Il avait suffis d'une conversation. Une simple phrase. Un simple instant où elle avait émis une envie, même futile, même ridicule. Une simple impossibilité pour que je la rende possible. Sur le moment elle ne m'avait pas cru... C'est vrai, vous croiriez vous? Le gars en face qui vous dit "Allez, on y va!" ? Bien sûr que non. Sauf que quand je m'étais ramené avec les billets d'avion, elle n'avait pas pu nier, et elle n'avait pas pu refuser. De toute façon c'était déjà payé. Alors nous voilà partis, direction Los Angeles et ses vastes plages. Sept heure c'est long, surtout quand on aime pas vraiment voler, aussi j'avais été forcé d'abandonner Maddy une partie du voyage à cause des cachets que j'avais pris et qui m'avaient forcé à dormir. J'avais vu le décollage, l'atterrissage, un peu avant, un peu après, mais les quatre heures du milieu? Noir complet. Croyez-moi, vous n'aimeriez pas pouvoir regarder sous vos pieds et voir les vingt milles kilomètre de vide en dessous. Cela dit j'avais pu voir le visage de Maddy s'illuminer lorsqu'on avait pu apercevoir les lumières de la ville des anges dans la nuit, et ça, ça avait valu le coup. Tant pis pour la hauteur et tant pis pour les quatre heures de perdues.

Atterrissage, débarquement, et à peine le nez dehors je pouvais sans mal apprécier la chaleur. Une quinzaine de degrés au lieu de trois malheureux points en bas du thermomètre, c'est énorme. - Et dire qu'il pleut à New York! On est quand même mieux ici, tu crois pas? - J'avais voulu qu'elle soit bien, comme si j'avais un devoir à combler parce que moi je connaissais ce genre de voyage et pas elle. Par habitude j'avais prévu un taxi à la sortie de l'aéroport pour nous conduire à notre hôtel mais j'avais préféré être économe. Pas par peur du prix, ce n'était pas un problème, mais par soucis de son confort. Je connaissais ses goûts et ses besoins, je savais qu'elle n'avait pas besoin de grand chose et que plus grand pourrait être déroutant sur le coup. Alors j'avais choisi un grand chose avec un petit plus. Un hôtel étoilé en bord d'océan et une chambre à deux lits avec une terrasse donnant sur la plage. C'est d'ailleurs la première chose que je faisais une fois à l'intérieur. Je jetais mon sac de voyage sur l'un des lits au hasard et me ruait à l'extérieur pour m'appuyer contre la rambarde, laissant mon regard observer l'horizon. Certes je pouvais faire ça à New York, mais ici... L'effet semblait différent. Comme plus sauvage, plus chaleureux aussi.

J'écartais les bras lorsque Maddy me rejoignait, comme si j'enlaçais le monde. - Regarde moi ça! - Mon regard se posait sur un type en contrebas et mes bras se baissaient légèrement alors que je me concentrais, intrigué. - Bah alors, on a oublié son string à la maison apparemment! - Il risquait pas de m'entendre, mais j'étais pas seul sur cette terrasse et ma main venait immédiatement claquer sur ma bouche comme si ça allait annuler ce que je venais de dire. J'aurais pu dire pire. L'un dans l'autre, je m'en sortais pas si mal. Valait mieux ça que commenter le fait qu'il avait une couille plus basse que l'autre... Je sortais mon téléphone et tapais quelques mots à la va vite avant de tourner la tête vers Maddy. - Alors? Contente? - On arrivait la veille. Demain serait le 31 mais en attendant, nous avions une fin de soirée à combler. - Sinon, proposition ouverte: room service? - Oui j'avais faim, et alors? - Ou alors on va de suite se balader sur la plage. - Je tournais la tête vers la rue encore animée. - De toute façon, on est pas ici pour dormir!

La première a avoir ramené ses fesses avait été la gêne, naturellement. Face à des morceaux de papier qui attestaient d'un voyage à Los Angeles de quelques jours pour fêter le nouvel an et se rendre sur une plage - ce qu'elle n'avait jamais réellement fait ou elle n'en avait pas le souvenir, comme beaucoup de choses - elle n'avait pas su où se mettre. Finalement, sa place était le cul dans un avion privé sortant tout droit d'un petit aérodrome, le sourire aux lèvres et aux côtés d'un Alec assommé par des cachets. Si on lui avait dit quelques jours plus tôt qu'elle serait là, une valise bouclée, en route pour la ville des anges, elle n'y aurait probablement pas cru, encore moins en compagnie du jeune homme. Elle s'était occupée comme elle le pouvait pendant le voyage, profitant du sommeil profond d'Alec pour en faire autant quelques heures, assez pour se sentir reposée et plus en forme qu'à la montée de l'avion. Se dégourdir les jambes avait été le premier plaisir en foulant la terre ferme. « Beaucoup mieux. » confirmait-elle en retirant son écharpe qui la couvrait du froid New-Yorkais. Ils allaient passer quelques jours dans des températures douces et elle allait pas s'en plaindre loin de là. Si des deux il était connu pour être celui qui a les yeux les plus brillants, il n'y avait aucun doute sur le fait que ceux de Maddy s'illuminait un peu plus chaque seconde. La ville, l'hôtel, cette ambiance de fête. Elle s'enchantait de tout et d'un rien. Posant sa valise plus calmement qu'Alec sur le lit libre, elle observait les lieux et devinait sans mal qu'ils n'étaient pas n'importe où non plus. Ce taré!

Rejoignant Alec sur le balcon terrasse, son regard se braquait sur l'océan, sur cette vue magnifique que leur offrait la chambre avant qu'un rire ne passe ses lèvres sous la réflexion d'Alec. C'était décidément impossible de l'arrêter ce type. Pourtant, alors qu'elle tournait son regard vers lui et qu'elle aurait pu lui faire une réflexion sur cette remarque qui lui avait échappé, elle préférait afficher un sourire amusé et lui montrer qu'elle était très loin d'être choquée. C'est qu'elle commençait sérieusement à s'habituer. « Si t'as pas oublié le tiens, c'est le principal. » Quoi? Quitte à avoir une mutation encombrante, autant jouer de temps en temps avec non? Il fallait bien en tirer un peu d'amusement. « Très. Merci Alec. » Quelques mots sincères, un sourire et un regard qui l'étaient tout autant. Comment aurait-elle pu rêver mieux? Impossible sûrement. Sans lui tout ça serait impossible, hors de portée de ses moyens financiers mais aussi de son courage tout simplement. Partir toute seule, sans connaissance de rien, ça l'aurait cloué sur place. Il changeait toute la donne et ne serait-ce que pour ça, elle pouvait bien lui accorder tout ce qu'il voulait. « On peut associer les deux? Room service avec des trucs qu'on peut embarquer pour manger. » Tout sauf peut-être de la patience qu'elle n'avait pas, c'était vrai. D'une façon ou d'une autre, ils devaient manger un bout pour tenir le coup.

De retour à l'intérieur, elle attrapait deux cartes, la liste des numéros internes et le menu proposé en room service. Il lui fallait quelques minutes pour la lire entièrement dans sa tête, butant sur certains mots qui se trouvaient être difficile à lire encore. Elle avait beau progresser tous les jours, l'évidence n'était parfois pas si simple. « Je suis curieuse de savoir s'ils les font comme à New-York leur hot dog. » Lui tendant le menu et le téléphone, elle lui servait un sourire. « T'es plus expert que moi, je te laisse faire. » Le temps qu'il passe ce coup de fil rapide, elle en profitait pour ouvrir sa valise sortant quelques fringues qui la gênaient pour attraper sa trousse de toilette. Se rendant dans la salle de bain, elle la posait et jetait un coup d’œil aux alentours. C'est alors qu'elle parlait assez fort pour se faire entendre « Je retire ce que j'ai dit. On va rester là et je vais passer ma vie sous cette douche. » Des jets massants, s'il vous plait, il y avait pas ça à la x-mansion ni chez son frère et encore moins dans l'appart qu'elle avait visité avant hier. De retour dans la chambre, elle vidait le reste de sa valise - autant dire pas grand chose, ils n'étaient pas là très longtemps - et posait ses affaires dans l'armoire et posait la valise sous le lit. « J'ai le temps d'en prendre une de douche avant que notre dîner arrive ou pas? » Après l'avion, ça serait pas mal. Connaissance des hôtels, zéro. Teach me, Alec.

