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L'endroit est calme, et beau. Il y a rarement du monde. Je ne sais pas trop si les gens que je trouve ici aiment le café qui est servi, ou s'ils préfèrent l'ambiance. Ils s'accordent tous dans le paysage comme sur un tableau; le jeune homme avec son bonnet posé artistiquement sur ses boucles blondes; la jeune femme avec ses longs cheveux bleus qui tombent sur son épaule; le gamin avec des lunettes trop grandes pour le bout de son nez, qui commande son chocolat chaud avec un zupplément de marshmallow z'il vous plaît!
J'ai l'impression d'un peu faire tâche. Je suis venu ici après une journée de travail à OSCORP. Il pleuvait un peu mais j'avais prévu le coup avec un parapluie noire, que je tenais sur mon épaule droite dans la rue. J'essayais de trouver des chansons qui parlaient de pluie en passant par l'interface de mon téléphone, même si vu de l'extérieur j'avais juste l'air dans mes pensées. J'aurais bien voulu que le monde tout d'un coup, s'ouvre à moi et que tout le monde se mette à chanter et à danser singing in the rain, je me demande ce que ça doit être comme expérience. Ça doit être très beau et très touchant, toute cette chaleur humaine, tout ce désir d'être gentil et beau.
Je me glisse dans la file qui part du comptoir, où un ou deux baristas s'emploient à servir tout le monde le plus rapidement possible. Leur dextérité m'impressionne. Ils ont l'air très concentré et je ne doute pas que c'est très dur. Je me demande bien ce que je vais pouvoir commander. Je mets un point d'honneur à tout essayer dans ce café. Ca va faire une demi-douzaine de fois que je viens ici et j'ai essayé déjà plein de blends différents. Les humains redoublent d'originalité pour tout ça. Je me demande où ils trouvent toutes ces idées, s'ils n'ont pas accès à tout l'internet du bout des doigts. Des fois, à la maison, j'aide Wanda à faire ses devoirs. Des fois, elle les fait seule. Et quand elle dort, je vais voir ce qu'elle a écrit pendant la soirée et à chaque fois, je suis ébranlé. Tout ça! Tous ces mots, toutes ces tournures de phrase! C'est étrange mais les mots ont son odeur, sa sensation. Les mots qu'elle écrit sont Wanda.
Ils ont sa personnalité.
Ils flottent autour de moi. Des gens parlent. Des fois, quand ils parlent beaucoup, je ne m'entends plus formuler des pensées (c'est ça l'expression, je crois). Je ne sais pas si c'est rassurant ou très effrayant.
Chaud. Non. Brûlant.
On m'attaque. On m'attaque. On m'attaque!
Je suis prêt à attaquer. Je suis sûr que c'est Ultron, cette fois. Tout ce temps, il n'a pas été mort. Il s'est caché pour mieux nous attaquer par surprise. Mais il ne m'aura pas. Je suis plus fort. Je suis plus intelligent. Il ne m'aura pas.
Je m'apprête à lui foncer dessus, mais ce n'est pas lui.
C'est une femme, je me rends compte. Ma chemise me colle à la peau. Je baisse les yeux. Du café. Sur ma chemise. Qui dégouline. S'accroche à mon ventre. Je sais que c'est chaud, mais je ne ressens pas la douleur. J'arrive à composer une grimace sur mon visage pour pas que ce soit trop suspect (Wanda m'a appris à être plus autonome maintenant. J'y arrive de mieux en mieux, je crois). Je reste figé. Je regarde ma vis-à-vis. Elle est nettement plus petite que moi. Elle a des cheveux blancs comme la neige, comme la crème du café. J'imagine qu'elle est jolie. “ Vous avez renversé votre café, ” je lui indique, factuel.
