« It is an anxious, sometimes a dangerous thing to be a doll. Dolls cannot choose; they can only be chosen; they cannot 'do'; they can only be done by. » - Rumer Godden, The Dolls' House.
L
a X-Mansion avait toujours été une seconde maison pour Sky, le lieu de ses souvenirs heureux, des sourires, de l’apprentissage, une famille de substitution quand la sienne a sombré dans la déprime. Le salon était pareil au passé, terrain de convivialité où être mutant n’était pas un problème, où chacun pouvait communiquer sur ce dont la nature l’avait doté, sans complexes, sans jugement. Elle était venue voir Bobby, le grand-frère qu’elle n’avait jamais eu, le garçon qu’elle avait tant admiré du haut de ses neuf ans, comme toutes les petites filles se prennent inexplicablement d’admiration pour une personne ; elle avait vu les grands yeux du cryokinésiste et son sourire gentil. A l’époque, il n’avait que dix-sept ans et elle ne voulait bien couvrir sa peau que pour pouvoir enlacer l’adolescent, pouvoir toucher sa joue, le voir jouer avec la glace. Gamine fascinée, avec son chaton en peluche et sa tignasse rousse. Elle savait lui faire sa moue boudeuse pour avoir son attention. Qu’il soit devenu psychologue n’était pas étonnant, il avait toujours été attentif aux autres, avec un sens du sacrifice plus développé que la moyenne. Un gars bien. Elle aurait aimé devenir ne serait-ce que la moitié de cet homme à la bonté sans limite, elle qui s’était destinée à une forme de service.. plus brutale.
Le bureau était fermé, il devait travailler. Tant pis, elle avait encore du temps et il lui fallait contacter les autres membres du personnel, ils avaient toujours été les seuls aptes à canaliser les défauts de sa mutation presque contre-nature. Les sens du scorpion s’agitaient inutilement depuis des jours, comme si ce qui impactait la ville mettait la jeune femme sous tensions. Les vibrations peut-être, les destructions répétitives, les structures fragilisées. Imparfaite. Skylar était imparfaite, trop sensible. L’angoisse grandit à mesure qu’elle avance dans les couloirs à la recherche d’un visage connu. Le coeur se met à battre plus vite, plus fort, cogne contre la poitrine et mord sur le rationnel. Elle cesse de bouger, s’appuie contre un mur, tente de s’ancrer à quelque chose de matériel.
C’est impensable. Elle ne se souvient pas avoir perçu si nettement les mouvements alentours. Tout semble décuplé, comme si sa perception était désormais capable d’atteindre les pièces alentours, les pas qui s’approchent, les vibrations d’un rire dans la cuisine. Insoutenable mal de tête. Les doigts se contractent, se crispent sur les mitaines noires et les yeux mordorés se ferment ; elle s’oblige à inspirer et expirer. Elle ne rouvre les paupières qu’en sentant la proximité d’une personne. Jolie brune qui paraît si seule. « Tu.. Tu cherches quelqu’un ? » Question qui s’échappe d’entre ses lèvres tandis qu’elle se masse les tempes, comme si ça allait changer quelque chose, comme si le monde allait arrêter de tourner simplement par ce geste, comme si se masser le crâne était la solution miraculeuse. Idiote. Sky tente de se rassurer, elle doit faire bonne figure. Si ça se trouve, cette demoiselle est nouvelle, est-ce que c’est vraiment l’image que doivent donner les anciens pensionnaires ? Tu verras, c’est super, on se sort jamais de nos malédictions ! Prometteur, n’est-ce pas ?
Like a widow's heart; we fall apart but never fade away
Skylar ✧ Nephthys
Berk. Berk. Et berk. Il y avait certes plus agréable, comme mot. Mais c'était le seul qui lui venait à l'esprit alors qu'elle se baladait -ah, « baladait », ça la faisait bien rire, tiens- à travers le donjon. Enfin, le manoir. Même chose. A ses yeux, en tout cas. Elle n'aimait déjà pas s'y balader lorsque le soir tombait, de crainte de croiser qui que ce soit -alors, à cette heure ci ! Non, il fallait bien qu'elle ait perdu l'esprit en route. Elle avait rasé les murs -comme si ça y changeait quoi que ce soit-, évité tout contact -mais bon, là encore, cela ne suffisait pas- et surtout, à l'affût, écouté la moindre pièce, le moindre couloir, avant d'y pénétrer. Bien sûr : vérifier qu'il y ait le moins de monde possible. Mais que faisait-elle là, bon sang, que faisait-elle là ? Elle en aurait grincé des dents. Il y avait du mieux quand même, elle avait réussi à juste faire casser des vases par une mutante dotée de champs de force -ou un truc du genre. Génial hein ? Du grand art. Elle avait fait demi-tour fissa, avant d'empirer les choses, laissant les autres réparer les pots cassés -tu parles d'une ironie de la situation...