« Si t'as pas oublié le tiens, c'est le principal. » - Il est dans ma valise.Oh, oui, certainement. - Elle retournait à l'intérieur pour s'emparer des fascicules et je restais une seconde de plus pour observer les vagues de loin avant d'entrer à mon tour. Elle était assise sur son lit, côté porte, et je faisais pivoter le sac sur le mien pour l'ouvrir et commencer à en vider le contenu sur le dessus de lit. - « T'es plus expert que moi, je te laisse faire. » - Soit, ok. J'attrapais les cartes et les parcourait rapidement du regard pendant qu'elle s'éloignait vers la salle de bain. Ma main trouvait le téléphone et je composais le court numéro avant qu'une hôtesse ne me réponde. - Bonsoir, ce serait pour commander quelque chose. - La femme me répondait par l'affirmative. - « Je retire ce que j'ai dit. On va rester là et je vais passer ma vie sous cette douche. » - Un sourire étirait mes lèvres et je passais commande. - Je voudrais quatre hot-dog. C'est pour aller sur la plage, si vous pouviez nous les emballer?

Maddy était revenue et rangeait ses affaires pendant que la femme gagnait du temps. - Bien sûr que si, vous pouvez. - « J'ai le temps d'en prendre une de douche avant que notre dîner arrive ou pas? » - Je levais mon regard sur elle. - Pour dans... une demi-heure? - Je faisais signe du menton à Maddy d'y aller. - C'est parfait, merci. - Le téléphone regagnait son socle. - Demi-heure, vas-y, je vais ranger mes affaires en attendant. - Elle y retournait et le tas sur mon lit grandissait. Elle avait voyagé léger, pas moi. Jamais. Je prenais le temps de tout déplier tranquillement, mon attention trop occupée à m’empêcher de ranger pour observer Maddy sous la douche à jets massant. Finalement je réussissais à m'en sortir et troquais mon pull pour une chemise et un petit gilet fin. Le balcon m’accueillait le temps qu'elle finisse et j'entendais le son de l'eau cesser presque au même moment où une main toquait à la porte. - Les hot-dogs étaient disposés sur un plateau, emballés dans des serviettes et un sourire étirait à nouveau mes lèvres. - Parfait tout ça, merci. - L'homme qui apportait la tablette me laissait prendre le plateau et je le remerciais en refermant la porte avec mon pied.

J'ai le repas! - Avais-je dis assez fort pour qu'elle m'entende. Je posais le plateau sur une petite table et attendais qu'elle revienne en mettant les hot-dogs dans un sac à dos, délicatement pour ne pas les abîmer. Le temps que Maddy soit prêtes et on sortait de la chambre, passant par un ascenseur pour rejoindre la sortie et traverser la rue. Adieu chaussures, bonjour pieds dans le sable. La plage était éclairée par des petites loupiotes et les lumières artificielles de la rue au-dessus mais il y avait peu de monde. Je me laissais tomber sur le sable, sous l'une des loupiotes, avant d'ouvrir le sac d'où une odeur caractéristique s'échappait. Il ne faisait pas si chaud, au bord de l'eau, mais c'était tout de même agréable. Je m'allongeais presque, mes coudes me retenant, mes talons grattant la surface du sable pour s'enfoncer doucement. Un soupire traversait mes lèvres. - 2016 a été pourrie mais on va bien la finir. - Je me redressais et fouillais le sac pour en sortir l'un des hot-dog. - Manger?

L'attente de l'accord d'Alec, déjà au téléphone, ne se faisait pas longue. Gel douche et fringues en main, Madelyn se précipitait vers la salle de bain sans attendre, impatiente de tester cette petite merveille de douche. D'abord surprise par la puissance des jets, c'est la détente qui venait ensuite se loger dans ses muscles légèrement endoloris par le voyage de plusieurs heures qu'ils avaient derrière eux. Un moment de courte durée tout de même parce qu'elle savait que son ami l'attendait probablement déjà - et parce que l'idée même qu'il la mate sans qu'elle puisse s'en rendre compte la perturbait énormément, mine de rien. Le plus rapidement possible, elle sortait de la douche et se séchait, gardant une oreille attentive sur ce qui se passait à côté. Elle doutait qu'Alec soit assez fou pour parler tout seul. Elle devinait sans mal que le repas était arrivé et la voix du brun ne faisait que confirmer ce qu'elle pensait. « J'arrive! » disait-elle en glissant ses fesses dans son jean. Une queue de cheval et un chemisier blanc à rayures bleues plus tard, elle remontrait sa bouille dans la chambre pour mieux enfiler des chaussures et un perfecto. C'était le moment de partir pour la plage. En y pensant, elle se demandait si c'était une bonne idée d'avoir pris une douche avant d'y aller. Le sable et l'hypothèse de finir à la flotte lui diraient bien assez tôt si elle avait eu tort ou non.

Se rendre à la plage, c'était aussi simple qu'un bonjour. Traverser la rue, descendre quelques marches et le tour était joué. Sans attendre, elle procédait de la même façon qu'Alec. Pieds nus dans le sable, c'était une sensation qu'elle ne connaissait pas depuis son réveil. « Il a gardé la chaleur de la journée. » Son sourire témoignait combien c'était agréable de marcher ainsi, d'enfoncer ses orteils dans le sable pour mieux ressentir la chaleur, de sentir les grains de sable gratter la plante des pieds. Elle comprenait mieux cette tendance universelle dès lors que l'on se trouve sur une plage. « Il y a intérêt. Et que la suite soit meilleure aussi, ça serait bien. » Parce que la concernant, son coma avait bouffé une bonne partie de 2016 et elle comptait pas revivre une merde pareille, sans compter l'attaque de la x-mansion. Cette année, même sans se souvenir des autres, était probablement la pire de toutes. « Oui, s'il te plait, j'ai trop faim! » A peine avait-elle croqué dedans qu'elle répondait à la question qu'elle s'était posée quelques minutes avant. « Pas mieux, pas pire je trouve. » affirmait-elle sur le goût des hot dog. Probablement qu'il fallait s'éloigner davantage pour avoir une différence sur les plats mais là n'était pas la question.

« Ça se passe toujours bien avec les garçons? » Kayden et Warren qui avaient eu la gentillesse de l'accueillir chez eux depuis plusieurs semaines maintenant. Elle savait qu'avec la mutation d'Alec, les relations pouvaient se dégrader très rapidement, il suffisait de la petite semaine qui séparait Noël du nouvel an pour tout foutre en l'air même si elle ne doutait pas de la patience de Kayden et encore plus de Warren pour le coup. « D'ailleurs j'ai rêve où tu as embarqué limite toutes tes fringues possibles et inimaginables? Je me demande à quelle éventualité tu t'es préparé pour en ramener autant. » C'est qu'elle l'avait remarqué la grosse valise, difficile de ne pas la voir en même temps. « Cela dit, si c'est pour sortir ce genre de chose, t'as eu raison, ça te va bien. Tu devrais en mettre plus souvent. » argumentait-elle en remettant correctement le col du gilet d'Alec de sa main libre. Un sourire malicieux sur le visage, elle ne pouvait s'empêcher de rajouter quelques mots farceur. « Le blanc est une très mauvaise idée à proximité de l'eau tu sais. »

Je donnais un premier hot-dog à Maddy avant d'en sortir un second. J'inspectais distraitement la tronche de la chose avant de mordre dedans. - « Pas mieux, pas pire je trouve. » - Je mâchais un peu, cherchant le détail manquant, et finalement... - Y'a pas assez d'oignon en fait. - Et j'avalais seulement après. C'était bon quand même, ne soyons pas mauvaise langue. De toute façon mon estomac était trop vide pour s'en plaindre et j'étais presque certain qu'en rentrant j'appellerais à nouveau le room-service. Elle me demandait comment ça allait avec les garçons mais enchaînait presque immédiatement sur ma valise et je manquais de m'étouffer, surpris par la réflexion. - Bah j'ai pas pu récupérer grand chose faut dire, donc j'ai.. tout pris. - Elle remettait mon col en place et je tendais le cou pour la laisser faire. - Mais merci. - Un nouveau prélèvement sur le hot-dog et je complétais. - De toute façon je pars toujours trop chargé, j'ai toujours peur de manquer de quelque chose. - Allez savoir, peut être qu'il allait neiger, ou peut être qu'il allait faire assez beau pour se baigner? Bon ok, peut être pas à ce point, mais je préférais être prêt. Même si je pouvais tout aussi bien acheter sur place. - Si tu comptes me mettre à l'eau, c'est en sachant que d'une façon ou d'une autre, tu y finiras aussi. T'es sûre de ton coup? Non parce qu'elle a pas l'air super chaude là. - Parce que réchauffer la surface du sable était une chose, mais réchauffer l'océan...

