Un optimisé, un dopé génétique. Un dopé efficace, qui plus est. En lévitation sans aucun moyen de retrouver la terre ferme, ils n’avaient pas besoin de parachute, c’était une certitude, mais l’être humain n’était pas supposé voler, si vous voulez l’avis de Snow ; hormis peut-être Warren et son petit côté pigeon ou Bobby, surfeur des glaces au dessus du sol. Non, décidément, elle détestait ça. Elle n’avait jamais compris l’attrait du psychologue pour les glissades à grande vitesse, montagnes russes plus que plaisir, selon elle. Hé, ne lui dites pas qu’avant son accident elle n’était pas particulièrement embêtée par la hauteur, elle ne vous croirait pas. C’était facile pourtant, avec la glace, de s’arracher à la gravité. Le vertige, ce fléau. Ca flotte, ça flotte, et ce type trouve drôle de les laisser ainsi. Est-ce qu’ils aimeraient, eux, se peler du matin au soir ? En tous cas, Warren était peut-être prof de sport, mais pas patineur artistique. Il avait l’air parfaitement - hautement - ridicule à battre des ailes par réflexes en se tenant, tentant tant bien que mal de ne pas finir l’arrière-train sur le sol. Avec ses abdos en béton, il ne pouvait pas faire mieux que cela ? Enfin, au moins Dayle accepte de rendre l’humanité - ou juste eux, maigres représentants décriés - à la terre, pour le plus grand plaisir de Snow.
« Disons que je donne mon cours et qu'après, je te prends où tu veux et quand tu veux. » Un haussement de sourcils. Elle a bien entendu ce qu’elle a entendu ? Et Dayle de renchérir : « Fait pas de promesse, la dernière blonde à qui t'as dit ça s'est fait une soirée Netflix toute seule chez elle. » Le rire est instantané, parfaitement sincère. On l’entendait très peu rire, Snow, mais là c’était d’une spontanéité difficile à dissimuler. En voilà, un dossier. Et le sourire en coin de la blonde annonce d’avance une nouvelle réplique. « Je suis navrée de te décevoir, ma lingerie est déjà estampillée Drake. » Visiblement, personne n’avait décidé de prendre la réplique de Worthington au sens le plus innocent, sans doute à son grand dam. C’est sûrement une surprise pour lui, mais elle est capable de s’amuser, de se détendre et même de faire du second degré. On en découvre de ces choses, dans une cuisine ! « Et c’est bien arrogant de prétendre pouvoir battre une cryokinésiste à la bataille de boules de neiges, Bobby ne t’a donc rien appris ? » Et la tête de Warren visé à l’arme enneigée par l’action fulgurante de l’adversaire n’avait pas de prix ! Moins cependant que celle d’Alec hilare qui s’en prenait une en plein derrière le crâne, spontanément générée par la jeune femme. Ouh, cette cuisine prenait des airs de bataille générale ! En plus, forcément, elle triche ! « Touché, Goldeneye ! »
La neige avait ce drôle de pouvoir, elle pouvait changer une atmosphère métaphoriquement glaciale en terrain de jeu. Cela dit, à l’intérieur, c’était un nid à catastrophes. « Quelqu’un nous fait glisser l’oiseau vers l’extérieur ? Dayle ? Les batailles enneigées, c’est dehors, normalement. » Comment ça, Warren avait un cours à donner ? Pauvre chaton ! Pardon, c’est méchant de comparer un oiseau à un chat, sachant que l’un est bouffé par l’autre. « Je suis certaine que tes élèves préfèreraient un cours hors du commun plutôt que des tours de terrain à s’essouffler sans objectif. » Ho, il ne faut jamais sous-estimer les jeux d’hiver, c’est tout un art, et du sport aussi. Et loin de sa tarte, surtout.