La question était de savoir pourquoi elle n'avait pas encore pris la poudre d'escampette, m'enfin, c'était encore autre chose. De toute façon, au point où elle en était, elle n'avait pas vraiment d'autre endroit où aller. Et puis, théoriquement, ici, elle pouvait apprendre à contrôler cette « chose ». Théoriquement, parce qu'elle ne savait même pas si c'était en effet contrôlable. Preuve en était qu'elle rasait encore plus les couloirs, n'est ce pas ? En redoutant chaque jour de tomber sur un élève un peu trop puissant -ou, pire, un X-men tiens. Non, là, elle serait bonne pour la corde. Faire exploser un morceau de la planète, très peu pour elle, merci. Elle n'avait pas d'autre choix que de zigzaguer pour éviter tout le monde, dans cet enfer où elle s'était elle-même mise. Quelle idée elle avait eu quand son père lui avait parlé de cet endroit... C'était la plus idiote des idioties qu'elle avait pu faire, tiens ! Elle n'était jamais sereine, sa mutation s'agitait sans cesse, et elle avait toujours peur que quelqu'un soit toujours trop près et déclenche une catastrophe. Elle ne pouvait pas le contrôler. Et elle sentait tous ces mutants aller et venir chaque jour, alors que ce machin à l'intérieur s'énervait. Non, vraiment. Elle avait été d'une stupidité impressionnante.
Heureusement, certains endroits étaient plus ou moins côtoyés selon l'heure de la journée, et elle prenait soin de noter toute information de ce type. Question de survie, quoi. En s'éloignant des autres, elle avait calmé ses gênes. Elle pouvait souffler un peu. Arrêter de se concentrer uniquement sur ses pieds et de fixer le sol. Arrêter de froncer les sourcils en comptant ses pas un à un en espérant détourner l'attention -de son propre corps, d'ailleurs. Ridicule. Elle pouvait enfin se calmer, calmer ses nerfs et son cœur. Oublier un peu sa peur. En théorie, encore une fois. En théorie parce que, subitement, alors qu'elle était seule, elle se sentit nerveuse. Un coup d'oeil à gauche, un coup d'oeil à droite : rien. Voilà qu'elle devenait complètement barge. Elle secoua la tête et continua sa route en essayant d'ignorer son appréhension. Puis elle dut s'immobiliser à la vue d'une autre personne. D'abord tétanisée, elle en retint son souffle et hésita à reculer. Voilà pourquoi monsieur mégaphone s'excitait. Etait-il trop tard ? Avait-elle inconsciemment déclenché un cataclysme ? Non, rien ne semble se produire -étrangement. Alors, elle penche légèrement la tête, lentement, et attend un peu. Pourtant, la rousse en face d'elle n'a pas l'air très bien. Mais peut être se trompe t-elle, peut être n'est elle pas la source de son agitation ?
« Tu.. Tu cherches quelqu’un ? » Elle sursaute presque. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui parle -ce qui est idiot d'ailleurs, c'est ce que font les personnes normales, non ? Elle secoue doucement la tête de droite à gauche, sans cesser d'observer sous toutes les coutures la jeune femme. « Non, je... » Elle ose faire un pas dans sa direction ; après tout, rien n'a explosé ? Peut-être n'a t-elle pas en face d'elle une mutante, tout simplement ? « Est-ce que tout va bien ? Vous... Avez besoin d'un docteur ? » En tout cas, c'est la seule chose à laquelle elle pensait pour l'instant : la pauvre ne semblait pas très bien dans son assiette, comme disait l'expression.
« It is an anxious, sometimes a dangerous thing to be a doll. Dolls cannot choose; they can only be chosen; they cannot 'do'; they can only be done by. » - Rumer Godden, The Dolls' House.
