James enfonça la porte d’un coup de pied et exécuta les deux gardes présents d’une balle dans la tête sans même s’arrêter dans son mouvement et continua sa progression dans la base.

C’était le troisième repère d’HYDRA qu’il attaquait et s’il n’avait plus l’espoir de trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à retrouver sa mémoire, il espérait toujours que ça lui permettrait de se débarrasser de ses cauchemars. Il ne passait pas une nuit sans se remémorer les horreurs qu’il avait commises sous leurs ordres et comptait bien leur faire payer.

Il descendit un autre garde et s’engouffra dans un couloir, son arme de poing levée, poursuivant son avancée, son regard s’arrêtant de temps à autre sur une baie vitrée derrière laquelle il pouvait voir des machines semblables à celle à laquelle ils l’attachaient lors de ses lavages de cerveaux.
Rien que pour cette raison ça valait la peine de s’en prendre à eux. Si en faisant ça, il pouvait empêcher d’autres personnes de subir le même sort que lui, ça en valait la peine.
Personne ne méritait de subir les horreurs qu’il avait vécu.

Le Winter Soldier continua sa progression, abattant toute personne qu’il croisait jusqu’à arriver face à une nouvelle porte. Il l’ouvrit sans mal en se servant de sa prothèse et s’immobilisa une fois de l’autre côté en tombant nez à nez avec deux agents d’HYDRA encadrant une jeune femme. Il les descendit sans hésiter avant de braquer son arme sur la jeune femme. Une légère douleur commença à se développer dans son crâne, le faisant fermer ses yeux pendant un court instant mais il l’ignora, se concentrant sur l’inconnue, s’avançant lentement vers elle.

Qui était-elle ? Est ce qu’elle était un cobaye comme lui ? Ou simplement un de leurs agents ? Vu la posture qu’adoptaient les agents la deuxième option semblait la plus plausible.

Il continua d’avancer, l’arme toujours levée mais tremblant légèrement à cause de la douleur qui continuait à augmenter à mesure qu’il se rapprochait.
Pourquoi est ce qu’il ressentait ça ? C’était exactement comme avec Rogers, les mêmes symptômes.
Est ce qu’il la connaissait elle aussi ? Ça semblait être l’explication la plus plausible, mais s’il la croisait ici, c’était qu’elle devait être liée à HYDRA.

Il fallait qu’il soit prudent.

Il s’immobilisa à deux mètres de la blonde, son arme braquée sur sa tête et ne put retenir un grognement quand un pique de douleur s’éveilla brusquement au moment ou son regard croisa celui de la jeune femme. Quelques flashs lui parvinrent, le faisant vaciller et il baissa légèrement son arme, l’air perdu avant de souffler un. « Yelena ? » A l’attention de son vis à vis. C’était bien elle. Ça faisait des années qu’il ne l’avait pas revu, depuis qu’il avait quitté la Red Room mais il ne pouvait pas se tromper.


Qu’est ce qu’elle faisait là ? Il savait que la Red Room et HYDRA avaient des liens mais il n’avait jamais entendu parler de son ancienne apprentie du temps où il avait été à HYDRA. Est ce qu’elle leur avait servi de cobaye elle aussi ? Ça pouvait expliquer ce qu’elle faisait là, mais dans ce cas pourquoi est ce qu’il l’avait trouvé avec ces deux agents. Est ce qu’ils étaient en train de l’évacuer ? Il n’y comprenait rien.

Il baissa complètement son arme, son bras retombant le long de son corps et observa rapidement les alentours pour s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre aux alentours avant de reporter son attention sur Yelena. « Qu-qu’est ce que tu fais là ? » Il avait complètement baissé sa garde, attendant de voir si elle comptait lui donner des réponses. Il fallait qu’il reste prudent, il le savait, après tout elle pouvait très bien travailler pour HYDRA et tenter de s’en prendre à lui mais même dans cette situation, il se savait capable de la gérer sans mal. Il avait été son instructeur pendant des années et savait de quoi elle était capable. Même si elle décidait de l’attaquer, il n’avait aucune raison d’être inquiet.

La fatigue la quitte dès que la porte s’ouvre.  S’il y a quelques minutes seulement elle ignorait pourquoi on souhaitait la déplacer rapidement, maintenant elle a compris. Elle n’a pas besoin de jouer la comédie, de prétendre craindre l’homme en face d’elle. Il a tué les deux agents qui étaient à ses côtés, bien que la scène puisse indiquer le contraire à un simple débutant. Le Soldat de l’hiver n’est en rien un débutant. Yelena ne prend pas ses chances, n’estime pas que cela en vaut le risque, s’il a compris qu’ils n’étaient pas ses geôliers mais là pour la protéger, l’aider. Il ne la tue pas sur le champ. Lui accorde cet horrible moment, celui où l’on se rend compte qu’on va mourir et où l’on ne peut qu’écarquiller les yeux. L’espionne n’a jamais douté mourir jeune, les risques du métier, mais ici ? Sans défenses, allongée sur un lit dont le matelas est tellement fin qu’elle pourrait tout autant s’en passer, elle ne se souvient d’ailleurs pas si c’est un lit où une espèce de brancard, voilà donc où elle en est. Son cœur s’affole d’avantage quand il se rapproche, la tuer ne suffit pas, il veut réellement faire ça à bout portant. Fantastique. Mais il ne tient pas l’arme avec l’assurance dont elle le sait capable. Sa main tremble. Et c’est seulement quand il s’arrête que leurs regards se croisent. « Yelena ? » Inconsciemment, l’ukrainienne se détend à l’entendant prononcer son nom. Réaction anodine au sens propre du terme. C’est le Soldat de l’hiver,  mais pas suffisamment pour ne pas se souvenir d’elle. Ou quelque chose dans ce genre. L’ancienne élève de la Chambre Rouge ne viendra pas prétendre pouvoir comprendre le Soldat. Ou la façon dont son esprit fonctionne, avec tout ce qu’on lui a fait, c’est un miracle qu’il ne soit pas réduit à un état végétatif. Et alors qu’elle ouvre la bouche pour lui répondre, elle la referme d’aussi tôt. Le sérum. Le bras.