Dernière édition par Victor Shade le Ven 18 Sep - 1:13, édité 1 fois
Tu pénétras dans le café d'un pas un lourd, fatigué. Sur la peau pâle en dessous de tes yeux se trouvaient des tâches un peu grises, un peu bleues, signe de la fatigue qui semblait s'être abattre sur ton corps tout entier et ton esprit en général. Tu avais l'impression de bouger et penser au ralenti, tu avais l'impression que tout allait trop vite et que tu ne parvenais pas à t'adapter à ce rythme trop rapide. C'était frustrant, mais tu n'y pouvais rien. Tu avais enchaîné pendant trois jours un rythme effréné ; ton employeur t'avait demandé de réorganiser tous les papiers du Studio ''Graphik'', les dossiers datant de la création de l'entreprise, sept ans plus tôt, allant jusqu'aux factures du mois dernier. Tu avais emmené de nombreux cartons à ton domicile pour t'avancer au maximum dans ce travail long et fastidieux. Tu avais peu dormi ; quelques heures par-ci, par-là. En trois jours, tu avais dormi moins de huit heures. Aujourd'hui était quatrième journée à avoir peu dormi et la fatigue semblait se faire plus oppressante que jamais. C'était pour cela que tu avais quitté ton poste un peu plus tôt que d'habitude ; ton employeur, un homme compréhensif bien que tête-en-l'air, ne s'y était pas opposé, il t'avait même poussé vers la sortie pour que tu rentres chez toi, te remerciant pour le bon travail que tu avais fournis. Tu n'avais pas résisté, tu avais pris ton sac et tu avais quitté les lieux sans dire un mot de plus. Tu n'avais, cependant, pas l'intention de rentrer chez toi immédiatement, tu avais terriblement besoin d'une bonne tasse de café avant de faire quoique ce soit d'autre. C'était pour cette raison que tu t'étais rendue au premier coffee shop que tu avais vu sur ton chemin. Sans réfléchir, tu avais poussé la porte, faisant résonner une petite clochette pour annoncer ton arrivée. Instinctivement, tu te dirigeas dans la fille d'attente, fouillant dans ta poche pour sortir le MP3 qui s'y trouvait.
Tes doigts dansèrent un petit moment sur les touches du petit appareil alors que tu parcourais les playlists avec un air distrait peint sur tes traits. Tu ne prêtais pas la moindre attention à ce qui se passait autour de toi, te contentant juste de faire un pas en avant quand tu sentais le corps devant toi bouger. Tu mis un petit moment à te décider, mais finalement, tu lanças l'une de tes chansons favorites, que tu connaissais littéralement par cœur ; Make it wit Chu, du groupe Queens of the Stone Age. Tu laissas ensuite le petit appareil retomber dans ta poche, redressant la tête pour observer d'un regard desintéressé les environs. La décoration de l'établissement était assez sobre ; des tables et des chaises en bois ici et là, un fauteuil disposé en face d'un canapé. Rien de bien extraordinaire en soi. Tu ne t'attardas donc pas longtemps sur la décoration. De toute façon, tu n'en eus pas l'occasion. Le client qui se trouvait juste devant toi venait de partir, son breuvage en main. Rapidement, tu ôtas ton casque bleu de tes oreilles, le laissant retomber sur tes épaules et autour de son cou. Tu fis quelques pas en avant. Le regard du barista – était-ce bien comme cela qu'on appelait les gens qui se trouvaient dans ce genre d'établissement ? Tu n'en avais aucune idée et cela n'était pas d'une grande importance, dans le fond – se posa sur toi et tu ne mis pas longtemps à commander ce dont tu avais besoin, ta voix empreinte de ton lourd accent. « Un café long. Bien noir, je vous prie. » Polie, comme à ton habitude, tu farfouillas ensuite dans ton sac pour en sortir ton portefeuille puis la monnaie nécessaire pour payer ton achat. Le barista, lui, s'était retourné pour mettre en marche la cafetière.
Quand il se retourna vers toi avec un genre de verre cartonné – tu avais spécifié que ta commande était à emporter, tu voulais boire ton café doucement sur le chemin de la maison – tu avais déjà la monnaie de prête au fond de ta main. Tu attrapas ton café qu'il te tendait sans dire un mot et, en échange, tu lui donnas le montant exact de ce que tu lui devais. Ta tasse cartonnée en main, tu t'apprêtais à sortir de l'établissement sans demander ton reste. Cependant, ta maladresse presque légendaire fit des siennes à ce moment précis. Tournant les talons, tu fis mine de faire un pas en avant. Malheureusement, ton corps entra en contact avec celui d'un autre, ta tasse de café se renversant sur le torse de l'inconnu. Surprise, tu reculas. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, tu levas la tête vers le visage d'un homme, tordu en une grimace un peu maladroite. Tu le vis te regarder un moment, ta gorge serrée. « Vous avez renversé votre café. » Tu clignas des yeux, telle un chat surpris par les phares d'une voiture, avant de secouer rapidement la tête pour remettre tes idées en place. Tu lui adressas une moue désolée, avant de t'emparer d'une serviette mise à disposition parmi tant d'autres sur le comptoir. Tu tapotas rapidement son haut, nerveuse. « Je suis vraiment désolée, monsieur. » Ton accent du nord déformait davantage tes mots à cause de ta nervosité. « Je… Enfin, j'étais un peu distraite, c'est de ma faute. Je suis vraiment désolée. » Tu te ŕepétais, tu le savais, mais ta nervosité te rendait idiote. Une fois que tu eus fini d'éponger son vêtement, tu te penchas rapidement pour ramasser la tasse cartonnée gisant au sol. Les joues quelque peu rosies par la gêne, tu te mordis la lèvre inférieure. « Je suis vraiment maladroite… Désolée… Laissez-moi vous offrir votre café pour m'excuser ? » Tu posas la coupe en carton sur le comptoir, triturant tes doigts telle une enfant.