Je suis un grand innocent entouré par les pervers qui ne voient tout de suite que des propositions douteuses où il n'y en a pas, voilà, c'est tout ! Je ne fais que répondre à une invitation à se défier avec de la neige et je peux être un canon à neige, même pas peur, même contre Miss cœur de glace ici présente. La dernière réponse à laquelle je m'attendais est celle de Dayle qui fait une référence même pas dissimulée à Dana, lors de nos vacances. Je fais de grands yeux ronds, il n'a pas osé dire ça ? Il n'a pas franchement osé ? Je vois déjà radio potins s'activer de toutes parts et je secoue la tête avant d'entreprendre de corriger mon fidèle traître de compagnie. Je lève un index de rectification alors que Snow et Alec en profitent pour se marrer. Mon petit cœur fait un bond. Snow sait rire ! Allez, plus de mauvais esprit... J'entreprends donc de rectifier – parce que mon orgueil veut qu'il n'y ait pas de rumeur disant que je laisse mes conquêtes sur leur faim, assez pour qu'elles doivent se mater des séries au lieu de prendre leur pied – et me racle la gorge avant d'entamer : « Alors c'est TOTALEMENT hors contexte ! Elle a fini toute seule chez elle parce que je suis un parfait gentleman... » et je crie sur Dayle avec un air faussement vexé : « J'avais payé une omelette à Rachel, quand même ! »
Je lève les yeux au ciel quand je me redresse, je viens de capter quelque chose. Je me retourne vers Snow et demande avec légèreté : « D'ailleurs, on attend tous le faire-part avec impatience. Tu n'oublieras pas le III à la fin du nom, sur l'enveloppe. » Oui bon d'accord...... Robert a l'air vraiment amoureux d'elle et vice et versa. Et puis je ne peux quand même pas m'immiscer dans leur vie de couple. Enfin je pourrais essayer mais je ne veux pas perdre Robert, à qui je tiens beaucoup. Il a un courage sans borne même s'il aide tellement les autres qu'il a tendance à s'oublier. Mais j'ose croire que Prudence l'aide à travailler là-dessus.
« Et c’est bien arrogant de prétendre pouvoir battre une cryokinésiste à la bataille de boules de neiges, Bobby ne t’a donc rien appris ? » « Il m'a appris à ne pas laisser mon armoire à linge ouverte et j'ai obtenu le droit de m'asseoir dans son fauteuil quand je veuuuux. » Vous le voyez, là, le sourire de la victoire digne d'un gamin de cinq ans qui vient de trouver la fève dans la galette ?
Et là c'est le drame. Tout mon corps se tend – enfin non, pas tout Alec, les boules de neige n'ont aucun effet aphrodisiaque sur moi – quand la masse glacée vient percuter ma peau. J'ouvre grand la bouche. J'étais pas prêt ! Alors qu'Alec rit, je le vois s'en manger aussi une du coin de l'oeil, et en profite pour prendre ma revanche, me moquant à mon tour. Je me rapproche de la fenêtre en mentionnant qu'il y a toujours un objectif à leurs tours de pistes ! Je vérifie que mon pantalon de pyjama ne se fasse pas la malle puis précise qu'il est interdit de viser sous la ceinture. … Non trop dangereux : « Je vais m'habiller ! » Je sors précipitamment de la cuisine et cours à ma chambre au moins enfiler un caleçon, un jean et un gilet, pas le temps pour une chemise et avec un t-shirt, pas d'ailes. Je m'élance à l'extérieur et me pose devant la fenêtre de cuisine. Ah, ils ne sont déjà plus là les fourbes ! Je prends un peu de hauteur et m'écrie : « Je prends Snow avec moi, contre Kay et Alec. Et non, ce n'est pas de la triche. » Bon ok, c'en est. Je m'approche d'eux, particulièrement de Prudence et lui dis un peu plus bas : « Si tu veux qu'on essaie de faire équipe... »
Je résistais à l'envie de dire "trop tard" à voix haute et avait déjà mon téléphone allumé sous la table - avantage de voir à travers la matière - pour envoyer un message à une ou deux personnes. Et si, radio potins était déjà en marche, désolé. Warren, blonde frustrée, netflix, omelette. Répété, amplifié, déformé. La bonne vieille rumeur dans toute sa splendeur. Mais à peine avais-je fini qu'une masse froid frappait l'arrière de mon crâne et c'était mon tour d'ouvrir la bouche sous la surprise. - Ok ça va se payer ça. - Je levais mon regard vers Snow en rangeant le téléphone dans ma poche. - Ça va se payer!
