - j’avais encore gagné et c’est en partie grâce à ça que j’avais encore de quoi renflouer mon compte en banque, qu’on se le dise. J’avais toujours les yeux clos et je su très tôt de qui il s’agissait. Malgré ça, je tentais de faire taire ce dialogue intérieur incessant. Puis elle entra, tira le tissu qui me couvrait et s’invita littéralement dans le pieu après avoir tiré les rideaux. La lumière m’éblouit malgré les yeux fermés, mais j’inhibe une grimace qui aurait été inévitable en temps normal. Elle me met sur le dos et m’attrape les poignets, me faisant bien comprendre que je n’avais pas d’autre choix que de me manifester. « Allez, belle au bois dormant, tu as fait un assez gros dodo pour la semaine ! » Ces mots auraient pu me faire sourire, voire rire, si ses propos n’étaient pas faussés. Je n’avais pas dormi ou plutôt très peu. Les cernes qui s’étaient gravés sous mes yeux en témoignaient et elle n’avait pas vu le « reste ». Quinzième seconde. Seizième seconde. Elle allait agir, bientôt. Or je décidai d’ouvrir mes yeux à ce moment-là. La lumière me fit vraiment mal et je du m’habituer un peu avant de pouvoir la voir correctement. D’abord le regard dans le vague, j’avais fini par laisser mes yeux grimper jusqu’aux siens - et c’était une véritable montagne avec cette perspective. Un silence quelque peu lourd. J’ai l’air ailleurs alors que je suis ‘simplement’ exténué. Je n’arrive pas à sourire, cependant, évitant le sujet du « faut que tu sortes d’ici », je lui glissai, l’oeil un peu baladeur. « T’es encore plus canon en contre-plongée… » J’aurais droit soit à un coup bien placé, soit à une remarque aussi bien placée. Dans le meilleur des cas, elle essaierait de m’étouffer avec le second oreiller et c’était sans doute le mieux qui pourrait m’arriver. Au moins, ça m'empêcherait de parler, et je ne demandais que ça.

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Faith fit une moue à la réflexion de son ami. C'était une monnaie assez courante pour les deux de ce faire ce genre de réflexion et de réagir en conséquence. Dans un sens, ça la rassurait de voir qu'Alexis continuait à faire ce genre d'humour malgré son état, c'était déjà ça de prix. Elle passa sa main dans les cheveux ébouriffés du français avant de rajouter : "Et toi tu ressembles à un boulet vu d'ici." Au moins, elle n'avait pas essayé de l'étouffer, c'était déjà ça. Sa moue se changea en sourire pour indiquer qu'elle n'avait pas mal prit sa remarque, après tout, ce n'est pas comme si c'était dit sincèrement et qu'il y avait quelques choses entre eux. "Mais un mignon petit boulet." Conclut-elle sur la même pointe d'humour qu'il avait voulu utiliser plus tôt. Si son objectif principal n'était pas de le faire bouger, elle serait bien rester sur place pour passer du temps dans ce lit avec son ami, en tout bien tout honneur, parce que c'est ce qu'ils faisaient sans pudeur depuis des années. Mais elle n'oubliait pas la mission qu'elle s'était improvisée, se relevant en libérant son ami, qui ne risquait pas de se lever avec elle au-dessus de lui. Placée sur le rebord du lit, elle lui tapa légèrement sur l'épaule pour le maintenir éveillé et empêcher qu'il retombe dans une mise en veille prolongée avant d'être debout. Elle se leva ensuite et se dirigea vers la sortie de la chambre. "Je te laisse 20 minutes pour te rendre à la cuisine, soit pas en retard sinon, je reviens te chercher." Elle lui gratifia d'un petit clin d'œil qui permettait de comprendre qu'elle plaisantait… à moitié. Elle lui envoya aussi un bisou volant pour lui donner le courage de se relever une bonne fois pour toute, puis disparu à l'angle de la porte.

Elle traversa le couloir pour se retrouver dans la cuisine et ouvrit le frigo pour voir l'étendue des réserves de nourriture. Et comme elle s'y attendait, elles étaient bien maigres malheureusement. Ce n'était pas bien grave, elle quitta son appartement en quatrième vitesse pour se rendre dans le sien et prendre le nécessaire, ainsi même que ses propres ustensiles de cuisine, elle n'allait pas non plus lui laisser de la vaisselle sur les bras. Elle revint donc avec deux poêles, deux œufs et un paquet emballé, le tout comme elle le pouvait en s'aidant des coudes pour fermer les portes derrière elle. Elle alluma le gaz et plaça les poêles dessus, attendant que la matière grasse dans l'une fonde. Elle y cassa les deux œufs puis, dans la seconde, y versa le contenu du paquet mystère, deux tranches de bacon. Elle lui avait promis qu'un jour, il aurait droit à un petit déjeuner anglais, c'était à présent le moment de tester cette spécialité anglaise. Elle surveilla les viandes au fur et à mesure qu'elles cuisaient, les retournant au bon moment, tout en préparant l'assiette. Elle fouilla dans les armoires pour trouver les épices à mettre sur les œufs et, après quelques minutes de cuisson, elle put enfin dresser la table et poser l'assiette avec les deux œufs et le bacon devant la chaise destinée à Alexis. Elle avait fait les choses comme il fallait et les ingrédients formaient grossièrement un visage, les œufs représentant les yeux et le bacon, placé de part et d'autre, faisait penser à une bouche et à des cheveux. Un souci du détail que son ami pouvait ne pas remarquer dans son état mais elle voulait quand même le faire. Elle prit place sur la chaise en face, regardant la porte pour attendre la moindre seconde où son ami la franchirait pour venir se rassasier, du moins, elle l'espérait.