Ses cellules semblent chanter une mélodie qu’elle est incapable d’entendre. Sous le fin drap qui recouvre son corps, la peau de son bras gauche brûle, laissant place au changement. Tout ce que les scientifiques de l’A.I.M. lui ont promis, tout ce qu’elle n’a pas encore eu la chance de tester, tout cela n’est pas un mensonge. Non. Son corps avait été bien plus meurtri il y a quelques mois, l’espionne avait été défigurée, brûlée au troisième degré. Peau, chair et muscles fondus, incapable de se mouvoir, plus morte que vivante. Plus monstre qu’humaine. Aujourd’hui, elle ressemble à nouveau à la Yelena d’avant. Son visage ne représente plus aucune brûlure, même si son corps lui n’a pas guéri aussi rapidement. La donne en est tout aussi différente lorsqu’il baise son arme. Une erreur qu’il commet sans le moindre doute dans un instant de faiblesse. Son ancien instructeur avait toujours été plus Soldat qu’homme, les quelques fois où il semblait changer, devenir plus humain, elle lui en avait voulu. « Qu-qu’est ce que tu fais là ? » Il ne sait pas. Intérieurement, elle soupir de soulagement. Il y avait eu quelques rumeurs bien fondées, dont elle avait entendu parler bien avant que sa couverture au sein du S.H.I.E.L.D. prit mauvaise tournure. L’homme en face d’elle n’était pas, plus, un agent d’HYDRA. Visiblement, il a décidé de suivre le chemin de la vengeance. Il a aussi fallu qu’il décide de s’en prendre à des bases entières. C’est magnifique, en d’autres circonstances, elle admirerait son initiative et sa réussite évidente. « Je.. Tu…  Où suis-je ?  » Parce que jamais elle ne bougera assez rapidement pour l’atteindre avant que lui n’ai le temps de le faire. Il faut à tout prix qu’il se rapproche pour  qu’elle ait la moindre chance.

Dans cet unique but, elle fait mine de vouloir bouger, se relever peut-être en s’appuyant sur son coude gauche, en vain, prétendant l’affaiblissement total pour mieux le piéger. Le gémissement de douleur qui lui échappe est bien réel, la jeune femme sait pourtant qu’elle va devoir se battre pour espérer vivre. Des mois de souffrances et tout ça pour se faire exécuter ? Jamais. « Qu’est-ce que vous m’avez fait ?! » dit-elle sur un ton paniqué, cherchant du regard des médecins qu’elle sait absents. La jeune femme n’est pas censée savoir qu’il n’est plus sous la coupe d’HYDRA et ça lui sert à jouer le rôle de victime. L’espoir qu’il est encore un tant soit peu cet homme qu’elle voyait parfois apparaître lors des entrainements est son seul salut et que sa survie ne tienne qu’à ça ne lui plaît absolument pas. Il faut qu’il baisse sa garde, à tout prix, quitte à jouer le rôle qui doit lui être familier. Ce n’est pas le titre de l’araignée, mais celui de la vipère qui lui sied le mieux, cela a toujours été.

La douleur dans son crâne avait complètement disparue au moment où il avait reconnu Yelena. Il ne savait pas si ça voulait dire quelque chose, s’il y avait un sens à cette absence de douleur.
C’était la première personne qu’il avait côtoyé dans son ancienne qui ne lui provoquait pas des maux de tête atroce. Qu’est ce que ça voulait dire ?

Il gardait une prise assurée sur son arme, prêt à agir en cas de besoin, ne sachant comment réagir face à son ancienne élève.
Comment est ce qu’elle pouvait se trouver là ? Et pourquoi est ce qu’il l’avait trouvée accompagnée de deux agents alors qu’elle était allongée sur un lit ? Il devait rester prudent, il le savait, mais il se savait capable de gérer la jeune femme. De toute façon il ne pourrait pas se résoudre à la laisser là. Si elle était une victime d’HYDRA comme lui, il devait la sortir de cette base.

« Je.. Tu… Où suis-je ? » Elle semblait aussi perdue que lui, c’était bien signe qu’elle ne devait pas être là de son plein gré.  
Elle tenta de se relever mais un gémissement de douleur lui échappa, faisant enfin réagir James qui fit un premier pas dans sa direction avant de s’immobiliser quand elle reprit d’une voix paniquée. « Qu’est-ce que vous m’avez fait ?! » Ça ne pouvait pas être un piège. Elle semblait vraiment perdue. Dans le pire des cas, s’il s’agissait d’une ruse, elle était alitée alors qu’il était en pleine forme. Il n’aurait aucun mal à la maîtriser.

Poussant un soupir, il balaya rapidement les environs du regard, s’arrêtant sur les deux couloirs d’accès à la salle dans la laquelle ils se trouvaient pour s’assurer qu’ils étaient bien seuls et qu’aucun agent n’arrivait et rengaina son arme avant de s’avancer rapidement vers Yelena.
Il s’arrêta à ses côtés et jeta un nouveau regard vers les couloirs tout en reprenant. « Il faut que je te sorte de là. » Il posa sa main droite sur l’épaule de la jeune femme pour essayer de la rassurer. « J’ai piégé une partie de la base et je ne sais pas combien de temps on a avant qu’ils n’appellent des renforts. » Les explosifs qu’il avait placé dans la salle des serveurs n’avaient pas de compte à rebours et il pouvait les déclencher quand il le souhaitait mais il ne souhaitait pas s’éterniser ici. L’alerte avait été donnée dès son entrée -fracassante- dans la base et il était persuadé qu’ils avaient dû prévenir des renforts à la seconde où ils l’avaient repéré.
Il allait devoir faire vite.

Son regard balaya la salle, cherchant une table qui contiendrait des antidouleurs pour aider Yelena à pouvoir se lever mais il ne voyait rien qui pourrait leur être utile. Est ce qu’il allait devoir la porter ? Ce n’était pas un problème en soi mais ça risquerait d’en créer s’ils tombaient sur d’autres agents.
Il reposa son regard sur son ancienne disciple qui semblait toujours lutter contre la douleur. « Est ce que tu te sens capable de marcher ? » Il resserra légèrement ses doigts sur son épaule, espérant la rassurer assez. « Je peux t’aider à marcher ou te porter mais on risque de croiser d’autres gardes et je ne pourrai pas nous défendre si je ne suis pas libre de mes mouvements. » Et il savait très bien qu’il n’aurait pas le temps d’agir si ce scénario devait se produire. Les agents d’HYDRA ne prendraient aucun risque en les croisant. Qu’elle soit avec lui où non.