L
es sens en alerte. Ce sifflement sourd qu’elle a la sensation d’entendre, le coeur qui bat de plus en plus vite, l’adrénaline qui pulse sans raison. Skylar sait qu’il n’y a rien à craindre, la X-Mansion a toujours été, à ses yeux, l’endroit le plus sûr qui soit - à quelques exceptions près en cas de crises. Alors quoi ? Son côté scorpion était-il totalement détraqué ? Elle n’était pas aussi parfaite qu’un Spider-Man, aussi habile qu’une Black Widow, le danger était donc une chose qu’elle prenait très au sérieux, consciente depuis toujours que son premier réflexe était, d’instinct, le fuite ou l’auto-élimination. On aurait pas pu la croiser avec un léopard plutôt ? Et plus cette fille s’approchait, plus elle avait l’impression d’étouffer dans l’agitation, dans cette angoisse subite. Elle ne pouvait pas se permettre d’en planter un à la jeune femme avant de courir en direction de l’extérieur, là où elle serait seule, où elle ne risquait pas de se défendre inutilement contre un agresseur visiblement imaginaire. Et Bobby qui n’était jamais là quand ça devenait vital ! « Est-ce que tout va bien ? Vous... Avez besoin d'un docteur ? » Sky fait non d’un signe de tête, les mains désormais nouées entre elles, prostrée contre ce mur, tentant de tenir encore un peu droite sur ses talons. Ca va passer, ça va passer. C’est absurde. Toute cette situation est absurde. Elle observe les alentours, elle cherche la source de cette peur irrationnelle. Rien. Personne. Juste la rousse et la brune. Le déclic est lent, son cerveau semble avoir été ralenti en se focalisant sur la potentielle nécessité de se défendre mais.. la seule raison valable se trouvait devant elle. Les billes mordorées se posent enfin sur l’inconnue, attentives. Elle paraît absolument inoffensive et pourtant elle se trouve là, ce qui implique qu’elle possède une mutation. Elle la soupçonne, sur le coup, d’être une sorte d’ennemie naturelle - après tout, le scorpion pourrait s’agiter face à ce qu’il considèrerait comme une menace logique. Mutation invisible.
« C’est toi.. » Le froncement de sourcils indique autant le soupçon que la surprise. Skylar s’oblige à concentrer, à repousser ce qui la prend aux tripes. Cette fille.. est la menace désignée. Elle avait pourtant été formée à la maîtrise de ses dons, la rouquine ne se laissait pas submerger si simplement, sans que le danger ne se trouve directement sous son nez, alors quoi ? Elle n’avait pas l’air dangereuse, cette personne. Plutôt gentille et timide même. Ne pas se fier aux apparences. Elle était bien placée pour ne pas se laisser berner, elle qui usait des préjugés d’autrui pour se fondre dans la masse - Sky ne ferait pas de mal à une mouche, disait-on aisément. Oui, enfin les mouches s’écrasent. Et elle ne se prive pas pour donner quelques coups à ceux qui se croient plus malins que le SHIELD. Missions et entrainements impliquaient d’être capable d’aller au-delà du joli minois d’une fille à l’air tout à fait innocent. L’innocence n’existait pas réellement dans leur monde, une mutation extrêmement dangereuse pouvait dormir derrière les grands yeux d’une belle femme - il suffisait de voir Scarlet Witch. « C’est toi qui détraque tout. Tu.. veux pas reculer un peu ? C’est pas que je t’en veux mais t’es.. je sais pas ce que tu me fais en fait mais je déteste. » Elle ne tenait pas à mettre Xavier dans l’embarras, elle se sentait parfaitement capable de s’en prendre à cette élève, par nécessité de défense imaginaire. C’était .. elle ne comprenait pas. Comment sa propre mutation pouvait devenir aussi agressive et étouffante, comme ça, d’un coup ? A moins que la brune ne soit une sorte de grenade dégoupillée, là, l’explication serait valable. Voilà. Respirer. Inspirer, expirer.