Quelques minutes passèrent sans pour autant qu'il puisse apparaître. Les vingt minutes s'était écoulée et donc, elle devait aller le chercher par la peau des fesses. Bien entendu, au petit soin comme elle pouvait l'être, elle n'allait pas réellement faire ça mais plus vite prendre un plateau et lui apporter le tout au lit, accompagnant l'assiette d'un verre de jus d'orange. Elle s'activa et apporta le tout à son ami mais, passant dans le couloir, un bruit dans le salon l'interpella. Elle bifurqua avec le plateau toujours en main pour entendre la radio qui s'était allumée par miracle et qui donnait un simple mot en boucle. "Ordonnance." Soit c'était une nouvelle chanson à la mode, soit c'était un message d'Alexis. Puis, la télé s'alluma également et, dans l'intervalle entre deux ordonnances, venait se rajouter un "Chercher", offrant ainsi une musique des plus étranges. L'ordinateur continua, répétant en boucle le mot "Urgent" d'une voix assez robotique. Finalement ce fut de sa poche que le dernier mot vint ponctuer cette phrase "S'il te plait." Maintenant, il n'en faisait plus de doute que ce soit son ami qui lui envoyait un message. Toujours avec le plateau en main, elle ne pouvait pas simplement le laisser sur place, elle décida donc de bien se rendre dans la chambre comme elle l'avait prévu, poussant la porte de son coude. "Voilà de quoi te ressourcer un peu. Et j'ai bien reçu ton message, je m'en occupe tout de suite." Elle posa le plateau sur la table à côté du lit puis déposa un bisou sur le front de l'ordinateur, presque pour sentir s'il n'était pas trop brûlant. Elle quitta la chambre et quitta l'appartement et, après un rapide détour dans le sien pour prendre son manteau, elle quitta l'immeuble en direction de son docteur - dont fort heureusement elle connaissait l'adresse pour ensuite se rendre à la pharmacie la plus proche.
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Je n’étais même pas certain du comment je me sentais réellement. J’y pensais pas. Il y avait le corps et puis…le reste. La façon dont je me percevais, c’était plutôt ce que me renvoyait autrui. Une mauvaise habitude certainement. Elle s’était accentuée ces derniers temps. Taylor, Kitty, Johanna, Bobby…j’avais pas fini de faire la liste de ceux qui m’en voulaient d’être parti comme un voleur, de n’avoir rien dit, d’avoir fracturé quelque chose - ce que certains appellent la confiance. Les relations humaines, quand mes pouvoirs étaient bridés, je n’avais jamais eu de réel soucis. J’étais naturellement sociable. Un peu grande gueule je dois bien l’avouer, mais sociable. J’ai jamais supporté d’avoir à régler des conflits. Je les évitais et j’estimais que c’était mieux ainsi. Y faire face c’était comme perdre ce semblant de stabilité que j’avais. Aujourd’hui, j’avais presque plus rien. À part à cerveau qui tournait à cent à l’heure et une fille qui voulait mon bonheur, sans parvenir à me faire cracher le morceau. La même fille qui était au dessus de moi à cet instant précis, me toisant. Elle n’était pas tombée dans le panneau, ce que je regrettais. Moi par contre, j’avais pris de plein fouet sa remarque. Étant fatigué et sur les nerfs, je l’avais pris personnellement. Évidemment que je ressemblais à un boulet, même si le mot exact aurait plutôt été DÉCHET. Je n’arrive même pas à cacher le fait que j’ai été touché par ses propos, bien qu’elle ait ajouté quelque chose par la suite. Prendre le positif plutôt que le négatif. Même mon frère me disait ça. Sauf que là…c’était bien au dessus de mes forces.

Je la suivi des yeux mais j’étais prêt à refermer les yeux tant la lumière me semblait insoutenable. Son contact fortuit ne m’empêcha pas de regarder le noir de mes paupières un instant. Plus qu’encourager, elle me donna un ultimatum. Me lever ou elle allait me chercher. Les yeux dans le vague qui brassaient la pièce dans son étendue, j’avais simplement soupiré lorsqu’elle avait disparu de la chambre. Ramenant le bout de mes doigts contre mes paumes, je fis craquer le tout avant de prendre l’oreiller d’à côté et le presser sur mon visage. J’ai étouffé mon cri là-dedans. Colère ? J’en sais rien. Pas envie de savoir. Lorsque je l’ai retiré, j’avais toujours pas envie de sortir du lit et j’essayai de me fixer sur une idée. Pour le moment, c’était une odeur, celle de la bouffe qui commençait à cuire. Ça me donnait plutôt la nausée qu’autre chose pour le moment, d’autant que j’avais déjà grignoté quelque chose il y a 1h19m47s. 48s à présent. Et je ne préférais même pas faire le relevé de cette nausée qui me prenait bien trop souvent à mon goût. Je pinçai l’arête supérieure de mon nez en grimaçant puis me recroquevillai de nouveau. Je retrouvai ma position initiale mais mes yeux étaient bel et bien ouverts et je savais parfaitement ce que faisais Faith dans la cuisine. J’aurais même pu entendre si elle chantonnait ou pas. Les minutes filent, pourtant. Je fixe le mur en face de moi et je me concentre à peine…les mots fusent par la pensée, se transmettent aux divers appareils qui sont capables de retranscrire le semblant d’une voix. Je lui intime d’aller chercher mes foutus cachets. C’était la seule alternative. Le seul deal que je pouvais lui proposer.

Les vingt minutes étaient passées et c’était plus large que ça encore. Elle n’a pas gueulé. Je crois qu’elle a comprit. Je me détends un peu, relâchant mes muscles. Faith rentre de nouveau dans la pièce et je stoppe les messages qui se bouclaient par des grésillements puis le silence. Je ne parvins pas à lui dire un seul mot, pas même un merci lorsqu’elle m’annonça qu’elle allait s’en charger. Après tout, elle avait été la première à être contre ces prises chimiques. Moins que les stupéfiants certainement, mais tout de même. Le son d’une assiette qui claque un peu et l’odeur du bacon pas très loin. Sur le lit, derrière moi, là où personne ne siégeait. Là aussi je n’avais pas réussi à lui dire merci, bien que mon appétit ne soit pas des plus gargantuesques. Un baiser sur mon front chaud et elle disparut.

Je pris un certain temps avant de bouger. Je me suis simplement dit : RESPECTE-LA, ELLE ET SES EFFORTS…MANGE. Je me suis fait littéralement tourner en boucle cette phrase dans mon cerveau. J’avouerai avoir remarqué immédiatement ce qu’elle avait fait avec les aliments qui se trouvaient dans mon assiette, sauf que je n’en tins pas compte plus que ça. Triste à dire. Cependant, j’ai réussi à manger, et même à finir tout ce qui se trouvait sur le plateau. Heureusement qu’elle n’en avait pas trop mit car ça aurait été limite. Je pris la peine de ramener le plateau dans la cuisine et d’aller m’habiller. Le tout dans une lenteur cadavérique. Lorsque j’entendis du mouvement, j’avais à peine terminé de me laver les dents, là, assit sur le rebord de la baignoire à fixer le blanc du placard qui se trouvait sous le lavabo. Chaque mouvement relevait de la corvée. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être impatient, cependant. Impatient de prendre ces cachets, être apaisé. Je me rince la bouche, m’essuie et me dirige vers le corridor. Là, je la vois. Là, je baisse les yeux. Je n’ai pas mes chaussures aux pieds mais ça ne saurait tarder; elle savait très bien ce qu’il me manquait à cet instant précis. Alors, lorsqu’elle me tend le sachet, lorsque ma main frôle la sienne, je lui dis… « Merci. » Pour ça et pour le reste. J’avais aucune envie de sortir, ça se voyait, mais elle avait beaucoup fait alors…je lui devais au moins ça. Déposant le tout près du lavabo de la salle de bain dont je n’étais pas tout à fait sorti, je prends ce qu’il faut et je l’avale avec de l’eau que je récolte directement du robinet, tenant mes cheveux devenus trop longs. Je revins vers elle, oui, je revins la chercher. Et non ça ne faisait pas encore effet mais j’avais besoin de lui dire quelque chose d’autre. J’avais cette impression d’être un enfant apeuré qui voulait bénéficier de la compréhension de son aîné. « Pas longtemps…ok ? » Je ne la regarde toujours pas, je suis plutôt à l’éviter des yeux. Mes bras se croisent, se décroisent, je ne tiens pas vraiment en place. Je suis nerveux. Nerveux d’avoir à faire ça, surtout après ce que j’avais pu faire. Nerveux de refaire face à ce monde que j’ai pourtant toujours aimé.