C’est… Attendrissant. Seul mot qui lui vient à l’esprit alors que cet homme est un danger ambulant. Une bombe à retardement, un électron libre, un pion instable, endommagé en toute forme. Et nul ne sait à quel point. C’est ce qui inquiète le plus l’ukrainienne. Ne sachant sur quel pied danser, à quoi s’en tenir, à quoi s’attendre, elle déteste ça. Au plus haut point. Surtout qu’il baise sa garde, fait un pas vers elle voulant l’aider et que Yelena ressent un pincement au cœur en voyant ce manque d’attention, cet envie de lui venir en aide alors qu’ils ne sont connus dans les meilleurs circonstances. Qu’elle n’avait jamais apprécié le Soldat, ou du moins ses instants d’humanité. Il en fait preuve, à cet instant, bien plus que nécessaire, la Veuve Noire ne s’y attendait pas.

Et quand il pose sa main sur son épaule, qu’elle ressent pour la toute première fois ses cellules se métamorphoser, dupliquer les capacités du Soldat de l’Hiver, elle sursaute. Outre les connaissances qu’elle possède déjà elle ne se contrôle pas suffisamment pour savoir exactement ce qu’elle reproduit. Il a une version du sérum qui a fait de lui un super soldat. Plus fort, plus rapide, plus endurant. Mais ça, elle ignore si elle en est capable dans son état. Le bras lui, son corps est déjà en train de le copier. Et l’Adaptoid, car c’est ce qu’elle est à présent, doit se concentrer pour arrêter le processus. Elle ne sait pas comment il a piégé la base, sait seulement que seule, elle ne pourra sortir à temps si tout est sur le point de partir en fumée. Et sans doute qu’elle n’arrive pas à se lancer dans un tel combat, qui serait son premier en tant que.. Elle ne trouve même pas les mots pour se décrire à présent. Si ce n’est que rat de laboratoire, sujet d’expérience.

La Veuve Noire joue le jeu, son regard inquiet, terrifié, alors qu’elle écoute James parler. Et certes elle se doit d’être loyale à HYDRA maintenant, mais s’il y a des bombes elle doit sortir ici et là, seul sa survie compte. Improvisation soudaine qu’elle espère pouvoir endurer. « Je ne comprends pas mais je.. Je crois pouvoir marcher, mais je n’irais pas vite. » lui dit-elle en se relevant, un pantalon et un t-shirt recouvrant la plus grande partie de ses plaies mais dévoilant ses bras et ses jambes dont la peau est brûlée. Yelena est soulagée en voyant que son bras gauche n’est pas identique à celui du Soldat, Dieu seul sait comment elle aurait pu expliquer ça.

Marcher est la dernière chose dont elle a envie, ayant tenté l’expérience il y a de cela quelques jours et s’étant mangée le sol. Alors elle s’appuie sur le lit de fortune, se redresse à l’aide de celui qui pourrait très bien la tuer d’un mouvement de main. C’est le bras qu’elle observe avec crainte, jouer l’amnésique ne lui vient pas aussi facilement que prévu. Toutefois, qui ne se méfierait pas d’un bras en métal ? Personne. « Il y a un couloir qui mène à une porte, je crois que c’est une sortie, je les ai observé mais… je ne sais pas. Je ne sais plus. » Heureusement, elle n’a pas besoin de mentir à ce sujet. N’ayant quitté la pièce dans laquelle on l’a installé après les nombreuses interventions. Et quitte à utiliser temporairement le Soldat à son avantage, autant qu’elle se fasse passer comme une alliée potentielle. Elle n’hésite pas à s’appuyer d’avantage sur lui que sur ses propres jambes, voulant voir jusqu’à quel point il peut être naïf, ce même si elle en a réellement besoin. Il faut qu’ils bougent et ensuite, à l’abri de tout engin explosif, elle tente sa chance. Car c’est un traitre à la nouvelle cause qu’elle représente. Le fait qu’elle ne s’en sente pas capable est justifié par ses blessures, non pas par empathie quelconque. Les premiers pas sont douloureux, bien vite ce sentiment la gagne et elle tente de l'ignorer mais fuir et souffrir ne faisaient pas partie de ses plans. Elle a du mal à la suivre et à cet instant, elle se concentre d'avantage sur ses mouvements que la direction qu'ils prennent.

Il fallait qu’ils se dépêchent. Les renforts devaient déjà être en route et il connaissait assez HYDRA pour savoir qu’ils n’auraient aucune chance de s’en sortir s’ils s’éternisaient ici.

« Je ne comprends pas mais je.. Je crois pouvoir marcher, mais je n’irais pas vite. » Bon. La situation n’était pas des plus enviable mais au moins ça voulait dire qu’il n’aurait pas besoin de la porter et donc qu’il pourrait se défendre si des agents d’HYDRA devaient débarquer.

Il la regarda se relever et lui offrit son bras pour l’aider à rester debout. Il nota la façon dont elle observa son bras gauche et détourna un moment son regard, presque gêné. Il n’aimait pas quand les gens le regardaient de cette façon. Vu son passé, il se doutait bien que Yelena ne pourrait pas comprendre même s’il le lui expliquait mais depuis sa libération il avait de plus en plus de mal à supporter les regards sur sa prothèse. Elle lui rappelait trop ce qu’il avait fait du temps de l’HYDRA.

« Il y a un couloir qui mène à une porte, je crois que c’est une sortie, je les ai observé mais… je ne sais pas. Je ne sais plus. » Il hocha faiblement la tête et la soutint quand il remarqua qu’elle avait du mal à marcher seule. C’était peut être stupide d’être aussi peu sur la défensive et d’être aussi confiant mais elle ne semblait pas animée de la moindre animosité et en plus de ça, elle avait l’air bien trop faible pour pouvoir tenter quoi que ce soit.

