« I love you Ama. I'm sorry. » C'était les derniers mots qu'il avait dit à Amadeus. Il l'avait revu depuis, de loin, ou à super-vitesse, mais il ne lui avait pas parlé. Il en était incapable. Aux yeux de Pietro, et même si les choses n'étaient pas aussi simplistes, Ama était dans le camp des méchants. Il faisait partie de l'UPH. Il traquait les mutants, il arrêtait les mutants, les dangereux bien sûr, les fêlés et les psychopathes, mais aussi ceux qui n'avaient pas le contrôle, ceux qui n'y pouvaient rien. Fût un temps où Pietro était de ceux-là, où Pietro n'avait pas le contrôle. Fût un temps où Wanda n'avait pas le contrôle. Elle aurait été arrêtée, elle aurait été disséquée, elle aurait même pu être tuée. Wanda est dangereuse, la plus dangereuse de tous. C'était pour elle, et pour tous les siens, que Pietro avait commencé à se battre.

Reprendre du service le démangeait depuis un bon moment. Frôler la mort en Sokovie l'avait calmé, et le désir d'une vie normale de Wanda l'avait un peu contaminé, mais face à la situation actuelle, son désir de justice l'avait gagné de nouveau. Pietro ne pouvait pas rester les bras croisés. Il devait s'impliquer. Il devait enfiler ces collants, ce masque, courir à toute allure dans New-York et s'impliquer dans les affaires de l'UPH. S'il pouvait aider un mutant à reprendre sa liberté, s'il pouvait défendre un mutant qui se faisait frapper, exclure, torturer, n'était-ce pas son rôle de le faire ? N'était-ce pas de sa responsabilité ? Les homo sapiens étaient violents, ils étaient sectaires et mauvais, quand le soir ils s'attaquaient aux plus faibles des mutants, à ceux dont un peu de lumière sortait des doigts, ou ceux qui portaient le physique mutant sans avoir le danger dans les veines. Il s'était imposé comme protecteur des siens. Que le reste de New-York le veuille ou non.

Pietro s'était pris de belles tôlées, des coups sales et vicieux, mais il avait aussi des victoires à son actif et c'était une petite fierté, pour lui. Fierté qu'il ne pouvait pas partager. Amadeus savait probablement que Pietro était l'un de ceux qui leur mettait des bâtons dans les roues, à l'UPH, mais Wanda ne savait rien de ses activités nocturnes et il préférait que ça continue comme ça. Elle n'approuverait pas. Malgré toute la verve dont il pouvait faire preuve, il détestait se disputer avec sa sœur. Pourtant, il aurait aimé qu'elle se batte, elle aussi ; il aurait aimé qu'elle défende les leurs, accusés à tort de tous les attentats, de tous les maux. Parqués comme des animaux dans un district qui avait tout d'un ghetto, contrôlés par les portails de détection de chaque grand bâtiment comme du bétail avant l'abattoir. Pourquoi les gens ne s'indignaient-ils pas plus ? Pourquoi les mutants ne comprenaient-ils pas qu'ils avaient besoin de prendre les armes, de défendre leur communauté, de devenir une seule et même unité contre les groupes anti-mutants qui cherchaient à les éradiquer ?

C'était un discours qui gagnait en intensité dans la tête de Pietro, à chaque fois qu'il était confronté à la cruauté de certains homo sapiens. Il ne s'était jamais considéré comme engagé, avant de se lancer dans cette croisade pour la liberté des mutants. Depuis, il semblait ne plus pouvoir s'en passer ; et donner sa vie pour cet idéal lui semblait tout à fait raisonnable. Amadeus lui manquait. Dire la vérité à sa sœur le travaillait. Mais désormais, pour rien au monde, Pietro ne raccrochera son masque.