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Feat. Alexis R. Kermarrec

Faith avait tout fait comme il fallait, passage chez le médecin, passage à la pharmacie, elle allait pouvoir rentrer à la maison et s'occuper de son boulet préféré. Sur le chemin du retour, elle ne pouvait s'empêcher de se perdre dans ses pensées, de réfléchir à ce que son ami endurait à présent... et de manière plus générale, ce qu'il avait enduré ces derniers mois. Il n'avait plus été lui-même et elle ne l'avait pas remarqué. Oui, parfois, il semblait absent mais c'était des choses assez courantes chez lui, depuis qu'il était tout petit il restait un certain rêveur et depuis l'apparition de ses pouvoirs, il le faisait régulièrement lorsqu'il allait fouiller sur le net. Elle n'avait pas compris qu'il le faisait pour le compte que quelqu'un d'autre et, malgré la discussion avec les Avengers – d'ailleurs, le cap ne payait rien pour attendre, elle allait avoir sa vengeance – elle leur en voulait toujours d'avoir créé ce monstre qui avait fait du mal à son ami. Même après avoir plaidé en sa faveur pour qu'il soit libéré, ils étaient toujours responsables et viendrait bien un jour où elle allait le prouver à ce Tony Stark… ça ou elle allait lui demander de recréer sa machine pour avoir le plaisir de la tuer une nouvelle fois. Le sang bouillonnait dans les veines de Faith avant de se rendre compte qu'elle trainait derrière elle l'une de ses chaînes. Parfois, la colère faisait ça, elle perdait le contrôle sur ses pouvoirs et les lames se libéraient d'elles-mêmes. Regardant rapidement à gauche à droite, pour bien être sûr que personne n'avait remarqué la présence de ses armes, elle put fort heureusement voir que la rue était déserte. Elle inspira et expira un grand coup afin de se calmer et fit disparaître la représentation de son pouvoir. Avec les temps qui courent, ce n'était pas fort prudent.

Elle rentra dans l'appartement pour entendre de l'eau dans la salle de bain, bonne nouvelle, il s'était donc levé. Elle ôta son manteau, qu'elle posa à l'endroit prévu à cet effet, avant de le voir sortir de la salle de bain, et habillé en plus, que des progrès. "Tiens, voilà pour toi." Lui dit-elle en tendant le sachet avec les pilules. Faith n'était pas une fane inconditionnelle des médicaments mais elle savait que c'était la seule solution pour lui, si seulement elle pouvait y faire quelque chose pour l'apaiser. Il prit le sachet en la remerciant, pas seulement pour ça mais pour tout le reste, l'anglaise l'avait bien compris. Il n'avait même pas à le dire pour qu'elle le sache réellement. "Ce n'est rien." Se contenta-t-elle de répondre doucement alors qu'il retournait dans la pièce d'eau. Faith en profita pour jeter un œil à la cuisine, voir que le plateau était revenu et que l'assiette avait été vidée. Décidément, Alexis devenait de plus en plus raisonnable. Elle fit coulé l'eau du robinet afin de frotter l'assiette un minimum, en prévision de la vaisselle future qu'elle se ferait une joie de réaliser à la place d'Alexis. Ce dernier revint justement dans sa direction, évitant son regard car il savait pertinemment ce qui allait se passer ensuite. Habituellement, leur dada restait le jeu vidéo, une discipline où elle perdait assez souvent contre une personne qui contrôlait le jeu sans une manette en main, mais pour aujourd'hui, il fallait lui faire prendre les rares rayons de soleil qui osait s'aventurer sur la grosse pomme. "Promis, mais il faut le faire. Tu verras une fois dehors, tu ne voudras plus rentrer." Elle lui prit le menton pour lui faire tourner le visage, afin qu'il la regarde en face. A n'en pas douté, son regard était toujours fuyant mais au moins, elle restait toujours dans son champ de vision. Ni une, ni deux, elle lui déposa un baiser sur sa joue, une sorte de bisourépartou pour lui redonner un peu de courage. "Va mettre tes chaussures." Elle avait bien remarqué qu'il n'avait encore rien à ses pieds et sortir ainsi n'était pas une bonne idée. Elle alla reprendre son manteau avant de tendre un autre à Alexis, elle ne voulait pas qu'il attrape froid en plus. Elle le traîna dehors jusqu’à l'ascenseur et, quelques étages plus bas, ils étaient enfin dehors. Faith respira à plein poumons espérant que son ami l'imite avant de tourner la tête en direction du parc le plus célèbre de la ville. Une chance que leur quartier n'était pas loin. Mettant son bras bras-dessus bras-dessous autour de celui de l'ordinateur, elle prit la route en silence, ne sachant pas trop quoi dire pour réconforter son ami. "Je suis désolé de ne pas avoir pu t'aider quand tu en avais besoin." Elle brisa le silence alors qu'ils étaient à une des entrées du parc. Elle se sentait coupable de l'avoir laissé tomber, ce qu'elle n'avait jamais fait, même après sa crise lorsqu'il avait découvert ses pouvoirs, et ce qu'il n'avait jamais fait non plus. Elle l'avait trahi et elle ne savait pas si elle pourrait se le pardonner un jour.
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J’avais déjà en tête tous les hypothétiques désagréments qui pourraient nous tomber sur le coin de la gueule une fois dehors. Nous - parce que si l’un prenait, l’autre était autant affecté. Cela faisait des années que c’était comme ça et rien ne pourrait y changer. Pas même mon état actuel, où j’avais eu tendance à vouloir m’effacer du monde. Sauf que malgré tous mes efforts, j’y étais rattaché. À commencer par mon pouvoir : j’étais à la fois un maillon mais aussi le spectateur de quelque chose de plus grand. Une forme d’omniscience numérique, certainement. J’étais même en train de me dire que j’aurais pu régler la Guerre Froide en quelques jours, si j’avais pu naître à cette époque-là. Tant de choses que j’aurais pu faire pour aider. Aujourd’hui il y avait quoi ? Des miettes dans mes mains. Celles de vies effacées, bafouées, parfois complètement détruites et ce à échelles variables. Tu veux aider ? Tiens, prends, c’est gratuit.

