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 Darkness upon us. || OS

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Naerendil
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MessageSujet: Darkness upon us. || OS   Darkness upon us. || OS Icon_minitimeMar 19 Sep - 13:35
Darkness upon us.


Envahissantes et dévorantes. Ténèbres grandissantes dans une nuit en plein jour. Lorsque j'arrivais sur place, traversant la vitre d'une boutique, je voyais immédiatement la différence. Il était peut-être quatorze heure et lorsque j'avais quitté mon appartement, un grand soleil trônait dans un ciel bleu, pâle, mais bleu. Et ici... C'était comme si la nuit était tombée. Pourtant je me trouvais dans la même ville, à peut-être une île de différence. Ou y étais-je vraiment?

Face à moi s'élevait une muraille sombre et végétale, haie sans sommet qui délimitait la frontière d'une noirceur qui n'avait pas sa place sur cette terre. Ni même dans cette dimension à vrai dire. Créatures et altérations, artefacts et influences. Je pensais avoir vu tout ce que les failles pouvaient faire mais c'était la première fois que j'étais témoin d'une telle apparition. Je la ressentais, cette influence. Il n'y avait aucun nuage, pas plus que de voile d'aucune sorte: le ciel était nocturne, réellement, sans étoiles. Ou irréellement. Je sentais la distance, l'infini d'un univers qui se frayait un chemin vers celui-ci. J'approchais ma main des plantes grimpantes qui gagnaient trop rapidement sur le bâtiment que je quittais et leur contact me faisait l'effet d'une douche froide. Glaciale. Un frisson perforant qui gagnait tout mon corps avant qu'un souffle opaque ne s'extirpe de ma bouche.

C'était ça.
Le temps était venu. Trop tard pour l'éviter.
Il était là le cauchemardesque labyrinthe, porte sombre du plan onirique.

It né témep réminirde en aria... - Je me rapprochais de la haie, la main illuminée d'une clarté chaleureuse qui repoussait les feuilles comme si elles fuyaient. Je parvenais à me frayer un chemin à l'intérieur et une fois les deux pieds posés sur le sol humide, je pouvais voir les végétaux reprendre leur place. Plus un son de voiture, plus un son de klaxon ou le brouhaha incessant de la ville en ébullition. Plus une voix sinon le cri d'oiseaux de malheurs que mes yeux dorés ne pouvaient voir. Le ciel était noir et vide et une brume fine habillait les allées infinies qui se présentaient à moi.

Je sentais le froid de ce lieu, l'ambiance lugubre qui y régnais et si j'arrivais encore à percevoir l'humanité, la sensation était diffuse. Je le sentais, j'avais voyagé. Changé de dimension. Je n'étais pas plus sur Terre que dans l'univers dans lequel elle trônait. Mon corps se mettait à luire faiblement, éclairant mes pas, réminiscence d'un jour où j'avais exaucé l'expression "Cet homme est brillant".
J'avançais entre les murs de feuillage, silencieux, attentif, pas certain de savoir comment me repérer et si seulement il y avait un moyen fiable de le faire. Je devrais être capable de pouvoir prévoir l'imprévisible et anticiper l'impossible, et je le faisais, mais ça n'avait rien d'aisé. Je découvrais néanmoins une forme de facilité à suivre un instinct qui me dictait la direction à prendre. Rien à voir avec mon esprit ou ma conscience, mais autre chose. De plus profond. De plus... Primitif.

Étonné de ne faire aucune rencontre désagréable, je continuais ma route dans ce dédale impossible, le corps parcouru de frissons auxquels j'aurais dû être immunisé. A chaque pas, je m'enfonçais plus encore dans les méandres cauchemardesques et le temps s'étirait, seconde après seconde, jusqu'à ce que j'en perde le fil. Jusqu'à ce que les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures, et que mon doré accroche la silhouette brisée d'un puit creusé. Un ensemble de roches, agglutinées, formant et fermant un trou dans le sol. Une faille infini vers un néant angoissant auquel je n'offrais qu'un simple regard. Car au fond du gouffre, les ténèbres se mouvaient, sable sombre et brillant qui semblait observer, mais il n'y avait pas que ces yeux qui voyaient. L'ombre se mouvait. Elle se déplaçait, invisible et imperceptible et pourtant je la percevais. Je levais le regard, acculé, mais ne reculais pas et c'est une voix comme un écho qui m'extirpait ce dernier frisson.