A la remarque de Warren sur l'histoire de piquer le fauteuil de Bobby, je voyais Dayle sourire. Il l'avait vu, le sourire victorieux du gamin aux ailes. Il l'avait vu et ça l'amusait visiblement beaucoup. On avait réussi, malgré moi en tout cas, à motiver Warren pour un petite bataille et vu que j'étais déjà en jambe pour ma vengeance, c'était acquis. Snow débarrassait Warren se ses patins pour éviter qu'il se casse une jambe, ou les deux, plusieurs fois, et il s’éclipsait. Il allait s'habiller? Pourquoi? Dayle devançait ma question. - Il a peur de se retrouver dans un pyjama tout mouillé qui mettrait tout bien trop en relief. Ce gros bébé. - Oh bah pour moi ça change pas grand chose hein... - Moi je le voyais toujours, le gros bébé.
Le temps que Warren était là-haut, on était sorti et une fois dans un espace assez vide, Snow avait fait apparaître la neige. C'était toujours aussi joli à voir et Dayle avait déjà commencé à former quelques boules entre ses mains. Des boules. Entre ses mains. Doux jésus tout nu. Il ne nous fallait pas attendre bien longtemps avant d'entendre les battements d'aile d'Angel et sa voix suivait. - « Je prends Snow avec moi, contre Kay et Alec. Et non, ce n'est pas de la triche. » - Tricheur! - Tricheur! - Avait-on dit d'une même voix au moment précis où il avait prononcé le mot "triche".
Warren se rapprochait de Snow et je faisais quelques pas pour rejoindre Dayle. - Une stratégie, grand chef? - Bourrine. Et si jamais Warren s'envole, je m'en occupe. - Ça me convenait. Je prenais un peu de neige entre mes mains et formait une boule. - Attend. Kay? Pourquoi Kay? - Plus tard! - Et déjà il s'élançait. Pas de répit pour les autres, il balançait déjà une boule en direction de Warren. Il y avait entre ces deux là un esprit de compétition insoupçonné et pourtant Dayle ne l'était pas vraiment avec les autres, compétiteur, du moins de ce que j'en avais vu.
Tricheur. Tricheuse. La cryokinésiste qui pouvait nous balancer des boules de neige directement depuis le ciel. Tu parles d'une bataille égale. Mon attention se portait sur Snow et tout ce que je voyais c'était deux seins qui ballottaient et une cible sur sa tronche. Je prenais moins de risques que Dayle pour ma part. Dans mes mains j'avais deux boules et je m'approchais suffisamment pour lancer les deux directement vers Snow. - Vengeaance!
« D'ailleurs, on attend tous le faire-part avec impatience. Tu n'oublieras pas le III à la fin du nom, sur l'enveloppe. » Interloquée, c’est le mot qui correspond le plus à l’état de Snow lorsque Warren évoque les faire-part, si bien qu’elle n’a pas noté l’évocation de cette Rachel, si bien qu’elle en a oublié le manque consternant de romantisme dont il faisait preuve. Qu’est-ce qui lui faisait dire qu’il serait invité, mh ? Mieux encore, elle n’avait pas l’intention d’envoyer de faire-parts étant donné qu’elle n’en était qu’au début de sa relation avec Bobby. La première fois qu’ils avaient tenté d’être ensemble, ils avaient été si vite que tout l’institut en avait fait une affaire d’état, ce coup-ci, elle ne prenait plus de décisions, elle n’envisageait plus l’avenir, elle laissait les folies au psychologue. « Navrée de casser ton enthousiasme mais il n’y aura ni enveloppe ni mariage. » C’était beaucoup trop tôt. Ils étaient restés six mois séparés, elle en avait fait une rechute de ses tendances suicidaires, trois mois ne suffiraient pas à rendre cette histoire suffisamment stable pour un mariage - d’autant que les Drake n’étaient pas de fervents adorateurs des mutants. La congélation de purée, un drame familial. « Il m'a appris à ne pas laisser mon armoire à linge ouverte et j'ai obtenu le droit de m'asseoir dans son fauteuil quand je veuuuux. » Le sourire victorieux de Warren est sans pareil, tel un gamin qui a obtenu la récompense suprême. Et évidemment, la blonde ne peut pas résister à l’envie de pervertir une telle gloire. « Si tu savais ce qu’il se passe sur ce fauteuil.. » Sourire en coin orné de sous-entendus. Le fameux fauteuil personnel de Bobby, propriété privée qu’il ne cède qu’avec les honneurs. La revanche des boules de neige ne tarde pas, ciblant l’emplumée de service puis le charmant Alec, trop moqueur pour ne pas y avoir droit.