J’évitais son regard même après qu’elle ait soulevé mon visage vers le sien, chose contre laquelle je n’opposais aucune résistance. Sa promesse, je tentai vainement de l’accepter et l’intégrer. Vainement. Je me mordis l’intérieur de la joue lorsqu’elle m’annonça que je ne voudrais plus rentrer par la suite - alors ça, j’en doutais sérieusement. Elle me déposa un baiser sur cette joue que j’esquintais par nervosité. Deux secondes plus tard, je fermais les yeux un instant et baissai de nouveau la tête, me défaisant de son emprise. Je m’exécutai et parti à la chasse aux chaussures. Je trouvais finalement une paire quelconque de baskets que j’enfilais. Encore assis, je pris le manteau qu’elle me tendait en oubliant de la remercier pour ça, obsédé par le fait que j’allais franchir ces murs pour m’aventurer à l’extérieur. Me relevant, j’attrapai machinalement mon paquet de cigarettes et mon briquet qui l’accompagnait. La première chose que j’allais faire, c’était m’en griller une, pour sûr.

Parés, elle me tira à l’extérieur. Je dissimulai très mal ma nervosité qui était couplée d’interférences internes. À chaque mètre, de nouvelles informations, des nouveaux ports à refermer pour ne pas être encombré. Foutu réseau. Foutu pouvoir.
Arrivés dehors elle coinça son bras sous le mien et nous commençantes à marcher. Je n’osais même pas demander où nous allions, mais je traçai l’itinéraire dans mon cerveau et reconnaissais sans grand effort celui qu’elle empruntait d’habitude pour se rendre à Central Park. J’espérais simplement qu’elle ne choisisse pas le coin le plus bondé. L’idée d’être pris dans cette foule ne m’enchantait pas. Je serrai les dents. Pendant tout le trajet, je ne parvins pas à sortir ce foutu paquet de clopes, ni à dire quoi que ce soit. J’avais l’oeil vitreux et fuyant, bien que surveillant machinalement certains regards ou comportements à mon égard. Comme pour me rassurer. En réalité, ça ne servirait strictement à rien. Le médicament commença à faire effet peu avant qu’on n’arrive. Alors, lorsqu’elle s’excusa sincèrement aux portes du parc, j’ôtai mon bras du sien doucement. Je me frottai la partie haute des bras machinalement, lui rétorquant d’une voix basse. « T’as fait ce que t’as pu. » Pas de sourire pour agrémenter comme j’aurais pu le faire en temps normal. Pourtant je pensais ce que j’avançais. Je fouillais dans ma poche de manteau pour en dégotter mon paquet dont j’extirpai une cigarette, la coinçant entre mes lèvres. Je ne pris pas la peine de regarder vraiment autour de moi à cet instant, j’avais allumé la blonde (ouais, comme ça) et tiré une taffe.

J’arrivais déjà un peu plus à réfléchir convenablement, mon cerveau tournait un peu moins vite, les informations étaient moins précipitées à la réception ou à la simple détection. Nous continuâmes à marcher et mon cachet m’apaisait. Je ne parvins pas à trouver un sujet de conversation viable pour autant, avançant à ses côtés en regardant mes pieds.  Je sentis quelques regards se poser sur nous, sur moi aussi. Sur la centaine de gens qui défilaient dans le paysage, la probabilité que quelqu’un me reconnaisse était déjà trop élevée. Et pour cause. Dix minutes et seize secondes plus tard, une voix nous interpella. Non, en fait, c’était à moi qu’on s’adressait, mais j’étais plutôt occupé à griller ma clope jusqu’au bout qu’autre chose. Essayer de balayer l’insupportable du moment était la priorité engagée. « Excusez-moi, est-ce que vous auriez un moment pour répondre à un petit sondage ? Je fais le tour du parc aujourd’hui et… », commença la femme d’une quarantaine d’années, visiblement là pour un sondage anodin. Les mots viennent, je les intègre mais n’écoute pas vraiment ce qu’elle dit. Je redresse le nez, j’entends Faith lui parler, nous sommes maintenant à l’arrêt. Je regarde alors autour de moi et le k-way rouge vif de la femme attire davantage l’attention sur nous. Mal à l’aise, je laisse mon regard brasser les lieux, terminant la clope. Mon regard percute quelques personnes au hasard, ignorant que l’une d’elles avait décidé de venir à notre rencontre. L’homme arriva, s’interposa en coupant la parole à Faith qui était en train de dire je-ne-sais-quoi. Toujours à l’ouest et de ce fait peu attentif de manière consciente, j’ignorais jusqu’alors quelle était la teneur de leurs propos. Jusqu’à ce qu’un éclat de voix me fasse revenir à la réalité.

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Faith accompagnait son ami à travers le parc. Malgré le temps qui était assez clément, il n'y avait pas une foule énorme autour d'eux et trouver un coin un peu calme n'allait pas être trop difficile. Faith ne connaissait malheureusement pas trop bien le parc, malgré le fait qu'ils habitaient à deux pas de là. Alors elle scrutait le moindre banc à la recherche du coin paisible. La présence de gens à proximité ne la dérangeait pas trop mais elle savait que c'était le cas pour Alexis et elle était prête à tous les sacrifices pour lui. Certaines personnes arrêtaient leurs occupations pour se tourner vers les deux amis, dévisageant principalement le français. La jeune anglaise elle pouvait sentir le poids de ses derniers sur ses épaules et la situation était assez dérangeante. Elle était une fille sans histoire et ne supportait pas être le centre de l'attention, pas même lorsqu'elle était sous l'identité de SandBlade. Elle saisit la main d'Alexis pour le forcer à accélérer le pas et quitter cette zone un peu trop peuplée à son gout. Une fois le calme revenu, elle reprit une vitesse de marche plus normale. Toujours en tenant sa main, elle jeta un œil sur l'ordinateur, qui semblait perdu dans ses pensées, se laissant guider par ses pas de manière totalement machinale. "Excusez-moi, est-ce que vous auriez un moment pour répondre à un petit sondage ? Je fais le tour du parc aujourd’hui et…" Une femme, ayant environs la quarantaine aborda son ami, ce qui le ramena sur terre après son voyage dans les méandres de son disque dur. Sans lui laisser le temps de réfléchir, elle attrapa la main que la femme portait à l'attention d'Alexis. "Oui, je peux vous aider ?" Elle entraîna la pauvre dame quelques pas à l'écart d'Alexis, lui laissant le temps de profiter de l'extérieur sans être déranger.