Il s’avancèrent jusqu’à la porte la plus proche et il libéra la jeune femme de son bras pour l’appuyer contre le mur afin qu’elle puisse tenir debout. Il se tourna rapidement vers la porte et la força en la frappant de son point gauche avant de l’arracher dans un grognement. Il dégaina son arme de poing dans la foulée, le pointant devant lui au cas où des agents les attendraient de l’autre côté mais la rabaissa en voyant que le couloir était dégagé. Il reporta rapidement son attention sur Yelena pour lui offrir son bras droit, lui soufflant un. « Il faut qu’on bouge. » Gardant tout de même son arme dans sa main libre, il se remit en route le plus rapidement possible, autant que le permettait la condition de son ancienne apprentie.

Ils s’engagèrent dans le couloir, le Winter Soldier jetant de temps à autre de brefs coups d’œil dans son dos pour s’assurer qu’ils ne risquaient pas d’être pris à revers. « Qu’est ce qu’ils t’ont fait ? Pourquoi est ce que tu te retrouves ici ? » Il se doutait bien qu’elle n’avait pas la tête à répondre à des questions pareilles et n’était pas en état de le faire mais il voulait comprendre pourquoi il l’avait retrouvée ici. C’était aussi un moyen de la garder consciente. Elle semblait très affaiblie et il ne voulait pas risquer qu’elle finisse inconsciente et qu’il se trouve obligé de la porter.

Ils arrivèrent finalement au bout du couloir -qui lui semblait interminable- et il libéra une nouvelle fois la jeune femme de son appui pour se concentrer sur la porte à laquelle il fit subir le même sort que la précédente. Il s’immobilisa un moment contre la paroi, observant silencieusement la salle suivante, s’assurant qu’il n’y avait personne. Il tourna son regard vers Yelena. « Reste là, je vais jeter un œil. » Sans attendre de réponse, il s’engagea dans la salle, l’arme levée, les sens aux aguets et la balaya du regard pour s’assurer qu’il n’y avait aucun danger immédiat.
Il baissa son arme, prêt à rejoindre la jeune femme mais s’immobilisa quand son regard s’arrêta sur une série de radios, accrochées à un mur. Il s’en rapprocha, les sourcils froncés, cherchant à comprendre de quoi il s’agissait. Ça ressemblait à des expérimentations. Alors HYDRA avait continué à faire subir ce genre d’horreurs à d’autres personnes hein ? Lui qui pensait tomber sur une simple base d’opérations, voilà qu’il se trouvait au cœur d’un centre de recherches.
Ça lui donnait une raison de plus pour faire exploser tout le complexe.

Il observa rapidement un plan de la base accroché à un mur pour s’assurer de l’endroit où ils se trouvaient et hocha faiblement la tête en réalisant qu’ils n’avaient plus qu’un couloir à franchir avant de se retrouver à l’air libre. Yelena avait eu de la chance qu’il la trouve alors… S’il avait prit un peu plus de temps ils auraient eu le temps de la faire évacuer.
Il calcula rapidement la distance à laquelle se trouvait les salles qu’il avait piégé et enclencha les explosifs, provoquant une secousse de quelques secondes qui lui fit perdre l’équilibre. Il rejoignit rapidement Yelena et lui offrit à nouveau son bras pour l’aider tout en lâchant un. « On a le temps d’évacuer t’en fais pas, on a plus qu’un couloir à traverser. L’explosion n’atteindra pas la zone avant plusieurs minutes. » Il l’aida à marcher jusqu’à arriver au centre de la pièce et désigna les radios d’un mouvement de tête tout en reprenant. « T’es au courant de quelque chose concernant ça ? » Il n’était pas stupide et avait rapidement fait le lien entre ces informations et l’état de la jeune femme mais il voulait l’entendre de sa bouche et en savoir plus à ce sujet.

Ce n’est pas insupportable, sans doute le serait-ce pour un autre être humain. Ou du moins pour une personne qui n’a pas fini entre les flammes et les débris. La douleur est devenue une sensation familière, secondaire. Bien que sans le Soldat, elle se retrouverait par terre en moins de quelques minutes. Sans appui en général, car dès qu’il s’éloigne elle doit s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Et ce n’est pas facile, elle a l’impression de tenir sur deux bâtonnait prêt à se briser à n’importe quel moment. Il lui pose des questions et Yelena n’a pas le courage d’y répondre. L’effort la fatigue et l’affaibli plus qu’elle ne l’avait prévu. Lui mentir ne lui vient toujours pas à l’esprit, c’est trop risqué, il pourrait se rendre compte qu’elle ne dit pas la vérité et ça ne l’avancerait à rien. Mais d’un autre côté, elle craint que son silence invoque une nouvelle fois la méfiance. « J’étais gravement blessée et ils.. je ne sais pas pourquoi, ils m’ont soigné ? » Au moins elle ne ment pas, quand bien même elle sait ce qu’ils ont fait d’elle et c’était avec son accord, elle ne sait pas pourquoi ni comment HYDRA et l’A.I.M. ont réussi à lui faire un tel offre à un tel moment. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle a saisi l’opportunité mais qu’elle n’était pas la seule dans ce cas précis.