Je mordais à nouveau, trop affamé, trop pressé, avant de me redresser pour éviter de m'étouffer avec un morceau trop gros. Je finissais assis en tailleur, mon regard doré balayant la zone. - Et les garçons ça va. Je suis toujours sur le canapé, c'est que ça doit aller. - Je restais pensif un instant, n'ayant bien sûr pas raté la réelle question derrière. Mais elle avait raison et c'était en soit agréable de pouvoir parler de ça avec quelqu'un d'autre, vraiment parler de ça. - C'est pas toujours facile, ça m'ennui de leur imposer "ça", mais bon... - Mais bon j'étais incapable de rester seul chez moi. - Kayden il a tendance à s'en ficher, au moins ça s'annule. Il me charrie, ça compense. - Et en soit, j'aimais ça. - Warren... Warren il a l'habitude, il me connait bien depuis le temps, mais j'essaye de me contenir quand il est là. J'ose pas trop l'embêter... - Et parfois je me disais que c'était bien bête de me restreindre. Peut être que ça ne l'aidait pas mais j'y arrivais pas. je voyais Kayden se comporter normalement avec lui, le reprendre quand ça se montrait nécessaire, pas comme si tout allait bien mais justement comme si tout était ce qu'il était, et je n'arrivais pas à en faire autant. - Juste quand y'a ton frère, c'est un peu tendu. - J'esquissais un sourire. - Dans tous les sens du terme d'ailleurs. - Avais-je lâché en vitesse avant de me recevoir le revers de sa main contre l'épaule.

En même temps quand y'a Rachel, il se passe pas grand chose alors faut bien que je trouve de quoi m'occuper ailleurs. - Et oui ça sonnait très bizarre, probablement trop bizarre, mais comme pour bon nombre de choses que je pouvais dire, je n'avais pas réellement le choix. J'avais peut être dit pire, plus sale, mais là on parlait de gens que l'on connaissait, de son frère, et je comprenais sans mal le malaise si jamais il y avait un malaise. Conséquence mon fardeau. Je fourrais le reste du hot-dog dans ma bouche sans la moindre forme de politesse ou de bienséance avant de parler, la bouche pleine. Et elle ne comprenait pas. Normal me direz-vous. Je prenais le temps d'avaler, plaçant machinalement mon poing devant ma bouche comme pour camoufler ma bouche trop pleine, utilité zéro, avant de pouvoir enfin m'exprimer intelligiblement. - Et toi alors? Comment ça se passe avec Alan chez lui? On a pas trop pu en parler la semaine dernière.

A la réponse d'Alec, elle en concluait qu'il était un type prévoyant, préférant prendre trop que pas assez, défiant ainsi le hasard et les possibles surprises de Dame Nature. On pouvait au moins lui accorder ce point-là, tant que ça ne tournait pas à l'obsession, c'était plutôt pratique dans le genre comme d'habitude, bien que cela pouvait vite prendre de la place à la longue. Quoi qu'il en soit, elle ne rebondissait pas vraiment, croquant dans son hot dog et avalant sa bouchée avant d'afficher un sourire des plus malicieux. « J'ai pas peur d'avoir froid un petit quart d'heure le temps de rentrer et de me changer si c'est pour t'embêter comme il se doit. » Et encore fallait-il qu'il arrive à lui faire lever les fesses pour se venger, c'était pas dit qu'elle n'userait pas de son don pour se faire plus lourde que jamais!

Finalement la conversation tournait plus sérieusement. Elle le savait chez Kayden et Warren et même si les garçons n'étaient pas les plus chiants du monde et ceux qui manquaient le plus de patience, elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter un peu pour le brun dont la mutation prenait toujours le dessus. Elle voulait seulement s'assurer que tout allait toujours bien et qu'il avait pas fini sous un pont et seul et effrayé dans son appartement. L'oreille attentive aux subtilités de ses paroles, elle lui décrochait un amical sourire. « Je pense que ta présence peut leur faire du bien aussi. Tu apportes quelque chose que les autres n'ont pas quand tu es quelque part. » Elle ne saurait pas vraiment l'expliquer mais c'était probable que sa présence, ce rayonnement naturel qu'il portait, avait l'avantage de leur apporter du sang neuf, un regard neuf, une autre dimension du monde, une bouffée d'air frais pour oublier un peu la réalité et très certainement des fous rires avec les réflexions déplacées d'Alec. Exactement comme le sien malgré cette main qui s'abattait sur son épaule. « Hé, garde ça pour toi, ce sont des choses que je ne veux pas savoir. »

Le hot dog diminuait assez rapidement, son estomac demandeur. Elle haussait un peu des épaules une fois qu'elle avait compris la question. « Ça se passait bien concrètement mais c'était bizarre. J'ai préféré prendre une chambre d'hôtel en attendant un appartement ou quelque chose comme ça. Déjà parce que son propre appartement est petit, on se monte vite dessus à deux et puis je sais pas, l'impression d'habiter chez un inconnu, ça m'a vite fait fuir. » Parce que si Alec avait l'impression de s'imposer, et bien qu'elle était sa sœur, il en valait de même pour Madelyn vis-à-vis d'Alan. « Et puis je voyais bien que ça lui faisait du mal quand je mettais du temps à réagir à mon prénom parce que je suis trop habituée à Jane ou quand je savais pas quoi lui dire quand il me racontait un souvenir de famille. Tu me connais assez pour savoir que c'est pas mon truc de remuer le couteau dans la plaie. » Ils allaient avoir besoin de temps, beaucoup de temps. Vingt-deux ans de vie et de souvenirs ne pouvaient pas revenir ou se reconstruire en quelques jours.

« Bouge pas, je reviens. » Son hot dog terminé, elle se levait pour remonter dans la rue où des odeurs de street food arrivaient à ses narines de toutes parts. Si elle se dirigeait vers un vendeur de hot dog, ce n'était pas pour lui prendre de nouveaux sandwich - deux autres attendaient encore dans le sac à dos - mais pour lui prendre des boissons, notamment une cannette de cola, une de sprite et une bouteille d'eau. Alec ferait son choix. De retour avec les boissons, elle se posait et enfonçait les contenants dans le sable pour qu'il tienne debout. « Choisis. » Quand ce fut fait, elle en prenait une également au hasard pour boire un peu avant de tendre la main vers lui. « Quoi? Tu sais que je suis pas le genre de nana à manger un bout de salade et une carotte pour être calée. » Raboule le hot dog Jameson! Lui aussi allait pas faire long feu, pour sûr. A peine déballé, qu'elle y mettait un coup de dents avant de poursuivre la conversation. « N'empêche que tu as pas peur de t'ennuyer pour m'inviter quelques jours. » En tête-à-tête notamment, mais nul besoin de préciser, elle doutait qu'il ait embarqué une personne dans sa valise... n'est-ce pas? Trop occupée à discuter, elle ne faisait pas vraiment attention au monde qui l'entourait et notamment au monde aérien. Un moment qu'une mouette trouvait opportun pour foncer sur elle, arrachant une moitié de hot dog. « Hé! Saleté de piaf! »

Je n'avais pas répondu. J'avais juste rien dis. Lorsqu'elle avait dit que j'apportais quelque chose j'étais resté silencieux. J'apportais quoi? Un squatteur? Une grosse bouche à nourrir? Un légume devant la télé? Une plaie à chaque fois que j'ouvrais la bouche? J'étais pas certain de saisir le compliment même si un sourire gêné m'avait pris. Alors ouais, j'avais préféré me taire jusqu'à la suite. Jusqu'au coup contre mon épaule. Mine de rien elle m'avait fais mal et je simulais presque pas lorsque je grimaçais sous la douleur. Douleur qui passait vite, mais tout de même. Elle en venait à me répondre, sur sa vie avec Alan, sur la difficulté de réapprendre à se connaitre. Je n'avais jamais expérimenté l'amnésie, et tant mieux, mais je pouvais imaginer de loin ce que ça pouvait être parce que je l'avais vu chez elle, quand on était à l'institut. Je l'avais vu réapprendre à vivre. Je l'avais vu subir et pleurer lorsqu'elle était seule le soir. J'avais pu l'observer naître et renaître, souffrir. La frustration, la volonté. Mais chez Alan, seuls, enfermés, forcée à des conversations dont elle ne savait rien, hantée par les souvenirs qu'il lui imposait sans être capable de soit même les replacer. Là encore je gardais le silence jusqu'à ne plus avoir le choix lorsqu'elle se barrait en vitesse. A croire qu'elle l'avait fais exprès pour éviter à la conversation de se poursuivre.