"Oui, voilà, je fais un sondage sur le gens qui viennent dans ce parc, les raisons pour lesquels elles viennent et ce genre de chose." Faith acquiesça pour faire comprendre à la dame qu'elle était prête à répondre à ses questions. "Vous venez souvent ici ?" "A vrai dire, non, on a pas souvent l'occasion de venir se promener. On est fort pris, vous voyez ?" Bon, ce n'était pas totalement vrai mais à aucun moment la dame n'avait émis le souhait que les réponses soit vraies. "Oh, je vois ce que c'est, quand on est un jeune couple comme vous." Faith manqua de s'étrangler à la remarque de la dame au sondage. Elle voyait Alexis et son amie comme un couple, sans doute une méprise par le fait qu'elle lui tenait la main juste avant son arrivée. "Ah non, non, non. Vous faîtes erreur, nous sommes juste amis." Ces joues avaient commencé à virer à l'écarlate en cherchant à se justifier. C'était quoi la prochaine étape, un paki qui allait offrir des fleurs pendant qu'ils se faisaient un câlin amical ?

"Hè, toi !" Une nouvelle altercation eu lieu. Faith se retourna, ne cherchant plus la justification pour le sondage et se concentrer sur l'homme qui approchait, l'expression de son visage prouvant qu'il n'était pas là pour une simple visite de courtoisie. Sans plus de manière, il saisit le français par le col en le menaçant de son poing. "Ouais toi, tu ne serais pas le type des journaux ? Celui qui a foutu la merde." Il se tourna vers la foule dont l'attention s'était reportée vers eux, suite aux quelques paroles prononcées à haute voix. "Ecoutez-vous tous, c'est à cause de lui que vous avez perdu vos emplois, vos maisons." Il recentra son attention vers Alexis, le poing toujours fermé. "C'est de ta faute si mon frère s'est retrouvé à la rue. Mais je fais le venger maintenant." Faith se retourna vers la dame rapidement, qui semblait un peu perdue et visiblement pas trop au courant de l'actualité d'il y a quelques mois. "Excusez-moi un instant." Elle s'approcha alors de l'homme qui armait son poing, bien décidé à amocher le portrait d'Alexis. Et la salade de phalanges partit.

L'homme se tenait à quelques pas d'Alexis à présent, ses mains se tenant le nez et commençant à prendre une couleur rougeâtre. Faith elle, se secouait la main un peu douloureuse. Elle n'y avait pas été de main morte – sans mauvais jeux de mots – mais il fallait au moins ça pour lui faire comprendre. "Je te conseille de passer ton chemin. Tu ne sais pas de quoi tu parles alors contente-toi de te taire." Elle était assez sèche, ce qui n'était pas réellement dans ses habitudes, elle qui était d'un naturel doux et gentil, à vous faire des crêpes le matin et du milkshake le soir. Mais quand quelqu'un voulait toujours à son ami, elle pouvait se transformer en cette personne. Elle devait se contrôler en ce moment pour ne pas faire apparaître ses lames, ce qui expliquait sa respiration assez lente et profonde pour se calmer. Elle se rapprocha d'Alexis, posant ses mains sur ces épaules pour l'inviter à repartir. "Viens, on a assez traîné ici." L'assemblée réunie autour d'eux commençait à repartir à ses occupations alors que le couple de super-héros s'éloignait. "Attendez, j'en ai pas fini." L'homme beugla une nouvelle fois et sa voix laissait présager qu'il s'approchait d'eux à grande vitesse.
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J’avais calculé exactement le temps que ma cigarette allait prendre pour se consumer jusqu’à mes lèvres - ou au moins jusqu’à ce que je m’en lasse. Au lieu de profiter des lieux comme tout être normalement constitué aurait fait, je m’étais perdu dans mes programmes internes afin de fuir la situation. Faith étant en train de discuter avec la femme qui m’avait interpellé plus tôt, je m’étais donc occupé à ça tandis que je faisais le plein de nicotine. L’adrénaline se libère même si c’est infime, mon rythme cardiaque augmente; bien que déjà anormalement élevé en temps normal. « Hé, toi ! », on m’interpellait et moins de dix secondes quatorze centièmes plus tard, je m’étais retrouvé avec une main qui me tenait fermement le col de mon tee-shirt. Je cligne plusieurs fois des yeux, me re-synchronise. Je n’avais pas réagi parce que je n’avais pas été vraiment présent durant cette phase. Son poing près de mon visage, je suis étonnamment calme. Je le regarde avec un regard des plus attristés, j’enregistre ce qu’il me dit. S’il agissait ainsi, c’est qu’il avait toutes les meilleures raisons du monde de le faire. Du moins, je partais de ce principe-là. Et actuellement j’avais beaucoup de choses à me reprocher. Il attire l’attention de quelques passants et autres qui semblent être concentrés sur ses mots. Je l’étais aussi, au moins jusqu’à ce que Faith sorte de « nulle part » et lui envoie son poing dans le nez. « Mais… », émis-je alors que l’homme me lâchait pour se tenir le nez dont s’échappait déjà quelques gouttes de sang. J’ôtai ma cigarette de mes lèvres. « Pourquoi t’as fait ça ?! », demandais-je aussitôt à l’anglaise sur un ton de simili-reproche. Oui, il allait me foutre un pain dans la gueule, et alors ? Dis-moi que je ne le méritais pas ! Au moins ça… ! Au lieu de répondre, elle posa ses mains sur mes épaules et m’invita à repartir. Et l’autre femme à qui elle parlait, elle la laissait en plan ? Mes yeux sont coincés sur la silhouette de l’homme qui semble bouillonner de rage. En moi, la culpabilité me lacère mais surtout l’envie d’aider, de corriger mes erreurs. Je sais que je n’étais pas capable d’aider tous les gens que j’avais pu bousiller en long en large et en travers, mais…m’y confronter…c’était différent. Je voulais vraiment faire quelque chose. Sauf que mes mots moururent dans ma gorge alors que mes jambes suivaient le mouvement incité par mon amie. Incapable de suivre mon for intérieur sur le moment. Je baisse la tête et pivote, me met à marcher alors que je prends une nouvelle taffe. J’ai honte. J’ai honte parce qu’il a raison et que Faith a tord. Nous continuons donc à s’éloigner mais je perçois, à juste titre, du mouvement derrière nous. Des bruits de pas et ils sont en course. La voix. Là, tout s’enchaîne.