Like a widow's heart; we fall apart but never fade away
Skylar ✧ Nephthys
Elle ne comprenait rien. Rien. Au sens propre. Il n'y avait pas eu de changement visible, pas d'explosion -pas même de douleur chez elle. Pas de fissure, pas de sensation d'évanouissement, pas même une petite entaille. Ses gênes s'agitaient ; mais c'était tout. Il n'y avait aucune violence ni apparente ni ressentie sur son corps, alors pourquoi ? Pourquoi la jeune femme semblait elle si mal ? C'est à ne rien y comprendre, ça n'a pas de sens, pas de sens du tout. Elle se met à chercher ; à gauche, à droite. Derrière la rousse, plus loin dans le couloir. Quelque chose qui pourrait agiter sa mutation ou mettre l'autre dans un tel état. Rien. Encore une fois, rien. Ou est ce que la personne en face d'elle est une créature anthropomorphe, une sorte de Hulk qui, du coup, tente de réprimer sa transformation qui s'agite à cause d'elle ? Soudainement tendue, elle arque un sourcil. Faut-il s'éloigner, et vite ? Se mettre à l'abri ? Bien qu'elle ne devienne pas verte, c'est toujours une possibilité. Mais une telle transformation, accrue par sa propre mutation, devrait forcément la blesser. Et ce n'est pas le cas.
Elle refusait en plus une aide médicale ; ce n'était donc pas une maladie commune que tout humain pourrait avoir -rhume, cancer, polio, grossesse ou que savait-elle encore. Ses vertiges n'étaient donc réellement pas censés se produire. Et Nephthys commence à avoir peur. Doit elle bouger, ou au contraire ne pas bouger ? Est elle, encore une fois, en train de provoquer quelque chose de grave ? Elle ne sait pas ce qu'elle fait, ce qu'elle lui fait, mais cela pourrait très vite tourner à la catastrophe, au cauchemar. Elle ne sait pas quel pouvoir possède cette femme, et elle ne sait pas non plus pourquoi, à part l'impression que son sang se déplace plus vite et que son cœur martèle sa poitrine, elle ne réagit pas comme d'habitude face à une mutation. Ou va t-elle se briser d'un seul coup, sans préavis ? Au moins, ça mettrait fin à ses problèmes. Mais peut être se trompait elle, peut être... « C'est toi... » Raté. Elle avait essayé, elle avait souhaité, elle avait prié pourtant. Elle se mord l'intérieur de la joue. C'est elle ? Evidemment. Stupide qu'elle était. C'était forcément elle, c'était toujours elle. Voilà pourquoi elle ne voulait croiser personne. Alors, quoi, elle était une menace pour tout être existant doté de pouvoirs ? Sans doute. Même si ceux-ci ne faisaient pas exploser les murs ou ne créaient pas de tempêtes sauvages. Quoi que soit la mutation de la rousse en face d'elle, elle était touché par la sienne. Joie. Chance. Ironie quand tu nous tiens.
« C’est toi qui détraque tout. Tu.. veux pas reculer un peu ? C’est pas que je t’en veux mais t’es.. je sais pas ce que tu me fais en fait mais je déteste. » A nouveau, elle se mord la lèvre, semble désolée -elle l'est. Elle l'est réellement. Elle n'a jamais souhaité ça. Ni pour elle, ni pour qui que ce soit. Ce qui est logique en soit ; qui souhaiterait une telle chose, même à son pire ennemi ? Quoique, il y a des psychopathes partout hein. Elle fait quelques pas en arrière ; elle ne sait pas combien elle doit en faire. Elle ne sait même pas ce qu'elle déclenche chez l'autre femme. Elle ne compte pas la distance qu'elle recule ; ce ne serait que d'elle, elle se planquerait dans un coin en attendant que tout ça soit fini. Et encore, ça ne suffirait pas. Il suffisait de passer non loin pour déclencher... Dieu savait quoi.
« Je suis désolée... » marmonne t-elle, la voix enrouée, à peine audible. « Ma mutation et la votre... Enfin, mutation ou pouvoir ou je ne sais pas ce que vous avez... » Sa voix se perd. C'est bien le moment tiens. Elle n'a plus l'habitude de converser avec des gens comme elle. D'habitude, tout explose avant qu'elle n'ait le temps de dire un mot. Pas facile pour apprendre à vivre en société mutée, n'est ce pas ? Que doit elle lui dire, au fond ? « Je suppose que j'ai... Brusquement déréglé votre... Pouvoir.. ? » Elle baisse la tête, réfléchit, grince presque des dents. Pourquoi elle ? Elle savait que le Manoir n'était pas une bonne idée, au fond. « Je ne contrôle pas... En fait, je ne sais même pas si c'est contrôlable. » C'était pourtant la raison de sa présence ici. Mais rien n'y faisait. Elle ne savait pas comment l'arrêter, le mettre en marche, réduire sa puissance. Rien de tout ça. Un coup sec derrière la nuque, c'était la seule façon de mettre son pouvoir en « veille ». Enfin, ça, ou qu'elle s'évanouisse sous la douleur.