Alors j'étais resté là dans mon silence, regardant l'horizon perdu dans la pénombre nocturne, puis détournant le regard pour observer les seins d'une femme allongée un peu plus loin. Elle revenait au bout de quelques minutes seulement, armées de boissons et je pillais la bouteille d'eau, ma bouche réclamant de la fraîcheur face à la viande et à la sauce salée. Maddy tendait la main et je souriais. - « Quoi? Tu sais que je suis pas le genre de nana à manger un bout de salade et une carotte pour être calée. » - Et c'est ce que j'adore chez toi. - Et je servais la dame, lui donnant l'un des hot-dog restant. Non j'avais pas peur de m'ennuyer. Je m'étais jamais ennuyé avec elle, même lorsqu'on ne disait rien. Aucune raison pour que ça commence maintenant. Aucune raison pour que ça commence en plein week-end de nouvel an. On aurait assez de chose à faire pour que la question ne se pose même pas. J'enfournais le bout du hot-dog au moment où elle se mettait à crier et lorsque je tournais la tête, c'était trop tard. Bouche pleine, regard ahuri, je pouffais de rire en contrôlant par miracle pour ne pas tout cracher. Je parvenais à avaler avant de commenter proprement. - Ils devraient mettre des panneaux "oiseau bouffeur de hot-dog" sur les plages! - Oui je me moquais. Même pas désolé.

Toujours dans mon rire je sortais du sac le dernier survivant des quatre et le déballais pour le couper en deux, en donnant la moitié à Maddy, le sourire toujours aux lèvres. - Tiens, tu te souviendras de ma grande générosité au moins. Le dernier hot-dog, c'est pas rien. - Oui et puis le vol de l'avion, l'hotel, les activités... Mais je n'y pensais pas. Pas du tout, et c'était vrai. Mon regard balayait le ciel, suspicieux. Sait-on jamais. Mais finalement je m'appuyais en arrière. Je mordais, mâchais, mais me redressais, pensif. - Tu sais... - Mon regard était parti dans le vide puis revenait, directement sur elle. - Si tu veux t'éviter le loyer d'un appartement, ou de la chambre d’hôtel... Dans mon appartement y'a beaucoup de place. A New York je veux dire. On se marcherait pas dessus et ça t'économiserais au moins ça. - Un petit sourire venait habiller mes lèvres et je haussais les épaules. Après tout il faudrait bien que je quitte l'appartement des deux machins à un moment donné et je me sentirais probablement mieux si quelqu'un était là-bas avec moi. Elle n'avait jamais vu mon penthouse. Je n'étais même pas sur de lui en avoir jamais vraiment parlé. Seuls Kurt et Evan avaient vu durant cette soirée pour le moins mémorable. - Tu paierais ton loyer en cuisine, je trouve que c'est très juste comme solution.

Y penser été douloureux, elle ne pouvait pas le nier. Alan avait beau dire qu'il était son frère, qu'elle avait une famille, des souvenirs quelque part dans un coin de son crâne assombri, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir comme une étrangère, comme une personne totalement extérieure à tout cela. Si ça faisait du mal à Alan, ça lui en faisait tout autant parce que non seulement elle voyait bien qu'elle le blessait mais en plus elle avait cette impression de stagner, de ne jamais avancer. C'est pourtant ce qu'elle avait souhaité: retrouver de la famille, voir des photos, des gens mais sa principale motivation était que ça puisse lui ramener des souvenirs, que ça fasse un déclic... seulement, rien n'était revenu, pas un seul flash. Serait-elle condamnée à ne pas avoir réellement de passé? A se voir raconter des histoires sans pouvoir démêler le faux du vrai, sans pouvoir en rire parce qu'elle aurait la sensation de ne l'avoir jamais vaincu? Elle se faisait à l'idée mais ça mettait du temps à ne plus la blesser alors forcément, pour le moment, elle préférait aller de l'avant, ne plus y penser et s'en construire des nouveaux de souvenirs et elle les voulait plus joyeux que ses premiers mois après son réveil. C'était sûrement là la principale raison de sa fuite pour ne pas poursuivre la conversation et pour revenir avec le sourire et un changement de conversation tout trouvé par une mouette voleuse de bouffe. « Et toi, ça te fait rire? » Ok, elle-même en riait, mais quand même.

En saisissant la moitié du hot dog, son regard était naturellement attiré vers le ciel, à la recherche d'une possible voleuse volante mais plus rien à l'horizon, elle était certainement partie savourer son repas de son goûter. « Je sais pas si je retiendrais ta générosité ou ton rire très moqueur. » Tous les deux savaient ce qu'elle retiendrait de toute façon, elle pouvait bien se permettre cette ambiguïté qui n'en était pas une. Si elle gardait un œil attentif sur le ciel à chacune de ses bouchées, ça ne l'empêchait pas d'écouter son ami. Néanmoins, c'est son élocution directement adressée à elle qui la faisait se tourner vers lui. Il lui coupait le sifflet, littéralement. Il voulait vraiment une réponse, maintenant, tout de suite? « Je sais pas quoi te dire, je m'y attendais pas à celle-là, j'avoue. » Riant, elle peinait un peu à réaliser ce qu'il venait de dire.

La réflexion était pourtant courte pour la blonde, le tintement des pièces de monnaie dans sa poche lui rappelant la dure réalité. Avec son petit salaire, elle était partie pour finir dans une chambre de bonne avec des toilettes collectifs sur le palier. Retournant son regard vers lui, elle lui servait un sourire qui se voulait ravi. « Pour que ce soit équitable, je vais devoir te faire la cuisine et le ménage. Si t'es d'accord, c'est marché conclu. » Un marché qui était plutôt une offre généreuse de la part d'Alec, une nouvelle fois. Le tout était de prier pour qu'elle ne se sente pas comme un boulet. « Promis, je me débrouille mieux en ménage qu'en ramassage de feuilles mortes. » Réalisant ses dires, elle riait doucement. « Je te dois beaucoup de choses en fait. » L'aide pour le ramassage, même s'ils avaient dîné le soir-même, ce court voyage qui ressemblait à un petit rêve éveillé, un futur toit au dessus de sa tête... beaucoup trop de choses mais qu'elle se ferait un plaisir de lui rembourser, elle en était persuadée. Son hot dog finalement avalé, elle finissait aussi sa canette de Cola, mettant serviette et canette dans une poubelle sur la plage posée à cet effet. « Je suis d'avis pour qu'on marche un peu quand tu auras fini. A pas bouger, je commence à avoir froid. » C'était pourtant pas faute de porter un perfecto mais dès qu'il s’agissait de bord de plage, il y avait forcément un peu plus de vent que dans les terres elles-mêmes et puis ça aidait à la digestion, il avait pas le droit de lui dire non!