« Chimère, que de temps passé... » - Je me tournais ma la voix venait de tout sens, comme si elle venait de partout à la fois. - Révélez-vous! - L'ombre alors se soulevait. Pénombre sableuse volante qui soufflait un tourbillon brillant, formant une silhouette pâle au corps malade et vêtu d'ombre, flou et mouvante. Ses yeux étaient comme deux billes d'un noir intense et son sourire aux dents carnassières me dégouttait. Mon bras s'illuminait et l'une de mes épées venait prendre place dans ma main. - Qui êtes-vous? - « Un cycle s'est donc achevé, mon vieil ami... » - Répondez! - « Je suis le maître de ce domaine. Le roi sur la montagne. Tu marches sur les terres cauchemardesques, mon ami. » - Je levais l'épée, la lame brillante d'un éclat blanc qui détonnait avec la pénombre étouffante. - Cauchemar... - « Cauchemar n'est que le visage. Je suis l'entité qui forme ce que tu contemples. Je n'ai pas de nom car je suis et je n'ai pas à le justifier. Je suis le rêve et le cauchemar. Je suis l'ombre du sommeil, ce qui se passe lorsque tes yeux se ferment. Je suis... » - Songe. - « Tu te souviens? Bien. »

Me souvenir? Le mot s'était imposé de lui-même comme une force irrépressible mais j'étais bien incapable d'en discerner l'origine. Ma garde faiblissait, l'esprit ailleurs. - « Tu n'étais pas si lumineux autrefois... » Autrefois? Nous ne nous sommes jamais rencontrés. - Son rire raisonnait dans le vide. - « Nous cohabitons depuis l’Éternité, mais je dois avouer ne plus savoir quel univers se dessine au-delà de mes frontières. » - Ma mémoire ne saurait me faire défaut. - « Oh je te crois. Mais le cycle de ton existence est ton entrave. » - Les ombres gagnaient du terrain, je les voyais approcher, curieuses et nombreuses. Le puit semblait de plus en plus sombre, gagné d'une terreur invisible. Réflexion grandissante de mes propres doutes. - « Esprit. »

Le mot raisonnait dans ma tête comme un tremblement de terre et je sentais le sol se mettre à vibrer sous mes pieds. L'épée s'estompait dans un liseré de lumière et je posais mon regard doré sur la silhouette lugubre qui me faisait face. - « Merci de m'avoir ouvert la porte. Depuis tant de temps j'attendais cette opportunité. Une erreur à exploiter. Une seule fillette, tu n'as pas pu résister. Les cauchemars vont enfin pouvoir quitter ce plan et aller rencontrer leurs créateurs. » - Les ombres se dessinaient. Créatures impossibles aux formes étranges et ancestrales. Des formes que j'avais vu, d'autres antérieures à l'univers qui avait cours. Mon regard était rivé sur Songe mais je ne bougeais pas, l'attention loin d'être tournée vers cette menace immédiate qui m'encerclait. - « Je vais enfin pouvoir étendre mon ombre sur les autres dimensions et c'est grâce à toi, mon vieil ami. » - Autrefois peut-être... - Dans chacune de mes mains une forme lumineuse prenait place. Une simple sphère qui semblait fluide. - Tu m'as utilisé. - « Tu devrais faire plus attention aux vœux que tu exauces, ou qui te les demande. »

C'était lui. Cette fillette au Wakanda. Cette petite pour qui j'avais ouvert la première faille. C'était lui, il avait pris possession de son corps le temps de me piéger. Un temps trop long pour un piège trop complexe à une époque ou je n'étais pas moi. Pas encore.
La lumière fluide s'étendait pour former deux longs lassos luisants à l'approche des ombres menaçantes. - Et maintenant? - « Maintenant je te sors de mon chemin. » - Crois-le. - « Tu n'as aucun pouvoir ici! Tu es sur mon domaine! Cet endroit n'existe que par mon pouvoir. Que parce que je l'ai décidé. » - Précisément... - Je me mettais en mouvement et les cordes de lumières filaient en tout sens. Les cauchemars attaquaient et les fouets magiques fusaient. Chaque cauchemars approchant de trop près était frappé de l'un des fouets et tombait au sol en un tas de sable noir. - « Non! » - Cinq. Dix. Vingt. Chaque cauchemar qui approchait était détruit jusqu'à ce qu'il n'arrête les frais d'un cri cinglant.