Je jette un coup d’oeil par dessus mon épaule, lâche volontairement ma cigarette. 0,14s. Je le vis, attrapai le bras de Faith et la poussai sur le côté sans la ménager, m’entrainant avec elle pour éviter la furie qui fonçait sur nous. 0,4s. Il me frôla de peu, son poing - comme tout le reste - partant dans le vide. Mon bras se tend vers Faith pour lui faire comprendre de rester à distance. Sauf qu’elle n’a certainement pas le temps de comprendre quoi que ce soit, car l’homme, après avoir pilé sur un bon mètre, s’était retourné vers moi pour me foncer dessus. Les calculs continuent d’opérer dans mon cerveau et se synchronisent à mes nerfs lorsque les ordres de mouvements sont donnés. Le prolongement de ma pensée est chirurgicale, moi-même je ne m’en rends pas compte sur le moment. Seuls ceux qui sont sur le banc de touche ont le privilège du constat. Je n’ai quasiment pas bougé pour répliquer, me contentant d’un léger mouvement en avant où je calai le creux de ma paume sous son menton, laissant la physique faire le reste. C’est tout naturellement qu’il se prit ma paume et fut basculé en arrière, arrêté net par le geste. L’homme s’écrase par terre, dos en première ligne. Je ne réalise qu’après qu’il soit tombé, lorsque la tension semble redescendre d’un cran. Je recule un peu, cherche du regard ma clope qui était encore allumée sur le sol. Manquerait plus que je fasse cramer quelque chose. La tenant du bout des doigts, je me redresse à nouveau et expire, des trémolos se faisant sentir dans l’air que je venais de libérer.

Une chance qu’il n’ait pas prit énormément d’élan. Au mieux il se serait ouvert le crâne avec le bitume en retombant, au pire il se serait fait le coup du lapin et serait mort avant d’atteindre le sol. La technique que j’avais utilisée n’avait pas été modérée, ni adaptée à la situation. J’avais eu de la chance et lui aussi…parce que de toute évidence je n’avais pas été dans l’optique de lui faire du mal, simplement l’arrêter. Au final, il avait été son propre bourreau. Mais je n’allais pas lui rappeler ça…il s’était déjà suffisamment fait mal…je crois. D’où le fait qu’il ne se relevait pas encore. « Espèce de… » « Désolé, » lui avouais-je alors qu’il s’était mit à me gueuler dessus, la rage au ventre. Je ravalai ma salive, laissais mourir ma clope non pas entre mes lèvres mais entre mes doigts froids. Je sens les regards qui sont sur nous, ils nous épient. Je ne sais pas ce qu’ils pensent, je crois que je n’aimerais pas savoir…parce que ça me fait peur. Je jetai un coup d’oeil vers Faith, que je trouvais indemne. De toute façon, avec ma force d’adolescent junkie, je n’allais pas vraiment lui faire de mal…mais c’était plutôt dans l’idée qu’elle ait trébuché après l’avoir poussée. Je reportai mon attention sur l’homme qui était en train d’essayer de se relever, grognant de douleur et de colère. Le remord et ma bonne volonté eurent raison de moi, je coupai la parole à la personne qui s’était mit à parler - et ce n’était pas l’homme à terre. « J’suis désolé pour votre frère. Vraiment. » Je sens la chaleur remonter jusqu’à mes doigts, la cendre faisant rétention à l’extrémité du cylindre. Une nouvelle fois, je coupe la parole et me rapproche de l’homme qui avait voulu répliquer. « Me casser la gueule ne servira à rien. Mais si ça peut soulager votre conscience, faites-le…remarquez, ce sera au moins utile à ça… » Je sens une vague de contestation dans mon dos, ciblée sur une seule personne. Il n'est pas encore complètement debout mais l'envie semble y être de son côté. « Mais je crois que je préfèrerai vous aider plutôt que me laisser refaire le portrait… » « Tu te la joues bon samaritain maintenant, hein ?! T’aurais dû y penser plus tôt avant de faire tes conneries ! C’est pas comme si t’avais pas eu l’choix ! », ajouta t-il, ce qui me piqua, évidemment. J’aurais dû y penser plus tôt…je n’étais pas conscient. Comment expliquer ça à cet homme ? Je n’avais pas à me justifier, comme dirait certains des Avengers croisés dernièrement. Je laisse un petit temps de pause. Mes traits sont fermés mais mes yeux, comme mes paroles, sincères. « Comment il s’appelle, votre frère ? » « Qu’est-ce que ça peut t’foutre ! » Je suis plutôt patient dans ces circonstances, je réitère, ma voix plus assurée. « Il s’appelle comment ? » L’hésitation est palpable. Il se lève et me fait face…puis me répond. « Walter Nelson… » J’imprime le nom dans mon cerveau. J’ai déjà trouvé des comptes en banque à ce nom. Je retrouve aussi son identifiant dans ma mémoire lorsqu’Ultron avait prit le contrôle, ce qui me permet de l’identifier avec plus de précision. « Ok. », lui répondis-je alors que j’étais toujours en hyperactivité cérébrale. Je parais songeur mais je suis plus que connecté. Pas au monde extérieur mais à quelque chose d’autre. J’en profite encore parce que mon pouvoir n’est pas encore tout à fait bridé. « Je crois qu’il est né à Philadelphie en 68…non ? » Il acquiesce, étrangement, l’idée qu’on se souvienne de son frère malgré tout ne lui échappe pas. Ça…le calme ? J’en sais rien. Ma cigarette est terminée…je m’en rends compte lorsque je me brûle, lâchant aussitôt le mégot dans un spasme de douleur. Reprenant mon sérieux, je m’approchai un peu plus et lui murmurai : « Dites-lui de surveiller son compte en banque dans les prochaines semaines, ok ? » Là encore, il acquiesce. Et me laisse partir après coup. « Tu restes quand même un bel enculé ! », beugla t-il alors que j’avais déjà rejoins Faith. Ouais, je sais…on me le dit souvent, pensais-je sans parvenir à le dire. Je capte de nouveau l’environnement dans son ensemble, le stress me gagne encore malgré tout. La fierté…je soupirais en secouant un peu ma main qui avait subi la brûlure. Boulet. Maintenant, on pouvait repartir. C’est ce que je fis comprendre à Faith en lui prenant la main et en l’entraînant à pas modérés sur l’herbe, sortant du chemin. Je n’avais pas repris la parole depuis et ne la regardais pas. La carte en tête, je me dirigeais vers le point d’eau le plus proche. Arrivés à proximité - ce qui laissait bien un espace de cinq bonnes minutes - je m’étais stoppé. Je regardais cette étendue d’eau, la main dans la sienne, sans laisser échapper aucun son.