« Je sais pas quoi te dire, je m'y attendais pas à celle-là, j'avoue. » - Bah tu dis oui, comme ça c'est reglé. De toute façon c'est par pur intérêt. C'est trop grand chez moi pour y être tout seul sans faire une dépression. - Pas faux en soit. Appartement magnifique et moderne, avec beaucoup d'espace. On ne parlera même pas de la vue plongeante sur Central park... mais trop grand peut être. J'y avais vécu durant plusieurs mois. On se sent vite seul là-haut. - « Pour que ce soit équitable, je vais devoir te faire la cuisine et le ménage. Si t'es d'accord, c'est marché conclu. » - Elle me promettait être meilleure à ça qu'en ramassage de feuille et j'esquissais un sourire en y repensant. Quel héro j'avais pu faire ce jour-là. - Tu me dois rien du tout. Et c'est d'accord. Cuisine et ménage. Deal. - Je lui serrais la main en guise d'accord, même si c'était bien inutile. - Y'a déjà quelqu'un qui fait le ménage de toute façon... - Avais-je lâché à mi-voix avant de croquer innocemment. Sous entendu soit elle l'aiderait, soit elle aurait pas grand chose à faire. Elle se levait pour aller jeter nos déchets. - « Je suis d'avis pour qu'on marche un peu quand tu auras fini. A pas bouger, je commence à avoir froid. » - J'enfournais ce qui me restait et souriait avant de lui répondre, bouche pleine. - Fini!

Même trajet vers la poubelle et finalement je la suivais le long de la plage. On irait pas très loin, faudrait pas se perdre, et rapidement mon bras venait l'entourer. Non pas comme une quelconque forme de propriété, mais seulement pour frotter son épaule, la réchauffer un peu. - Le vent marin, ça s'infiltre, surtout la nuit. - Pas comme si j'étais un expert, surtout que j'étais pas plus fan de ça qu'un autre, mais visiblement j'arrivais mieux à gérer ça qu'elle. Et je portais qu'un gilet et une chemise, donc rien de très épais. Dans mon autre main, la bouteille d'eau entamée pendait et j'en buvais une gorgée. - Je te montrerais où c'est, chez moi je veux dire. On y passera en rentrant lundi si tu veux. - Je commençais à m'en faire une joie. Mine de rien, et même si ma place sur le canapé des deux machins m'allait plutôt bien, mon chez moi me manquait. Après tout, c'était chez moi, vraiment chez moi justement. Pas chez des amis, pas chez mes parents. C'était chez moi. Enfin bientôt plus uniquement moi.

Le truc avec le vent marin, comme je l'avais dis, c'est qu'il s'infiltre. Alorsau bout d'un moment, lorsque je sentais Maddy se mettre à trembloter sous mon bras, je lui faisais faire demi tour. - Ok jeune fille, on va se mettre au chaud. On aura bien assez de temps demain pour revenir sur la plage. - A en avoir rêvé tout ce temps, je pouvais comprendre qu'elle veuille y rester un maximum, mais il fallait apprendre la modération. C'est vrai que j'étais un grand maître de ce truc là moi... Et si j'étais malin, ce que j'étais, j'avais pas de mal à supposer que la fatigue du trajet y était aussi pour quelque chose. Moi j'avais dormis tout du long, ça allait, mais elle? Bref on remontait dans la chambre, non sans avoir commandé de quoi avoir un bon dessert et je m'installais sur mon lit en tailleur en attendant. - C'est quelle heure au fait... Ah oui, effectivement. - Dessert à minuit passé? Ouais, on était en vacances, qui viendrait nous réprimander? J'avais commandé des gaufres et j'en sentais l'odeur avant même que le même gars qu'avant ne toque à la porte. Je traînais le chariot à l'intérieur et refermais la porte, m'y collant comme pour empêcher quelqu'un d'entrer. - Ok. Opération gaufres et puis au lit. Ça te va?

Secouant doucement la tête, évidemment, elle ne le croyait pas une seconde. Pas totalement en tout cas. Elle savait que ce n'était pas pour rien qu'il avait atterri sur le canapé des garçons et dans l'autre sens, elle savait très bien qu'il lui avait fait cette proposition parce qu'il savait que ça l'aiderait beaucoup. Elle avait pu le constater à plusieurs reprises, Alec était un gars bien. Pas seulement un type dont le don à tendance à gêner les gens, pas seulement une grande gueule comme certains diraient. Il était juste lui et c'est sa gentillesse que Madelyn voyait avant tout, elle pouvait encore le constater à cette poignée de main solennelle qui ne l'était pas du tout entre eux. « Je ferais au moins la vaisselle, voilà. » Ça, elle était sûre de pouvoir le faire, parce qu'une femme de ménage ne vient jamais pile au moment des repas, ainsi la blonde aurait le temps de la faire. Elle éclatait de rire à son fini clairement gêné par le morceau de hot dog. « Un de ces quatre tu vas t'étouffer, méfies-toi. » Dans un geste parfaitement automatique - et forcément pour une question de confort aussi - son bras se glissait naturellement autour de sa taille pour marcher et profiter en même temps de sa chaleur. « Ça a pas l'air de trop s'infiltrer par chez toi. Je sais pas comment tu fais, t'es un extraterrestre Jameson. »

Un sourire aux lèvres, elle profitait de cette marche tardive pour s’imprégner de l'odeur, de la vue aussi un peu pour ce qu'elle voyait des vagues se jetant sur le sable pas si loin d'eux et surtout des sons. L'océan avait quelque chose d'apaisant qu'elle ne trouvait pas ailleurs, de calme et de puissant à la fois, de relaxant et d'excitant. « Je suis partante pour ça aussi. » Ce soir, c'était surtout le côté apaisant et relaxant qui avait tendance à s'imprimer dans le corps de Maddy au fil des minutes parfois silencieuse mais empli de bien-être. La fraîcheur de la balade la faisait vite frémir au creux du bras d'Alec et c'est en hochant la tête qu'elle rajoutait quelques mots à ceux du jeune homme. « C'est demain aussi que tu finiras à la flotte alors. » C'était trop tard pour ce soir et comme Alec le suspectait, la fatigue avait raison d'elle et elle trouvait sans mal la motivation pour rentrer à l'hôtel et se mettre au chaud.

Elle avait eu le temps de se mettre en pyjama - autrement dit un long t-shirt de mec qu'on lui avait donné à la x-mansion et qu'elle avait finalement adopté ainsi qu'un shorty aux allures de short de sport pour fille qu'on voyait à peine. Cet ensemble n'avait rien de stylé mais clairement, elle s'en foutait, elle se sentait bien dedans et c'était le principal. Ses cheveux détachés avaient pris une ondulation naturelle à cause de l'air de l'océan qui avait séché ses cheveux anciennement mouillés et attachés. Le dos calé contre sa tête de lit, les jambes sous les couvertures, elle se sentait comme un pacha, prête à être servie, l'odeur des gaufres la maintenant encore réveillée pour quelques minutes. « Arrête de me faire saliver et ramène ce chariot par là immédiatement. » Evidemment qu'elle était d'accord, c'était quoi cette drôle de question? Le chariot arrivé entre les deux lits, elle ne se faisait pas prier pour prendre une gaufre et l'agrémenter d'un peu de confiture de cerise, croquant dedans à pleines dents. « On est bien d'accord que si en revenant à New York j'ai pris trois kilos, c'est entièrement ta faute. » Argumentait-elle après quelques minutes alors qu'elle se faisait une seconde gaufre tout en terminant la première. La gourmandise finirait par la tuer pour sûr!

Ce n'était qu'après un gavage digne de ce nom et un brossage de dents en règle, qu'elle revenait dans la chambre pour se glisser de nouveau dans ses draps, se tournant sur le ventre, le visage tourné vers le lit d'Alec. Elle attendait patiemment qu'il revienne lui aussi pour lui souhaiter une bonne nuit mais c'était sans compter sur la fatigue qui l'emportait avant même qu'elle ne puisse le voir s'approcher de son lit. Morphée l'avait happé sans la prévenir et elle s'était endormie toutes lumières allumées. En revanche, la première à voir la lumière du jour le lendemain, c'était bien elle et si dans un premier temps, elle n'avait pas voulu déranger le sommeil du brun, une fois douchée et habillée, le réveil affichant 8h42, elle estimait qu'il était temps qu'il lève ses fesses. Elle aurait pu sauter sur son lit, lui balancer de la flotte comme elle rêvait de le faire depuis la veille mais elle optait pour une méthode de réveil beaucoup plus sympa pour le jeune homme et plus encline à le mettre de bonne humeur. Posant ses fesses sur le bord de son lit, elle glissait sa main sur son dos qu'elle papouillait pour le réveiller en douceur. « Debout la marmotte. On a plein de choses à faire. »