« Comment! » - Ne t'ais-tu jamais demandé pourquoi tes cauchemars ne revenaient jamais? - Les fouets disparaissaient comme s'ils n'avaient jamais existé et j'ouvrais ma main, où un orbe lumineuse opaque venait d’apparaître. Et sa lumière pulsait. - J'étais toujours là, à attendre, à les renvoyer en pièce. - « Je suis l'entité cauchemardesque! Tu n'as pas le pouvoir d'anéantir mes créations! » - Un sourire glissait ses mes lèvres alors que la lueur pulsait de plus en plus fort. Mes yeux se mettaient à luire et mon corps tout entier changeait au rythme de mes paroles. - Je suis Esprit, entité primordiale cosmique de la pensée, propagateur du songe et de l'idée, socle vivant de l'imagination et de l'infini. - La lumière devenait agressive, brûlante, et du haut des mètres que je mesurais désormais je voyais sa peau noircir. Ma voix s'était faite bien plus puissante. - Ton pouvoir est lié à ton esprit et... - Je baissais mon regard inquisiteur sur son corps dévoré par la lumière. - J'en suis seul créateur.

L'explosion de lumière dévastait tout sur son passage. Songe volait en éclat, dépossédé de l'enveloppe charnelle qu'il s'était créé au fil des millénaires. Le plan onirique subissait la lumière comme une infection subi une cure. Il brûlait, sans flamme ni fumée, carbonisé par une purification par la lumière de la pensée. Lors la déflagration finissait son oeuvre, les terres étaient bien différentes. Le ciel s'était éclairci d'une teinte orangée. Le sol avait perdu sa pénombre pour gagner en propreté et en clarté également. Le puit infini qui donnait sur les ténèbres semblait bien moins angoissant et sans aller jusqu'à parler de vision idyllique d'un paradis utopique, cet endroit était au moins bien différent. J'observais autour de moi du haut des kilomètres que je surplombais. - Je vois... - Les failles, les millions de failles ouvertes que je pouvais fermer. Je les voyais disparaitre, centaines par centaines, éclairs violacés dans le vide. En contre-bas du mouvement attirait mon attention et mon corps retrouvait doucement mais sûrement une taille humaine pour que je puisse observer, ramper, l'ombre invisible.

D'une main puissante, je saisissais l'ombre, opaque et tout juste visible. Sans visage ni membre, silhouette basique d'une conscience brisée. Elle me parlait, sans voix ni mots. - Tes cauchemars sont retournés dans leur trou, là où est leur place. Et toi, prend ceci comme la leçon d'une erreur que tu n'aurais jamais dû faire. - Les cauchemars existeraient toujours, ils étaient nécessaires autant que les rêves, mais en nombre plus "normal". - Hors de ma vue. - Que je crachais en le relâchant, voyant l'ombre glisser au sol et disparaitre.

J'inspirais, levant mon regard doré vers le ciel magnifique du plan onirique. Il avait rompu mon cycle d'existence. C'était déjà arrivé, je m'en souvenais maintenant. Je ferais avec, comme je l'avais toujours fais. Je me souvenais de tout. Je me souvenais de mes origines, de ce que j'étais, de qui j'avais été. De ce que j'avais fais et généré. Le monde à l'envers n'était pas qu'un univers, c'était en réalité le plan Chimérique, un plan d'existence entier conçu à partir de ma simple conscience. J'étais à l'origine de la pensée, elle n'existait que parce que je l'avais inventé et l'avait offert à la Vie. Chaque cycle, j'effaçais ma mémoire et incarnais un être divin dans un univers au hasard. Chaque cycle, je vivais parmi les vivants. Ma mission était seulement d'existe pour que la pensée demeure. Alors j'existerais.

Le labyrinthe n'était plus si mystérieux à mes yeux et je l'ignorais, ouvrant une faille stable pour traverser et revenir sur Terre. Il avait disparu de la ville et je n'avais plus qu'à fermer la faille que je venais d’empreinte pour effacer la dernière marque de cet événement. Mais ce n'était pas tout à fait vrai. Les témoins, les centaines d'humains qui avaient vu le labyrinthe, qui avait été piégé à l'intérieur. Qui y avait été tués. Je les voyais, je sentais leur détresse. Les cadavres et les pleurs, la terreur et l'angoisse. Je la reprenais. J'effaçais tout et je réécrivais par dessus comme on efface les traits de craie sur un tableau. Les pleurs s'estompaient. La détresse disparaissait. Les mémoires s'altéraient et le temps reculait pour que tout revienne à sa place. Là où le cauchemar n'était jamais venu. Là où le labyrinthe infernal n'avait jamais pris place.

La réalité entière révisée d'une simple pensée et je m'effaçais, un sourire sur mon visage satisfait. Dieu, Entité, Esprit, Naerendil. J'existais. C'est tout ce qui importait en irréalité.
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