Mary-Jane sait qu’elle ne devrait pas espionner. Elle ne fait pas grand-chose de mal, après tout elle ne peut même pas entendre ce qu’ils disent. Mais ce serait mentir de dire qu’elle n’essaie pas de suivre le fil de la conversation en lisant sur leurs lèvres. Tony est installé sur un fauteuil dans son atelier principal, et elle en a une vue plutôt générale, d’où elle est, assise un peu en contrebas sur la table du salon des Avengers. Elle a bien un bureau, mais elle préfère se poster là, parce qu’il y a toujours plus de mouvement et que - soyons honnêtes - ça lui permet de garder un oeil sur ce qui se passe. Le leader du groupe officiel de super-héros discute depuis presque une heure avec son compère Reed Richards. Banner est dans un coin, penché sur un microscope, mais n’a pas l’air de vouloir trop participer à la conversation.
Ces scènes sont devenues habituelles à la tour Avengers, où Mary-Jane passe la majorité de son temps depuis qu’elle a été embauchée comme responsable de la communication, un an auparavant. Les héros qui ont accepté de révéler leurs identités se succèdent dans les parages, et parfois, quelques anciens
vilains sont même invités ici. La jeune femme sait bien que le gouvernement a accordé des amnisties et des remises de peine, et que leur présence ici est
normale afin qu’ils puissent se coordonner au reste des héros. Mais elle ne peut pas s’empêcher de serrer les dents quand elles voient certaines personnes passer par la porte, et investir l’espace dans lequel vivait Steve, Clint ou encore Bucky il y a encore quelques mois. Elle n’arrive pas à croire que Stark puisse sérieusement penser que ces anciens criminels valent mieux que Captain et tous ceux qui ont choisi de fuir.
Bien sûr, elle se tait. Elle veut garder son job, elle sait que les soutenir est contre la loi, et surtout, elle veut rester auprès de Peter, qui participe à cette énorme mascarade. MJ sait bien que son meilleur ami n’est pas particulièrement d’accord avec tout ça, mais il suit Stark, et là où Peter va, elle va.
C’est le petit réveil sur son portable qui l’arrache à son espionnage d’amatrice.
Bientôt dix-huit heures. Mary-Jane commence à ramasser ses affaires et éteint son ordinateur à la va-vite, laissant toutes ses missions en plan. Tant pis, elle reprendra tout un peu plus tard. C’est les yeux rivés sur son portable qu’elle se dirige vers la sortie.
« MJ, tu vas où ? » la voix de Peter la fait presque sursauter.
« Hum… Ma mère a besoin que je lui ramène de la soupe, elle est un peu malade. Je reviens plus tard. » Il semble accepter l’excuse, et elle file dehors avant qu’il la questionne davantage. Elle éteint son téléphone dans le métro, comme à chaque fois, en espérant que ça suffise à brouiller la géolocalisation que Stark a installé sur tous les Starkphones de ses proches et de ses collaborateurs. A la base, c’est pour les protéger, au cas où il leur arriverait quelque chose… Mais MJ a toujours l’impression d’être plus fliquée qu’autre chose.
Elle ne met pas longtemps à rejoindre sa destination, et vérifie bien qu’elle n’est pas suivie en allant au petit supermarché, puis en avançant jusqu’à l’immeuble de son
ami secret. Normalement, tout va bien. Elle regarde l’heure. Dix-huit heures quinze. Normalement il devrait être réveillé - du moins elle l’espère. Elle frappe trois coups à la porte.
« Donald ? » Bien sûr, ce n’est pas son vrai nom, mais elle préfère utiliser celui-là que
Thor, tant qu’elle n’est pas encore entrée dans l’appartement. Le risque qu’on le retrouve est grand, et plus ils sont précautionneux, mieux c’est. Thor lui a un jour expliqué que lors de sa première venue sur terre, c’est ainsi qu’on l’a surnommé quelques temps. Depuis, elle utilise l’alias régulièrement pour brouiller les pistes.
« C’est MJ. » Elle attend qu’on vienne lui ouvrir, son sac à main sur l’épaule et son sac d’emplettes dans la main. Elle espère que cette fois, elle ne trouvera pas une trop grande catastrophe. C’est mieux, depuis quelque temps. Quand elle a retrouvé Thor pour la première fois après qu’il l’ait recontactée, cet endroit était un vrai foutoir, et lui… Il avait dépassé le stade du patachon. Elle ne sait pas si c’est grâce à elle, ou si c’est tout simplement qu’il s’habitue à vivre comme un humain, mais il s’améliore de jour en jour. Elle a bon espoir que d’ici quelques temps, il ressemble un peu plus au héros qu’elle a connu.
« J’ai ramené de la bière et des cookies. Faits maison. » dit-elle d’une voix un peu exaspérée, en espérant que ça donne une bonne raison au dieu de venir lui ouvrir plus vite.