Le dessert était grandement apprécié, car la moitié de hot-dog manquante se sentait. Le vide dans mon estomac. Le grand vide, le grand manque. Le grognement de mes entrailles... Bon ok, pas à ce point, mais tout de même. J'étais resté assis sur le bord du lit à dévorer mes gaufres et à la fin de cette razzia aux airs de boulimie Maddy s'esquivait dans la salle de bain pendant que je rangeais le plateau et mettais le chariot dans le couloir pour que quelqu'un le récupère. Le temps de déboutonner ma chemise et elle finissait. Je prenais sa place, jetais mes vêtements dans un coin et m'aventurais sous la douche. Une douche bien chaude, tout jets dehors, et je prenais mon pied. Longtemps. Sans me soucier de la quantité d'eau ou de l'heure qu'il pouvait être. Juste l'eau chaude, ma peau... Je m'appuyais au mur, laissant les jets masser mon dos et finalement au bout de longues minutes, nombreuses minutes, je finissais par sortir de là, totalement détendu. Séchage et j'enfilais mon short, un short en jersey noir, avant de sortir de là, la vapeur d'eau s'échappant au plafond. Maddy dormait déjà, elle n'avait pas tenu et j'esquissais un sourire avant de glisser dans mon propre lit, ma tête s'écrasant dans l'épais coussin. Les rideaux étaient encore ouverts? Tant pis, ça me réveillerait certainement le premier au lever du soleil...

Enfin c'est ce que j'avais pensé. Et puis quand j'avais senti une main dans mon dos, quand mes yeux c'étaient réveillés avant que mes paupières ne s'ouvrent, quand j'avais constaté la lumière dans la pièce... - « Debout la marmotte. On a plein de choses à faire. » - Bah j'avais été bien sur le cul. Enfin j'étais sur le ventre, et la couverture était loin en bas de mon dos, mais j'étais sur le cul. Mon regard observait l'horloge numérique qui indiquait presque 9h et je soupirais. Pas agacé parce qu'on me réveillé, mais... Enfin le réveil quoi. L'avantage de voir à travers ses paupières c'est qu'il pouvait faire très lumineux, je n'avais pas mal aux yeux. Pas encore. Ça allait venir. Je me retournais, les yeux toujours fermés, et au moment où je voyais son visage j'ouvrais les yeux doucement... pour mieux grimacer en les refermant. - Ok, non, lumière, haa... - Je me renfonçais le visage dans le coussin puis finalement tournais la tête côté mur et ouvrais un peu les yeux. Ma voix était encore enrouée, mon visage probablement totalement défait. - Cinq minutes? - Ou dix, ou quinze... De toute façon j'étais incapable d'émerger rapidement et elle le savait.

Donc, dix minutes plus tard et uniquement parce que je me forçais, je me traînais hors du lit, finissant mes pérégrinations la tête dans le lavabo, sous l'eau froid. Le choc thermique était puissant, mais c'était nécessaire. - On fait quoi? - Je passais un coup de serviette sur mes cheveux et passais la tête par l'ouverture de la porte. - Hein? On fa... AH! - Une goutte gelée venait de trouver son chemin le long de mon dos et le frisson était violent. Je jetais la serviette par dessus mon épaule, tentant de chasser la fautive. - Je disais, on fais quoi? T'as pensé à quelque chose? - Je retournais à l'intérieur de la salle de bain, laissant la porte ouverte sans vraiment y penser. - On peut aller au centre-ville si tu veux. - Certes, qui disait centre-ville disait une migraine pour mon cerveau, mais je l'avais pas embarqué ici pour rester enfermé dans cette chambre. Je prendrais sur moi, je m'acharnerais sur mon téléphone. Pas comme si j'avais pas l'habitude depuis le temps. - On visite un peu et on mange en ville. On a toute la journée devant nous. Du moment qu'on est ici vers 18h, tout va bien.

La journée commençait avec un sourire franc quand Alec ouvrait les paupières et qu'il était gêné par la lumière du jour. Son grommellement faisait rire Maddy. C'était pas un mec pour rien tiens, enfin un humain tout court d'ailleurs. Elle avait le même comportement mais seulement les jours de fatigue. Certes, comme tout le monde, elle était gênée par une lumière puissante mais son avantage était qu'elle trouvait la lumière du soleil motivante pour se lever et profiter de la journée. C'était probablement pour ça qu'elle était réveillée la première ce matin. « Prend le temps que tu voudras, on est pas pressé non plus. » Une caresse plus tard dérivée dans ses cheveux en bataille, elle occupait les minutes qu'il demandait pour préparer un sac. De quoi boire, un peu de monnaie, des lunettes de soleil si ce dernier devenait gênant, des mouchoirs, bref, le nécessaire pour parer a de possibles soucis. Tout en écoutant Alec, elle glissait le sac à dos sur ses épaules. « J'aimerais bien oui mais ça va aller pour toi? » Elle ne voulait pas lui faire trop subir non plus mais elle imaginait facilement qu'il s'était déjà aventuré dans le centre-ville de New York, ça ne changerait probablement pas grand chose à Los Angeles mais tout de même. « Comme tu veux, ça me va dans ce cas. » La suite des paroles d'Alec avait confirmé que ça le gênait pas et dans ce cas, elle approuvait.

C'est de cette façon qu'ils s'étaient retrouvé en ville après un bon petit-déjeuner. Si elle profitait tout de même des lieux et même de quelques boutiques ne serait-ce que pour regarder ou s'acheter un article pas trop cher, elle ne pouvait pas s'empêcher de se soucier du jeune homme. Forcément, elle voyait aisément qu'il était parfois au bord de l'impulsion et faisait subir durement à son téléphone. Elle aimerait l'aider, vraiment, faire taire sa mutation mais ils en avaient déjà parlé. Ne plus lui permettre de voir serait pire encore et il en deviendrait fou alors elle ne faisait rien, empruntait subtilement des voies piétonnes moins fréquentées pour lui permettre de respirer un peu plus, d'avoir moins de personnes à observer et d'envie de commenter. C'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvé à déjeuner dans un petit endroit sympa, sans trop de monde, ou en tout cas, pas du monde qui changeait rapidement, ce qui permettait, elle l'espérait, à Alec d'avoir moins de choses à commenter. Sérieusement, elle se demandait comment il ferait si par malheur son téléphone ne fonctionnait plus ou s'il se le faisait voler à l'arrachée.

Quoi qu'il en soit, et comme prévu, ils rentraient pour 18h à l'hôtel, suite à quoi la jeune fille s'empressait de retirer ses chaussures. « OMG, ça fait trop du bien. » S'étalant sur son lit comme une étoile de mer échouée sur la plage, elle remuait ses doigts de pied douloureux par la marche. Si ses muscles chauds lui avaient permis de marcher plus ou moins correctement, elle payait maintenant son coma. Elle n'avait plus l'habitude de marcher autant mais ça lui faisait un bien fou, elle se sentait davantage comme le commun des mortels. Se redressant pour s’asseoir, elle croisait le regard du brun et souriait tendrement. « Merci d'avoir fait l'effort pour moi. J'ai bien vu que c'était pas toujours facile pour toi. » Tout en massant sa cuisse et en faisant quelques étirements pour éviter les courbatures, elle fouillait dans l'armoire à la recherche d'une tenue pour ce soir. Elle n'avait emmené grand chose mais aujourd'hui, il faisait bon dans la cité des anges, le vent ne s'était pas levé... est-ce qu'elle allait prendre le risque de se mettre en robe? Oh aller, elle pouvait prévoir un jean aussi dans lequel elle rentrerait sa robe pour en faire un haut si jamais elle avait trop froid.