Fuir. C'était peut-être mieux de le faire accompagné que seul.

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Faith se retrouva sur le côté, poussée par son ami sans qu'elle ne puisse faire la moindre remarque à ce sujet. C'était au tour d'Alexis de faire face à celui qui voulait endosser le rôle de bourreau. Une mauvaise idée pensait-elle, son ami ayant souvent comme principe de tendre la joue pour accepter son châtiment. Mais pour l'heure il n'en était rien, Au contraire, il cherchait à argumenter et à discuter avec lui et chacune des remarques que l'homme lui faisait était pour Faith tant de piques qui lui rentraient dans le dos. Elle serrait les poings, avec une terrible envie de lui renvoyer un second directement dans les gencives puisqu'il n'avait pas compris. Comment pourrait-il le comprendre aussi, on prenait Alexis pour un simple hacker qui s'était amusé au détriment des autres mais en réalité, il n'avait pas eu le choix. Mais comme son ami l'avait mise hors de la discussion, elle accepterait sa décision et n'interviendrait pas… tout de suite du moins. Alexis voulait réparer son erreur, rendre à son frère ça qui lui avait été pris, c'était une bonne chose, noble et sans doute plus constructif qu'un échange de mandale. L'homme semblait s'être calmé malgré tout alors que son ami revenait vers elle, nouant ses doigts aux siens. L'anglaise, prenant cette dernière remarque comme la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, tourna la tête, offrant à l'homme un regard noir. Elle ne voulait pas le frapper mais bien lui faire comprendre qu'il était temps pour lui d'aller voir ailleurs. L'homme sembla prendre cette menace silencieuse au sérieux alors qu'il baissait légèrement la tête en silence.

Les deux amis s'évadèrent de ce rassemblement. Après cette altercation, le parc recommençait à prendre sa routine habituelle. Faith se laissait entraîner par son ami, un peu heureuse qu'il décide enfin à prendre la tête de la marche, sans pour autant prendre la direction de son appartement. Elle serrait un peu sa main au creux de la sienne, de peur de le lâcher sans doute avant d'arriver finalement au lieu qu'il avait choisi. Le lac était calme, sa surface seulement troublée par la famille de canards qui se promenait à sa surface. Il n'y avait personne dans les environs, si ce n'est quelques personnes profitant d'un pique-nique à l'opposé de l'étendue d'eau. Faith ne lâchait pas sa main pour autant, elle la gardait ainsi de manière presque inconsciente, comme si elle ne pouvait pas se trouver autre part. "C'est bien… ce que tu as fait pour son frère." Elle brisa le silence en regardant les irrégularités de l'eau devant elle, sans vouloir poser le regard sur son ami. "Mais tu n'as pas à t'en vouloir pour ce qu'un autre t'as forcé à faire." Elle tourna la tête et la releva pour voir son camarade d'enfance qui faisait facilement une tête de plus qu'elle. Elle n'aimait pas le voir culpabiliser et même s'il n'en avait rien dit, elle savait pertinemment qu'il avait acquiescé intérieurement à la dernière remarque. Sa main augmenta légèrement sa pression sur celle du français. "Tu es la personne la plus altruiste que je connaisse. Ne laisse personne te convaincre du contraire." Elle posa l'index de sa main libre sur le torse d'Alexis, là où son cœur battait. "Et quand je dis personne, ça vaut également pour toi."
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Malgré notre éloignement avec les lieux où nous avions été particulièrement ennuyés, je sens certains flux informatiques qui ne sont pas dénué d’intérêt à mes yeux. En réalité, ils me rendent plus mal à l’aise qu’autre chose, presque paranoïaque. Ça me fout les boules. Je veux bousiller leurs systèmes pour qu’aucun sms ne soit envoyé, aucune information divulguée sur ce qui venait de se passer. Mais je ne pouvais pas. Cet affront, ce moyen presque trop direct de s’exposer, ce n’était certainement pas la meilleure chose à faire. Alors je garde ça pour moi, ne bronche pas. Nous sommes arrêtés près du point d’eau et ma main n’a toujours pas lâché la sienne. Ma brûlure me lance, j’ai pourtant encore envie de fumer. Je réprime cette envie le temps qu’elle me parle, je lui devais bien ça, non ?
Pourtant, ce n’est pas quelque chose dans laquelle elle se lance immédiatement. Nous regardons l’étendue d’eau sans dire un mot, mon esprit n’est pas tant apaisé, je le sens. Les informations qui vont et viennent m’encombrent. Moins que tout à l’heure, mais je suis tellement absorbé par ça que je suis incapable de voir une évolution positive de la chose. Là, elle me lance une première rose dans la face. Selon elle j’avais bien agi. J’étais pas sûr…le fait que Faith me balance un truc pareil, là maintenant, ça me faisait juste douter. Pourtant à passer en revue les autres hypothèses, re-évaluer les probabilités de réussite et des dégâts potentiels…soit, ça aurait pu être pire. Bien pire que de simples mots braillés en l’air et une tentative d’agression. Parce que j’allais pas me voiler la face non plus, s’en avait été une. Avec la chance que j’ai, j’aurais pu être coffré à sa place, juste à cause du casier judiciaire que je me trainais. J’expire péniblement, je me sens fatigué et las. La piqûre d’adrénaline de tout à l’heure ne m’a pas particulièrement apaisé, bien au contraire. J’en suis encore bousculé malgré tout. Sa main serre davantage la mienne, je me reprends mais ne la regarde pas tout de suite. Au lieu de ça, je lui réponds en continuant de fixer ce troupeau de canards qui roulaient du cul sur leur patinoire aqueuse.