Elle supprime les patins à Warren qui file dieu seul sait faire quoi, ce que Dayle justifie rapidement. Okay, effectivement le pyjama n’est pas ce qu’il y’a de plus adapté dans ces circonstances, on lui pardonne. Les garçons avaient toutefois un taux de perversité qui dépassait largement les compétences de Prudence, elle avait ses limites. Effectivement, pour Alec la tenue ne changeait rien, il ne la voyait pas. Et mieux valait ne pas trop y réfléchir, ce serait gênant. Beaucoup trop gênant. L’extérieur les attire rapidement, en attendant que la diva soit convenablement vêtue.
La vague de froid s’étire sur l’espace vide, sans être trop étendue pour ne pas perturber la tranquillité des élèves qui profitaient du soleil. Les yeux fermés, elle se concentre pour faire tomber la neige, de nombreux flocons qui s’accrochent dans les cheveux, qui couvrent l’herbe. Les couches s’enchaînent et forment une épaisseur convenable pour une bataille en bonne et due forme. « Je prends Snow avec moi, contre Kay et Alec. Et non, ce n'est pas de la triche. » Hein ? Alors déjà il déboule avec la délicatesse d’une autruche et il passe du passif-agressif au meilleur pote de service. Il faut comprendre l’incrédulité de Snow, là. En fait, Warren était ami avec Bobby pour profiter d’une psychanalyse, obligé ! Non, elle ne voit pas de raison plus valable, ce gars est presque bipolaire avec elle. Et puis Kay.. c’est qui, Kay ? Alec pose la question entre les accusations de tricherie et les réflexions stratégiques. Bon, il n’y aurait pas de réponse, elle en concluait qu’il s’agissait d’un choix, que son prénom ne lui convenait peut-être pas. Vendu pour l’équipe avec l’oiseau, mais seulement parce qu’il a une perspective différente de la scène.. même si à la manière dont Alec la détaillait, elle aurait mieux fait de se placer à côté de lui plutôt qu’en face. « Hé, les yeux c’est toujours plus haut ! » Elle a bien senti les deux boules de neige lui foncer dessus mais elle n’a rien fait pour les stopper. Non, elle s’est laissée avoir. Pourquoi ? Il fallait bien une raison légitime pour l’embêter. Quatre petites boules glacées se forment dans l’air, dans le dos d’Alec pour foncer droit dans son dos. « Comment on dit ? La vengeance est un plat qui se mange froid. » Elle ne doutait pas que le dénommé Dayle - ou Kay - trouverait de quoi user de son optimisation contre Warren. Ca manquait d’équité, tout ça.
Le quatuor improbable avait de quoi oublier ses ennuis, pour une fois. La neige avait cela de magique, elle permettait de lâcher prise et, d'une certaine façon, d'apaiser les tensions. Nul ne saurait dire si Snow a finalement admis que Warren n'était pas seulement un poulet rabat-joie mais ce jour là, chacun a au moins eu la gentillesse de ne pas chercher à arracher la tête de l'autre çela aurait fait bien trop désordre entre Alec et Dayle.
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Mar 20 Sep - 16:04