Ce qui n'était toujours pas le cas quand elle finissait son dessert du dîner, installée sur une terrasse sur la plage, effondrée de rire des âneries passées d'Alec. « Et t'as réussi à te décoincer ou ils ont dû scier les barreaux? » Elle l'imaginait tellement la tête coincée qu'elle avait bien du mal à se retenir de rire tant l'image était ridicule. Finissant son verre de vin pour faire passer son fou rire, elle en chialait presque tant elle avait ri. « Je reviens tout de suite. » S'éclipsant quelques minutes au petit coin, c'était un passage obligé. Sachant qu'ils allaient passer la soirée sur la plage, elle ne tenait pas à être gênée dans la soirée par une envie de pipi trop pressante. Ce n'était qu'après quelques minutes qu'elle refaisait son apparition en remettant sa robe blanche en place - elle ne tenait pas à ce que le public profite de ses fesses, clairement. Il était seulement aux alentours de 21h30 et du monde arrivait déjà sur la plage en masse alors qu'elle enfilait sa veste et qu'elle observait le grand feu de plage que les organisateurs étaient en train d'alimenter en bois. « T'es sûr de vouloir passer la soirée ici? Surtout tu hésites pas à me le dire si ça va pas hein. Je préfère qu'on s'éloigne plutôt qu'on reste et que tu te sentes vraiment trop mal à pas pouvoir gérer. »

Cette journée avait été longue. Éprouvante. Agréable, oui, mais éprouvante. J'avais l'habitude de subir ma mutation, depuis toutes ces années je savais à quoi m'attendre et j'avais appris à prendre sur moi. J'avais appris à compenser un maximum en écrivant sur mon téléphone. En rédigeant tout ce que je pensais. Et c'est ça que Maddy avait pu voir toute la journée: moi, mon téléphone à la main. Je participais bien sûr, je ne m'isolais pas, mais lorsque l'on se retrouvait sur un endroit passant je perdais vite pied, je regardais au sol pour n'avoir à observer que les égouts et le métro. Parfois elle m'avait même donné la main pour me diriger pendant que je regard par terre. J'avais essayé de faire au mieux pour ne pas gâcher sa visite. Pour ne pas être un poids trop important. Et finalement à 18h lorsqu'on rentrait dans notre chambre, je me laissais lamentablement tomber sur mon lit, étalé sur le ventre, la tête enfoncée dans le matelas, les jambes qui dépassaient. Je tournais la tête vers elle pour éviter de m'étouffer. - « Merci d'avoir fait l'effort pour moi. J'ai bien vu que c'était pas toujours facile pour toi. » - Un sourire fatigué tirait mon visage et je la voyais masser sa cuisse. Elle n'était pas mieux loti que moi à l'évidence, mais elle semblait tenir le coup. Le reste de la soirée serait moins mouvementé.

Je fermais les yeux, la voyant toujours mais au moins je les reposais. - On doit être sur la plage à 19h30... - Et cette migraine qui torturait ma tête... - On a le temps, j'irais me préparer après toi. J'vais... me reposer un peu. - Ma main trouvait le chemin du tiroir et j'en sortais un flacon de médicaments. Une gélule, un coup d'eau, et c'était réglé. Qu'est-ce que c'était? Un truc pour ma tête, plus puissant et efficace que la moyenne. Je branchais mon téléphone et  m'endormais presque immédiatement, épuisé, et lorsqu'elle avait terminé, elle venait me réveiller aussi doucement qu'au matin. Peut être plus doucement encore. Lorsque j'ouvrais les yeux, ils étaient agressés par la lumière artificielle mais je n'avais plus mal au crâne. Il ne me fallait pas longtemps pour me préparer, de toute façon je n'avais pas de temps à prendre, et après une douche rapide je m'habillais, me coiffais, et me présentais à la porte pour descendre. Dans ma poche, mon portable totalement rechargé et ma boite de gélule. J'en aurais probablement besoin.

« Et t'as réussi à te décoincer ou ils ont dû scier les barreaux? » - Ils les ont scié, juste au dessus de moi! - J'avais même eu une marque de brûlure au niveau de l'épaule durant quelques semaines. Foutu escaliers de la maison de vacances! Bizarrement ça m’empêchait pas de mettre ma tête entre des choses, mais c'était plus des barreaux. Les barreaux je fais plus. Pourquoi j'en étais venu à raconter ça? Aucune idée, c'est pas comme si elle pouvait me raconter quelque chose d’embarrassant elle-même, le jeu était cheaté dés le départ. - « Je reviens tout de suite. » - Elle achevait son verre et filait. J'avais réussi par je ne sais quel miracle à épargner la moindre tâche à ma chemise blanche et buvais une gorgée de mon vin blanc en attendant. Mon regard balayait la zone, mes doigts tapant sur le téléphone sans que je ne regard plus l'écran. Ça faisait bien longtemps que je n'en avais plus besoin.

Lorsqu'elle revenait je lui souriais sans rien dire et elle remarquait l'arrivée lente d'une multitude de personnes sur la plage. Minuit viendrait bien assez vite et si nous avions déjà nos places pour le grand feu, la plage n'était pas vide. - « T'es sûr de vouloir passer la soirée ici? » - Mon sourire se fanait légèrement, le temps que je regarde moi-même tout ce monde, et puis je revenais à elle, un sourire nouveau sur le visage. - A condition que le type d'à côté garder son string sur lui... - L'homme me lançait un regard alarmé. - Désolé! - Fallait bien que j'en fasse une dans la soirée. Je sortais de ma poche le flacon blanc avec les gélules opaques à l'intérieur. - J'obtiens ça par la mère de Warren. C'est un produit haut de gamme qui me permet de calmer... les maux de tête, et tout ça. Tant que je les prend, tout va bien. - J'étouffais un rire. - Et puis je dormirais une bonne partie de la semaine. - Petit effet secondaire. Tant que je les prenais, il n'y avait que du bon. Mais aussitôt que j'arrêtais, mon corps réclamait le repos nécessaire. Entre ce jour-ci et le lendemain, j'en aurais certainement pour deux ou trois jours de sommeil. Mais c'était pas grave. Ça irait.

Un serveur nous apportait une nouvelle bouteille de vin, pas comme si on dormait pas juste au dessus, et je nous resservais. Il fallait bien faire passer le temps et puisque le repas était terminé, on se contentait de vin et de mots pour le combler. De plus en plus de monde arrivait sur la plage, s'installait, trouvait sa place, et de plus en plus j'avais envie de bouger. A un moment, je balayais la terrasse du regard et disais à Maddy de ne pas bouger avant de me lever pour rejoindre les serveurs. J'en revenais quelques minutes plus tard, un bouteille de champagne dans une main, deux flûtes dans l'autre. - Viens avec moi. - Salir nos vêtements? Moi je m'en fichais, elle... devait préférer la plage à sa robe. On se retrouvait rapidement un peu plus avant, à quelques mètres de la terrasse, presque au bord de l'eau. Je plantais la bouteille dans le sable humide pour la garder au frais et posais les flûtes pour qu'elles tiennent seules debout. Les voix des clients étaient plus lointaines, même si proche, et la masse de spectateur n'était plus dans mon champ de vision direct. Il me suffisait de ne pas tourner la tête. Au loin et dans l'ombre, plusieurs petits bateaux se mettaient en place, chargés de fusées et de de poudre. Il était bientôt l'heure, à quelques dizaines de minutes prêts. - Ce sera plus très long. A minuit, on fait péter le champagne.

La soirée se passait très bien jusque-là, les discussions à rire étaient davantage présentes que les sérieuses et ça faisait un réel bien à Madelyn de décrocher un peu du quotidien. Elle oubliait, le temps d'un instant, tout ce qui faisait que sa vie était clairement pourrie en ce moment pour ne se concentrer que sur Alec et ses histoires sorties par moment d'un film comique. Automatiquement elle tournait la tête vers le type dont il parlait. Damn, elle l'aurait jamais imaginé avec un string celui-là, vraiment pas - et elle ne voulait pas s'imaginer non plus ce qu'Alec voyait pour qu'il supplie presque que ce type garde son string. Pourtant, malgré son rire et le bien-être qu'elle ressentait, elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui en voyant les gens arriver sur la plage. Elle avait fait l'expérience avec lui cet après-midi, elle avait bien remarqué que son don - ou plutôt ses conséquences - prenaient le dessus rapidement au point d'en devenir désagréable pour lui. Elle se refusait de lui imposer ça. Elle n'était pas venue ici pour rester centrée sur sa petite personne, c'était un moment qu'elle voulait partager et s'il pouvait se faire dans les meilleures conditions pour tous les deux, ça serait le mieux. Reprenant sa place face à lui, elle l'écoutait parler, les yeux rivés sur le flacon qui dansait dans sa paume et forcément, une question lui taraudait l'esprit. « T'es bien sûr que tu crains rien à le mélanger avec de l'alcool? » Parce qu'il l'avait lui-même dit. C'était un médicament catégorisé supérieur à la moyenne, au point de l'épuiser et ils n'étaient pas à leur première bouteille. Elle ne tenait pas spécialement à passer le reste du séjour à l'hôpital s'il faisait une réaction.