Alors qu’il défonce une deuxième porte et la laisse seule, Yelena s’appuie contre le mur et ferme les yeux quelques secondes seulement. Ses cellules se modifient, elle le sent et ne peut l’empêcher. Si son bras ne prend pas les mêmes allures que celui du Soldat, dieu merci, c’est la guérison qui s’enclenche. Et ça, même si c’est lent car cela lui coûte sans doute aussi en énergie, elle ne pourra le cacher bien longtemps. En observant son flanc droit, elle estime avoir une bonne dizaine de minutes avant que la guérison ne devienne évidente sur tout son corps. Elle sait ce que fait le sérum, du moins, elle sait ce qu’étaient les résultats chez le fameux Captain America. Une version à peu près identique pour le Soldat, sans oublier le bras, et voilà les capacités qu’elle est en train de copier. Elle baisse sa chemise en appuyant sa main sur son ventre, le souffle court, HYDRA était censé la garder à l’abri de tel dangers. Une secousse vient interrompre ses pensées et bien qu’elle ne dure que quelques secondes, l’espionne a l’impression que ça dure une éternité. Le Soldat revient vers elle et l’aide, mais au lieu de continuer leurs chemins dans les couloirs il la mène au milieu de la pièce qu’elle examine, discrètement, du regard. Les radios, les documents, rien de bon s’il a pris ne fusse qu’une minute pour y prêter attention. Et là, le temps joue contre elle. Il lui faut miser sur ses nouvelles capacités, peu importe les conséquences, même si sa survie prime avant tout. « C’est des projets pour créer une arme vivante. Ce n’est pas à toi que je dois expliquer ça, si ? » Ce n’est sans doute pas le moment de lui lancer une telle pique, ce qu’elle craint plus que tout ce qu’il ait un excès de folie, permettez-la de douter de son étant de santé mental. Néanmoins, il va finir par comprendre et ça l’inquiète. « J’allais mourir et ils m’ont proposé de me sauver, je ne savais pas que... Oh et puis ça n’a pas d’importance. » Dit-elle en se penchant légèrement vers lui par nécessite, rester immobile est plus difficile que la marche. « Je ne savais pas pourquoi tu avais deux façades à l’époque, maintenant je sais, j’ai entendu des membres d’HYDRA en parler. » En bien, en mal, la peur évidente dans ceux qui l’avaient vu à l’œuvre et les doutes pour les autres, l’espionne détourne le regard et poursuit. « Quand j’ai compris que j’allais servir de rat de laboratoire il était trop tard. S’ils arrivent à leurs fins, avoir une arme qu’ils ne sont pas certains de pouvoir contrôler ne serait pas une option. J’ai compris qu’après les expériences j’allais subir le même sort et que je n’étais pas capable de fuir par mes propres moyens. » S’il ne l’encastre pas dans un mur, l’image du Soldat bien plus présente que celle de l’homme en sa mémoire, elle peut déjà s’estimer heureuse. Bien que son regard s’attarde sur la porte en espérant que tous les agents sont partis et restent loin de surcroît, il finit par croiser celui du Soldat, ou du sergent, elle n’arrive pas à se décider. « J’ai connu le Soldat et entrevu l’humain, c’est vrai que je n’ai aucune chance sans ton aide mais il faut que tu me crois, je ne savais pas à qui j’avais à faire et c’est la seule raison pour laquelle je t’ai mentis. » Fierté oblige, elle ne va pas le supplier de la sortir d’ici avant que tout ne parte en fumée. Pourtant elle a déjà prévu de s'en prendre à lui et de le remettre aux mains de l'organisation. Ce serait un bon début

« C’est des projets pour créer une arme vivante. Ce n’est pas à toi que je dois expliquer ça, si ? » Il poussa un soupir dédaigneux et hocha faiblement la tête. Non, effectivement ce n’était pas la peine qu’elle lui explique. Il était plus que bien placé pour comprendre ce genre de projet.
Alors HYDRA n’en avait pas fini avec ça hein ? Il était pourtant la preuve que ce genre de projet était voué à l’échec, alors pourquoi est ce qu’ils semblaient s’acharner à vouloir développer de tels tests ?
Il était vraiment heureux d’avoir pu trouver cette base et de la raser. S’il pouvait empêcher ne serait-ce qu’une personne de subir ce qu’il avait subi alors sa vendetta aurait au moins servi à quelque chose.

« J’allais mourir et ils m’ont proposé de me sauver, je ne savais pas que... Oh et puis ça n’a pas d’importance. » Il fronça légèrement les sourcils et aida à nouveau la jeune femme à se maintenir debout.
Il ne comprenait pas. Elle avait grandit à la Red Room, l’avait connu lui et elle avait accepté quand même ? Même si ça impliquait de lui sauver la vie, comment est ce qu’elle avait pu accepter ça ? « Je ne savais pas pourquoi tu avais deux façades à l’époque, maintenant je sais, j’ai entendu des membres d’HYDRA en parler. » Il se contenta de pousser un grognement d’approbation pour toute réponse. « Quand j’ai compris que j’allais servir de rat de laboratoire il était trop tard. S’ils arrivent à leurs fins, avoir une arme qu’ils ne sont pas certains de pouvoir contrôler ne serait pas une option. J’ai compris qu’après les expériences j’allais subir le même sort et que je n’étais pas capable de fuir par mes propres moyens. » Alors elle avait compris finalement. C’était une bonne chose, ça voulait dire qu’elle n’était pas prête à les suivre. Il était soulagé, ça voulait dire qu’elle n’était pas une ennemie mais une victime. Comme lui.

Elle croisa son regard et il le soutint silencieusement alors qu’elle reprenait. « J’ai connu le Soldat et entrevu l’humain, c’est vrai que je n’ai aucune chance sans ton aide mais il faut que tu me crois, je ne savais pas à qui j’avais à faire et c’est la seule raison pour laquelle je t’ai mentis. » Il hocha faiblement la tête et lança un regard confiant à Yelena. « Je comprends. Tu es comme une moi, juste une autre victime de ces malades. Je te fais confiance. » Il ne pouvait que la croire après ce qu’elle venait de dire. C’était peut être stupide de lui faire confiance comme ça alors qu’elle pouvait très bien lui mentir mais encore une fois, il pourrait la gérer sans mal si elle se révélait être une agent d’HYDRA. Et le fait qu’elle lui explique tout ça alors qu’il venait tout juste de sortir de leur contrôle lui donnait envie de lui faire confiance. Il voulait la croire.

Il prit une grande inspiration après avoir une nouvelle fois observé les radios accrochées aux murs et reporta son attention sur son ancienne disciple. « Je… » Il s’interrompit en réalisant qu’elle n’aurait probablement pas envie de répondre à la question qu’il s’apprêtait à lui poser et garda le silence un instant. « Je me doute que tu n’as pas envie d’en parler. » Ce n’était probablement pas le moment non plus. « Qu’est ce qu’ils t’ont fait ? Je veux dire, qu’est ce qu’ils avaient prévu pour toi ? » Est ce que c’était un nouveau projet Winter Soldier ? Ou autre chose ? Elle ne semblait pas tellement différente de la Yelena qu’il avait dans ses souvenirs mais il avait cette impression de ne pas avoir la même personne en face de lui. Il avait besoin de savoir.

Le Winter Soldier hocha négativement la tête et souffla un. « Non c’est pas le moment. » Pour lui même. Il assura un peu plus sa prise sur la jeune femme pour l’aider à avancer avant de reprendre. « Désolé je… Ça attendra, il faut qu’on bouge. » Ils auraient bien le temps de parler une fois qu’ils seraient sortis et à l’abri.