« It is an anxious, sometimes a dangerous thing to be a doll. Dolls cannot choose; they can only be chosen; they cannot 'do'; they can only be done by. » - Rumer Godden, The Dolls' House.
L
a demoiselle est désolée. Certes. Ca ne change cependant pas le sentiment d’insécurité qui l’étreint, étouffement émotionnel garanti, mal de crâne de tous les diables, désir ardent de fuir à toutes jambes jusqu’à se trouver loin de la menace. « Ma mutation et la votre... Enfin, mutation ou pouvoir ou je ne sais pas ce que vous avez... » Skylar penche la tête. Elle note l’inexpérience, autant sociale que .. mutationnelle ? Ca se dit ? Inventons donc un mot. Cette mutante ne sait pas vraiment ce qui lui arrive et elle ne paraît pas non plus tellement adaptée au manoir, ça se voit dans son regard, ses gestes et ses mots hésitants. Habituellement les mutants se sentent mieux, une fois à l’Institut, intégré dans un univers qui cesse enfin de les juger et leur permet d’envisager une existence plus classique, entourés d’amis et de personnes capables de comprendre leur détresse. Pas elle. Qui qu’elle soit, quelque soit sa mutation, elle se tient à l’écart des autres. Bobby n’a pas pu la laisser dans cette errance, si ? Non, elle ne peut pas croire qu’il ait échoué, pas lui qui prend si bien soin de tous ceux qui sont perdus. « Je suppose que j'ai... Brusquement déréglé votre... Pouvoir.. ? » La distance a calmé le sens exacerbé, diminuant la sensation d’avoir un train à vapeur sifflant dans ses oreilles. Après une profonde inspiration, Skylar a pu se redresser, elle a pu reprendre une posture plus détendue, appuyée contre le mur mais plus recroquevillée sur elle-même telle un cafard en danger. Ou un scorpion cerclé par les flammes. « Je ne contrôle pas... En fait, je ne sais même pas si c'est contrôlable. » Okay. Là c’est délicat. Sky n’a jamais eu à gérer ce type de problèmes, elle a toujours été l’élève, l’étudiante qui apprend, pas celle qui enseigne, pourtant il semble évident qu’elle n’a pas franchement le choix, s’il n’y a pas de psychologue dans les parages et que Tornade ne parvient pas à rassurer.. elle ignore encore son nom.. alors elle doit tenter de le faire.
« Il y a toujours un moyen de contrôler. » Facile à dire. Malicia ne serait peut-être pas forcément en accord parfait avec cette idée, elle qui souffre de sa malédiction depuis tant d’années. Skylar n’était pas si négative parce qu’elle était parvenue à passer outre les contraintes, elle avait repoussé ses propres limites et celles des autres afin de parvenir à assez de maîtrise pour être jugée apte à voler de ses propres ailes. « Ca peut être long, difficile voire douloureux mais il y a toujours un moyen d’au moins diminuer les risques. » Elle esquisse un sourire, elle se veut aussi rassurante que possible, tolérante aussi. C’est désagréable de se trouver auprès de cette mutante mais si elle ne le fait pas, que personne ne va vers elle et que la concernée fuit le contact, les choses n’avanceront pas pour elle, alors Sky prend son courage à deux mains et avance d’un pas, puis deux et trois. Le sifflement revient en fond sonore, l’alerte de dangers inexistants - à moins qu’ils se trouvent plus loin ? En fait, elle ne comprend pas bien ce que fait cette mutation alors il est difficile de le déterminer. « Le professeur Xavier et son personnel sont des spécialistes, ils vont t’aider. Je t’assure que tu ne pourrais pas trouver meilleure maison. Il faut juste te donner du temps et les moyens de survivre aux effets secondaires. » Quitte à souffrir quelques mois. On a rien sans rien quand on fait partie de la population décriée des mutants. Absolument rien. Une main tendue ne fait donc jamais de mal, à moins que ce soit au sens propre et celle de Skylar, sans doute plus venimeuse que jamais à l’heure actuelle ; par chance elle n’a pas risqué le contact et n’a rien proposé à Nephthys qui pourrait mettre sa vie en danger. « Tu veux en discuter ? J’ai étudié ici, il n’y a pas si longtemps, je peux peut-être te venir en aide. » Soyons optimistes.