Au fil des minutes et des heures, les terrasses des restaurants et des cafés commençaient à se remplir, notamment sur la rive qui donnait un bon point de vue pour le feu d'artifice de la nouvelle année. Elle hochait seulement la tête à la demande d'Alec, ne bougeant pas de sa place et observant l'océan d'où elle était. L'alcool l'avait clairement réchauffée - manque d'habitude, très certainement - elle se sentait bien, détendue - trop peut-être. Une vague de personnes se dessinait sous ses yeux qui dérivaient rapidement sur sa montre. C'était bientôt l'heure et Alec l'avait aussi remarqué puisqu'il revenait avec une bouteille qui, d'après ce qu'elle avait compris pour le peu qu'elle avait d'expérience, était un alcool de fête, rarement ouvert hors des occasions. La nouvelle année était une belle occasion, le moment de faire table rase de l'année passée, d'oublier ses erreurs, de pardonner, d'évincer ses peurs. « Par contre, t'as clairement pas peur que je finisse à quatre pattes dans le sable et que tu sois obligé de me ramener en me traînant par un pied. » disait-elle non sans rire de l'image qu'elle avait en tête. Étonnamment, elle le suivait plutôt bien, sans tituber, sans même avoir la tête qui tournait - bien qu'elle se demandait si on allait pas leur courir après pour partir comme ça mais ce n'était pas le cas.

Retrouvant le confort du sable, elle lissait sa robe sur ses jambes tendues et croisées et faisait mine de rien, comme si les paroles qui allaient suivre n'étaient pas emplies de malice. « Ça veut dire qu'il me reste que quelques minutes pour décider si tu vas finir à l'eau en 2016 ou en 2017? » Il l'avait toujours pas pris son bain océanique lui et ça, elle ne l'avait pas oublié. D'autant plus qu'à minuit, ça serait l'occasion de lui subir un bain de minuit... certes, tout habillé mais ce n'était pas la question. Se penchant légèrement en arrière, elle s'appuyait sur ses mains et retrouvait un peu de sérieux. « Qu'est-ce que tu aimerais le plus pour cette nouvelle année? » Bonne résolution ou simple souhait, elle voulait juste apprendre ce qu'un homme comme lui attendait de la vie finalement. Découvrir ses envies, connaître ses rêves, en apprendre plus sur lui, encore et encore. Oui, elle avait soif de le connaître davantage, comme une évidence finalement. Dans la pénombre, bien qu'éclairés par le feu de la plage un peu plus loin, elle ne le quittait pas du regard en continuant la discussion, le décompte finissant par arriver à ses oreilles après quelques minutes de patience. Cinq, quatre, trois...

L'alcool, les médicaments, c'est sûr ça faisait pas bon ménage. Mais ça irait. J'avais l'habitude, j'avais aussi fais pire. Certes c'était pas très malin, mais ça irait. Une fois dans le sable elle commentait la présence de la bouteille. - « Par contre, t'as clairement pas peur que je finisse à quatre pattes dans le sable et que tu sois obligé de me ramener en me traînant par un pied. » - Un sourire passait sur mon visage et je l'observais de haut en bas. - Oh tu sais, je te porterais jusqu'à la chambre. - J'allais dire "j'ai l'habitude de porter du poids" mais je m'abstenais. Pourquoi? Allez savoir. Simple instinct de survie peut être. Ne jamais sous-estimer un Underwood. Une fois installés, une fois face à l'océan, je tournais la tête vers elle avec un nouveau sourire. - « Ça veut dire qu'il me reste que quelques minutes pour décider si tu vas finir à l'eau en 2016 ou en 2017? » - C'est ça, décide toi vite. - Et j'avisais l'eau et sa fraîcheur. Il faisait doux pour une nuit de Décembre, très doux, mais l'air et l'eau n'étaient jamais à une température identique. Dans un effort de non élégance, je retirais mes chaussures. J'étais déjà en costume sur la plage, fallait pas pousser. - « Qu'est-ce que tu aimerais le plus pour cette nouvelle année? »

Je gardais le silence, y réfléchissant un instant sans rien répondre de suite. Ce que j'aimerai pour cette année... Je n'avais jamais vraiment eu de bonnes résolutions à tenir, ou en tout cas de résolutions que je puisse tenir. Et a part un peu de paix, je ne voyais pas. La paix pour nous, les mutants. La paix et l'acceptation. Mais pour moi personnellement aussi. Juste pouvoir dormir la nuit, cesser d'avoir peur. Apprendre à pouvoir m'occuper de moi-même sans avoir à m'appuyer sur d'autres. Dans l'air de Los Angeles le décompte commençait et automatiquement mon regard se portait plus au loin vers l'horizon invisible. Quatre, Trois... - Deux, Un... - Mais à la place des "bonne année" qui auraient dû envahir la plage, c'est le son des détonations et les lumières dans le ciel qui s'imposaient. J'en avais presque sursauté avant de porté mon regard vers le ciel. Les couleurs étaient magnifiques. Une musique venait accompagner le visuel dans des hauts-parleurs disposés un peu partout et ce spectacle de pyrotechnie se poursuivait durant une bonne vingtaine de minutes, bonne vingtaine de minutes que j'avais passé la bouche entrouverte, presque allongé sur le sable, à observer, à admirer. Les feux d'artifices avaient ce pouvoir là sur les gens.

Lorsque les feux cessaient, une fois que les applaudissements avaient cessé, j'avais crié comme un fou, j'avais jeté ma veste dans le sable et j'avais couru à l'eau, volant à Maddy la joie de me le faire subir. Et puis j'étais revenu, et je lui avais fais un câlin humide et gelé.  J'avais attrapé la bouteille et en avais fais sauter le bouchon avant de remplir les deux flûtes. C'était une nouvelle année qui débutait. Une nouvelle année que j'espérais meilleure que la précédente. On se disait que rien ne pouvait être pire mais ç'aurait peut être été utopiste de croire ça. Naïf. Je devais travailler sur ça. Alors on avait bu. On avait fini cette bouteille. On avait trouvé le moyen de corrompre les gars du dîner pour avoir une nouvelle tournée de dessert et on avait tardé sur la plage. On avait discuté, on avait ris, on avait même passé un moment de la nuit avec un groupe de jeunes autour du feu. Après tout, plus on est de fou mieux c'est, non? Ils avaient beaucoup aimé mes yeux... Mais ils étaient aussi très "loin", alors j'étais pas sûr de savoir quoi faire de ça. Toujours est-il que lorsque le soleil pointait le bout de son nez, nous étions toujours là, sur la plage, à observer le lever du soleil.

On avait attendu, attendu qu'il soit bien là pour remonter à la chambre. Je n'oserais dire dans quel état, mais mes chaussures étaient restés sur la plage, et ma chemise n'était plus très blanche, ni très boutonnée d'ailleurs. On avait passé la journée dans la chambre. On avait dormi, décuvé, dormi encore. Le room service avait fait chauffer son chariot et j'avais certainement passé trois bons quart d'heure sous la douche à apaiser mes muscles courbaturés par l'alcool. Deux bons déchets qui se respectent. On avait tout donné dans ce réveillon, dans cette nuit sur la plage. Le soir du dimanche avait été plus calme mais pas moins festif et nous avions profité du lundi pour visiter un peu, vraiment un peu, avant de reprendre l'avion. Ça avait été un week-end pour le moins intense. Fatiguant aussi. Mais c'était de la bonne fatigue, de la fatigue méritée. Des choses que je ne regrettais pas. La souffrance dû à ma mutation n'avait été que secondaire, j'avais fais en sorte quelle le soit et je ne regrettais pas une seule migraine. Je n'étais pas dans la tête de Maddy, et j'avais dormi la majorité du vol, mais j'avais cru comprendre qu'elle avait aimé aussi. En tout cas si je me basais sur le sourire qu'elle arborait malgré l’extrême fatigue. Je ferais ce qui était à faire pour préparer le penthouse à son arrivée, quand elle le voudrait. Ça ferait bizarre, mais ce serait sympa. Et si c'était tout le temps comme à L.A... Non. L.A. avait été unique.