L’élève de la Chambre Rouge n’a jamais connu la pitié. Ni avant, ni pendant son entrainement. Elle ne pense pas en être capable, du moins pas comme les autres humains. Admettre qu’il lui manque cette capacité pourtant humaine n’est pas un souci. Pourtant, elle arrive parfois à en faire preuve, mais le ressentir vraiment, non. Alors certes cet homme à subit un enfer, l’espionne s’en rend bien compte, mais tout ceci n’est qu’illusion. Ce même si quand il lui dit avoir confiance en elle, elle ressent le besoin de ne pas trahir cette confiance. Après tout, dans leur monde ce n’est pas chose aisée à donner. Pourtant une petite voix lui susurre que ce n’est qu’un idiot qui commet l’erreur d’un débutant. Il doit le savoir, lui qui a tant subit, qui a tant de sang sur les mains et qui a sans nul doute été mieux entraîné qu’elle. La constatation en est d’autant plus désagréable, il veut la croire. Il veut croire qu’elle ne lui ment pas, qu’elle a subit aux mains d’HYDRA et qu’elle n’est pas ce qu’on a voulu faire d’elle.

Ses cellules se modifient et Yelena n’aurait jamais cru pouvoir ressentir ça. Malheureusement, elle ne sait pas comment faire pour les arrêter, si jusqu’à présent son bras reste identique et ne prend pas des allures bioniques, la guérison fait son effet. Au plus près elle se trouve du soldat, au plus elle ressent la guérison. C’est un sentiment agréable, la douleur se dissipe petit à petit et l’ukrainienne se sent mieux à chaque minute qui passe. Ils doivent sortir d’ici et elle s’appuie une nouvelle fois sur le soldat. Heureusement, elle n’a pas à répondre à ses questions. Elle n’en serait pas capable, tout lui paraît étrange.  Et il vient lui-même à lui dire que ce n’est pas le moment, forcément, il sait mieux qu’elle quand tout va partir en fumée et s’il pouvait la sortir de là avant, ce serait déjà  pas mal. « Je ne suis pas sûre d’encore pouvoir suivre longtemps. » Elle est à bout de souffle, chaque pas est pourtant moins douloureux que le précédent. Et chaque pas qui les rapproche de la sortie lui permet de formuler un plan. Elle en a besoin, doute de ses capacités, ne connaît pas ses limites et estime que ses chances de réussites sont bien trop basses. Pourtant ramener le Soldat de l’Hiver serait une première et ultime preuve de loyauté. Elle n’aurait plus besoin de faire ses preuves par la suite. Alors elle suit, tente de trouver le meilleur moment mais ses paupières sont lourdes, malgré la guérison qu’elle copie du Soldat, elle a l’impression de se vider de son énergie. Et avant qu’elle ne comprenne il est trop tard, elle perd connaissance et reprend conscience au bout de quelques instants avant que ça ne se répète. Ses jambes ne cèdent pas, elle arrive à rester debout avec l’aide du Soldat mais n’a plus conscience de ce qui les entoure.

Quand elle revient complètement à elle, il lui faut une vingtaine de secondes pour comprendre. Pour se souvenir. Elle cligne plusieurs fois des yeux et inspire l’air frais, ils sont donc dehors mais elle ignore depuis combien de temps elle est inconsciente. Et peu importe. Il est temps. « Ils m’ont abandonné. » dit-elle soudainement en russe, cherchant à croiser le regard de James car elle a besoin qu’il y croit. Et surtout, même si elle ne se l’avouera ô grand jamais, qu’il la comprenne. « J’ai suivi les ordres et ils m’ont déclarée morte avant que je ne le sois. » Son ton trahit sa déception, mère patrie n’a pas hésité à la laisser pour morte. La Chambre Rouge n’a qu’accentu2 ce qu’elle était déjà, empiré ses défauts pour mieux la manipuler. Néanmoins, elle leur reste loyale, même après cette trahison évidente. « HYDRA m’a sauvé. » L’espionne a du mal à se relever, même si la douleur n’est à présent plus ce qui la ralentit, mais le poids de son bras qui commence à prendre les formes du bras bionique. « Si je reste ils risquent de me réserver le même sort qu’ils t’ont fait subir. Mais si je les trahis, que vais-je devenir ? Que crois-tu pouvoir devenir ? Nous ne sommes que ce qu'ils ont fait de nous, rien d'autre. Nous ne savons être autre chose que de bons petits soldats. Comment peux-tu ainsi l'oublier ? » Ses paroles sont loin d'êtres optimistes, mais ce n'est que la vérité. Et la naïveté existe même dans les esprits les plus tordus, alors si elle peut le convaincre verbalement, ça l'éviterait de suivre son autre plan.

« Je ne suis pas sûre d’encore pouvoir suivre longtemps. » Il hocha faiblement la tête et resserra sa prise autour de ses épaules pour mieux la soutenir. « On y est presque. » Elle était à bout de souffle et semblait avoir de plus en plus de mal à se déplacer. Ils allaient devoir faire vite, mais au moins la sortie n’était plus très loin. Ils n’en avaient plus pour longtemps avant d’être à l’air libre.

Yelena roula des yeux , se faisant plus lourde contre lui et il poussa un grognement tout en saisissant son bras qu’elle avait passé autour de ses épaules pour l’empêcher de tomber au sol. « Eh ! Reste avec moi ! » Elle sembla réagir et rouvrit faiblement les yeux pendant un instant mais sombra à nouveau dans la foulée, faisant lâcher un juron au Winter Soldier. Il fallait qu’elle tienne le coup. Ils étaient presque à l’extérieur et pourraient se reposer une fois qu’ils seraient sortis de cette base. Il fallait juste qu’elle tienne un peu plus longtemps. Parce que si jamais des agents d’HYDRA débarquaient, il ne pourrait rien faire tant qu’il la soutiendrait.

Ils arrivèrent finalement face à une porte de sortie et James l’enfonça d’un coup de pied avant de manquer de s’effondrer, emporté par son élan. Il parvint à retrouver son équilibre et avança un peu plus pour s’éloigner de la base, soutenant toujours Yelena qui semblait revenir peu à peu à elle.
Il attendit d’avancer encore un peu et s’arrêta finalement. Il libéra finalement Yelena pour l’aider à s’appuyer contre un arbre et s’éloigna légèrement d’elle, balayant les alentours du regard pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis.