« Ils le savent pas. C’est pas d’leur faute. », glissai-je à mi-voix en haussant les épaules. C’était aussi pour ça que j’avais agi, même si le poids de la culpabilité y était aussi pour beaucoup. Je baisse les yeux dans sa direction, cette fois-ci, la scrute. « Et t’aurais pas dû lui en foutre une. C’est pas parce qu’on est un con blessé qu’on mérite une mandale… » Regarde-moi, tu m’en foutrais à longueur de journée si c’était le cas, pensais-je sans exprimer le fond de ma pensée par la parole. En temps normal, j’aurais pondu cette niaiserie, même si elle me semblait des plus véridique. Je pense qu’elle me connaissait assez pour songer à des propos similaires…

Elle m’envoie la seconde rose en vantant ma façon d’être. Altruiste, qui plus est. Est-ce que j’avais perdu ça ? La preuve était que non. Il y avait toujours de l’espoir, bien que je sois actuellement à broyer du noir comme un vieux qui se rapprochait du décès. « C’est pas ce qui me sauvera à toute épreuve… » Je marque une pause. Je repense au Diable de Hell’s Kitchen, notre propre quartier. Je pense à ce qu’il a fait pour moi, pour nous. Il ne m’est pas réapparu pour le moment, je n’ai de toute façon pas cherché à le recontacter…pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir le besoin de lui dire certaines vérités. Mes pensées filent, le cacheton fait effet et je ferme un peu les yeux, agréablement engourdi. « Les gentils se font toujours défoncer. » Une note d’optimisme pour finir, n’était-ce pas beau ? Sérieusement. Je me faisais du mal à m’entendre parler. Ce n’était pas moi.
Je refais le point sur moi-même, me dit que je ne suis clairement pas charpenté pour aider qui que ce soit à la manière d’un Captain America ou d’un Dieu ancien descendu sur Terre pour faire régner la justice (d’autant que ce n’était pas eux que j’estimais le plus, soit dit en passant). Seul, je ne suis rien. Sa main dans la mienne, je lui rends cette pression qui s’intensifie alors que je lui cède ces quelques mots, qui sortent difficilement mais le plus sincèrement du monde. « Merci… » J’ai envie de faire autre chose, mais là aussi, je ne préfère pas m’y risquer. Je ne sais pas trop comment exprimer ça, moi-même ne parvient pas vraiment à mettre des mots là-dessus. Toujours est-il qu’elle m’a montré que je ne suis pas seul. Que je ne l’ai jamais été. Je songe ensuite à mes parents, mon frère…dont je n’ai plus beaucoup de nouvelles. Pas seul, non, malgré toute cette merde accumulée. Je me frotte la nuque nerveusement de ma main valide, embrassant à nouveau une nouvelle forme d’anxiété. Je m’étais rarement connu aussi maladroit. Merci d’être là pour moi, même lorsque je le mérite le moins.

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Faith lâcha le regard de son ami, alors qu'il lui répondait sur les faits qu'elle lui avait mis sous le nez. Oui, il était un altruiste, il aidait les autres et elle était bien placée pour le savoir, puisqu'il avait été là cette nuit, après son retour d'Asie avec ses chaînes aux bouts des bras. Personne d'autre n'avait cherché à l'aider à ce moment-là, pas même les médecins qui l'avaient recueillie et pour qui elle n'était qu'un simple sujet de foire dont ils n'osaient pas s'approcher. Lui, il avait été là malgré ses problèmes, faisant passer les autres avant sa personne. Alors oui, il était altruiste et sans doute l'une des meilleures personnes de cette planète. Puis, vint les remontrances, sur elle qui venait de frapper un pauvre innocent, une victime dans cette affaire comme tant d'autre. "Etre un con ne justifie pas qu'on ait le droit de s'en prendre à quelqu'un, surtout sans essayer de réfléchir une seconde." Elle fit tournoyer son poignet, elle y avait peut-être été un peu forte et elle sentait encore une légère douleur suite à ce coup. "Et si je n'avais pas le droit de le frapper, il n'avait pas plus le droit de le faire non plus." Elle avait une excuse au moins, c'était uniquement par légitime défense que son poing était venu au contact avec son nez et rien d'autre. C'était quoi son excuse à lui ? Vouloir venger son frère ? Il y avait d'autres façons de faire que de vouloir modifier le portrait de celui qu'on tenait pour responsable.

Elle lâcha sa main, non pas pour s'éloigner, bien au contraire. Sa main glissa dans le dos de l'ordinateur, toujours en regardant au plus loin et se blottissant un peu plus contre lui, le forçant presque à mettre lui aussi son bras dans le dos de l'anglaise. Comme quand il leur arrivait de dormir ensemble, elle venait se mettre dans le creux de son épaule, du moins au plus proche vu qu'il faisait toujours deux tête de plus qu'elle et qu'elle n'avait pas prévu de tabouret sur lequel se mettre. Elle était bien là et elle espérait que son ami retrouve le même sentiment de savoir qu'il pouvait toujours compter sur elle quoi qu'il arrive. Elle ne voulait même pas répondre à son merci, ça ne servait à rien, Alexis savait très bien ce qu'elle pourrait répondre à ça et les gestes qu'elle avait à son égard était une bien belle preuve. Lorsqu'il avait été accusé, elle aurait pu le laisser tomber face à ses actions qui avaient ruiné des dizaines de personnes. Mais au contraire, elle était restée, elle était même devenue complice de ses actes en le faisant libéré par des voies que son avocat ne validerait certainement pas.

Le temps sembla se figer alors qu'il restait dans cette position. Faith ignora les secondes, les minutes qui s'écoulaient. Elle se doutait que la personne qui la serrait, malgré lui, dans ses bras, gardait un compte exact du temps qui passait, c'était comme ça, c'était dans sa nature. A travers sa poitrine, elle pouvait entendre les battements de son cœur, réguliers et pourtant quelque chose dans ce rythme lui faisait comprendre qu'il n'était pas à l'aise, dérangé par l'univers qui l'entourait. Elle le connaissait trop bien pour connaître ses moindres sentiments sans avoir à lui parler. Elle s'écarta de son torse, redressant la tête pour que ses yeux entre en contact avec les siens. "Viens, on va rentrer." Si elle lui avait posé la question, il aurait sans doute dit que ça ne le dérangeait pas de rester encore un peu, uniquement pour ne pas contrarier l'anglaise. Altruiste avait-on dit ? Alors elle prenait elle-même l'initiative de le reconduire à son appartement. Il était sorti prendre l'air, c'était un grand avancement depuis son acquittement et elle le forcera encore surement à se retrouver dans le parc dans les semaines à venir. "Et je vais te laisser une chance de battre mon Reptile, pour une fois." Une petite boutade au passage, alors qu'elle se tendait pour le décoiffé à son habitude. Bien entendu, elle pouvait se démener et s'entraîner à n'importe quel jeu, il était toujours meilleur qu'elle, à se demander si ses maigres victoires ne lui étaient pas offertes par le mutant. Rattrapant sa main au passage, elle prit le chemin de leurs appartements voisins. Un jour, tout ira pour le mieux. Si les gentils se prennent toujours des coups, c'est parce qu'ils sont à même de les encaisser.
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