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Elle a l'air perturbée, la petite femme devant moi. Plutôt surprise. Elle ne s'attendait pas à ça, j'imagine. Je me demande si c'est grave, pour elle, d'avoir renversé son café. Il y a une liaison qui ne semble pas se faire dans son cerveau, car elle a un moment d'arrêt, cligne des yeux. Autour de nous, beaucoup de clients se sont arrêtés le temps d'une seconde, s'attendant peut-être à ce que je la houspille ou que sais-je encore. Mais je reste là. Un peu idiot. Les bras ballants, ma chemise toute mouillée, mes grands yeux bleus vissés dans ceux de la jeune femme qui après son petit instant de surprise, se jette sur des serviettes à disposition et déjà... commence à me toucher? Les contacts en tout genre me gênent et ne me rassurent pas, mais je n'en dis rien et n'en montre rien en la laissant faire, toujours immobile. « Je suis vraiment désolée, monsieur. » Elle ne vient pas d'Amérique mais de... d'Islande, j'estime après un instant de réflexion (c'est à dire ma main enfoncée dans ma poche, serrée autour de mon téléphone, connectée à internet).
Elle est très confus et nerveuse. J'essaie de construire un petit sourire sympathique et relaxant sur mes lèvres, en vain. J'ai plus l'air d'avoir avalé un citron de travers (je ne sais pas si ça se dit). « Je… Enfin, j'étais un peu distraite, c'est de ma faute. Je suis vraiment désolée. » J'arque un sourcil. Elle a fini de tapoter nerveusement ma chemise et ramasse son café tombé parterre. Je reste immobile. Je ne sais pas trop où me mettre. “ Ne vous inquiétez pas, ungfrú, ” je dis avec un accent presque digne du sien, par réflexe et avec le plus de sympathie possible. “ Je suis désolé pour votre café. ” Je sais que c'est plutôt drôle, parce que c'est elle qui l'a renversé. Je lui adresse un petit clin d'oeil pour lui indiquer que je plaisante. (J'espère qu'elle ne va pas mal l'interpréter.)
Je bouge finalement lentement pour tirer sur le tissu de ma chemise blanche, afin de la décoller légèrement de mon ventre dont elle commence déjà à épouser la forme, une sensation plutôt désagréable. La femme en face de moi est toujours très, très gênée même après s'être excusée. C'est très poli de sa part. « Je suis vraiment maladroite… Désolée… Laissez-moi vous offrir votre café pour m'excuser ? » Je penche la tête sur le côté en levant les yeux vers les cafés proposés par la boutique. Puis je les baisse à nouveau vers elle, sérieux et intense. Sous la forme de Victor Shade, j'ai des yeux très bleus et très clairs; quant à elle ils sont... troublants. Il y a une transparence, dans ses yeux, qui laissent penser qu'on peut y déceler ses pensées — les yeux sont la porte de l'âme, dit-on. “ Laissez-moi vous racheter le votre, alors, et nous serons quittes. J'aurais dû vous empêcher de renverser votre café, je suis désolé, je n'ai pas été assez rapide. ” Je lui adresse un petit sourire, puis me tourne vers le barista qui attend patiemment en nous observant d'un oeil amusé. “ Elle prendra un double expresso au nom de Victor. ” Puis, à la jeune femme. “ Et que prendrais-je? ”
Spoiler:
très en retard, très court, très merdique. promis, je me rattraperaiiii.
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