« Ils m’ont abandonné. » James s’immobilisa instantanément et se crispa légèrement en l’entendant parler en russe. Il posa son regard sur son ancienne disciple, attendant de voir ce qu’elle allait dire. Qu’est ce qu’elle voulait dire ? Qui l’avait abandonné ? La Red Room ? Alors quoi, ils s’étaient servis d’elle et l’avait ensuite laissé tombé ?
« J’ai suivi les ordres et ils m’ont déclarée morte avant que je ne le sois. » Il baissa un instant le regard. Pourquoi est ce qu’ils avaient fait ça ? Yelena avait toujours été fidèle, n’avait jamais trahis leur confiance, contrairement à Natalia et lui. Ça n’avait aucun sens.

« HYDRA m’a sauvé. » James sentit son cœur manquer un battement et releva un regard presque paniqué à la jeune femme. Non. Elle ne pouvait pas penser ça. Elle n’avait pas le droit de penser ça. HYDRA ne l’avait pas sauvée. Ils avaient vu qu’elle pouvait leur être utile et s’était servi d’elle.

« Si je reste ils risquent de me réserver le même sort qu’ils t’ont fait subir. Mais si je les trahis, que vais-je devenir ? Que crois-tu pouvoir devenir ? Nous ne sommes que ce qu'ils ont fait de nous, rien d'autre. Nous ne savons être autre chose que de bons petits soldats. Comment peux-tu ainsi l'oublier ? » Une faible douleur se réveilla au niveau de sa tempe, lui faisant pousser un bref grognement. Il secoua doucement la tête, à la fois pour essayer de la faire partir mais aussi pour montrer sa désapprobation à sa disciple.

Il se recula d’un pas avant de finalement prendre la parole d’une voix rauque, trahissant son incompréhension. « Tu ne peux pas. » Il secoua une nouvelle fois la tête. « Comment est ce que tu peux penser ça ? Ils ne veulent que se servir de toi comme ils l’ont fait pour moi. » La douleur dans son crâne s’intensifia brièvement et il pressa sa main droite sur sa tempe dans l’espoir de la contrôler. « Tu as raison, je ne peux pas oublier ce qu’ils m’ont fait. Ils ont fait de moi leur pantin, se sont servis de moi pour accomplir toutes ces horreurs. Et toi tu serais prête à subir la même chose ? » Il libéra sa tempe avant de lui lancer un regard perdu. « Je ne peux pas croire que tu puisses cautionner ça. » C’était incompréhensible. Elle l’avait connu du temps où il obéissait à leurs ordres, où il n’était qu’une marionnette. Elle ne pouvait pas penser ce qu’elle venait de dire. C’était impossible. Elle devait encore être sous le choc. Ça ne pouvait être que ça. Il comprenait qu’elle puisse croire qu’HYDRA l’ait sauvée après que la Red Room l’ait abandonné mais elle se trompait. HYDRA n’avait fait ça que par intérêt.

Il se rapprocha de la jeune femme, lentement, tout en levant légèrement une main devant lui pour bien lui montrer qu’il ne lui voulait aucun mal. « Tu te trompes. Ils ne feront que se servir de toi. On peut s’en sortir Yelena. Ensemble. » Il fit un pas de plus dans sa direction. « J’ai réussi à me libérer de leur contrôle, à reprendre ma vie en main. Crois moi, tu peux y arriver aussi. » Il fallait qu’il lui fasse comprendre qu’elle se trompait. Elle ne disait ça que parce qu’elle avait été endoctrinée par la Red Room et qu’elle avait été abandonnée. Elle était sensée, intelligente. Il pouvait lui faire comprendre.

Elle voyait le changement, l’instant même où une partie de lui comprend pendant qu’une autre refuse à y croire. Et il la fait presque douter, car elle le voit, paniqué à l’idée qu’elle puisse penser ainsi. Comme si ça avait de l’importance. Comme si sa décision le concernait. La blonde est incapable de concevoir un seul instant qu’il tente peut-être de la sauver des mains d’HYDRA. De lui faire voir où cette organisation va la mener. Qu’ils vont l’utiliser comme ils se sont servis de lui, et là l’ancienne élève de la Chambre Rouge peut le comprendre. Quand bien même le moindre sentiment que tout humain peut éprouver est souvent un mystère pour la jeune femme, elle sait ce que c’est, d’appartenir à quelqu’un. D’être ce qu’on nous dicte d’être et de ne jamais, ô grand jamais sortir de cette ligne de conduite imposée. « Tu ne comprends pas  » souffle-t-elle à la limite de l’exaspération Il faut qu’il comprenne mais il n’en est rien. L’ironie veut que c’est elle qui ne comprend pas la gravité de la situation, que c’est lui qui a raison et qu’un jour peut-être, elle pourra l’accepter, le comprendre. Mais pas aujourd’hui, car sa décision est déjà prise.

Il s’avance, tout en lui faisant comprendre qu’il ne lui veut aucun mal et si elle se crispe à son tour, ce n’est pas parce qu’elle a peur de ce qui pourrait lui arriver. Cet homme n’est pas le Soldat de l’Hiver. Il l’est, quelque part, mais cherche tellement à ne plus l’être qu’on pourrait le lire sur son visage. Il a tort. Il n’y a rien qu’il puisse faire. Ni seul, ni à deux, ni à dix ou à cent. À la fin de la journée, ils seront toujours de simples soldats, de simples pions, le Soldat de l’Hiver et la Black Widow. Ou ce qu’il en reste. C’est à ses derniers mots qu’elle se décide. Il a tort. Lui a peut-être dû se libérer, mais jamais elle ne pourrait en faire de même. Jamais personne ne l’a réellement contrôlé, quand bien même elle a toujours acceptée de n’être qu’un sous-fifre parmi tant d’autres. Et ça n’a en soit aucun sens, il est impossible d’être un simple pion et de contrôler sa propre existence. Toutefois la logique est loin, trop distante et bien plus incompréhensible qu’il n’y paraît. « Tu as tort. » Trois mots, prononcé par une voix qui ne semble plus la sienne, du russe, encore, malgré le fait que c’est plus l’Adaptoid qu’elle qui agit et qui le fait efficacement.

Un son qu’elle n’a plus entendu depuis bien longtemps suit ses paroles, sauf que ce n’est pas le bras du Winter Soldier mais le sien qui fait cet étrange bruit qu’elle a toujours détesté. Elle utilise donc son bras gauche pour donner un violent coup de poing au Soldat. Elle n’a pas le temps de constater que son bras a prit une teinte grisâtre, bien trop focalisé sur son adversaire. En temps normal elle ne tenterait pas sa chance, la guérison a bien eu lieu mais si son organisme reproduit les capacités de James, ça ne change en rien le fait qu’elle est encore trop faible. Évidemment, alors qu’elle tente d’enchaîner les coups, c’est là un détail qu’elle souhaite à tout prix ignorer. Elle n’a pas le temps de faire usage de son bras gauche, c’est la première chose dont le soldat s’assure. Et toutes les techniques de combat qu’elle utilise sont celles qu’il lui a apprises il y a quelques années. Alors Yelena opte pour l’inattendu, se déchaîne telle une forcenée hystérique et frappe, à coup de poings et de pieds. Car le plus important c’est que le Soldat n’ait pas la possibilité de l’étrangler de sa main gauche, elle sait que trop bien que c’est une prise dont elle ne pourrait s’échapper.

« Tu as tort. » Le ton avec lequel elle prononça ces trois mots, en russe, glaça le sang de James qui s’immobilisa instantanément.
Elle ne comprenait pas. Ou plutôt elle ne voulait pas comprendre.
Comment est ce qu’elle pouvait lui répondre ça ? Il était le mieux placé pour lui faire comprendre ce qui l’attendait si elle restait avec eux, si elle continuait de leur obéir. Alors pourquoi est ce qu’elle réagissait de cette manière ? Ça n’avait aucun sens.

Elle leva son bras gauche pour le frapper et James vit venir le coup, prêt à le parer mais le son qu’il dégagea le paralysa quand il réalisa qu’il émettait le même son que le sien. Le coup l’atteignit en pleine mâchoire, lui faisant pousser un grognement de douleur et reculer de quelques pas sous la violence de l’impact.
Il releva immédiatement sa garde, par pur réflexe en la voyant bouger dans sa direction et para le coup suivant, qu’elle porta à nouveau avec sa "prothèse", avec son avant bras droit, grimaçant de douleur à cause de la puissance du choc.

Qu’est ce qu’il se passait ? Son bras était semblable au sien, il avait la même puissance et émettait les mêmes sons mais il lui avait paru complètement normal quand il l’avait soutenue pour l’aider à marcher. Qu’est ce qu’ils lui avaient fait subir dans cette base ?

Elle continua son assaut, le forçant à rester sur la défensive et il remarqua rapidement qu’elle se battait exactement de la même manière que lui, en utilisant les mêmes techniques qu’il avait apprises lors de son entraînement et de son conditionnement par HYDRA. Il n’y comprenait rien. Elle n’avait pas pu apprendre tout ça durant la période où il avait été son instructeur. Il avait utilisé ces techniques pendant son entraînement mais les avait adapté à la jeune femme afin qu’elle puisse se battre avec ses propres techniques.

Il para un nouveau coup et la força à reculer en ripostant. Elle se battait exactement comme lui et avait copié les propriétés de sa prothèse. C’était sûrement dû aux expérimentations qu’elle avait subit dans cette base. Ça ne pouvait être que ça. Elle n’avait jamais utilisée ce genre de capacités quand ils avaient été à la Red Room et il n’en avait été fait aucune mention dans son dossier.
C’était quelque chose qu’elle avait développé ici.

Il commençait à reprendre lentement le dessus, parvenant à analyser son pattern d’attaque -qui était le sien finalement- déviant où esquivant les coups qu’elle pouvait lui donner avec son bras gauche. C’était ça le plus dangereux. Il connaissait parfaitement sa prothèse et savait de quoi elle était capable. Tant qu’il parviendrait à ne pas se faire toucher, il s’en sortirait.

Yelena sembla réaliser qu’il s’adaptait à ses assaut et changea complètement de technique pour le frapper de manière désordonnée, sans aucune logique, le forçant à se remettre sur la défensive.
Il fallait qu’il réfléchisse. Il n’arriverait à rien en restant sur la défensive et même s’il parvenait à parer ses coups et qu’il était capable d’encaisser, il ne tiendrait pas longtemps si elle continuait à se déchaîner de la sorte.

Voyant son ancienne disciple armer un nouveau coup du gauche, il prit le risque de l’encaisser de plein fouet avec son bras droit, grognant en sentant l’os craquer sous l’impact mais la frappa dans la foulée avec sa propre prothèse au niveau de l’articulation du coude, faisant grincer les muscles artificiels sous la puissance du coup.
Si elle le copiait complètement, ça voulait sans doute dire aussi qu’elle copiait ses points faibles.
Le craquement sonore que le membre émit lui confirma sa théorie et il profita pour bloquer le bras valide de Yelena et passer dans son dos avant de passer sa prothèse sous sa gorge pour l’immobiliser.  
Il resserra sa prise en la sentant essayer de se dégager et prit la parole d’une voix calme, espérant la calmer. « Ça suffit Yelena. Je n’ai pas envie de me battre contre toi alors arrête. » Elle devait être consciente qu’il serait obligé de resserrer encore un peu plus sa risque si elle continuait de se débattre, au risque de la rendre inconsciente où pire. Et il refusait d’en arriver là. « Je ne sais pas ce que tu t’imagines en voulant continuer à travailler pour eux mais ça ne t’amènera rien de bon. Tu le sais. Je suis sûr qu’au fond de toi tu le sais. » Sentant qu’elle se calmait un peu, il desserra légèrement sa prise pour qu’elle puisse mieux respirer. « Regarde ce qu’ils m’ont fait. Tu penses vraiment que tu mérites de subir le même sort ? Tu vaux mieux que ça. » Il continua lentement de desserrer sa prise pour bien lui faire comprendre qu’il ne lui voulait aucun mal.
Il espérait juste qu’elle ne repartirait pas à l’assaut parce que dans le cas contraire, il serait obligé de la mettre hors d’état de nuire.